Auteurs : | Bonnefoy de Bouyon (Louis) |
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Parodie de : | Tarare de Beaumarchais et Salieri |
Date: | 27 juillet 1787 |
Représentation : | 27 juillet 1787 Comédie-Italienne - Salle Favart |
Source : | Paris, Brunet, 1787 |
Je donne aujourd’hui une parodie de Je donne aujourd’hui une parodie de \emph Tarare. Les comédiens la reçoivent avidement, mais à condition qu’elle sera mutilée, et disséquée. M. l’écuyer Beaumarchais tonne, menace comédiens, magistrats, auteur, et par une lettre insultante, se rend digne d’une correction d’écolier.. Les comédiens la reçoivent avidement, mais à condition qu’elle sera mutilée, et disséquée. M. l’écuyer Beaumarchais tonne, menace comédiens, magistrats, auteur, et par une lettre insultante, se rend digne d’une correction d’écolier.
Malgré ses intrigues, je fais jouer ma pièce : elle est vivement applaudie. Elle arrache le rire de la cabale même : mon amour propre est complètement satisfait. Je la retire du théâtre, et je finis par la faire imprimer, non telle qu’on l’a jouée, mais telle que je l’ai faite.
Je supplie les journalistes, ces oracles éphémères, qui se contredisent sans cesse, qui critiquent souvent sans raison, et louent presque toujours par faiblesse, de la lire avec réflexion, et de la juger de même. La manière avec laquelle ils l’ont déchirée, a excité le mépris des personnes sensées, et ma pitié naturelle, parce que je n’aime pas qu’on se fasse du tort à soi-même.
De tous les métiers, celui de journaliste est le plus bas, comme le plus absurde, quand l’équité ne le guide pas dans ses arrêts terribles. Au reste, je remercie Messieurs les acteurs de leur zèle ardent à me servir. M. Rosière surtout, comédien plein de sagacité, qui sait créer et faire si bien sentir le sel du vaudeville, mérite d’être distingué dans mon cœur, comme dans l’esprit de tout le monde, même dans celui des journalistes.
Petite dédicace
à Mme Dugazon, célèbre folle...
dans dans \emph Nina
Le serment solennel que vous avez fait Le serment solennel que vous avez fait \emph en pleurant de ne pas jouer pendant un an si l’on rejouait ma parodie, a fait trembler le corps de vos confrères, sur qui j’ai tout droit. J’ai tremblé moi-même pour eux, dont vous êtes la modeste nourricière, à ce que dit un Prince aimable. Quoique je ne vous connaisse qu’obliquement, c’est directement que je vous dédie cet ouvrage. Vous savez \emph écrire, et même \emph lire, aussi avec autant d’esprit, vous ne vous méprendrez pas sur le motif qui me fait pencher à vous rendre hommage., aussi avec autant d’esprit, vous ne vous méprendrez pas sur le motif qui me fait pencher à vous rendre hommage.
Moi-même.
Sait-on bien qui je suis ? le sait-on ? Il faut être bien sorcier... À mon ton, à mon costume, à mon port et à mon air de prospérité, chacun dit... c’est elle... oui vraiment, c’est elle la bonne nature. Mais souvent la nature plaît par ses écarts : eh bien, nous allons en faire. Oui, puisque la bizarrerie entraîne, puisque la bizarrerie enchante, puisque la bizarrerie obtient des suffrages sur la scène, l’on va bizarrement agir. Mais dans cette action bizarre, notre but est de prouver que la bizarrerie, dans certains cas, est la ressource de la faiblesse.
Commençons donc par du bruit. Aux musiciens. Et vous, Messieurs, formant la boutique enragée, jouez à tour de bras, produisez un \emph rinforzando de timbale d’un effet étourdissant. Exécutez-moi là... une merveilleuse tempête, et dans cette tempête, sachez distinguer, et surtout bien faire sentir les vents.
Air : La différence
Il est juste de sacrifier Il est juste de sacrifier \emph la parcelle au grand au grand ... Bas. Mais, entre nous, quelle est donc cette parcelle ?
C’est un rien, qui, dans un siècle raisonnable, n’eût produit aucune sensation, et qui, dans un siècle plus que frivole, fait de l’éclat. Mais, aux yeux du sage, cet éclat ressemble aux étincelles qui partent du vers luisant, qui n’a de prix que dans l’obscurité, et qui anéantit un seul rayon du jour.
Que puis-je faire pour seconder vos projets ?
Animer ces êtres formés sans vous, leur donner un caractère distinctif, et nous leur dirons après... va comme on te pousse.
Vis... respire... regarde... agis... vois le jour... contemple le ciel... fixe la terre... tourne à droite... tourne à gauche... marchez tous en avant.
C’est un grand charme qui m’attire.
D’un plaisir vague je soupire.
Nous sommes tous épanouis.
Ma foi, nous étions bien endormis.
