Louis Fuzelier
Les Débris des Saturnales
Comédie en un acte, mêlée de vaudevilles,
Représentée par les Comédiens Italiens à la Foire de Saint-Laurent
1723
BnF ms. fr. 9332, f.343-357
Acteurs
Marc-Antoine
Alcibiade
Éros, esclave de Marc-Antoine
Amintas, esclave d’Alcibiade
Cléopâtre
Plautine
Timée
Délie
Les Débris des Saturnales
Scène i
Amintas, Éros
amintas
Parbleu ! La guinguette d’Apollon est assez jolie, je n’en avais pas encore remarqué tous les agréments.
éros
Air : [Bon, bon, bon]
Et bon, bon, bon, que le vin est bon !
Par ma foi, j’en veux boire.
amintas
Qu’entends-je ? C’est la voix d’Éros, l’esclave de Marc Antoine.
chœur
Le bon, bon, bon, [que le vin est bon].
amintas
Air : Ô reguingué
Ne les voilà pas mal en train
Ils vont trinquer jusqu’à demain
Ô reguingué, ô lon lan la.
Je crois qu’au lieu de Saturnales
On fête ici les Bacchanales.
Scène ii
Amintas, Éros
éros
Air : [Ziste, zeste point de chagrin]
Ziste, zeste point de chagrin
Je me ri, je me rigole [avec Catin].
amintas
Serviteur, seigneur Éros, à présent digne esclave de Marc Antoine.
éros
Oh ! Qu’il y a de vin dans ce corps-là. Ma foi, je suis un vrai muid.
amintas
Ou plutôt un sac à vin.
éros
Souvenez-vous, seigneur Amintas, que vous êtes l’esclave du galant Alcibiade et que vous devez être poli.
amintas
Soit. Mais comment avez-vous pu vous nourrir si bien depuis un moment ? À peine Timée, Délie et Plautine ont-elles eu le temps de manger un macaron.
éros
N’y a-t-il pas deux heures que je suis arrivé !
amintas
Mais vous avez dû voir la Comédie Italienne ?
éros
Je ne m’amuse pas à la bagatelle. J’ai d’abord assiégé le buffet.
amintas
Air : Le prévôt [des marchands]
Je vous croyais, seigneur Éros,
Moins amoureux du Dieu des pots.
Je suis surpris de votre ivresse.
Quand vous étiez à l’Opéra
Vous ne parliez qu’avec sagesse.
éros
C’est que dans sa place elle est là.
Mais vous, que vous dit le cœur ?
amintas
Air : Le prévôt [des marchands]
Antoine votre bon seigneur,
Mon cher, vous a rendu buveur.
Moi, l’esclave d’Alcibiade,
J’imite son penchant coquet
Près des tendrons, je bats l’estrade
Enfin, tel maître, tel valet.
éros
Nous faisons fort bien de ressembler à nos maîtres. Vous savez que Marc Antoine, qui se pique d’imiter Bacchus, fit son entrée à Éphèse, vêtu comme le vainqueur de l’Inde, et moi, pour flatter sa manie, je me suis déguisé en satyre.
amintas
Cela vous sied à merveille.
éros
Vous avez voulu aussi copier le tic de votre maître.
amintas
Oui, je me suis fait dérater. J’ai brillé aux jeux olympiques parmi les piétons comme Alcibiade parmi les cochers.
éros
Êtes-vous aussi devenu volage ? Je vous ai vu trancher du pédagogue et débiter que l’inconstant ne peut être heureux dans ses désirs.
amintas
On me voit hautement me déclarer volage.
Air : Réveillez-vous, [belle endormie]
Un grand exemple m’autorise
Mon cœur le suivra sans effort
Diversité c’est ma devise
Le mot de constance m’endort.
éros
Peste ! Vous êtes aussi sentencieux que votre maître.
amintas
Air : Confiteor
Nous reformerons l’art d’aimer,
Celui d’Ovide devient fade.
Savez-vous qu’on fait imprimer
Les maximes d’Alcibiade ?
Oh ! Dans Paris, ce grand auteur
Aura plus d’un commentateur.
éros
Les dames ne mettront pas leur approbation à ce livre-là, nous avons pris le bon parti, nous autres.
Air : Le capucin
La table sera mon partage.
amintas
L’inconstance aura mon hommage.
