Alain-René Le Sage
Télémaque
Parodie de Télémaque, pièce d’un acte
Représentée à la Foire de Saint-Germain 1715 avec La Ceinture de Vénus
1715
Le Sage et d’Orneval, Théâtre de la Foire ou l’Opéra-Comique, Paris, Ganeau, 1721
Acteurs
Calypso, reine de l’Ile d’Ogygie
Eucharis, princesse de Crète : Arlequin
Cléone, confidente d’Eucharis
Télémaque, prince d’Ithaque
Idas, son Gouverneur
Minerve : Pierrot
Troupe de Sacrificateurs
Troupe de Démons
Capitaine Grec : Scaramouche
Soldats Grecs
Deux Gilles, en Zéphyrs
Gardes
La scène est dans l’Île d’Ogygie.
Télémaque
Le théâtre représente la mer. L’orchestre joue l’ouverture, et ensuite la tempête d’Alcione, pendant laquelle on voit deux vaisseaux que la mer agitée bat. Ensuite on entend des voix confuses, des cris d’hommes. Et un moment après paraît Eucharis représentée par Arlequin. Elle a un mouchoir à la main.
Scène i
Eucharis seule, après avoir regardé de tous côtés les vaisseaux agités de la tempête
eucharis
Air : Folies d’Espagne
Ô malheureux ! vous, qu’un orage horrible
Livre aux fureurs de la mer en courroux,
Sachez, hélas ! Qu’un tendron trop sensible
Se trouve encore plus en danger que vous.
Scène ii
Eucharis, Cléone
Cléone
Air : Quand je tiens de ce jus d’Octobre
Tandis que sur notre infortune
La reine avec tous ses sujets
Au temple interroge Neptune,
Vous cherchez, vous, des lieux secrets.
Même air
Eucharis évite Cléone !
Elle vient ici soupirer.
eucharis
Il est un autre dieu, ma bonne,
Qu’en ces lieux je viens implorer.
Cléone
Air : Comme un coucou que l’amour presse
Un autre dieu ! Ciel ! Quel langage !
eucharis
Il est temps de t’ouvrir mon cœur.
Tu sauras que j’aime à la rage...
Cléone
Qui ? Nommez-moi votre vainqueur.
eucharis
Air : Branle de Metz
Vainement mon âme fière
Contre lui veut tenir bon.
C’est un petit Cupidon,
Une fac printanière.
Je n’en dirai pas le nom.
Une figure écolière.
Je n’en dirai pas le nom.
Cléone
Je devine ce mignon.
Même air
C’est cet étranger, je gage,
Que nous voyons à la Cour,
Qui sur ces bords l’autre jour
Avec ses gens fit naufrage.
eucharis
C’est lui-même justement.
Cléone
Fi, Princesse ! Êtes-vous sage,
D’avoir pris si brusquement,
Peut-être un indigne amant !
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Fille du grand Idoménée,
Songez-vous que vous êtes née.
Princesse, pour un autre époux ?
Un Inconnu ! Dieux ! Quelle honte !
eucharis
Oh ! J’en rougis ; mais, entre nous,
Je l’aime toujours à bon compte.
Cléone
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Taisez-vous. J’aperçois la Reine.
Elle s’avance vers ces lieux.
Sous le nom d’Eucharis, sans peine,
Vous tromperez toujours ses yeux.
Scène iii
Eucharis, Cléone, Calypso
calypso
Air : Ho, ho ! Tourelouribo
Le grand dieu Neptune est en colère ;
Ho, ho !
Tourelouribo.
Rien ne peut le satisfaire :
Ho, ho !
Tourelouribo :
C’est un terrible compère :
Ho, ho, ho !
Tourelouribo.
eucharis
Air : Ne m’entendez-vous pas
Quoi, dans son fier courroux
Neptune persévère !
Cléone
Que prétend-il donc faire ?
Quoi, dans son fier courroux\footnote Vers de l’Opéra.
Veut-il nous noyer tous ?
calypso
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Il m’a fait entendre mon crime ;
Lui-même il vient de me parler :
Mais il demande une victime
Que je ne puis plus immoler.
Air : Menuet de Monsieur de Grandval
Vers, a-t-il dit le sang d’Ulysse.
De ce sang coupable à ses yeux
Comment lui faire un sacrifice ?
