Claude Florimond Boizard de Ponteau
Arlequin Atys
[Parodie]
Représentée pour la première fois, par les comédiens italiens ordinaires du roi
le 22 janvier 1726
Parodies du Nouveau Théâtre-Italien, 1738, t.III
Acteurs
Atys
Sangaride
Idas
Doris
Cybèle
Mélisse
Célénus
Le Sommeil
Le Songe funeste
Le Songe agréable
Le Fleuve Sangar
Troupe de Peuples
Suite du Fleuve
Jardiniers et Jardinières
Alecton
Songes agréables et Songes funestes dansants
Arlequin Atys
Le théâtre représente un rocher consacré à Cybèle.
Scène i
atys seul
atys
Air : Nanon dormait
Allons, allons
Voir descendre Cybèle, allons.
Peuples jaloux
Des faveurs que la belle
Répand sur nous,
Sachez que l’Immortelle
Protège ces cantons.
Scène ii
[atys, idas]
atys \emph et idas ensemble, ensemble
Allons, allons
Voir descendre Cybèle, allons.
atys
Il est déjà grand jour.
idas
Tubleu, Seigneur Atys, que vous êtes alerte dès le matin ! On voit bien que vous êtes amoureux.
atys
Non, mon cher, tu te trompes.
Air : Gardons nos moutons, lirette, liron
D’une dangereuse beauté
Je crains la manigance,
Je vis avec tranquillité
Dans mon indifférence.
idas
Tôt ou tard, d’un cœur
L’amour est vainqueur ;
Tout cède à sa puissance.
Il est inutile de feindre plus longtemps. Dernièrement, je vous entendis parler tout seul, j’écoutai, et j’appris que l’amour était le sujet de votre monologue.
atys
Quand le hasard me met sur le chapitre de l’amour, ce n’est pas à son avantage.
idas
Ho ! vous lui parliez en partie intéressée, et voici mot pour mot ce que vous disiez :
Air : Dupont, mon ami
Je suis amoureux
Et réduit à feindre ;
Quel tourment affreux
De n’oser se plaindre !
atys
Oui, vous savez mon secret,
Cher Idas, soyez discret.
Scène iii
sangaride, doris, atys, idas
sangaride \emph et doris ensemble, ensemble
Air : Nanon dormait
Allons, allons
Voir descendre Cybèle, allons.
sangaride, seule
Que nos concerts
Soient au nom de Cybèle ;
Gosiers ouverts,
Témoignons notre zèle,
À nous quatre chantons.
sangaride, atys, doris, idas, ensemble
Allons, allons
Voir descendre Cybèle, allons.
sangaride
Air : Vous m’entendez bien
Le ramage de ces oiseaux
Forme mille concerts nouveaux ;
Leur douce mélodie...
atys
Hé bien ?
sangaride
Me fait naître l’envie...
doris
Je vous entends bien.
L’envie de rêver à votre futur mariage, n’est-ce pas ?
Air : J’offre ici mon savoir-faire
Prête d’entrer en ménage,
Fillette rêve incessamment ;
Cet état lui paraît charmant
Lorsque c’est l’amour qui l’engage ;
Quand la belle pense autrement,
Pour le mari, fâcheux présage.
sangaride
Air : Oh vraiment, je m’y connais bien
Hélas, je rêve à ma victoire,
J’épouse un roi rempli de gloire ;
Pour vous, Atys, vous n’aimez rien.
atys
Il est vrai, je m’en trouve bien.
Tenez, je compare les belles aux fleurs.
Air : Ah, que le temps était bon
Je sais borner mon désir,
J’aime les roses nouvelles,
J’aime à les voir s’embellir,
J’aimerais à les cueillir
Sans leurs épines cruelles ;
À présent tour lour lour
Tourelon tontine,
Il n’est point au jardin d’amour
De roses sans épines.
sangaride
Toutes les fleurs ne sont pas également dangereuses ; de plus, quand l’amour nous touche véritablement, il ôte le temps de réfléchir sur les dangers auxquels il expose, et je ne saurais comprendre qu’il puisse se trouver un homme insensible aux attraits de la beauté.
atys
Si vous me soupçonnez d’insensibilité, vous ne me connaissez pas : je n’ai que trop de penchant à l’amour, mais je suis toujours sur mes gardes.
Air : Flon, flon
Je veux, s’il est possible,
À mon cœur mettre un frein ;
S’il devenait sensible
Il irait trop grand train ;
Flon, flon,
Larira dondaine,
Flon, flon,
Larira dondon.
J’oubliais qu’il faut que chacun s’assemble auprès de vous : Cybèle pourrait bien descendre avant que tout fût prêt pour la recevoir.
ensemble, en s’en allant atys, idas
Nanon dormait
Allons, allons
Voir descendre Cybèle, allons.
Scène iv
sangaride, doris
sangaride
Air : Ne m’entendez-vous pas
Atys est trop heureux.
doris
Lui portez-vous envie ?
sangaride
Il vit sans jalousie,
Maître de tous ses vœux ;
Atys est trop heureux.
doris
Ce discours me surprend.
sangaride
Je vais t’apprendre bien des nouvelles. Vois si personne ne nous écoute.
