Jean-Étienne Despréaux
Momie
Opéra burlesque, parodie d’Iphigénie en trois actes, en prose et en vaudevilles
Représentée devant leurs majestés, à Choisy
au mois d’août 1778
P.R.C.Ballard
definitacteur, chœur de péruviens chœurdeperuviens
definitacteur, cache-cache cachecache
definitacteur, chœur de peuple chœurdepeuple
definitacteur, chœur de femmes chœurdefemmes
definitacteur, chœur de filles chœurdefilles
definitacteur, chœur de peuples chœurdepeuples
definitacteur, chœur de populace chœurdepopulace
Personnages dansants
Acte Premier
persliste, Les sieurs Le Breton, Ledoux, Dossion, Laval, F. Leger, Trupti, Fabre, Petit, Abraham, Giguet, Guillet, Ducel, Duchene, Simonet, Lebel, Caster, Méon Guerriers péruviens
Péruviennes : Les demoiselles Godeau, Crépeau, Puisieux, Élise, Auguste
Acte Second
Danseur chinois : Le sieur Dauberval
Danseuse chinoise : La demoiselle Heinel
persliste, Les sieurs Vestris f. Fabre Pirouetteurs
Sauteurs : Les sieurs Marcadet, Abraham, Ledoux
persliste, Les sieurs Dossion, Laval, f. Duchene, Guillet Gladiateurs et Cuisiniers
Meneur d’ours : Le sieur Simonet
Ours et luteurs : Les sieurs Lebreton, Lebel
Porteurs de présents : Les sieurs Petit, Ducel, Caster
Gardes : Les sieurs Leger, Trupti, Giguet, Méon
Filles du faubourg : Les demoiselles Dorival, Cécile, Coulon, Gibassier, Reine
Acte Troisième
Grand prêtres : Les sieurs Fabre, Petit
\persliste[Le sieur Dossion f., la demoiselle Pouponne, le sieur Condé] Enfants
pour le sacrifice
Suivantes de Momie, en deuil : Les demoiselles Desbrosses, Elise, Coulon, Gibassier
persliste, Les sieurs Gardel l., Dauberval Péruviennes
Créoles : Les demoiselles Cécile et Dorival
persliste, Les sieurs Ledoux, Leger, Dossion, Laval f., Trupti, Guillet, Guiguet, Caster Guerriers Péruviens
Acteurs
Rodomont, roi du Pérou : Le sieur Rosière
Piégrièche, reine : La demoiselle Gontier
Momie, fille de Rodomont : La demoiselle Guimard
Agile, amant de Momie, roi du Mexique : Le sieur Dugazon
Estoc, ami d’Agile : Le sieur Desessarts
\persliste[Le sieur Gardel J.] Cache-Cache
grand prêtre de la Lune
Cocasse, condident de Rodomont : Le sieur Despréaux
La lune : Le sieur Desessarts
Péruvienne : Le demoiselle Desbrosses
Filles du faubourg : Les demoiselles Dorival et Cécile
La scène se passe au Pérou.
Momie
Acte i
Le théâtre représente une place publique.
Scène i
Rodomont seul
rodomont
Air : Pour fléchir une none austère
Vous avez beau dire et beau faire,
Non, barbare déité,
C’est trop de cruauté,
Non, c’est une impiété,
Que j’aille, pour vous satisfaire,
Assassiner mon enfant.
Moi, lui percer le flanc !
Non, vraiment.
Si par un crime il faut vous plaire
C’est une exécration,
Votre condition
Éteint mon ambition.
Honneurs,
Grandeurs,
Je renonce à tout, oui,
Ce forfait est inouï.
Vous avez beau etc.
Air : Ah ! Le bel oiseau, maman
Brillant Soleil,bis
Ah ! Soit sensible à ma peine,
Brillant Soleil,bis
Dieu qui n’a pas de pareil.
Éclaire bien mon laquais
Sur la route de Cayenne,
Afin que, par tes reflets,
Il reconnaisse la reine.
Et qu’il lui dise
Air : Robin turelure
N’allez pas plus en avant,
Votre époux vous en conjure
Agile est un inconstant,
Turelure,
Qui vient de changer d’allure
En voyant une autre figure.
Mais si ma fille arrive dans ces lieux, je ne sais comment la tirer de là. Il m’est impossible de la sauver des mains de Cache-Cache, des péruviens et de la Lune.
Scène ii
Rodomont, Cache-Cache, Peuples
chœurdeperuviens
Air : Dans ma jeunesse
Plus de silence,
C’est trop nous ballotter,
Vous voulez chipoter,
Il faut, sans hésiter,
À l’instant tout conter,
Sans faire résistance.
cachecache
Cessez de me tarabuster.
chœur
Il faut nous instruire,
Il faut tout nous dire,
Il faut nous prédire.
cachecache
Grands dieux, quel délire,
[bis]
Holà, holà,
Paix, paix, paix-là.
Je me sens en train de parler, je vais vous satisfaire, mais, de grâce, ne faites pas tant de bruit.
Récitatif en se tâtant le pouls
Ha, ha, mon sang circule avec plus de douceur,
Quelle tranquillité, quel charme inconcevable,
Il s’irrite, il s’enflamme, ah ! Ciel ! Quelle fureur !
