Jean-Antoine Romagnesi et Antoine-François Riccoboni
Achille et Déidamie
Parodie
Représentée par les Comédiens Italiens
au mois de mars 1735
Paris, Prault père, 1737
Acteurs
Achille
Déidamie
Lycomède
Thétis
Carite
Dircé
Ulysse
Arcas
Chasseurs
Bergers
Soldats
Achille et Déidamie
Le théâtre représente la mer.
Scène i
Lycomède, Thétis
lycomède
Air : Trop aimable Nanette
En vain dans cet asile
Vous prétendez cacher
Votre petit Achille,
On viendra l’y chercher.
thétis
Jadis une devineresse
Venant de Grèce
Prédit que les combats
Causeraient son trépas.
C’est pour cela que je ne veux pas qu’il aille à la guerre.
Air : Jugez par là
Les Grecs pour venger Ménélas,
Veulent reprendre avec fracas
Sa femme enlevée ;
Elle s’est sauvée
D’entre ses bras,
La plaisante corvée
Jugez par là
Ce qu’on reprendra.
C’est bien la peine que mon fils se fasse tuer pour une affaire pareille.
lycomède
Air : Monsieur La Palisse
Augurez mieux de son sort,
Il en reviendra peut-être.
thétis
Non, je le garantis mort
Dès qu’il se fera connaître.
lycomède
Air : Allons la voir à Saint-Cloud
Écoutez, ma chère sœur
Voici ce qu’il nous faut faire ;
De peur qu’il n’est trop de cœur
Il faut lui cacher sa mère.
Amusons-le par des plaisirs
Et faisons naître ses désirs
Pour quelque jeune fille
Qui soit d’honnête famille.
thétis
Air : Il me semble que l’on me
Mais la vôtre a beaucoup d’appas,
Souffrez qu’elle arrête ses pas.
lycomède
Oh ! Bien loin que je m’en offense
Je veux avoir la préférence.
thétis
Air : Où est-il, ce maudit buveur
C’est Achille, c’est lui que je vois
Le chagrin le conduit dans ces bois ;
Pour calmer la rigueur de ses peines
Les dieux marins vont employer leur art.
lycomède
Vains secours, vos tritons, vos sirènes
N’ont aujourd’hui que des voix de canard.
thétis
Air : Chacun aura sa pénitence
À ce conseil je suis docile,
D’autres me seraient superflus ;
Partez, vous êtes inutile.
lycomède
Aussi ne me verra-t-on plus.
thétis
Allons dire aux tritons qu’ils ne se donnent pas la peine de venir.
Scène ii
Achille
achille
Air : Allons, compère Nicolas
Je sens un furieux défi
D’honneur, d’amour, de gloire et de plaisir,
Je sens un furieux défi
D’amour, de gloire et de plaisir.
Air : Quand une belle a votre ardeur
Je suis épris d’une beauté
Qui me doit être inhumaine,
Mais mon cœur de sa fierté
Ne se met point en peine,
Je suis sûr d’être écouté
Si je deviens capitaine.
Mais voici Thétis, je m’en vais lui parler.
Scène iii
Thétis, Achille
achille
Air : L’autre jour, dessous un ormeau
Ah ! Thétis daignez soulager
Une si belle âme ;
Ici l’on me fait berger
C’est pour en enrager,
Car autrefois, Madame,
À la cour d’un grand seigneur
J’étais fille d’honneur.
thétis
Air : Il a lu, pour mes péchés
Fille en homme sans choquer
Aux regards s’expose,
L’homme en fille se masquer,
C’est tout autre chose :
Nous n’avons osé risquer
La métamorphose.
achille
Venons au fait, Déesse.
Air : Le seigneur turc a raison
Vous qui commandez aux mers,
Guidez mon courage,
Pour sortir de ces déserts
Daignez m’ouvrir un passage ;
Je voudrais quitter ce bord,
Qu’on me donne un passeport
Pour faire le voyage.
Je veux aller à la cour de quelque roi, et je suis sûr d’y faire fortune.
thétis
Quelle idée !
Air : Le temps est calme
Pour apprendre à parler raison
Écoutez ma comparaison.
Vous êtes dans ce hameau
Comme sur la Seine en bateau ;
Mais si quelque jour
Vous allez à la cour,
Vous serez balloté de l’orage :
Voyez les vaisseaux
Tourmentés par les flots,
Les aquilons furieux,
Des périls en tous lieux,
C’est de la cour des rois l’image.
