Pierre-Thomas Gondot
Les Fêtes des environs de Paris
Parodie des Fêtes grecques et romaines
Représentée pour la première fois par les Comédiens Italiens Ordinaires du roi
le mercredi 4 juillet 1753
Delormel et Prault, Paris, 1753
definitacteur, chœur de mariniers chœurmariniers
definitacteur, æglé aegle
definitacteur, un chef de l’Arquebuse unchef
definitacteur, chœurs de chevalier de l’arquebuse chœurschevaliers
Acteurs
Acte I
Farinette : Mademoiselle Astraudi
Dutaillon : Monsieur Rochard
Grippet : Monsieur Desbrosses
Un marinier : Monsieur Chanville
Une marinière : Madame Favart
Troupe de meuniers et meunières
Troupe de mariniers et marinières
Acte II
Le chevalier de Visembrette, gascon : Monsieur Chanville
Pezenas, ami du chevalier : Monsieur Desbrosses
æglé, amante abandonnée : Madame Favart
Lisette, amie d’æglé : Mademoiselle Astraudi
Nanette, amante aimée : Mademoiselle Astraudi
Un chef, de l’Arquebuse : Monsieur Desbrosses
Chevaliers, de l’Arquebuse
Sauteurs
Coureurs
Acte III
Cénie : Madame Favart
Marton : Mademoiselle Astraudi
Damon, sous le nom de la France : Monsieur Rochard
Quadrilles et troupes de masques
Les Fêtes des environs de Paris
Acte i
Le théâtre représente les bordes de la Seine, l’on y voit sur la droite la maison du receveur de la terre d’un financier.
Scène i
Dutaillon, Grippet
grippet
Air : Ah, mon mal ne vient que d’aimer
J’avais fait mon porte-manteau
Vous disiez que s’il faisait beau,
Nous partirions pour Longjumeau
Delà pour la tournée ;
Mais, je ne vois rien de nouveau.
dutaillon
Non, pour cette journée.
Air : Amis, sans regretter Paris
J’ai voulu remettre à demain
À faire ce voyage
Sur des avis qu’hier matin
J’eus de mon voisinage.
Air : Confiteor
Cette meunière en question
Qui nous a fait donner au diable,
Farinette de Charenton
Commence à devenir traitable.
Elle m’apporte de l’argent,
C’est pour cela que je l’attends.
Air : Qu’on apporte bouteille
Toujours au dernier terme ?
Elle se plaint à tort,
Je sais qu’elle sous-ferme
Et qu’elle y gagne encor.
grippet
Air : Catinat
Vous voyez bien Monsieur qu’une assignation
Sait mettre quelquefois les gens à la raison,
Je l’avais bien prévu, mais je ne sais pourquoi
Je crains qu’elle ne vienne ici donner la loi.
dutaillon
Air : Vous m’entendez bien
Que veux-tu dire ? Explique-toi,
grippet
Vous me devinez bien, je crois,
La meunière est jolie.
dutaillon
Eh bien ?
grippet
Je crains quelque folie...
Vous m’entendez bien...
dutaillon
Air : Ton humeur est, Catherine
Est-elle donc aussi belle
Que l’on en fait de récit ?
grippet
Ma foi, rien n’est si beau qu’elle,
Il n’est sur cela qu’un bruit.
Votre âme en sera ravie,
Vos yeux seront éblouis,
Savez-vous qu’elle est suivie
Dans les jardins de Paris.
Air : Or, écoutez ma chanson
De son minois, de ses charmes
Un seigneur jadis épris
dutaillon
A pu lui rendre les armes
Moi ? Je n’y serai pas pris,
Je la veux croire à merveille,
Adorable... etcetera...
Mais j’aime mieux la bouteille
Que toutes ces beautés-là...
L’on entend une fanfare de timbales, trompettes, cors et divers instruments.
chœurmariniers
Air : Ton joli, belle meunière
J’allons mettre pied à terre
dutaillon
Ah quel bruit soudain ?
grippet, regardant au rivage
C’est ma foi notre meunière
Qui vient d’un grand train
Promenant sur la rivière
Son joli moulin.
un marinier, que lon ne voit pas encore
Air : Eh allons donc, riez donc
Lâche donc le cordiau
Toi qui conduis la tête
un marinier, répondant au premier
Eh ? Jette l’ancre à liau
Ma corde est toute prête.
Y allons donc, ramez donc !
Que rien ne vous arrête !
Y allons donc, ramez donc !
Tournez l’aviron
Deuxième fanfare.
\scene[L’on voit arriver un grand bateau à moulin, orné de guirlandes de fleurs et de drapeaux, dans lequel la symphonie se fait entendre.] Une meunière
débarquée à la tête de plusieurs autres
Suite de l’air : Fanfare précédente
Accourez sur ces bords
Joignez vous à nos transports,
Vous dont les cœurs amoureux
Sont épris des plus tendres feux,
Enfants de nos désirs
Les plaisirs
Se montrent à nos yeux
En tous lieux
Et voguent avec nous,
Sans craindre les flots en courroux.
