Antoine-François Riccoboni et Jean-Antoine Romagnesi
Les Indes Chantantes
Parodie en vaudevilles
Représentées sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi
le 17 septembre 1735
BnF ms. fr. 9334
definitacteur, Phani-Palla phani
Avertissement
Monsieur Lélio, Monsieur Romagnesi
Lélio
Je vous assure que les prologues sont inutiles.
romagnesi
L’usage en est établi et je trouve moi qu’ils sont très nécessaires.
Lélio
Inutiles, vous dis-je.
romagnesi
Et comment voulez-vous mettre le public au fait de ce qui va se passer ?
Lélio
Ne le verra-t-il pas ?
romagnesi
Il est des conjectures où il faut absolument le prévenir, et celle où nous nous trouvons le demande.
Lélio
Tout cela se peut faire sans prologue.
romagnesi
Je crois vous deviner, vous voulez sans doute distribuer des programmes ?
Lélio
Point du tout.
romagnesi
Et quoi donc ?
Lélio
Je veux faire un avertissement.
romagnesi
Cela sera nouveau !
Lélio
Tant mieux.
romagnesi
Et de quoi traitera-t-il ?
Lélio
Premièrement j’avertirai que si notre parodie est mauvaise ce ne sera pas la faute de ses auteurs.
romagnesi
Ce ne sera pas leur faute ? Et à qui donc ?
Lélio
À l’Opéra.
romagnesi
Fort bien.
Lélio
Qui ne fournit rien à la parodie parce qu’il s’épuise lui-même.
romagnesi
On vous répondra qu’il ne fallait pas la faire.
Lélio
Oui, mais il nous fallait du nouveau.
romagnesi
Bonne raison !
Lélio
Et que si Et que si \emph La Feinte Inutile nous avait attirés beaucoup de monde, nous n’aurions pas eu besoin d’y joindre une nouveauté pour la soutenir. nous avait attirés beaucoup de monde, nous n’aurions pas eu besoin d’y joindre une nouveauté pour la soutenir.
romagnesi
J’ai bien affaire que vous le disiez.
Lélio
Si cela vous fait de la peine, je n’en dirai rien.
romagnesi
Oui, mais le trait est parti à bon compte.
Lélio
Personne ne vous entend.
romagnesi
Revenons à notre parodie.
Lélio
À propos, il faut dire dans l’avertissement que nous commençons par l’acte du Turc Généreux, et qu’il n’y aura point de volcan dans celui des Incas.
romagnesi
Il n’en faut pas prévenir.
Lélio
Pardonnez-moi, on s’attendra à autre chose et on sera bien attrapé quand on ne verra rien.
romagnesi
Cela fera un bon coup de théâtre.
Lélio
Voilà tout, je crois.
romagnesi
Nous oublions le meilleur et le troisième acte.
Lélio
Nous le supprimons comme vous savez et nous n’en parodions que les Fleurs.
romagnesi
Il faut en avertir.
Lélio
C’est ce que je veux faire, et que nous attendons pour en parodier les paroles qu’on les ait changées une troisième fois.
Acteurs
Osman
Émilie
Valère
Phani-Palla
Don Crispinos
Huascar
Inca
Les Indes Chantantes
entree
Scène i
Émilie, Osman
Émilie
Air : Pouvoir
Le plus stupide des Pachas
Adore mes appas.bis
Hé bien ne le voilà t-il pas
Qui marche sur mes pas ?bis
Air : Margot, va-t-en dire à Nanon
Je vais expliquer sans détour
Le feu dont mon âme est saisie.
Pour le guérir de son amour,
Donnons-lui de la jalousie.
osman, déclamant
Madame, vous cherchez le silence en ces lieux.
Émilie, déclamant
Seigneur, d’un beau récit seriez-vous curieux ?
Air : Où est le temps que je gardais
Dans le séjour témoin de ma naissance
J’épousais un amant digne de ma constance.
Air : Quoi, Mademoiselle la mariée
Dans un jardin,
Nous étions déjà tout en train
Et je souhaitais du festin
Voir bientôt arriver la fin.
Air : Voici les Dragons [qui viennent]
Lorsqu’un ravisseur barbare,
L’épée à la main,
De mon époux me sépare.
Air : Dans un bois solitaire et sombre
De terreur mon esprit se glace !
Et je perds soudain la raison,
Je reviens, mais quelle disgrâce !
Air : De Versailles à Paris
J’aperçois un barbonbis
Qui me flatte et m’embrasse.
Nous avions le vent bon.
