Les Indes dansantes

Auteurs : Favart (Charles-Simon)
Parodie de : Les Indes galantes de Fuzelier et Rameau
Date: 26 juillet 1751
Représentation : 26 juillet 1751 Comédie-Italienne - Hôtel de Bourgogne
Source : Paris, Veuve Delormel, 1751
Charles-Simon Favart

Les Indes dansantes




1751
BnF ms. fr.

Acteurs


Osman, Bacha, Arlequin : Monsieur Carlin
Valère, amant d’Émilie : Monsieur Rochard
Émilie, amante de Valère : Mademoiselle Favart
Matelot : Monsieur Chanville
Matelots et matelotes

Les Indes dansantes


entree, Le Turc généreux
Le théâtre représente les jardins d’Osman, bacha, terminés par la mer.

Scène i

Émilie

Émilie

Air : Quand on a prononcé [ce malheureux oui]

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Informations sur cet air

C’est Osman qui me suit, ne lui cachons plus rien.
Pour arrêter son feu, découvrons-lui le mien.
airvide
Avec un Turc ordinaire,
Ce moyen servirait peu,
Mais Osman est débonnaire,
Je puis risquer cet aveu.
Un bacha de cette espèce,
S’il apprend que j’aime ailleurs,
Aura bien la politesse
De réprimer ses ardeurs.

Scène ii

Osman, Émilie

osman

Air : Au fond de mon caveau


Atchou, salamalec.
Mon âme, à ton aspect,
S’enflamme comme un myrte sec.
Aurai-je le bonheur
D’avoir dans sa primeur
La fleur
Du rosier de ton cœur ?
L’éclat de tes beaux yeux
M’attire dans ces lieux,
Ainsi que le soleil
Attire les pleurs de l’aurore
À son réveil.
Ton visage divin
Peint la lune en son plein.
Cet astre est moins brillant encore
Que n’est ton teint.

Air : Quelle sombre humeur, ma sœur


Quelle sombre humeur,
Mon cœur !
En ma faveur,
Cherchez-vous l’ombre et le silence ?
Émilie
Non, je me plains fort
Du sort,
Dont le courroux
Me tient captive auprès de vous.
osman

Air : Est-c’que ça s’fait com’ça


Est-c’que ça s’fait com’ça ?
Vous méprisez donc ma tendresse ?
Est-c’que ça s’fait com’ça ?
Savez-vous que je suis bacha ?
Da.
Émilie
Seigneur, excusez donc,
Je ne puis vaincre ma tristesse.
Seigneur, excusez donc,
Vous n’en savez pas la raison ?
osman
Non.
Émilie
Eh bien, en quatre mots,
Voici l’histoire de mes maux.

Air : Aimons-nous, jeune Thémire


Sur les côtes de Provence,
Aux lieux témoins de ma naissance,
Tout comblait mon espérance,
Ô sort charmant !
J’épousai mon amant.

Air : Un jour, dans un plein repos

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Informations sur cet air

Sans prévoir aucun danger,
Nous ne songions qu’à rire,
Et tout semblait protéger
Notre joyeux délire.
On faisait la noce en plein air,
Nous dansions au bord de la mer.

Air : Eh ! qai, gai, gai, Madame la mariée


Eh ! gai, gai, gai,
Madam’la marié’,
Cli, cla, cla,
Lira, liron, fa, fa, fa...

Air : Non, rien n’est si fatiguant que l’emploi d’une tourière


Ah ! quel triste événement !
Des forbans d’un air féroce
Viennent fort impoliment
Troubler le divertissement,
Pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan,
Sabrant les gens de la noce,
Pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan.

Air : Je suis un bon soldat, titata

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Informations sur cet air

Sur ces insolents-là,
Titata,
Mon fier époux s’élance,
Mais un de ces pervers,
D’un revers,
Le met hors de défense.

Air : Plus inconstant que l’onde et le nuage

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Je fais un cri,
Je maudis le barbare,
Qui me sépare
D’un époux chéri.

Air : Ma commère, quand je danse

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Informations sur cet air

Le corsaire me remarque,
Et pour braver mon dépit,
Il ordonne qu’on m’embarque.
Aussitôt on me saisit,
L’un par ici, l’autre par là...

Air : Vous chiffonnez mon falbala

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Informations sur cet air

En agit-on comme cela !
Ah, méchants, laissez-moi donc là !
Mais on répond à mes discours :

Air : Eh ! vogue la galère

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Informations sur cet air

Eh ! vogue la galère,
Lan lère, lan lère, lan lère,
Eh ! vogue la galère,
Et l’on rame toujours.
osman
airvide
Je vous plains fort, ma petite poulette.
Émilie
Moments si doux, ah ! que je vous regrette !
Sans ces brigands que j’étais satisfaite !
Ah, ah ! la noce était faite.
osman
Pour un époux, si constamment
Doit-on verser des larmes ?
Émilie
Mon époux était mon amant.
Qu’il rassemblait de charmes !
osman
Il avait du mérite. Eh bien !
Eh ! n’ai-je pas le mien ?
Chacun a l’sien,
Chacun a l’sien.

Air : Il faut l’envoyer à l’école


Puisque tu ne dois plus revoir
L’objet dont ton âme est éprise,
C’est sottise
De pousser trop loin le devoir.
Avec l’espoir, l’amour s’envole.
Adieu, retiens cette leçon.
Il sort.
Émilie
Adieu donc.
Il faut l’envoyer à l’école.

Scène iii

Émilie

Émilie

Air : Dans les gardes françaises


La mort de mon cher père
M’a moins navré le cœur
Que celle de Valère,
Objet de ma langueur.
Il a perdu la vie
Au printemps de ses jours.
Hélas ! pauvre Émilie,
Adieu donc tes amours.
Le théâtre s’obscurcit.