Je me sens possédé, déesse redoutable,
Je vous entend mugir,
Je vais vous obéir.
Air : La Fanfare de Saint-Cloud
Tu veux que ma main tremblante
S’arme du sacré couteau,
Que d’une fille charmante
Je devienne le bourreau,
Il te faut ce sacrifice,
Cela seul peut t’apaiser,
Moi, qui suis à ton service,
Je ne peux te refuser.
Air : Vous allez voir ce que vous allez voir
Ô, ô vous allez voir ce que vous allez voir,
Ô vous allez savoir ce que l’on va savoir,
Ô, vous allez vouloir, et puis ne plus vouloir,
Ô père au désespoir, peuple trop plein d’espoir,
Ô vous allez déchoir et puis vous émouvoir.
Je suis sûr que vous n’aurez pas le cœur de l’égorger.
chœur
Air : Margoton ma mie
Quel est la victime,
Dites-nous son nom,
Nous n’entendons ni raison,
Ni raison, ni raison, ni raison, ni rime,
Nous n’entendons point raison,
Allons, sans façon,
Dites-nous son nom.
cachecache
Ne vous embarrassez de rien, je vous réponds qu’avant la fin du jour elle sera expédiée.
Avec le chœur.
Ô, vous allez voir etc.
Les péruviens s’en vont.
Scène iii
Cache-Cache, Rodomont
cachecache
Vous voyez qu’ils n’entendent pas raison, vous savez que la Lune a juré qu’une sécheresse éternelle désolerait ce pays ; vous savez qu’on ne peut l’apaiser que par le sang de votre fille, craignez la Lune et le Soleil.
rodomont
Ah ! laissez-moi tranquille avec vos planètes !
cachecache
Comment vous rebisez ! Prenez garde à vous, vous en seriez la dupe. Je vous conseille d’obéir à leurs fantaisies.
rodomont
Air : Dans ce doux asile,
Il est impossible
Que les dieux ordonnent des forfaits,
Ce serait horrible,
Non, je ne le croirai jamais.
Vous déraisonnez,
Ou badinez.
Il faudrait que je fus fou
D’aller couper le cou...
Allez, vous êtes fou,
Non, non.
Air : Pierre Bagnolet
C’est trop inhumain, vous avez beau dire,
Je n’obéirai jamais à vos dieux.
cachecache
Vous ne pouvez plus vous en dédire,
Pour vous j’ai donné parole aux cieux.
rodomont
J’ai changé d’avis, vous avez beau dire,
Je n’obéirai jamais à vos dieux.
cachecache
Mais vous risquez de perdre l’empire,
Il ne faut pas s’obstiner contr’eux.
rodomont
Je ne le veux pas, vous avez beau dire,
Je n’obéirai jamais à vos dieux.
cachecache
Vous avez donné votre parole d’honneur.
rodomont
Je sais fort bien ce que j’ai dit. Tenez, nous allons faire un arrangement. Si ma fille vient jusqu’ici, je ne demande pas mieux qu’on l’égorge, mais...
cachecache
Vous voulez rompre les chiens avec vos détours, vous croyez que la Lune n’y voit pas ? Toutes vos précautions seront inutiles si elle veut que Momie expire. Écoutez, la voilà.
chœurdeperuviens, qui traversent le théâtre
Air : Bastien et Bastienne
Voilà Piégriéche et sa fille,
On dit qu’elle est bien gentille ;
Voilà Piégriéche et sa fille,
Courons voir tous ses appas.
rodomont
Grand Dieu, quel embarras,
Je frémis ma pauvre fille ;
Grand Dieu, quel embarras
Pour la sauver du trépas.
cachecache
Air : Marche des Bostangis
Vous faites le hautain,
Vous secouez la tête,
Apprenez, monsieur le mutin,
Que la foudre s’apprête
Et va peut-être d’un coup bref
Écraser votre chef.
Vu que vous êtes roi,
Vous vous moquez de moi
Et vous bravez ma loi.
Bientôt, au bruit de la tempête,
Rempli d’effroi,
Pour calmer mon courroux
Vous voudrez filer doux,
Devant moi vous ferez la bête
À deux genoux.
Scène iv
Momie et Piégriéche arrivent dans un char traîné par des animaux
Air : Menuet du roi de Prusse
Pendant le chœur ci-dessous.
deuxcol,
rodomont, en s’en allant avec Cache-Cache
Je ne sais que devenir
Ma fille me fait frémir,
Pour la sauver du trépas
Dieu, quel embarras !
cachecache, à part
Il ne sait que devenir
Sa fille le fait frémir,
Pour la conduire au trépas
Ne le quittons pas.
chœurdepeuple
Même air
Que d’attraits ! Que de beauté !
C’est une divinité,
Voyez son nez, son menton,
Et son pied mignon.
Ah ! Grands dieux !
Qu’elle a de beaux yeux !
Les beaux bras !
Ah ! Qu’elle a d’appas !
On se dit, en la voyant,
La charmante enfant !
piégrièche
Air : Reçois dans ton galetas
Que j’aime cette rumeur,
Qu’on fait pour te rendre hommage !
Ma chère enfant, que c’est flatteur !
On n’entend rien, c’est bien dommage.