Scène ii
Un marinier à la tête de plusieurs autres le verre à la main, Fanfare
un marinier
Air : Tes beaux yeux séducteurs
Verse, verse tout plein
Buvons, buvons sans fin
Il semble que le vin
Sur l’iau fasse encore pu d’bien.
J’en avons plein des tonniaux
Et j’en allons boire à sciaux
Not’maîtresse a grand soin
D’fournir à not’besoin,
On n’la sart pas en vain
Aussi j’la m’nons bon train.
fanfare
Même air
Faut-y l’y moudre son grain,
Ou prendre la rame en main,
Alle n’a qu’à parler,
Vite, j’y vais voler
Comme un bon serviteur,
Alle vârra mon ardeur.
On danse.
divertissement
un marinier
Air : Le bon père de notre couvent
Si j’avais quitté Charenton
Aisément j’nous en consolons,
Avec not’ meunière je courions
Dondaine, dondaine,
Jusque par-d’là les ponts
La pertantaine.
fanfare
Même air
À bon port j’vnons de l’amener,
Une aubade il faut l’y donner
Y avant de la débarquer
À terre, à terre
Nous faut tretous crier
Viv’ là meunière.
fanfare
Même air
Qu’eu qu’un qui voudra près d’Paris
Près de Belville et de Saint Denis
M’charcher un moulin pu charmant,
Qu’il aille ! qu’il aille !
J’l’y donne un marle blanc
Pour sa trouvaille.
On danse.
Ronde générale de meuniers, de meunières, mariniers, marinières, bergers et bergères
Couplets de la ronde
une marinière
Air : Beau marinier, beau marinier
Rassemblez-vous beaux mariniers,
Accourez tous gentils meuniers,
Ici sulzailes des Zéphirs,
L’amour conduit les doux plaisirs.
chœur
Ici,etc.
Chantons nos bois, nos prés, nos eaux,
Et nos vergers et nos ruisseaux,
Toujours content, toujours heureux,
J’n’avons pas l’temps d’former des vœux.
chœur
Toujours,etc.
Des vill’, des chatiaux, des palais
Je connaissons peu les attraits,
Mais l’on dit qu’on n’y voit jamais
Régner l’innocence et la paix.
chœur
Mais,etc.
Par tout là, ce n’est que grandeurs,
Craintes, soucis et vains honneurs,
Qui n’pourraient sarvir au barger
Qu’à l’y montrer l’art de changer.
chœur
Qui,etc.
Cheux nous, ça n’est pas com’ailleurs,
J’n’avons pas cinquant’sarviteurs
J’ne f’sons pas com’les gens d’la cour,
J’en avons un, c’est pour toujours.
chœur
Jne f’sons,etc.
Ils n’ont pas com’ces biaux Messieurs
L’art de tromper à qui mieux mieux
Quand j’nous somm’dit oui, ça suffit,
J’nous aimons bien et tout est dit.
chœur
Quand,etc.
divertissement
farinette, avançant vers le receveur
airnote
Je viens à vos genoux,
Monsieur, consentirez-vous
À m’entendre.
dutaillon
Ah, qu’elle a l’air tendre,
Oui ? Levez-vous.
farinette
Je vous apporte tout mon argent,
Mon bail me ruine absolument,
Et ce placet
Va bientôt vous mettre au fait.
dutaillon, prenant le placet
Donnez, je le lirai !
Je me charge de l’affaire
Ma chère,
Pour vous je ferai
Ce que je pourrai.
dutaillon, lisant
Air : Joconde
À Monsieur, Monsieur d’Orpesant
Ceci fort mal commence.
Ose supplier humblement,
Point assez de distance,
Il faudra mettre Monseigneur
Tout au haut de la page,
Car à tout seigneur, tout honneur,
D’ailleurs, c’est un usage...
farinette
Air : Pour soumettre mon âme
Je demande justice,
Je suis sans protection,
L’on me dit par malice
La plus riche du canton,
Monsieur, j’ai bien quelque chose...
Mais les temps sont si fâcheux,
Que je ne puis et je n’ose
Faire tout ce que je veux
Air : Les fleurettes
Il est vrai qu’à mon aise
Si je l’eusse voulu,
J’aurais ne vous déplaise,
Un joli revenu,
Mais jusqu’ici peu coquette,
Loin de vouloir l’écouter,
J’ai toujours su résister
À la fleurette.
dutaillon
Air : Pour passer doucement la vie
Vos beaux yeux, Madame, font naître
Le désir de vous obliger,
Je sens que je ne suis pas maître
À part.
De pouvoir lui rien refuser.