Air : Ah ! Madame Anroux
Ah qu’en ce moment,
D’un tel changement
Je fus étonnée.
Ah cruel tourment !
Avant l’Hyménée
Perdre son amant !
osman
Air : C’est un vilain chien
Quittez des chants si langoureux
Adorable Émilie,
On aime ici le ton joyeux
Et la tristesse ennuie.
Émilie
Peut-on être de bonne humeur, lorsque de l’esclavage on ressent la rigueur ?
osman
Air : La douce [...] que voilà
Le plaisir vous suit sans cesse
Je soupire à vos genoux.
Un amant plein de tendresse
Ne vaut-il pas un époux ?
Toute fille trouverait doux
D’être à la chaîne comme vous.
Émilie
Pour me tirer d’esclavage
Mon époux sans doute voyage.
Son courage, un naufrage,
L’ont mis peut-être au tombeau.
Puis-je brûler d’un feu nouveau ?
osman
On se désole quand on perd un amant,
Mais il vient un moment
Qui vous console.
Et malgré le devoir
Quand on n’a plus d’espoir
Bientôt l’honneur s’envole.
Déclamant.
Oubliez-le puisqu’il est mort
Car les absents ont toujours tort.
Scène ii
Émilie seule
Émilie
Air : Le beau [berger] Tircis
Je ne suivrai jamais l’usage
De nos amants.
L’absence aujourd’hui les dégage
De leurs serments.
Mon âme, avec plaisir, constante
Dans ses amours,
Pleine de l’objet qui l’enchante
Le voit toujours.
Prélude de Tempête
Déclamant.
Quelle affreuse nuit couvre les airs ?
Les Aquilons bouleversent les mers.
C’est une tempête à grand bruit !
Quel trouble elle produit !
Quel effet !
J’entends un flageolet.
Les flots agités sont en fureur,
Le désespoir agite mon cœur
Et je puis en faire avec raison
Comparaison.
Scène iii
Valère, Emilie, Chœur de Matelots qu’on ne voit ni n’entend
Valère
Air : Tout cela m’est indifférent
Quelle tempête nous surprend !
Dieux que notre péril est grave !
Me poursuivent à chaque pas
Je suis pris par des Turcs corsaires
Dans les mers où l’on n’en voit pas.
Émilie
Air : Déesse de Gonesse
Hélas quelle misère !
Ils vous éprouvent tous
Mais plus je considère
Celui qui vient à nous
Valère ! Valère !
Ah ! Valère, c’est vous !
Valère
Air : Flon, flon larira [dondaine]
C’est vous belle Émilie !
Émilie
Ah ! Valère, c’est vous !
Valère
C’est vous belle Émilie !
Émilie
Ah ! Valère, c’est vous !
Ensemble, ensemble
Je vous revois et j’oublie
Du sort les funestes coups.
Émilie, déclamant
Je vous revois, notre constante flamme
Pourra-t-elle fléchir le destin irrité ?
Valère, déclamant
D’un tel événement je m’étais bien douté
On retrouve toujours sa femme.
Émilie
Et quel bon vent ici vous apporte ?
Valère
Air : C’est l’ouvrage d’un moment
Près d’aborder cette rive
Nous essuyons un ouragan.
Échappé d’un péril si grand
Je suis pris. Je vous vois captive.
C’est l’ouvrage d’un moment.
Émilie
Air : Si vous voulez que je vous baise
Savez-vous quel est votre maître ?
Valère
Jusqu’ici je ne l’ai point vu.
À mes yeux il n’ose paraître
De crainte d’être reconnu.
Émilie
Air : Les recors et les sergents
Votre patron est le mien.
Valère
Bon, fort bien.
Émilie
Non, non, cela ne vaut rien.
Valère
Pour quelle raison, madame ?
Émilie
Il me veut prendre pour femme.
Valère, déclamant
Oh, désespoir ! Comment en ce séjour,
Ose-t-on vous faire l’Amour ?
Air : J’entends déjà le bruit des [armes]
Ici le cœur le plus sincère.
Met vingt beautés au même taud
Lorsqu’à tant d’objets on veut plaire
On est bien souvent en défaut.
C’est tout ce qu’un amant peut faire
Que de vous aimer comme il faut.
Scène iv
[Osman, Emilie, Valère]
osman, à part, déclamant
Faisons semblant d’être en colère.
Air : Car c’est une merveille
Va, ton crime m’est connu !
Valère
Je ne veux pas m’en défendre.
Émilie
Vous avez mal entendu.
osman
Ne croyez pas me surprendre !