Ma chère enfant, que c’est flatteur
De s’entendre chanter en chœur !bis
Attendez-moi dans cette rue, ma fille. Faites bonne mine à tout le monde. Votre père n’est pas bien matinal, je vais voir s’il est levé.
Elle sort. On reprend avec le chœur :
Que d’attraits etc.
Scène v
Péruviens, Péruviennes, Momie
une péruvienne
Air : Cantique de Saint Roch
1
Jadis, devant Pâris, le beau jeune homme,
On vit du ciel descendre trois beautés,
Junon, Minerve et Vénus étaient comme
Vous pensez bien sont trois divinités.
Par votre geste,
Votre air modeste,
En vérité
Vous l’auriez emporté.
2
Junon avait la beauté romanesque,
Mais son air froid, ma foi, ne tentait pas.
Minerve avait la taille gigantesque,
Vénus montrait un peu trop ses appas.
Votre tournure,
Votre encolure,
Vaut cent fois mieux
Que ces dames des cieux.
3
À qui peut-on marier cette belle,
Est-il quelqu’un qui puisse la valoir ?
Agile seul me paraît digne d’elle,
C’est un garçon qui donne de l’espoir.
Rien de si leste,
Rien de si preste,
Il est parfait,
Grand, fort, ferme et bien fait.
momie
Air : Sentir avec ardeur
Je m’ennuie en ces lieux.
Ces chants et ces danses
Ne flattent point mes yeux.
Ces fauts, ces cadences,
Ces réjouissances,
Tout m’ennuie en ces lieux,
Ces chants et ces danses
Me sortent par les yeux.
Majeur
Agile ne viendra-t-il pas ?
Hélas ! Hélas !
Quel embarras !
Je sens mon âme inquiète,
Et malgré moi je répéte,
Hélas ! Hélas !
Il ne vient pas !
Mineur
Tout m’ennuie en ces lieux,
Ces chants et ces danses
Me sortent par les yeux.
Scène vi
Piégriéche, Momie
piégrièche
Au peuple.
Psit... Allez...
À sa fille.
Il faut retourner chez nous, ma fille.
momie
Partir sans voir mon amoureux !
piégrièche
Vous devez le mépriser, c’est un freluquet, un coureur qui s’est épris pour une autre que vous, Rodomont votre père, pour nous éviter la peine de venir jusqu’ici avait envoyé un commissionnaire au devant de nous. Comme nous nous sommes perdues en chemin, il ne nous a pas trouvé, mais je viens de le rencontrer qui revenait, je sais ce qui en est.
momie, pleurante
Ho ! Ha ! Ho ! Il me hait.
piégrièche
Air : La chasse de Zaïde
Mon enfant,
Il faut haïr cet inconstant.
Partir dans le moment,
Sans attendre un instant.
Mépriser un impertinent,
Mon enfant,
Il faut haïr cet inconstant.
Partir dans le moment,
Sans attendre un instant,
Méprisant
L’insolent
Et dorénavant
Ne pas croire aux serments
Des amants.
Il faut armer en ce jour
Pour chasser l’amour
Qui vous a fait un si vilain tour.
Le mépriser,
Et le chasser,
Le détester
Dorénavant,
Ne pas croire aux serments
Des amants.
Elle sort.
Scène vii
Momie seule
momie
Air : Y a coup de pieds, y a coup de poings
Grands dieux ! L’ai-je bien entendu !
Ciel ! Quel malheur innatendu !
Je ne sais si je dois le croire,
D’où lui viendrait ce vertigo,
Il me prend donc pour un zéro ?
Non, c’est un quiproquo,bis
On a voulu faire une histoire.
Air : La bonne aventure
Au lieu d’un amant constant,
Je trouve un parjure,
Au lieu d’un beau compliment
Il me fait injure,
Au lieu de me marier,
Au nez l’on va me crier,
La belle aventure, au gué !
La belle aventure.
Scène viii
Agile, Momie
agile
Air : Noël suisse
Ah, ciel ! Quelle vue !
Momie en ces lieux !
Ai-je la brelue,
En croirai-je mes yeux ?
momie
Oui, monsieur, c’est moi,
Mais calmez votre effroi,
Je ne prétends pas
Faire d’embarras,
J’attends ma voiture.
agile
D’où vient ce murmure ?
momie
D’une autre figure
Vous faites grand cas,
Cela, je vous jure,
Ne me touche pas.
agile
Air : Or, dites-nous, Marie
De cette calomnie
Daignez nommer l’auteur.
momie
Après m’avoir trahie
Vous faites le moqueur,
À votre bonne amie
Allez faire la cour.
agile
Pour d’autres que Momie
Je ne sens point d’amour.
Ah ! C’est trop fort ! Que vous soyez capricieuse, cela ne m’étonne pas, mais m’accuser d’inconstance, moi ! C’est vous qui voulez changer.
momie
Air : Si jamais je prends un époux
Pouvez-vous douter de mon cœur ?
Hélas ! Vous savez s’il vous aime ?
De vous voir il fait son bonheur,
Le vôtre, hélas ! n’est pas de même.
agile
Vous tâchez de donner une bonne tournure à cela, mais le fait est que vous me détester.
Air : Le gros Lucas
Cruelle ! D’où vous vient cet air ?
Vous faites la grimace.
Il faut que vous soyez de fer,
Ou de marbre, ou de glace.
