Auteurs : | Fuzelier (Louis) |
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Parodie de : | Les Eléments de Roy et Lalande/Destouches |
Date: | 25 juin 1725 |
Représentation : | 25 juin 1725 Comédie-Italienne - Hôtel de Bourgogne |
Source : | Les Parodies du Nouveau Théâtre-Italien, t. II, Paris, Briasson, 1731 |
Vous voilà bien rêveuse, Madame la Vérité !
Écoutez, Seigneur Momus, ce n’était pas trop la peine de me tirer de mon puits, pour m’amener avec vous dans une ville où le mensonge a le haut du pavé.
Que voulez vous, charmante Vérité, Jupiter, lassé de mes plaisanteries, m’a banni du Ciel ; dès que je me suis vu sur la Terre, j’ai été vous chercher. La Vérité fut toujours l’inclination dominante de Momus.
Cette inclination-là vous a souvent été funeste. Votre exil n’en est-il pas une nouvelle preuve ?
Je ne me repentirai pas surement d’une faute qui me procure le bonheur de vous voir.
Vous auriez pu jouir de ce bonheur-là sans venir me promener dans Paris, comme si la Vérité était en pays de connaissance.
De quoi vous plaignez vous ? vous n’y avez pas été aperçue : nous avons pris la précaution de nous rendre invisibles l’un et l’autre, pour ne pas effaroucher le beau monde, et c’est ce que nous avons fait de mieux. La Vérité déplaît aux hommes quand elle se montre seule : Dieu sait comme ils la recevraient s’ils la voyaient accompagnée du dieu de la raillerie.
De grâce, où sommes-nous à présent ?
C’est ici l’endroit dont j’allais vous parler tantôt quand je me suis aperçu que Mercure nous écoutait ; car, comme bien vous le savez, nous ne sommes pas invisibles pour les dieux.
Il serait beau, vraiment, que les dieux pussent méconnaître la Vérité !
Nous voici dans un jardin de Faubourg, asile champêtre d’une société urbaine qui vient s’y divertir pendant l’été. Cette société est une espèce de salade ; il y a de la fourniture variée, des marchands, des procureurs, des poètes, des musiciens, des apothicaires, des danseurs.
Fort bien : on fait dans cette guinguette bourgeoise des parties de boule, et des soupers, et la moitié de cette société défraye l’autre.
Cela doit être. Oh çà, aimable Vérité, songez que nous pouvons nous égayer ici impunément : vous savez ce qu’il m’en coûte pour avoir pincé les dieux ; il faut nous réduire aux ridicules subalternes.
Paix ! voici sans doute deux de ces subalternes que vous demandez.
Nous pouvons les écouter sans risquer d’être vus.
Oui ; mais allons nous asseoir sur ce banc derrière la palissade ; la Vérité ne peut avoir parcouru Paris sans se fatiguer extrêmement.
Vous voyez que je chante, Monsou Cotillon.
Et moi je danse, Signor Brodanti.
Vous n’ignorez pas que je suis compositeur Italien de musique Française.
Oh ! votre réputation est fort bien établie, dans les concerts même spirituels.
Le génie de la composition ne me quitte jamais ; un jour que mon poète ne me livra pas sa fourniture de paroles, je mis en musique tout un almanach de Milan.
Et moi, la fureur du jarret me possède si fortement, que je n’ai pas voulu me donner une chaise pour aller chez mes écoliers ; je mets le temps à profit, et en dépit des charrettes et des crottes, je compose, chemin faisant, mes danses les plus érudites, dans les rues les plus embarrassées.
Avez-vous vu l’opéra nouveau ?
Oui, je l’ai vu, revu et corrigé.
Il y a de petits chants frisottés qui ne me déplaisent pas.
Oh ! pour moi j’en trouve la danse pitoyable.
Pitoyable ?