... Allons, sortez d’un risible délire ! On devrait se taire du moins, quand on ne sait qu’agir et platement s’exprimer.
Génie Porte-feu, ne vous formalisez point. Sachez que leurs phrases sont filées en style d’opéra où l’on admire tout ce qui n’est pas compréhensible.
Mais enfin, que vont devenir ces créatures burlesques ?
Chacun d’eux va jouer son rôle. Ici tous les acteurs passent dans l’avant-scène à mesure qu’on parle d’eux. Voici Cochemar Bacha, monotonement féroce... passez... Voici Lanlaire, soldat, qu’on croit brave sans lui avoir vu jamais faire une seule prouesse... marchez... Voici Larmoyante, roseau battu de tous les vents, et pleureuse sempiternelle... partez... Voici Barbette, pontife du temple, homme mécréant et hypocrite... suivez... Voici Braquemort, personnage prétendant à tout comme les seigneurs ordinaires, mais incapable de rien... filez... Voici Zonzon, bonhomme tel qu’il faut partout pour annoncer les visites, et pour appeler les gens... fuyez... Voici Bagigi, scélérat dans l’âme, et bouffon par régime... doublez le pas... Voici Finette, matrone intrigante et coquette à triple main... avancez... Voici Nicodème, enfant naïf et simple, qui chantera sur tous les tons comme un orgue de Savoie... tournez.
Voilà des monstres de quoi former, non pas une ménagerie, mais une caverne...
Nous allons laissez écouler nos pas Nous allons laissez écouler nos pas \emph quarante années en un clin d’œil......
Oui, car le tour serait de trop grande force.
Mais quarante minutes de ce jour, c’est dans cet espace, que des êtres sortis du chaos vont mettre à profit leur existence, pour rentrer tout à coup dans le néant, afin de rendre la catastrophe irrésistiblement admirable... à toi Bagigi... sois caustique, adroit et gai.
Houp... houp...
Tâchons de conduire la barque à bon port. Voyons... pour être original, pour donner du neuf, pour peindre un délire d’imagination, il faut mettre en action un petit conte oriental connu depuis un demi-siècle seulement. Là, il s’agit d’un enlèvement, d’une substitution de personnage, d’une révolte et d’une mort. C’est juste mon affaire. Nous nous préserverons simplement de parler en style de Pont-Neuf, car alors il faudrait chanter, par la raison que Tâchons de conduire la barque à bon port. Voyons... pour être original, pour donner du neuf, pour peindre un délire d’imagination, il faut mettre en action un petit conte oriental connu depuis un demi-siècle seulement. Là, il s’agit d’un enlèvement, d’une substitution de personnage, d’une révolte et d’une mort. C’est juste mon affaire. Nous nous préserverons simplement de parler en style de Pont-Neuf, car alors il faudrait chanter, par la raison que \emph ce qui n’est pas bon à dire, est bon à chanter. Par ce moyen, nous donnerons.... Par ce moyen, nous donnerons...
Air : Avec les jeux dans le village
Air : Ciel ! l’Univers [va-t-il donc se dissoudre]
Le chef de votre milice, qui vous sauva la vie, qui a conservé mes jours. Lanlaire excite votre courroux ! Et pourquoi ?
Parce qu’il est heureux, et parce qu’il ne l’est qu’avec une seule femme.
Belle raison ! Quoique la mode soit ici d’en avoir des douzaines, qu’on nourrit fort bien, et qu’on aime fort mal. Son crime n’est pas grand en n’aimant que sa chère Larmoyante.
Son crime n’est pas grand ! Il est affreux, aussi...
Air : La Charge
Mais, Seigneur, ce n’est pas un jeu.
Oh, c’est une bagatelle.
Quand on enlève une femme à son mari, il arrive qu’on s’en mord les doigts.
Je risque tout.
Par ce triat vous lui arrachez la vie.
Tant mieux.
Tant mieux ! Cet excès de sensibilité, ce sentiment tendre, ce désir du bonheur de tout ce qui vous environne, partent d’une cœur grand, et bien digne de son auteur.
Insolent, je punirai ton insolence par la mort.
La mort ! les grands ne savent-ils que menacer ? la mort, et toujours la mort ! Je n’aime pas à jouer avec la mort, ma tâche est de vous faire rire. Quand on réussit à cet emploi, cet emploi en vaut bien un autre. Demandez-le aux connaisseurs.
Vil bouffon... Mais que vient m’apprendre Braquemort ?
Larmoyante est à nous. En homme expert en perfidies, j’en ai fait l’enlèvement avec tant de subtilité, qu’elle même ne s’en est point aperçue.
Enfin je triomphe... Mon ami, tu tiendras le premier rang après moi, voilà ta récompense.
Bonne leçon pour les Mercures modernes !... On ne peut que s’élever, lorsqu’à ce métier on fait battre des ailes.
Eh bien, Bagigi, l’appartement, le sérail, la fête, tout est-il prêt ?