Et pour jouer l’amour jaloux,
Vous m’accusez de froid pour vous,
C’est vous, c’est vous, c’est vous,
Qui ne sentez rien de cela,
Là, là,
Oh, oh, oh, ah, ah, ah,
Regardez comme la voilà,
Là, là,
Oh, oh, oh, ah, ah, ah,
C’est un vrai rocher que cela,
Là, là,
Oh, oh, oh, ah, ah, ah,
Est-ce une femme que voilà ?
Là, là,
Oh, oh, oh, ah, ah, ah,
C’est de la neige que cela,
Là, là.
momie, l’interrompant
Ma colère, mon dépit, ma rage, ma jalousie, mes regards, ma tête évaporée, mon déraisonnement, tout vous fait voir que je ne demande pas mieux que de vous croire.
Duo
agile
Air : Le long d’un bois, Colin passait
J’aimerais mieux perdre le jour
Que d’être infidèle à l’amour,
Oui, oui, perdre le jour,
Non, sans vous je n’ai point de bonheur.
deuxcol,
agile
Oui, vous serez de mon cœur
Toujours maîtresse,
Je ne connais rien de plus doux
Pour deux amants que l’amour blesse,
Que de dire sans cesse,
Que de dire sans cesse,
Je n’aimerai que vous.
momie
Vous régnerez dans mon cœur
J’en fais promesse,
Je ne connais rien de plus doux
Pour deux amants que l’amour blesse,
Que de dire sans cesse,
Que de dire sans cesse,
Je n’aimerai que vous.
finacte
Acte ii
Le théâtre représente un jardin.
Scène i
Momie et ses femmes de chambre
chœurdefemmes
Air : Pendus
Pourquoi vous mettre au désespoir,
Serrez, serrez votre mouchoir,
Ne pleurez plus mademoiselle,
Votre amant n’est point infidèle,
Ce soir il soupera chez vous,
Demain il sera votre époux.
momie
Je n’en crois rien, on lui a dit que mon père le soupçonnait d’infidélité pour mes appas, Agile est allé lui parler, ils ont la tête près du bonnet, cela finira mal.
une femme de chambre
Air : L’Amour caché, dans un buisson
J’ai vu, l’autre jour, sur les toits,
Le chat le plus farouche.
Vint une chatte en tapinois,
Tout aussitôt l’Amour le touche,
Ce dieu séduit bergers et rois,
L’éléphant et la mouche.
chœur
Air : Pendus
Pourquoi vous mettre au désespoir,
Serrez etc.
momie
Air : Jardinier, ne vois-tu pas
À mes soupçons vainement
Vous donnez la déroute.
une femme de chambre
Agile vous aime tant
Qu’il reviendra dans l’instant.
momie
J’en doute, j’en doute, j’en doute.
Air : C’est la fille à Somonette
Mon cœur est une balance,
Pleine de crainte et d’espoir,
Plus la crainte a de puissance,
Moins l’espoir a de pouvoir.
Amour remet l’équilibre
Dans ce cœur trop amoureux,
S’il pouvait devenir libre,
Il en serait plus heureux.
Scène ii
Piégriéche, Momie
piégrièche
Air : Ah, dam’Cadet, disait Babet
Ne pleure plus ma chère enfant
Ton amant n’est point inconstant.
Oser en douter un moment,
Lui paraîtrait atroce.
Ton père à cet instant
Commande la noce.
momie
Même air
Ah ! Grands dieux ! Je rennais enfin.
piégrièche
Ton amant vient, d’amour tout plein.
momie
Malgré mes soupçons à la fin,
Mon bonheur est extrême.
Scène iii
Agile, Momie, Piégriéche, chœur
agile et momie, ensemble
Je n’ai plus de chagrin
Je vois ce que j’aime.
agile
Air : Pour voir un peu comment ça fr’a
J’amène un divertissement,
Qui, je crois, pourra vous surprendre,
Et malgré tout l’empressement,
Que je sens d’être époux et gendre,
Assoyez-vous toutes deux là
Pour voir un peu comment ça f’ra.
Taritata... allez.
Marche et combats d’ours, différents exercices de sauteurs, pirouetteurs, danseurs etc.
agile, distribue les prix
Air : Le temps passe
Toi qui tourne, tourne, tourne,
Comme un toton tourneur savant,
Je te donne un moulin à vent.
Air : Pour la Baronne
[bis]
Qu’on se prépare
À montrer son agilité,
Je donnerai, je vous déclare,
Pour prix de la légèreté
Cet oiseau rare.
chœurdefilles
Air : Il était une fille, une fille d’honneur
Les filles de la ville,
Et celles du faubourg,
Viennent pour vous faire la cour.
C’est par l’ordre d’Agile
Que nous venons ainsi,
Danser, chanter ici.
Ritournelle
Ah le charmant époux,
Il est bien fait pour vous.
Air : Toujours, il est toujours le même
Voyez cet air, il est fait tout de même,
Et l’on croirait qu’il est de l’Opéra,
Il vous enchantera,
Sa ressemblance extrême,
Au lieu de vous fâcher
Ne peut que vous flatter,
Il est charmant, il est fait tout de même.
On danse.
agile, prenant la main à ses gens
Air : J’aime le mot pour rire
coupletvaud 0
4
Chacun s’amuse à sa façon,
La mienne est de danser en rond.
