Jean-Antoine Romagnesi
Les Oracles
Parodie d’Issé
Représentée pour la première fois par les comédiens Italiens Ordinaires du Roi
le 22 décembre 1741
Paris, Veuve Delormel, 1742
definitacteur, l’oracle oracle
definitacteur, l’acteur français lacteurfrancais
Acteurs
Dorimon, sous le nom de Céladon, déguisé en Berger
Léandre, cousin de Dorimon
Issé, bergère
Doris, sœur d’Issé
Colas, amant d’Issé
Le grand prêtre de la Forêt de Dodone
Trois oracles
Un acteur français
Un acteur italien
Le Sommeil
Les Oracles
Scène i
Dorimon en berger
dorimon
Air : Filles de la Tourette
Moi, qui dans mes tendresses
Eus toujours du malheur,
Dont toutes les maîtresses
Méprisèrent l’ardeur.
Faut-il que je m’engage
Sous de nouvelles lois ?
Et n’est-ce pas dommage
Qu’amour mette aux abois
Un si beau minois !
Scène ii
Dorimon, Léandre en bergers
léandre
Air : Il n’est plus d’amant si fidèle
Quoi vous chantez tout seul beau Sire
À qui contez-vous votre amour ?
dorimon
De la triste ardeur qui m’inspire,
J’entretenais les arbres d’alentour ;
léandre
Vous vous moquez, c’est bien dans ce séjour,
Que l’on doit pleurer son martyre.
Air : Et voilà l’allure, mon cousin
Les pleurs et le chagrin
Mon cousin
Retardent l’aventure ;
Le sexe féminin
Vif et fin
Veut gaillarde encolure,
L’air badin
Et surtout fringante allure
Mon cousin
Et surtout fringante allure.
dorimon
Air : Non, non, il n’est point de si joli nom
Non, non,
Pour fléchir un jeune tendron ;
Il faut qu’un amant soupire.
léandre
Non, non,
Pour fléchir un jeune tendron
Il faut prendre un autre ton.
dorimon
Air : Lucas se plaint qu’à femme
C’est pourtant par ce langage
Que d’Issé je suis vainqueur,
Par un tendre badinage
Ses yeux demandent mon cœur.
léandre
Quel avantage
D’avoir fixé le Seigneur
De son village.
Air : J’ai rêvé toute la nuit
Pourquoi cacher à ses yeux
Votre destin glorieux ?
dorimon
Par un motif délicat
J’en cache l’éclat.bis
léandre
Ce motif me paraît vieux.
dorimon
Apollon ne fait pas mieux.
léandre
Air : Je suis un bon soldat, titata
Moi, comme le dieu Pan,
Patapan,
Aussi je me déguise,
Mais sans savoir pourquoi
Car ma foi
Je n’ai point l’âme éprise.
dorimon
Air : L’autre jour, en passant par Nantes
Mais je vois la nymphe paraître,
Cachons nos tendres mouvements.
léandre
Moi, je les lui ferais connaître
Et ne perdrais point de moments.
dorimon
Non la pastorale doit être
Aussi sotte que les romans.
Scène iii
Issé
issé
airvide
Qu’est-ce à dire,
Le petit amour
Me joue un tour,
Je soupire,
Cela vient de lui
Oui,
Laire lanlaire
Je ne sais que faire,
Quand on veut lui résister
Le mal ne fait qu’augmenter,
Je crois que pour en guérir
Il faut le souffrir.
Scène iv
Issé, Doris
doris
Air : Pour fuir l’amour
Quoi ma petite sœur
Vous rêvez donc seulette,
Gageons que votre cœur
D’amour a fait emplette !
Le gros Colas,
À la fin vous enchante ;
Pour vos appas,
Depuis longtemps il chante.
Air : Les record et les sergents
On peut sortir d’embarras,
En ce cas.
issé
Hélas !
doris
J’entends cet hélas,
Et soupirer à notre âge
À l’amour\ibis c’est rendre hommage.
issé
airvide
Que ne puis-je encor fuir ses attraits,
Repousser à jamais
Ses flammes et ses traits.