Ulysse n’est plus dans ces lieux.
eucharis
Air : Bouchez, Naïades, vos fontaines
Ulysse a donc vu ce rivage ?
calypso
Quelques jours avant ton naufrage
Il venait d’en partir, hélas !
Dès ce temps-là, faisant le diable,
Neptune voulait son trépas ;
Mais j’eus pitié du misérable.
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Je fis équiper un navire,
Où je l’embarquai, sans rien dire :
Ainsi s’en alla ce Héros.
N’étais-ce pas bien de le défendre
De la fureur du dieu des flots ?
Cléone
Vous ne pouviez mieux vous y prendre.
calypso
Air : Cap de Bonne-Espérance
Voilà ce qui nous attire
Un si cruel châtiment ;
Le dieu de l’humide Empire
Se venge présentement.
Il a rempli d’eau mon île :
Nous allons tous faire gille ;
Car même dans mon palais
On en a eu jusqu’aux jarrets.
Cléone
Air : Ma Commère, quand je danse
Franchement, le dieu Neptune
Me paraît un peu brutal.
eucharis
Il a bien de la rancune.
Cléone
Au diable soit l’animal.
Il a gâté
Nos potagers.
eucharis
Tout culbuté
Dans nos vergers.
eucharis et cléone ensemble., ensemble
Franchement, le dieu Neptune
Me paraît un peu brutal.
calypso
Air : J’entends déjà le bruit des armes
Pour l’apaiser que dois-je faire ?
L’Enfer peut me le révéler.
Mon art est si nécessaire :
À mes démons je vais parler.
Allez. Respectez un mystère,
Qu’aucun mortel ne doit troubler.
Scène iv
Calypso seule
calypso
Air : La jeune abbesse de ce lieu
Démons à mon pouvoir soumis,
Sortez de la nuit éternelle,
Venez à ma voix, mes amis :
C’est Calypso qui vous appelle.
Suspendez les horribles tourments
Des procureurs et des exempts.
Scène v
Calypso, quatre Démons
un démon
Air : Voulez-vous savoir qui des deux
Qu’attends-tu notre secours ?
Parle. Nous te servons toujours.
calypso
Neptune ordonne un sacrifice.
le démon
Dresse l’autel, fais ton devoir.
calypso
Mais ce dieu veut le sang d’Ulysse :
Ce sang n’est plus en mon pouvoir.
le démon
Air : Quand je tiens de ce jus d’Octobre
Le soin de trouver la victime
Ne te doit point embarrasser ;
Neptune y va pourvoir.
calypso
Sans crime
Je ne puis donc plus balancer.
Calypso se retire, et les démons disparaissent.
Scène vi
Télémaque, Idas\footnote Comme dans l’Opéra \emph Télémaque paraît trop légèrement vouloir mourir pour son père, l’auteur de la parodie a donné à ce jeune Prince le caractère d’un innocent.
Air : Menuet d’Hésione
La verte et bouillante jeunesse
N’écoute guère les leçons ;
D’un précepteur plein de sagesse
Les discours ne sont que des chansons.
Même air
Je vois le désir qui vous presse ;
Vous cherchez des yeux Eucharis.
Triomphez de votre faiblesse.
Télémaque
Je le voudrais ; mais je ne puis.
idas
Air : Mon père, je viens devant vous
Minerve pour vous a fait choix
D’une jeune et belle Princesse
Fille du grand Roi des Crétois,
Antiope est votre maîtresse.
Je vous l’ai déjà dit, mon fils.
Cessez donc d’aimer Eucharis.
Télémaque
Air : Lampons, lampons
De quoi se mêle Pallas ?bis
Oh ! son choix ne me plaît pas !bis
Que sais-je, son Antiope
Est peut-être une salope.
idas
Non, non, non, non,
Télémaque, non, non.
Télémaque, riant
Air : Je reviendrai, demain au soir
J’aime beaucoup mieux Eucharis.
idas
Tant pis, morbleu, tant pisbis
Je la vois qui vient dans ces lieux.
Télémaque
Tant mieux, morbleu, tant mieux.bis
Scène vii
Télémaque, Idas, Eucharis, Cléone
eucharis, à Télémaque
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Enfin, le Ciel vous est propice,
Jeune étranger, consolez-vous.