Allons qu’on se démène,
Mes amis donnez-moi la main,
Et reprenez tous ce refrain
]
Chantons, dansons,
Dansons, chantons,
Célébrons notre reine.
5
On ne saurait trop la fêter,
On ne saurait trop répéter,
L’aimable souveraine,
Il faut, il faut la réjouir,
Et si cela lui fait plaisir,
]
Chantons, dansons,
Dansons, chantons,
Amusons notre reine.
6
Elle possède esprit, bonté,
C’est l’image de la beauté,
L’aimable souveraine !
Je suis comblée de ses bienfaits,
Mes chers amis, mes seuls souhaits,
C’est de pouvoir,
C’est de savoir,
Célébrez notre reine.
chœur
Chantons etc.
7
J’ose espérer que sa bonté
Pardonne si j’ai mal chanté,
Car je n’ai point d’haleine,
Mon cœur pense bien ce qu’il dit,
Mais je voudrais qu’avec esprit,
Il su chanter,
Il su fêter,
Une aussi grande reine.
chœur
Chantons etc.
chœur, en canon
Air : Si tu veux, charmante brune
deuxcol,
agile et momie, ensemble
Que nos cœurs se réjouissent,
Que les échos retentissent
Des doux sons
De nos chansons.
piégriéche et chœur, ensemble
Que vos cœurs se réjouissent,
Que les échos retentissent
Des doux sons
De nos chansons.
agile
Je crois, Mademoiselle, qu’il serait malhonnête de faire attendre plus longtemps Monsieur votre père, partons.
Scène iv
Cocasse en courant et les acteurs précédents
cocasse
Air : Vous m’entendez bien
Dût-on me pendre, en vérité,
Vous n’irez pas de ce côté,
Ô ciel ! Ô honte ! Ô crime !
piégrièche
Hé bien.
cocasse
Oui, voilà la victime
piégrièche
Je n’y comprends rien.
cocasse
Air : V’là c’que c’est q’d’aller au bois
Votre époux attend cet agneau,
Là-bas, tout près du château.
Cache-Cache tient un couteau
D’une taille énorme,
Je vous en informe,
Arrangez-vous de votre mieux.
momie, piégriéche, agile, ensemble
Ah ! Grands dieux ! Grands dieux ! Grands dieux !
cocasse
Même air
Rodomont pour cacher son jeu
Dit : c’est contre mon aveu.
Cache-Cache lui dit : Morbleu !
Vous l’avez promise,
Et puis il aiguise
Le couteau pour qu’il coupe mieux.
chœur
Ah ! Grands dieux ! Grands dieux ! Grands dieux !
chœurdepeuples
Air : Menuet
Non, non, non, non, non, non\ etc
piégrièche
Air : Tendre baiser sur bouche
coupletvaud 0
8
Pour l’égorger son père la demande,
Et ses amis n’ont pas le moindre cœur.
Mon cher Monsieur, je vous la recommande,
Soyez son dieu, son ami, son vengeur.
9
momie
Non, non, Monsieur, n’écoutez pas ma mère.
agile
Je veux, je veux prévenir ce dessein.
momie
Mais c’est mon père, à ses yeux je suis chère.
agile
Et le cruel veut vous percer le sein !
10
piégrièche
Dans vos regards je vois qu’elle est votre âme,
Vous défendrez les jours de mon enfant.
Elle sera votre petite femme,
Et vous son dieu, son mari, son amant.
11
momie
Mais, mais, Monsieur
agile
Je n’écoute personne.
momie
Sur moi, plutôt, laissez choir votre main.
piégrièche, à Agile
Allez, toujours, ma fille déraisonne.
agile
Je veux punir ce perfide assassin.
Canon à trois
Air : La femme entre deux draps
troiscol,
piégrièche
Ô ciel ! écoute-moi
Je n’espère qu’en toi.
Ciel ! Sauve-nous
De ton courroux !
Ô Dieu ! Je n’espère qu’en vous. Mais quel plaisir de voir souffrir ? Ne peut-on point vous attendrir ? Quoi ! Rien ne pourra vous fléchir Que de la voir mourir !
momie
Ô ciel ! écoute-moi
Dissipe mon effroi.
Ciel ! Sauve-nous
De ton courroux !
Ô Dieu ! Je n’espère qu’en vous. Mais quel plaisir de voir souffrir ? Ne peut-on point vous attendrir ? Ne puis-je autrement vous fléchir ? Qu’ai-je fait pour mourir ?
agile
Ô ciel ! amène-moi
Cet inhumain sans foi.
Que par mes coups,
Dessus dessous,
Je le terrasse à mes genoux. Qu’il succombe sous mon bâton, Et qu’il me demande pardon, D’avoir osé me faire affront, Et fait rougir mon front.
Ils sortent.
Scène v
Agile, Estoc
agile
Estoc, suis-moi.
estoc
De grâce, possédez-vous : si vous allez vous battre avec son père, vous la ferez crever de chagrin.
agile
Qui, moi ?
Air : Va-t’en voir s’il viennent, Jean
Cours au devant d’elle, cours,
Cours, cours ventre à terre,
Dis que je saurai toujours
Respecter son père.
Cours au devant d’elle, cours,
Ventre à terre, cours, cours.
