Les Amours de Protée

Auteurs : D'Orneval (Jacques-Philippe)
Fuzelier (Louis)
Le Sage (Alain-René)
Parodie de : Les Amours de Protée de La Font et Gervais
Date: 24 septembre 1728
Représentation : 24 septembre 1728 Foire Saint-Laurent - Opéra-Comique
Source : Le Sage, D'Orneval, Le Théâtre de la Foire ou l’Opéra-Comique, contenant les meilleures pièces qui ont été représentées aux Foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent, t. VII, Paris, Gandouin, 1731
Louis Fuzelier, Alain-René Le Sage et Jacques-Philippe d’Orneval

Les Amours de Protée


Parodie de l’opéra
Représenté à la Foire Saint-Laurent
1728
Le Sage et d’Orneval, Le Théâtre de la Foire ou l’Opéra-Comique, t.VII, E. Ganeau, Paris, 1731, p.83

Acteurs


Pomone, déesse des fruits
Vertumne, amant aimé de Pomone
Thérone, nymphe de la mer, aimée autrefois de Protée
Protée, amoureux de Pomone, infidèle à Thérone
Triton, confident de Protée
Troupe de Jardiniers et de Jardinières
La scène est dans les jardins de Pomone.

Les Amours de Protée

Le théâtre représente les jardins de Pomone, sur le bord de la mer.

Scène i

Thérone seule

thérone

Air : Ma mère, mariez-moi, vous savez la raison pourquoi

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Brise, Amour, brise mes nœuds
Romps mes fers, éteins mes feux !
Protée est un inconstant :
Faut-il l’aimer tant !
Faut-il l’aimer tant !
Son cœur change à chaque instant ;
J’en voudrais bien faire autant.

Scène ii

Thérone, Pomone

pomone

Air : Ô reguingué ! Ô lonlanla

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Eh, quoi ? toujours un air rêveur !bis
Vous nourrissez votre langueur.
Ah ! prenez part à mon bonheur !
thérone
Déesse, ne vous en déplaise,
Vous en parlez bien à votre aise.

Air : Sortez de l’amoureux empire

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Le dieu qui vit sous votre empire
De plus en plus s’enflamme en vous aiment ;
Mon cœur, pour un ingrat amant,
Avec regret, toujours soupire :
Pour vous l’amour est un plaisir charmant,
Pour moi c’est un martyre.
pomone

Air : Cabaretière


Oui, mon sort à de quoi me paire ;
Vertumne pour femme me prend :
L’amant dont vous vous plaignez tant,
Pourra vous en faire, faire,
L’amant dont vous vous plaignez tant,
Pourra vous en faire autant.
thérone

Bon, vous me parlez-là d’un joli épouseur !


Air : Pour faire honneur à la noce

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Protée est toujours le même,
Le volage tourne à tout vent.
Non, jamais il ne fut constant
Que dans son inconstance extrême,
Protée est toujours le même,
Le volage tourne à tout vent.
pomone

Hé bien, son inconstance vous le ramènera.


Air : Faire l’amour, la nuit et le jour

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Sensible à votre ardeur,
Il reviendra, ma chère.
thérone
Me rapporter un cœur,
Qui sera las de faire
L’amour
La nuit et le jour.
pomone

Protée va revenir sur ce rivage.


Air : Oh, que si ! oh, que nenni

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Je lui veux, dès aujourd’hui,
Parler du trouble qui vous presse.
thérone
Vous n’y pensez pas, Déesse !
pomone
Oh, que si !
thérone
Ménagez mieux ma tendresse,
Cachez-lui bien ma faiblesse.
pomone
Oh, que nenni !

Je veux le traiter comme il le mérite.


thérone

Faites donc ce qu’il vous plaira, puisqu’on ne peut vous en empêcher. Vertumne vient, je vous laisse avec lui.


Scène iii

Pomone, Vertumne

vertumne

Air : Dites, la belle, le voulez-vous

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Prêt à devenir votre époux,
Dites, Déesse, le voulez-vous,
Que je fasse connaître à tous,
Que vous m’allez faire aise ?
Dites, Déesse, le voulez-vous,
Que je parle ou me taise ?
pomone

Vous pouvez parler présentement. Je n’ai pas envie, vraiment, de faire un mariage en détrempe.


vertumne, lui baisant la main

Vous me le permettez donc ? Quelle joie !