à deux, ensemble
Livrons-nous à nos goûts nouveaux
Au plaisir seul soyons fidèles.
éros
On doit vider tous les tonneaux.
amintas
On doit aimer toutes les belles.
Scène iii
Amintas
Le seigneur Éros court achever le siège du buffet. Pour moi, je vais chercher loin des buveurs quelque fillette entre deux vins, que Bacchus ait obligée de quitter la table.
Scène iv
Amintas, Plautine
plautine
Si je connaissais la mijaurée qui m’extorque ton cœur, je lui en dirais de bonnes sur ton chapitre.
amintas
Air : Confiteor
Calmez ce dépit éclatant,
Votre courroux m’est favorable,
Plus on se plaint d’un inconstant,
Plus on le fait paraître aimable,
Et tout le mal que l’on en dit
Ne sert qu’à le mettre en crédit.
plautine
Tu fuis mes regards, tu ne me réponds pas !
Mais que veux-je savoir ? J’avais tout entendu.
Adieu. J’épouserai...
amintas
Qui ?
plautine
Le premier venu.
Mais c’est à condition qu’il te rossera d’importance.
Scène v
Amintas
Air : Le péril
J’ai bien poussé la gasconnade
Dans cette scène, j’ai brillé !
Parbleu ! Je m’en suis démêlé
Comme un Alcibiade.
Scène vi
Amintas, Timée
timée
Air : Le fils d’Ulysse
Amour, dois-tu te servir d’un volage
Pour prendre un tendre cœur ?
Dès que l’ingrat sait que je la partage
Il éteint son ardeur.
Je ne dois plus compter sur l’infidèle.
Je serai cruelle, moi.
Je serai cruelle.
amintas
C’est Timée, l’amante délaissée de mon maître. Cela m’appartient comme les habits qu’il quitte.
timée
Ah ! C’est toi, mon cher Amintas. Que fait Alcibiade ?
amintas
Il est aux genoux de la belle Aspasie.
timée
Air : Réveillez-vous, [belle endormie]
Conçois ma juste jalousie.
Ah ! mes soupirs sont superflus !
Alcibiade aime Aspasie
L’inconstant ne changera pas.
amintas
Air : La tretin, tretous
Connaissez mieux mon maître
Mignonne, c’est l’amant à tretous.
Il est tretin treti
[Il est tretin tretous].
J’aime assez cette pleureuse-là. Séchons ses larmes. En vérité belle Timée, je suis surpris qu’Alcibiade vous préfère Aspasie.
timée
Air : Nouveau monde
C’est que par toute la Grèce, on dit
Que c’est une femme d’esprit,
Méprisant fort la bagatelle.
La science est son vrai bijou,
Le grand Périclès en est fou,
Socrate va manger chez elle.
amintas
Cependant elle n’en fait pas voir beaucoup, lorsque dans les jeux olympiques elle apporte une couronne de lauriers au vainqueur d’Alcibiade.
Air : Branle de Metz
Son esprit ne parait guère,
On peut le lui reprocher,
Voudrait-elle le cacher
Sous les ombres du mystère.
Son discours n’est pas brillant
Et Babet la bouquetière,
Aurait tourné sûrement
Beaucoup mieux le compliment.
timée
Hélas !
amintas
Supprimez vos fréquents hélas !
Air : Joconde
Il m’est permis dans ce beau jour,
De chausser le cothurne.
Ma reine, écoutez mon amour,
Ainsi le veut Saturne.
Amintas vous offre sa foi,
Qu’un nouveau nœud nous lie,
De votre Alcibiade en moi,
Vous voyez la copie.
timée, soufflet
Tenez ! Voilà les faveurs que je vous réserve.
Scène vii
Amintas, Éros
éros
Il me semble qu’Alcibiade ne recevait pas de soufflets, vous le copiez mal.
amintas
Air : Tambour
Un soufflet
Ô dieux ! Quelle impolitesse !
Votre valet
Vite au filet !
Laissons-là la tendresse,
Çà, délogez mon amour,
Et sans tambour.
Un soufflet,
Il a sonné clair et net,
Je le sens encore, ah ! la tigresse.
Dieux ! Quel prix d’un tendre aveu !
Morbleu !
Mon cœur est glacé, j’ai la joue en feu.
