Auteurs : | Nougaret (Pierre-Jean-Baptiste) |
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Parodie de : | Castor et Pollux de Bernard et Rameau |
Représentation : | Inconnu |
Source : | Paris, Veuve Duchesne et Belin, 1779 |
Air :
M’entends-tu, chien de muet ?
Et, et, et.
Mais, dis-tu oui, figure de tapisserie ?
Ie, ie, ie.
Mort de ma vie ! y me traibouille sans dessus dessous. Je te l’ons déjà dit, ma petite sœur Tirelire épouse Poilu, ce bonhomme, dont on fait tout ce qu’on veut. Écoute, pour troubler la fête, quand tu verras ta maîtresse,
Fin de l’air : Pour voir un peu comment ça fera
A, a, a.
T’es donc décidé à suivre mes instructions ?
On, on.
Vela parler de ça. Mais pour ce qui est de ce que à l’égard de ton rival, rosse-le moi d’importance :
Air : Du haut en bas
Ah ! ah ! ah !
Conte-moi donc de bout en bout comment tu vas t’y prendre... Mais est-ce que mon esprit tombe en syntecope, de vouloir discourir avec eun muet ? ? Jarni ! vit-on jamais eun soldat, eun militaire qui a servi dans les troupes de l’armée, ne parler pas pus que le cheval de bronze ? Ste personnage-là ne s’est jamais vu... qu’à l’Opira.
Ra, ra, ra.
Oh, tians, tu m’élugesOh, tians, tu m’éluges Éluger signifie \og Ennuyer, tracasser\fg en Normand. \JC, tu me fiches trop malheur avec tes i, on, a. Va-t-en préparer tous tes chenapans, et nous verrons biau jeu., tu me fiches trop malheur avec tes i, on, a. Va-t-en préparer tous tes chenapans, et nous verrons biau jeu.
Eh ! oh ! ah !
Adieu, personnage à voir sous le théâtre. Mais s’il ne parle non pus qu’une image, y n’a pas les doigts gourds. C’est tout fin juste, comme dit le proverbe : pus d’effets que de paroles.. En fabriquant ste enlèvement, y travaille pour ma personne. Je ne savons pas comme ça c’est fait, mais ste grand rôle de Castor m’a chiffonné tout le cœur, et malgré toutes les politesses dont j’ons usé en son endroit, ne s’avise-ti pas de parférer ma sœur Tirelire.
Air : Confiteor
Dame, ça vous est ben triste pour eune aînée qui vous a du sens jusqu’au bout des doigts. Si je m’en croyais, j’arracherais à Castor les deux yeux de la tête... Ces yeux qui m’ont trapercé l’âme.
Air : Dans les gardes françaises
Je voyons là-bas ma sœur Tirelire qui viant ici en marchant à pas comptés. Ne nous montrons que pour faire eun vacarme de tous les diables.
Bon Dieu ! qu’il est cruel pour eune fille d’honneur de vous épouser eun vilain homme qu’alle n’aime pas ! stapendant ça vous arrive tous les jours. Poilu, mon futur, est maître chapelier, son frère n’est qu’eun chambrelan qui risque à toute minute d’être saisi oar les jurés. Mais ce n’est pas le tous les jours. Poilu, mon futur, est maître chapelier, son frère n’est qu’eun chambrelan qui risque à toute minute d’être saisi oar les jurés. Mais ce n’est pas le \emph quibus qui rend heureux dans le mariage, on s’en fiche comme de ça. D’ailleurs, je savons faire quelque chose de nos dix doigts, et je ne restons pas oisive sur une chaise. qui rend heureux dans le mariage, on s’en fiche comme de ça. D’ailleurs, je savons faire quelque chose de nos dix doigts, et je ne restons pas oisive sur une chaise.
Air : Vous m’entendez bien
Ou j’avons la berlue, ou je voyons mon cher Castor.