Air : Allons gai, d’un air gai

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Cessez, contrainte austère !
Éclatez, nos soupirs !
Quoique votre mystère
Redoublât nos plaisirs.
Allons gai,
D’un air gai,
Toujours gai !...
pomone

Air : Ah ! Philis, je vous aimerai tant

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Si vous êtes tendre et constant,
Vertumne, je vous aimerai tant !
vertumne
Je vous en dirai tout autant.
Je vous vis, je vous vois, je vous aimerai tant !
ensemble, ensemble
pomone
Vertumne, je vous vois, je vous aime !
Si je vous ai, je vous aimerai tant !
vertumne
Pomone, je vous vois, je vous aime !
Si je vous ai, je vous aimerai tant !
pomone

Allez faire savoir à mes fidèles sujets les Jardiniers et les Jardinières qu’ils aient à se rendre ici pour y célébrer nos noces.


Air : Le Jardinet

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Qu’ils viennent, pleins d’allégresse,
Voir le beau choix que j’ai fait, ait, ait,
Ait, ait, ait, ait, ait, ait.
Pour payer votre tendresse,
Je prétends, mon cher Poulet, et, et, et,
Et, et, et, et, et,
Que le flambeau d’Hyménée
S’allume, en cette journée,
Dans mon joli, joliet,
S’allume, en cette journée,
Dans mon joli jardinet.
vertumne

Air : Le cabaret est mon réduit

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Ah ! quel moment délicieux !
pomone, le poussant par l’épaule
Allez vite ordonner la fête.
J’attends Protée en ces lieux ;
Je veux lui laver la tête,
Je veux lui laver ter la tête.

Scène iv

Pomone seule

pomone
On entend le bruit rauque d’un cornet de vacher, et l’on voit traverser sur la mer Protée dans sa conque.

Air : Boire à son tire lire lir

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Ha ! de quel son nouveau
Mon oreille est flattée !
Je vois flotter sur l’eau
Le Char du beau Protée.
Les Tritons, pour
Faire leur cour
Vont à l’entire lire lir,
Vont à l’entour loure lour,
Vont à l’entour.

Scène v

Pomone, Protée

pomone

Quel dessein vous ramène ici, Seigneur Protée ?


Air : La bonne aventure, ô gué

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Informations sur cet air

De l’objet qui sut toucher
Votre cœur parjure
Venez-vous vous rapprocher,
Ou venez-vous y chercher
La bonne aventure, ô gué !
La bonne aventure ?
protée

Air : C’est le Prince d’Orange


En partant pour la Crête,
Je quittai, par malheur,
Une jeune Brunette,
Qui m’avait pris, (la chose fut secrète.)
Qui m’avait pris le cœur.

Air : Iris est plus charmante

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Informations sur cet air

C’est cette jouvencelle
Ici qui me rappelle.
Jugez, grande Immortelle,
De ma félicité :
Car c’est une femelle
Telle,
Que Vénus est moins belle
Qu’elle.
Junon, en vérité,
N’a jamais eu tant de majesté.
pomone

Air : C’est l’amour même


Protée a, par ce beau portrait,
Fait voir que Thérone est l’objet
Qu’il aime,
Qu’il aime.
Je l’y voit trait pour trait,
C’est elle-même
protée

Air : Branle de Metz retourné

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Informations sur cet air

De moi vous croyez apprendre,
Tout d’un coup et sans façon,
Quel est le joli trognon
Qui m’a rendu le cœur tendre :
Je n’en dirai pas le nom,
Vous allez pourtant l’apprendre ;
Je n’en dirai pas le nom,
Vous le saurez par Triton.
À la cantonade.

Holà-hé ! Triton mon Ami ! Viens me prêter ta langue.


Scène vi

Pomone, Protée, Triton

triton

Me voici.


pomone, à Protée

Air : Eh ! Pourquoi donc, dessus l’herbette

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Eh ! Pourquoi donc, grand Nicodème,
À vos Tritons avoir recours ?
Ne pouvez-vous sans leur secours
Vous expliquez vous-même ?
protée
Hé bien, laissons-là les détours.
C’est Pomone que j’aime.
pomone

Qu’ai-je entendu, grands dieux !