Air : [Il grêle]


Quel bruit
Subit !
La nuit
Le suit
La tempête s’en mêle.
Il pleut ici,
Il tonne aussi,
Il grêle,
Il grêle.

Air : De mon berger volage, j’entends le flageolet


L’orage sur ma tête
Redouble son effet.
Au bruit de la tempête,
S’accorde un flageolet.
Malgré tout le ravage
Qui s’excite dans l’air
Je veux sur ce rivage
Chanter un petit air.
airvide
Ces flots impétueux,
Où triomphe l’orage
Sont l’image des cœurs amoureux.
Ces flots impétueux,
Où triomphe l’orage
Sont l’image des cœurs amoureux.

Air : Voilà la différence


Le vent met l’onde en fureur,
L’amour agite mon cœur,
Voilà la ressemblance.
Je verrai calmer ces flots,
Sans voir la fin de mes maux,
Voilà la différence.

Scène iv

Émilie, Chœur de matelots qu’on ne voit point

Un vaisseau, battu de la tempête, traverse le théâtre.
chœur

Air : À boire, à boire, à boire

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Informations sur cet air

À l’aide, à l’aide, à l’aide,
À l’orage, notre art cède.
Émilie
Un vaisseau va périr au port.
Souvent l’amour a même sort.
chœur

Air : Culbute, culbute à jamais, canon


De quelle mort périrons-nous ?
Serons-nous noyés par les flots en courroux ?
Par le feu du tonnerre, brûlerons-nous tous ?
Le jour revient.
Émilie

Air : La bonne aventure

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Informations sur cet air

Je partage tous leurs maux...
Mais je me rassure,
Car les flots sont en repos.
Cela vient à propos,
La bonne aventure, ô gué,
La bonne aventure.
chœur

Air : Gros nez, gros nez, canon


Dieux ! quel revers !
Quand nous échappons des mers,
Nous tombons ici dans les fers.
Émilie

Air : À mon cœur, dans ce séjour, tout peint l’amour


Les voilà dans l’esclavage.
Ah ! quel dommage,
S’ils sont amants !
Dans tous les événements,
C’est l’amour seul que j’envisage.
À mon cœur, dans ce séjour,
Tout peint l’amour,
Tout n’est qu’amour.

Scène v

Émilie, Valère

Émilie

Air : Le seigneur turc a raison

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Informations sur cet air

Je vois un de ces captifs,
Il se désespère.
Un sentiment des plus vifs
M’intéresse à sa misère.
Informons-nous de son sort.
Étranger, je vous plains fort...
Ô Dieux ! c’est vous, Valère.
Valère

Air : Ah, Pierre ! ah, Pierre ! j’étais morte sans vous


Eh, quoi ! c’est vous, ma chère !
Émilie
Quoi ! Valère, c’est vous.
ensemble, ensemble
De mon destin contraire,
Je ne sens plus les coups.
Valère
Ma chère,
Ma chère,
J’allais mourir sans vous.
Émilie
Valère,
Valère,
J’étais morte sans vous.
Valère

Air : Pendus

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Informations sur cet air

Depuis qu’on nous a séparés,
Hélas ! mes soupirs égarés
Pour vous chercher courent le monde,
Nuit et jour ils faisaient la ronde.
Émilie
Quel discours !
Valère
Je suis si surpris,
Que je ne sais ce que je dis.
Émilie

Air : Amis, sans regretter Paris

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Informations sur cet air

Enfin nous nous revoyons donc.
Valère
Mais je vous vois captive.
Émilie
Oui, nous avons même patron.
Valère
Ah, quel bonheur m’arrive !
Émilie

Air : Contre un engagement

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Informations sur cet air

Seule j’ai cru gémir
Du poids de mes disgrâces,
Mon époux vient courir
Dans les fers sur mes traces.
Est-ce en portant ma chaine,
Qu’il peut m’en soulager ?
C’est augmenter ma peine,
Que de la partager.
Valère

Air : Au bord d’un clair ruisseau


Ce jour est pour mes feux,
D’un trop charmant présage,
Il n’est point d’esclavage
Quand l’amour est heureux.
Aux maux que j’ai souffert,
Succède un bien suprême.
Ah ! près de ce qu’on aime,
On est roi dans les fers.
Émilie

Air : Les filles de Montpellier

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Informations sur cet air

Cher époux, vous n’avez pas
Tout à fait sujet de rire.
Apprenez mon embarras :
Le bacha pour moi soupire.
Valère
Aïe, aïe, aïe, etc.
Émilie

Air : N’aurai-je jamais un amant, moi qui suis jolie


Vous vous taisez.
Valère
Ô désespoir !
Ce Turc vous tient en son pouvoir.
Achevez... je crains de savoir...
Oh ! ma chère Émilie,
Auriez-vous reçu le mouchoir ?
Vous êtes si jolie.
Émilie

Air : L’eusses-tu cru

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Informations sur cet air

Non, de barbare en barbare
J’ai toujours eu le bonheur
De conserver mon honneur.
Valère
Rien n’est plus rare !
Émilie
C’est que j’ai de la vertu,
L’eusses-tu cru ?