Votre serviteur, mon amante incomparable. Je m’en aperçois, tu es moins triste que moi : une fille est toujours bien aise d’être mariée.
En vreté de Dieu ! Comme vous dites ça, mon petit poulet... Tians, vois-tu, je tâchons de prendre mon mal en patience.
Comment se peut-il que vous vous décidiez à épouser mon frère, tandis que vous raffolez de ma personne ?
Et toi, tu me laissez tranquillement épouser ton frère, tu te contentes de pleurer comme un viau, et de me dire par tendresse, en façon de galimatias :
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Hélas ! hélas !
Mort de ma vie ! putôt que de te lamenter ni pus, ni moins qu’un amoureux transi, ne ferais-tu pas mieux de ficher le tour à ton frère, et de me...
Tiens, vois-tu, mon frère et moi nous nous aimons tant que c’est merveille. Quand nous étions petits nous ne nous battions jamais pour nous disputer quelque friandises, et quand l’un des deux avait le fouet à l’école, l’autre se mettait aussitôt à crier de toutes ses forces. Puisque tu lui as donné dans l’œil, je dois te céder, quoiqu’en enrageant.
Air : Monsieur de Catinat
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Air : Adieu panier, vendanges sont faites
Parle donc, eh, mon faraud ! Est-ce ti-là le langage d’eun amoureux ? On dirait ben putôt à t’entendre que t’est mon mari depis longtemps.
Mais, puis-je, en conscience, couper les oreilles à mon frère ? D’ailleurs, il est mon aîné. Il est maître chapelier, sa boutique est bien achalandée. Ainsi, je vais me faire soldat.
Air : Adieu donc, Dame Françoise
Y faut avouer que t’as eune façon de consoler on ne peut pas pu agriable.
Que veux-tu que je te dise ? je t’aime d’une manière inconcevable. Je t’adore, et je consens au bonheur de mon rival. Adieu, je pars, je suis parti.
Tu mériterais ben que j’aimions de bonne-foi le chien de mari qu’on me force de prendre ni pus, ni moins qu’une médecine... mais non, je voulons suivre la mode établie.
Que disent-ils donc là ? Écoutons-les. Ils parlent assez haut pour être entendu.
Quoi ! ma chère, ma tendre, ma divine Tirelire, tu m’adoreras toujours, quand tu seras la femme de mon frère Poilu ?
Oui, mon charmant Castor, j’en sommes fâchée pour notre futur, mais, pardine, que n’imitait-y ton exemple, que ne se faisait-y aimer avant de songer au mariage ?
J’entends-là de belles choses.
Morbleu ! j’entre en fureur, quand je songe à l’heureuse félicité de mon frère...
Air : À la façon de Barbari
Je suis dans un désespoir furieux... il faut que je t’embrasse pour la dernière fois. Aussi bien est-il temps que je m’aperçoive que je suis seul avec toi ?
Oh, je le voulons ben. Je n’avons encore ni rien promis, ni rien juré à Monsieur mon futur.
Courage ! ne vous gênez pas.
Ah ! bon dieu ! il arrive-là tout comme eun accident. Vela que j’allions perdre note honneur, qui nous a tant coûté à ertablir.
Que veux-tu, ma chère, j’ai fait la sottise. J’ai oublié de parler bien bas, ou de voir si personne ne nous entendait... Que diable aussi, je crie à pleine tête.
Ah ! ah ! Mameselle Tirelire, comme vous y allez ! Pour agri de la sorte, vous deviez au moins attendre que vous fussiez ma femme.
Air : Ah, Maman, que je l’ai échappé belle
Monsieur... vous savez... ou vous devez savoir, que les apparences sont queuque fois trompeuses.