Neptune ordonne un sacrifice,
Qui va désarmer son courroux.
Cléone
Air : La bonne aventure, ô gué
Vous partirez de ces lieux
Bientôt, je vous jure.
Télémaque, sautant de joie
Ah, vraiment, j’en suis joyeux.
Vous me suivez toutes deux.
La bonne aventure, ô gué,
La bonne aventure !
Cléone
Même air
Ce parti, nous l’avouerons,
Nous flatte, et nous pique ;
Mais sachons où nous irons.
idas
Allez, nous vous conduirons
Droit à l’Amérique, ô gué,
Droit à l’Amérique.
Cléone, à Idas
Air : Les Feuillantines
Taisez-vous vieux précepteur,
Radoteur.
Voyez un peu ce docteur.
Oh ! Vous n’êtes, mon aimable,
Qu’un pédant \ibis\ indécrottable.
Télémaque
Air : Réveillez-vous, belle Endormie
Nous irons à l’île d’Ithaque ;
Mon père en est le souverain :
Je suis le Prince Télémaque ;
Et je vous offre ici ma main.
eucharis, troublée
Air : Monsieur La Palisse est mort
Ô Ciel !
Cléone, troublée aussi
Ô dieux !
Télémaque, étonné
Qu’avez-vous ?
eucharis
Fuyez cette Cour barbare ;
Fuyez Neptune en courroux,
Et le coup qu’on vous prépare.
Télémaque
Comment donc ?
Cléone
Même air
Le dieu des Mers furieux
Aujourd’hui veut qu’on répande
Le sang d’Ulysse : Grands dieux !
C’est le vôtre qu’il demande !
Télémaque
Air : Or, écoutez, petits et grands
Oh ! je le donne de bon cœur !
Le trépas ne me fait point peur :
Je vais apaiser la colère
Du dieu contre mon pauvre père.
eucharis
Vous ferez plutôt beaucoup mieux
De vous éloigner de ces lieux.
Télémaque, d’un air brusque
Non. Je veux mourir pour mon père.
eucharis
Air : Pierr’ Bagnolet
À vous immoler pour un père
Qui vous oblige, s’il vous plaît ?
Cléone
Quoi, sans qu’il soit nécessaire,
À mourir vous voilà tout prêt,
Petit benêt,
Petit benêt.
eucharis
À vous immoler pour un père
Qui vous oblige, s’il vous plaît ?
Télémaque
Air : Je veux boire à ma Lisette
Hélas ! Voyez-vous, Ulysse
Peut-être est prêt à périr !
Cléone
Oui, peut-être... le Jocrisse !
Dans ce doute il veut mourir.
Télémaque
Hélas ! Voyez-vous, Ulysse
Peut-être est prêt à périr !
Cléone
Air : Ô gué, lon la, lan laire
De quelle vaine crainte,
Prince charmant,
Votre âme est-elle atteinte
Dans ce moment ?
Minerve toujours défendra,
Votre bon Papa,
Et vous le rendra.
Ô gué lon la, lan laire,
Ô gué lon la.
Télémaque
Air : Laire la, laire lan-aire
Vous direz ce qu’il vous plaira ;
Ho bien, tenez, malgré tout ça,
Moi, je veux mourir pour mon père.
Cléone
Laire la,
Laire lan laire,
Laire la,
Laire lan la.
eucharis
Air : Ma mère, mariez moi
Mes pleurs ne t’arrêtent pas !
Hé bien, cours donc au trépas :
Mais, avant que de périr,
Puisque rien, cruel, ne peut t’attendrir,
Mais, avant que de périr
Viens voir Eucharis mourir.
Elle s’en va.
Télémaque, à Idas, sur le ton du pénultième vers
Courons après elle, Idas.
idas, l’arrêtant
Elle ne se tuera pas.
Télémaque lutte avec Idas qui veut le retenir. Il le culbute et court après la Princesse. Idas tout éclopé suit les traces de Télémaque.
Scène viii
Calypso, Troupe de Sacrificateurs, Gardes
Il sort de dessous le théâtre un autel.
calypso
Air : Quand le péril est agréable
Grand dieu, vois mon obéissance ;
J’ai fait élever cet autel :
Mais j’ignore, hélas ! quel mortel
Doit remplir ta vengeance.
un sacrificateur
airopera, Parodié
Ô, puissant dieu des écailles,
Grand Neptune, exauce-nous !