Air : J’avais cru que Colinet


J’ai réprimé le patron,
Dont mes yeux font la conquête.
Hélas, ce Turc est si bon...
Est si bon... qu’il en est bête.
Je l’appréhendais d’abord,
Je songeais à m’en défendre,
Mais c’était lui faire tort,
Car il n’ose rien entreprendre.
Valère

Air : Elle est favorable à mes yeux


Hélas, dans ce climat sauvage,
Du sentiment sait-on jouir ?
Le tribut du cœur s’y partage,
Le diviser, c’est l’affaiblir.
Un Turc au sein d’un doux loisir,
Offre à vingt beautés son hommage,
Chez lui, l’amour sert par quartier,
Vous méritez un cœur entier.
duo, ensemble
Cor de chasse allemand
airvide
Aimons, aimons-nous,
Malgré le sort jaloux.
Dans nos âmes,
Renfermons nos flammes.
Que nos feux
Ne brillent qu’à nos yeux.
Aimons, aimons-nous, etc.

Scène vi

Osman, Valère, Émilie

osman

Air : Voilà mon instrument des champs


Ah ! ah ! vraiment je vous entends
Tous deux je vous y prends.
Émilie

Air : Ah ! que Colin l’autre jour me fit rire


C’est le bacha.
Valère
Comment fuir sa colère ?
Émilie
Tout est perdu.
osman
Quelle ardeur téméraire !
Tremblez, tremblez. Alla balla.
Il se met à rire.
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !

Air : Ma chère Atalidette


Embrassez-moi, Valère,
Soyez le bienvenu,
Lurelu,
En mettant pied à terre,
Je vous ai reconnu,
Lurelu,
Lurelu, lèrela, lanlère.
Valère
Ah ! c’est Osman.
osman
Oui dà.

Air : Oh ! oh ! oh ! ma foi, voilà du fruit nouveau


J’ai fait charger votre équipage,
De macarons et de fromage,
Remontez sur votre vaisseau.
Valère
Oh ! oh ! oh !
osman
Emmenez l’objet qui vous engage.
émilie et valère, ensemble
Ah ! ah ! ah !
osman
Vous attendiez-vous à cela ?

Air : Seigneur, en vérité, vous avez bien de la bonté


Cher Seigneur, vous m’avez traité
Tout comme un de vos frères.
Oui, car vous m’avez racheté
Quand j’étais aux galères.
De votre générosité,
Envers vous ici je m’acquitte,
Tout au plus vite.
émilie et valère, ensemble
Seigneur, en vérité,
Vous avez bien de la bonté.
osman

Air : C’est ce qu’on n’a point vu de la vie


Détalez sans cérémonie.
Valère
Mais...
osman
Point de si, de mais.
À Valère, à Emilie.
Adieu. Bonsoir ma mie.
Comme un grand héros je m’en vais.
Faites danser vos gens, je vous prie,
En mémoire de mes bienfaits.

Scène vii

Valère, Émilie

duo, ensemble

Air : Brisons les rames, renversons les autels,


Jeunes amants, avec nous
Embarquez-vous,
Malgré les vents en courroux.
Quand l’orage gronde
Sur l’onde,
Bravez son effort.
Souvent il nous seconde
Et nous conduit au port.
Pour voguer aux plaisirs,
N’attendons pas les zéphyrs,
Les beaux jours,
Sur l’océan des Amours
Sont souvent dangereux,
Plus que les temps orageux.
divertissement, provençal
Il paraît un vaisseau orné de fleurs et de banderole. On voit sur le tillac une table couverte de mets et de rafraîchissements. Des trompettes se font entendre à la proue et jouent des fanfares, tandis que les matelots descendent deux à deux, et viennent danser sur le rivage.
vaudeville
1
Un Matelot
Avec l’Amour embarquons-nous,
Le vent est doux,
Les plaisirs seront du voyage.
Si, par hasard, il s’élève un nuage,
N’ayez point peur,
Galant vogueur,
Cédez au temps
Quelques instants,
Le calme vient après l’orage.
2
Iris avait parlé tout bas,
Au jeune Hylas,
Mon cœur en fut outré de rage :
Je la traitai d’ingrate, de volage.
Sans m’écouter, ma chère Iris,
Me regarda, fit un souris,
Et ce souris calma l’orage.
3
Damon servait une beauté,
Dont la fierté
Prenait toujours un ton sauvage.
Finissez donc, Monsieur, soyez plus sage.
Elle se fâche d’un baiser,
Il en prend deux pour l’apaiser,
Le beau temps vient après l’orage.
vaudeville
4
Monte sur mon vaisseau
Gentille passagère,
Tandis que le temps est beau
Voyageons à Cythère.
Eh ! vogue, vogue donc
Sous l’amoureuse étoile,
Mettons à la voile.
Dans la belle saison,
Tout vent est bon.
5
Courons nous embarquer,
Notre pavillon flotte,
Viens, tu n’as rien à risquer,
Je suis un bon pilote.
Eh ! vogue etc.
6
Pour voguer surement
L’Amour est ma boussole,
L’espérance en est l’aimant,
Et ton cœur est mon pole.
Eh ! vogue etc.
7
Souvent un bon vogueur
S’endort dans la bonasse ;
Moi, j’ai toujours même ardeur
En quelque temps qu’il fasse.
Eh ! vogue etc.
8
Sur nous lorsque la nuit
Étend son voile sombre,
Le flambeau d’amour nous luit,
Et nous guide dans l’ombre.
Eh ! vogue etc.
9
Au milieu du brouillard
Lorsque l’on n’y voit goutte,
De manœuvrer je sais l’art,
Je ne perds point ma route.
Eh ! vogue etc.
10
Quand le temps est trop fort,
Des écueils je m’écarte,
Mais pour m’éloigner du port
Je sais trop bien ma carte.
Eh ! vogue etc.
11
On ne craint rien en mer
Au printemps de notre âge,
Mais qui s’embarque en hiver
Doit s’attendre au naufrage.
Eh ! vogue etc.
vaudeville
12
Un Matelot
Amies fau s’embarquà
A n’en touts en prouvenço ;
Aquieu, n’auren à risqua,
Pas memo l’inconstenço.
Et gay, et gay, et gay,
Préféren la tendresso
A la richesso,
De bon cor aimaray
Tant que vivray.
13
Une Femme
Dens un mondé nouveu
Qu’angon cercà fortuno :
Aquieu dan mon pastoureu
N’auray millo per uno.
Et gai, etc.
14
Un Matelot
Quand l’ou ciel furious
Dens lous flos les trepigno ;
Aquieu, la troupe d’amous
Befiadoment nous guigno.
Et gay, etc.
15
La Femme, au parterre
Pouden nous embarqua
S’aven pous eût vous plaire.
Qu’aven plus a désoira ?
Bon vent et bon fringaïre.
Et gay, etc.
finentree