Air : Menuet
Triomphe, Amour,
Tu remportes la victoire,
Je me fais gloire
De t’encenser en ce jour.
Que de douceurs
Sous ton empire !
Tout ce qui respire
Est sensible à tes faveurs.
À la tendresse
Livrons-nous sans cesse,
Qui n’a point d’amoureux désirs
Vit sans plaisirs.
J’ai un secret à te confier.
doris
Serait-ce au sujet de votre mariage avec Célénus ?
sangaride
Air : Si la jeune Annette
Ce roi me couronne,
Il me fait honneur ;
S’il a ma personne
Il n’aura pas mon
Tal la la lire,
Il n’aura pas mon cœur.
doris
Suivant ce discours, je gage que vous aimez Atys.
sangaride
Tu l’as deviné.
Air : Ma raison s’en va bon train
Souvent contre mes amours
La raison vient au secours ;
Mais ce petit dieu
Me met tout en feu.
Je l’avoue à ma honte,
La raison résiste si peu
Qu’il a toujours son compte, lon la,
Qu’il a toujours son compte.
doris
Songez-vous aux peines que vous vous préparez en aimant Atys ?
sangaride
Pour prévenir le danger,
Air : Un petit moment plus tard
Je veux lui cacher mon ardeur,
doris
Il est impossible.
sangaride
Il est heureux pour mon honneur
Qu’il soit insensible ;
S’il porte vers moi ses pas,
Aussitôt je suis émue,
S’il me trouve des appas,
Je suis... je suis perdue.
Il ignorera ma passion le plus longtemps que je pourrai ; s’il se déclare le premier, je sens qu’il ne me sera pas possible d’y tenir.
Air : Vaudeville du Retour de Fontainebleau
Quoique le cœur soit attaqué,
D’abord on hésite, on n’ose ;
Mais quand l’amant s’est expliqué
Et qu’on prend goût à la chose,
Et gai, gai, gai, gai, comme on y va,
La la la la la la [etc.].
Ah ! le voici.
Scène v
atys, sangaride, doris
atys
Le peuple s’assemble de toutes parts.
doris
Je vais avertir nos compagnes de se rendre ici. À part. Je m’écarte prudemment, un tiers gâterait cette scène.
atys, à part
Quand Moïse fit défense
La servante bien apprise
S’en va voir en attendant
De quel côté vient le vent.
Scène vi
atys, sangaride
atys, à part
Nous voilà seuls, profitons de cette occasion pour lui faire une déclaration d’amour dans les règles. Sangaride,
Air : Tout cela m’est indifférent
Ce jour est un grand jour pour vous.
sangaride
L’honneur est égal entre nous,
Tous deux nous attendons Cybèle.
atys
Un grand roi devient votre époux.
Je ne vous vis jamais si belle ;
Que le sort du Roi sera doux !
sangaride, sur le ton du dernier vers
Atys n’en sera point jaloux.
atys
Air : Sois complaisant, affable et débonnaire
Heureux amants,
Puisque le sort vous lie,
Vivez contents,
C’est ma plus chère envie ;
Mais
Si ce jour finit ma vie,
Je n’en reviendrai jamais.
Je vais vous déclarer un secret que je n’ai gardé que trop longtemps ; je ne puis me résoudre à mourir sans vous l’apprendre.
sangaride
Expliquez-vous, qui est-ce qui en veut à vos jours ? Je mettrai tout en usage pour les conserver.
atys
Air : Quand je tiens de ce jus d’octobre
Pour vous mon ardeur est extrême,
Belle, je n’en saurais guérir.
Vous me condamnerez vous-même
Et vous me laisserez mourir.
Je meurs d’amour pour vous.
sangaride
Air : Boire à son tirelire lire
Qu’entends-je, mon poulet ?
Vous m’aimez !
atys
Je vous aime.
Je vous dis mon secret,
Agissez-en de même,
Je suis discret,
Allons au fait,
Allons au tirelire lire,
Allons au toureloure loure,
Allons au fait.
Mais que vois-je ? vous pleurez !
sangaride, pleurant
Air : [C’est] la servante de chez nous
Si vous saviez vos malheurs,
Vous seriez à plaindre.
atys, pleurant
Qu’ai-je à craindre
Si je meurs ?
Oh, oh, oh, oh, [oh.]
sangaride, pleurant
Ah, ah, ah, ah, ah.
Autant que je l’ai charmé,
Atys est aimé.
atys, sautant de joie
Atys est aimé ! Ô ciel ! Atys est aimé ! Ô ciel ! \emph Che gusto. ! !
sangaride
Oui ; mais vous me perdez pour toujours, et mon devoir m’oblige d’épouser le Roi.
atys
Il n’importe ; chacun prend son plaisir à sa manière.
Air : La bonne aventure, ô gué
Pour moi redoublez vos feux,
Je vous en conjure ;
Mon sort sera plus affreux,
J’en mourrai plus malheureux.
