Louis Fuzelier, Alain-René Le Sage et Jacques-Philippe d’Orneval
Les Amours de Protée
Parodie de l’opéra
Représenté à la Foire Saint-Laurent
1728
Le Sage et d’Orneval, Le Théâtre de la Foire ou l’Opéra-Comique, t.VII, E. Ganeau, Paris, 1731, p.83
Acteurs
Pomone, déesse des fruits
Vertumne, amant aimé de Pomone
Thérone, nymphe de la mer, aimée autrefois de Protée
Protée, amoureux de Pomone, infidèle à Thérone
Triton, confident de Protée
Troupe de Jardiniers et de Jardinières
La scène est dans les jardins de Pomone.
Les Amours de Protée
Le théâtre représente les jardins de Pomone, sur le bord de la mer.
Scène i
Thérone seule
thérone
Air : Ma mère, mariez-moi, vous savez la raison pourquoi
Brise, Amour, brise mes nœuds
Romps mes fers, éteins mes feux !
Protée est un inconstant :
Faut-il l’aimer tant !
Faut-il l’aimer tant !
Son cœur change à chaque instant ;
J’en voudrais bien faire autant.
Scène ii
Thérone, Pomone
pomone
Air : Ô reguingué ! Ô lonlanla
Eh, quoi ? toujours un air rêveur !bis
Vous nourrissez votre langueur.
Ah ! prenez part à mon bonheur !
thérone
Déesse, ne vous en déplaise,
Vous en parlez bien à votre aise.
Air : Sortez de l’amoureux empire
Le dieu qui vit sous votre empire
De plus en plus s’enflamme en vous aiment ;
Mon cœur, pour un ingrat amant,
Avec regret, toujours soupire :
Pour vous l’amour est un plaisir charmant,
Pour moi c’est un martyre.
pomone
Air : Cabaretière
Oui, mon sort à de quoi me paire ;
Vertumne pour femme me prend :
L’amant dont vous vous plaignez tant,
Pourra vous en faire, faire,
L’amant dont vous vous plaignez tant,
Pourra vous en faire autant.
thérone
Bon, vous me parlez-là d’un joli épouseur !
Air : Pour faire honneur à la noce
Protée est toujours le même,
Le volage tourne à tout vent.
Non, jamais il ne fut constant
Que dans son inconstance extrême,
Protée est toujours le même,
Le volage tourne à tout vent.
pomone
Hé bien, son inconstance vous le ramènera.
Air : Faire l’amour, la nuit et le jour
Sensible à votre ardeur,
Il reviendra, ma chère.
thérone
Me rapporter un cœur,
Qui sera las de faire
L’amour
La nuit et le jour.
pomone
Protée va revenir sur ce rivage.
Air : Oh, que si ! oh, que nenni
Je lui veux, dès aujourd’hui,
Parler du trouble qui vous presse.
thérone
Vous n’y pensez pas, Déesse !
pomone
Oh, que si !
thérone
Ménagez mieux ma tendresse,
Cachez-lui bien ma faiblesse.
pomone
Oh, que nenni !
Je veux le traiter comme il le mérite.
thérone
Faites donc ce qu’il vous plaira, puisqu’on ne peut vous en empêcher. Vertumne vient, je vous laisse avec lui.
Scène iii
Pomone, Vertumne
vertumne
Air : Dites, la belle, le voulez-vous
Prêt à devenir votre époux,
Dites, Déesse, le voulez-vous,
Que je fasse connaître à tous,
Que vous m’allez faire aise ?
Dites, Déesse, le voulez-vous,
Que je parle ou me taise ?
pomone
Vous pouvez parler présentement. Je n’ai pas envie, vraiment, de faire un mariage en détrempe.
vertumne, lui baisant la main
Vous me le permettez donc ? Quelle joie !
Air : Allons gai, d’un air gai
Cessez, contrainte austère !
Éclatez, nos soupirs !
Quoique votre mystère
Redoublât nos plaisirs.
Allons gai,
D’un air gai,
Toujours gai !...
pomone
Air : Ah ! Philis, je vous aimerai tant
Si vous êtes tendre et constant,
Vertumne, je vous aimerai tant !
vertumne
Je vous en dirai tout autant.