Acteurs


Huascar, Inca : Monsieur Rochard
Carlos, Espagnol : Mademoiselle Astraudi
Phani-palla : Madame Favart
Un Péruvien, confident d’Huascar
Péruviens et Péruviennes
entree, Les Incas au Pérou
Le théâtre représente un désert du Pérou, terminé par une montagne aride. Le sommet en est couronné par la bouche d’un volcan, formée de rochers calcinés.

Scène viii

Carlos, Phani

carlos

Air : Mon p’tit cœur, vous n’m’aimez guère


Secouez les préjugés
Dont vous bercent vos grands-mères.
Eh, quoi ! toujours vous songez
À des riens, à des misères !
Des devoirs vous faites cas !
Mon p’tit cœur, vous n’m’aimez guères.
phani
Excusez mon embarras.
carlos
Hélas !
Vous n’m’aimez pas.
phani

Air : L’amour s’est fait chez ma mie


Je vous aime sans partage,
Vous déterminez mon choix,
Mais quand mon cœur suit vos lois,
À l’honneur il fait outrage.
carlos
Eh ! je vous l’ai dit cent fois,
Phani, belle Princesse,
Ces propos sont trop bourgeois,
Soutenez mieux noblesse.
phani

Air : Damon, calmez votre colère


Je goûte assez votre éloquence,
Mais du penchant que j’ai pour vous,
Si mes parents ont connaissance,
Vous m’exposez à leur courroux.
carlos
Bon, à l’insu de la famille,
Nous nous verrons.
phani
On suit mes pas,
Et je crains trop nos fiers Incas.
Vous savez que quand on est fille
On fait ce qu’on peut,
Et non pas ce qu’on veut.
carlos

Air : Pour chanter un duo, quand l’amour nous rassemble


La fête du Soleil sur ces monts les rassemble.
Que ne profitons-nous du trouble de leurs jeux ?
Dérobez-vous, cherchez un sort heureux,
Loin d’eux.
Il faut partir ensemble.
phani

Air : Puisque pour vous je soupire


Fuir ensemble tête-à-tête !
carlos
Quel mal y trouvez-vous donc ?
phani
Parlez-vous tout de bon ?
Mais pour qui me prend-t-on ?
Je suis, Monsieur,
Princesse d’honneur.
carlos
Vous faites l’enfant.
phani
Eh ! mais vraiment,

C’est qu’une pareille proposition n’est point du tout honnête.


carlos

Air : De Monsieur Exaudet


À mon ardeur
Livre ton cœur,
L’amour t’en presse.
Cesse ta rigueur,
Cesse,
Laisse,
Laisse-moi faire ton bonheur.
Hélas ! pourquoi
Ce vain effroi ?
phani
La médisance
Fait penser à soi.
carlos
Crois
Moi,
Rends-toi,
Pour la décence,
Reçois,
Ma foi.
Tes plaintes,
Mes craintes,
Nos soupirs
Vont céder aux plaisirs.
phani

Air : Oui, vous en feriez la folie


Quoi ! je ferais cette folie ?
carlos
Fort sagement
Nous prendrons un arrangement.
phani
Non, non...
Ah ! le fripon !
Comment peut-on
Écouter la raison ?
Laissez-moi donc,
Car j’en ferais la folie.
carlos
Foi d’officier,
Mon but est de nous marier.
phani
Je m’en défie.
carlos
Ma chère amie,
Veux-tu me voir souffrir,
Et languir,
Sans me guérir ?
phani
Ah !
Ma vertu dans tout cela
S’oublie.
Oui, j’en ferai donc la folie.
carlos
Rien n’est si doux.
phani
Mais il faudra s’en prendre à vous.

Air : Mon papa, toute la nuit

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Informations sur cet air

Au plutôt tirez-moi donc
De ce séjour détestable.
carlos
Bon, vous avez pris mon ton.
Ah ! je vous trouve adorable.
phani
Enlevez, enlevez, enlevez-moi.
carlos
Vous devenez raisonnable.
phani
Enlevez, enlevez, enlevez-moi,
J’ai compté sur votre foi.
carlos

Air : Le premier du mois de Janvier


Phani, bien loin de la trahir,
Je veux en tout vous obéir.
Je n’ai de désirs que les vôtres.
phani
Allez, préparer ce qu’il faut,
Et revenez au plutôt,
Accompagné de plusieurs autres.

Air : Contredanse de Monsieur Blaise


Ne manquez pas
D’amener vos soldats,
Il faut de la prudence.
Si mes parents
Font tantôt les méchants,
Rossez-les d’importance,
Mais gardez-vous,
Ô, mon cher époux,
De vous battre vous-même.
Il faut songer
À vous ménager
Pour celle qui vous aime.

Scène ix

Phani

phani

Air : Ah ! Maman, que je l’échappe belle !


