Auteurs : | D'Orneval (Jacques-Philippe) Fuzelier (Louis) Le Sage (Alain-René) |
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Parodie de : | Les Amours déguisés de Fuzelier et Bourgeois |
Date: | 24 septembre 1728 |
Représentation : | 24 septembre 1728 Foire Saint-Laurent - Opéra-Comique |
Source : | Le Sage, D'Orneval, Le Théâtre de la Foire ou l’Opéra-Comique, contenant les meilleures pièces qui ont été représentées aux Foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent, t. VI, Paris, Pissot, 1728 |
Air : Ho ho ! Ha ha
J’aperçois un petit Amour qui va m’éclaircir.
St, st ! Venez ici, petit garçon. Apprenez-moi quelle cérémonie rassemble à Cythére cent peuples différents.
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Air : Bannissons d’ici l’humeur noire
Vous avez raison. Puisque vous êtes de la suite d’Hébé, nous ne devons pas
vous effarouchez ; et vous méritez la conversation d’un Amour. Sachez donc, gentille nymphe, que Vénus a ordonné une revue générale de tous les amants. Vous voyez là-bas les vaisseaux sur lesquels nous les avons amenez ici.
Air : Cap de Bonne-Espérance
Mais comment peut-il examiner toutes les troupes qui sont sous les étendards de Cupidon ?
Oh ! Il est soulagé par des aides de
camp, qu’il a distribué dans tous les postes et les quartiers de cette île. Hoçà, jeune nymphe, de quel régiment êtes-vous ?
Je n’ai point encore pris parti.
Tant mieux.
Air : Marche française
Air : Amis, sans regretter Paris
Air : Vaudeville,
Air : Quel plaisir de voir Claudine
Vous avez beau vous vanter tous deux, vous n’avez pas l’air l’un et l’autre d’avoir fait seulement votre première campagne.
Air : J’offre ici mon savoir faire
C’est ce qui vous trompe. Tel que vous me voyez, on ne me marche pas sur le pied impunément.
Diantre !
Il ne faut pas non plus m’échauffer les oreilles.
Ho ho !
Air : Petit boudrillon
Tous mes exploits sont des prodiges. J’ai dépouillé, par exemple, cent sénateurs de leurs robes.
Air : Qu’on apporte bouteille
Il y a bien là de quoi vous applaudir ! Ces rabats courts le plus souvent ne tiennent à rien. Mais laissons là toutes ces prouesses communes, qui doivent mettre pavillon bas devant celle que j’ai faite ces jours passés.
Voyons donc ce que c’est.
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Ô la belle revue ! Ceux qui disent que l’amour n’a point d’armée n’ont pas feuilleté les galantes pages d’Ovide Nason. Ce précepteur d’amour, plus habile que celui de la rue
Française, dit en termes exprès :
Mais que vois-je ?... Que faites-vous donc ici, Messieurs les Amours ?
Nous n’avons pas de compte à vous rendre.
Comment, ventrebleu ! Vous n’avez pas de compte à me rendre ! Devez-vous ignorer que je suis un des aides de camp de Mercure ? Retirez-vous, sans répliquer ; autrement, je ferai voir aujourd’hui dans le camp deux Amours sur le cheval de bois.
Comme vous les régalez !
Et vous, la belle, si vous me raisonnez, je vais vous mettre au corps de garde.
Mercure a pris là un aide de camp bien brutal.
On m’a dit que Léandre, mon ancien maître, était ici. Je lui serai peut-être utile. Je le souhaite de tout mon cœur ; car je lui ai des obligations qu’il ignore. Je me suis souvent servi de son linge et quelque fois de son argent. Allons le chercher, pour m’acquitter. Je suis un homme rare, moi ; j’aime à payer mes dettes.
Air : Quand le péril est agréable
Je vous suis bien obligée, mon oncle, de ne m’avoir pas abandonnée dans le
voyage que les Amours me forcent de faire ici, sans que je sache pourquoi.
Foi de tabellion, je n’en sais rien non plus.
Air : Non, non, je ne me connais guère
Il m’a joué de bons tours.
Cela est vrai. Tenez, par exemple, il n’a jamais voulu vous donner le cœur de ma tante.
Tu as raison, Colette. Ta tante, avant notre mariage, a bien fait la rétive.
Air : Je suis la fleur des garçons du village
Le receveur de la dame de notre village a eu bien mal au cœur de ce mariage-là.
