Auteurs : | Laffichard (Thomas) |
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Parodie de : | Naïs de Cahusac et Rameau |
Date: | 1749 |
Source : | ms. BnF, fr. 9321 |
Air : Au bord d’un clair ruisseau
Il faut avouer que Nanette, quoique simple blanchisseuse, est une beauté parfaite : ce sont des traits, des yeux, une bouche... ah ! Quelle bouche ! L’as-tu vue ?
Pas encore, mais vous m’en avez souvent parlé. Je suis surpris, entre nous, que le fils unique d’un gros marchand de marée, bon
bourgeois de Paris, et quasiment marguillion, se soit affolé d’une pauvre blanchisseuse.
Tais-toi, la beauté surpasse tous les rangs.
Air : Jus d’octobre
Air : De tous les capucins du monde
J’en rougis ; mais, que veux-tu ? Je crains,
en me faisant connaître, de déplaire à la souveraine de mon cœur ; et ce n’est encore qu’en tremblant que j’emploie une ruse usée pour découvrir si je suis aimé. Sous cet habit de porteur d’eau, je me flatte que ma bonne mine décidera Nanette en ma faveur... Je l’entends qui vient ici laver son linge ; tu vas être enchanté.
Air : Ils sont chus dans la rivière
Ah ! Quel gosier ! Qu’elle chante légèrement ! Il faut qu’elle ait appris la musique.
Air : Je ne sais point le rire
Tu l’as vue, tu viens de l’entendre, qu’en penses-tu ?
Ma foi, c’est une jolie fille, qui doit savoir savonner bien proprement.
La première fois que je la vis, elle chantait dans ces beaux lieux : je me présentai, le trouble que ma vue lui causa accru encore l’éclat de sa beauté.
Cela va sans dire ; une belle qui rougit tient son fard de la nature.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Mais têtebleu, je me rappelle que je la connais ! Elle est la fille d’un vieux pêcheur nommé Barnabas, qui en sait plus d’une nichée et qui dit la bonne aventure tout aussi bien que feu Calchas.
Paix, paix, je la vois qui revient ici, retirons-nous pour faire durer l’acte un peu plus longtemps.
Air : Pour voir un peu comment ça f’ra
Belle blanchisseuse de mon cœur, je vole sur vos talons, et c’est l’amour qui me met le feu sous le ventre.
Air :
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Je vois bien que vous me méprisez, et c’est Poitevin qui en est cause : je m’en vais ; je ne suis point curieux de chanter avec lui.
Vous avez raison. Quand vous chanterez les charmes de votre maîtresse, ne les chantez
jamais en chœur avec votre rival, mais tête à tête avec elle.
Air : Toujours va qui danse
Qu’on se retire : j’ai quelque chose à communiquer à la belle Nanette. Obéissez, et ne me forcez pas à vous faire voir de quel bois je me chauffe... Partez... Si je prends mon cordon...
Ah ! Ne me suivez point.
Laissez-moi donc marcher devant.
Le Divin Barnabas, ou plutôt mon bonhomme de père, demeure dans ce riant séjour, où il jouit, malgré le poids énorme de ses années, des doux loisirs, d’une paisible vie.
Je sais que c’est un vivant qui en sait long. Du sombre avenir le voile ténébreux devant lui tombe ou se déchire, c’est tout un. La nature et le sort s’amusent en badinant à l’instruire des prodiges secrets qu’il cache même aux dieux qui savent tout.
Air : La ceinture
Qu’aurais-je à craindre de votre cœur et de vos yeux ? L’un et l’autre ne sont pas méchants.
Ciel ! Qu’entends-je !
Air : Comme un coucou
Air : Entendez-vous le bruit de armes
Ah ! Ma flamme...
Croyez-moi, quittez ces lieux...
Quoi ! Sans savoir...
Allez vous-en. Que dirait-on d’une honnête blanchisseuse, si on la voyait jaser familièrement avec un porteur d’eau, dont la bonne mine... adieu.
Air : Non, je ne ferai pas
Les rapides traits de flamme qui triomphent malgré nous, Amour, sont de fort belles choses.
Je suis jaloux c’est un fait, et ma jalousie doit vous inquiéter.
Air : Menuet d’Hésione
Air : Menuet de Grandval
Croyez-moi, cessez d’être jaloux, vous ferez bien, car je m’aperçois que cela vous enrhume et consultez Barnabas, avec Poitevin et Tourangeau ; l’heureuse le sera.
Soutenez ma vieillesse ma fille.
Air : Que faites-vous, Marguerite
Je sais expliquer le chant des moineaux ; c’est un beau talent que celui-là. Messieurs vous aimez ma fille Nanette, vous faites bien, elle est faite pour cela, mais, par malheur
pour vous, elle est aimée d’un fort gros monsieur, puisqu’il a plus de moyen qu’il ne lui en faut pour avoir carrosse.
Ah ! Que dites-vous là, mon père ?
De grandes vérités. Petits oiseaux, qui dormez sous ce vert feuillage, éveillez-vous, chantez mélodieusement... Chant d’oiseaux. Dites-nous en langage inintelligible que Nanette est aimée de Polichinelle. Bonsoir.
Air : Bouchez, Naïades, vos fontaines
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Doux moments, hâtez vous de venir, je suis impatient de lui découvrir l’amour que je sens pour elle. Si ma voix était plus brillante, je ferais un plus beau monologue. Mais, parbleu, que je suis aise, sans savoir pourquoi ! Je n’entends point encore sa belle voix. Ah ! Mon cœur me l’annonce ; elle vient, je la vois.
D’où vient, avez-vous le teint si blême ?
Air : Je suis un précepteur d’amour
Que tous les polissons me déclarent la guerre, je ne crains que votre tiédeur. Vainement le grand turc viendrait ici, armé de son redoutable cimeterre, pour me disputer votre cœur.
Belle gasconade ! Que pourrez-vous contre des ennemis plus traîtres que courageux ? Partez... éloignez vous, jeune homme, hélas ! Quel fiacre dans ce voisinage, a pu guider vos pas ?
Air : Non, je ne ferai pas [ce qu’on veut que je fasse]
Hélas ! Monsieur, les plus douces chaînes coûtent des pleurs et des soupirs ; l’amour n’offre à nos cœurs que de doux moments, mais il est toujours accompagné de chagrins.
Ah ! Le voilà, le voilà, là !
Que diable signifient ces cris enroués ?
Eh ! C’est le signal du carnage.
Air : Ô reguingué, ô lon lan la
Avouez que j’ai bien du bonheur de ce que le machiniste a bien fait.
La rivière en fureur vient de m’annoncer tous les malheurs ensemble.
Tout cela n’est qu’un jeu.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Allez vous-en, séparons nous pour ne nous voir jamais.
Armez-vous de rigueur, ôtez moi jusqu’au moindre espoir, mais laissez moi la douceur de vous voir.
Air : Dans un bois solitaire et sombre
Dieux ! Quel mélange de tendresse, de vigueur et d’effroi !
Je ne dois plus vous le cacher, craignez Polichinelle, c’est le redoutable fils d’un marchand de marée, un des plus cossus qui soit à Paris.
Vous craignez Polichinelle et c’est lui qui vous aime : pouvez-vous trembler encore ?
Quoi ! Monsieur, à mon cœur vous pourriez aspirer ?
Brouetteur, avancez et conduisez nous en triomphe dans la maison de mon papa.
Ah ! Quel honneur pour moi !
Air : Mirliton
Air : À la baronne
Air : On n’aime point dans nos forêts
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