Viens, hymen, hâte-toi, je t’implore,
Viens par ta douceur
Combler l’ardeur
Qui me dévore.
Viens m’unir au vainqueur que j’adore,
Fillette à quinze ans
Commence à compter les instants.
Si tu veux que mon cœur t’appartienne,
Hymen, dès ce jour
Crains que l’amour
Ne te prévienne.
Il n’est rien qu’à la fin il n’obtienne,
Ce petit sournois
Fait métier d’escroquer tes droits.
Viens, hymen, hâte-toi, je t’implore,
Viens par ta douceur
Combler l’ardeur
Qui me dévore.
Tes attraits sont des biens que j’ignore,
Mais sans les goûter,
Il est permis de s’en douter.

Scène x

Phani, Huascar

huascar

Air : Apprenez, par ma voix, le vrai moyen de plaire


Aux accents de ma voix
Phani, prêtez l’oreille,
Et vous allez savoir une grande merveille.

Air : Je ne veux plus sortir de mon caveau


Je viens ici de la part du Soleil,
Soumettez-vous à ce qu’il vous demande.
Je viens ici de la part du Soleil
Vous annoncer un honneur sans pareil :
Ce dieu, pour vous,
A fait choix d’un époux.
Vous frémissez ! c’est le Ciel qui commande.
Sans réfléchir,
Princesse, il faut fléchir,
Et balancer,
C’est l’offenser.
phani

Air : Je voudrais bien me marier

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Informations sur cet air

Le Soleil veut me marier !
huascar
Oui, la chose est certaine.
phani
Hélas ! qu’il me fasse quartier.
huascar
La résistance est vaine.
phani
Le Soleil veut me marier !
Il prend bien de la peine.

Air : Ah ! voyez donc comme il s’y prend le drôle


Au nom des dieux, plus d’un fripon,
Bien souvent nous abuse.
huascar, à part
Il me paraît qu’elle en sait long.
phani
Ah ! voyez donc !
Ah ! voyez donc !
Est-ce ainsi qu’on m’amuse ?
huascar

Air : Jeune Lisette, prête-moi cette houlette


Dieux, quelle injure !
Vous m’accusez d’imposture !
Le Ciel me vengera,
Le Soleil vous en punira.
phani
Ah, comme il dit cela !
Ah, comme on le craindra !
La feinte est ridicule.
huascar
L’amour lève le scrupule,
Lui seul te rend incrédule.
Perfide, ton âme brûle
D’un feu discret.
phani
Comment avez-vous fait
Pour savoir mon secret ?
huascar

Air : Vous me grondez d’un ton sévère


Rougis de ta honteuse flamme.
Tantôt je te suivais de loin,
J’ai remarqué, malgré ton soin,
Qu’un Espagnol séduit ton âme.
phani
Il reviendra ce soir, je crois,
Tenez, grondez-moi pour deux fois.
huascar

Air : Dans le fond d’une écurie

Voir la partition
Informations sur cet air

Non contents de l’avantage
D’avoir enlevé notre or,
Nos vainqueurs ont mis encor,
Nos princesses au pillage.
Si j’en croyais ma fureur,
Bientôt l’objet qui t’engage...
Si j’en croyais ma fureur...
Hélas ! que n’ai-je du cœur !
phani

Air : Entre l’amour et la raison

Voir la partition
Informations sur cet air

Respectez de pareils rivaux.
Faut-il des miracles nouveaux ?
Vous avez vu loin de la terre
Leurs villes danser sur les eaux.
À travers de longs chalumeaux,
Ils savent souffler le tonnerre.

Scène xi

Phani, Huascar, un péruvien

huascar

Air : Un peu de tricherie [dans la vie]


Cachons le trouble qui m’agite.
À un Péruvien, il lui parle à l’oreille.
On vient. Écoute-moi : va vite.
À part.
Nous allons voir du carillon.
Qu’un torrent de feu nous inonde !
Il doit périr bien du monde.
Mais quand on aime entend-t-on raison ?
Un peu de tricherie
Dans la vie
Est toujours de saison.

Scène xii

Phani, Huascar, Péruviens et Péruviennes

Marche des Péruviens pour la fête du soleil.
huascar

Air : Ah ! le bel oiseau, maman

Voir la partition
Informations sur cet air

Peuple, chantez le Soleil,
Qu’à vos voix l’écho réponde.
Avec le chœur.
Brillant Soleil, brillant Soleil,
Tu n’eus jamais ton pareil.
Seul.
La chaleur de tes rayons
Échauffe la terre et l’onde,
Et l’on n’irait qu’à tâtons
Peuple, chantez le Soleil,
Qu’à vos voix l’écho réponde.
Avec le chœur.
Brillant Soleil, brillant Soleil,
Tu n’eus jamais ton pareil.
Seul.
Tu fais mûrir les raisins,
Tu fais pousser les fougères,
C’est toi qui chauffe les bains
Où folâtrent nos bergères.
Peuple, chantez le Soleil,
Dont les faveurs sont si chères.
Avec le chœur.
Brillant Soleil, brillant Soleil,
Tu n’eus jamais ton pareil.
On danse avec des parasols.
huascar

Air : C’est ce qui vous enrhume


Chez nous, il fait beau quand le Soleil luit,
Tant qu’il est jour, il n’est jamais nuit,
C’est assez la coutume :
Quand la chaleur cesse, le froid s’enfuit,
C’est ce qui nous enrhume.