Estoc sort.
Scène vi
Agile, Rodomont
agile
Justement, le voilà, tâchons de nous posséder.
Rodomont parle tout bas.
Récitatif obligé
agile
Je sais votre projet horrible,
Ce sacrifice est incompréhensible.
Ô ciel ! Est-il possible
Que vous soyez si peu sensible ?
Non, rien n’est plus terrible,
Et c’est inexpressible,
Bourreau, dont le cœur inflexible...
rodomont
Oubliez-vous que je suis respectable ?
Cessez ce ton déraisonnable,
Il m’est insupportable,
Il est inconcevable
Que vous fassiez le redoutable,
Petit mirmidon méprisable.
agile
Vous faites le caustique,
Tremblez, si je m’explique
D’un seul geste énergique.
Votre ton ironique
Deviendrait pathétique.
rodomont
Air : Ino met le Domino
Ne faites point le taquin,
Ni le mutin,
Je punis les méchants,
Les insolents.
Je suis bon, je suis doux,
Mais taisez-vous,
Craignez de me mettre en courroux.
agile
Je suis de mauvaise humeur
Et j’ai du cœur.
Ne croyez pas, Monsieur,
Me faire peur.
Malgré tous vos discours,
Et vos détours,
Je défendrai ses jours.
rodomont
Allons, paix.
Tous ces caquets
Pourraient bien me mettre en colère.
agile
Non, morbleu,
Non, ventrebleu,
Non, je ne veux pas me taire.
rodomont
Vous faites le raisonneur,
Le tapageur ?
Paix, paix, petit bretteur.
agile
Taisez-vous, vieux radoteur,
Redoutez ma fureur.
rodomont
Ne faites point le taquin etc.
agile
Air : Je ne veux pas rire
Avant que de percer son sein
Vous tâterez de cette main,
Ce seul mot doit vous suffire.
rodomont
Mais, mais vous voulez donc rire ?
agile, pleurant
Non, non, je ne veux pas rire, moi,
Non, non, je ne veux pas rire.
Il sort.
Scène vii
Rodomont seul
rodomont
Air : Ça fait toujours plaisir
Ha, ha, tu me menaces,
Tu fais le fanfaron,
Ton insolente audace
Va lui porter guignon.
Ta ho, mes gens... Ne venez pas.
Air : Est-il donc vrai, Lucile
Sacrifier ma fille,
Cette charmante enfant,
Ma fille si gentille
Et qui promettait tant.
La voix de la nature
Doit parler à mon cœur.
Mais souffrir une injure
Par un petit bretteur !
Air : Pour me plaire, il faut qu’un amant
Que plutôt crèvent mes enfants
Femmes, amis, parents,
Et toute la nature,
Que plutôt crèvent mes enfants.
Air : Dans ma cabane obscure
Non, je veux qu’elle vive,
Non, qu’on tranche ses jours.
L’affreuse perspective,
Les insolents discours.
Dieux ! Quelle alternative !
Ma honte ou son trépas !
Je suis sur le qui vive,
Je veux, je ne veux pas.
Air : Petite, vos talons sont bas
Je suis imbécile,
Pour des jours proscrits
Faudrait-il d’Agile
Souffrir les mépris ?
Non, non, que ma fille
Dans l’instant soit...
Air : Folies d’Espagne
Ma fille, hélas ! On couperait ta nuque,
Et ton beau sang rougirait tes habits.
Ciel ! Mes cheveux dressent sous ma perruque.
Quel trouble affreux obscurcit mes esprits.
Air : Pendus
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12
Ah ! Je tremble et je meurs d’effroi,
Cerbère s’élance après moi.
Un chien aboie.
On m’annonce au Ténare, on siffle.
Sifflet.
Odeur de souffre je renifle,
J’aperçois mes futurs tourments
Et j’entends des miaulements.
Des chats miaulent.
13
Des chats et des chauves-souris,
Quels hurlements ! Quel train ! Quels cris !
Des fourches, des dents et des griffes,
Les diables ont l’air d’escogriffes.
Je vois allumer du charbon
Pour me cuire dans un chaudron.
Air : Si le Roi m’voulait donner
Mais, cruelles déités,
Ce n’est pas ma faute.
Est-ce ainsi que vous traitez
Votre nouvel hôte ?
Je suivais l’ordre des cieux,
Il faut vous en prendre aux dieux.
Si c’est la faute des dieux,
Ce n’est pas ma faute.
rodomont, parle bas à Cocasse
Avec ma garde, Cocasse... allez.
Air : Un jour que j’avais mal chanté
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Pardonne-moi, ma chère enfant,
Tu vois que je suis repentant,
Pardonne-moi, ma chère,
J’allais ordonner ton trépas.
Hélas ! Qu’allais-je faire ? Hélas !
Hélas ! Qu’allais-je faire ?
15
L’on m’avait dit, l’on m’assurait
Que la Lune le demandait,
Et c’était pour lui plaire.
Je me mettais dans de beaux draps.
Hélas ! Qu’allais-je faire ? Hélas !
Hélas ! Qu’allais-je faire ?
Air : Ç’a n’durera pas toujours
Toi, Lune sanguinaire,
Qui compte ses repas,
Pour faire bonne chère,
Oh ! Tu ne l’auras pas.