Voyez l’effet de mon courroux !
Valère
Oh ! Par ma foi, c’est fait de nous.
osman
Reçois de moi Valère,
Ton épouse et ta galère !
Valère
Air : Oh, oh, [tourelouribo]
Ce coup généreux est beau.
Émilie
Ho, ho, [tourelouribo]
Gardons-nous bien de le croire.
Valère
Pour un Turc il est nouveau.
osman
Oh, oh, [tourelouribo]
Il est pourtant dans l’histoire.
Mais tout beau,
Voici des preuves authentiques
J’ai fait de présents magnifiques
Charger tout votre vaisseau.
Valère
Oh oh oh oh
Vous n’êtes pas si nigaud.
osman
Air : Temps froid
Eh pourquoi te vois-je si étonné ?
Tu ne devrais pas l’être
Je te rends ce que tu m’as donné.
Tu fus jadis mon maître.
Retrouvant un ami fortuné,
Devrais-tu le méconnaître ?
Valère, déclamant
Oui, je te reconnais. C’est toi mon cher Osman !
Voilà le Scipion de l’Empire Ottoman !
airvide
Vous domptez la tendresse,
Dont vous étiez touché.
osman
Je te rends ta maîtresse
Sans en être fâché.
Et ces grands traits de noblesse
Se font à bon marché.
Déclamant.
Que l’on chante ici, que l’on danse,
Et que les matelots rament tous en cadence.
Marche des matelots
osman
Air : [Monsieur Mouret]
Que l’Harmonie
D’Italie
Est bien remplie.
Quoiqu’on s’écrie
Qu’elle ennuie.
Vrais connaisseurs
Vous sentez les douleurs
Dans ses accords uniques
Pathétiques
Son chromatique
Et son enharmonique
Pique,
Anime, attendrit,
Flatte et réjouit.
Son goût remplit
Le cœur autant que l’esprit.
Que la française
Me paraît niaise
Toujours à l’aise.
Pour qu’elle plaise,
Il faut à tout moment
Grand accompagnement
Jamais bizarre,
Rien ne la pare.
Mais l’autre a de vrais appas
Quel doux fracas !
Pourquoi ne l’aime-t-on pas ?
On danse.
airvide
Tendres matelots
Qu’Amour met en voyage
Tendres matelots
Ne craignez point les flots
Si vous faites naufrage
Nagez,
Plongez.
Après l’orage,
Vous reviendrez sur l’eau
Comme un opéra nouveau.
On danse.
vaudeville
1
Il faut sur l’onde
À propos s’embarquer
Et que la fortune seconde
Celui qui veut risquer
En dépit d’elle ;
On n’entre point au port
Lorsqu’à vos vœux elle est rebelle,
Tentez un autre sort
Virez de bord.
2
Près d’une belle
Employez les soupirs.
Prenez, si son cœur est rebelle,
La route des plaisirs.
Rien ne la touche,
Ouvrez le coffre-fort
L’argent l’éprouve -t-il ? Farouche
Tentez un autre sort
Virez de bord.
3
Si Melpomène
Se refuse à vos vœux,
Auteurs, venez sur notre scène,
Y siffle t-on vos jeux
Que le Lyrique
Soit votre réconfort.
Si vos vers tombent en musique
Tentez un autre sort
Virez de bord.
entree
Scène v
Phani-Palla, Don Crispinos
crispinos
Air : Non vous ne m’aimez plus [Nanette]
Vous devez bannir de votre âme
La vaine erreur digne de blâme
Qui séduit l’esprit des Incas.
Non, vous ne m’aimez pas
Madame
Non, non, non, vous ne m’aimez pas.
phani
Air : La Foire Saint-Germain
Par l’amour engagé,
Mon cœur du préjugé
Brave l’Empire.
Mais un semblable pas
Me mets dans l’embarras
Comme Zaïre.
Déclamant.
Et d’ailleurs des Incas nous craignons le pouvoir.
crispinos
À bon compte, épousons ce soir.
Air : Pierre Brandi [...]
Ne vous défendez plus,
D’un guerrier suivez la fortune.
Ne vous défendez plus,
Leurs efforts seront superflus.
phani
Leur présence importune
Peut nous troubler.
La fête de la lune
Va les rassembler.
crispinos
Air : Margot la Ravaudeuse
Que rien ne nous arrête,
Tout flatte notre espoir.
Phani, tenez-vous prête,
Nous partirons ce soir.
C’est dans les jours de fête
Que tout habile amant
Trouve un bon moment.
phani
Air : Mon chapeau à la cocarde
Allez je consens à me rendre.