Là, là, cessez de vous tant troubler. Et vous aussi, mon petit frère doucereux. Vous vous convenez l’un et l’autre. Eh bien, soyez satisfaits, je change tout-à-coup de façon de penser. Je consens que vous soyez unis, et je veux que les apprêts de ma noce servent dès aujourd’hui pour la votre. Mameselle Tirelire, j’arrangerai tout cela avec vos parents. il chante
Air : Mariez, mariez-moi
En verté, Monsieur Poilu, vous me causez eune surprise qui m’étonne étrangement. Vous me faites tomber en interdiction. Ce matin vous me vouliez pour votre femme, en dépit de tout ce qui pouvait vous en arriver, et à st’heure vous ne m’aimez pas pus que si j’étions eun de vos créanciers. Vous changez donc comme une girouette ?
Que voulez-vous ? je cherche à vous faire plaisir.
Mais, mon frère, votre procédé n’est point du tout naturel.
Oh ! moi, je suis une bonne pâte d’homme : on fait de moi tout ce que l’on veut.
L’excellent mari que je perdons-là.
Allons, allons, vous serez marié ensemble. C’est une affaire décidée. On ne changera pas grand chose au contrat. Ma complaisance n’étonnera que ceux qui ne connaîtront pas ma façon de penser. J’aime tant mon cher frère Castor, que s’il le fallait, je m’élèverais en l’air pour lui, comme une fusée, et me jetterais la tête la première dans le feu.
Eh bien... je veux aussi me piquer de
Ce n’est plus à moi que vous devez présenter vos bouquets, c’est à mon frère à qui je viens de céder généreusement ma prétendue.
Air : Et flon, flon
Que nous veut le père Tirepied ? Il a l’air aussi désespéré qu’un musicien qui a mis en chant un mauvais opéra.
Air : La petite poste de Paris
Quelle horrible grêle va fondre sur votre dos !
Air : Aux armes, camarades
Miséricorde ! voilà mon pauvre frère tout en compote.il chante
Ah ! bon dieu ! vela que je tombe en fayenceAh ! bon dieu ! vela que je tombe en fayence \emph Sic pour tomber en défaillance. \JC..
Nous ne sommes pas les plus forts, allons chercher la garde.
E ! e ! e ! e !
I, i, i... oh ! oh ! ah ! ah !... u !
Malheureux Lancette, chien de muet, tu vas être conduit au Fort l’Évèque.
Mameselle Tirelire commence à revenir. Il ne me reste plus qu’à envoyer bien vite du secours à mon frère. Je vais faire ensuite écrouer ce pendard de Lancette.
D’où est-ce que je venons ?... sis-je Madame Lancette, Madame Castor, ou Madame Poilu ?... je sommes si troublée, qu’à peine pouvons-je ty reconnaitre... allons vite nous cacher, dans la crainte qu’on ne vienne encore nous enlever, ce qui est fort désagriable pour eune honnête fille.
Air : J’étais, j’étais perdue
Nous venons ramasser ce pauvre Monsieur Castor.
Air : Reçois, dans ton galetas
Tiens, le voilà le frère de notre bourgeois. il lui crie aux oreilles Oh ! Monsieur Castor !... Il ne remue plus.
Nous avons à déchanter.
Regarde, il a un œil poché... pauvre jeune homme !
Est-ce qu’il aurait reçu, dans la mêlée, un passeport pour l’autre monde ?
En tout cas, mettons-le ici à l’air, sur ce vieux canapé qui est dans un coin de la boutique.
Tu as raison, je vais le chercher. C’est tout ce que nous avons le temps de trouver de plus commode, car il faut de la vraisemblance en toutes choses.
Que dira Mameselle Tirelire ? Cette pauvre amante va faire la désolée.
Voilà le canapé, couchons-le dessus.
Vois donc ce [que] tu as apporté-là ?
Oh ! oh ! c’est la lampe de notre boutique.
Il me vient une idée, il faut la laisser auprès de défunt Castor afin d’éclairer son ombre, si, par hasard, elle voulait revenir. Cours l’allumer.