Laisse amollir tes entrailles ;
Cesse d’inonder nos choux.
un autre sacrificateur
Air : Dedans nos bois, il y a un hermite
Nous sommes prêts d’expier notre crime ;
Amenez-nous ici
Dans ce moment la coupable victime,
Dieu puissant...
Scène ix
Les acteurs de la scène précédente
Télémaque, arrivant brusquement, et mettant la main sur l’autel, continue l’air commencé
La voici :
Que de mon sang votre couteau rougisse :
Je suis le fils d’Ulysse, moi
Je suis le fils d’Ulysse.
calypso, étonnée
Air : Monsieur Charlot
Que vois-je, ô dieux !
La brillante figure !
Ah ! Cette neuve allure
Charme mes yeux !
Qu’il est joli !
Qu’il est gentil !
Il ressemble à son père, on dirait que c’est lui.
Qu’il est joli !
Qu’il est gentil !
Il ressemble à son père, on dirait que c’est lui.
un sacrificateur, levant le bras pour frapper la victime
Air : Menuet d’Hésione
Frappons. Il est temps qu’il périsse.
calypso, arrêtant le bras du sacrificateur
Oh ! tout beau. Suspendez vos coups.
Télémaque, à Calypso
Pourquoi différer mon supplice ?
Je veux mourir, entendez-vous.
Le sacrificateur lève encore son couteau sur Télémaque.
calypso, arrêtant encore le bras du sacrificateur
Air : Turlututu, rengaine
Turlututu, rengaine, rengaine, rengaine,
Turlututu, rengaine, rengaine ton couteau.
Air : Je reviendrai demain au soir
Augmente, si tu veux nos maux,
Barbare dieu des eaux ; bis
Pour moi, je ne souffrirai pas
Cet injuste trépas. bis
le sacrificateur
Air : Quand je tiens de ce jus d’Octobre
Ah ! Quel effort illégitime !
Craignez un courroux trop puissant.
calypso
Par là, j’épargne aux dieux un crime ;
Et sauve ce pauvre innocent.
Air : Menuet de Monsieur de Grandval
Retirez-vous, troupe inhumaine.
le sacrificateur
Vous bravez donc un immortel ?
calypso
Obéissez à votre Reine,
Et que l’on m’ôte cet autel.
Les sacrificateurs et les gardes se retirent.
Scène x
Calypso, Télémaque
Télémaque, d’un air mortifié
Air : Faire l’amour, la nuit et le jour
Vous m’avez empêché
De mourir pour mon père.
calypso, lui passant la main sous le menton
N’en soyez point fâché ;
Prince, il vaut bien mieux faire
L’amour
La nuit et le jour.
Air : Quel plaisir de voir Claudine
Un beau destin vous appelle,
Si vous voulez être heureux.
Ne suis-je pas assez belle
Pour former d’aimables nœuds ?
Scène xi
Calypso, Télémaque, Cléone
Cléone
Air : Quand le péril est agréable
Ce jour finit notre infortune.
Qu’ici règnent les jeux, les ris.
Le Prince d’Ithaque soumis,
A désarmé Neptune.
calypso
Air : Lon lan la, derirette
Ô l’agréable changement !
Je ne crains plus présentement,
Lon lan la, derirette.
Pour tous les jours de mon cher ami,
Lon lan la, deriri.
Télémaque
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Neptune a calmé sa colère ;
Il a reçu mes tendres vœux :
À mes soins s’il rendait mon père,
Je serais encor plus heureux.
calypso
Air : Je veux boire à ma Lisette
Prince, vous songez sans cesse
Au cher auteur de vos jours.
Télémaque
Hélas, oui ! je le confesse.
Tenez. J’y pense toujours.
calypso
Prince, vous songez sans cesse
Au cher auteur de vos jours.
Télémaque, pleurant
Hé ! Mon père !
Cléone, le contrefaisant
Hé ! Ma mère !
Elle le flatte et chante
Air : J’endors le petit
J’endors le petit, mon fils,
J’endors le petit.
À Calypso.
Air : Amis, sans regretter Paris
Déesse, à ce petit Infant
Rendons ces lieux aimables.