Oui, pitoyabillissime ! J’ai refait le ballet dansant des Oui, pitoyabillissime ! J’ai refait le ballet dansant des \emph Éléments dont je veux vous régaler aujourd’hui, et quelques connaisseurs de la société de ce jardin. dont je veux vous régaler aujourd’hui, et quelques connaisseurs de la société de ce jardin.
Et où prendrez-vous de quoi exécuter ce ballet ?
J’ai pourvu à tout ; mais ce n’est pas seulement à nos bourgeois que je prétends donner ce cadeau, nous aurons de plus illustres spectateurs.
Expliquez-vous.
Apprenez une grande nouvelle. Mercure, qui avait une négociation à faire dans les coulisses de l’Opéra, y a dit à un gros garçon de ses amis, que Momus était exilé du Ciel et habitant de Paris.
Gare les épigrammes.
Et que ce dieu malin avait fait partie de se trouver ici avec une jolie femme. Au nom de Momus, tous les Héros fredonnant de l’Opéra se sont communiqués leurs terreurs paniques. L’approche de la Foire Saint-Laurent leur cause de vives alarmes, de même qu’à tous les auteurs qui n’ont pas la conscience nette.
Euh ! Les pauvres Héros !
Ils ont résolu de se rendre tous ce soir dans ce jardin pour y surprendre Momus et lui demander ses sauvegardes contre l’insulte des Forains, toujours disposés à outrager les honnêtes sujets de Melpomène. Ils comptent que l’exil de Momus l’aura rendu plus souple, et par conséquent de le trouver favorable à leurs prières ; quant à moi, Signor Brodanti, je veux rendre témoin de la supériorité de mon génie, ces Messieurs des Éléments.
Si vous voulez, Monsou Cotillon, je vous seconderai dans ce generou dessein, et je vous fournirai des airs aussi sémillants que vos danses. Oh ! je veux apprendre à vos compositeurs Français à mettre leur langue en mousique ; ils ne savent pas tirer partie de la moindre voyelle.
Hom ! ne vous plaignez pas ; vous en avez déjà goûté un très grand nombre de l’uniformité de leur Lully, ils se gardent bien de le copier.
À propos de ce Louli, j’ai vou son À propos de ce Louli, j’ai vou son \emph Armide ; quelle pièce languissante ! ; quelle pièce languissante !
C’est bien comme cela que s’explique oune souite ; j’aurais fait galoper l’I, pour peindre un Héros qui s’éloigne de son amante.
Voilà ce qui s’appelle peindre la nature ! Eh bien, Seigneur Brodanti, je suis dans la danse ce que vous êtes dans la musique ; j’ai proscrit toutes ces courantes ennuyeuses, ces sarabandes soporatives qui affadissaient les bals ; et depuis que j’ai réformé mon art, la gigue et le menuet paraissent trop doucereux, on ne veut plus que la Fanatique, le Pistolet et les Rats...
C’est qu’on a du goût.
Et les sept sauts : voilà ce qui s’appelle des pas galants et fins. Il s’en va en les chantant, et les dansant. Un saut, deux sauts, trois sauts, quatre sauts, cinq sauts, six sauts, sept sauts.
Eh bien, Seigneur Momus, nous voilà découverts ?
Cela m’intrigue.
Et moi aussi.
On va mettre sur mon compte toutes les hostilités de la Foire, si je ne lui défends pas de dauber les autres Théâtres.
Et si vous le lui défendez, vous nous brouillerez avec le public.
De quoi diantre s’est avisé ce babillard de Mercure de publier mon exil et mon séjour dans ce pays-ci ?
De quoi vous embarrassez-vous ? Oubliez-vous que nous sommes invisibles ?
Non ; mais je souhaiterais fort, moi, pouvoir me mêler sans être connu, dans les conversations des originaux héroïques qu’on nous promet ici.
