Polichinelle maître d'école

Auteurs : Fuzelier (Louis)
Parodie de : L'École des Amants de Fuzelier et Niel
Date: 1744
Représentation : 1744 Foire Saint-Laurent - Marionnettes
Source : ms. BnF, fr. 9337
Louis Fuzelier

Polichinelle maître d’école


Parodie en un acte du ballet de L’École des amants
Représentée à la foire Saint-Laurent 1744 par les comédiens de bois

BnF ms. fr. 9337
definitacteur, chœur des amants chœurdesamants
definitacteur, l’amant suisse lamantsuisse

Acteurs


Polichinelle, en domino blanc, prétintaille de rouge
Amants de diverses nations
Un Suisse
Mercure
Une danseuse, grand panier et jupon court
Fénise, à l’italienne
Valère, en habit de chasse vert
Tersandre, grand berger, en habit et manteau couleur de rose galonne d’argent
un laquais, La Fleur
une servante, Claudine
La scène est dans les jardins de Vénus.

Polichinelle maître d’école

Le théâtre représente les jardins de Vénus, Polichinelle en domino est assis sur un trône de fleurs, un pavillon soutenu par des hannetons le couvre. Les amants et les amantes de diverses nations sont des deux côtés assis sur le gazon.

Scène i

Polichinelle, les amants de tout pays

chœurdesamants

Air : La béquille


Célébrons les exploits
Du poupard\definition Poupard a signifié damoiseau [...] il n’est en usage que pour signifier un petit enfant en maillot \furetiere d’Amathonte.
L’Opéra suit ses lois,
Sans scrupule et sans honte.
polichinelle
Que chacun s’égosille,
Surtout n’oubliez pas
De chanter la béquille
Du père Barnabas.
chœurdesamants
Que chacun s’égosille,
Surtout n’oublions pas
De chanter la béquille
Du père Barnabas.
polichinelle

Air : Dans ces beaux lieux il faut se rendre, prologue – de L’École des amants


Dans mon école il faut se rendre
Pour être instruit des bons tours des amants.
Venez, galants, venez apprendre,
L’art d’escroquer les biens les plus charmants.
Enfants, signalez votre zèle,
Jusqu’aux abbés coquettent dans ma cour.
Polichinelle
Dans ce séjour,
Quand on querelle
Jure à son tour.
Polichinelle,
Dans ce séjour
Est magister du dieu d’amour.

Scène ii

Polichinelle assis, les Amants, Mercure

polichinelle

Or sus mes chers écoliers


Air : Des fraises

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Écoutez bien ma leçon
Et la loi que j’enseigne.
mercure
Holà ! Sous ce pavillon,
Que fais-tu donc mon garçon ?
polichinelle
Je règne, je règne, je règne.
mercure

Pourquoi cette poignée de verges ?


polichinelle

C’est mon sceptre.


mercure

Pourquoi ce domino ? Es-tu dans un bal ?


polichinelle

Non, je suis dans mon école. Je suis maître ès arts dans l’université de Vénus :


\emph arte regendus amor

Voilà, mes écoliers, il y en a de Rome, de Constantinople, de Quimper-Corentin, de Vaugirard...


un amant suisse

Montsir, montsir Polichinelle...


mercure

Ah ! Montsir Polichinelle, donnez-lui audience, un galant suisse mérite d’être entendu.


polichinelle

Parti par mon foi, partir fous, la fleur des treize cantons.


lamantsuisse

Parti, par mon foi, montsir Polichinelle,


Air : Reguingué

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Foutriez-fous pien tans stijour
Donner ein ptit leçon t’amour,
Et sur le jargon de sti cour.
polichinelle
Oh, d’un jour, ce n’est pas l’affaire
Qu’un Suisse apprenne l’art de plaire !
lamantsuisse

Mais Montsir, je foutrais...


polichinelle

Mais, Montsir, si vous ne vous taisez, vous serez quatre jours sans boire de vin.


lamantsuisse

Quatre jours sans poire de vin ?


Air : Je ne saurais

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Je n’saurais
Enturer sti pénitence,
J’en mourrais.
polichinelle

Retirez-vous, mes enfants, je veux causer un peu avec le dieu Mercure sur les nouvelles de l’école, ensuite je vous donnerai leçon l’un après l’autre, pour me moins fatiguer. Allons, que ce pavillon disparaisse comme s’il était enlevé par des Zéphyrs de carton.


Les écoliers se retirent. Le pavillon s’enlève pendant que Polichinelle chante Hanneton vole, vole.