D’innocentes chansonnettes
Occupaient tous mes loisirs ;
Le soin de mes brebiettes
Faisait mes plaisirs
À présent des sornettes
Bornent mes désirs.
doris
Air : Bal du cours
Eh quoi votre cœur tremble
En de si doux instants,
Chère sœur il me semble
Que ce n’est plus le temps,
Bannissez sans façon
Cette peur ridicule,
Colas est un fort bon
Garçon,
Faites-en un mari
Chéri
Sans tant de préambule.
Prélude
issé
Air : Embarquez-vous, mesdames
Quelle est cette musique ?
doris
Vous ne l’ignorez pas,
C’est un concert rustique
Préparé par Colas,
Un bon amant
Ne fait pas autrement,
C’est par des jeux
Qu’il exprime ses feux.
Scène v
Issé, Doris, Colas
colas
Air : Ton humeur est, Catherine
Biauté sauvage et mignarde
Ne guirirez-vous jamais.
La mordure Léoparde
Que m’avont fait vos attraits ?
Une si longue souffrance
Mérite un brin de retour
Car j’amenons une danse
Pour preuve de mon amour.
issé
Air : La belle meunière,
En recevant un vainqueur
Il va trop du nôtre,
colas
L’amour a raflé le cœur
De st’ila, de st’autre
De Diane et de Cypris
De Margoton, de Cloris
Mais s’il ne prend le vôtre
Il n’aura rien pris.
Air : Accorde ta musette
Amusons la fillette
Par queuque biau refrain,
Le son de la musette
Pourra la boute en train.
On danse.
colas
Air : Boutons-nous tretous en danse
Aimez, belle pastorale,
Suivez un tendre désir,
C’est l’amour qui vous appelle,
Le tout pour votre plaisir.
chœur
Aimez, etc.
colas
Car il faut bian jarnonbille
Qu’une jeune et belle fille
S’accroche à son jouvenciau ;
Comme on voit la veigne tendre
S’entrelacer et s’étendre
À l’entour d’un jeune ormiau.
chœur
Comme on voit, etc.
colas
Air : Jean Flutiau de Nantare
Jons baillé la migraine
En baillant ce cadiau,
Ce n’était pas la peine
Je devrais tatiguenne
Tirer mon cœur de ma poitreine
Et lui flanquer par le musiau.
Il sort avec le chœur.
doris
Air : Chacun à son tour, liron
Pouvez-vous être aussi sauvage !
issé
Tu sais que j’adore un vainqueur.
doris
Vous me cachiez son nom, je gage,
Pour amuser le spectateur :
Mais voici Céladon qui vous guette
Et vient pour
Vous faire sa cour,
Chacun à son tour
Liron, lirette,
Chacun à son tour.
Scène vi
Issé, Doris, Dorimon, Léandre
dorimon
Air : Rossignolet du vert bocage
Quelle injuste fierté vous guide,
Nymphe arrêtez,
Soulagez un amant timide
Par vos bontés.
issé
Air : De quoi vous plaignez-vous
De quoi vous plaignez vous ?
dorimon
airvide
Devinez ce que je veux dire,
Il est facile à concevoir ;
Tous les jours je cherche à vous voir
Et quand je vous vois, je soupire ;
Devinez ce que je veux dire.
Air : Ah, que le faubourg Saint-Jacques
Mais quel trouble ! Quel silence !
Vous aimez, le gros Colas !
issé
Quand je l’aimerais, je pense
Que je n’en rougirais pas.
dorimon
Vous l’aimez, Mademoiselle,
Cela me fait un grand tort,
Préférence trop cruelle
Qui fait l’arrêt de ma mort.
issé
Air : Non, non, non, vous ne m’aimez plus
Quelle erreur a pu vous séduire
En vain Colas pour moi soupire,
Non, non, non, je ne l’aime pas.
Air : Et non, non, non, je n’en veux pas davantage
Que ne puis-je me défendre
D’un trait plus doux à mon cœur,
Mais je crains de vous apprendre
À deviner mon vainqueur.
dorimon
Quel autre objet vous engage,
Belle bergère, achevez donc !
issé
Quoi ! Céladon,
Vous en faut-il davantage ?
Air : L’autre jour, dans un bocage
Votre âme est trop pénétrante
Laissez-moi vous fuir.
dorimon
Vous partez,
Arrêtez
Eh quoi nymphe trop charmante,
Je vous aime et vous me quittez !