Eh bien, défaisons-nous de nos figures qui épouvantent les dieux et les mortels ; cachons la plaisanterie et la vérité sous des apparences stupides, car la vérité n’offense guère lorsqu’elle paraît avec le masque de la sottise ; c’est souvent la profession du railleur qui donne du crédit à une épigramme. Un trait caustique échappe à un paysan, lâché quelquefois sans réflexion, il est entendu de même ; que le même trait se trouve dans une chanson rimée, par le poète le plus mal venu des Muses, cette chanson deviendra un vaudeville.
J’entre dans votre idée, attendez un moment, vous m’allez voir bien déguisé !
Quelle métamorphose va t-il tenter ? mais songeons plutôt à la mienne..., oui... je la tiens...
Reconnaissez-vous Momus ?
Quoi c’est vous ! Je défie à présent tous les calotins de reconnaître leur patron... Attendez-moi aussi un moment... Je vais faire, comme vous, un tour derrière la palissade.
Je ressemble comme deux gouttes d’eau à l’Arlequin de la Comédie Italienne, et je gagerais hardiment que le parterre, tout fin qu’il est, y serait attrapé ; oui...Se tâtant. c’est Arlequin.
Monsieur Momus qu’en dites-vous ? me trouvez-vous la physionomie assez ingénue ?
Ouida ! mais pourtant cette ingénuité-là me paraît un peu malicieuse... et vous, regardez-moi un peu, ai-je l’air assez bête ?
Pas mal, pas mal.
Mais si notre caractère et notre esprit allaient percer à travers de nos travestissements ?
Oh ! Nous pouvons avoir du bon sens en pure perte, on n’y prendra pas garde ; nous voilà devenus gens sans conséquence ; on ne verra plus que nos habits : Çà quel nom voulez-vous vous donnez ici ?
Je m’appellerai Arlequin : cet Arlequin est ami du Signor Brodanti, mon nom autorisera mon séjour dans ce lieu-ci.
Oh ! le mien sera encore mieux autorisé ; je me nommerai Agatine, c’est le nom de la fille du concierge de ce jardin : j’ai aperçu en arrivant qu’elle s’en allait à Paris pour deux heures sans rien dire à son père, je vais lui rendre service en la représentant et l’empêcher d’être grondée : de plus, comme cette Agatine, de qui je prends le nom et la figure, entend parler sans cesse de spectacle, on sera moins étonné de mes critiques ; je passerai pour l’écho des beaux esprits de ce jardin.
Cela est doctement imaginé : je vais joindre Brodanti pour prendre langue... Adieu Agatine.
Adieu Arlequin.Momus sort. Je vais attendre de pied ferme le nouveau monde de l’Opéra, et pour augmenter ses craintes, je lui parlerai quelquefois dans l’idiome de la Foire, en vaudevilles ; il est permis à la vérité de badiner, puisqu’elle prendrait en vain un ton grave.
Air : Ne m’entendez-vous pas
On n’a qu’à jouer l’ouverture, la pièce va commencer : voilà l’Amour, il est je crois du prologueOn n’a qu’à jouer l’ouverture, la pièce va commencer : voilà l’Amour, il est je crois du prologue\footnote Note de l’édition : \og Prologue du \emph Ballet des Éléments \fg...
Moi, du prologue ! Vous vous méprenez ma mie ! quelle figure voulez-vous que l’Amour fasse dans une assemblée de parents ? À un traité de partage ?
Mais cependant, Vénus votre mère stipule pour vous.
Je ne l’ai point chargée de ma procuration.
Elle demande au destin un apanage digne d’un cadet comme vous ; elle menace fièrement l’univers d’une rechute dans le chaos.
De quoi se mêle ma mère ? D’où vient se plaint-elle de ce que je ne tiens pas mon coin dans ce prologue ? On ne voit que moi dans tous les actes qui le suivent.
Et vous n’y faites pas trop bonne figure.
Il est vrai que le chaosIl est vrai que le chaos\footnote Note de l’édition : Le Chaos ouvre le prologue des \emph Éléments. est ce qu’il y a de mieux représenté dans la Pièce, il y fournit un bon morceau de décoration. est ce qu’il y a de mieux représenté dans la Pièce, il y fournit un bon morceau de décoration.