On entend une symphonie douce.
thétis
Air : Une femme, par terre
Écoutez des sirènes
Les tendres sons,
On va calmer vos peines
Par des chansons.
Un cor de chasse sonne le commencement de l’air Ah, que la forêt de Cythère.
achille
Oh ! Je vais galoper les plaines,
Du cor j’entends l’aimable ton
Ton, ton
Tontaine, ton, ton.
thétis, seule
Air : Quand je tiens de ce jus d’octobre
La gloire anime son courage,
L’Amour le retient sous ses lois,
Un cor de chasse fait tapage,
Voilà mon héros dans les bois.
Elle sort.
Scène iv
Déidamie, Carite, Dircé
déidamie
Air : Ils s’en vont au logis du Père
Vous avez beau gesticulerbis
Car je vous défends de parler.
Vos chants plus froids que le prologue,
Retarderaient mon monologue.
Carite et Dircé sortent.
Air : Amis, ne parlons [plus]
Malheureuse Déidamie
Que feras-tu
Pour vaincre une flamme ennemie
De ta vertu ?
Car enfin quand une princesse
Aime un berger,
Sa vertu comme sa noblesse
Est en danger.
Air : Quand le tambour bat
Toujours dans ces bois
Ce galant se montre,
Et d’un air sournois
Vient à ma rencontre,
Bien moins pour chasser
Que pour m’agacer.
Air : Je reviendrai
Et moi qui connaît son dessein
J’y viens soir et matin.bis
Car les princesses de mon temps
Avaient la clef des champs.bis
Air : On n’aime plus dans [nos forêts]
Que vois-je, il porte ici ses pas !
Quel danger cet instant m’apprête !
Il m’aime, je ne le hais pas,
Nous allons être tête à tête.
Je crains d’avoir moins de fierté
Qu’il n’aura de témérité.
Scène v
Déidamie, Achille
déidamie
Berger, on dit mille biens de vous à la cour.
achille
Bon, elle me parle la première.
déidamie
Air : Quel malheur
Vous venez dans cette chasse
De tuer le loup garou
En vérité, c’est un beau coup.
achille
Je vous rends grâce
Madame, ce n’est pas beaucoup
Pour mon audace.
C’était un monstre qui n’avait ni queue ni tête.
Air : Oh, ah, ah
L’effort de mon courage
N’a pas mal éclaté,
Mais sachez que j’outrage
Un objet respecté.
déidamie
Oh, oh, ah, ah
Et pourquoi donc, comment cela ?
achille
Air : Maris, voulez-vous fuir l’affront
Je ne connais point mes parents
Petits ou grands
Que m’importe ;
Mais je sens au fond de mon cœur
Pour vous l’ardeur
La plus forte.
Sitôt que je vous vois...
déidamie
Ouais !
achille
Mon sang pétille.
déidamie
Taisez-vous vagabond.
achille
Bon
Discours de fille.
Air : De nécessité nécessitante
D’un simple garçon de village
Diane accepta jadis l’hommage,
Et puisque vous êtes son image,
Pourquoi voulez-vous être plus sage ?
déidamie
Air : Hélas, ce fut sa faute
Un berger me montre ses feux !
achille
Ce nom seul me rend odieux
Mais mon âme est très haute.
De mon rang prenez-vous aux dieux
Car c’est toujours leur faute, lon la,
Car c’est toujours leur faute.
Air : Le berger tant
Voulez-vous que je devienne roi ?
Allez, laissez-moi faire.
déidamie
Mon cœur, je ne sais pas pourquoi,
Me dit tout le contraire,
Et je jure qu’avec toi
Je voudrais être bergère.
achille
Air : Quand le péril [est agréable]
Quoique votre cœur soit fort tendre,
Votre rang doit se respecter,
C’est à Polémon d’y monter,
Non à nous d’en descendre.
déidamie
Je vous conseille de faire le difficile.
achille
Air : À quoi sert de craindre
Oh ! la bonne dame.
déidamie
On vient. Contraignez-vous.
J’ai vu votre flamme
Sans montrer de courroux.