Air : Ah ! le bel [oiseau, maman]

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Informations sur cet air

Peuple, chantez le Soleil
Dont les feux chassent la brume.
Avec le chœur.
Brillant Soleil, brillant Soleil,
Tu n’eus jamais ton pareil.
huascar

Air : Chacun à son tour, liron, lirette


Dieu du jour, souffre sans murmure
Que l’on partage tes honneurs.
Ta chaleur est à la nature
Ce que l’amour est à nos cœurs.
Grand Soleil, que ta bonté permette
Que nous chantions aussi l’amour,
Chacun à son tour,
Liron, lirette,
Chacun à son tour.
vaudeville
16
Il est un âge où l’on s’ignore,
Le cœur ne peut rien voir encore,
C’est une nuit.
Le tendre amour est notre aurore,
Sitôt qu’on voit ses feux éclore,
Un beau jour luit.
17
Celle que j’aime est-elle absente,
Hélas ! mon âme est languissante,
C’est une nuit.
Sitôt que je la vois paraître,
Je sens, je sens mon cœur renaître,
Un beau jour luit.
On danse. La fête est interrompue par un tremblement de terre.
chœur

Air : Passant sur le Pont-Neuf, entre minuit et onze


Quel tintamarre affreux
Imite le tonnerre !
Quel déluge de feux !
Quel tremblement de terre !
Tout le peuple se sauve.

Scène xiii

Huascar, Phani

phani

Air : C’est la fille d’un laboureur


Que de fracas, que de rumeurs !
Ah, je me meurs !
Ah, je me meurs !
huascar
Où courez-vous, mon petit cœur ?
phani
Ah ! j’ai grand’ peur !
Ah ! j’ai grand’ peur !
La terre tremble.
huascar
Restons ensemble.
phani
J’ai peur aussi de vous, Monsieur.
huascar

Air : Marie Salisson est en colère

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Informations sur cet air

Vraiment le soleil est en colère,
Oh, oh, tourelouribo !
Vous avez su lui déplaire.
phani, voulant s’enfuir
Oh ! oh !...
huascar, l’arrêtant

Air : Toujours seule, disait Nina


Je ne puis rien gagner sur toi,
Cruelle, écoute-moi.
phani
Quoi ?
huascar
Ton mépris me rend furieux,
Je te suis odieux,
Dieux !
Mon amour n’entend plus raison.
phani
Fripon, vous vous démasquez donc !
huascar
Tu me suivras.
phani
Quel embarras !
huascar
Viens...

Scène xiv

Huascar, Carlos, Phani

carlos, arrêtant Huascar
Halte-là !
Me voilà !
phani, à Carlos

Air : Là-haut, sur ces montagnes

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Informations sur cet air

Du haut de ces montagnes,
Voyez rouler ces feux :
Ils vont dans nos campagnes
Faire un ravage affreux.
Du Ciel, est-ce un présage ?
carlos
Ces flammes sont l’ouvrage
De ce lâche imposteur.
La cause en est physique,
Il faut que je l’explique
Pour vous tirer d’erreur.

Air : Pan, pan, pan, la poudre prend

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Informations sur cet air

Avez-vous battu le briquet ?
C’est à peu près le même effet :
Quand un caillou tombe en ce gouffre,
Le coup fait allumer du souffre.
Pan, pan, pan, la flamme prend,
Tout est en feu dans un instant.
phani

Air : Mi fa ré mi, chantez, mon petit


Vengez-vous de la malice.
Du plus fort de vos rivaux.
carlos
Inventons quelque supplice.
phani
Qu’un duo comble ses maux ;
Chantez mon ami,
Mi mi fa ré mi,
Mi mi fa ré sol,
Mon cher Espagnol.
Phani, Carlos, Huascar, ensemble
trio, ensemble

Air : Laisse-moi Tircis


\ensemble Phani, Carlos
Goûtons la douceur
D’un tendre esclavage.
L’amour enchaîne mon cœur.
Un charme vainqueur
M’attire, m’engage,
M’enivre au sein du bonheur
huascar
Quel cruel outrage !
La fureur
Dévore mon cœur.
Quelle douleur !
Non, rien n’égale ma rage.
L’amour comble leur ardeur ;
Je vois avec horreur
Leur bonheur.

Scène xv

Huascar

huascar
airopera
La flamme se rallume encore,
Loin de l’éviter, je l’implore.

Air : C’est un moineau

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Informations sur cet air

Quelle valeur
Succède à ma peur !
Faisons voir de la vigueur.
Mon fier transport
Va braver le sort
Et la mort.
Oui, terminons sans retour
Ma faiblesse et mon amour.
Je suis trop sot pour voir encor le jour.
Abîmons-nous
En amant jaloux,
Dans ces feux étincelants...
airopera
Tombez sur moi, rochers brûlants.
Il se précipite dans le volcan.
finentree

Acteurs


Fatime : Madame Dehesse
Atalide : Mademoiselle Astraudi
Tacmas : Monsieur Chanville
Roxane : Madame Favart
Bostangis et Odalisques
entree, Les Fleurs
Le théâtre représente les jardins de Tacmas.

Scène xvi

Roxane, Fatime en habit d’homme

fatime

Air : Ah ! ah ! vous avez bon air


Me trouves-tu bien en homme ?
roxane
Fort bien, vous aurez la pomme.
Ces charmes que l’on renomme
Feront leur effet.
Ah ! vous avez bon airter
Bon air tout à fait.

Air : J’en jure par vos yeux


Mais sous cet attirail,
Fatime, vous allez troubler tout le sérail :
On va crier au loup dans ce galant bercail.
fatime

Air : La fortune ainsi que l’amour


Apprends que la fête des fleurs
Qui sera tantôt célébrée,
De ces jardins permet l’entrée.
roxane
Mais ce n’est point dans nos mœurs.