Je vous vis, je vous vois, je vous aimerai tant !
ensemble, ensemble
pomone
Vertumne, je vous vois, je vous aime !
Si je vous ai, je vous aimerai tant !
vertumne
Pomone, je vous vois, je vous aime !
Si je vous ai, je vous aimerai tant !
pomone
Allez faire savoir à mes fidèles sujets les Jardiniers et les Jardinières qu’ils aient à se rendre ici pour y célébrer nos noces.
Air : Le Jardinet
Qu’ils viennent, pleins d’allégresse,
Voir le beau choix que j’ai fait, ait, ait,
Ait, ait, ait, ait, ait, ait.
Pour payer votre tendresse,
Je prétends, mon cher Poulet, et, et, et,
Et, et, et, et, et,
Que le flambeau d’Hyménée
S’allume, en cette journée,
Dans mon joli, joliet,
S’allume, en cette journée,
Dans mon joli jardinet.
vertumne
Air : Le cabaret est mon réduit
Ah ! quel moment délicieux !
pomone, le poussant par l’épaule
Allez vite ordonner la fête.
J’attends Protée en ces lieux ;
Je veux lui laver la tête,
Je veux lui laver ter la tête.
Scène iv
Pomone seule
pomone
On entend le bruit rauque d’un cornet de vacher, et l’on voit traverser sur la mer Protée dans sa conque.
Air : Boire à son tire lire lir
Ha ! de quel son nouveau
Mon oreille est flattée !
Je vois flotter sur l’eau
Le Char du beau Protée.
Les Tritons, pour
Faire leur cour
Vont à l’entire lire lir,
Vont à l’entour loure lour,
Vont à l’entour.
Scène v
Pomone, Protée
pomone
Quel dessein vous ramène ici, Seigneur Protée ?
Air : La bonne aventure, ô gué
De l’objet qui sut toucher
Votre cœur parjure
Venez-vous vous rapprocher,
Ou venez-vous y chercher
La bonne aventure, ô gué !
La bonne aventure ?
protée
Air : C’est le Prince d’Orange
En partant pour la Crête,
Je quittai, par malheur,
Une jeune Brunette,
Qui m’avait pris, (la chose fut secrète.)
Qui m’avait pris le cœur.
Air : Iris est plus charmante
C’est cette jouvencelle
Ici qui me rappelle.
Jugez, grande Immortelle,
De ma félicité :
Car c’est une femelle
Telle,
Que Vénus est moins belle
Qu’elle.
Junon, en vérité,
N’a jamais eu tant de majesté.
pomone
Air : C’est l’amour même
Protée a, par ce beau portrait,
Fait voir que Thérone est l’objet
Qu’il aime,
Qu’il aime.
Je l’y voit trait pour trait,
C’est elle-même
protée
Air : Branle de Metz retourné
De moi vous croyez apprendre,
Tout d’un coup et sans façon,
Quel est le joli trognon
Qui m’a rendu le cœur tendre :
Je n’en dirai pas le nom,
Vous allez pourtant l’apprendre ;
Je n’en dirai pas le nom,
Vous le saurez par Triton.
À la cantonade.
Holà-hé ! Triton mon Ami ! Viens me prêter ta langue.
Scène vi
Pomone, Protée, Triton
triton
Me voici.
pomone, à Protée
Air : Eh ! Pourquoi donc, dessus l’herbette
Eh ! Pourquoi donc, grand Nicodème,
À vos Tritons avoir recours ?
Ne pouvez-vous sans leur secours
Vous expliquez vous-même ?
protée
Hé bien, laissons-là les détours.
C’est Pomone que j’aime.
pomone
Qu’ai-je entendu, grands dieux !
Air : Vous y perdez vos pas, Nicolas
Songez-vous qu’à Thérone
Vous fîtes les yeux doux ?
C’est en vain qu’à Pomone
Vous venez tâter le pouls :
Vous y perdez vos pas,
Nicolas,
Sont tous pas perdus pour vous.
protée
Air : Ma raison s’en va bon train
Pour Thérone je n’ai plus
D’amour.
pomone
Discours superflus.