Venez en assurance
Chasser dans ces bois ;
Et je crois
En conscience
En dire assez pour la première fois.
divertissement, de chasseurs
un chasseur
Qu’à nos voix l’écho réponde,
Par du bruit
Amusons notre monde.
Qu’à nos voix l’écho réponde,
Par le bruit
Tout le monde est séduit.
chœur
Qu’à nos voix, etc.
le chasseur
La musique
Faite à l’antique,
Plaît aujourd’hui moins que l’italique
Sa rubrique
Flatte, pique,
Et les cris
Sont toujours applaudis.
chœur
Qu’à nos voix, etc.
le chasseur
Que l’on danse
Hors de cadence,
Pourvu que l’on saute on fait fracas,
La justesse,
La noblesse,
Ne vaut pas
De brillants entrechats.
La froide délicatesse
N’a plus que d’ennuyeux appas.
chœur
Qu’à nos voix, etc.
Scène 6
Ulysse, Arcas
ulysse
Air : Prends-moi pour ton jardinier
Je te dis que ce séjour
Est un temple de l’Amour ;
Des lieux d’alentour
On vient en ce jour
Honorer cet asile.
arcas
Pourquoi donc y venons-nous ?
ulysse
Pour
Chercher le jeune Achille,
Balourd,
Chercher le jeune Achille.
Air : Quoi, faut-il qu’aujourd’hui
En vain on nous le cache,
Mets sur l’autel d’Arcas,
L’épée et la rondache,
C’est l’avis de Calchas ;
Sitôt qu’Achille les verra,
Il se découvrira.
arcas
Croyez-vous ?
ulysse
Sans doute. Il est du sang des dieux.
ensemble, ensemble
Air : Un canard
Venez, volez, gloire immortelle,
Ne souffrez pas qu’un héros
Lorsque la victoire l’appelle,
Languisse dans le repos.
ulysse
Allons nous cacher, pour voir l’effet de notre stratagème.
Scène vii
Déidamie seule
déidamie
Air : Papillon vole
Doux vainqueur
Vole, vole, vole
Dans mon cœur,
Vole, vole, vole
À tes traits je n’ai point résisté,
Applaudis-toi de ma docilité ;
Vois comme j’immole
Mon rang, ma fierté,
À la volupté
De ta chaste école
Doux vainqueur, etc.
La vertu donne une leçon
Importune et frivole,
Est-il temps parler raison,
Lorsque l’on est folle
D’un beau garçon ?
Doux vainqueur, etc.
Scène viii
Thétis, Déidamie
déidamie
Air : Comme un coucou [que l’amour presse]
Vous voyez mon obéissance
Pour tous vos ordres souverains,
Et j’approche par complaisance
Des autels d’un dieu que je crains.
thétis
Pourquoi redouter l’amour,
Princesse, princesse,
Pourquoi redouter l’amour ?
Chacun lui cède à son tour.
Air : Viens ici, que je te régale
Pour faire cesser vos alarmes,
Que les bergers de ce séjour
Vous en fasse goûter les charmes,
Ils se traitent mieux qu’à la cour.
À propos, c’est Polémon qui préside aux jeux.
déidamie
Polémon ?
thétis
Air : Comment donc, petite sotte
Qu’avez-vous donc ma mignonne ?
déidamie
Qui moi ? Je n’ai rien.
thétis
Répondez, je vous l’ordonne,
C’est pour votre bien.
déidamie
L’amour qu’un berger m’inspire,
À ne point mentir,
Je ne devrai ni le dire
Ni le ressentir.
thétis
Vous aimez Polémon.
déidamie
Vous allez me gronder, n’est-ce pas ?
thétis
Oh que non !
déidamie
Air : J’ai rêvé
Amour, pour quelque Seigneur,
Tu devais blesser mon cœ ur.
thétis
Cédez à votre penchant,
Moquez-vous du rang,bis
Cédez à votre penchant,
Moi, j’en ai fait tout autant.
J’ai bien remarqué que Polémon vous aimait aussi.
déidamie
Oui, par respect, il m’a fait une déclaration d’amour.
ensemble, ensemble
Air : Ma commère, [quand je danse]
Amour, suivons ta puissance,
Nous ne saurions faire mieux.
déidamie
Tous les mortels
thétis
Et tous les dieux
ensemble, ensemble
Ont ressenti le pouvoir de tes feux ;
Le trait est plein d’élégance,
C’est dommage qu’il soit vieux.
thétis
Taisons-nous, j’entends les musettes.
