Auteurs : | Piron (Alexis) |
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Parodie de : | Philomèle de Roy et La Coste |
Date: | 12 juin 1723 |
Représentation : | 12 juin 1723 Comédie-Italienne - Hôtel de Bourgogne |
Source : | Œuvres complètes d'Alexis Piron, Paris, Lambert, 1776, t. V. |
Ne trouverai-je pas ici quelqu’un qui me paye la Comédie ? Je voudrais bien voir cette Ne trouverai-je pas ici quelqu’un qui me paye la Comédie ? Je voudrais bien voir cette \emph Philomèle-ci ; je crois que ce sera quelque chose de beau ! Mais, comment ferai-je pour la voir ? Morbleu, dès qu’un homme a composé pour un Théâtre, ne devrait-il pas avoir son entrée franche dans tous les autres ? J’ai donné vingt pièces, tant aux Danseurs de cordes, qu’aux Marionnettes ; et l’on me fait payer aux Français, aux Italiens, et même à l’Opéra ! Ce n’est guère ménager les gens dont on peut avoir besoin !-ci ; je crois que ce sera quelque chose de beau ! Mais, comment ferai-je pour la voir ? Morbleu, dès qu’un homme a composé pour un Théâtre, ne devrait-il pas avoir son entrée franche dans tous les autres ? J’ai donné vingt pièces, tant aux Danseurs de cordes, qu’aux Marionnettes ; et l’on me fait payer aux Français, aux Italiens, et même à l’Opéra ! Ce n’est guère ménager les gens dont on peut avoir besoin !
Bonjour, Monsieur Sans-rime.
Monsieur Sans-raison, je suis votre serviteur.
D’où venez-vous, comme cela, Monsieur Sans-rime ?
Du café ; passer, moyennant six sols, ma journée, à mon ordinaire ; à jouer aux échecs, à dire des nouvelles, à berner les Auteurs, et à dire du bien de moi. Et vous, que faites-vous à cette porte ? Fi, éloignons-nous de là.
Je vous avoue, que je suis curieux de voir cette diable de parodie, que nous avons si malheureusement trouvée affichée, au moment que nous allions en finir une.
Et moi non ; le dépit qu’elle m’a fait d’avoir prévenu la nôtre, qui nous a tant coûté de peine à tous deux, m’a mis de trop mauvaise humeur : écoutez donc ; ce contre temps là coupe la gorge à notre Muse, au moins. Quand je vis cette affiche ! ah ! ...
Ah, ne m’en parlez pas ! je l’ai encore collée sur le cœur. Entrons ; et allons crier, au milieu du parterre, que ce n’est point nous qui avons fait la pièce ; tout le monde s’en ira ; je suis sûr, au moins, que cela en ébranlerait une bonne partie ; car, sans vanité, nous sommes les coryphées dans ce genre-là.
Il est peu de gens de notre force ; oui, pour la critique, et le vaudeville.
Je pense qu’on va voir de la belle besogne. Qui est l’Auteur ?
Quelque étourdi, qui aura cru que deux ou trois airs de rues, en faisaient l’affaire.
Et quoi donc ? Il aura remarqué un air ennuyeux, un vers rude, une Bacchante danser une sarabande ; crac, voilà ses provisions faites : oh, par ma foi, il est habile ! eh bien, moquons-nous de cela ; le public y perd plus que nous, et c’est ce qui me console ; au reste, Monsieur Sans-rime, soit dit sans nous fâcher, c’est votre faute, si notre ouvrage n’a pas pris les devants.
Moi ! pourquoi dites-vous cela, s’il vous plaît ?
C’est que, dès que vous avez un misérable vaudeville à faire, c’est une pitié ; vous ne finissez point ; et cette lenteur gâtera toujours nos impromptus. Tenez, si j’étais comme vous, je ferais des opéra-comiques, en prose.
Je conviens que vous avez plutôt fagoté un couplet que moi : mais votre discernement pour la critique, et votre jugement pour la conduite de notre pièce, n’a pas beaucoup hâté les choses ; et franchement, à votre place, je composerais toutes mes parodies de ces seuls mots : Je conviens que vous avez plutôt fagoté un couplet que moi : mais votre discernement pour la critique, et votre jugement pour la conduite de notre pièce, n’a pas beaucoup hâté les choses ; et franchement, à votre place, je composerais toutes mes parodies de ces seuls mots : \emph tourelouribo, lanturelu, faridondon, mirababibobette, turelure, et sarlabibobé..