Air : Vous y perdez vos pas, Nicolas

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Songez-vous qu’à Thérone
Vous fîtes les yeux doux ?
C’est en vain qu’à Pomone
Vous venez tâter le pouls :
Vous y perdez vos pas,
Nicolas,
Sont tous pas perdus pour vous.
protée

Air : Ma raison s’en va bon train

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Pour Thérone je n’ai plus
D’amour.
pomone
Discours superflus.
Un cœur non léger
A su m’engager,
Et ma main est promise.
Cherchez ailleurs à vous loger ;
Ici la place est prise, lonla,
Ici la place est prise.
Elle se retire brusquement.

Scène vii

Protée, Triton

protée

Air : L’eusses-tu cru

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Pour un autre elle est sensible !
Ah ! l’ai-je bien entendu !
À l’amour inaccessible
Son cœur enfin s’est rendu !
Qui s’y serait attendu ?
Ô coup terrible !
Mon cher Triton, qu’en dis-tu ?
L’eusses-tu cru ?
triton

Non, parbleu. Une fille devenir amoureuse ! Cela est étonnant.


protée

Quel peut-être le Drôle qui l’a si bien empaumée ?


triton

Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui

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Informations sur cet air

Je croirais que Vertumne en veut à la déesse.
Avec cet air sournois qu’inspire la tendresse,
On le voit très souvent dans le prochain Vallon,
Il vient s’y promener tant en large qu’en long.
protée

Je crois, ma foi, que tu as mis le nez dessus. C’est ce que je veux éclaircir tout à l’heure.


triton

Que voulez-vous faire ?


protée, se frappant la poitrine
\emph Tic, toc, choc. La Métamorphose est faite. Ôte-moi mon habit. La Métamorphose est faite. Ôte-moi mon habit.

Air : Je fais souvent résonner ma Musette

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Tu vas, mon cher, ma souquenille ôtée,
Sous d’autres traits voit ton maître caché.
Triton ôte la robe à Protée, qui paraît sous la figure de Vertumne.
triton
Quel changement ! Vous n’êtes plus Protée,
Je vois en vous Vertumne tout craché.
protée

Air : Qui veut se mettre en ménage

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Informations sur cet air

Je vais, sans qu’on me soupçonne,
Sous ce miroir emprunté,
Apprendre si de Pomone
Mon rival est bien traité.
triton
Si Vertumne plaît, j’augure
Que, dans vos jaloux soupçons,
Vous saurez de sa figure
Toucher les revenants bons.
protée

Pomone va venir, retire-toi promptement.


Scène viii

Protée seul, sous la forme de Vertumne

protée

Air : Comèr’, j’ai un bon mari

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Amour, seconde mes vœux !bis
Si tu veux me rendre heureux,
Rends-moi bien effroyable ;
Fais que l’objet de mes feux
Me prenne pour un Diable.
Pomone paraît dans le lointain.

Air : Grimaudin

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Informations sur cet air

Dans ces lieux elle vient se rendre,
Je meurs d’effroi !
Elle me lance un regard tendre !
C’est fait de moi !
Hélas ! j’aimerais beaucoup mieux
Qu’elle vint me pocher les yeux !

Scène ix

Protée sous la figure de Vertumne, Pomone

pomone

Air : Ho ho ! Ha ha

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Informations sur cet air

Ah ! Vertumne, c’est vous !
Vous revenez enfin.
Votre retour m’est doux...
Mais je vous vois chagrin !
Ho ho ! Ha ha !
Eh, pourquoi donc ? D’où vient cela ?
protée, à part

Je ne sais, ma foi, que lui répondre. Ô, Amour ! j’ai grand besoin que tu m’inspires !


À Pomone.

Air : Je ne suis né ni roi, ni prince

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Informations sur cet air

Je crains les jeux qu’on vous apprête !
Vous m’oublierez pendant la fête.
pomone
Vous n’y pensez pas, cher amant.
Plus devant l’épousée on danse,
Plus elle voit de mouvement,
Plus à son époux elle pense.
protée, tapant du pied

J’enrage !


pomone

Air : Je jure par tes yeux

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Informations sur cet air

Vous détournez les yeux !bis
Fripon, ne te plains point ; tu dois être joyeux :
Car si tu m’aimes bien, je t’aime encore mieux.
protée, à part

Je t’aime encore mieux ! Haut. Que je suis malheureux !


pomone

Air : De quoi vous plaignez-vous

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Informations sur cet air

De quoi vous plaignez-vous
Vous avez l’âme agitée !
De quoi vous plaignez-vous
Ah ! je vous crois jaloux !
Vous avez pu voir Protée
Tout à l’heure à mes genoux ;
Sa flamme est rejetée,
De quoi vous plaignez-vous
protée, en colère

Jarnonbille ! Mort ! Ventre ! Tête de poisson ! Il faut que je me venge !


pomone

Agréable colère !