Air : Comme un Coucou que l’Amour presse
Adieu ma bonne fille, j’ai une petite affaire à terminer dans un cabinet de ce jardin.
Vous ?
Oui, moi : la voilà bien étonnée ! N’est-il pas bien surprenant que l’Amour ait affaire dans une guinguette ?
L’Amour quitte l’Opéra pour venir à la guinguette ; eh, mais, ce n’est pas là trop blesser l’unité du lieu... Oh ! Oh ! J’aperçois IxionL’Amour quitte l’Opéra pour venir à la guinguette ; eh, mais, ce n’est pas là trop blesser l’unité du lieu... Oh ! Oh ! J’aperçois Ixion\footnote Note de l’édition : Ixion, première entrée du \emph Ballet des Éléments. qui vient des premiers implorer l’appui de Momus. qui vient des premiers implorer l’appui de Momus.
Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui
Ouais, on dirait que cette paysanne-là soit initiée dans les mystères d’Ixion !
Oh que oui : je vous ai vu à l’Opéra, vous y tombiez des nues.
Que voulez-vous dire ? Jupiter se prend d’amitié pour moi sans qu’on sache comment il me donne un couver à sa table, je deviens son favori...
Et amoureux de sa femme : voilà comme on dit que cela arrive toujours.
Je ne dis pas cela.
Çà non ! vous faites bien le discret ! Tenez, cela ne vous sied pas trop sur le Théâtre chantant, mais encore moins ici. Seigneur Ixion, vous pouvez vous dispenser de feindre, car nous n’avons pas de Mercure pour vous tirer les vers du nez sur le chapitre de Junon.
Monsieur le commensal de Jupiter, on vous connaît. Le tonnerre ne vous effraie pas et vous voulez aller brusquement.
Je ne saurais plus me contraindre ; oui, j’aime Junon, et Jupiter s’en fâche fort mal à-propos : il ne devrait pas refuser un présent Lazzi des cornes. qu’il a fait à tant de maris.
Jupiter a tort.
Et Junon aussi : ne devrait-elle pas saisir avidement l’occasion de se venger des infidélités de son mari ?
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Ce qui me réjouit dans mon rôle, c’est que je meurs du moins rival de Jupiter.
Oui, cela vous rend la jambe bien mieux faite, de pouvoir vous vanter à Jupiter, des projets que votre tête avait formés contre la sienne, et cela dans le moment où vous devez être assommé et avoir perdu la parole du coup de tonnerre qu’il vous a lâché.
Jupiter aurait bien pu se passer de venir faire avec moi cette mauvaise scène-là.
Si cette scène-là est mauvaise, du moins n’est-elle pas longue.
Air : Ces belles sont si sottes
Allons chercher Momus et laissons cette petite mijaurée-là qui avec un habit de villageoise s’ingère de raisonner.
Ixion n’a jamais tant mérité d’être foudroyé que depuis qu’il se montre à l’Opéra !
Ah ! voici ArionAh ! voici Arion\footnote Note de l’édition : seconde entrée du \emph Ballet des Éléments...
Air : Ah ! mon bon laboureur
Air : M. Lapalisse est mort
Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui
Oh ! Momus est un dieu auprès de qui les bémols n’ont pas un grand crédit.
Ah ! S’il m’avait vu dans mon triomphe !
Air : Ah ! vous avez bon air
C’est ce que chantaient les sirènes à mon arrivée ; Leucosie disait à Doris en me montrant du bout du doigt :
Air : Car je l’ai pris pour mon valet
Tredame ! Seigneur Arion, ne vous baillez pas tant de l’encensoir par le nez, et éclaircissez-moi sur un petit rien qui m’embarrasse. On dit, comme cela, que dans un certain Ovide qui a conté votre histoire, cette histoire est claire et simple ; des matelots intéressés vous jettent dans la mer, un dauphin vous reçoit et vous porte au rivage : mais à l’Opéra vous débarquez au palais de Neptune qui régulièrement doit être situé au fond de la mer : comment ajuster cette position-là avec le naufrage de votre vaisseau qui se passe au fond du théâtre, et qui, si le palais de Neptune est à sa place, doit se passer sur le cintre ?