Oh ! tu penses comme un auteur de l’Arcadie. Que ça va faire un beau jour bien sombre !
Couvrons-le maintenant de cette toile, et allons avertir que le pauvre Castor est occis.
Air : La Palice est mort
Air : Pendus
Hélas ! que n’avons-je un petit doigt de Brandevin à cerfin de me remettre le cœur !
Air : Robin turelure
Je voyons les jurés-crieurs. Y venons déjà se préparer... Ah !... je sommes dans une affriction...
Camarades, il faut ici exercer nos poumons pour le convoi de feu Castor. Voyons si vous criez de bonne grâce.
Air : Ah ! Madame Anroux
À présent, un ton plus bas.
Air : Grégoire est mort
C’est à merveille. Vous remplissez fort bien votre office de juré-crieur. Allons, maintenant, distribuer des crêpes, des manteaux à tous les gens du convoi. à Tirelire Vous êtes, sans doute, la sœur ou la femme du pauvre défunt ?
Que veut don dire ste figure de trépassé ? Je ne sommes que sa prétendue.
Est-ce que vous êtes folles, Mameselle, de vous équiper de la sorte, puisque ce pauvre défunt Castor ne vous était encore rien ? Ignorez-vous qu’il ne vous convenait de prendre le deuil que de votre mari ou d’un parent ?
Tais-toi, philosophe de Montmartre. Vela déjà deux hommes qui me sont enlevés lorsqu’ils allions être mon bien conjugal. J’ons voulu avoir la consolation de jouer, du moins, le rôle de veuve.
Retirez-vous, troupe lugubre, mon père Jupin, ce fameux charlatan que voilà, va peut-être ressusciter mon frère.
Rangez-vous, place ! que tout tremble à l’aspect d’un médecin qui expédie ses malades en moins de vingt-quatre heures... Fuyez et frémissez, cacochymes mortels... et frémissons nous-mêmes.
Tu as bien choisi ton moment pour venir me chercher, j’allais monter sur mes tréteaux pour distribuer mon orviétan. Et une fois que je suis sur le trône de ma gloire, c’est le diable pour m’en faire descendre. Mais hâtons-nous de voir s’il y a moyen de le rappeler à la vie.
Mon biau-père futur, que ne venez que quand votre fils est trépassé, tandis qu’en vous montrant à propos, vous auriez pu l’empêcher d’être assommé. Si vous parachevez ste cure merveilleuse, vous passerez pour le meilleux charlatan qu’il y ait dans tout Paris, où il y en a un si grand nombre. Pour moi, j’en serais enchanté. Je n’étailerai point ici de grands sentiments, qui seraient d’ailleurs fort inutiles. Il est tout simple que j’aime mon frère, malgré ce qu’on voit quelquefois.
Bon ! il n’est qu’évanoui. Haut. Vous allez connaître l’excellence de ma poudre. Je suis certain de le ressusciter. Mais j’ai bien fait d’autres cures ! Entr’autres, j’ai guéri un Allemand qui ne pouvait plus boire de vin, j’ai rendu aimable un vieillard cacochyme qui plaisait aux femmes par son seul mérite, j’ai ôté à un jeune abbé la démangeaison de débiter des fleurettes par le moyen d’un certain baume que je donne à plusieurs poètes, je suis cause que les pièces nouvelles qu’on donne depuis un an à Paris sont toutes excellentes. Enfin, je suis parvenu à dissiper radicalement l’amour-propre des auteurs.
Ah ! le grand homme !
Castor et Poilu, mes petits jumeaux, me seront toujours chers. J’ai tant aimé leur mère, Mademoiselle Léda ou Dada ! c’était une vertu dragonne. J’eus diantrement de la peine à la mettre à la raison, moi qui suis un compère qui en ai déniché plus d’une. Savez-vous comment je m’y pris pour plaire à cette beauté cruelle ? Comme elle avait un grand faible pour les oiseaux de sa basse-cour, je m’avisai un soir de m’équiper à peu près comme un dindon. J’imitais si bien les piou, piou des ces excellent animaux qu’elle accourut, croyant que l’un d’eux lui demandait à manger. Mon déguisement l’attendrit, et elle devint pour moi une jolie petite poule.