Allons, Monsieur Sans-rime, point de bruit ; nous avons trop besoin l’un de l’autre, pour nous brouiller. C’est une parodie de perdue ; songeons seulement à la venger ; et pour cela, fourrons-nous dans quelque coin du parterre, pour nous y moucher, éternuer, cracher, tousser, bâiller, avec une fureur contagieuse.
Allons, je le veux bien ; vos provisions de spectacle, les avez-vous ?
Oui, j’ai ma lorgnette, un mouchoir, ma tabatière, et deux sifflets. Il ne me manque plus qu’un billet.
Il ne me manque aussi que cela. Attendons que quelque dupe vienne ici, qui nous défraie. Bon ! en voici un qui s’adresse bien, ma foi !
La superbe La superbe \emph Sémiramis ! Le Nouveau Monde ! Les Quatorze Macchabées !
Oui, sept d’un auteur, et sept d’un autre ; c’est quatorze.
Voyons les derniers faits ; de qui sont-ils ?
Ne lisez-vous pas les affiches ?
Ah ! il est vrai. Et Ah ! il est vrai. Et \emph le Nouveau Monde ? ?
Oh Diable ! cela est bien différent ; on n’en connaît pas le père ; et c’est un enfant trouvé, qui doit sa vie à l’amour. Combien le vendez-vous ?
Vingt-cinq sous.
Diable, vous vendez bien vos coquilles : dites donc, notre ami, voudriez-vous vous charger du débit de deux nouveaux tomes du Théâtre de la Foire, qui vont bientôt paraître ?
Vous pouvez vous adresser aux crieurs d’almanachs, ils feront votre affaire. Vous vous moquez bien de moi, avec vos Théâtres de la Foire ; de la belle drogue, ma foi !
Là, là, tout doucement, je sais mieux ce qu’ils valent que vous. Ce livre est grossi de mes Œuvres ; j’en puis parler savamment et l’on ne se soucie guère de ce qu’un homme comme vous en pense. Aussi bien, ce n’est pas la première injusticeLà, là, tout doucement, je sais mieux ce qu’ils valent que vous. Ce livre est grossi de mes Œuvres ; j’en puis parler savamment et l’on ne se soucie guère de ce qu’un homme comme vous en pense. Aussi bien, ce n’est pas la première injustice\footnote Parodié d’\emph Andromaque, Act. I, Sc. II, dont le public aveugle a payé mon service ; L’imprimeur en profite, ami ; et quelque jour..., dont le public aveugle a payé mon service ; L’imprimeur en profite, ami ; et quelque jour...
La beurrière en pourra profiter à son tour.
N’est-ce pas ? Oh bien, je leur en laisse le profit ; vraiment, vraiment, je n’aurais qu’à m’en charger, je gagne déjà beaucoup avec ceux-ci !
Mais aussi, vingt-cinq sous, c’est lésion de plus d’outre moitié ; n’avez-vous point de honte de...
Oh, parbleu ; il y a temps et lieux pour tout. Ces livres ne sont pas encore sur le Pont-Neuf ; et voilà Babet qui vous dira, qu’elle vend ici bien cher, ce qu’elle donnerait-là pour un sous neuf.
Un petit bouquet, mon amour que je te le mette moi-même.
Tiens, m’Amie, es-tu contente ?
Oui, grand merci, mon petit poulet.
Tu me dis des douceurs, à cette heure, qu’il n’y a rien ici qui vaille que moi : mais quand je veux me familiariser, avec toi, devant les petits-maîtres qui t’environnent ; tu me distingues si peu, qu’on dirait que je ne suis pas mieux fait qu’un autre. Aux deux auteurs. Ah, bonjour, Messieurs Sans-rime et Sans-raison. Toujours ensemble ; qui voit l’un, voit l’autre : c’est fort bien fait, et...
Vous avez les bonnes grâces de Babet, Monsieur le Marquis, nous voyons cela.
Eh, mais, la petite coquine ne me veut point de mal ; qu’en dis-tu friponne ? Hein !