Tout, Seigneur, vous aurez long spectacle, grand décors, et par-dessus tout de belles machines. Il en faut, Seigneur. Aujourd’hui les grands effets sont produits... par des machines.
J’ai dit que rien ne manque, ou tu seras empalé.
J’espère ne l’être point.
Tu répliques ?
Je m’applaudissais, Seigneur, en disant tout bas, tous bas... qui cherche à vous plaire est sûr de vos munificences.
Volons au devant de ma belle Larmoyante.
On l’amène à vos pieds.
Prosternez-vous, relevez-vous... Prosternez-vous, relevez-vous...
L’exercice est plaisant et mécanique.
Sort cruel ! destin affreux ! fortune ennemie !
Fatras lyrique que tout cela !
Non, laissez-moi... Non, fuyez-moi... Avec douceur. Mais non, approchez, approchez, parlez, où suis-je ?
Au pouvoir de Cochemar, Madame.
De Cochemar ! Ah ! j’étouffe.
De Cochemar qui vous adore.
Cruel ! Est-ce donc là le prix des services que Lanlaire vous a rendus.
En le comblant d’honneurs et de biens, j’effacerai cette légère tâche.
C’est le contrepoison ordinaire. Mais par malheur il est des tâches qu’on n’efface pas avec de l’or.
Puissances célestes, puissances terrestres, dieux de l’Olympe... déités des enfers !
Bravo... Songez à la pamoison subite.
Comment faire ?
Mots bégayés, œil hagard, soupirs prolongés, abandon convulsif... voilà la recette.
Ah dieux ! je balance, je chancelle... je succombe !
Vite, mon ami, annonce au Seigneur la mort de sa bien-aimée, afin qu’il te poignarde.
L’ambassade n’est pas attrayante.
Vas toujours, tu n’en mourras pas.
Air : La Charge
Même air
Air : Nargue du caquet
Que vois-je ? qu’est-ce ? répondez, répondez. Pourquoi a-t-on tué cet esclave ?
Ah... c’est un petit passe-temps de sa hautesse... Que voulez-vous, Madame, chacun a sa folie... Celle du Seigneur est de s’amuser à massacrer ceux qui lui font peur.
C’en est trop, je me meurs.
Air : À la façon de Barbari
Air : Oricandaine
L’Européane, allez.
Il faut applaudir à ce choix, car avec Il faut applaudir à ce choix, car avec \emph l’Européane, la femme la plus timide devient effrontée, la femme à scrupules devient licencieuse, et la beauté la plus sage devient... ma foi... devient ce qu’on veut., la femme la plus timide devient effrontée, la femme à scrupules devient licencieuse, et la beauté la plus sage devient... ma foi... devient ce qu’on veut.
Agent honorable des plaisirs de Monseigneur... puisque la crainte de mes succès vous consterne, je promets de réduire le cœur de Mirza, oui, je le livre d’avance à sa Hautesse.
Et moi je te livre Bagigi.
Ah ! par pitié, que votre Hautesse considère que certainement je vais devenir...
Paix, dis-je.
Ma destinée sera de ressembler à beaucoup d’autres.
Lanlaire demande à vous parler. Il pleure, il gémit, et vraiment il faudrait ne point avoir d’oreilles pour refuser de l’entendre, et certes vous en avez, Monseigneur.
Air : La bonne aventure
Que dois-je répondre ? Est-ce tant mieux ?
Qu’il vienne.
J’y vole. Il revient. Il sera flatté, Seigneur, de vous voir si touché de ses malheurs.
Qu’il vienne.
Parbleu, il prévient vos désirs.
Soldat, qu’exiges-tu ?
Justice et protection... C’est Justice et protection... C’est \emph en pleine paix que je viens de voir, \emph par un avare brigand, mes toits saccagés, mes biens ravagés, mes serviteurs égorgés. Chez moi tout est à feu et à sang., mes toits saccagés, mes biens ravagés, mes serviteurs égorgés. Chez moi tout est à feu et à sang.
Air : Charmante Gabrielle
Seigneur, vous oubliez...
Air : Sur le pont d’Avignon
Ce n’est pas tout, Seigneur, ma Larmoyante m’est ravie.
Il faut ici jouer de finesse.
Je t’entends. Haut. Braquemort, qu’est-ce donc que cette Larmoyante ?
Sans doute quelqu’une de ces femmes galantes qui, semblable à ces bijoux qui circulent...
Que dis-tu ? ma femme n’est point en circulation. Infâme, ta calomnie est exécrable. Elle a toute ma tendresse, et je répéterai sans cesse qu’elle est une déesse sensible, enchanteresse, à qui j’offre sans cesse, oui, sans cesse à sa beauté le pur encens de la volupté.
Dois-tu regretter une femme, quant je t’offre un sérail circassien ?
L’unité convint toujours aux cœurs sensibles, et je laisse aux cœurs froids et blasés le sot orgueil de se targuer d’une insipide pluralité.