La bonne aventure, ô gué,
La bonne aventure.
sangaride
Air : Attends donc, Colin, tu me blesses
Descendons sur la sombre rive,
Ou vivez, l’amour vous en fait la loi.
atys
Hé comment, hé pourquoi
Voulez-vous que pour vous je vive,
Hé comment, hé pourquoi,
Si vous ne vivez pas pour moi ?
sangaride
Descendons sur la sombre rive,
Ou vivez, l’amour vous en fait la loi.
atys
Air : Vous m’entendez bien
L’amour avait uni nos cœurs,
sangaride
Le devoir cause nos malheurs,
ensemble, ensemble
Et le mien et le vôtre,
Eh bien !
Étaient faits l’un pour l’autre,
Vous m’entendez bien.
atys
Air : Je reviendrai demain, au soir
Ah, grands dieux, quelle cruauté !
sangaride
Craignez d’être écouté. bis
Changeons de discours.
atys, finissant l’air
Plus que l’éclat de la beauté,
J’aime ma liberté. bis
Bas, à Sangaride.
Cela n’est pas vrai, au moins.
Scène vii
célénus et sa suite, atys, sangaride
sangaride \emph et atys, ensemble
Revenant de Lorette
Fin
Commençons, commençons
Cette fête solennelle ;
Commençons, commençons
Et nos jeux et nos chansons.
Le chœur répète ces quatre vers.
atys
Air : Vivons pour ces fillettes, vivons
Choisissez ces lieux fortunés. bis
sangaride
Des autels vous sont destinés
Pour prouver notre zèle ;
Venez, grande Immortelle !
atys
Venez,
Favorable Cybèle !
chœur, en dansant en rond
Venez, grande Immortelle,
Venez,
Favorable Cybèle !
Le rocher s’ouvre et Cybèle descend.
Scène viii
cybèle \emph et les acteurs de la scène précédente
cybèle
Air : Quand Moïse fit défense
Je viens nommer sur la terre
Un grand sacrificateur ;
Je prétends qu’on le révère,
Qu’il fasse votre bonheur.
Je parlerai par sa bouche,
Qui lui touchera me touche ;
Ma clémence accordera
Tout ce qu’il demandera.
Air : Que faites-vous, Marguerite
Peuple, d’une ardeur nouvelle
Vous devez vous animer ;
S’il faut honorer Cybèle,
Il faut encor plus l’aimer.
Le chœur répète ces quatre vers.
cybèle
Cependant, que chacun se retire ; j’ai quelque chose à dire à Célénus.
Scène ix
cybèle, célénus, mélisse
cybèle
Vous serez peut-être fâché de ce que je vais vous apprendre.
Air : Par bonheur ou par malheur
Mon choix tomberait sur vous,
Mais vous devenez l’époux
D’une petite princesse
Toute pleine d’appétit ;
Son cœur en fait de caresse
Ne fera point de crédit.
Vous aurez suffisamment d’affaires avec elle. Pour le poste en question, il me faut un mortel qui ne soit occupé que de moi : c’est Atys que je veux choisir.
célénus
Je suis sensible à l’honneur que vous lui faites, je dois épouser aujourd’hui sa parente.
cybèle
Allez lui porter le premier cette nouvelle.
Scène x
cybèle, mélisse
cybèle
Air : Ah, qu’il est beau l’oiseau qu’Amour m’amène
Mélisse, ce choix te surprend. bis
mélisse
Sans doute son bonheur est grand.
cybèle
Je l’aime, je l’aime,
Ah, qu’Atys est charmant !
C’est l’Amour même.
Je te fais la confidente de mes amours seulement pour l’intelligence du sujet, car je ne compte tirer aucun service de toi par la suite.
mélisse
Vous pouvez vous reposer sur ma discrétion.
cybèle
Air : Cotillon d’amour
Oui je veux le rendre heureux,
J’y suis résolue,
Tout exprès pour lui des cieux
Je suis descendue.
Je sais qu’on en glosera
Ici comme à l’Opéra ;
L’Amour m’a, talari tata,
L’Amour m’a, talari tata,
L’Amour m’a vaincue.
mélisse
L’Amour se venge de vos mépris, je ne suis point surprise que vous aimiez à votre tour ; mais vous deviez choisir un amant digne de vous.
cybèle
Air : Quand je le vois venir
Malgré sa mine niaise
Le drôle a su m’attendrir ;
Il n’a rien qui ne me plaise,
Je voudrais le tenir.
J’ai le cœur tant à mon aise,
Quand je le vois venir,
J’ai le cœur tant réjoui.
mélisse
Atys sait-il que vous l’aimez ?
cybèle
Pas encore.
Air : Ici sont venus en personne
Je veux que mon amant devine
Le bonheur que je lui destine ;
Et je rumine en mon cerveau
Comment je pourrai m’y conduire.
Oui... je prétends... pour l’en instruire
Me servir d’un moyen nouveau
Qui surprendra tant il est beau.
Peut-être aussi qu’il fera rire,
Mais je ne crains point la satire ;
Je veux donner du merveilleux
Qui frappe l’oreille et les yeux.