Oui, je t’aime bien, mon cœur, achète encore un bouquet.
Elle n’est pas dégoûtée ; il t’en faut Babet, des cajoleurs comme Monsieur le Marquis ; peste !
Oh, pour cela, il est aimable à manger. Tiens mon petit nez, veux-tu mon panier, pour un louis d’or ; je te le laisserai prendre, et je te donnerai la préférence.
Grand merci, grand merci Babet ; adieu ; adieu.
Entrez-vous, Messieurs ?
Nous allions prendre nos billets, Monsieur et moi.
Ah, parbleu, puisque vous en êtes, le théâtre se passera de moi, pour aujourd’hui. Je veux être au parterre à vos cotés ; je vous entendrai raisonner sur la pièce, et vous me direz quand cela sera drôle ou non ; n’est-elle pas de vous ?
Non ; nous ne nous amusons plus aux pièces nouvelles, nous nous occupons sérieusement à parodier les dix tomes de Corneille, et delà nous tâcherons de parodier Euripide et Sophocle, sur les traductions.
Suivant ce que vous me dîtes-là, nos faiseurs de tragédies ont ville gagnée. Attendez-moi là, mes amis ; je vais changer mon billet de théâtre contre des parterres... Il revient. Mais vous me cacherez, au moins ; car si le théâtre et les loges m’allaient voir debout !
Le grand fat, que ce Monsieur le Marquis ! je serais bien fâché qu’il prit place auprès de nous, s’il ne payait pas la nôtre.
Il nous servira mieux que vous ne pensez ; nos décisions vont le déterminer ; c’est un hardi tousseur, qui poussera les choses jusqu’au sifflet, si nous voulons ; laissez, laissez faire ! ah jarni ! voici Monsieur Dîne-en-ville ; nous avions belle affaire de sa rencontre.
Eh ! voilà mes chers amis ! que je les embrasse ! Eh, donc ? depuis cinq ou six jours, je ne bous trouve à nulle table ; Dieu mé damne, je vous ai creus morts tous les dûs.
Nous entrons à la Comédie ; y venez-vous ?
Cadédis ; bentre à jeûn n’a point d’oreilles.
Comment ! si tard, à jeûn ?
Un gros diable d’Agioteur m’avait invité. Je me passe hier de souper ; ce matin je ne déjeune point ; je me fais le bentre crux tout exprès : je viens à midi ; bisage de vois. Les voisin me disent que Monsieur l’Agioteur est allé dîner au Châtelet. Ne suis-je pas bien malheureux ! Je crois qu’il s’est fait emprisonner, pour me faire mourir de faim.
Vraiment, le pauvre Diable est bien plus à plaindre que toi.
Mordi, je voudrais qu’il fût pendu, et qu’on ne l’eût arrêté qu’au dessert. SI j’entrais pourtant à la Comédie, je trouverais peut-être quelque Seigneur, qui serait heureux de m’avoir à souper ; me la veux-tu payer ?
Ma foi, nous ne sommes point Gascons ; il faut te dire la vérité ; nous avons la bourse, comme tu as le ventre. Un marquis, de nos amis, nous en fait la galanterie. Tiens, voilà le Portier de la Comédie ; demande-lui s’il veut te laisser entrer.
Air : Les rats
Quoi, ma chère Confidente ; depuis le temps que tu es à moi, je ne t’ai pas encore appris que le Roi est amoureux de ma sœur, et qu’il l’empêchera de partir ?
Non, Madame ; en voilà la première nouvelle.
Je ne sais donc comment cela s’est fait.
Bon ! et n’est-ce pas la coutume de vous autres Reines de Tragédies, de ne nous confier vos secrets, que lorsque vous voulez que tout le monde les sache ? Nos oreilles sont comme une sarbacane, à travers laquelle vous les annoncez au Public. Vous dites donc que le Roi veut s’opposer au départ de Philomèle ?
Oui, ma chère Alison ; voilà le sujet de mes alarmes.
Ne craignez rien : vraiment, vraiment, si l’on voulait s’y opposer, le Prince Athamas, son amant, n’entendrait point raillerie, et je crois qu’il ferait un beau fracas.