Dissipez mon trouble extrême
issé
Tâchez de le dissiper vous-même.
dorimon
Répondez aux feux,
Souffrez les vœux
D’un amant langoureux,
Demeurez.
issé
Non je ne puis,
Je fuis l’amour quand je vous fuis,
À part.
Je parle pourtant sans emblème.
Ne me suivez pas ;
Je vais là-bas
Sous cet ormeau
Dont l’ombrage est si beau.
Scène vii
Léandre, Doris
léandre
Air : Petite Fanchon, veux-tu toujours rire
Ne crois pas me fuir aimable brunette,
Nous devons tous deux
Imiter leurs feux,
Mais point de fadeurs
Dans notre amourette
Unissons nos cœurs
Petite follette,
Le mien sans langueurs
Le tien sans rigueurs.
doris
Air : Si Margoton avait voulu
Vraiment, Monsieur, pour un manant
Vous aimez militairement
L’homme sans rien risquer
En amour peut s’embarquer,
Mais fillette en son choix
Doit regarder à deux fois.
léandre
Air : Il faut quand l’amour nous presse
Voyons par expérience
Si nous nous convenons bien,
Ayons recours, s’il n’en est rien,
À l’inconstance,
Et nous nous donnerons après la préférence.
doris
Air : Ah, mon mal ne vient que d’aimer
Vous parlez déjà me changer,
Ah ! je ne veux point m’engager.
léandre
Vous trouverez plus d’un berger
Qui jure le contraire
Mais sans en être moins léger
Il sera moins sincère.
doris
Menuet Italien
L’amour n’a de douces chaînes
Qu’en fixant tous nos désirs.
léandre
Aimer trop, cause nos peines,
Aimer peu, fait nos plaisirs .
Duo de l’opéra abrégé
léandre
Il faut n’aimer que follement,
Autrement l’amour nous ennuie.
doris
Pourquoi n’aimer que follement,
Jamais l’amour ne nous ennuie.
léandre et doris
L’amour ne nous paraît charmant
léandre
Qu’en changeant cent fois dans la vie.
doris
Qu’en aimant pour toute la vie.
léandre
Air : J’ai bien la plus simple femme
Voulez-vous que je vous donne
Une fête en ce moment ?
Qui vous prouve ma mignonne,
Qu’on doit aimer faiblement.
doris
Non, non, ce n’est pas la peine,
On peut s’en passer ici,
Comme de notre autre scène
Qui ressemble à celle-ci.
léandre
Air : De tous les capucins du monde
Nous quitterons-nous sans conclure ?
doris
Je veux bien risquer l’aventure,
Et vous reçois pour mon berger,
La cure sera bien moins belle
Pour vous de m’apprendre à changer,
Qu’à moi de vous rendre fidèle.
Elle sort.
Scène viii
Dorimon, Léandre
dorimon
Air : Que j’estime, mon cher voisin
La nymphe est sensible à mes vœux.
léandre
Sa sœur, en fait de même.
Cousin, elles vont toutes deux
D’une vitesse extrême.
dorimon
Air : Tes beaux yeux, ma Nicole
Dans ma bonne fortune
Je ne suis pas content,
Une crainte importune
Rend mon esprit flottant.
léandre
Parbleu je vous admire !
Vos vœux sont exaucés ;
Votre belle soupire.
dorimon
Non, ce n’est pas assez,
Air : Ce n’est point par effort qu’on aime
Tu vois la forêt de Dodone
Dont les arbres parlaient jadis.
léandre
Un pareil miracle m’étonne,
Qui diable leur avait appris ?
dorimon
\` A présent l’oracle s’y donne
Par trois devins bien érudits ;
Air : Quel plaisir de voir Claudine
Sur notre flamme amoureuse
Issé vient les consulter.
léandre
Une fille curieuse
Est facile à contenter.
dorimon
Air : O turluta tentaleri
Par l’oracle qu’ils vont rendre,
Je vais me voir éclairci
Du sort qu’Issé doit attendre.
léandre
O turlutene
Elle est folle et vous aussi
Turlutu tentaleri.