Oui, parbleu ! Il m’en a voulu pendant quelques jours ; mais, heureusement, le temps l’a guéri. Il s’est fait une raison, il m’accable d’amitiés, et ne saurait passer un jour sans venir chez moi.
C’est un bon enfant, il ne garde point sa rancune.
Mais, dis-moi un peu, ma nièce, puisque les Amours t’ont forcée de venir à leur revue, il faut bien qu’ils aient quelque hypothèque sur ta personne.
Aucune ; je suis trop prévenue contre eux.
C’est fort bien fait à toi. L’amitié vaut mieux que l’amour. C’est, sans doute, pour Lisette que tu gardes ta bonne amitié ?
Oui, j’aime fort Lisette ; mais il me semble que j’aime encore davantage mon cousin Léandre.
Hon-hon !
Oh ! Ne croyez pas pour cela que j’aie de l’amour pour lui.
Mais pourquoi as-tu plus d’amitié pour lui que pour elle ?
Je n’en sais rien.
Je le devine bien, moi. C’est que Léandre est un jeune officier, lieutenant de sa compagnie, qui a un plumet rouge, une cocarde blanche : oh ! dame ! tout cela échauffe bien l’amitié dans le cœur d’une fille.
Air : Attendez à demain, mon voisin
Vous vous trompez, mon oncle.
Air : Voulez-vous savoir qui des deux
Vous vous trompez, vous dis-je ; Léandre ne dissimule point son ardeur.
C’est donc toi qui caches la tienne. Mais, ma pauvre Colette, tes finesses sont cousues de fil blanc.
Air : Je passe la nuit et le jour
Ah ! Mon oncle, que vous expliquez mal la manière dont je reçois les airs familiers de Léandre !
Air : Comme un coucou que l’amour presse
Je veux bien croire que je m’abuse ; mais il faut avouer que l’amour de ton cousin fait bien ses orges avec ta bonne amitié.
Allons, le commissaire de la revue nous fera voir tantôt qui de nous deux est dans l’erreur.
J’aperçois ma chère Colette ; suivons-là. Je veux pratiquer auprès d’elle l’artifice que tu me conseilles d’employer.
Non, vous prendriez mal votre temps, puisque son oncle est avec elle ; mais dès que vous la trouverez seule, je vous réponds qu’en usant de ma recette, vous l’obligerez à se démasquer. Car enfin, suivant votre rapport, vous êtes plus heureux que vous ne croyez l’être.
Air : J’entends déjà le bruit des armes
Je ne sais si ta conjecture...
Vous ne connaissez pas encore l’amour, quoique vous soyez fort amoureux. C’est un petit rusé, qui emprunte toutes sortes de déguisements, pour entrer dans des cœurs qui le mettraient à la porte s’il se présentait sans masque.
Air : L’autre nuit, j’aperçus en songe
Mais allez épier le moment où vous pourrez entretenir Colette en particulier.
Adieu, jusqu’à tantôt.
Je ne conçois pas ce que l’amour peut
avoir à démêler avec Madame Doucet, qui, sans contredit, est la femme de Paris la plus édifiante.
Où est donc cette édifiante Madame Doucet ?
Vous la voyez.
Air : Comme un coucou que l’amour presse
Je vous en fais mon compliment.
Air : Quel plaisir d’aimer sans contrainte
Vous n’êtes pas bon physionomiste.
Air : Lanturlu
Voici quelque amour hypocrite.
J’ai surtout une extrême sensibilité pour les malheurs d’autrui. J’ai retiré chez moi Damis, jeune homme aimable et vertueux, qui était dans une indigence... Il n’avait pas d’habit.
Air : Ah ! Quel plaisir, lorsqu’après mille alarmes
Je le rencontrai chez une vieille dame de mes amies, dont il allait implorer le crédit pour avoir un emploi. Dans l’abattement où le mettait sa mauvaise fortune, il avait un air triste, mais touchant, de longs cheveux blonds négligés, mais beaux ; enfin, c’était une belle fleur, qui séchait sur pied, faute de suc alimentaire.
Vous arrivâtes là, comme une pluie après trois mois de sécheresse.
C’est une belle chose que la pitié !
Je l’emmenai chez moi, je le fis mon intendant, et je n’ai pas sujet de m’en repentir.
Air : Faire l’amour la nuit et le jour
Et vous recueillez avec usure le fruit de votre pitié.
Vous badinez, je pense.