Mais songez bien cher Crispinos
Qu’il faut des gens pour vous défendre
Contre les Incas, vos rivaux.
crispinos
Air : Le curé de Môle
Vos craintes sont d’aimer.
phani
Faites cesser mes peines.
crispinos
Sachez que l’on m’estime un peu
L’on m’a vu soutenir le feu.
Quinze jours dans les Ardennes
Moi seul contre un parti bleu.
phani
Air : Jeunes officiers
Parfois la valeur
Quand elle est téméraire
Parfois la valeur
Peut avoir du malheur
Songez-y Seigneur.
crispinos
Il faut vous satisfaire
Je vais pour vous plaire
Patapatapan
Cherchez mon régiment.
Scène vi
Phani-Palla
phani
Air : Capucin
Viens Hymen, c’est toi que j’implore.
Dans cet aimable instant j’ignore
Si l’Amour même a plus d’attraits.
Je n’en sais rien mais il me semble
Que tous les deux ne sont parfaits
Que lorsqu’ils sont tous deux ensemble.
Scène vii
Phani-Palla, Huascar, Inca
huascar, à part
Air : Père, je me confesse
Puisque je suis Grand-Prêtre,
Parlons au nom des Dieux.
Je les sers mal peut-être
Me serviront-ils mieux ?
huascar, à Phani
Aujourd’hui, notre divinité
Et m’éclaire, et m’inspire.
Aujourd’hui notre Divinité
Vous dis la vérité.
Et c’est dans notre empire
Que je dois vous élire
Par son ordre, un époux.
Pourquoi frémissez-vous ?
Acceptons,
Respectons,
Ce qu’elle veut nous prescrire.
Y penser,
Balancer,
Songez que c’est l’offenser.
phani
Air : À sa voisine
De ce langage merveilleux,
Je reconnais l’adresse.
On ne trouve pas en ce lieux
D’excuse à la faiblesse
Fit-on jamais parler les Dieux
À sa maîtresse ?
huascar
Air : Diogène
M’accusez d’imposture
Quelle coupable injure
Pour les Dieux et pour moi !
phani
Ah, quelle perfidie !
Les mettre en compagnie
D’un fripon tel que toi !
huascar
Air : Heureux du moins dans [nos tourments]
D’une telle incrédulité
L’amour est la raison secrète.
phani
J’aimerais. Quelle fausseté !
huascar
On sait votre intrigue secrète.
Oui, vous aimez un officier.
Gardez-vous de vous y fier.
Air : Birène
Leur air galant promet mille douceurs,
Mais les guerriers qu’un autre soin engage
D’une beauté ne cherchent les faveurs
Que pour avoir un brillant équipage.
phani
Air : Gnirgue guargad
Insolent ! Que dites-vous ?
Redoutez leur puissant courroux !
Vous avez vu ces héros
Marcher sur les eaux
Dans de grands châteaux.
Vous faut-il des miracles nouveaux ?
Vous savez que lorsqu’ils font la guerre
Sur l’épaule ils portent le tonnerre
Enfermé dans des tuyaux.
huascar
Ma foi l’image est magnifique
Et je n’y vois point de réplique.
Scène viii
[Huascar, Inca]
Prélude pour la fête
huascar, seul
Air : l’Anonyme
On vient. Cachons notre courroux.
Je vais les faire brûler tous.
Que nous avons d’esprit quand l’amour nous anime.
À son confident.
Chut. Paix. Que mon secret ne soit su que de vous.
Faisons un ravage anonyme.
Scène ix
[Huascar, Chœur]
Marche pour la Fête de la Lune
huascar
Rendons hommage à la Lune.
Cette fête est peu commune,
Au Soleil on en donne une
Et puisqu’elle fait fortune
Rendons hommage à la Lune.
chœur
Rendons hommage à la Lune.
huascar
Air :
Convenons tous que sa clarté
Est d’une grande utilité.
Car personne ne doute
Que si la Lune n’éclairait
Lorsque le Soleil disparaît
On n’y verrait plus goutte.
chœur
Que si la Lune n’éclairait, etc.
On danse.
Scène x
[Huascar, Chœur, Phani]
huascar
Air : Permettez-le moi, Père
Souffrez qu’au dieu de la tendresse
Notre zèle à son tour se dresse
Et qu’en chantant vos attributs
Nous chantions aussi ses vertus.
L’ardeur qui nous enflamme
Se partage entre nous.