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Pour un homme de votre étoffe
Le projet est extravagant,
Vous méritez la catastrophe
Du curieux impertinent.
Scène ix
Issé, Colas
colas
Air : Quand on a du vin de Champagne
Eh quoi ! vous en aimez un autre,
Qu’eu train, hélas !
Vous m’allez envoyer au peautre.
issé
Oui, cher Colas,
Mais je vous plains.
colas
La belle avance
Que la pitié,
Faut bien une autre récompense
À l’amitié.
Fin de l’air : Oh oh ! dit-il, c’est la raison
Parguenne, Issé, c’est la raison
Qu’on soulage un pauvre garçon.
issé
airopera
Quand on suit l’amoureuse loi,
On ne suit que le caprice,
La raison ou l’injustice
Y cèdent au je ne sais quoi ;
Quand on suit l’amoureuse loi,
On ne suit que le caprice.
Air : Il le mit tremper lui-même dans mon baquet
Je vous quitte pour affaire,
Jusques au revoir.
colas
Moi, je ne vous quitte guère
Que tard sur le soir.
issé
Mais je veux que l’on me laisse.
colas
Nenni par ma foi.
issé
Eh quoi ! verra-t-on sans cesse
Courir après moi ?
Scène x
Le Grand Prêtre
le grand prêtre
Air : Eh, ho ! ho ! ho
Ô vous qu’un pouvoir si beau,
Oh oh,
Fait prononcer en oracle,
Apprenez-nous du nouveau,
Oh oh,
Qui concerne le spectacle,
Aujourd’hui
Chacun à le suivre s’empresse,
Tout Paris pour lui s’intéresse,
Et ne parle que de lui.
Malgré l’ennui
Qu’on remporte de chez lui.
Chaconne d’Arlequin, dansée par les trois Oracles.
Scène xi
Le Grand Prêtre, Les Oracles
un acteur français
Air : J’avais promis à ma maîtresse
Je suis député de la Troupe
Qui joue au Faubourg Saint-Germain ;
Jusques ici dans son chemin,
Elle eut toujours le vent en poupe
Mais la perte de trois acteurs
A fourvoyé nos spectateurs.
le grand prêtre
Air : Pendus
Vous avez tant de débutants,
Taran taran taran tantan,
Et puis tant de pièces nouvelles
Qu’on trouve aussi bonnes que belles !
lacteurfrancais
L’acteur fait trébucher l’auteur,
Et l’auteur fait tomber l’acteur.
Air : De son lenla lenderirette
Comment souffrir la disette
D’acteurs et de beaux esprits ?
oracle
Que rien ne vous inquiète,
Vous habituerez Paris
À leurs écrits
Landerirette,
Comme à vos cris
Lenderiri.
Scène xii
Pantalon, les acteurs précédents
pantalon
Air : Un cordelier
Depuis un temps, Paris nous idolâtre,
Suit notre Théâtre
Et même applaudit
À tout ce qu’on y dit,
Quel changement ! serait-ce par caprice
Ou par la justice,
Qu’à la fin il rend
À notre zèle ardent
le grand prêtre
Air : Dans votre alcôve
Ni l’un, ni l’autre.
pantalon
Que vient donc voir le spectateur ?
le grand prêtre
Quelle inquiétude est la vôtre ?
pantalon
Est-ce la pièce, est-ce l’acteur ?
le grand prêtre
Ni l’un, ni l’autre.
Air : Ma fable est-elle obscure, lurelure
Dans un désert parut Phœnomene,
Pour l’admirer tout le monde y courut,
Tant qu’il brilla l’audience y fut pleine ;
Il s’éteignit, la foule disparut ;
Italiens, ma fable est-elle obscure,
Lure lure lure.
Le public vous l’expliquera
Lera, lera, lera.
pantalon
Air : la Serrure
Expliquez-vous mieux, je vous prie.
le grand prêtre
L’Oracle éclaircira ce point,
Il parle sans allégorie,
Mais il tire à brûle-pourpoint.
oracle
Air : Adieu panier, vendanges [sont faites]
Profitez bien de vos recettes
Pendant que vous prenez six francs,
Lorsque vous n’aurez plus d’enfants,
Adieu panier, vendanges sont faites.
pantalon
Air : Vous n’avez pas besoin qu’on vous console
Un tel Oracle et m’assomme et m’irrite,
Pour m’en venger adieu jusqu’au revoir.