Tu persistes à regretter une femme dans un temps et dans des climats où la perte d’une femme est si facile à réparer.
La perte d’une femme vertueuse à présent est irréparable. Ayez donc pitié de moi. J’ignore quel est le ravisseur, j’ignore les lieux où il s’est réfugié, j’ignore s’il est loin, s’il est proche, s’il est sur terre, s’il est sur mer, ou bien dans l’empirée. Mais n’importe. Permettez-moi de monter un petit bateau de transport pour le chercher, me venger et mourir.
Sois adroit. Voici l’instant de produire un Sois adroit. Voici l’instant de produire un \emph quiproquo..
Votre chère Mirza qui était morte tantôt, Mirza, dis-je, vient de ressusciter.
Quelle heureuse nouvelle !
Seigneur, vous avez ri, et après cela vous ne pouvez plus vous empêcher d’être généreux.
Eh bien, je ferai tout pour toi, si tu souhaites que Mirza couronne ma flamme.
L’objet du L’objet du \emph quiproquo est révoltant. est révoltant.
Doucement... Il faut ici une réticence.
Pourquoi ?
Pour rendre le trait superbe.
Attends...
Même air
Eh, eh, petits faiseurs. Voilà du beau ! C’est à vous de vous fondre au moule, avant qu’on ne le brise.
Je consens à tout.
Air : À coups d’pieds, à coups d’poings
(tu m’entends.)
Oui, Seigneur.
Toi, Lanlaire, je te dégage de tes devoirs envers moi, et tu peux courir la prétantaine.
D’après cet excès de bonté, je jure...
Imprudent ! à l’exemple des courtisans raffinés apprends qu’il ne faut jamais jurer de rien.
Que dis-tu, Bagigi ?
Qu’on ne vit jamais un cœur plus noble, ni une âme plus belle que la votre. À part. Cherchons l’instant d’instruire Lanlaire du complot.
Enfin, j’en suis débarrassé. Et voilà la mer chargée de ses funérailles. Il n’échappera point, il rentrera dans la poussière faite par un soldat... La poussière faite pour un soldat ! C’est une absurdité, et l’on a tort de le dire, quand on est sûr que personne ne voudra le croire.
Barbette est en nage, Seigneur, il s’agite, il s’empresse, il est suivi de trois personnes, et c’est pour cette raison qu’il vous demande un entretien secret.
Qu’il entre seul. Dans ce jour infortuné, je veux qu’aucun n’emporte le regret d’un refus de ma part.
Je suis charmé, Seigneur, de vous trouver dans de si heureuses dispositions. Or donc vous saurez que je me trouve dans le besoin...
Oses-tu bien, faquin...
C’est ainsi que chez les illustres, le désir du bien se dissipe toujours comme une vapeur. Il voit Barbette et lui dit Entrez, et tâchez de tirer parti de sa hautesse.
De sauvages mortels une poignée sortant d’une région éloignée doit assiéger les remparts désertés par ton peuple effrayé.
Que dit le puissant dieu Barnaba ?
Qu’il faut combattre comme quatre, qu’il faut abattre. Tel est l’arrêt, on n’en peut rien rabattre.
Comment, prêtre infâme, toi qui n’oses pas purger la terre des pourceaux nourris de ta main, tu brûles de répandre le sang des hommes ! Ton culte est donc une erreur ?
Chut... il faut qu’elle subsiste, ce que le peuple croit, les grands ne le pensent jamais, et c’est ainsi que l’erreur fait le bien des deux classes.
Abominable politique !
Chut !... je blâme toujours ceux qui disent trop haut leurs réflexions hardies. Au reste, ce n’est pas le lieu de faire une digression sur la politique. Il faut songer à repousser l’ennemi s’il vient, quoique je pense qu’il ne viendra pas. Il faut songer à donner un chef à l’armée. Parle, celui que tu choisiras sera nommé.
Je choisis Braquemort.
Mon fils ! Que devient Lanlaire ?
En courant à une vengeance chimérique, il trouvera la mort.
Crains le peuple.
J’ai tout prévu. C’est à toi de le tromper au nom des dieux. Songe que c’est par des mensonges utiles qu’on le fascine, et qu’on le subjugue.
Chut... on le sait trop, mais il ne fallait pas le dire.
Moi, je l’ai dit.
C’en est fait, secondons tous ses vœux. Par ce moyen j’élève mon fils, je fortifie mon pouvoir, je donne un lustre à mon temple. Enfin, je ne vois que gain pour moi... sans doute, mais le peuple seul est sacrifié... vaine considération ! Ma fortune sera-t-elle la première élevée à son détriment ? Si la délicatesse me retient, les grands exemples m’entrainent. Allons chercher Nicodème.
C’est le moment du rendez-vous. C’est ici qu’avant mon départ, Bagigi veut m’entretenir en secret. Ai-je à redouter quelque nouveau désastre ?