Air : Lonlanla, derirette
Allez, Madame la pitoyable, allez à la revue. Vous n’y serez pas de trop.
L’imbécile ! Il prend ma pitié pour un amour déguisé.
Que vois-je ? Un Suisse à la revue des Amours ?
Air : Mirlababibobette
C’est plus haut, mon camarade, c’est plus haut.
Air : Talalerire
Air : La Cabaretière
Parti par mon foi, vous l’être coquenard, Monsir.
Moi guoguenard ! Je considère trop les tendres amants.
Air : Lampons
Voilà, sans doute, votre air favori. Mais, dites-moi un peu, quel métier fait cette mademoiselle Catin, que vous aimez si délicatement ?
Monmoiselle Catin l’être ein fameuse caperetière.
Une vendeuse de câpres ? Une épicière ?
Hé ! Non, monsir, vous n’entendre pas moi. Catin tenir ein taverne à l’Porcherons.
Ha ! Je vous entends ! C’est une fameuse cabaretière de guinguette.
Air : Ô reguingué, ô lonlanla
Cet honnête Suisse croit aimer la
maîtresse du cabaret, et il n’en aime que les tonneaux. Ce n’est pas un amour déguisé, c’est une ivrognerie masquée.
Air : Les feuillantines
Ma foi, camarade Suisse, dispensez-vous de vous présenter à la revue des Amours. Vous y seriez reçu comme un frelon dans un essaim d’abeilles. D’ailleurs, je vous avertis qu’il n’y a point là de cantine. Cupidon ne veut pas qu’on y boive du vin.
Air : Allons à la guinguette
Voilà un suisse bien conditionné. Le digne amant ! Bacchus peut à juste titre revendiquer ses soupirs.
Oh ! Pour cela, rien n’est plus disgracieux !
Vous vous plaignez des amours, apparemment.
Oui. Leur procédé est autrement tyrannique.
Quoi ? Mademoiselle Rafinnot, fille teinte de sagesse, et propriétaire de sa liberté, se verra livrée à la discrétion de l’audace de ces petits étourdis !
Voici, ce me semble, une précieuse ridicule.Haut. Qui êtes-vous, mademoiselle ?
Air : J’ai fait souvent résonner ma musette
Que voulez-vous dire, mon ami, par votre argot ? Il faut que vous soyez d’un esprit bien agreste et bien infortuné, pour vous permettre à l’ironie, sur un style qui met vos lumière en échec et qui passe les bornes de vos conceptions.
C’est ce qui vous trompe, Mademoiselle Raffinot. J’ai été deux ans garçon dans un café, ou l’on ne crachait que Phœbus. Là, les génies de la grande espèce ont fait sortir mon esprit de sa coquille ; et je puis dire qu’en les écoutant, j’ai perçu les émoluments de mon attention.
Mais, vraiment, vous m’en montrer déjà un bel échantillon.
Mais venons au fait. Pourquoi les Amours vous ont-ils amenée ici ?
C’est ce que j’ignore. J’étais dans ma bibliothèque, où mon esprit, par le voiture de mes yeux, faisait le voyage du monde de la lune.
Air : Ramonez-ci, ramonez là
Il faut bien qu’ils vous soupçonnent de vous être coiffée d’un quelqu’un.
Ha ! Je vois ce que c’est. Dorimon, mon
beau voisin, homme qui a donné beaucoup d’éducation à son esprit, vient souvent s’enfermer avec moi dans mon cabinet.
Nous y voilà.
Nous y faisons des collections des termes nouveaux, que forgent tous les jours sur l’enclume du bon goût, les génies conséquents et lumineux.
Fort bien. Poursuivez.
Comme la personne de Dorimon est un fardeau de grâces nobles et imposantes, et que j’ai, sans vanité, sur les agréments, un visage assez disciplinables, les Amours se seront imaginés que nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre.
Tomber amoureux. Oh ! Pour celui-là, je ne l’avais pas encore entendu.
Hé, oui tomber amoureux. Ne dit-on
pas tomber malade ? Or, comme l’amour est une maladie, on doit dire tomber amoureux et tomber en amour, comme tomber en apoplexie.
Laissons-là le terme et revenons à Dorimon.
Air : Si l’on menait à la guerre
C’est-à-dire, en bon français, que je crois que vous avez de l’amour pour lui.
Non, je n’en ai point. Cela est décidé. Il est bien vrai qu’un sentiment d’estime vif et délicat nous uniformise l’un et l’autre.