Le théâtre change et représente le palais du grand sacrificateur, au milieu duquel se trouve une duchesse, espèce de siège de nouvelle invention.
Scène xi
atys seul
atys
Ne me voilà-t-il pas bien avancé ? Les honneurs que ma nouvelle dignité me procure ne peuvent me dédommager de la perte que je fais.
Air : L’amour me fait, lon lan la
Ah ! chienne de Fortune
Reprenez vos faveurs...
Hélas ! tout m’importune,
Je suis dans les douleurs.
L’amour me fait, lon lan la,
Me fait verser des pleurs.
Le plus court serait d’enlever à Célénus sa future ; je ne sais cependant ce que je dois faire.
Air : Entre l’amour et la raison
L’amour dit oui, l’honneur dit non,
Je ne sais lequel a raison...
Mais aujourd’hui l’amour dispense
Les rivaux d’être généreux.
Il faut pour devenir heureux
Qu’il en coûte un peu d’innocence.
Voilà la morale de l’opéra. Pourvu que vous parveniez à vos fins,
Air : N’y a pas d’mal à ça
Manquez de parole,
Soyez un ingrat,
Et jouez le rôle
D’un vrai scélérat,
N’y a pas d’mal à ça,
N’y a pas d’mal à ça.
Je sens bien que je fais mal, cependant je ne puis m’en empêcher ; quand on a combattu et que le penchant nous entraîne malgré nous, ce n’est pas notre faute.
L’orchestre prélude un sommeil.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Quels sons touchants se font entendre ?
Je suis charmé de cet accord...
Mais le sommeil vient me surprendre,
J’aime la musique... elle endort.
Scène xii
atys endormi, le sommeil conduisant deux marmottes qu’il place aux deux côtés d’Atys, songes agréables, songes funestes
le sommeil
Air : Aimons, aimons-nous, trompons les yeux des jaloux
Dormons, dormons tous,
Ah ! que le repos est doux.
Le chœur répète ces deux vers.
le sommeil, continue
Que sur les fâcheux époux,
Nos pavots agissent sans peine ;
Berçons la mère en courroux
Contre un tendron qu’Amour enchaîne ;
Et que les importuns Argus
Au Sommeil ne résistent plus.
Dormons, dormons tous,
Ah ! que le repos est doux.
Le chœur répète ces deux derniers vers. Les Songes agréables dansent autour d’Atys.
un songe agréable
Air : L’amour, la nuit et le jour
Cybèle par ma voix
Vous apprend un mystère :
De vous elle a fait choix,
Vous croyant propre à faire
L’amour
La nuit et le jour.
Les Songes agréables présentent à Atys en dansant plusieurs choses à manger ; Atys en dormant en veut prendre. Les Songes funestes déguisés en ramoneurs viennent voler les Songes agréables ; ils font un combat ensemble, et les Songes funestes restent les maîtres.
un songe funeste
Air : Ramonez ci, ramonez là
De vous Cybèle est éprise,
Ne faites point la sottise
De négliger ses appas ;
Ramonez ci, ramonez là,
La la la,
La cheminée du haut en bas.
Le chœur des Songes funestes répète le refrain.
Même air
Apprenez que l’Immortelle
Veut une amour éternelle,
Sinon craignez le trépas.
Ramonez ci, ramonez là,
La la la,
La cheminée du haut en bas.
Le Sommeil et les Songes disparaissent.
Scène xiii
atys, cybèle, mélisse
atys, se réveille en sursaut et crie
À l’aide ! Au secours ! Je suis mort !
cybèle
Air : Ne m’entendez-vous pas
Qu’avez-vous beau garçon ?
Est-ce l’effet d’un songe ?
atys
Oh ! tout songe est mensonge.
cybèle
Détruisez ce soupçon,
Car ce songe a raison.
Et c’est par mon ordre qu’il vous a parlé.
Air : Trémoussez-vous, bergère
Atys, mon ardeur est extrême.
atys
Ah ! c’est un grand honneur pour moi.
cybèle
Beau brunet, réponds-moi de même.
atys
Je sais trop ce que je vous doi.
cybèle
Et tré, tré, trémoussez-vous, Nicodème,
Il faut se tré, tré, trémousser près de l’objet qu’on aime.
atys
Ah ! j’ai trop de respect.
cybèle
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Aimons-nous comme on fait en France,
Prenons le chemin le plus court.
Mon cœur a trop d’impatience
Pour filer le parfait amour.
Air : Ô ricandène, ô ricandon
Atys, mon poulet, mon mignon,
Ô ricandène, ô ricandon,
Juge par mon émotion
De l’excès de ma passion,
Ô ricandène !
Vivons ensemble sans façon,
Reprends courage, mon garçon,
Profite de l’occasion,
Car
Je te divertirai,
Ô ricandène,
Je te divertirai,
Ô ricandé.