Oui ; c’est encore un vaillant champion, que ton Prince Athamas ; un benêt, qui pleurera, qui criera, et puis voilà tout. Et moi je découcherai toujours, à bon compte, pendant ce temps-là.
Air : Dedans nos bois, il y a un ermite
Ho ! ho ! Madame ; conscience ! qu’osez-vous dire-là ? Qui ne connaîtrait Mademoiselle votre sœur...
Mon Dieu, je la connais mieux que personne ; Philomèle est une doucette, qui, au fond, me ressemble trop, pour que je m’y fie.
Air : Ma mère était bien obligeante
Vous ne savez pas, tout tant que vous êtes, qu’elle avait si bien empaumé l’esprit de mon père, que, toute ma cadette qu’elle est, elle aurait épousé Térée, et m’aurait laissé fille, sans ma mèreVous ne savez pas, tout tant que vous êtes, qu’elle avait si bien empaumé l’esprit de mon père, que, toute ma cadette qu’elle est, elle aurait épousé Térée, et m’aurait laissé fille, sans ma mère\footnote Paroles de l’Opéra., qui prit mon parti, et fit valoir mes droits. Je m’en souviens bien., qui prit mon parti, et fit valoir mes droits. Je m’en souviens bien.
Voyez un peu, la petite éveillée ! qui est-ce qui aurait pensé cela d’elle ?
Vraiment, c’est le reproche que me fait continuellement Térée : sans la rage que vous avez eue d’être ma femme, je serais à présent votre beau-frère. Mais, le voici.
Air : De tous les capucins du monde
Oh, je suis un drôle, moi, qui ne m’embarrasse ni des bienséances, ni de la politesse. J’aime fort mes aises. Où est votre sœur ?
Si j’étais fille unique, vous seriez bien désœuvré : ma sœur ! ma sœur ! que lui voulez-vous tant, à cette sœur ?
Comme elle va partir, je venais pour lui dire adieu, et lui donner le baiser de l’étrier.
Nous le lui donnerons bien sans vous À part, en s’en allant. Le vilain homme !
La sotte femme !
Air : Vous ne m’aimez plus, Lisette
À qui en veulent ces gens-ci ?
Air : Ma pinte et ma mie, ô gué
De quoi diable s’avisent ces malotrus-là de venir ici danser devant moi, quand j’enrage ?
Air : Mordienne de vous, quelle femme
Air : J’entends le moulin tique, tique, tac
Air : Adieu le Pont-Neuf
D’abord leur père en jeu ; voilà le jargon de toutes ces bonnes Princesses-là. Je voudrais qu’on fût plus sincère ; dites la vérité : dès que vous serez en Grèce on vous mariera ; voilà ce qui vous met de belle humeur, plutôt que les embrassement d’un père.
Mais écoutez donc, vous n’êtes pas bien loin du but. Entre nous, puisqu’il faut vous parler franchement, quand j’aurais l’envie de me marier, aurais-je si grand tort, et ne seriez-vous pas le premier à me le conseiller ?
Air : Lonlanla derirette, lonlanla deriri
Air : Ma commère, quand je danse
Air : Je n’saurais
Il est encore à vous.
Votre cœur ?
Oui, mignonne, et...
Air : Arrêtez-vous donc, fi donc, Monsieur, laissez ça là
Air : Hélas, c’est bien ma faute
Elle est un peu ma femme, si vous voulez ; parce que je l’ai épousée : mais entre nous, je ne l’épousai que pour rire ; le Diable m’emporte si ce n’était à vous que j’en voulais tout de bon.
Hé bien, Monsieur l’épouseur pour rire, je veux me marier tout de bon, moi, entendez-vous ?
Conclusion, pourtant, vous ne partirez pas ; c’est tout ce que je puis vous dire, adieu.
Ah ! ah ! voici bien du rabat joie !
Air : Adieu paniers, [vendanges sont faites]
Air : Nicolas va voir Jeanne
Comment donc perdus ? Oh que nenni ! je prétends bien que demain tout soit prêt ; vous et moi nous monterons sur le plus beau vaisseau de la flotte ; et puis, fouette cocher, nous voilà partis.
Tu crois que cela va comme ta tête ; tu n’y es pas.
Air : Lampons, lampons
Que diras-tu, quand tu verras cela ?