Air : Gentille Pellerine
Oui, mon cœur s’intéresse...
farinette
Si la pitié vous presse,
Mon infortune cesse.
grippet
Je l’avais bien prédit
Sans doute il va se rendre.
dutaillon
D’un regard aussi tendre
Pourrait-on se défendre ?
grippet
Nenni, Monsieur, nenni,
À peine il la voit qu’il perd déjà l’esprit.
farinette
Air : Dieux, quel enchantement
Monsieur, dans mon bateau
J’ai fait mettre un tonneau
D’un vin rare et nouveau
Pour vous faire un cadeau.
dutaillon
L’hommage est beau.
farinette, bas, à Grippet
De plus j’ai quatre louis,
Pour vous Monsieur le commis,
Si par votre crédit
L’on casse sans dédit
Ce bail maudit.
dutaillon
Air : La curiosité
Tout ce qu’elle nous dit, me ravit et m’enflamme,
Sa beauté,
Fait passer dans mon âme
La plus vive flamme.
grippet
La rareté.
dutaillon
Il me vient à l’esprit d’en faire aussi ma femme
Par curiosité.
dutaillon
Air : Billets doux
Je vais vous rendre votre argent
Et j’accepte votre présent
Si vous voulez, ma chère,
Que tête à tête, dans ce jour
Nous en buvions et qu’à mon tour
Je vous parle d’affaire.
farinette
Air : Attendez-moi sous l’orme
Qui moi ? Parler d’affaire ?
Je ne les entends pas.
dutaillon
Oh. Celle-ci, j’espère,
Aura peu d’embarras.
farinette
Expliquez-vous encore,
Je ne suis pas au fait.
dutaillon
Eh bien ? Je vous adore,
S’il faut vous parler net.
farinette
Air : Du haut en bas
Vous badinez,
Non, non, cela n’est pas possible.
Vous badinez,
En vérité, vous m’étonnez.
Quoi ? Tout d’un coup, pour moi sensible,
Non, non, cela n’est pas possible,
Vous badinez.
dutaillon
Air : Mais hélas, je m’aperçois bien
J’avais bravé vos attraits,
J’avais méprisé vos charmes,
Et je croyais que jamais,
Mon cœur n’en aurait d’alarmes,
Mais, ma foi, je m’aperçois bien
Qu’il faut vous rendre les armes,
Mais, ma foi, je m’aperçois bien,
Qu’il ne faut douter de rien.
Air : Je suis Madelon friquet
Je déchire le placet,
Et du bail je fais mon affaire,
Je déchire le placet.
farinette
Oh, c’est aller trop vite au fait,
Vous me faites bien de l’honneur,
Et je voudrais vous satisfaire,
Mais, je ne sais pas, Monsieur,
Donner si vite mon cœur ;
Et si ce n’est pas vous déplaire,
Il me faut un peu de temps,
J’aime connaître à fond les gens.
dutaillon
Air : Cotillon couleur de rose, mineur
Quoi ? Vous doutez de mon amour ?
Quand vous-même l’avez fait naître...
farinette
Un feu qui s’allume en un jour,
Peut, en un instant, disparaître.
dutaillon
Que faut-il donc ?
farinette
À Charenton
Venez ? Vous en êtes le maître,
Nous y rirons,
Et nous verrons
Si tous deux nous nous conviendrons.
dutaillon
Air : Spera forsan
C’est combler mes désirs,
Ah ! Que de doux plaisirs
Naîtront de mes soupirs !
Et de nos loisirs !
Oui, je vais pour toujours,
Puissant dieu des amours,
Te consacrer le cours
De mes plus beaux jours.
Puisque tout mon bonheur
Dépend de mon ardeur,
Pour jamais sur mon cœur,
Règne Amour enchanteur.
Tout à toi désormais,
Adorant tes bienfaits,
Et soumis à tes lois,
Je dirai mille fois :
Puisque tout mon bonheur
Dépend de mon ardeur,
Pour jamais sur mon cœur,
Règne Amour enchanteur !
Règne amour ! amour ! amour enchanteur !
Amour ! amour ! amour ! amour enchanteur !
D’un espoir si flatteur,
En m’offrant la douceur
Ah ! C’est une faveur
Qui me rendra vainqueur
Et déjà dans vos yeux,
Où je vois les cieux,
Je lis un sort heureux.
C’est combler mes désirs,etc.
divertissement
Ronde générale sur l’air de la Tempé.
Couplets de la ronde
un marinier buveur
Chantons, chantons tous !
Célébrons le dieu de la tonne
Chantons, chantons tous
Sautons, dansons, faisons les fous !
Les plaisirs que l’amour donne
Ont sans doute leurs attraits,
Quand Bacchus les assaisonne
Ils sont encor plus parfaits.
chœur
Chantons, chantons tous,
Célébrons le dieu de la tonne,
Chantons, chantons tous,
Sautons, dansons, faisons les fous !
un marinier amoureux
Même air
Mineur
Chantons, chantons tous,
Célébrons le dieu de Cythère,
Chantons, chantons tous,
Chantons ses plaisirs les plus doux !
Il nous fait aimer et plaire,
Il fait naître nos désirs
Sur les bords de la rivière,
Il enchaîne nos soupirs.
chœur
Chantons, chantons tous,
Célébrons le dieu de Cythère,
Chantons, chantons tous,
Chantons ses plaisirs les plus doux !
On danse.
un marinier buveur
Même air
Majeur
Chantons, chantons tous,
Célébrons le dieu de la tonne,
Chantons, chantons tous,
Sautons, dansons, faisons les fous !