Scène xiv
sangaride, cybèle, atys, mélisse
sangaride, aux genoux de Cybèle
Grande Déesse, je viens implorer votre secours.
atys, l’interrompant
Je vais lui parler en votre faveur, rassurez-vous.
sangaride
Tous deux unis des plus beaux nœuds...
atys, l’interrompant toujours
Voici en deux mots de quoi il s’agit : elle ne peut souffrir l’époux qu’on lui destine. Je joins ma prière à la sienne pour demander votre protection.
cybèle, à Sangaride
Consolez-vous, mon enfant : puisque Atys prend part à ce qui vous regarde, j’empêcherai ce mariage que vous craignez tant ; de plus, je me charge d’apaiser la colère de votre père.
atys
Ah ! c’en est trop...
cybèle, caressant Atys
Air : Ta la leri, ta la leri, ta la lerire
Non, non, il n’est pas nécessaire
Que vous cachiez votre bonheur.
Je ne veux point faire un mystère
D’un amour qui vous fait honneur,
Et je ne crains point d’en trop dire.
Ta la leri, ta la leri, ta la lerire.
À Sangaride.
Allez, Atys lui-même vous tirera de peine.
À Atys.
Et vous, ne partez pas sans que je vous donne ma procuration pour agir comme moi-même.
Scène xv
cybèle, mélisse
cybèle
Air : Les fanatiques que je crains
Que de respects, quelle froideur,
Pour un amour si tendre !
Je l’aime avec trop d’ardeur,
Je ne puis m’en défendre.
Insensible à son bonheur
Il ne sait pas le comprendre.
C’est à cause de cela que j’ai fait des avances... son indifférence me donne des soupçons, que de certaines conjectures confirment.
Air : Compère et commère sont faits pour s’aimer
Avec trop d’ardeur...
Hou, hou,
Il sert sa cousine ;
Peut-être son cœur...
Hou, hou,
L’aime à la sourdine.
Cousin et cousine
Sont faits pour s’aimer,
Et pour...
Va dire à Zéphyr qu’il exécute tout ce qu’Atys lui ordonnera.
Scène xvi
cybèle seule
cybèle
Air : Dedans nos bois, il y a un ermite
Je veux guetter l’amant et la maîtresse
Afin de m’éclaircir ;
À pénétrer le but de leur tendresse
Je prétends réussir.
Je suis au fait d’une intrigue amoureuse,
Je suis connaisseuse, moi,
Je suis connaisseuse.
Elle s’en va.
Le théâtre change et représente le palais du Fleuve Sangar.
Scène xvii
sangaride, doris, idas
sangaride
Je suis au désespoir.
doris
Qu’avez-vous ?
sangaride
J’étouffe, je ne puis parler.
idas
Expliquez-vous ; l’on adoucit ses maux en les racontant.
sangaride
Air : Dessus le pont de Nantes
Hélas ! j’aime un perfide
Qui trahit mon amour.
Il quitte Sangaride
Pour Cybèle en ce jour.
J’ai voulu déclarer notre amour à Cybèle, mais l’ingrat m’a toujours coupé la parole. Peut-on faire un plus grand dépit à une fille ?
doris
Je ne l’aurais jamais soupçonné d’être infidèle.
sangaride
Je n’en suis que trop convaincue ; pour me venger, j’épouserai le Roi.
idas
La vengeance retomberait sur vous ; n’en croyez pas votre dépit.
sangaride
Malgré ma colère, je ne puis oublier mon volage.
doris
Le Roi vient à nous.
Scène xviii
célénus, sangaride
célénus, à part
Voici ma prétendue, il faut débiter galamment avec elle.
Air : Le bon branle
Pour la noce dans ce séjour
Déjà tout est en branle,
Nous aurons bientôt notre tour ;
De mon âme le dieu d’amour
Met les ressorts en branle,
L’hymen nous unit en ce jour,
Et c’est là le bon branle.
À part. Elle ne répond rien... Parlons sur un autre ton.
À Sangaride. Les termes me manquent pour exprimer l’excès de ma joie : c’est donc aujourd’hui que tant d’amour doit être récompensé !
sangaride
Mon père le veut, j’obéirai.
célénus
Je ne veux vous obtenir que de vous-même.
sangaride
Contentez-vous de mon obéissance, et n’entrons pas dans un détail embarrassant.
célénus
Air : Vous ne m’aimez pas, Dame Françoise
Vous ne m’aimez pas \ibis\, belle Princesse.
sangaride
Pardonnez, pardonnez, pardonnez-moi.
célénus
Dans le moment que je vous aperçoi,
Tout, tout, tout flatte ma tendresse.
Atys arrive.
Atys, apprends le bonheur de ton roi,
Je vais de la Princesse
Recevoir la foi.
Vos parents devraient déjà être ici ; mon impatience ne me permet pas de les attendre plus longtemps, je vais au-devant d’eux.