Non, tu ne l’auras pas.\indicreprmus quatre fois
Il s’en va.
finacte
Acte iii
Le théâtre représente un appartement.
Scène i
Momie, Femmes, Cocasse
chœurdepopulace, qu’on ne voit pas
Air : Landorleti, landorleta
Donnez-nous la victime,
Nous le voulons,bis
Donnez-nous la victime
Et nous l’égorgerons.
momie
Monsieur Cocasse, on frappe à la porte, voyez qu’est-ce.
cocasse
Allons, Princesse.
momie
Vous, Mesdemoiselles, allez chez ma mère, vous lui souhaiterez bien le bonsoir de ma part et lui direz que je ne compte pas la voir de sitôt.
Les femmes sortent.
Scène ii
Agile, Momie
agile
Air : Rémouleur
Je viens ma princesse
Pour vous enlever,
Un peu de vitesse
Il faut s’esquiver,
Dans cette canaille
Mon bras fera jour
D’estoc et de taille
Jusques au faubourg
Hign, hign, hign, pan, pan, pan
Dans cette canaille
Je vous ferai jour.
momie
Air : Sur le soir, en cachette
Il faut que chacun meure,
Les jeunes et les vieux,
C’est un mauvais quart d’heure,
Mais c’est l’ordre des dieux.
De notre belle flamme
Malgré qu’ils soient jaloux
Je veux en rendant l’âme,
Encor penser à vous.
agile
Vous dites que vous m’aimez et vous voulez mourir.
momie
Partez, volez à la victoire, un peu de gloire fait aisément oublier les amours, adieu.
En lui donnant un souvenir.
Air : Jusques dans la moindre chose
Conservez dans votre poche
Le souvenir que voilà
Quelle maudite anicroche !
Qui s’attendait à cela ?
Il faut, contre mon envie,
Vous quittez, ne vous plus voir,
Les dieux demandent ma vie,
Je leur porte, adieu, bonsoir.
agile
Air : Frère Andouillard
Quoi ! Vous, mourir !
Non, cela ne peut prendre
Je veux vous défendre,
Et même périr
Afin de vous servir,
Tel qu’un lion ou tel qu’une lionne,
Qui ne craint personne,
Et pour ses petits,
Brave tous les périls.
Air : Pour héritage
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16
Avec ma hache
Je serai sans quartier,
Et Cache-Cache
Périra le premier.
Sur ce balourd,
Pour venger mon injure
Oui, l’on m’entendra, je vous jure,
Frapper comme un sourd.
17
Si votre père
Veut mettre le holà,
Dans ma colère
Il passera par là,
Oui, sous mes coups,
S’il vient, par aventure,
S’il reçoit une égratignure,
N’accusez que vous.
Il s’en va.
Scène iii
Momie, Chœur qu’on ne voit pas
momie
Écoutez donc, écoutez donc.
chœur
Air : Landorleti, landorleta
Donnez-nous la victime,
Nous le voulons,bis
Donnez-nous la victime
Et nous l’égorgerons.
Scène iv
Piégriéche, Momie et Femmes
piégrièche
Barbares, monstres, tyrans, lions, bourreaux, tigres, loups cervier, léopards, que ne venez-vous l’égorger dans mes bras ! Ah ! Ma pauvre petite.
momie
Maman !
piégrièche
Ma Momie !
momie
Puisqu’il faut que je meure, n’allez point vous exposer dans la foule, on abimerait votre robe.
piégrièche
Et que m’importe mes habits, si l’on te tue, je renonce à toute parure, car je veux te suivre.
momie
Air : Printemps dans le boccage
Vivez pour mon petit frère,
Il est gentil et doux,
il est à la lisière,
Il a besoin de vous.
De ma mort, hélas,
N’allez pas accuser mon père,
Pour ma mort, hélas,
Maman, ne le querellez pas.
Vivez etc.
chœur
Air : Landorleti, landorleta
Donnez-nous la victime,
Nous le voulons,bis
Donnez-nous la victime
Et nous l’égorgerons.
momie
Je fais attendre tout le monde, si je reste ici cela ne finira pas, d’ailleurs, on ne peut rien faire sans moi. Adieu ma chère maman, au plaisir.
piégrièche
Cruelle, tu veux que... si... ah... oui... non, ta mère... j’expire... ô ciel... ah ! ah ! ah !
Elle se trouve mal.
momie, donnant un flacon aux femmes
Quand vous jugerez à peu près que ce sera fini, vous lui ferez renifler cet Quand vous jugerez à peu près que ce sera fini, vous lui ferez renifler cet \emph alkali volatile fluore. Adieu, Mesdemoiselles.. Adieu, Mesdemoiselles.
Scène v
Piégriéche et ses femmes
piégrièche, appelant sa fille
Momie, Momie, venez ici. Je ne veux pas que vous alliez courir-là.Aux femmes qui l’arrêtent.Ah ! Vous m’empêchez de passer. C’est bon, c’est bon, je m’en ressouviendrai. Aïe, aïe, voilà la colique qui me prend, donnez-moi un fauteuil ou un tabouret.\did Elle s’assied.
Air : Qu’un conquérant
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18
Par quel hasard vois-je d’ici la place,
Ah ! Que de monde, ah ! Que de populace !