Air : Eh ! Ne vous estimez pas tant
Tudieu ! Voilà un sentiment s’estime à vingt-quatre carats !
M.Charlot
Allez, mon cher, vous jugez mal de la figure de mes sentiments. La lorgnette de votre pénétration est trouble.
Tirez, tirez, Madame la précieuse. Les Amours vous feront bien voir que vous jouissez frauduleusement de leurs biens.
Vous êtes un insolent ! Si les femmes portaient à leur côté un fardeau secourable, je vous le passerais au travers du corps
Quelle amazone de Parnasse !... Il vaudrait mieux qu’elle eût à la tête un fardeau de bon sens.
Vous êtes des malavisés d’en agir de la manière avec madame Farinette. Voyez donc ces pestes d’Amours.
Air : Est-ce ainsi qu’on prend les belles
Ho-ho ! Voilà une grosse boulangère bien fâchée.Haut. Remettez-vous, ma poule-d’Inde.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Air : Landeriri
Air : N’aurai-je jamais un amant
Doucement, Madame Farinette ! Je ne vous dis mot, et n’ai aucune envie de vous en conter.
Tredame ! Vous êtes bien dégoûté ! Je suis pourtant la perle de Gonesse.
Vous êtes une perle furieusement ronde.
Que dites-vous de ces friponniers d’Amours, qui m’ont entraînée ici ?
Apparemment qu’ils sont fondés en raisons.
Ils disent comme ça que je suis embéguinée de Thomas mon mitron, et si pourtant je n’ai que de la reconnaissance pour lui.
Et sur quoi soupçonnent-ils cela ?
Que sais-je moi ? C’est peut-être parce que je lui chante tous les matins :
Air : Ah ! Thomas, réveille-toi
C’est, sans doute, un joli garçon que ce Thomas-là.
Oh, dame ! Oui.
Air : Hé, dru, dru, dru
Je vous en félicite.
Air : Il va son train
Oh, diable ! Madame Farinette, c’est un trésor que ce mitron-là ! Vous ne pouvez avoir trop de reconnaissance pour un si bon ouvrier.
Aussi en ai-je et de la plus fine encore. Je le traite à bouche que veux-tu, il est chez moi à même de tout.
Mais s’il prenait envie à quelque boulangère de vous souffler l’infatigable Thomas, que dirait à cela votre reconnaissance ?
Oh ! Je l’étranglerais, la chienne !
Sans doute, à cause du profit qu’il vous fait dans votre boutique.
Non, ce n’est point l’intérêt qui me mène.
Air : Je n’saurais
Ouida ! Ho-bien, Madame Farinette,
donnez-vous la peine de vous rendre au camp. Votre reconnaissance est d’une pâte à devoir être enfournée dans les registres de Cythère.
J’y vais, mais nous verrons beau jeu.
Air : Ô reguingué, ô lonlanla
Air : De quoi vous plaignez-vous
Comment diable ! Vous voulez intentez un procès aux Amours !
Sans doute. Je suis la partie et le procureur.
Votre affaire n’en ira pas mieux.
Je m’appelle Maître Jean-Gille Pié-de-mouche. Mon nom est fort célèbre dans les greffes du palais.
Air : Nos plaisirs seront peu durables
Air : Laire la, laire lanlaire
Voilà pourquoi je comparais à l’interrogatoire de la revue des Amours. C’est sur un avenir signifié par eux à ma femme. Je viens la revendiquer, comme n’étant pas de la compétence du bailli de Cythère. Il est vrai que Madame Pié-de-mouche m’aime, mais l’amour conjugal n’est pas justiciable de l’amour galant, quoiqu’il s’empare souvent de l’usufruit de ses biens.
Mais, Monsieur Pié-de-mouche, êtes-vous
bien assuré que l’amour conjugal soit le seul amour qui appointe les affaires de Madame Pié-de-mouche ?
Révoquez vos soupçons diffamatoires, mon ami. Ma femme est fort retirée. Point de bal pour elle, point de promenade, point de spectacle.
Ah ! Que dites-vous là !
Point même de Quadrille.
Mais cela n’est pas possible.
Air : Ma raison s’en va bon train
Oh, diable ! Cela suppose une femme gonflée de vertu.À part. Les Amours auraient-ils fait un pas de clerc ?