Me voici, Lanlaire, écoute-moi.
Pourquoi te cacher sous ce manteau ? Une place publique n’est pas un lieu suspect.
Je ne sais... on veut que je le porte. Apparemment que dans certains moments, un manteau arboré, même sans raison, donne du piquant à la scène.
Passons cela. Mais, réponds... qu’as-tu à m’apprendre ?
Que Larmoyante a été enlevée de sa solitude par l’impudent Braquemort, et qu’en vain tu irais la chercher sur l’onde, puisqu’elle est au sérail, sous le nom de Mirza.
Que me dis-tu ?
La vérité, mon ami. Oui, quoiqu’italien, je dis la vérité.
Pourquoi ce changement de nom ?
C’est encore une malice du genre de toutes les autres ?
Ô lâche perfidie !
Ce soir, une échelle imperceptible sera suspendue au mur du sérail. C’est à toi de t’y introduire, si tu veux la sauver.
J’irai... j’oserai... j’irai... j’enfoncerai... j’irai... je franchirai... j’irai... j’arracherai... enfin j’irai.
Fort bien. Mais en attendant que tu y ailles, retirons-nous afin de ne pas être aperçue.
Quand on est assis, on n’est plus debout, et ça fait qu’on parle plus à son aise...
Approchez-vous, mon fils.
J’y suis, mon père.
Un grand jour vous luit.
Tant mieux, nous y verrons clair, mon père.
Croyez-vous que le ciel parle par ma voix ?
Oh, mon dieu ! ce m’est égal, et pour peu que cela vous plaise, voyez-vous, je le crois, mon père.
C’est de vous qu’il se sert pour choisir un général.
Je ne me connais pas en instruments de guerre. Mais autant pour moi qu’un autre, mon père.
Ah ! s’il vous suggérait mon fils Braquemort.
C’est tout simple, il me le suggèrera, mon père.
Non, il faut attendre que le ciel...
Ne vous fâchez pas, nous attendrons, mon père.
Avant de nommer un vengeur, vous allez faire rougir de sa frayeur le peuple qui doit s’assembler en ces lieux, en l’assurant qu’Avant de nommer un vengeur, vous allez faire rougir de sa frayeur le peuple qui doit s’assembler en ces lieux, en l’assurant qu’\emph il doit craindre de grands ennemis, mais qu’ils sont encore bien loin..
Je suis un bon garçon, et je chanterai tout ce qu’on voudra, mo père.
Dieux sublimes, quand vous dormez... scintillants, quand vous tonnez... et magnifiques, quand vous soufflez pour élever les flots jusqu’aux nues, faites que la bouche innocente de ce cher enfant nomme parmi les miliciens, un milicien capable de faire reculer toutes les milices.
Ma foi, c’est bon, ça...
Et bien, fripon mon aîné, as-tu inspiré le fin mot à quelqu’un qui puisse en imposer à cette canaille qui me suit et m’entoure ?
Comme c’est de la bouche des enfants, que le sot vulgaire imagine que les dieux parlent, voici un jeune initié de mon temple, aussi stupide que brute...
C’est moi, sans vanité.
Au lieu de Lanlaire, il va nommer Braquemort, dont vous avez fait choix pour battre les futurs ennemis en cas d’évènement.
Je suis content.
Air : Magdeleine, à bon droit, passa
Cet enfant naïf et pur...
C’est toujours moi.
Inspiré du puissant Barnaba, va nommer à qui tout doit obéir après moi.
Qu’on apporte le tréteau pour l’y percher dessus.
Cet apprêt est inutile.
Pardonnez-moi, Seigneur, plus on est élevé, plus on a l’air de dire quelque chose.
Je l’accorde.
D’après ce qu’on m’a inspiré, messieurs et dames, apprenez, de la part du grand Barnaba, que notre ami Lanlaire...
Air : Des fraises
Silence, qu’on arrête ce transport effréné.
Que dites-vous, mon fils, que Barnaba vous touche.
J’en suis bien fâché, mais Lanlaire est lâché.
Quoi ? nous souffrirons cette méprise !
Tel est l’arrêt du sort.
Il faut désabuser le peuple sur l’ouvrage de ce grand enfant.
Ce serait de la peine perdue, car nul homme sensé ne voudrait vous croire.
Quel coup inattendu !
Comment ! un vil milicien nous ferait la loi ?
Mettez de l’eau dans votre vin, et croyez qu’il vaut encore mieux être gouverné par un roturier modeste et éclairé, que par un Seigneur sot et ambitieux.
Zonzon.
Hélas ! quand Hélas ! quand \emph vous étiez enfant dans la plaine, poursuivant les fleurs des chardons..
Les chardons n’ont point de fleurs.