Scène ix
Thétis, Déidamie, Achille
Danse de bergers.
achille
Air : Le pauvre avocat
Que pour cette poulette
Tout chante dans ces lieux,
Elle est jeune et bien faite,
Elle a de fort beaux yeux.
Mais les airs langoureux
Ne seraient rien qui vaille.
Peignez-lui mon tourment
Gaiement,
Bergers, épargnons-lui
L’ennui,
De votre passacaille.
On danse.
achille
Aux autels de l’Amour apportez votre hommage.
Apercevant l’épée.
Air : Les dragons n’ont point
Quel éclat vient de frapper mes yeux ?
Ah ! Ventrebleu la bonne lame !
Je vais l’employer de mon mieux
Pour mériter madame.
thétis
Eh ! contre qui ? Personne ne vous dit mot.
Scène x
Ulysse, Achille
ulysse
Allons, marche à moi, cousin.
thétis
Ah ! Nous sommes perdus. C’est Ulysse qui vient l’enrôler.
ulysse
Air : Si j’avais su que Lucas
Écoutez, mon cher enfant,
Vous n’êtes point un manant.
Car c’est Thétis en personne,
Qui vous a donné le jour,
Et la gloire vous ordonne
D’aimer le bruit du tambour.
achille
Quoi ! Je suis Achille ?
ulysse
Vraiment oui. Je suis bien Ulysse.
achille
Je ne m’en serais pas douté.
ulysse
Air : Ah, que le faubourg [Saint-Jacques]
Vous ne pouvez vous défendre
D’aller venger Ménélas,
Pour mettre Ilion en cendre
On compte sur votre bras.
achille
Allons, partons au plus vite,
Je lui donne mon secours...
Mais il faut donc que je quitte
L’objet de mes amours.
ulysse
Air : Le curé de [Dôle]
Vous faites l’imbécile,
Et vous êtes Achille.
Quand il faut chercher les combats,
Si l’amour arrête vos pas,
Il était donc inutile
De faire tant de fracas.
Air : Quand ils sont revenus
L’amour règne aussi dans mon cœur,bis
Mais suivant la loi de l’honneur.bis
Je quitte l’objet de ma flamme.
achille
Bon, bon, ce n’est que votre femme.
Mais n’importe, me voilà prêt à vous suivre.
ensemble, ensemble
Air : La santé du roi
Tremble, perfide ennemi,
Tu vas éprouver mon courage,
Je ne bats point à demi,
Nous allons voir un beau tapage,
La santé du roi,
Dépêche-toi.
Verse-la moi,
Car j’ai du cœur lorsque je bois.
Scène 11
Achille
achille
Air : L’amour que j’ai
Prêt de partir pour l’armée
L’amour veut me dégager.
Quand je n’étais que berger
Je voulais de la renommée ;
Me voilà du sang des dieux,
Je n’ose plus quitter ces lieux.
Scène xii
Thétis, Achille
achille
Air : Ah, ma tante
Ah ma mère !bis
Car Ulysse me l’a dit ;
thétis
Je ne dis pas le contraire.
achille
Ah ma mère !
thétis
Ne deviez-vous pas vous en apercevoir par les bontés que j’avais pour vous ?
achille
Eh ! Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ?
thétis
Pour vous empêcher d’aller à la guerre.
Air : Des voleurs insolents
Un oracle insolent
À prédit que dans l’an
Sept cent trente-cinquième,
On vous verrait mourir,
Pour n’en plus revenir,
Avant votre quinzième.
achille
Air : Nous voulons bien
L’oracle aura beau dire,
Rien ne peut m’étonner,
Quand l’honneur nous inspire,
Il nous faut dégainer ;
Qu’au champ de Mars
Ou je perde ou je gagne,
Sans craindre les hasards,
Je serai la campagne.
thétis
Air : Ton humeur [est, Catherine]
Quoi, vous êtes insensible,
Et vous voyez mon tourment ;
achille
Madame il m’est impossible,
Nous partons dans le moment.
thétis
Hé bien je vais donc moi-même
Chercher pour vous retenir,
L’objet que votre cœur aime,
L’amour doit tout obtenir.
Voilà ce qui s’appelle un service d’ami.
achille
Ah, morbleu, le tour est traître !