Si cela arrivait, ce que je ferais, moi ? Oh ! ne vous mettez pas en peine.
Air : Dupont, mon ami
Je le crois. Mais pourtant un autre, sans s’amuser à faire le brave, s’empresserait de connaître son rival, et en aurait déjà voulu savoir le nom. Tu n’es guères curieux, franchement.
Qu’on t’enlève seulement, laisse faire ! Je saurai bientôt qui m’aura joué le tour ; il sera pour lors assez temps d’être en colère.
Tu as donc bien peur de t’y mettre ; oh bien, pour moi, je veux t’y voir ; et bon gré, mal gré, tu sauras que c’est Térée qui est ton rival.
Térée ! Ouida ? voilà qui est bien mal à lui ! Eh bien ? Voulez-vous que je l’aille tuer à cette heure ? Allons.
Air : Dupont, mon ami
Air : On dit que vous aimez les fleurs
Prends-le sur un ton plus doux, crois-moi ; imite les héros du temps, mettons-nous en prières, et invoquons Minerve, qu’en dis-tu ?
Volontiers, invoquons Minerve ; car assurément c’est malgré elle que tout ceci se fait.
Air : Ramonez-ci, ramonez-là
La voilà montée sur un oiseau de mauvais augure ; il ne manquerait plus que son ramage à notre musique.
Air : Dérouillez, dérouillez, ma commère
Air : Le carillon de Nantes
Oh, que diable, vas y voir, je ne saurais savoir tout.
Air : De mon pot, je vous en réponds
C’est-à-dire que... cela veut dire... que cela ne veut rien dire qui vaille pour moi, n’est-ce pas ? là, parlez nettement.
Puisqu’il faut tout dire ; tiens, mon pauvre ami, tu payeras les pots cassés de tout ceci ; et je crois même que tu auras bien de la peine à aller jusqu’à la moitié de la Pièce.
Tenez, voyez ma ladre de maîtresse, si elle me fera le moindre compliment de condoléance.
Que dis-tu ?
Je si qu’il n’importe pas, et que pourvu que vous soyez bien aise, quand je serai mort, je vivrai content.
Tiens, pour te préparer à la mort, regarde danser les Plaisirs que j’ai amenés, à ma suite, tout exprès pour cela.
Voilà qui est digne de Minerve, et sagement imaginé. Ma foi, des Plaisirs et de la danse, à qui va mourir, fort bien. On ne manquera pas de me donner les violons quand je serai mort.
Air : Colin la la la, Colin l’a baisée
Que cela est consolant ! cela l’est tout à fait, en vérité.
Même air
Mais, que faites-vous donc là-haut, Madame Minerve ? votre nuage est-il cloué ? Je crois, que vous vous endormez en l’air.
Les danses et les chansons des Plaisirs m’avaient assoupie : oh, ce n’est pas la première fois que les Plaisirs ont endormi la Sagesse.
Ma foi, c’est que les Plaisirs de sa suite sont bien ennuyeux. Adieu, ma chère Princesse. Dites-moi donc quelque chose ; n’êtes-vous pas plus touchée que cela du malheur qui m’attend ?
Air : Lanturelu
De la vertu ! ce n’est pas là mon faible ; je me moque de la foudre, et de tous les diables : mais je crains quelque chose de pis que tout cela.
Et qu’est-ce que c’est donc ?
Ma femme. Je t’avoue que le bruit qu’elle va faire, me fait déjà peur. Il est encore temps de reculer ; dis-moi, en bonne foi, que me conseilles-tu ?
Air : Des fraises
Eh, ventrebleu, il est bien temps de barguigner.
Air : Flon, flon
Air : La tampone
Mais cela ne me déplaît point : ton avis est fort de mon goût ; il faut que tu m’aides à le suivre : vas toi-même faire embarquer ma femme ; que je n’entende plus parler d’elle ; ah ! la voici, elle m’aura entendu !
Que je n’entende plus parler d’elle ! traître !
Air : Les trembleurs
Air : G’nia pas d’mal à ça
Eh non ! g’nia pas d’mal à ça, non !
Air : Pierre Bagnolet
Oh dame ! si vous voulez vous fâcher, je m’en vais.