Ils n’ont point de fleurs ! Cependant on l’a dit ailleurs, et celui qui l’a dit, doit s’y connaitre. Dans tous les cas, quand vous poursuivez les Ils n’ont point de fleurs ! Cependant on l’a dit ailleurs, et celui qui l’a dit, doit s’y connaitre. Dans tous les cas, quand vous poursuivez les \emph fleurs, ou le duvet \emph des chardons, qui se trouvaient sur les monts enlevés par les zéphirs poussant leur haleine, Lanlaire ne s’amusait point à la moutarde comme vous... il renversait des tours, il arrêtait des rivières, il culbutait des montagnes... et reculait des capitales d’un coup de main., Lanlaire ne s’amusait point à la moutarde comme vous... il renversait des tours, il arrêtait des rivières, il culbutait des montagnes... et reculait des capitales d’un coup de main.
C’est assez que Lanlaire ait le commandement... je l’ordonne. Mais, Lanlaire, n’as-tu pas autre chose à faire ?
C’est égal ! je ferai bien l’un et l’autre à la fois...
Vous, peuple abject et bas, disparaissez.
Grâce au ciel, mon rôle est joué. Je m’en vais, mais comme il faut être poli partout, je crois devoir en prévenir toute l’aimable compagnie.
Lanlaire n’est point encore parti. Ne permettez pas qu’il triomphe... Prends mon épée, Braquemort, vole, et dans un combat singulier, débarrasse-moi de cet homme odieux. Pour la dernière fois, je le livre à ta vengeance. Et toi, Zonzon.
Est-ce qu’il a le diable dans le corps !
Ami fidèle et vaillant.
Vaillant ! c’est me faire trop d’honneur, car la valeur n’a jamais été le défaut de ma famille.
Va, dis-je, suis ce brave guerrier, sois témoin de sa vaillance et de son zèle à me servir, et reviens bientôt m’apprendre l’issue de sa glorieuse entreprise.
J’obéis. À part. Mais en homme vaillant, je verrai la chose du plus loin qu’il sera possible. Ce n’est pas que je sois poltron, mais c’est parce que je suis d’une complexion pacifique.
Par une transition subite, passons de la fureur à la joie, de l’ardeur de la vengeance au désir de plaire, de la férocité à la souple galanterie. Les contrastes extraordinaires, frappent, absorbent, et paraissent aux yeux des simples, au dessous de la multitude. Oui, reprenons un air riant, la fête est ordonnée, mais Mirza va bientôt paraître. Puisse-t-elle enfin répondre à mes sentiments passionnés !
Me voilà, Seigneur !
Comment ! tu es déjà de retour ?
Oui, Seigneur.
Raconte-moi tout. Cède à mon impatience.
Me voilà, Seigneur !
Le combat à toute outrance est-il terminé ?
Oui, Seigneur.
Parle, Zonzon, parle. Je brûle d’être instruit de l’évènement.
Me voilà, Seigneur... Lanlaire arrive le premier, Braquemort arrive le second. Si le premier marchait à pied, le second galopait à cheval, autant l’un avait l’air brave et fier comme l’autre avait l’air lâche et présomptueux. Dans cette occurrence, ils s’avancent tous les deux, face à face. Ils se regardent avec leurs yeux, ils se parlent avec leurs voix, et ils s’écoutent avec leurs oreilles. Si la pluie les mouillait, le vent les séchait, le ciel était sur leur tête, la terre sous leurs pieds, et l’air les environnait de tous côtés. Dans cette forte crise... un moment, car le récit en vaut la peine, ou le diable m’emporte...Il se mouche.
Qu’il me tarde d’être au bout !
Me voilà, Seigneur ! Si vous voulez me remettre le fil de l’histoire, je vais achever.
Tu en étais à la forte crise.
Déjà ?
Finiras-tu, bourreau !
Me voilà, Seigneur ! Dans cette forte crise... ils se prennent, ils se quittent. Non, ils ne se quittent point... pardonnez-moi, ils se quittent... ce n’est pas cela... Il est vrai qu’on a beau le voir, c’est si embrouillé que le diable n’y verrait goutte.
C’est trop temporiser.
Me voilà, Seigneur. Dans cette crise, le premier fond sur le second, le second sur le premier. Mais dans cette fonderie, rien n’est fondu. Les deux héros se relèvent. Semblables aux monstres de la fable, portant des cornes menaçantes, le premier s’irrite, le second rugit, les traits volent du premier au second. Mais ils sont repoussés du second vers le premier. Enfin, après les avoir vus tantôt morts, tantôt vivants, tantôt en haut, tantôt en bas, j’ai fini, Seigneur, par les laisser... en parfaite santé et veuille le Ciel toujours conserver la vôtre.
Ainsi donc aucun d’eux n’a succombé ?
Comment donc ! ne vous ai-je pas dit que Braquemort ne vit plus ?
Non, tu ne me l’as pas dit.
D’honneur, ce n’est pas ma faute, car mon intention était de vous le dire.
Braquemort est vaincu !
Oui, et voilà justement la raison par laquelle Lanlaire est vainqueur.