Scène xiii
Issé, les acteurs précédents
issé
Du sort d’Issé je voudrais être instruite,
le grand prêtre
Dans un moment vous allez le savoir.
les trois oracles en canon., ensemble
Air : J’aurai une robe
Chante-là toi-même,bis
Car ma foi,bis
On ne l’aimebis
Qu’à cause de toi.bis
issé
Air : Trop d’amour, enfin, use un cœur fidèle
Vos Oracles ont trop de politesse.
le grand prêtre
Tout doit vous faire sa cour.
issé
Mais un autre point ici m’intéresse,
Sachons ce que me garde l’amour.
oracle
airopera
Issé de Dorimon doit être le partage,
Il est seigneur de ce village.
issé
Air : Je reviendrai, demain au soir
Que d’affreux malheurs je prévoi,
Quel oracle pour moi.bis
chœur, la suivant
Attendez donc on va chanter
Pour vous féliciter.bis
Scène xiv
Issé, L’Écho
Air : Et, allons donc, jouez violons
Amour, ou tendresse inhumaine,
Hélas ! ce n’était pas la peine
Que vous troublassiez mon repos...
Et j’aimerais bien mieux la haine...
Du seigneur, qui porte ma chaîne...
Qu’entends-je, sont-ce les échos...
Ils arriveraient à propos...
Car dans une plainte amoureuse...
Pareille rencontre est heureuse...
Soupirez donc et gémissez...
Fort bien, Écho, c’en est assez.
Air : Et, vive la jeunesse qui ne vit que d’amour
C’est en vain qu’on me tente,
Je suis l’humble servante
De ce beau seigneur,
Le berger qui m’enchante
Aura seul mon cœur.
Air : Et puis, quand ils sont revenus
Mais quel concert harmonieux
Vient troubler la paix de ces lieux ?
Je m’aperçois, plus je l’écoute,
Que c’est un sommeil... Oui sans doute.
airvide
Déjà dans Alcione,
On nous en a bercé,
Puis après on nous donne
Un sommeil dans Issé ;
Sera-t-il dit qu’à l’Opéra,
Toujours on dormira ?
Scène xv
Le Sommeil, Issé
le sommeil
Air : Que n’aimez vous
Faites dodo
Belle bergère,
Faites dodo,
Rien n’est si beau.
Surtout lorsque l’on dort sur la fougère ;
Cela vous guérira votre bobo.
Faites dodo
Belle bergère,
Faites dodo
Rien n’est si beau,
Le chœur répète Faites dodo.
Scène xvi
Colas, Issé endormie
colas
airopera
Parguenne, c’est Issé qui roupille en ces lieux.
Air : Ramonez ci, ramonez la
J’y venais brailler ma peine,
Mais retenons notre haleine,
Vous ruisseaux point de fracas,
Murmurez doux, coulez si bas
La la la
Qu’Issé ne vous entende pas.
Air : Jarnonbille, ta la ra la
Ah ! qualle est bian endormie,
Qu’eu dommage ce serait
Que de réveiller sa mie
Par un transport indiscret,
Jarnonbille
Tala rala
La belle fille
Que voilà !
issé
Air : J’ai rêvé, toute la nuit
J’ai rêvé, toute la nuit,
Que mon cœur était séduit
Par l’amour de ce seigneur
Mais, cher Céladon, n’ayez point de peur,
Du sommeil c’était l’effet,
On ne sait ce que l’on fait.
colas
Air : Je suis la fleur des garçons du village
Quons-je entendu vous refusez l’hommage
D’un biau Monsieur tout plein d’honneur
Pour parferer un barger de village
Eh fi, c’est n’avoir point de cœur.
Air : Partez pour le Potosi
Adieu donc tenez vous y,
Je pars pour le Potosi.
Et vous ne me varez plus
Pardre des soupirs pardus,
Adieu donc, etc.
Scène xvii
Leandre, Issé
léandre
Air : Une jeune Nonette
Céladon se tourmente
Extrêmement,
L’Oracle l’épouvante !
issé
Le pauvre enfant !