Air : Ô gué lanla
Vous êtes eun peu bavard, Monsieur Jupin. Songez qu’il s’agit de ressusciter votre fils Castor.
Vous faites bien de m’en faire ressouvenir. Oui, il n’y a pas de temps à perdre. Il serait ridicule de nous amuser ici à chanter ou à danser.
Allez donc vite au fait, mon petit papa.
Oh, ça, il est bon de lui ouvrir la veine jugulaire. il tire une lancette\definition Lancette Instrument de chirurgie servant à ouvrir la veine, à percer un abcès \acad 1694 énorme Il y a fracture dans l’os du tibia. Je pense qu’il sera nécessaire d’y faire une incision cruciale et de scier l’omoplate... Morbleu ! il a quatre dents de moins, et deux côtes enfoncées.
Je ne saurions être témoin de toutes ces opérations, moi qui ne peux tant seulement, sans m’évanouir, voir couler le sang d’un poulet. elle chante en sortant
Quand il aura repris connaissance, [il] faudra lui faire avaler... J’ai là justement des bols qui n’ont chacun que trois bouchées. C’est un remède à la mode.
Ô ciel ! que voilà d’énormes pilules !
Bon ! j’en fais avaler de pareilles à bien des gens qui, tous les jours, font la petite bouche.
Mon papa, dépêchez-vous donc.
Apprends qu’il est plus aisé aux chirurgiens et aux médecins de tuer un malade que de le guérir... J’ai peine à changer la méthode. Cependant, procédons.
Qu’avez-vous, mon papa ? Vous vous grattez l’oreille.
J’ai voulu te cacher ton sort. Si je guéris ton frère, il faudra que tu sois malade à sa place.
Quel conte vous me débitez-là !
Rien de plus vrai. Il faut que quelqu’un de notre famille soit pendant six mois lunatique, hydropique, etc.
Air : Non, je ne ferai pas [ce qu’on veut que je fasse]
Tirelire sera donc veuve pendant six mois de l’année ? Que de femmes voudraient avoir un pareil sort !
Veux-tu que je t’envoie la fièvre, la pleurésie, et les autres bagatelles semblables qui empêchent ton frère de donner des signes de vie ?
Quelle chienne de cure vous allez faire ! Vous n’êtes qu’un médecin de bale.
Je ne puis rien changer aux décrets de la Faculté. Il nous faut quelques morts pour un malade que nous guérissons.
Oh bien, je consens à partager les maladies de mon frère, c’est une bagatelle que ça.
À la bonne heure... Écoute, je suis content de ta résignation. Apprends que tout ce que je viens de te dire n’était qu’une plaisanterie pour t’éprouver, et pour faire durer la pièce plus longtemps.
Ouf ! vous m’avez fait une belle peur.
Procédons à la guérison du mort-vivant. Tiens, je prends une pincée de ma poudre, et je la fais renifler au malade trépassé. lazzi.
Air : Ah ! le bel oiseau, maman
Air : Tourloribo
Maintenant, je n’aurais plus rien à désirer, si mon cher frère était maître chapelier, ainsi que moi.
Mon fils, Castor, les jurés savent que tu travailles quelquefois en chambre, et ont résolu de te saisir. Ils se proposent même de te mettre en prison.
Il valait bien la peine de me rappeler à la vie pour m’apprendre des nouvelles aussi désagréables.
Il est fâcheux que tu ne sois pas aussi riche que ton frère Poilu. Tu n’es qu’un pauvre cadet, car tu es venu au monde le dernier.