Air : Il faut suivre la mode


J’ai cru que des sérails persans,
En tout temps on gardait l’enceinte,
Que mille eunuques surveillants
Nous tenaient toujours dans la crainte,
Les Musulmans...
fatime
Tous ces gens-là
À Paris ont fait un voyage ;
Depuis qu’ils ont vu l’Opéra,
Ils ont changé d’usage.
roxane

Air : Un jour, la jeune Annette, sur le bord d’un ruisseau


Mais à quoi bon, Fatime,
Ce travestissement ?
fatime
Certain soupçon m’anime,
Qu’on est folle en aimant !
Car c’est une jalousie
De fantaisie,
Qui me vient brusquement,
Je ne sais trop comment.

Air : Mon petit doigt me l’a dit


On dit qu’Atalide est belle,
Tacmas peut m’être infidèle.
roxane
Non, vous possédez son cœur.
Un vain soupçon vous irrite,
Vous êtes sa favorite.
Goûtez mieux votre bonheur.
fatime

Air : De France et de Navarre


Je veux sous ce déguisement
Observer ma rivale,
Et si Tacmas est son amant...
roxane
C’est faire un vain scandale.
Mais la voilà qui vient à nous.
fatime
Hélas ! qu’elle est jolie !
roxane
Adieu, vous pouvez entre vous
Disputer de folie.

Scène xvii

Atalide, Fatime

atalide

Air : Contredanse,


Qu’on me blâme
Tant qu’on voudra
Mais chacun saura
Mon amoureuse flamme.
Le silence
Pourrait m’étouffer.
De la bienséance
Je dois triompher.
J’instruirai de mon secret
Quelque indiscret.
Mais qu’importe ?
L’ardeur du caquet m’emporte.
À Fatime.
Vous êtes le bienvenu,
Jeune inconnu.
Apprenez qu’un doux vainqueur
Soumet mon cœur.
Qu’on me blâme
Tant qu’on voudra,
Mais chacun saura
Mon amoureuse flamme.
Par la gêne,
Pourquoi s’affliger ?
Raconter sa peine,
C’est la soulager.

Air : Quel plaisir, quand on s’aime bien


Êtes-vous connu de Tacmas ?bis
fatime
Ma belle enfant, n’en doutez pas,
Je suis à son service.
atalide
Hé bien ! c’est mon amant.
fatime
Hélas !
atalide
Me serez-vous propice ?
fatime

Air : À quoi s’occupe Magdelon


Votre amant n’est qu’un inconstant,
Il partage
Son hommage.
Un galant qui voltige tant,
Ne peut rendre un cœur content.
atalide
Mineur [de l’air précédent]
Mon amant n’est point inconstant,
Il n’estime
Que Fatime.
fatime, l’interrompant
Ô Ciel ! que dites-vous ?
Ah ! Mon cœur se ranime.
atalide, à part
Croyez-en mon courroux.
fatime
Il n’aime que Fatime, o gué,
Eh ! lon lan la toure loure louriré,
Eh ! lon lan la toureloure.
atalide

Air : Un officier, deux officiers


Atalide, observons-nous mieux,
J’aperçois notre maître.

Scène xviii

Atalide, Fatime, Tacmas

tacmas
Que vois-je ! quel audacieux
Ose en ces lieux paraître !
Fatime ! quoi, c’est vous ?
atalide
C’est ma rivale ! sauvons-nous.
Ah, que le tour est traître !

Scène xix

Tacmas, Fatime

tacmas

Air : C’est une excuse


Mais que veut dire cet habit ?
fatime
La jalousie et le dépit
M’inspiraient une ruse.
Je voulais observer vos pas.
tacmas
Vous doutez du cœur de Tacmas ?
Mauvaise excuse !

Air : J’vous prêt’rai mon manchon


Sur quoi donc prenez-vous ombrage ?
Mon amour propre en est blessé.
Sans vous rendre un sincère hommage,
Jamais un jour ne s’est passé.
Vous m’avez vu toujours d’un même zèle
Vous prouver mon ardeur fidèle.
Là, répondez-donc,
Mon cher trognon,
Dit’oui ou non.
Convenez-vous de ça ?
fatime
Eh ! mais, oui-dà.
tacmas
Ah ! vous conv’nez de ça !

Air : Le démon malicieux et fin

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Informations sur cet air

Jouissez du destin le plus doux,
Mon amour n’est content qu’avec vous.
fatime
Ah ! bientôt l’Amour content sommeille,
Il est bercé dans les bras des Plaisirs.
Il n’est rien alors qui le réveille
Que l’inconstance et de nouveaux désirs.
tacmas

Air : Ô reguingué

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Informations sur cet air

Votre crainte est sans fondement.
Fatime, parlez franchement,
Sans doute ce déguisement
Renferme quelque autre mystère.
fatime
Eh bien, je vais être sincère.

Air : La coquette


J’ai pris l’habit d’homme,
N’ayant rien à faire de mieux.
Seigneur, voilà comme
J’égaye un sérail ennuyeux.
Nous cherchons des amusements,
Pour remplir ici les moments,
Car pendant qu’avec soin on apprête
Une fête,
Il faut bien tuer le temps.
tacmas

Air : Les regards sont les premiers traits,


Ton excuse est dans tes beaux yeux,
Et mon cœur a pris ta défense.
Un regard, hélas ! te sert mieux
Que tous les traits d’une vive éloquence.
Ton excuse est dans tes beaux yeux,
Et mon cœur a pris ta défense.