Air : Ta la leri, ta la leri, ta la lerire
Je peux garantir son mérite, car elle m’a valu bien de l’argent chez Périandre.
Air : Tout cela m’est indifférent
Un maître à chanter qui se borne à la musique ! Voici un prodige plus étonnant que votre dauphin.
Périandre payait les bons musiciens comme s’ils avaient été des confidents.
Il faut que vous ayez bien accumulé dans cette Cour, puisque votre bourse a pensé vous coûter la vie ?
Air : Tout cela m’est indifférent
Oh ! Il y a des musiciens riches autre part qu’à Corinthe.
Ne parlons plus que de votre dignité nouvelle ; le dieu des eaux votre père vous a légitimé un peu tard la vérité, mais vaut mieux tard que jamais. Neptune aurait pu dispenser son fils de subsister si longtemps par le secours de son violon ; apparemment il vous fallait un naufrage pour arriver à son palais, vous avez du être bien saucé avant que de toucher le loquet de la porte.
En vérité je n’y ai point pris garde.
Air : Ô reguingué
Je vous en offre autant.
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Air : Zon zon zon
Mais quelle beauté amène ici Momus avec tant de politesse ?
Holà Agatine ! Voici une dame Romaine qui cherche Momus...
Eh ! c’est la Vestale ÉmilieEh ! c’est la Vestale Émilie\footnote Troisième entrée du \emph Ballet des Éléments ! !
Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui
Quoi, Madame !
Air : Ton humeur est, Catherine
C’est notre destin ; nous ne pouvions être reçues que depuis l’âge de six ans jusqu’à dix dans le temple de Vesta ; ensuite, nous étions obligées de servir la déesse pendant trente années, et toujours filles...
Toujours filles ! cela n’est pas naturel.
Mais, belle Émilie, savez-vous bien qu’on a fort blâmé l’impatience de Valère votre amant, qui après avoir eu le loisir de vous conter ses feux pendant plus d’un quart de siècle, ne peut résister à la tentation de vous dérober un entretien la veille du jour où vous devez sortir de votre retraite, et qui plus est, où il doit vous épouser ? ... N’est-il pas joli que le seigneur Valère, qui doit avoir au moins la cinquantaine, montre pour se marier à une fille de quarante ans, des vivacités de petit-maître, et vous expose par son étourderie à être enterrée toute vive ?
Enterrée toute vive ! Cela n’est pas divertissant.
Effectivement, vous avez bien de l’obligation à votre Valère, de vous mettre dans un si grand danger, et de vous surprendre pendant la dernière nuit de votre continence, pour ne passer cette nuit périlleuse qu’à vous entendre réciter des songes.
Vous auriez bien mieux fait de souffler le feu sacré ; oh ! si j’avais été votre amant, moi,
Air : Gardons nos moutons, lirette, liron
Dès que le feu sacré fut éteint, j’entendis le chœur des vestales chanter en parlant de moi.
Air : Vous en venez, [vous en venez]
C’était jalousie de métier.
L’amour m’avait jeté dans le péril, mais il a su m’en tirer fort à propos.
Air : Lanturelu, lanturelu
Air : Ma raison s’en va bon train
Comment donc ? sans son arrivée imprévue, non seulement j’allais être enterrée toute vive, mais mon fidèle Valère serait mort sous des coups de verges. C’est le supplice ordonné par la loi contre les galants heureux des vestales.
Ma foi, indépendamment de la loi, la sotte démarche du seigneur Valère méritait bien le fouet.
Allez, croyez-moi encore, ne cherchez pas davantage Momus, les rieur ne sont pas pour vous.