Air : La Ceinture

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Informations sur cet air

Il n’est rien pour moi de si doux
Que vos soupçons et vos alarmes :
Plus un amant paraît jaloux,
Plus il fait d’honneur à nos charmes.
protée, à part

Oh, pardi ! vous en serez la dupe. Haut.


Air : Mariez, mariez, mariez moi

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Informations sur cet air

Hélas ! je suis bien fâché
De vous le dire, Pomone !
De vous je suis détaché ;
Mais l’Amour ainsi l’ordonne :
Oubliez, oubliez, oubliez moi ;
J’adore à présent Thérone :
Oubliez, oubliez, oubliez moi ;
Je vais lui donner ma foi.
Il s’en va.

Scène x

Pomone seule

pomone

Air : Le fameux Diogène

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Informations sur cet air

Ô Ciel ! le dois-je croire !
Il a l’âme assez noire,
Pour tromper mon ardeur !
Ô trahison fatale !
Il faut de ma Rivale
Que je perce le cœur !

Scène xi

Pomone, Thérone

thérone

Air : Des fraises

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Informations sur cet air

Pourquoi tant vous emporter ?
pomone
Perfide ! après ta fraude,
Oses-tu te présenter ?
Tu viens donc pour m’insulter,
Trigaude ! Trigaude ! Trigaude !
thérone

Air : Nanon dormait sous la verte fougère

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Informations sur cet air

Ah ! quel courroux
Contre moi vous anime ?
Expliquez-vous,
Apprenez-moi mon crime ?
pomone
Vertumne, mon amant,
Te fait ter la cour présentement.
thérone

Air : Et zon, zon, zon

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Informations sur cet air

Quoi ! lorsqu’à me servir
Votre bonté s’empresse,
J’oserais vous trahir !
pomone
Oui, vous l’osez, Traîtresse !
thérone
Eh, non, non, non,
N’en croyez rien Déesse.
pomone
Eh, non, non, non,
Vertumne est un fripon.

Et je crois que vous ne valez pas mieux que lui.


thérone

Rendez-nous plus de justice à l’un et à l’autre. Je suis une honnête Nymphe, et Vertumne un honnête dieu.


Air : Vous m’entendez bien

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Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Il pense bien à moi, vraiment !
Il est dans un grand mouvement ;
En place il ne demeure.
pomone
Hé bien ?
thérone
Il n’attend plus que l’heure...
Vous m’entendez bien.

Il chante sans cesse :


Air :


Ah ! j’attendrai longtemps ! La nuit est loin encore.
pomone

Air : Les Trembleurs

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Informations sur cet air

Sa fourberie est extrême.
L’ingrat parlant à moi-même,
M’a dit que c’est vous qu’il aime ;
Que de vous il est coiffé.
thérone
Ah, Ciel !... Je veux le confondre :
Et je puis bien vous répondre
De le laisser se morfondre,
S’il est si fort échauffé.
pomone

Air : Menuet,


Je l’aperçois !
thérone
Bon ! qu’il avance !
Je vais lui montrer qui je suis.
pomone
Je veux éviter sa présence.
thérone
Ah ! demeurez !
pomone, fuyant
Je ne le puis.

Scène xii

Thérone, Protée sous la figure de Vertumne

protée, à part

Voici Thérone. Il faut aussi que j’exerce sur elle ma métamorphose.


Air : Quand Iris prend plaisir à boire

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Informations sur cet air

Vous voyez Vertumne lui-même,
Qui vous adore, qui vous aime :
Écoutez sa naissante ardeur.
De vous aimer je n’ai pu me défendre ;
Votre bel œil est mon vainqueur,
Et je vous ai donné mon cœur.
thérone
Je vous attends, \ibis\ pour vous le rendre.

Fi, petit inconstant ! N’avez-vous point de honte ?


Air : Je ferai mon devoir

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Informations sur cet air

Quitter Pomone et ses appas !
protée
Ho, parbleu, j’en suis las !
thérone
Ah ! Vertumne, allez la revoir !
Faites votre devoir.bis
protée

Air : Changement pique l’appétit

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Informations sur cet air

J’ai longtemps brûlé pour Pomone ;
Mais pour la charmante Thérone
Présentement le cœur m’en dit :
Changement pique l’appétit.
thérone

Comment donc ? Vous trahissez vos serments !


protée

Ce n’est pas moi, c’est l’Amour, qui veut absolument que je quitte Pomone, pour m’attacher à vous.