Air : J’ai du mirliton
Air : Amis, sans regretter Paris
Air : Les Feuillantines
Elle est amoureuse d’Athamas !
Air : Voici les dragons qui viennent
Air : Un petit moment plus tard
Ah ! ne vous embarrassez pas ; Minerve en prend soin ; je ne sais pourquoi elle n’en prend pas également de vous, il ne lui en aurait pas plus coûté. En tout cas,
Air : Dans nos bois, il y a un ermite
Eh bien ! je me repose donc sur vous deux.
Venez seulement : je vous promets de sa part, le secours des Dieux ; et de la mienne, celui des Diables. Vous ne pouviez être en meilleures mains.
Je veux ravoir mon épée, moi ! rendez-moi mon épée ! mon beau chapeau, du moins.
Oh ça, mon ami, écoute, il y a bien d’autres nouvelles. Es-tu las de vivre ?
Je me lasserais de bonne heure : eh ! je ne suis encore qu’un enfant.
Eh bien, tu es mort, si tu ne fais ce que je vais te dire.
Mais aussi, si cela est si difficile...
Non, il n’est rien de plus aisé : étrille-moi Philomèle d’importance ! injurie-la ! appelle-la laidron ! soufflette-la ; en un mot, attire-toi sa colère et son mépris ! entends-tu ? Sinon, point de quartier !
Eh fi ! c’est une vieille finesse d’Auteurs de Romans et de Tragédie, qui n’a jamais servi de rien ; tout le monde sait cela.
Oh bien, morbleu ! cette fois-ci, elle servira de quelque chose, ou bien : Gardes ! ...
Eh, non, non, patience ! attendez que je songe... Il rêve. Eh, fi, fi, au Diable ! un soufflet ! laidron ! à ma chère petite Princesse, qui m’aime tant ! \did Aux gardes. Allons, allons, Messieurs les Gardes, prenez la peine de me tuer, s’il vous plaît... \did Ils s’approchent. Attendez, attendez, pourtant ! encore un moment de réflexion.
Tâche à te raviser !
Un soufflet ! si je ne lui donnais qu’un coup de pied dans le ventre, dites ; et qu’au lieu de laidron, je l’appelasse carogne.
Fais et dis ce qu’il te plaira ; force la seulement à te haïr, et à te mépriser ; c’est tout ce que je veux.
Non mordienne, non ! je n’en ferai rien ; je veux qu’elle m’aime, puisqu’elle m’aime ; et je veux mourir, pour te faire enrager ; Gardes, à moi ! tu vas être bien attrapé, vas. Allons, qu’on me tue.
Et moi, pour te faire enrager, je veux que tu vives ; et ce sera la Princesse qui mourra.
Air : J’ai le pied dans le margouillis
Oh Diable ! c’est une autre affaire, ceci.
Air : Vous me l’avez dit, souvenez-vous en
Air : Blaise revenant des champs
Oui, oui, chante, chante, il y a bien de quoi ; nos affaires sont en bon train pour cela !
Air : Ne m’entendez-vous pas
J’ai grande envie de rire, ma foi, pour vous entendre.
Air : Ce sont les filles de Paris
Allez, m’Amie, allez dire cela au Roi. Il y répondra, allez ; c’est moi qui vous en prie.
Vous êtes un rival bien commode ; comment vous...
Hélas, ma pauvre maîtresse, il a dit comme cela, qu’il vous tuerait, si vous ne l’aimiez ; il faudrait que vous fussiez bien insensible et bien ingrate, après cela, pour n’en rien faire.
Oh bien, tenez, j’aime mieux qu’il me tue ; car vous mourriez, n’est-ce pas ? si je l’épousais.
Si je mourrai ? Je vous en réponds ; mais il n’y aurait pas si grande perte. Croyez-moi.
Air : Marotte fait bien la fière
Air : Non, non, je ne veux pas rire
Quelle opiniâtreté ! À part. Mais si je lui donnais cinq ou six bonnes taloches, pour me faire haïr ; elle ne voudrait peut-être plus mourir, pour l’amour de moi. Battons-la par générosité...
Air : Dansons le nouveau cotillon
Je mourrai pour vous, je le doi.
Non, mon cher ami, ce ne sera pas toi.