Scène xiii
Ulysse, Achille, les soldats
ulysse
Air : Nous étions trois bons frères
J’amène la recrue
Pour vous féliciter,
Des coups que vous allez porter.
Ils se rangent par choix,
Sous vos lois,
Jugeant bien à votre minois,
Que vous serez un bon grivois.
Air : Flon, flon
Quoi donc, mon capitaine,
Vous paraissez chagrin ?
achille
C’est que j’ai de la peine
À me mettre en chemin.
ulysse
Flon, flon
Lariradondaine,
Gai, gai, gai,
Lariradondé.
achille
Air : Il est dans l’autre monde
Je ne sais pas moi-même
Comment me définir,
Ici tout ce que j’aime
Ne peut me retenir,
La gloire dans mon cœur croit l’emporter,
Mais quand il faut partir, je veux rester.
ulysse
Comment, morbleu ! Est-ce là le langage d’Achille ?
achille
Air : Où est le temps
Où est le temps que je gardais mes chèvres,
Et que tous les matins j’allais tirer des lièvres ?
ulysse
Eh bien, restez donc ici, je ne vous importunerai plus, et je vais partir tout seul. Mais voyez ce que vous perdez.
Air : La Générale
Allons, partons, braves soldats,
Suivez mes pas,
Dans les combats,
Que notre bras,
Va faire de fracas !
Je vous promets au plus tôt
Un brillant assaut,
C’est là qu’il fait chaud,
Laissons ce pataud
Faire ici le nigaud.
achille
Ah mon cher, arrêtez donc,
Vous avez raison
J’étais un poltron,
Mais je n’ai plus peur,
J’irai de bon cœur.
ulysse
Ah ! Voilà parler.
Air : Quand je suis dans mon [corps de garde]
Approchez-vous, sergent de garde,
Apportez-lui son baudrier,
Et son chapeau à la cocarde,
Reconnaissez votre officier.
On danse.
Scène xiv
Thétis, Déidamie, Achille, Ulysse, soldats
déidamie
Air : Le printemps rappelle
Mon amant, court donc aux armes,
Coulez mes larmes,
Mon amant, court donc aux armes,
Malheureux jour !
Mes yeux n’ont-ils plus de charmes ?
Ton cœur n’a-t-il plus d’amour ?
achille
Air : Ma Nanon
Madame ne pleurez pas,
Vous aurez de mes nouvelles...
déidamie
Air : Trembleurs
Quoi ? La chose est résolue !
Tu pars avec ta recrue :
Il faut donc que je me tue ?
ulysse
Non, non, gardez-vous en bien.
thétis
Puisqu’ici rien ne t’arrête,
J’ai recours à la tempête,
Que je tenais toute prête.
ulysse
Cela ne vaut encor rien.
thétis
Que faut-il donc faire ?
ulysse
Air : J’ai bien peur
Écoutez ma raison,
Elle est fort naturelle.
Elle aime ce garçon,
Il aime aussi la belle ;
Que par l’hymen ils soient unis.
La mère le souhaite,
Monsieur son père en est d’avis,
C’est une affaire faite.
thétis
Oui, ma fille, épousez-le, son départ ne vous fera pas tant de peine.
déidamie
Air : Patapatapan
Dans ce jour charmant,
Puisque l’on me le donne,
Dans ce jour charmant,
Avec mon cher amant,
Je marche gaiement,
Sous les lois de Bellone,
Comme une amazone,
Patapatapan,
Suivant le régiment.
achille
Sous nos étendards,
On brave l’onde noire,
Sous nos étendards,
On craint peu les hasards.
Favoris de Mars,
Guidés par la victoire,
Vous menez la gloire,
Patapatapan,
Suivant le régiment.
thétis
Jeunes officiers,
L’amour vous accompagne,
Jeunes officiers,
Il chérit vos lauriers.
Avec nos guerriers,
Mille cœur en campagne
Courent l’Allemagne ;
Patapatapan,
Suivant le régiment.
ulysse
Lorsque nous partons,
Amoureux à la glace,
Lorsque nous partons,
Vous prenez nos tendrons.
Quand nous revenons,
Vous perdez votre audace,
Et quittez la place,
Patapatapan,
Craignant le régiment.
Des hussards dansent.
Fin