Un cœur non léger
A su m’engager,
Et ma main est promise.
Cherchez ailleurs à vous loger ;
Ici la place est prise, lonla,
Ici la place est prise.
Elle se retire brusquement.
Scène vii
Protée, Triton
protée
Air : L’eusses-tu cru
Pour un autre elle est sensible !
Ah ! l’ai-je bien entendu !
À l’amour inaccessible
Son cœur enfin s’est rendu !
Qui s’y serait attendu ?
Ô coup terrible !
Mon cher Triton, qu’en dis-tu ?
L’eusses-tu cru ?
triton
Non, parbleu. Une fille devenir amoureuse ! Cela est étonnant.
protée
Quel peut-être le Drôle qui l’a si bien empaumée ?
triton
Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui
Je croirais que Vertumne en veut à la déesse.
Avec cet air sournois qu’inspire la tendresse,
On le voit très souvent dans le prochain Vallon,
Il vient s’y promener tant en large qu’en long.
protée
Je crois, ma foi, que tu as mis le nez dessus. C’est ce que je veux éclaircir tout à l’heure.
triton
Que voulez-vous faire ?
protée, se frappant la poitrine
\emph Tic, toc, choc. La Métamorphose est faite. Ôte-moi mon habit. La Métamorphose est faite. Ôte-moi mon habit.
Air : Je fais souvent résonner ma Musette
Tu vas, mon cher, ma souquenille ôtée,
Sous d’autres traits voit ton maître caché.
Triton ôte la robe à Protée, qui paraît sous la figure de Vertumne.
triton
Quel changement ! Vous n’êtes plus Protée,
Je vois en vous Vertumne tout craché.
protée
Air : Qui veut se mettre en ménage
Je vais, sans qu’on me soupçonne,
Sous ce miroir emprunté,
Apprendre si de Pomone
Mon rival est bien traité.
triton
Si Vertumne plaît, j’augure
Que, dans vos jaloux soupçons,
Vous saurez de sa figure
Toucher les revenants bons.
protée
Pomone va venir, retire-toi promptement.
Scène viii
Protée seul, sous la forme de Vertumne
protée
Air : Comèr’, j’ai un bon mari
Amour, seconde mes vœux !bis
Si tu veux me rendre heureux,
Rends-moi bien effroyable ;
Fais que l’objet de mes feux
Me prenne pour un Diable.
Pomone paraît dans le lointain.
Air : Grimaudin
Dans ces lieux elle vient se rendre,
Je meurs d’effroi !
Elle me lance un regard tendre !
C’est fait de moi !
Hélas ! j’aimerais beaucoup mieux
Qu’elle vint me pocher les yeux !
Scène ix
Protée sous la figure de Vertumne, Pomone
pomone
Air : Ho ho ! Ha ha
Ah ! Vertumne, c’est vous !
Vous revenez enfin.
Votre retour m’est doux...
Mais je vous vois chagrin !
Ho ho ! Ha ha !
Eh, pourquoi donc ? D’où vient cela ?
protée, à part
Je ne sais, ma foi, que lui répondre. Ô, Amour ! j’ai grand besoin que tu m’inspires !
À Pomone.
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Je crains les jeux qu’on vous apprête !
Vous m’oublierez pendant la fête.
pomone
Vous n’y pensez pas, cher amant.
Plus devant l’épousée on danse,
Plus elle voit de mouvement,
Plus à son époux elle pense.
protée, tapant du pied
J’enrage !
pomone
Air : Je jure par tes yeux
Vous détournez les yeux !bis
Fripon, ne te plains point ; tu dois être joyeux :
Car si tu m’aimes bien, je t’aime encore mieux.
protée, à part
Je t’aime encore mieux ! Haut. Que je suis malheureux !
pomone
Air : De quoi vous plaignez-vous
De quoi vous plaignez-vous
Vous avez l’âme agitée !
De quoi vous plaignez-vous
Ah ! je vous crois jaloux !
Vous avez pu voir Protée
Tout à l’heure à mes genoux ;
Sa flamme est rejetée,
De quoi vous plaignez-vous
protée, en colère
Jarnonbille ! Mort ! Ventre ! Tête de poisson ! Il faut que je me venge !
pomone
Agréable colère !