Mon cœur en frémit, mais c’est égal, chassons cette idée lugubre.
Oui, chassez-la. Rien en noircit plus l’imagination que le lugubre.
Non, je veux plutôt m’en pénétrer.
Vous avez raison, il faut vous en pénétrer.
Cependant, ce n’est jamais que la mort d’un homme.
Sans doute, et qu’est-ce que c’est qu’un homme de moins pour des gens de votre parage, un grain de sable qu’on foule par distraction.
Enfin, mon parti est [pris].
Je respire... car ce n’est vraiment pas sans peine.
Tandis que pour tout oublier, je vais me livrer aux plaisirs du festin qui s’apprête, toi, va faire la ronde, afin que personne ne s’introduise dans le sérail.
Mais Seigneur...
Pars. Je n’ai pas le temps de t’écouter, parce qu’il faut qu’on danse.
Air : R’lan tan plan
Seigneur, comme nous n’avons ici ni le Dieu des pirouettes, ni la Princesse des rigodons, l’on va donner un ballet de nouvelle fabrique.
Air : Jupiter, un jour, en fureur
Bagigi, ta fête est charmante, et j’aime tout ce qui part de ton imagination ardente et féconde. Mais, à propos... dis-moi... qui es-tu ? d’où viens-tu ? et que fais-tu ?
Quelle sagacité ! Il faut convenir que cet à-propos vient bien, surtout après dix ans de connivence... Je gage que c’est encore quelque fine ruse de votre part pour amener quelque incident.
Tu l’as deviné. Allons, rappelle ta gaité, et amuse-nous par le récit plaisant de tes aventures.
Il est des gens assez maladroits pour mêler à ce qu’ils disent des mots qui donnent la nuit. Loin de les singer, j’en vais mêler qui donneront le jour.
Air : Je suis natif de Ferrare
Au secours, main forte, au secours ! Lanlaire vient d’escalader le mur du sérail.
Ô mon cher Lanlaire.
Nouvelliste de malheur, je devrais te poignarder.
À force de répéter vos menaces, vous finirez par n’en faire qu’un jeu de mots.
Qu’on le cherche, qu’on l’enchaine. Le plus cruel supplice l’attend. À Larmoyante, avec dépit. Allez, Mirza, allez remettre vos sens.
En vérité, le Monsieur est un modèle de galanterie.
Peut-on porter la hardiesse jusqu’à l’insulte ! Je ne sais... une fureur subite s’empare de moi... Elle m’agite... elle me domine... elle m’entraine... Mirza dédaigne mes feux, et c’est pour Lanlaire ! Ah, s’il était là... avec quel plaisir ce bras lui percerait le flanc.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Il a tort, car il n’ignore pas...
Lanlaire vient d’être remis entre les mains des prêtres du temple, qu’ordonnez-vous ?
Que le traitre périsse.
Craignez de payer de votre couronne un attentat sur sa personne.
Vous hésitez ! quoi, vous voudriez faire grâce à l’assassin de votre fils !... Retournez au temple, qu’on l’amène, et prompte vengeance.
Voici l’instant où la haine qui m’assiège va rallumer les tempêtes, et où je pourrai l’assouvir sous les auspices mêmes de Thémis, portant le fer souple des lois ! Que je jouis de ce coup du sort ! Qui, sans les remords qui déchirent les scélérats, que secondent toujours les circonstances les plus heureuses, les méchants goûteraient seuls le bonheur.
Air : Marboroug
Quitte pour avoir peur ! non, ne l’espérez pas. Et toi, téméraire, pour avoir osé violer l’asile de mes plaisirs, tu vas expirer dans les flammes.
Je meurs sans regrets, puisqu’on vient de m’apprendre que ta Mirza n’est point ma Larmoyante.
Mirza, n’est pas ton épouse ! À Zonzon. Qu’on aille la chercher.
Dieu merci, c’est la dernière commission que je ferai.
S’il est vrai qu’elle ne soit pas ta femme, Bagigi subira ton sort pour m’avoir laissé tromper.
Quelle frénésie !
Hypocrite orgueilleux !
Bacha détesté !
Vain fantôme de vertu !
Souverain sans caractère !
Soldat faussement brave !
Rougis de tes forfaits.
C’est la scène aux sottises.
Va, rien ne peut te soustraire à la mort. Qu’on allume le bûcher.
Eh bien, je m’en moque, car je ne puis mourir qu’une fois.
Que vois-je ? c’est toi.
N’en doute point, c’est moi, c’est toi, c’est moi.
Oui, mes amis, c’est vous. Embrassez-vous pour la dernière fois.
Tu reconnais donc ta femme dans ma Mirza ?
Oui, et ma félicité est à son comble puisque je la retrouve fidèle.
Je le serai jusqu’au tombeau.
Quel outrage sanglant ! pour doubler leur tourment, qu’ils périssent ensemble.