Morbleu ! Cent fois morbleu !
Des soufflets donnés avec rudesse
Sont-ils les émoluments
Des inconstants ?
éros
La coquetterie lui en fera souvent attraper. Voici mon maître qui en tient, pour moi, j’ai fait un petit somme bénin qui m’a désenivré.
Scène viii
Marc Antoine, Éros
éros
Air : Le prévôt [des marchands]
Eh ! Quoi, vous quittez le buffet ?
Seigneur Antoine, c’est mal fait.
Quel soin inquiète votre âme ?
antoine
C’est Cléopâtre que j’attends,
Je prétends lui chanter sa gamme,
Les Romains en sont mécontents.
éros
Point de quartier.
antoine
Tu en auras tantôt.
éros
Vous avez été l’amant de Cléopâtre aussi promptement que son juge. Je vous ai cité dans une brunette l’exemple de votre ami.
Air : Ton relon ton, ton
En abordant cette charmante reine,
L’aigle romaine est devenue oison,
Chez vous, l’amour éclot et croit sans peine,
Subitement, tout comme un champignon
Ton relon, ton, ton.
Que votre humeur hautaine
Ton [relon, ton, ton].
Fait vite le plongeon.
Air : Ce cher voisin
Lorsque l’amour vous a dompté.
antoine
Je te le dis encore.
Bacchus est ma divinité,
C’est Bacchus que j’adore.
éros
Oh, parbleu ! On ne comprend plus rien à vos discours. On ne vous reconnaît pas d’une phrase à l’autre. Du moins, à l’Opéra, il faut une scène entière pour vous voir changer du blanc au noir.
antoine
N’est-il pas vrai que Cléopâtre est adorable ? Quand elle arriva sur les bords du fleuve Cidnus... Je l’aperçois qui vient dans sa gondole.
éros
C’est son même équipage.
Scène ix
Les précédents, Cléopâtre
cléopâtre
Air : Du haut en bas
Bonjour, Toinon,
antoine
Bonjour belle Cléopâtrine.
cléopâtre
Bonjour, Toinon.
antoine
Ah ! Le joli petit trognon !
Êtes-vous mortelle ou divine ?
Il faut que je vous examine.
cléopâtre
Holà ! Toinon.
éros
Mon maître est expéditif ; mais ce n’est pas quand il va punir les Parthes inconstants.
cléopâtre
Air : Lurelu
À me chanter goguette
Il était résolu
Lurelu.
Il m’a compté fleurette
Sans parler de cela
Lerela.
Lurelu, lerela, lirette.
Ah ! Quel Romain voilà !
Air : La nuit et le jour
Vos transports superflus
Ne m’en font point accroire
Je sais que de Bacchus
Vous chérissez la gloire.
antoine
L’amour,
N’y perd pas son jour.
cléopâtre
On nous regarde au moins.
éros
Eh ! Depuis quand êtes-vous si retenue, vous qui avez écouté la déclaration d’amour qu’il vous a faite à la tête d’une armée de cinquante mille hommes ?
Air : Hé bien
Romains, cela ne va pas mal
Nous avons un grand général
Nous ne souffrirons guère.
cléopâtre
Eh bien !
éros
Des exploits qu’il va faire
Vous [m’entendez bien].
cléopâtre
Air : Colette
Puis-je compter sur la confiance
Du feu qui vous brûle en ce jour ?
Ma foi, je crains que l’espérance
N’ait un démenti de l’amour.
antoine
Comptez, comptez sur la constance
Du feu qui me brûle en ce jour
Ne craignez pas que l’espérance
Reçoive un affront de l’amour.
éros
Air : Robin turelure
Depuis que vous vous aimez
Vous faites bien, je vous jure,
Tous les deux des bouts rimés
Turelure
À mettre dans le Mercure
Robin [Turelure].
Scène x
Les précédents, Amintas
amintas
Parle donc, l’ami ! N’est-ce pas là Cléopâtre ?
éros
C’est elle-même.
amintas
Air : Oh, que si
Elle passe le joli,
D’amour on la croirait la mère,
Je ne la crois pas sévère.
éros
Oh, que si !
amintas
Quelle perle on lui remarque.
éros
N’as-tu donc pas lu Plutarque ?
amintas
Oh, que nenni !