Air : Turlurette

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Informations sur cet air

Voyons la fête des fleurs,
Sans que rien trouble nos cœurs.
Touche-là, la paix est faite.
ensemble, ensemble
Turlurette,
Turlurette, la tanturlurette.
fatime

Air : La liberté d’elle-même est charmante


Mille beautés comme des fleurs nouvelles,
Dans ce jardin à vos yeux vont s’offrir.
tacmas
Que craignez-vous ?
fatime
L’Amour porte des ailes,
N’imitez pas le volage Zéphir.
Le plaisir,
L’inconstance légère,
Vont voltiger sur ce joli parterre.
Gardez-vous bien d’y rien cueillir.
duo, ensemble

Air : Ah ! mon cher ami, que j’t’aime


Ah, mon cher ami, que j’taime, que j’taime !
Ah, ma chère enfant, que j’taime, que j’taime !
Que j’t’aime
Aimons-nous toujours, de même, de même,
De même.
Près de toi je sens un plaisir extrême,
Tu feras toujours
Mes beaux jours.\indicreprmus fin
Le repos
Calme les flots
Après un triste orage.
Ton ardeur
Calme mon cœur,
C’est la paix du ménage.
Ah, mon cher ami, que j’taime, que j’taime !
Ah, ma chère enfant, que j’taime, que j’taime !
finentree
La Fête des Fleurs.
La ferme s’ouvre, on voit un parterre orné de fleurs de différentes espèces distribuées par touffes.
Entrée des Bostangis.
vaudeville
18
Une Odalisque
Il n’est qu’un temps pour la tendresse,
On ne voit des fleurs qu’au printemps.
La rose renaît tous les ans,
Sans retour on perd la jeunesse :
Tendres amants, profitez des beaux jours,
Cueillez des fleurs au jardin des amours.
19
C’est pour vous, aimable jeunesse
Que la rose éclot au printemps,
Elle orne les attraits naissants,
Elle dépare la vieillesse :
Tendres amants, profitez des beaux jours,
Cueillez des fleurs au jardin des amours.
20
La prude Iris toujours sévère,
S’armait des traits de la raison,
Et chacun croyait tout de bon,
Qu’un amant ne pouvait lui plaire :
Mais en secret elle allait tous les jours
Cueillir des fleurs au jardin des amours.
21
Souvent sans parler on exprime
Le tendre langage du cœur,
Et sous l’emblème d’une fleur,
L’amant peint l’espoir qui l’anime :
Jeunes amants profitez des beaux jours,
Cueillez des fleurs au jardin des amours.
Un petit jardinier s’approche, en dansant, d’un buisson de roses pour en cueillir. Il en sort un serpent qui le poursuit jusques sur un arbre. Les Bostangis assomment le serpent et se réjouissent.
vaudeville
22
Une Odalisque
On court souvent trop de danger
À s’engager.
Au plaisir le penchant nous mène,
Mais il ne faut que l’effleurer,
Sans s’y livrer.
Il est trop voisin de la peine.
Craignez, craignez, jeunes cœurs,
Le serpent caché sous les fleurs.
23
L’amour a des attraits flatteurs,
Mais séducteurs,
Et l’on a peine à s’en défendre.
Quand le fripon vient d’un air doux,
À nos genoux,
C’est afin de nous mieux surprendre.
Craignez, craignez, jeunes cœurs,
Le serpent caché sous les fleurs.
24
Thémire allait chaque matin
Au bois voisin,
Du printemps respirer les charmes.
Mais un jour j’entendis des cris,
Et d’un taillis,
Je la vis sortir toute en larmes.
Craignez, craignez, jeunes cœurs,
Le serpent caché sous les fleurs.
25
Iris trouve un enfant un jour,
C’était l’Amour.
Elle en prend soin sans le connaître :
C’est un piège qu’Amour lui tend.
Tout en pleurant,
Sous ses doigts il riait, le traitre,
Craignez, craignez, jeunes cœurs,
Le serpent caché sous les fleurs.
26
L’imprudente Iris qui le croit
Transi de froid
Dans son sein l’échauffe et l’anime.
L’ingrat qui se voit caresser,
L’ose blesser,
Ce cruel en fait sa victime.
Craignez, craignez, jeunes cœurs,
Le serpent caché sous les fleurs.
Les Bostangis veulent cueillir des fleurs. Un orage s’élève et ravage le jardin.
Une Odalisque
airvide
Comme une fleur
Brille une belle.
De la rose nouvelle,
Elle a la fraîcheur.
Mais par malheur,
L’éclat s’efface,
La beauté passe
Comme une fleur.
Il faut cueillir
L’aimable rose,
Sitôt qu’elle est éclose,
Mais sans la flétrir :
Du doux plaisir.
C’est une image,
Qui le ménage
En sait jouir.
Les Bostangis tâchent de réparer le dommage, ils arrosent le jardin. On voit naître une plante qui produit successivement des feuilles, des boutons, des fleurs, et enfin l’Amour. Entrée de l’Amour qui ranime les fleurs. Elles sortent des buissons personnifiées. De jeunes Odalisques qui les représentent, ont chacune à la main la fleur qu’elle caractérise. L’Amour forme un bouquet et le présente à Tacmas. Ce prince le reçoit et le donne à sa favorite.
airvide
Tacmas en ce moment heureux,
Reçoit les vœux
Dont ce bouquet peint l’assemblage.
À Fatime, montrant les Odalisques.
De leurs ardeurs, Fatime, c’est le gage.
Prenez, prenez ces tendres fleurs.
Que le tribut de tous les cœurs
Ajoute un prix à mon hommage.
Dès que Tacmas a déclaré son choix, les Bostangis se joignent aux Odalisques pour le célébrer.
Une Odalisque

Air : Hanneton vole, vole, vole ; il y a un maître à ton école


Papillon, vole, vole, vole,
L’Amour s’instruit à ton école,
Près d’une fleur il batifole,
La flétrit et puis s’envole.
Fin

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