Scène xix
atys, sangaride
atys
Son cœur nage dans la joie, il ignore encore notre intelligence ; en vérité, je ne puis m’empêcher de le plaindre.
sangaride
Soyez moins pitoyable, il aura ce qu’il souhaite.
atys
Comment diable... d’où vient ce changement ?
sangaride
C’est vous qui m’en donnez l’exemple.
atys
Air : Tout cela m’est indifférent
Beauté trop cruelle, c’est vous !
sangaride
Amant infidèle, c’est vous !
atys
Ah ! c’est vous, beauté trop cruelle !
sangaride
Amant infidèle, c’est vous !
atys
Ah ! c’est vous, beauté trop cruelle !
sangaride
Amant infidèle, c’est vous !
atys
Ce n’est pas moi, c’est vous !
sangaride
C’est vous, ce n’est pas moi !
atys
C’est vous !
sangaride
C’est vous, c’est vous, qui m’abandonnez pour Cybèle !
atys
Air : Car mon cœur n’est point partagé
Quoiqu’elle brûle pour moi
D’une clandestine flamme,
Je vous conserve ma foi,
Elle n’ébranle point mon âme.
Vos soupçons m’ont outragé,
Car mon cœur n’est point partagé.
sangaride
Est-il bien vrai ?
atys
Je vous en assure.
sangaride
Je suis encore assez bonne pour vous croire.
Air : Fi d’un amant [s’il n’est que poète]
Dans un dépit,
On proteste, on jure
D’oublier un parjure ;
La bouche le dit,
Mais le cœur la dément ;
On pardonne aisément.
Il faut se rendre
Dès qu’on voit l’amant ;
Un regard tendre
Nous fait facilement
Oublier notre serment.
Que je serais malheureuse, si vous me trompiez !
atys, lui baisant la main
Vous pouvez compter sur une fidélité à toute épreuve ; mais pour nous raccommoder dans les règles il faut un serment.
sangaride
Air : Ah, Nicolas, sois-moi fidèle
Ah, cher amant, sois-moi fidèle !
atys
Non, je ne changerai jamais.
sangaride
De mon côté je te promets
D’être toujours ta tourterelle.
atys
En faveur d’un projet si beau,
Je jure d’être ton moineau.
J’aperçois votre père, je vais profiter du pouvoir que Cybèle m’a donné ; surtout, que rien ne vous épouvante.
Scène xx
le fleuve sangar \emph et sa suite, célénus \emph et sa suite, sangaride
On joue une marche.
fleuve sangar
Air : Or écoutez, petits et grands
Or écoutez, petits et grands,
Mes bons amis, mes chers parents ;
Pour époux je donne à ma fille
Un garçon de bonne famille.
Dites d’une commune voix
Si vous m’approuvez dans ce choix.
chœur
Oui, tous d’une commune voix
Nous vous approuvons dans ce choix.
un fleuve
Air : Cotillon des Fêtes de Thalie
Dansons le nouveau cotillon,
Trémoussons-nous, Fleuves, trémoussons-nous donc !
Que les Naïades,
Par cascades,
Avec les Ruisseaux
Dans les roseaux
Mêlent leurs eaux ;
Dansons le nouveau cotillon, etc.
chœur
Dansons le nouveau cotillon,
Trémoussons-nous, Fleuves, trémoussons-nous donc !
Les Fleuves, Rivières, Fontaines et Ruisseaux dansent ensemble.
vaudeville
1
Damon prouve sa tendresse
Par un brusque emportement ;
Tircis a plus de finesse,
Il débute galamment ;
Il fait si bien qu’on l’écoute,
On lui permet d’approcher ;
L’eau qui tombe goutte à goutte
Perce le plus dur rocher.
2
D’un ruisseau du voisinage
J’ai su troubler le repos ;
Un fleuve prudent et sage
A pour moi grossi ses flots ;
Tous deux m’aiment, j’en profite,
Tous les jours plaisirs nouveaux.
Dès longtemps je suis instruite
À nager entre deux eaux.
3
Souvent d’une faible source
L’amour naît comme un torrent ;
Il est rapide en sa course,
Son progrès est étonnant.
Mais à la fin de sa route
Ses flots sont plus retenus ;
Ses eaux tombent goutte à goutte,
On ne le reconnaît plus.
4
Autrefois d’un air rigide
Je rebutais mon amant ;
Par la suite, moins timide,
Je le vis tranquillement.
De mon cœur il sait la route,
Ses feux ont su me toucher ;
L’eau qui tombe goutte à goutte
Perce le plus dur rocher.
5
Si vous cherchez un cœur tendre
Qui réponde à vos soupirs,
Nymphes, gardez-vous d’attendre
D’un époux de vrais plaisirs.
Un amant toujours fidèle
Serait bien mieux votre fait ;
L’amant vient quand on l’appelle,
Le mari quand il lui plaît.
Scène xi
atys \emph et les acteurs de la scène précédente
atys
Halte-là, s’il vous plaît ; je viens former opposition à ce mariage de la part de Cybèle. À Célénus. J’en suis fâché, mon ami, mais j’appartiens à la déesse, elle a parlé, je ne puis qu’obéir.
le fleuve, à ses confrères
Nous n’avons qu’à lever l’opposition sans autre forme de procès et passer outre.
atys
Air : Mariez, mariez, mariez-moi
Apprenez, audacieux,
Qu’il n’est rien qui n’obéisse
Lorsque la reine des dieux
Veut qu’un ordre s’accomplisse.