Si le cœur de quelque friponne
M’rasiste et me fait languir
À Bacchus je m’abandonne
Il sait bientôt me guarir.
chœur
Chantons, chantons tous,
Célébrons le dieu de Cythère,
Chantons, chantons tous,
Chantons ses plaisirs les plus doux !
On danse.
un meunier amoureux
Même air
Mineur
Chantons, chantons tous,
Célébrons le dieu de Cythère,
Chantons, chantons tous,
Chantons ses plaisirs les plus doux !
C’est lui qui de la meunière
Fait triompher les beaux yeux,
On la prendrait pour sa mère
Il faut les chanter tous deux.
Chantons, chantons tous,
Célébrons le dieu de Cythère,
Chantons, chantons tous,
Chantons ses plaisirs les plus doux !
On danse.
un marinier
Même air
Majeur
Partons sur les yaux
Aussi familiers qu’à Cythère,
Partout sur les yaux
Les Amours viannent par troupiaux.
D’une aile vive et légère
Ils folâtrent sur ces bords,
Et com’ des oisiaux d’rivière,
Ils voltigent dans nos ports.
Partons sur les yaux
Aussi familiers qu’à Cythère,
Partout sur les yaux
Les Amours viannent par troupiaux.
On danse.
finacte
\acte[Le théâtre représente un jardin, au-dessus de la porte duquel est écrit en gros caractère :
Jardin de l’Arquebuse\fg .]
Scène iii
æglé, seule
Air : Sabotiers italiens
Loin d’écouter l’ardeur
De mon cœur,
Que n’avais-je d’un trompeur
Peur ?
N’ai-je pu dans ses yeux
Lire mieux ?
J’étais de si bonne foi,
Moi.
De ses serments
Fréquents
Je doute longtemps,
Je cède enfin
À mon malheureux destin,
Funeste jour !
Ah ! Cruel amour,
Tu me réservais ce trait,
Prêt,
Avec éclat,
Me quitter l’ingrat !
Quand tout riait à ses vœux,
Dieux ?
Scène iv
æglé, Lisette
lisette
Air :
Tandis que l’on apprête
Sous tes yeux
Peu curieux
Une brillante fête
Dans ces beaux lieux,
Que bientôt nos compagnes
Vont au son des chalumeaux
Former dans ces campagnes
Des jeux nouveaux,
Qu’on chante la victoire
De ton amant triomphant...
aegle
Hélas ! C’est cette gloire
Qui fait mon tourment.
Air : la Barberini
Dans cet asile,
En vain pour calmer mes soucis
Je fuis ;
Tout est tranquille,
Mais le cœur d’æglé ne l’est pas
Hélas !
Dans ces bois, dans ce triste séjour
L’amour, l’amour
À chaque détour
Se présente à mes yeux,
Où fuirai-je, ô dieux !
Où fuirai-je, ô dieux !
lisette
Suite de l’air : De la Barberini
Quel discours !
Quoi toujours
Je te vois dans la tristesse,
Quoi ? Tandis
Qu’à Paris
L’on t’offre tant de partis.
Que tu peux
Si tu veux
Être marquise ou comtesse,
Qu’un gascon
De renom
T’a promis sa foi, dit-on,
De l’honneur
De son cœur
Ne fais-tu plus ton bonheur ?
aegle
Suite de l’air : De la Barberini
Tu ne connais pas mes alarmes.
L’ingrat qui fait couler mes larmes
Ne m’aima qu’un instant,
Et fait à présent
Son plaisir le plus grand
De mon tourment,
Ah ! Quand il me jurait sans cesse
D’être fidèle à ma tendresse,
C’était un inconstant
Qui faisait semblant
D’être amant.
De ce volage,
L’image
Se conserve avec douleur
Dans mon cœur.
Je chérissais mon esclavage,
Hélas ! Que je fus bien peu sage,
Le cruel me charmait,
Jurait qu’il m’aimait,
M’enflammait.
Oui, j’en meurs de dépit, Lisette,
Le perfide aux pieds de Nanette,
Lui jure comme à moi
D’être sous sa loi.
Je l’entends et je crois
Que je le vois.
Victime de son inconstance,
Qu’avais-je fait ! Ciel ! Il s’avance,
Cachons-nous dans le bois
Et prêtons l’oreille à sa voix.
Elles vont se cacher dans un bosquet.
Scène v
Le chevalier de Visembrette, Pezenas
le chevalier
air, italien
Tu dis donc que j’ai l’air satisfait,
pezenas
Oui, Monsieur.
le chevalier
Je le suis en effet.
pezenas
Sur le front par les mains de l’amour,
La couronne vous tombe en ce jour.
le chevalier
Je sais bien cela,
Mais ce n’est pas là
Ce qui de mon cœur
Doit faire le plus grand bonheur.
Un objet charmant
Dont je suis l’amant,
Mettra galamment
Sur ma tête cet ornement :
Nanette va venir,
Que j’aurai de plaisir !
Sais-tu qu’en vérité
De sa beauté
Je me sens enchanté.
pezenas
Mais pour la jeune æglé
Votre cœur a brûlé...
le chevalier
Tu badines, je crois,
J’en ai depuis elle aimé trois.