Air : La Ceinture
Il n’est rien pour moi de si doux
Que vos soupçons et vos alarmes :
Plus un amant paraît jaloux,
Plus il fait d’honneur à nos charmes.
protée, à part
Oh, pardi ! vous en serez la dupe. Haut.
Air : Mariez, mariez, mariez moi
Hélas ! je suis bien fâché
De vous le dire, Pomone !
De vous je suis détaché ;
Mais l’Amour ainsi l’ordonne :
Oubliez, oubliez, oubliez moi ;
J’adore à présent Thérone :
Oubliez, oubliez, oubliez moi ;
Je vais lui donner ma foi.
Il s’en va.
Scène x
Pomone seule
pomone
Air : Le fameux Diogène
Ô Ciel ! le dois-je croire !
Il a l’âme assez noire,
Pour tromper mon ardeur !
Ô trahison fatale !
Il faut de ma Rivale
Que je perce le cœur !
Scène xi
Pomone, Thérone
thérone
Air : Des fraises
Pourquoi tant vous emporter ?
pomone
Perfide ! après ta fraude,
Oses-tu te présenter ?
Tu viens donc pour m’insulter,
Trigaude ! Trigaude ! Trigaude !
thérone
Air : Nanon dormait sous la verte fougère
Ah ! quel courroux
Contre moi vous anime ?
Expliquez-vous,
Apprenez-moi mon crime ?
pomone
Vertumne, mon amant,
Te fait ter la cour présentement.
thérone
Air : Et zon, zon, zon
Quoi ! lorsqu’à me servir
Votre bonté s’empresse,
J’oserais vous trahir !
pomone
Oui, vous l’osez, Traîtresse !
thérone
Eh, non, non, non,
N’en croyez rien Déesse.
pomone
Eh, non, non, non,
Vertumne est un fripon.
Et je crois que vous ne valez pas mieux que lui.
thérone
Rendez-nous plus de justice à l’un et à l’autre. Je suis une honnête Nymphe, et Vertumne un honnête dieu.
Air : Vous m’entendez bien
Il pense bien à moi, vraiment !
Il est dans un grand mouvement ;
En place il ne demeure.
pomone
Hé bien ?
thérone
Il n’attend plus que l’heure...
Vous m’entendez bien.
Il chante sans cesse :
Air :
Ah ! j’attendrai longtemps ! La nuit est loin encore.
pomone
Air : Les Trembleurs
Sa fourberie est extrême.
L’ingrat parlant à moi-même,
M’a dit que c’est vous qu’il aime ;
Que de vous il est coiffé.
thérone
Ah, Ciel !... Je veux le confondre :
Et je puis bien vous répondre
De le laisser se morfondre,
S’il est si fort échauffé.
pomone
Air : Menuet,
Je l’aperçois !
thérone
Bon ! qu’il avance !
Je vais lui montrer qui je suis.
pomone
Je veux éviter sa présence.
thérone
Ah ! demeurez !
pomone, fuyant
Je ne le puis.
Scène xii
Thérone, Protée sous la figure de Vertumne
protée, à part
Voici Thérone. Il faut aussi que j’exerce sur elle ma métamorphose.
Air : Quand Iris prend plaisir à boire
Vous voyez Vertumne lui-même,
Qui vous adore, qui vous aime :
Écoutez sa naissante ardeur.
De vous aimer je n’ai pu me défendre ;
Votre bel œil est mon vainqueur,
Et je vous ai donné mon cœur.
thérone
Je vous attends, \ibis\ pour vous le rendre.
Fi, petit inconstant ! N’avez-vous point de honte ?
Air : Je ferai mon devoir
Quitter Pomone et ses appas !
protée
Ho, parbleu, j’en suis las !
thérone
Ah ! Vertumne, allez la revoir !
Faites votre devoir.bis
protée
Air : Changement pique l’appétit
J’ai longtemps brûlé pour Pomone ;
Mais pour la charmante Thérone
Présentement le cœur m’en dit :
Changement pique l’appétit.
thérone
Comment donc ? Vous trahissez vos serments !
protée
Ce n’est pas moi, c’est l’Amour, qui veut absolument que je quitte Pomone, pour m’attacher à vous.