Air : Quand le péril est agréable

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Informations sur cet air

Le dieu des cœurs, en conscience,
Vous en devait le plus discret.
thérone
De cette dette, sans regret,
Je lui donne quittance.
protée

Quelle fierté !


thérone

Air : Ah ! que j’étais insensée

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Informations sur cet air

Vous perdez votre étalage ;
Protée a su m’engager.
C’est en vain qu’il est léger,
Je ne puis être volage :
Moins j’ai sujet de l’aimer,
Plus je me sens enflammer.
protée

Air : À deux genoux près de Sylvie

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Informations sur cet air

C’est un ingrat. Pourquoi, ma mie,
Ne pas l’envoyer promener ?
thérone
Quand je le vois, je suis saisie,
Et prête à tout \ibis\ lui pardonner.
protée, à part
Malgré moi, j’ai l’âme ravie,
De l’entendre ainsi raisonner.
thérone

Air : Monsieur la Palice est mort

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Informations sur cet air

Que de pleurs il m’a coûté !
protée, à part
Je suis plus heureux que sage ;
Cependant je suis tenté
De l’éprouver davantage.
thérone, voulant s’en aller

Ne suivez point mes pas.


protée

Air : Michaut, en faisant l’amour

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Informations sur cet air

Belle Nymphe, où fuyez-vous ?
thérone
Qu’en avez-vous affaire ?
protée
Apaisez votre courroux ?
thérone
Je veux être en colère.
protée
Arrêtez-vous un moment.
thérone
Oh ! cessez de me suivre.
protée
Quoi ? pour un volage amant
Voulez-vous toujours vivre ?
Elle fuit, et il la suit.

Scène xiii

Pomone seule, regardant Protée qui poursuit Thérone.

pomone

Air : Un jour, dans un plein repos

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Informations sur cet air

Il la suit avec ardeur !
Pour moi quel supplice !
Il lui fera de mon cœur
Un doux sacrifice.
Il est pressant et flatteur :
Juste Ciel ! je meurs de peur
Qu’il ne l’a...
Larela rela,
Qu’il ne l’attendrisse.

Mais je vois revenir l’ingrat.


Scène xiv

Pomone, le véritable Vertumne

pomone

Air : Quand la mer Rouge apparut

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Informations sur cet air

Qui te ramène en ces lieux,
Amant trop coupable ?
Va, tu n’es plus à mes yeux
Qu’un monstre effroyable.
Crains ma fureur, et de moi
Au plus vite éloigne-toi,
Petit In, tin, tin,
Petit fi, fi, fi,
Petit In,
Petit fi,
Petit Infidèle !
Retourne à ta Belle.
vertumne

Je vais vous obéir ; mais au moins que je sache pourquoi vous me bannissez de votre présence.


pomone

Peux-tu me le demander, Perfide !


Air : Vous, qui vous moquez par vos ris

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Informations sur cet air

Ton cœur de Thérone a fait choix.
vertumne
Votre erreur est extrême.
pomone
Tu vis à présent sous ses lois.
vertumne
Vous croyez que je l’aime !
Vous le croyez.
pomone
Oui, je le crois.
vertumne
Qui vous l’a dit ?
pomone
Toi-même.
vertumne

Air : Que dieu bénisse la besogne

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Informations sur cet air

Déesse, je suis trop poli,
Pour vous donner un démenti :
Mais, si j’ai parlé de la sorte,
Je veux que le diable m’emporte.
pomone

Il faut avouer que vous êtes bien effronté. Mais voici Thérone qui va vous confondre.


vertumne

Elle va me justifier.


Scène xv

Pomone, Vertumne, Thérone

vertumne

Air : Lanturlu

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Informations sur cet air

Vous savez, Thérone,
Que jamais mon cœur,
Pour votre personne,
N’a manqué d’ardeur.
Rassurez Pomone,
Répondez de ma vertu.
thérone, d’un ton moqueur
Lanturelu, lanturelu, lanturelu.
vertumne

Comment pouvez-vous dire le contraire ?


thérone

Air : Landeriri

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Informations sur cet air

Oui, d’amour vous m’avez parlé,
Et je vous ai bien régalé,
Landerirette.
vertumne
Suis-je éveillé ? Suis-je endormi ?
pomone, d’un air malin
Landeriri.
thérone

Air : Laire la, laire lanlaire

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Informations sur cet air

Tout à l’heure, au bout du jardin,
Vous vouliez, petit Libertin,
Me remettre ma jarretière.
pomone
Laire la, laire lanlaire...