Air : Je suis la fleur des garçons du village
Vous voyez, Momus, l’heureux effet de notre déguisement ; on tremblerait devant la Vérité, on rit d’Agatine.
Et je ris moi, des terreurs paniques de ces échappés de l’Opéra.
Qu’entends-je ? que nous annonce cette rauque musique ?
Je cherche Momus, je cours...
J’ai cru que vous couriez le cerf ; dites-moi, dieu des forêtsJ’ai cru que vous couriez le cerf ; dites-moi, dieu des forêts\footnote Note de l’édition : Pan, quatrième entrée du \emph Ballet des Éléments., vous n’allez donc jamais sans votre meute ?, vous n’allez donc jamais sans votre meute ?
Assurément.
Air : Avec ma trompe, je réveille Catin
Air : Tonrelon tonton
Connaissez-vous Pomone ?
Et oui, nous la connaissons, elle n’aime pas les chasseurs.
Le dieu des richesses, Plutus, n’en est pas mieux traité que moi, elle nous préfère Vertumne, un simple dieu du jardinage.
Préférer un jardinier à un mississipien ! Cela est-il pardonnable ? Pomone prouve bien par là qu’elle n’est qu’une divinité de campagne.
Air : Bannissons d’ici l’humeur noire
Adieu mes enfants : je ne serai pas tranquille que Momus ne m’ait donné une sauvegarde signée de sa main.
Fin de l’air : 135
Allez, Seigneur Pan, cherchez bien Momus, il n’est pas loin d’ici.
Il me semble que les éléments de l’Opéra se trouvent fort dérangés !
Air : Tout cela m’est indifférent
Mais j’aperçois Monsieur Cotillon.
Oh çà, mes enfants, nous allons répéter notre divertissement. Signor Brodanti, songez à votre affaire ; Brodanti donne un papier à Momus et à la Vérité mais il nous faudrait Monsieur Lourdandin.
Qui est-ce Monsieur Lourdandin ?
Peste ! c’est un homme de goût, un bon drapier qui m’habille...
Et que vous payez en entrechats bien trébuchants.
Ecco il Signor Lourdandin.
Serviteur, allons, mes amis, chantez et dansez, donnez-moi de la réjouissance, et moi je vous donnerai la collation.
Au moins nous sommes du ballet, Agatine et moi...
Tant mieux pour vous.
Holà Messieurs du Ballet, avancez !
Monsieur de Cotillon, qui sont ces quatre personnages qui se tiennent si étroitement sous les bras ?
Ce sont les quatre éléments du ballet nouveau dans leurs habits d’ordonnance, et accouplés suivant les rapports qu’ils ont ensemble. Approchez-vous autres ; L’Air et la Terre avancent ensemble vêtus pesamment ; l’Air n’est distingué que par un moulin à vent sur la tête. Tenez, mon cher Monsieur Lourdandin, et jugez si je sais assortir mon monde : voilà l’Air et la Terre aussi lourds l’un que l’autre, pour acquiescer au système de la pesanteur de l’Air, et ces deux-ci sont l’Eau et le Feu...
Le Feu est vêtu de glace !
C’est que le Feu et l’Eau de nouvelle création, sont aussi gelés l’un que l’autre. Ô çà, voici la suite des éléments qui est bien mieux caractérisée que sur le Théâtre lyrique. Voici pour la Terre des jardinières et des carriers ; pour l’Air, des souffleurs d’orgue ; pour le Feu, des boulangères ; car le réchaud de Vesta ne vaut pas certainement le four d’une Boulangère ; et pour l’Eau, enfin, des jeunes porteuses d’eau avec deux brigadiers de la compagnie des pompes.
Voilà ce qui s’appelle un ballet bien imaginé ! Les couplets de l’Opéra-Comique n’y mordront pas. Oh ! le friand morceau.
Air : Le Mirliton
Allons Messieurs de l’orchestre, à vous !
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