Air : La Bourgogne
Sans crainte de persifflage,
Peut-on aimer constamment,
naturellement volage,
Moi j’aime le changement
D’ailleurs, il est si commode
D’aimer sans soins, sans tracas,
Que j’en donnerais la mode
Si je ne la trouvais pas.
Air : Sortons d’ici, je me sens tout de flamme
Le papillon, dans les jardins de Flore,
Sur chaque fleur promène ses désirs,
Vis-tu jamais fixer le drôle encore,
Il fait bien mieux, je conçois ses plaisirs.
pezenas
Air : Babet, que t’es gentille
Changer souvent d’amour
C’est changer d’esclavage.
le chevalier
Tu dis vrai. Quelque jour
Je deviendrai plus sage,
Mais pour le présent
Je trouve amusant
D’aimer toutes les filles,
Non pas de parler sentiment,
Ni de soupirer tristement ;
Mais d’agacer toujours gaiement,
Gaiement les plus gentilles,
Gaiement les plus gentilles.
Scène vi
[Le chevalier, æglé]
aegle, désespérée, sortant du bosquet
Air : Jamais la nuit ne fut si noire
Qu’ai-je entendu ! Puis-je le croire ?
Ingrat ! Il est donc vrai que tu ne m’aimes pas,
Parjure à tes serments, tu me trompais, hélas !
Moi, qui fis de t’aimer mon bonheur et ma gloire,
N’ai-je pu prévoir mon malheur ?
Ô Ciel ! Ô Ciel ! N’est-il plus d’espérance ?
Mais je te crois sensible à ma douleur,
Cruel, rends-moi ton cœur,
Cruel, rends-moi ton cœur,
Ou mon indifférence.
le chevalier
Air : Point de bruit ! ce réduit solitaire
Je ne puis,
J’en rougis
J’en ai honte,
Tenez, je sais que j’ai tort,
Je vous estime fort,
Mais ne m’en tenez compte...
De mon cœur,
J’ai d’honneur,
À me plaindre,
De lui je vois tous les jours
Que j’ai de malins tours
À craindre.
Attendez, il est ma chère,
Pour arranger cette affaire,
Un moyen,
Que le bien,
Me suggère
Pour vous plaire,
J’ai certain petit cousin
Que je sais en chemin
Et qui viendra demain,
J’espère.
Il est grand,
Et galant,
C’est un drôle,
Je crois qu’il vous conviendrait,
Il n’est pas maladroit,
Oh ! Vous en serez folle,
De l’esprit...
Il écrit,
Comme un ange,
Saisissez-le en arrivant ;
C’est gagner mon enfant
Au change.
aegle
Air : La mort de mon cher père
À m’insulter barbare,
Peux-tu prendre plaisir ?
le chevalier
Le reproche est bizarre
Quand on veut vous servir.
aegle
Va ! Bientôt ma rivale,
Apprenant mon malheur,
De son ardeur fatale,
Saura venger mon cœur.
le chevalier
Air : Joconde
Voulez-vous suivre un bon avis,
Qu’en ami, je vous donne ?
Ne montrez dépit, ni soucis,
Sur mon compte à personne,
En vain de moi vous parleriez,
Et vous diriez le diable :
Qu’en serait-il ? Vous me feriez,
Paraître plus aimable.
aegle
Air : De tous les capucins du monde
Non, non ! Cruel ! Dans ma colère,
Je veux...
le chevalier
Et donc ? Qu’allez-vous faire ?
Faites un peu réflexion
Que l’on ne voudra pas vous croire.
L’on entend un bruit de tambours et timbales.
aegle
Quel bruit...
le chevalier
Adieu... Ce carillon...
C’est la trompette de ma gloire.
aegle
Air : Folies d’Espagne
Eh bien ! Je pars, monstre que je déteste,
Mais si quelqu’un peut me venger de toi,
Tu peux compter et je te le proteste...
le chevalier
Ah ! Protestez toujours et laissez-moi.
Scène 7
Marche
unchef, au chevalier
Air : Marche Française
Brave chevalier,
Dont la haute vaillance,
Mérite le laurier
Qui va vous couronner ?
Voulez-vous ordonner
Que l’on vienne en cadence
À votre excellence
Faire la révérence ?
Voici vos écoliers,
Qui viennent les premiers.
le chevalier
Même air
Très fort j’y consens,
Le doute m’en offense,
Nanette, mes enfants,
Viendra-t-elle céans ?
Depuis longtemps j’attends
Avec impatience.
unchef
En toute diligence
Je crois qu’elle s’avance
Voyez en attendant
Le divertissement.
On danse.
le chevalier
Vous qui cherchez la victoire
Qui sans cesse suit mes pas,
Vous enchaînerez la gloire
Si vous ne me quittez pas ;
Car je le vois,
Le gagerais,
Je le prédis,
Et je vous le dis,
Certains de vos coups
Vous ferez bien des jaloux,
L’on dira partout,
Honneur à ceux de Saint Cloud.
Air : Accourez, Nymphes printanières
Dansez à présent pour Nanette
C’est ma beauté, j’en suis épris,
Par la main de cette poulette
Je pétille d’avoir le prix.