Où le trouverai-je ?
léandre
Ici près.
issé
Courrons vite après.
léandre
Oui, tournez par là,
Peste quelle innocente !
Comme elle y va.
Scène xviii
Leandre, Doris
léandre
Air : Je vous trouverai avec cette belle
Quoi Doris seule en ce bocage,
Pourrait-on demander pourquoi ?
doris
Pour rêver à l’humeur volage
D’un ingrat qui trahit ma foi,
Et ne laisse pas pour finir
Le moment de le prévenir,
Je voudrais savoir
Ce que de Thémire.
Vous pouviez vouloir,
À toujours lui rire
Et tirailler son mouchoir.
léandre
Air : Dans votre alcôve
C’est ma cousine,
Et je lui disais en riant,
Qu’une humeur jalouse et chagrine
N’est pas un ragoût attrayant,
C’est ma cousine.
Air : Point de façon, mon aimable brunette
Vous qu’un souci trop léger inquiète.
Que faisiez-vous avec le jeune Iphis ?
Certain souris,
Même un petit coup de votre houlette
Peuvent valoir
L’aventure du mouchoir.
doris
Air : Dans votre alcôve
C’est mon compère,
Et je lui disais tout de bon
Qu’un amant d’une humeur légère
Invite à lui faire faux bond,
C’est mon compère.
léandre
Air : Pierre Bagnolet
Nous nous entendons bien, ma belle,
Et tous deux nous ne valons rien.
Sans reproche et sans querelle,
Rompons un ennuyeux lien.
doris
Je le veux bien,
tous deux, ensemble
Je le veux bien,
Nargue d’une amour éternelle.
léandre
Voilà ton cœur.
doris
Voilà le tien.
Scène xix
Dorimon, Issé
dorimon
Air : Ah, petit à petit
Vous avez beau flatter
La douleur qui m’accable,
Pouvez-vous ne pas monter
À cette place honorable,
Je suis un misérable
Que vous aller quitter.
issé
Air : Joconde
Je vous ai dit cent fois que non,
Et vous devez m’en croire.
dorimon
Vous écouterez la raison,
La fortune et la gloire,
Pardonnez ce transport jaloux,
Il prouve ma tendresse.
issé
Oui, Céladon, mais pensez-vous,
Qu’à la fin il me blesse.
airopera
tous deux, ensemble
C’est moi qui vous aime
Le plus tendrement,
Air : Jean danse mieux que Pierre
Nous aimons bien tous deux.
issé
Oui, mais j’aime bien mieux.
dorimon
Jean aime mieux que Jeanne.
issé
Jeanne aime mieux que Jean.
dorimon
Air : Tarare ponpon
Vous m’abandonnerez ?
issé
Encor ! soupçon barbare,
Paraissez Dorimon,
Plus beau que Céladon,
Et qu’un habit vous pare
Tout couvert de galon,
Je vous dirai tarare
Ponpon.
Prélude
Air : Il n’est plus d’amant si fidèle
Mais quel tumulte, quels vacarmes ?
dorimon
Dorimon vous donne un cadeau ;
Pour mieux rendre hommage
À vos charmes.
Il eut ici fait venir son château
Mais il a cru faire un coup aussi beau,
Mettant ses manants sous les armes.
issé
Air : Talaleri ta la la lire
Fuyons, qui pourrait vous défendre
Des transports d’un seigneur jaloux ?
dorimon
Il n’est que façon de s’y prendre.
Pour l’attendrir.
issé
Y pensez-vous ?
dorimon, à part
Contentons-nous de cette preuve,
Car Apollon,
Est un peu long
Dans son épreuve.
dorimon
Air : Morguenne de vous
Calmez cet effroi.
issé
Ôte-m’en la cause ?
dorimon
Dorimon et moi
C’est la même chose.
issé
Morguene de vous.
La belle
Nouvelle,
J’aurai pour époux
Le plus grand des fous.
dorimon
Air : Écoutez ma chanson, forgeron de Cythère
Je n’aurai point l’humeur
Défiante et jalouse,
Car je suis sûr du cœur
De ma future épouse.
issé
Où l’amant a réussi
Souvent l’époux se blouse.
dorimon
Pour dissiper ce souci,
Que l’on danse ici.
On danse.
Fin