Permettez-le madame,
Permettez-le nous.
chœur
Permettez-le madame, etc.
huascar
Air : Gavotte
L’Amour ressemble à la Lune
Et leur puissance est commune.
L’Amour ressemble à la Lune :
Leurs effets
Sont pareils à peu près,
L’un guide le cœur des belles,
L’autre guide leurs cervelles.
Tous deux nous guident aussi
Si
La femme nous met en souci
L’un et l’autre se dérangent
Toujours courent, toujours changent
Leur empire
Est un délire
Froid et chaud, triste et charmant.
Je ne sais comment
Malgré tout son dérèglement
Du monde il règle le mouvement.
Tremblement de terre.
Quelque divinité nous déclare la guerre
Écoutez s’il vous plaît, le tremblement de terre.
Le tremblement continue.
Vous concevez bien madame
Que le ciel est en courroux.
Voyez cette ardente flamme
Qui va venir jusqu’à nous.
Ma foi, ceci n’est point un jeu
La maison est en feu.
chœur
Au feu ! Au feu ! Au feu !
huascar, déclamant
Le moyen d’apaiser ce grand embrasement
C’est d’obéir et promptement.
phani
Air : Vous avez beau faire
Hé bien donc, que faut-il faire ?
huascar
M’épouser au même instant.
phani
Que me dis-tu téméraire ?
huascar
Quittez cet air insultant.
Si j’avais l’art de vous plaire,
Je ne le serais pas tant.
Déclamant.
Le ciel vous met sous ma conduite
Il s’agit de prendre la fuite.
Air : On [n’] aime point [dans nos forêts]
D’un effroyable embrasement
Je vois l’affreuse mort suivie.
phani
Seigneur, parlez correctement,
Puisque la flamme ôte la vie
Vous devez dire assurément
Que la mort suit l’embrasement.
Scène xi
Phani-Palla, Huascar, Incas, Crispinos
huascar
Air : Reste, reste
Suivez ma juste loi
Marchons sans plus attendre.
phani
Quel parti dois-je prendre ?
crispinos
Vous viendrez avec moi.
phani
Nul espoir ne me reste,
La Lune a brûlé ma maison.
crispinos
Et reste, reste, reste.
Le seul amour de ce fripon
Vous est funeste.
phani
Air : Quand on dit que j’aime
Seigneur dites-moi donc comment
Est venu cet embrasement ?
crispinos
Voulez-vous que je vous l’explique ?
En voici la raison physique :
Air : Turlurette
Pour enflammer à propos
Un grenier plein de fagots
Il ne faut qu’une allumette.
Turlurette,
Turlurette,
Matantourlourette.
Déclamant.
Je devrai ici l’écraser,
Mais pour mieux le punir je vais vous épouser.
Crispinos, Phani, Huascar, ensemble
Air : Suivons [l’Amour]
Suivons l’Amour, laissons-nous enflammer.
huascar
Ah ! qu’il est doux !
Quelle douleur !
Quelle rigueur !
Quelle fureur !
Quel malheur !
Scène xii
Huascar
huascar
Air : Ma mie Margot
Un officier,
Deux officiers,
Trois officiers d’Espagne
Ont enlevé Phanie,
Ont enlevé Phani-Palla
Pour faire la campagne.
Air : Un jour de cet automne
Puisque de la Princesse
Je ne puis être l’époux
Taritatou.
Il faut que l’on connaisse
Combien je suis en courroux
Taritatou.
Pour éteindre ma tendresse
Dans le feu jetons-nous
Taritatou, taritatou, taritatou.
divertissement, des Fleurs
airvide
Perroquet babillard [bis] ne cesse point de l’être.
De tous les cœurs qu’Amour embrase de ses feux
Aujourd’hui le plus heureux
Est celui [bis] du petit maître.
Un triomphe indiscret le paye des soupirs
Que lui coûtaient le refus d’une belle.
À publier les plaisirs
Leur douceur se renouvelle.
On danse.
vaudeville
4
Jeune fleur dont la durée
Cesse au retour de Borée.
Vous en avez senti l’effet.
En vain le tendre Zéphyre.
Pour vous ranimer soupire
Quand une fois le mal est fait.
5
En aimant dans le mystère
On croit passer pour sévère
Mais il survient un indiscret.
C’est en vain que notre adresse
Conserve un air de sagesse
Quand une fois le mal est fait.
6
Au lieu d’un galant ouvrage,
Quand on donne du sauvage
Doit-on s’étonner s’il déplaît ?
On a beau changer un acte
Vainement on se rétracte
Quand une fois le mal est fait.
Fin