Je voudrais voir pour ce tendron,
Sur ce vert gazon,
Danser un cotillon
Jouer violons !
Haut le pied compagnon !
Sautons ! Cabriolons !
Que chacun chante ma Nanette,
Messieurs ! C’est faire votre cour
Au chevalier de Visembrette,
Que de lui chanter son amour.
Divertissement ou commencement d’une contredanse italienne, appelée la Patacouca, que le chevalier interrompt pour la faire danser autrement qu’elle a été commencée.
Air : la Patacouca
1
Je dansais autrefois
Moi
Et j’aimais les ballets,
Mais
Si je ne danse pas,
De danse je fais cas.
J’aime et j’entends cet air
Clair,
Mais je voudrais qu’on fit
Bruit,
Et qu’aussi de la main
L’on pût faire du train.
Même air
2
Pour vous montrer cela,
Là,
Il appelle un chevalier.
Viens ! Approche de moi,
Toi !
Tu vas voir, Cadedis,
Comme on danse au pays.
Claquez moi dans la main...
Bien...
Observe encor le ton,
Bon...
Son oreille m’entend
Il est intelligent.
La contredanse recommence et se fait avec des claquements de mains mesurés sur l’air.
le chevalier
Air : Pour passer doucement la vie
À bien tirer l’on est habile,
Quand on est leste, gai, gaillard,
Autrement il est difficile
D’attraper le prix...c’est hasard.
le chevalier
Air : Ah ! Le bel oiseau
Le coup que j’ai fait tantôt
Vous a-t-il un peu fait rire,
Ne vous a-t-il pas plutôt
Étonné... Vous pouvez dire.
Eh bien ? Toujours, en honneur,
Toujours de même je tire.
chœurschevaliers
Oh, oh ! Vous êtes, Monsieur,
Sans contredit le vainqueur.
le chevalier
Air : Du haut en bas
De père en fils,
Et depuis que d’homme est mémoire,
De père en fils,
L’on nous vante dans le pays,
Notre valeur et notre gloire
Feraient mille tomes d’histoire,
De père en fils.
Scène 8
divertissement
nanette, au chevalier
Air : La Royale
De nos jeux,
Vous avez eu la gloire,
Nous allons au mieux
Chanter votre victoire,
À grands chœurs,
L’on ne peut s’en défendre,
Vous allez l’entendre,
Nous voulons vous rendre,
Tous les honneurs,
Au son des musettes,
Au bruit des trompettes,
Tout à la fois.
le chevalier, vivement
Ah ! Point de musettes
Je veux des trompettes,
Si j’ai le choix.
nanette, lui présentant la couronne
Même air
Commencez
Par prendre la couronne.
le chevalier, aux arquebusiers
Vous me connaissez
Qu’aucun ne s’en étonne
À douze ans,
Je reçus la première,
Mais tenez, ma chère,
Moi, je suis sincère,
J’en fais serment,
Je dis fi des autres,
Quand je vois les vôtres,
Il semble aussi
En lui baisant la main.
Que cette verdure,
À plus de parure
En ces mains-ci.
unchef
Même air
Chantons tous
Monsieur de Visembrette !
Égosillons-nous !
Servons lui de trompette,
À dada
Tout le long du village
En bel équipage,
Ceint d’un vert feuillage
On le verra.
Bientôt son image,
Comme il est d’usage
Se montrera.
En s’avançant vers le chevalier.
Pour vous satisfaire,
Monsieur, peut-on faire
Mieux que cela.
La marche recommence, le chevalier se place sous les drapeaux et s’en va au bruit des trompettes, tambours, timballesetc.
Le divertissement finit l’acte.
finacte
Acte ii
Le théâtre représente un beau jardin, où l’on prépare une fête. Le jardin est en avant d’une jolie maison de campagne, qui donne sur le petit Beson, où il y a une foire.
Scène i
Cénie, Marton
marton
Air : Eh allons donc, Mademoiselle
Eh allons donc, Mademoiselle,
Je connais mieux ces gens-là.
Ce domestique fidèle
Qu’hier Monsieur arrêta...
Eh allons donc, Mademoiselle,
Il n’est rien moins que cela.
cénie
Air : Ingrat berger, qu’est devenu
Je ne te le dispute pas,
Mais pourquoi, babillarde,
Ne me pas en parler tout bas ?
À rien tu ne prends garde,
Je ne veux pas te le sceller
Et je venais pour t’en parler.
airnote
C’est un homme de qualité
Dont le cœur pour moi soupire,
Qui jamais de me le dire
N’osa prendre la liberté.
Depuis un an je vois qu’il m’adore
Chaque jour m’en assure encore
Ce dernier trait soumet mon cœur
Et je veux faire son bonheur.
marton
Air : Quand aux champs, dès le matin
Son respect est maladroit
Je n’en vois pas la finesse,
Il est un chemin plus droit...