Air : Quand le péril est agréable
Le dieu des cœurs, en conscience,
Vous en devait le plus discret.
thérone
De cette dette, sans regret,
Je lui donne quittance.
protée
Quelle fierté !
thérone
Air : Ah ! que j’étais insensée
Vous perdez votre étalage ;
Protée a su m’engager.
C’est en vain qu’il est léger,
Je ne puis être volage :
Moins j’ai sujet de l’aimer,
Plus je me sens enflammer.
protée
Air : À deux genoux près de Sylvie
C’est un ingrat. Pourquoi, ma mie,
Ne pas l’envoyer promener ?
thérone
Quand je le vois, je suis saisie,
Et prête à tout \ibis\ lui pardonner.
protée, à part
Malgré moi, j’ai l’âme ravie,
De l’entendre ainsi raisonner.
thérone
Air : Monsieur la Palice est mort
Que de pleurs il m’a coûté !
protée, à part
Je suis plus heureux que sage ;
Cependant je suis tenté
De l’éprouver davantage.
thérone, voulant s’en aller
Ne suivez point mes pas.
protée
Air : Michaut, en faisant l’amour
Belle Nymphe, où fuyez-vous ?
thérone
Qu’en avez-vous affaire ?
protée
Apaisez votre courroux ?
thérone
Je veux être en colère.
protée
Arrêtez-vous un moment.
thérone
Oh ! cessez de me suivre.
protée
Quoi ? pour un volage amant
Voulez-vous toujours vivre ?
Elle fuit, et il la suit.
Scène xiii
Pomone seule, regardant Protée qui poursuit Thérone.
pomone
Air : Un jour, dans un plein repos
Il la suit avec ardeur !
Pour moi quel supplice !
Il lui fera de mon cœur
Un doux sacrifice.
Il est pressant et flatteur :
Juste Ciel ! je meurs de peur
Qu’il ne l’a...
Larela rela,
Qu’il ne l’attendrisse.
Mais je vois revenir l’ingrat.
Scène xiv
Pomone, le véritable Vertumne
pomone
Air : Quand la mer Rouge apparut
Qui te ramène en ces lieux,
Amant trop coupable ?
Va, tu n’es plus à mes yeux
Qu’un monstre effroyable.
Crains ma fureur, et de moi
Au plus vite éloigne-toi,
Petit In, tin, tin,
Petit fi, fi, fi,
Petit In,
Petit fi,
Petit Infidèle !
Retourne à ta Belle.
vertumne
Je vais vous obéir ; mais au moins que je sache pourquoi vous me bannissez de votre présence.
pomone
Peux-tu me le demander, Perfide !
Air : Vous, qui vous moquez par vos ris
Ton cœur de Thérone a fait choix.
vertumne
Votre erreur est extrême.
pomone
Tu vis à présent sous ses lois.
vertumne
Vous croyez que je l’aime !
Vous le croyez.
pomone
Oui, je le crois.
vertumne
Qui vous l’a dit ?
pomone
Toi-même.
vertumne
Air : Que dieu bénisse la besogne
Déesse, je suis trop poli,
Pour vous donner un démenti :
Mais, si j’ai parlé de la sorte,
Je veux que le diable m’emporte.
pomone
Il faut avouer que vous êtes bien effronté. Mais voici Thérone qui va vous confondre.
vertumne
Elle va me justifier.
Scène xv
Pomone, Vertumne, Thérone
vertumne
Air : Lanturlu
Vous savez, Thérone,
Que jamais mon cœur,
Pour votre personne,
N’a manqué d’ardeur.
Rassurez Pomone,
Répondez de ma vertu.
thérone, d’un ton moqueur
Lanturelu, lanturelu, lanturelu.
vertumne
Comment pouvez-vous dire le contraire ?
thérone
Air : Landeriri
Oui, d’amour vous m’avez parlé,
Et je vous ai bien régalé,
Landerirette.
vertumne
Suis-je éveillé ? Suis-je endormi ?
pomone, d’un air malin
Landeriri.
thérone
Air : Laire la, laire lanlaire
Tout à l’heure, au bout du jardin,
Vous vouliez, petit Libertin,
Me remettre ma jarretière.
pomone
Laire la, laire lanlaire...