Enlevez, enlevez, enlevez-nous,
Zéphyr, soyez-nous propice,
Enlevez, enlevez, enlevez-nous,
Pour éviter leur courroux.
Atys et Sangaride sont enlevés par des cerfs-volants.
chœur
Quelle injustice !
Le théâtre change et représente un jardin.
Scène xii
célénus seul
célénus
Air : Joconde
Je touchais au moment heureux
Qui flattait ma tendresse,
L’amour allait combler mes vœux,
On m’ôte ma maîtresse.
Atys par ce trait inhumain
Vient de me percer l’âme ;
Que n’attendait-il à demain !
Elle eût été ma femme.
Scène xiii
cybèle, célénus
célénus
C’est donc à vous que je suis redevable de la perte de ma maîtresse ? Vous auriez mieux fait de rester où vous étiez que de venir en ces lieux causer tout mon malheur.
cybèle
Là, là, tout doux ! Vous n’étiez pas si heureux que vous le pensiez ; et pour me justifier, il me suffit de vous dire que vous n’étiez point aimé.
célénus
Que dites-vous ?
cybèle
Qu’Atys est votre rival.
célénus
Est-il possible !
cybèle
J’en parle savamment, je viens d’être témoin de la chose, écoutez.
Air : Un abbé dans un coin [sans témoin]
J’étais seule en un coin,
Et de loin
J’observais avec soin
L’amant et la maîtresse
À l’ombre d’un buisson ;
Ils soupiraient sans cesse,
Tous deux à l’unisson.
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Ils brûlaient d’une même flamme,
Tous deux semblaient n’avoir qu’une âme,
Et dans ces précieux moments
Ils n’ont pu garder le silence ;
Enfin, j’ai vu ces deux amants...
Ah, j’en frémis lorsque j’y pense.
célénus
Les traîtres me voulaient faire jouer un joli rôle !
cybèle
Il faut nous en venger, les voici qui viennent à nous.
Scène xxiv
sangaride, atys, cybèle, célénus
cybèle
Air : Vous en venez, vous en venez
Dirait-on à cet air honnête
Qu’ils reviennent d’un tête-à-tête ?
atys \emph et sangaride, ensemble
Pouvons-nous être soupçonnés ?
cybèle \emph et célénus, ensemble
Vous en venez, vous en venez,
Nous savons bien que vous en venez,
Que vous en venez.
célénus
Attendez tout de notre ressentiment.
cybèle
Air : L’autre jour, m’allant promener
Craignez un funeste trépas !
sangaride
Quoi ! pour avoir eu des appas
Mérité-je un tel sort ?
atys
Hélas !
Ma douleur est extrême.
sangaride \emph et atys, ensemble
Ah ! si vous ne m’épargnez pas,
Conservez ce que j’aime.
cybèle
Ingrats, vous nous bravez encore !
Air : Trembleurs
Tremblez, ma jalouse rage
Vous prépare un beau tapage ;
Pour tous deux je n’envisage
Que d’éternelles horreurs.
Alecton, sers ma vengeance,
Viens en toute diligence,
C’est ce pendard qui m’offense,
Je le livre à tes fureurs !
Alecton sort des enfers et tourne autour d’Atys en l’éblouissant de son flambeau, et s’enfuit.
atys, en fureur
Air : Ho, ho, tourelouribo
Ô ciel ! quelle vapeur m’environne ?
Ho, ho, tourelouribo !
Je frémis et je frissonne,
Ho, ho, tourelouribo !
Quelque diable me talonne,
Ho ! ho ! ho ! tourelouribo !
Air : Tout cela m’est indifférent
Quels abîmes se sont ouverts !
Je vois jusqu’au fond des enfers !
Air :
L’on punit dans ces lieux secrets
Et les inconstants et les indiscrets.
Air : Les petits rats
Ah ! j’aperçois un greffier qu’on écorche,
Je vois bouillir l’âme d’un procureur ;
Ses trois clercs tiennent chacun une torche
Afin d’entretenir mieux la chaleur.
L’hôtesse de céans
Pour nous faire au plus tôt gagner les sombres bords,
Combien de médecins donnent de passeports !
Air : Voici les dragons qui viennent
On met en capilotade
Tous les usuriers ;
Ce ragoût doit être fade,
On fait une marinade
Des huissiers. bis
sangaride
Air : On dit que vous aimez les fleurs
Cher Atys, vous avez des rats
Tout plein votre cervelle.
atys, parlant à Cybèle, qu’il prend pour Sangaride
Air : Belle brune, belle brune
Sangaride, Sangaride,
Ce monstre en veut à vos jours ;
Fuyez, \did Montrant Sangaride. Cybèle le guide,
Sangaride, Sangaride.
sangaride, à Atys
Air : Des fraises
Reconnaissez votre erreur.
atys, regardant Sangaride qu’il méconnaît
Ah ! l’effroyable bête !
célénus, à Sangaride
Fuyez, craignez sa fureur.