C’est la plus grande faveur que tu puisses nous accorder.
Barbare, tigre, cruel, inhumain. Oui, je suis enchantée de mourir, pour avoir la satisfaction de te faire enrager.
En ce cas, qu’on suspende leur supplice, car aussi bien, je sens que j’ai faim de leurs peines, et soif de leurs tourments.
Air : Rondeau,
Quel bruit ! il redouble... Que vient-on m’annoncer ?
C’est quelque nouvelle diablerie.
Air : Des fraises
Air : Oui noir, mais pas si diable
Barbette, que dois-je faire ?
Vous tuer, Seigneur.
Bagigi, quel parti faut-il prendre ?
Vous tuer, Seigneur.
Mon ami, Zonzon, donne-moi ton avis en conscience.
D’abord, il faut que ceci finisse... et le meilleur conseil, est de vous tuer. Une fois cela fait, on n’y songe plus.
Allons... puisqu’il faut terminer par quelque chose, je choisis le trépas. Monstres, qui m’entourez, je vous pardonne... et toi, Lanlaire, que j’ai persécuté, que j’ai toujours déchiré, et que je ne cesse d’abhorrer... il est naturel à ce qu’on dit, que je te laisse ma grandeur en héritage. Sois Bacha... Cochemar donne le bâton à trois queues à Lanlaire. Voilà mes trois queues... fais-en un meilleur usage que moi si tu peux.
Malheureux... qu’il est donc bête de se tuer.
Halte-là... un dénouement doit être brusqué, et puisque le Seigneur est mort, il est inutile de recommencer à faire du train.
Je ne veux point régner.
Mon ami, tu régneras.
Règne, mon cher Lanlaire, je t’en prie.
Oui, régnez, je vous prie... nous aurons bien du plaisir à tenir le sceptre à la main.
Je ne suis point votre maître par droit de naissance.
Parbleu, tu ne seras pas le premier Prince de hasard.
Mais, réfléchissez, je ne suis qu’un gueux téméraire sorti de la fange.
Tant mieux, il n’y a que ceux-là qui parviennent.
Comment ! tu veux...
Mon dieu ! que l’on a raison de dire que Mon dieu ! que l’on a raison de dire que \emph les gens d’esprit sont bêtes..
Ce que tu dis est-il bien vrai ?
D’autant plus vrai, que le premier qui l’a dit avait bien ses raisons pour le croire.
Mes amis, vous exigez un effort impossible.
Trêve de scrupules... il est convenu que tu dois régner Trêve de scrupules... il est convenu que tu dois régner \emph pour l’exemple des rois, et de l’humanité..
C’en est fait, et voilà des chaines avec lesquelles je vais m’emmailloter C’en est fait, et voilà des chaines avec lesquelles je vais m’emmailloter \emph au bonheur de l’état..
Qu’un silence universel règne dans ces lieux.
Bagigi répond pour tout le monde. À quoi avez-vous employé l’existence que je vous ai donnée ?
À courir, à chanter, à danser, et à médire.
Dans ces quatre opérations, quel était votre but ?
D’étourdir par de grands mouvements, d’éblouir en fascinant machinalement les yeux, et de tenir les spectateurs en haleine pendant quelques mortelles heures, pour leur faire voir, comme dans une lanterne magique, qu’une recrue imbécile peut devenir un monarque puissant.
L’exemple n’offre rien de nouveau, et les moyens de le produire sont fastidieux. Aussi, l’abus que vous avez fait de votre courte existence, m’engage à faire éclater ici tout mon pouvoir. Votre destruction est irrévocable. Vous allez rentrer dans le chaos, pour reprendre aussitôt une forme nouvelle. Mais dans cette prompte métamorphose, chacun de vous conservera le caractère qui l’avait distingué aux yeux du monde.
Grâce, pardon.
Fléchissez... votre destruction est irrévocable.
Belle Princesse... Faites de moi plutôt un éléphant, un cheval, un lion, ou bien un rosier pompon, mais au nom de M. le Comte que voilà, ne me flétrissez pas.
Moi, te flétrit ! Non, mon ami, je te connais, et veux te conserver avec soin. Ton costume, ta candeur, ta franchise, et ta gaité, rappellent le souvenir d’un homme (Carlin) qui fut cher à tous les cœurs.
Vous me faites pleurer d’attendrissement.
Rassure-toi... un Arlequin doit toujours rester dans les lieux qu’il a fondés, qu’il a embellis, et où l’on ne s’étudie qu’à imiter la nature.
Ah ! Madame... Ah ! Monsieur... je suis si pénétré... si touché... la joie... la reconnaissance... enfin les sentiments les plus doux sont en guerre dans mon cœur... et je voudrais pouvoir les exprimer.
Il suffit. Pour te prouver ma satisfaction, je veux que désormais tu me suives partout. Et vous, peuple, je vous pardonne. Vous ne devez pas partager la punition de vos chefs coupables.
Air :
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