Qu’à votre père il s’adresse !
cénie
Il veut sans doute voir
Si c’est lui seul que j’aime,
L’amour ne veut devoir,
Son bonheur qu’à lui-même.
marton
Air : Ne v’là-t-il pas que j’aime
Mais comment pouvez-vous savoir
Si pour vous il soupire,
Hélas ! Bien souvent l’on croit voir
Tout ce que l’on désire.
cénie
Air : Le langage des yeux
Du langage des yeux,
Lui seul m’apprit l’usage,
C’est à lui que je dois ma tendresse et ses feux,
Qu’il est beau ce langage !
Que n’est-il bien su de nous deux ?
Air : Sûre de ta foi
C’est au petit cours,
Pour la première fois,
C’est là que nos amours
Commencèrent, je crois,
J’y rêvais.
Je me promenais avec toi,
J’y voyais
Ses yeux toujours fixés sur moi.
Mineur
Je m’assis,
Près de moi je le vis
Sans m’en être aperçue,
Je rougis,
Il rougissait aussi,
J’avais le cœur saisi,
De sa vue,
Toute émue...
Pour nous frapper de ses coups
L’amour voltigeait sur nous,
Et nous réservait les plus doux.
marton
Air : Filles qui voyagent en France
Voilà donc pourquoi sans cesse,
Vous vouliez aller au cours !
Quoi ? Vous usiez de finesse
Avec Marton tous les jours !
cénie
Hélas ! Ma chère
Il fallait à nos amours
Tout ce mystère.
Damon paraît sous un habit de livrée et sous le nom de la France.
Air : Chantez, petit Colin
Mais je le vois venir
Il craindra ta présence,
Fais semblant de sortir,
Et laisse moi l’entretenir,
Je veux de son silence
Forcer la résistance,
Et pour un moment
Feindre un sentiment
Pour un autre amant.
Elle s’éloigne un peu et fait semblant de se promener.
Scène ii
[Damon, Cénie]
damon, dans l’éloignement
Air : Monsieur Mondonville,
Rondeau
Ah ! Qu’elle est belle !
Puis-je approcher ?
L’amour fidèle,
Doit-il se cacher ?
Tendre et sincère,
Pourrai-je, hélas,
Encor me taire ?
Non, non ! Volons sur ses pas !
Ah ! Qu’elle est belle !
Puis-je approcher ?
L’amour fidèle,
Doit-il se cacher ?
Dieu d’amour
Triomphe en ce jour !
Ses beaux yeux
Redoublent mes feux.
Ah ! Qu’elle est belle !
Puis-je approcher ?
L’amour fidèle,
Saura la toucher.
cénie, indifféremment
Air : Ne m’entendez-vous pas
Vous venez à propors,
J’ai justement, la France,
D’un secret d’importance
À vous dire, deux mots,
Vous venez à propos.
Air : De s’engager, il n’est que trop facile
J’ai plusieurs fois remarqué votre zèle,
Et je cherchais à vous entretenir.
damon
Il n’en sera jamais de plus fidèle
Dites un mot, je suis prêt d’obéir.
cénie
Air : Aimons-nous, belle Themire
Vous me serez nécessaire.
damon
Parlez ! Pour vous que puis-je faire ?
Je n’aspire qu’à vous plaire.
cénie
Je veux... Hélas...
damon
Pourquoi cet embarras ?
cénie
Air : De mon berger volage, j’entends le chalumeau
Jusqu’ici sans alarmes
Dans le sein de la paix,
De l’amour, de ses charmes
J’ai bravé tous les traits.
Mais d’une indifférence
Qui fit tous mes plaisirs,
L’amour, l’amour s’offense,
Et cause mes soupirs.
damon, inquiet
Air : Quoi, vous partez, sans que rien vous arrête
Quoi, vous aimez ? Voilà donc ce mystère ?
Cénie, ô dieux !
À part.
N’a point connu mes feux,
Et cet amant,
À Cénie, avec vivacité.
Sans doute, a su vous plaire
L’amour sans doute a su le rendre heureux.
Quoi, vous aimez ? Voilà donc ce mystère ?
Cénie, ô dieux ! n’a point connu mes feux.
cénie
Air : Si, des galants de la ville
L’aimable dieu de Cythère
N’a pas toujours un bandeau,
Le choix qu’il a su me faire
Me flatte autant qu’il est beau.
Mon amant est son image,
Ce dieu me dit de l’aimer,
Pour son plus parfait ouvrage
Puis-je ne pas m’enflammer.
L’aimable dieu de Cythère
N’a pas toujours un bandeau,
Le choix qu’il a su me faire
Me flatte autant qu’il est beau.
Sans vous je ne puis l’instruire,
il ignore mon ardeur,
Dans mes yeux s’il savait lire,
Il y verrait son bonheur.
L’aimable dieu de Cythèreetc.
damon, désespéré
Air : Le bonheur de ma vie n’a duré qu’un instant
Trop funestes amours !
Inutile espérance !
cénie
Quel est donc ce discours ?
Que dites-vous la France ?
damon
Oui ! Vous m’êtes ravie,
J’en mourrai, je le sens,
Le malheur de ma vie
Naît de mes sentiments.
cénie
Air : Pour héritage
De ma surprise
Je ne puis revenir.