Dieux, quel plaisir peut-on prendre à cela.
Mais on demande qu’est-ce,
Chacun se presse,
Ah ! La voilà.
19
Je vois l’autel et le prêtre imbécile,
Les bras croisés, son père est d’un tranquille !
Son grand air froid me fait bouillir le sang.
Grands dieux, est-il possible
D’être insensible
Pour son enfant ?
20
Ainsi qu’à moi, malheureux, c’est ta fille,
Empêche donc qu’on ne la déshabille,
Le prêtre frappe, il lui perce le flanc,
La fille de ton maître,
Barbare, traître,
C’est mon enfant.
21
Arrête, arrête, arrête, parricide,
Tu prends son cœur et d’un regard avide,
Tu fais semblant de voir, tu ne vois rien.
À ses femmes.
Tenez-moi, car je tombe,
Ah ! Je succombe,
Tenez-moi bien.
Air : Branle de Metz
Jupiter, par un orage,
Montre quel est ton pouvoir.
Fais naître un affreux nuage,
Sur ces gens-là, fais pleuvoir,
Soleil, ne fais plus ta ronde,
Et retourne à reculons,
Cache-toi, que tout le monde,
De la tête et des talons
Soient mouillés, qu’on se morfonde,
Qu’on ne marche qu’à tâtons.
Air : Pour le sacrifice
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
piégrièche
Quelle triste chanson se fait entendre, elle me glace l’âme. Ah ! Ma fille, je vole à ton secours.
Elle sort.
Scène 6
[Prêtre, peuple, soldats, Momie]
Marche de prêtres, de populace, de soldats, chantants tous à l’unisson l’air ci-dessus
Momie est conduite à l’autel pour être sacrifiée.
Ah ! ah ! ah ! etc.
Canon
Air : Ma chemise
Lune, ô Lune, le beau temps nous ennuie,
Tu veux du sang, nous voulons de la pluie.
Scène vii
Agile en entrant, arrache Momie de l’autel
Air : Du tambourin vif
Gare, de là, gare inhumain,
Je protège sa vie.
Ose l’arracher de ma main,
Cruel, je t’en défie.
chœur
[bis]
Il faut, il faut nous la rendre,
Tâchons de la prendre,
Tâchons de la prendre.
Scène viii
Piégriéche, Agile, Cache-Cache, chœur
piégrièche
Même air
Ah ! Je te vois, ah ! Je te tiens !
Ah ! Ma fille ! Ah ! Momie !
Extermine tous ces vauriens
Agile, je t’en prie.
chœur
Il faut, il faut nous la rendre,
Ou nous allons la prendre.bis
cachecache
Votre emportement sera vain,
La lune veut sa vie,
Croyez-moi, cessez tout ce train
Et rendez nous Momie.
deuxcol,
chœur
Il faut, il faut nous la rendre,
Ou nous allons la prendre,
Ou nous allons la prendre.
Il faut etc.
agile, piégriéche, ensemble
Non, je ne veux pas la rendre
Essayez de la prendre,
Essayez de la prendre.
Non, etc.
Scène ix
Les acteurs précédents, la Lune descend du ciel
la lune
Air : Caron t’appelle,
Je suis la Lune, entends ma voix
Air : J’étais malade d’amour
La docilité de l’enfant,
La vertu de la mère,
La violence de l’amant,
La croyance du père,
Ont apaisé mon ressentiment,
Je n’ai plus de colère.
Je suis la Lune etc.
La Lune remonte.
agile, momie, piégriéche, rodomont, ensemble
Air : Le briquet frappe la pierre
Vous n’avez plus de rancune,
Ah ! Que nous sommes heureux !
Vous nous rendez tous joyeux.
Adieu, Madame la Lune,
Vous allez sans doute aux cieux,
Pour souper avec les dieux ?bis
Vous n’avez plus de colère
Et plus de ressentiments,
Cent mille remerciements.
Ah ! ah ! ah ! ah !
Ah ! Le charmant caractère !
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
Tout cela n’était qu’un jeu,
Adieu donc, Madame, adieu,
Adieu, adieu, adieu, adieu.
agile avec le chœur., ensemble
Air : C’était le soir, il faisait noir
agile
Le chant guérit de la tristesse.
chœur
Chantons, chantons.
agile
La danse annonce l’allégresse.
chœur
Dansons, dansons.
agile
Cette histoire était trop tragique.
chœur
Chantons, chantons.
agile
Et pour la rendre plus comique
chœur
Dansons, dansons
Chantons, dansons,
Dansons, chantons,
Et pour la rendre plus comique,
Sautons, dansons,
Dansons, sautons.
agile
Air : Charmante fleur
Charmant Amour, tu fais toujours des tiennes,
Jamais amant ne va droit à son but,
Tous nos plaisirs sont précédés de peines,
Tous les humains t’ont payés ce tribut.
Lorsque la foudre embrase l’atmosphère,
Un trouble affreux agite nos esprits,
Phébus reluit, la paix renaît sur terre,
Et des beaux jours nous connaissons le prix.
De l’univers telle est la loi suprême,
Nous raisonnons, rature à l’ascendant,
Nos faibles cœurs sont tous pétris de même,
Un rien nous rend gai, triste, doux, méchant.
Un divertissement général termine l’opéra.
Fin