Air : Voulez-vous savoir qui des deux
C’est de quoi je puis me flatter. Entre nous, je ne connais point à Madame Pié-de-mouche d’autre passion, après l’amour qu’elle a pour moi, que la haine qu’elle porte à mon Maître Clerc.
Comment ? Elle hait votre Maître Clerc !
Air : Robin, turelure lure
J’ai beau la prier de le laisser en repos, elle le persécute sans cesse. C’est une femme insupportable là-dessus.
Air : Aïe, aïe, aïe, Jeannette
Parbleu ! Il faut que Madame Pié-de-mouche ait bien de l’aversion pour ce Clerc-là.
Cela n’est pas concevable. J’ai voulu plus d’une fois, par considération pour ma femme, me défaire de lui ; mais elle s’y est opposée en me disant : Non, mon fils, je ne veux point absolument que, pour l’amour de moi, vous chassiez un homme qui fait bien vos affaires. Je sacrifie ma haine à votre utilité.
Vous avez là une femme de tête, Monsieur Pié-de-mouche.
Je vous en réponds. Elle est d’une politique... Croiriez-vous que, malgré l’aversion qu’elle a pour ce Clerc, elle lui sert ce qu’il y a de meilleur sur la table.
Ah ! Quelle haine !
Après cela, qu’on vienne me dire que les Amours sont bien fondés dans la sommation qu’ils ont faite à ma femme.
Ils ont mal expliqué son aversion.
Oh ! Je leur montrerai bien leur bec jaune, à ces petits drôles-là ! Je leur apprendrai à se jouer à un procureur. Je leur ferai manger en frais jusqu’à leurs flèches et leurs carquois.
Air : Jean-Gille
Pourquoi cela ?
Peut-être qu’en ce moment Madame Pié-de-mouche étrangle votre Maître Clerc, à force de le haïr. Il lui montre les cornes.
Vous êtes un mauvais plaisant.
Et vous un coucou.
Hé bien, l’artifice a-t-il réussi auprès de votre belle cousine ?
Je n’ai pas pu la rencontrer encore... Mais cela est heureux, je la vois qui s’approche. Elle est seule.
Je vous laisse avec elle. Profitez de l’occasion. Pendant ce temps-là, je vais voir si tout est prêt pour notre revue.
Comment donc, ma cousine ? Vous, à Cythère !
Air : Qui veut se mettre en ménage
Ils auraient tort. Et ils n’ont pas effectivement raison de vouloir que vous paraissiez à leur revue, vous qui n’êtes
sensible aux soupirs d’aucun amant, et qui voyez, sans pitié, jusqu’à votre cousin mourir d’amour pour vous.
De grâce, Léandre, ne me parlez plus sur ce ton-là.
Air : De mon pot, je vous en réponds
Ah ! C’en est trop, cruelle ! Vous me poussez à bout. Hé bien...
Air : Vous me l’avez dit, souvenez-vous en
J’en suis ravie.
Non, que votre ami, au pied de la lettre.
À la bonne heure.
J’ai déjà gagné sur moi de n’avoir plus pour vous qu’un simple, qu’une tranquille amitié.
C’est fort bien fait.
Je ferai encore mieux. Je vais porter à une autre la tendresse que j’avais pour vous.
À vous permis.
Air : Nanon dormait sur la verte fougère
Adieu. Je vais chercher mes nouvelles amours.
Bon voyage... Elle rêve un moment et appelle Léandre. Mais attendez, Léandre, attendez.
Vraiment, non. Je n’ai pas dessein de cesser de l’être.
Mon cousin ! Encore un mot.
Que vous plaît-il ?
Je ne sais plus ce que je voulais vous dire... Ha ! Voici ce que c’est. Promettez-moi que vous serez toujours plus attaché à Colette par votre amitié, qu’à Lisette par votre amour. Je vous demande cela, au moins.
Vous exigez de moi une chose impossible. L’amour est une passion impérieuse, qui veut occuper la première place.
Air : Vous m’entendez bien
Ah ! Ma chère Colette, vous l’avez toujours eu et vous ne la perdrez jamais.
À quel chapitre en êtes-vous, mes enfants ?
Au chapitre de l’amour déguisé en amitié.
Bon !
Que j’étais folle d’attribuer à la simple amitié tout ce que je sentais pour Léandre !
Air : Ce sont les Amours
Voici les Amours qui se préparent à faire leur revue. Ils vont débuter par des chants et des danses. C’est ordinairement par là que commence et se termine l’exercice des Amours.
Air : Monsieur l’abbé
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