Permettez-moi, madame, de vous faire mes compliments sur tout le mérite moderne qu’on vous a donné et que sûrement vous n’aviez pas en Cilicie.
éros
Ne sois pas concis avec elle, la reine d’Egypte aime les longues phrases.
amintas
Puisque la prolixité est de son goût, ne te mets pas en peine.
éros
N’amènes-tu pas un divertissement ?
amintas
Oui.
éros
Allons, qu’il commence.
Air : Bacchantes
Belle Cléopâtre,
Sur le théâtre
Vous n’êtes plus panier percé,
Le goût de dépense
Dont on vous tance
Y parait fort baissé.
Avez-vous un méchant procès,
Montrez vos attraits.
Le juge perd, sa balance
Lui payera les frais.
Ah ! dit-il, que votre innocence
Pour la défense,
Dans vos yeux plaide avec éclat.
La première œillade
Me persuade,
C’est un bon avocat
Que dans un camp
Sur le champ
Votre art éclate.
Aux soldats vous chantez du fin,
Mais ce qui les flatte,
C’est la cantate
Que vous brodez en plein,
En musicienne,
Du ton certaine,
Vous la suivez sans tâtonner.
Vit-on jamais Reine
Prendre la peine
De si bien fredonner.
antoine
À qui appartient cet esclave ? Il me conviendrait fort.
éros
Pour chanter en duo avec Cléopâtre.
antoine
Air : Ricandenne
Vraiment, ton avis est fort bon
Ô ricandenne, [ô ricandon]
amintas
Oui seigneur, vous ferez fort bien,
Pour m’avoir ne négligez rien,
À Cléopâtre je conviens
Car
Je la divertirai
Ô ricandenne, [ô ricandon].
cléopâtre
Air : Folies d’Espagne
Dans ces beaux lieux, les témoins de ma gloire,
Où nous parlons tous à bâtons rompus,
Mon cher Toinon, viens te remettre à boire,
Tous nos discours finissent par Bacchus.
Scène xi
Amintas
J’aperçois l’enjouée Délie, voilà ce qu’il me faut. C’est une bonne pâte de fille qui rit même dans les situations les plus tendres.
Scène xii
Amintas, Délie
amintas
Air : Gavotte
Salut à votre enjouement,
Bonjour aimable Délie,
Vous badinez finement
Si j’en crois ce qu’on publie.
Mais en récompense aussi,
Le public malin s’écrie
Que votre amoureux transi
N’entend pas trop raillerie.
délie
Air : Ma sœur, je vous félicite
Il est vrai que mon cher Tibulle
Sans besoin longtemps dissimule,
Il a l’esprit un peu trop lourd
Tour [lour, lour, lour, lour, lour]
Il a l’esprit un peu trop lourd
Au joli jeu d’amour.
amintas
Air : Musette
Le pauvre sire
Ne sait que vous dire,
Pour un fameux auteur quel rôle est-ce donc là ?
Le pauvre sire
Ne sait que vous dire,
Oh ! Que les gens d’esprit sont sots à l’Opéra !
délie
Vous n’avez pas absolument tort. Tibulle devrait mieux profiter de la liberté des Saturnales.
Air : Joconde
On n’aurait pas appris le choix
De cet amant si tendre
S’il avait su qu’en tapinois
Délie allait l’attendre.
De son déguisement complet
Il me cachait l’histoire,
Ne s’habillait-il en valet
Que pour verser à boire ?
amintas
Air : Lampons [camarades, lampons]
Si l’on ne vous convient pas
Lorsqu’on tremble à chaque pas,
Écoutez, j’ai votre affaire.
délie
Quel présent m’allez-vous faire ?
amintas
C’est moi. C’est moi.
Oui, ma chère c’est moi.
délie
Air : Talalerire
Amintas ose aimer Délie,
Et de plus l’ose révéler.
La fête excuse ta folie,
Garde-toi de la redoubler,
Saturne m’ordonne d’en rire
Talalerita [lalerita, lalerire]
Air : Le péril
Ne fatiguez plus mes oreilles,
Tibulle fixera mon choix ;
Quoiqu’il s’amuse dans un bois
À bailler aux corneilles.