Il faut, pour divertir l’enfant,
Faire danser vos diables.
Télémaque
Oh ! Non, non. Cela me ferait peur !
calypso
Air : Din, dan, don
Non, Prince, non, ne craignez pas ;
Ils auront des traits plein d’appas.
Dans ces lieux
Ils vont en nymphes aimables
Paraître à vos yeux.
Cléone
En nymphes, des diables !
Ces ballets, sont trop usés, trop vieux.
calypso, à Cléone
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Hé bien, je veux te satisfaire.
Esprits empressez à me plaire,
Accourez dans ces lieux charmants ;
Et pour me montrer votre zèle,
Démons, changez vous en Flamands.
Cléone
La fête en sera plus nouvelle.
Scène xii
Calypso, Télémaque, Cléone, Troupe de Démons sous la figure de Flamands et de Flamandes
Les démons forment une danse qui est interrompue par un bruit confus de timbales et de trompettes, et l’on voit entrer Scaramouche en Capitaine de vaisseau, suivi de quelques soldats. Les démons disparaissent.
Scène xiii
Calypso, Télémaque, Cléone, Eucharis, Scaramouche, Soldats Grecs
scaramouche, à Télémaque
Air : Qu’on apporte bouteille
Après un long orage,
Nous arrivons, Seigneur.
Vos guerriers sont sur ce rivage.
Télémaque, embrassant Scaramouche
Ah ! je vous revois ! Quel bonheur !
À Eucharis.
Air : Flon, flon
Bel objet de ma flamme,
Partons dès cet instant ;
Embarquons-nous, Madame ;
Et mettons voile au vent.
Flon, flon,
Larira dondaine.
Flon, flon,
Larira dondon.
calypso, en fureur
Air : Bouchez, Naïades, vos fontaines
Quoi, j’ai pour rivale une esclave !
Et ce Prince insolent me brave !
Je suis maîtresse de leur sort :
Nous allons voir un beau tapage !
Démons, embrasez dans le port
Les vaisseaux du Grec qui m’outrage.
Quatre Démons avec des flambeaux à la main fondent des airs sur les vaisseaux, et les brûlent. Pendant ce temps-là, Télémaque et Eucharis se mettent à pleurer.
Cléone, invoque Minerve
Air : Chœur de l’Opéra
Ô Minerve ! Protégez-nous
Contre un implacable courroux !
chœur
Air : Ah ! Madame Anroux
Ah ! Madame Anroux,
Nous deviendrons fous !
Venez nous défendre.
Ah ! Madame Anroux,
Daignez donc descendre !
Nous devenons fous.
L’orchestre joue la descente de Minerve comme à l’Opéra. Cette déesse représentée par Pierrot, paraît sur son char.
Scène xiv
Calypso, Télémaque, Eucharis, Cléone, Soldats Grecs, Minerve, deux Gilles en zéphyrs
Télémaque, apercevant Minerve, et sautant de joie
Air : Je reviendrai, demain au soir
Minerve descend, je la vois.
eucharis
Fort à propos, ma foi ;
Quand tous nos vaisseaux sont brulés ;
Rissolés, grésillés.
minerve, à Calypso
Air : Voulez-vous savoir qui des deux
Calypso, calme ta fureur
Pour ton repos, et sors d’erreur.
Le cœur du fils de Pénélope
A par mes soins été promis
À la moricaude Antiope
Reconnais-la dans Eucharis.
Air : Oui-dà, ma Commère, oui
Vous leur prêtez votre appui !
minerve
Oui-dà, ma commère, oui.
calypso
Vous me donnez ce déboire !
minerve
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
calypso
Même air
Je veux les tenir ici.
minerve, d’un air moqueur
Oui-dà, ma commère, oui.
calypso
Dans une prison bien noire.
minerve
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
calypso
Air : Mon père, je viens devant vous
J’ai fermé le chemin des Mers.
minerve
Pour Antiope et Télémaque
D’autres chemins me sont ouverts.
Zéphyrs, sur les rives d’Ithaque
Transportez-les dans ce moment.
calypso
Quoi, c’est donc là le dénouement.
télémaque et eucharis à Calypso., ensemble
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
Deux Gilles en Zéphyrs, avec de grandes ailes attachées aux épaules, viennent enlever Eucharis et Télémaque.
Fin