Le Scélérat !
vertumne
Vous me feriez enrager toutes deux.
Air : Sans-dessus-dessous
Ô Jupiter ! Exauce-moi !bis
Vertumne n’a recours qu’à toi.bis
Sans un rayon de ta lumière,
Sans-dessus-dessous,
Sans-devant-derrière,
Voilà mon espoir le pus doux
Sans-devant-derrière,
Sans-dessus-dessous.
Scène xvi
Pomone, Vertumne, Thérone, Protée sous sa propre figure de Protée
protée, déclamant
Rassurez vos esprits trop longtemps agités.
Vertumne, vous Déesse, et vous Nymphe, écoutez.
Air : Voulez-vous savoir qui des deux
Sortez, sortez de votre erreur.
De vos troubles je suis l’auteur.
Protée avais pris l’encolure
De Vertumne, pour vous donner
À tous un peu de tablature.
Ah ! daignez me le pardonner !
pomone
Le méchant Coquin !
thérone
Voilà de ses tours.
vertumne
Celui-là est un peu fort.
pomone, à Protée
Eh, pourquoi, s’il vous plaît, avoir employé cette métamorphose ?
protée
Pour vous sonder.
pomone
Je vous entends. Vous étiez curieux de savoir,
Air : Hé, bon, bon, bon, je t’en réponds
Si, pour Vertumne, dans mon âme,
J’avais une amoureuse flamme.
vertumne
Hé, bon, bon, bon,
Je t’en réponds !
Il voulait plutôt, ma Déesse,
Abuser de votre tendresse.
pomone
Hé, zon, zon, zon !
Ha ha ! Voyez donc !
protée
Un peu de tricherie,
Dans la vie,
Est toujours de saison.
thérone
Le Fripon !
pomone
J’en suis quitte à bon marché.
vertumne
Je veux le croire ; mais n’y revenez plus, Monsieur Protée.
protée
Oh ! ne craignez rien ! Je rends de bonne foi mon cœur à Thérone. Elle peut compter sur ma constance. Elle est Oh ! ne craignez rien ! Je rends de bonne foi mon cœur à Thérone. Elle peut compter sur ma constance. Elle est \emph corrigée et revue\footnote Les Comédiens Français le jour de la troisième représentation d’une pièce qui avait été mal reçue la première fois, et qui parut, par des corrections qu’on y avait faites, vouloir se relever, affichèrent ladite pièce dans ces termes...
thérone, lui tendant la main
Et Et \emph applaudie..
vertumne et protée ensemble, ensemble
L’un à Pomone et l’autre à Thérone.
deuxcol, \vertumne
Ah ! Pomone,
Ma mignonne,
Ma pouponne,
Quel beau jour !
Ma mignonne,
Ma ponponne,
Ma moutonne,
Quel beau jour !
protée
Ah ! Thérone,
Ma bouchonne,
Ma friponne,
Quel beau jour !
Ma trognonne,
Ma bichonne,
Ma tamponne,
Quel beau jour !
[ensemble], ensemble
L’hymen, enfin, qui me couronne,
T’abandonne
À mon amour.
vertumne
Ah ! Pomone, etc.
protée
Ah ! Thérone, etc.
En cet endroit, on entend une symphonie champêtre.
vertumne, à Pomone
Voici vos Sujets qui viennent à vos ordres.
pomone
Qu’ils célèbrent cet auguste jour, comme dit l’Opéra.
Scène xvii
Pomone, Vertumne, Thérone, Protée, Troupe de jardiniers et de jardinières
On danse.
une jardinière
Air :
Célébrons les nœuds charmants
De Pomone et du dieu qui s’unit avec elle ;
Laissons éclater le zèle,
Qui doit nous animer pour ces tendres amants.
Pour les rendre tous deux l’un à l’autre fidèle,
Puisse le dieu d’amour
Décochez chaque jour
Sur eux une flèche nouvelle.
On reprend la danse qui finit la pièce.
Fin