Sangaride fuit.
atys, courant après
Je lui veux percer le cœur.
célénus, le suit
Arrête, arrête, arrête !
Sangaride fait un cri dans la coulisse.
chœur, dans la coulisse
Le fameux Diogène
Atys, Atys lui-même
Fait périr ce qu’il aime.
célénus, revient
Madame, c’en est fait.
cybèle
Atys ne pouvait me faire un sacrifice plus agréable ; goûtons ensemble le plaisir de la vengeance. Je n’ai plus de rivale.
célénus
Je ne suis que trop vengé. Je n’ai plus de maîtresse.
atys, revient
J’ai abattu le monstre, Sangaride n’a plus rien à craindre.
cybèle
Air : Achève ma vengeance
Achève ma vengeance, Atys, connais ton crime,
Et reprends ta raison pour sentir ton malheur.
atys
Je me trouve dans mon état naturel... Mais...
Il regarde de tous côtés.
Air : Ah, mon beau laboureur
L’avez-vous vu passer, bis
Sangaride, ma mie,
Ô lire, ô lire,
Sangaride, ma mie ?
Ô lironfa.
cybèle
Regarde derrière toi.
atys, regardant dans la coulisse
Air : Et lon lan la ma bouteille s’en va
Et lon lan la,
Sangaride, Sangaride,
Et lon lan la,
Sangaride s’en va.
cybèle
Elle périt par tes coups.
chœur, dans la coulisse
Le fameux Diogène
Fin
Atys, Atys lui-même
Fait périr ce qu’il aime.
cybèle, à Atys
Tu n’en saurais douter.
atys, pleurant
Air : Les ceux qui l’ont tué m’ont fait grand tort
Voilà dans l’autre monde
L’objet de mes amours ;
Ma douleur est profonde.
cybèle
Il faut qu’elle ait son cours.
atys
Hélas ! je l’ai tué, j’ai eu grand tort,
Je l’aimerai toujours quoiqu’il soit mort.
Menaçant Cybèle.
Et c’est vous qui êtes cause de cela ! mais tout à l’heure vous allez voir ; attendez, tout à l’heure, tout à l’heure !
Atys s’en va.
cybèle
Air : Les filles de Montpellier
Je crains que cet étourdi
N’aille accompagner la belle.
Je vais courir après lui...
Mais il vient, quelle nouvelle ?
atys, soutenu par Idas, revient
Aïe, aïe, aïe !
Aïe, aïe, aïe [Cybèle],
Cybèle, aïe, aïe, [aïe] !
Air : Flon, flon
Je meurs, l’amour me guide
Dans la nuit du trépas ;
Je verrai Sangaride
Et vous n’y serez pas.
Flon, flon,
Larira dondaine
Flon, flon,
Larira dondon.
cybèle
Il expire ! cet endroit devient trop sérieux, il faut que je l’égaye.
Air : Vaudeville
À mon cœur l’amour propose
D’en faire un arbre parfait,
Het, het, het, het.
Que cette métamorphose
Atys se change en arbre.
Fasse promptement effet,
Het, het, het, het !
C’est ainsi que je termine ;
Cher amant, prenez racine
Dans mon joli, joliet,
Cher amant, prenez racine
Dans mon joli jardinet.
atys, en arbre
Air : Vaudeville
Malgré les rigueurs des hivers
Mes rameaux seront toujours verts,
Que de plaisirs je me propose !
Combien d’amants
S’estimeraient contents
De ma métamorphose !
cybèle
Air : Monsieur La Palisse est mort
Prenez part à mon malheur,
Jardiniers et jardinières,
Témoignez votre douleur
Par quelque danse légère.
Les jardiniers et jardinières qui viennent planter une allée d’arbres dont Atys termine la perspective et forment leurs danses entre ces arbres.
vaudeville
6
Loin que le travail m’épouvante,
J’arrose, je bêche, je plante
Depuis le matin jusqu’au soir.
Je puis me vanter d’être habile ;
Quelque ingrat que soit le terroir,
Je vous le rends bientôt fertile.
7
Mon époux aime la fleurette,
Mais je n’en suis point satisfaite ;
Il néglige notre jardin ;
Et je sais que le bon apôtre
Se lève exprès de bon matin
Pour cultiver celui d’un autre.
8
L’étourdi risque sa fortune
Pour conduire une jeune brune
Jusqu’au jardin du dieu d’amour ;
Souvent même on y voit le sage,
S’il n’en fait pas son vrai séjour,
C’est un gîte pour son passage.
9
L’autre jour dans une retraite
J’aperçus Colin et Lisette ;
Tous deux soupiraient tour à tour.
J’approche doucement, j’écoute ;
Rien n’est si charmant que l’amour ;
Je n’en sais rien, mais je m’en doute.
10
atys, au parterre
Tel qui pleure à la tragédie
Rit ensuite à la parodie,
Chacune produit son effet.
Que votre goût se détermine ;
Si le parterre est satisfait
Puisse-t-il prendre ici racine !
La pièce finit par un branle général sur l’air de ce dernier vaudeville.
Fin