Je vais voir les jurés et tâcher de les fléchir. Mais il me paraît que tu as tout à craindre.
En même temps, nous dirons à ta maîtresse que tu n’es plus mort.
Envoyez-la moi bien vite, je vous prie, afin que je me croie tout-à-fait ressuscité.
Air : Tourloribo
Je crains à tout moment de voir fondre sur moi les jurés.
Air : Pèlerins
Air : Laire lan laire
Ma foi, plutôt que de me laisser mettre la main sur le collet, je vais partir sans tambour ni trompette... Mais pourrai-je m’éloigner de ma Tirelire ?... Hélas ! n’en serais-je pas séparé si l’on me loge par force dans quelque maison royale ?
Air : Le cœur de mon Annette
Hélas ! que je suis à plaindre !
Pour le coup, voici le jour de nos épousailles. Qui peut croire encore te chiffonner malheureux ?
En t’apprenant ce qui me désole, je crains de t’affliger.
T’es comme eun oiseau de mauvais augure : t’as toujours de fichues nouvelles à me dire.
Il faut que je quitte le pays.
Air : Turlurette
T’as eune singulière manigance. Tu ne m’approches que pour me dire adieu. Jarni ! J’ons ben mal rencontré quand je t’ons donné la parférence.
Air : V’la ce que c’est que d’aller au bois
Mais je t’aime comme cinquante ! et je devrais être déjà bien loin de toi.
Ne songe qu’à rire, qu’à boire, qu’à danser. Voici le jour de nos noces.
Air : Boire à son tour
Je n’ai que trop resté avec toi. Adieu, ma Tirelire. Je vais déloger sans trompette.
Que signifie ce tintamarre ?
Air : Folies d’Espagne
Rassure-toi, mon frère. Je viens de t’acheter la maîtrise, dont le prix est diminué des trois-quarts, grâce à la bonté du Roi. Les jurés se préparent à te recevoir. Le bruit que tu as entendu provenait d’une saisie qu’ils ont faite ici-près, chez un garçon chambrelan qui ne voulait absolument rien payer, ce qui n’est pas juste.
Eh ben, bel amoureux de sucre, qui pour moi n’est que du chicotin, tu prétends donc toujours dédaigner mes appas ?
Air : Trembleurs
Te laisses-tu attendrir à la parfin, cher ingrat ?
Demandez-le à votre sœur.
Cadet, j’en aurai raison. J’en jurons par mon baquet. Malgré les cruautés de ce visage de papier mâché, de stamoureux de nouvelle fabrique, je n’ons point été assez abandonnée pour me tuer ou me jeter dans la rivière.
Et vous avez bien fait.
Je vons de nouveau entrer en fureur. Il me faut un mari, et si je n’avons Castor, je lui arracherons les yeux, les oreilles, les... Ne m’échauffez pas davantage, il sera mon hom’, pour que j’ayons le plaisir de le faire enrager.
Air : Vraiment, ma commère, oui
Écoutez, la commère Bébé, quoique vous soyez une méchante femme, je vous épouse, moi, afin que vous laissiez mon frère en repos.
Touchez-là, Monsieur Poilu. Dans un temps où les marsouins commencent à devenir rares, vous pourrez en augmenter la race.
Ne songeons qu’à nous réjouir.
Air : Ma commère, quand je danse
Je partage mon fond avec Castor.
Air : Folies d’Espagne
Et de deux jours l’un nous irons nous promener. il chante
Écoutez-moi tous, je vais prononcer un oracle.
Voyons, voyons, ça doit être beau.
Diable, un oracle, c’est tout comme qui dirait une chanson de l’Opira.
Vous tairez-vous pour que je parle ? il tousse, crache, etc. La nécromancie que je professe quelquefois m’apprend que Castor aura un jour la gloire que les meilleurs chapeaux porteront son nom.
Peste, quel honneur pour Castor !
Air : Chantons Letamini
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