Je me suis mise
Dans le cas d’en rougir.
De mes secrets
Abusant... Téméraire...
Mais sachez éteindre, ou me taire
Ces feux indiscrets.
damon
Air : Votre cœur, aimable Aurore
J’ai longtemps su le contraindre
Ce feu qui fait mon plaisir,
Quoique j’eusse tout à craindre,
Mon cœur l’a voulu nourrir,
Et s’il peut jamais l’éteindre
C’est par son dernier soupir.
cénie
Air : Dans l’objet qu’on aime
À l’objet que j’aime
Je veux qu’en ce jour
Vous alliez vous-même,
Vous-même exprimer mon amour,
Vous alliezetc.
damon
Air : Le Seigneur Turc a raison
Non, non ! C’est trop m’outrager,
Ma rage est extrême.
cénie
Où courez-vous ?
damon
Me venger !
cénie
Quoi ? Du seul objet que j’aime !
damon
Il va tomber sous mes coups.
cénie
Eh bien ! Cruel, vengez-vous !
Vengez-vous... sur vous-même.
damon, transporté de joie
Air :
O Ciel ! Que dites-vous ?
cénie
Cessez d’être en courroux,
Mon cher Damon,
Vous étiez donc
Un peu jaloux ?
damon
Ah ! Pouvais-je indifféremment,
Vous perdre et vous croire un amant !
Pouvais-je, hélas,
Dans d’autres bras
Voir tant d’appâs ?
Si ce cruel moment
Affligea votre amant,
À votre genou,
Ah qu’il m’est doux,
D’être à présent.
Duo de l’opéra ajusté en pot-pourri d’airs.
cénie, damon, ensemble
Aimons-nous, aimons-nous, et qu’une ardeur constante
Enflamme à jamais nos désirs,
Au sein des tendres plaisirs
Que notre flamme s’augmente,
Au sein des tendres plaisirs,
Ranimons-là par nos soupirs,
Aimons-nousetc.
Le théâtre change et représente une illumination de toutes sortes de couleurs.
un laquais déguisé
Air : Jardinier, ne vois-tu pas
Autour de notre maison
Les masques se promènent,
Ils ont tous quitté Beson.
cénie et damon, ensemble
Ouvrez leur par le perron,
Qu’ils viennent ! Qu’ils viennent ! Qu’ils viennent !
Scène iii
Tous les laquais de la maison, ridiculement habillés, les uns sous des habits de leurs maîtres, et formant différents quadrilles, forment le divertissement ; chaque quadrille est exprimé par un air qui le caractérise, les uns sont en romains et forment un ballet plaisant avec des gestes et une danse ridicule, les uns en savoyards, d’autres en bergers et bergères, et des masques et des chianlits.
un chianlit
Ah ! Que de jolies filles
Ili’a là-bas ?
Ah, ah, ah, ah,
Ah ! Com’tout ça sautille,
Et fait fracas.
En voyant une jolie danseuse.
Air : Ma tantourlourette
Voilà de ces yeux fripons
Qui, s’ils s’en vont à Beson,
F’ront sûr’ment queuq’ bonne emplette,
Turlurette,
Turlurette,
Ma tantourlourette.
Air : V’là l’plaisir des dames
Dans un coin d’la foire on criait,
V’là l’plaisir des dames,
Je vas demander ce que c’est
Mais on me baillit du croquet,
Vous gaussez donc ?... Dis-je, les bonnes femmes,
Est-c’là l’plaisir des dames.
N’savez-vous qu’ça ? J’en sais pu long,
Su’l’plaisir des dames !
Voyez sauter ces cotillons,
Danser ces fill’et ces garçons,
Regardez ça... Regardez bonnes femmes,
V’là l’plaisir des dames,
V’là l’plaisir.
Ah ! Que de jolies filles
Ili’a là-bas ?
Ah, ah, ah, ah,
Ah ! Com’tout ça sautille,
Et fait fracas.
Couplets de divertissement
un laquais déguisé
airnote
Tout est mascarade à présent,
Tout n’est que mascarade.
Il n’est plus d’état, ni de rang,
L’argent seul persuade.
Étoffe, esprit tout est clinquant,
Tout est gentil et sémillant,
Qui n’est pas toujours sautillant,
Est un homme maussade.
Tout est mascarade à présent,
Tout n’est que mascarade.
Dans un vis-à-vis opulent
L’on voit rouler moncade,
Les dentelles et les diamants
Le faufilent parmi les grands
Lui font oublier que longtemps
Il fut mon camarade.
Tout est mascarade à présent,
Tout n’est que mascarade.
Sur ce théâtre où si souvent
Les nouveautés sont fades,
L’on n’aime plus le sentiment,
Il est triste, il est ennuyant,
L’on y veut un couplet galant,
L’on y veut des gambades.
Tout est mascarade à présent,
Tout n’est que mascarade.
L’Opéra pour être amusant,
Est descendu d’un grade,
L’ours des bouffons est séduisant,
Du devin l’on allait disant,
Le polichinelle est plaisant,
J’aime l’arlequinade.
On danse.
finacte