Le Scélérat !


vertumne

Vous me feriez enrager toutes deux.


Air : Sans-dessus-dessous

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Informations sur cet air

Ô Jupiter ! Exauce-moi !bis
Vertumne n’a recours qu’à toi.bis
Sans un rayon de ta lumière,
Sans-dessus-dessous,
Sans-devant-derrière,
Voilà mon espoir le pus doux
Sans-devant-derrière,
Sans-dessus-dessous.

Scène xvi

Pomone, Vertumne, Thérone, Protée sous sa propre figure de Protée

protée, déclamant
Rassurez vos esprits trop longtemps agités.
Vertumne, vous Déesse, et vous Nymphe, écoutez.

Air : Voulez-vous savoir qui des deux

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Informations sur cet air

Sortez, sortez de votre erreur.
De vos troubles je suis l’auteur.
Protée avais pris l’encolure
De Vertumne, pour vous donner
À tous un peu de tablature.
Ah ! daignez me le pardonner !
pomone

Le méchant Coquin !


thérone

Voilà de ses tours.


vertumne

Celui-là est un peu fort.


pomone, à Protée

Eh, pourquoi, s’il vous plaît, avoir employé cette métamorphose ?


protée

Pour vous sonder.


pomone

Je vous entends. Vous étiez curieux de savoir,


Air : Hé, bon, bon, bon, je t’en réponds

Voir la partition
Informations sur cet air

Si, pour Vertumne, dans mon âme,
J’avais une amoureuse flamme.
vertumne
Hé, bon, bon, bon,
Je t’en réponds !
Il voulait plutôt, ma Déesse,
Abuser de votre tendresse.
pomone
Hé, zon, zon, zon !
Ha ha ! Voyez donc !
protée
Un peu de tricherie,
Dans la vie,
Est toujours de saison.
thérone

Le Fripon !


pomone

J’en suis quitte à bon marché.


vertumne

Je veux le croire ; mais n’y revenez plus, Monsieur Protée.


protée

Oh ! ne craignez rien ! Je rends de bonne foi mon cœur à Thérone. Elle peut compter sur ma constance. Elle est Oh ! ne craignez rien ! Je rends de bonne foi mon cœur à Thérone. Elle peut compter sur ma constance. Elle est \emph corrigée et revue\footnote Les Comédiens Français le jour de la troisième représentation d’une pièce qui avait été mal reçue la première fois, et qui parut, par des corrections qu’on y avait faites, vouloir se relever, affichèrent ladite pièce dans ces termes...


thérone, lui tendant la main

Et Et \emph applaudie..


vertumne et protée ensemble, ensemble
L’un à Pomone et l’autre à Thérone.
deuxcol, \vertumne
Ah ! Pomone,
Ma mignonne,
Ma pouponne,
Quel beau jour !
Ma mignonne,
Ma ponponne,
Ma moutonne,
Quel beau jour !


protée


Ah ! Thérone,
Ma bouchonne,
Ma friponne,
Quel beau jour !
Ma trognonne,
Ma bichonne,
Ma tamponne,
Quel beau jour !


[ensemble], ensemble
L’hymen, enfin, qui me couronne,
T’abandonne
À mon amour.
vertumne
Ah ! Pomone, etc.
protée
Ah ! Thérone, etc.
En cet endroit, on entend une symphonie champêtre.
vertumne, à Pomone

Voici vos Sujets qui viennent à vos ordres.


pomone

Qu’ils célèbrent cet auguste jour, comme dit l’Opéra.


Scène xvii

Pomone, Vertumne, Thérone, Protée, Troupe de jardiniers et de jardinières

On danse.
une jardinière

Air :


Célébrons les nœuds charmants
De Pomone et du dieu qui s’unit avec elle ;
Laissons éclater le zèle,
Qui doit nous animer pour ces tendres amants.
Pour les rendre tous deux l’un à l’autre fidèle,
Puisse le dieu d’amour
Décochez chaque jour
Sur eux une flèche nouvelle.
On reprend la danse qui finit la pièce.
Fin

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