Je me souviens qu’il fait de belles élégies et qu’il est encore plus délicat que son ami Ovide.
amintas
Air : Menuet
Fi d’un amant qui n’est que poète,
La muse gentillette
Ne plait pas toujours,
Il faut d’autres secours
Aux projets des amours.
De leur empire
Quel est le soutien ?
Ce que l’on n’ose dire
Et qui s’entend bien.
Scène xiii
Les précédents, Apollon
amintas
Air : C’est lui qui aime les fleurs
Qui vient ainsi, cher Apollon.
délie
C’est Apollon lui-même.
amintas
C’est Apollon.
délie
C’est Apollon
amintas
C’est Apollon lui-même
délie
C’est lui
C’est Apollon lui-même.
amintas
Air : Confiteor
Quel équipage, justes dieux !
Et quel est donc le vent qui souffle ?
Apollon quitte dans ces lieux
Le cothurne pour la pantoufle
délie
Plus d’un poète déclaré
Ne l’a jamais vu mieux paré.
apollon
Air : Le fils d’Ulysse
Ah ! Si j’allais au temple de Mémoire
Pour présider aux jeux.
Qu’à défrayer la muse de l’histoire,
J’aurais un char pompeux.
Mais dame, ici, je suis comme à la foire.
Et j’y viens sans gloire, moi.
[Et j’y viens sans gloire].
délie
Air : Sur les terreaux
Ouvrons le bal
Dans cette agréable retraite,
Ouvrons le bal.
Et dansons tous tant bien que mal
Puisqu’Apollon dans sa guinguette
Veut bien qu’on saute et qu’on muguette,
Ouvrons le bal.
amintas
Air : Musette
Qui diantre ose danser encore
En présence du blond Phébus,
Lui qui ne fait plus
Que voir danser Terpsicore.
Lui qui ne fait plus
Que chanter ses attributs.
Qui diantre [ose danser encore.]
apollon
Allons, Amintas, convoquez l’assemblée.
amintas
Air : Menuet du prologue
Que l’on danse !
Que le bal commence !
Hâtez-vous jeunes coquets,
Faites briller vos feux follets,
Que l’on danse
Que le bal commence
Macarons, biscuits volés,
Bon vin, coulez à longs traits.
Tous ensemble
Dans cette fête charmante,
Ici, les tendres désirs
N’attendent pas longtemps les soupirs,
Fringuez bien, tant en large qu’en long,
Les sept sauts, les rats, le carillon,
Et surtout, sans vous lasser,
Faites danser
Bien haut le cotillon,
Que l’on danse,
[Que le bal commence].
Scène xiv
Tous
amintas
Que j’aime à trouver Apollon
Entre le verre et la bouteille,
Il a dans sa guinguette un teint plus rubicond
Que dans son antre d’Hélicon,
Il est sous les lauriers moins gai que sous la treille.
vaudeville
1
Quand Saturne régnait, que le temps était bon.
Des bigarrures du blason
On n’avait point l’âme occupée,
Tous les mortels égaux, ignorants le jargon
De la robe et de l’Épée
Vivaient de pair à compagnon.
2
Du siècle où les humains se voyaient sans façon
Et sans s’informer de leur nom,
Le jeu nous offre la figure.
Aujourd’hui, dans les lieux soumis au Pharaon
Et la noblesse et la roture
Vivent de pair à compagnon.
3
N’espérez pas briller chez la moindre Suson
Si vous ne roulez le teston.
L’amour gueux n’a point de ressources.
Avez-vous des ducats, d’abord plus d’un gascon
Tutoyant vous et votre bourse
Vivra de pair à compagnon.
4
On prétend qu’à Paris le temps est encore bon
Et que dans plus d’une maison
On jouit d’une vie heureuse.
Là, parfois, en dépit du procureur barbon
Les clercs avec la procureuse
Vivent [de pair à compagnon].
5
Un charcutier Crésus, fameux pour le jambon,
Malgré tous les talents, dit-on.
N’a pas l’humeur plus arrogante,
Tout habile qu’il est à faire un saucisson
Avec Marotte sa servante
Il vit [de pair à compagnon].
6
Quand le parterre siffle, il est un vrai dragon.
Bat-il des mains, c’est un mouton
Qui nous fuit et qui nous caresse,
Puisse-t-il doucement et sans être grognon
Avec nous pendant cette pièce,
Vivre [de pair à compagnon].
Fin