Air : Nanon dormait
Malheureux Athamas, j’avais mes raisons pour vouloir mourir plutôt que toi ; si tu meurs une fois, tu n’en mourras pas deux, comme Philomèle, qui a un secret tout particulier pour cela... Mais ne voilà-t-il pas mon vieux fou ?
Air : Quand je vais à la chasse
Air : Du haut en bas
Air : Allons gai, d’un air gai
Air : Vraiment, ma commère, voire
Eh, ne faites pas tant la sucrée ; nous savons de vos nouvelles. Gardes, qu’on aille tuer Athamas.
Eh non, non, Seigneur, je suis prête à faire tout ce qu’on voudra.
Air : Ma fille, je vous aime bien
Je vous en avertis, et pas plus tard que demain matin. Voyez si cela vous accommode.
Air : Dondaine, dondaine
Air : Ô reguingué, ô lonlanla
Air : Les filles de Montpellier
Air : La faridondaine, la faridondon
Air : De tous les capucins du monde
Air : Monsieur de ma Palisse est mort
Eh bien ?
Voilà le cruel en train ; j’aurai bientôt mon tour.
Ce serait le droit du jeu ; quoi ! vous n’avez qu’un moyen, et un moyen sûr de ne plus craindre votre mari, c’est de devenir veuve ; et vous ne le voulez pas ?
N’as-tu pas d’autres avis à me donner ?
Eh, mornonpas de ma vie, le roi en suit-il de meilleurs, et en donne-t-on d’autres ici ? Allez, vous êtes une pauvre espèce. Tantôt vous étiez à deux doigts du veuvage, et c’était une affaire faite, quand vous avez fait sottement la carpe pâmée. Jarni, si vous aviez eu mon courage... Oh bien, je ne sais plus qu’une chose qui vous puisse tirer d’affaire.
Parle.
Les harangères se sont gorgées de vin, pendant toute la journée, devant l’Hôtel de Ville, et font, à présent qu’il est nuit, bacchanale à travers les rues ; allez-vous mettre à leur tête, pendant que le roi dort, comme si de rien n’était ; et réclamez leur appui.
Air : Charivari
Je vais cependant vous chercher d’autres secours.
Air : Quel plaisir de passer notre vie
Air : J’offre ici mon savoir faire
Air : Cotillon de Surène
Madame, voilà une brave femme de mes amies que j’ai l’honneur de vous présenter.
Comment se nomme-t-elle ? Je crois la connaître.
Je suis la Jalousie, Madame.
Air : La Jalousie
Cela n’est pourtant que trop vrai, comme vous voyez. Mais, dites-moi, Madame la Jalousie, d’où sortez-vous ?
D’à travers tous les Diables, Madame, pour vous rendre mes petites services.
Vous, des services ? Et savez-vous faire autre chose que du mal ?
Comment donc, Madame, vous n’y pensez pas ; il n’y a rien de plus utile que moi dans le monde. Par moi les arts se perfectionnent ; c’est moi qui fais souvent qu’un fripon de marchand vend en conscience, pour faire enrager son voisin ; il n’y a que chez les poètes et les musiciens où je ne fais que du mal ; surtout le lendemain du succès d’une pièce ou d’un opéra, je fais, parmi ces Messieurs-là, un fracas de tous les diables : mais, le cas arrive si rarement, que cela ne vaut pas la peine qu’on me le reproche.
Voilà qui est fort bien. et, s’il vous plaît, où faites-vous votre résidence ordinaire ?
Dans la tête des maris, et le cœur des amants ; j’établis là mon principal domicile, et vous ne sauriez croire tous les bons offices que j’y rends aux honnêtes gens qu’ils persécutent. Demandez plutôt à toutes les femmes de ce royaume, si, de trois cocus, je n’en fais pas deux. Mon avis serait même, que pour toute vengeance, vous en fissiez passer par là votre époux : mais, puisque vous ne voulez pas faire les choses dans l’amiable, et que, par malheur pour lui, vous êtes de ces honnêtes femmes, qui aimeraient mieux étrangler leurs maris, que de les trahir, tenez, voilà un poignard dont je vous fais présent.
Vous ne ménagez guère vos pas, de m’apporter de si loin une chose si commune.
Pas si commune. La malepeste ! ce n’est pas ici un poignard de Théâtre ; c’est un poignard sérieux, celui-là : essayez-le seulement sur le fils de votre mari, vous verrez le bel effet que cela fera. Adieu.
Élise a raison ; on ne donne ici que de mauvais avis : mais, puisqu’il n’y en a pas d’autres, il faut bien s’en servir. Elle rappelle la Jalousie. Parlez donc. Je songe à une chose : s’il arrivait qu’en tuant mon fils,
Air : Vous m’entendez bien
Eh, comment cela ?
Eh bien, vous le lui avez laissé croire, pour lui faire plaisir ; ne le détrompez pas, pour le faire enrager.
C’est fort bien dit. Adieu, Madame la Jalousie ! Grand merci.
Du moins, Messieurs, si cette parodie-ci ne vous plait pas, ne vous en prenez point à moi ; je vous assure que je n’y ai point de part.
Air : Aux armes, camarades
Air : Sans dessus dessous
Air : Un saut, deux sauts, trois sauts
Air : La mirtanplain, la tirelarigot
Oh, çà mes enfants, il faut me faire un plaisir.
Vous n’avez qu’à dire, Madame la Reine, je sommes bian à votre service : vous nous avez bian payé d’avance dea ; aussi, comme dit l’autre, je ferions de la fausse monnaie pour vous.
Je n’abuserai pas de votre bonne volonté ; je ne veux de vous qu’une bagatelle ; c’est que vous veniez avec moi au Palais tout piller, tout saccager, tout jeter par les fenêtres, y mettre le feu, et massacrer le fils du roi.
Ce n’est que cela ? allons, allons,
Air : Et frou, frou, et glou, glou, glou
Air : Un saut, deux sauts, trois sauts
Air : Acte IV, scène 1] Parodie de Bellérophon
Air : Acte V, scène 2] Parodie de l’opéra de Philomèle
Air : Tique, tique, tin
Ne vous effrayez point, Madame, je suis un fameux Génie, à qui Minerve a confié Philomèle.
Minerve me remet là dans les mains d’un petit Génie.
Ne perdons point de temps, Madame, entrez dans cet esquif qui va vous remettre chez vos parents ; le furieux Térée peut à tous moments paraître, et...
Oh, qu’il vienne s’il veut ; je ne partirai pas sans ma sœur ; attendons-la, s’il vous plaît, et cependant pour passer le temps, prenez la peine de danser.
Quoi, Madame, aux portes d’un Palais, où la flamme et le carnage répandent le désordre et le désespoir ; cela n’est guère de saison.
Taisez-vous Monsieur le beau génie ; vous ne savez donc pas que c’est la mode ici de ne chanter et de ne danser qu’en de pareilles occasions ?
Allons, qu’on danse donc.
Voilà des Génies bien lourds.
Il faut excuser, Madame, chaque Génie a ses talents : ceux-ci ne sont pas faits pour la gentillesse et la légèreté. Ce sont des Génies forçats, que Minerve n’exerce qu’à des ouvrages pénibles et grossiers ; ils inspirent les gloses, les commentaires, les divertissements d’Opéra, la prose rimée.
Et vous qui me parles, quel est votre emploi ? Quel Génie êtes-vous ?
Moi, Madame, je suis un Génie pénétrant qui lit dans l’avenir, et qui dit la bonne fortune.
Air : La bonne aventure, ô gué
Même air
Je serai oiseau ! ah, j’irai nicher avec les moineaux !
Et comment m’appellera-t-on ?
Rossignol.
Rossignol, oh le joli nom ; dites-moi, cela durera-t-il ?
Une trentaine de siècles, après quoi, jaloux de la beauté de ton ramage :
Même air
Air : N’oubliez pas votre houlette, Lisette
Air : Toute la nuit, je rode
À propos, ton fils ; hélas, j’y ai bien une bonne moitié pour le moins ; malheureuse que je suis ! ah, chiennes de Bacchanales !
Air : Vas-t-en voir s’ils viennent, Jean
Air : Vogue la galère
Air : Des fraises
Air : G’nia pas d’mal à ça
Fin de l’air : Branle de Metz
Air : Roi de Cocagne
Venez Filles de Bacchus ; je veux être moi-même de la fête. La perte de ma femme me console de tous mes malheurs.
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