Scène iii

Polichinelle, Mercure

mercure

Oh çà, Monsieur Polichinelle, recevez mes compliments sur le sceptre que vous portez. Malepeste, on s’aperçoit bien dans le monde que c’est monsieur Polichinelle qui façonne les amants.


polichinelle

Air : Du haut en bas

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Du haut en bas
Je leur apprends comme on respire
De doux appas,
Je note leurs tendres hélas !
Oui, dans leur amoureux martyre,
Je leur apprends comme on soupire,
Du haut
Rot.
en bas.
Pet.
mercure

Cela est fort tendre, jamais Céladon n’a soupiré comme cela.


polichinelle

Air : Branle de Metz

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Comme un galant je houspille
Lorsqu’il manque à sa leçon.
Mais j’y fais plus de façon,
Quand c’est quelque belle fille,
Oh, je m’y mets jusqu’au cou.
Et je l’étrille, l’étrille, l’étrille
Oh, je m’y mets jusqu’au cou,
Et je l’étrille partout.
mercure

Donnez-vous vos leçons en musique comme à l’Opéra ?


polichinelle

Air : Et voilà comme


Et voilà comme, et voilà justement,
Comme on fait bâiller sûrement.
mercure

L’Opéra joue de malheur depuis qu’il est si bien dirigé.


Air : Amis sans regretter Paris

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Dardanus était à quia
Son successeur est fade.
Après le plus vif ratafia
C’est boire de l’orgeade.
polichinelle

Cependant l’Ecole mérite des applaudissements.


mercure

Air : Ô reguingué

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Dans ce ballet, qu’approuvez-vous ?
polichinelle
Un morceau qui fait des jaloux.
Et des jalouses...
mercure
Dites-nous
Ce morceau si digne d’estime.
polichinelle
C’est la charmante pantomime.

Air : Et et et et et et et et


Quand on voit la jardinière
On se sent tout guilleret,
Et et et et et et et et,
La danse est vive est légère,
Son jardinier est bien fait,
Et et et et et et et et.
mercure
La belle vous plaît, compère ?
polichinelle
J’aurai de l’ouvrage à faire
Dans son joli joliet,
J’aurai de l’ouvrage à faire
Dans son joli jardinet.
mercure

Adieu, seigneur Polichinelle, j’oubliais


que Jupiter m’a chargé d’une ambassade.


polichinelle

Ambassade honorable auprès de quelque princesse qui veut aliéner ses appas.


Scène iv

Polichinelle, Mademoiselle Tambourin danseuse

la danseuse

Monsieur Polichinelle, vous voyez une danseuse qui...


polichinelle

Qui veut faire faire des faux pas à quelque financier...


la danseuse

Apprenez que je m’appelle Angélique Tambourin, et qu’on ne bronche pas avec moi. J’ai fait mes études dans la rue Saint-Nicaise.


polichinelle

Diantre !


Air : Sans mes pas et sans leurs appas

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Dans l’école du magasin,
On n’apprend ni le grec, ni le latin,
On récompense,
On chante, on danse,
On montre au tendron
Le tour fripon
Du cotillon.
À l’école du magasin
On sait sa leçon de très grand matin.
la danseuse

Air : Ce n’est plus la mode des amants constants, acte de L’Amour saltimbanque – des Fêtes vénitiennes


Ce n’est plus la mode
Des vers délicats,
On ne s’accommodebis
Que des entrechats.

Air : Le tran tran


À présent, de plus d’un théâtre,
La danse est l’unique soutien,
Le public en est idolâtre,
Qu’on gambade, il ne veut plus rien.
Il demande la cabriole,
De la gigue il est partisan,
C’est le tran tran etc.
Des leçons de l’école.

Ho ! Je veux absolument entrer à l’Opéra !


polichinelle

Vous avez des résolutions bien judicieuses !


Air : Que je regrette mon amant

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Informations sur cet air

Car, avec ce minois lutin,
Avec ces yeux plein de malice,
Avec ce petit nez mutin,
Vous brillerez dans la coulisse
Et bientôt vous verrez chez vous
Un régiment à vos genoux.
Régiment
Cajolant,
Pétillant,
Frétillant,
Boursillant.
Et ma foi, d’un tel régiment,
L’ustensile est bon sûrement.
la danseuse, dernier vers
Je connais bien ce régiment,
J’en commande un détachement.

J’ai enrôlé depuis peu monsieur Tarif, plus Crésus que Cyrus, conseillez-moi comment je dois me gouverner dans une situation si intéressante.


polichinelle

Monsieur Tarif, quelle grosse victime à


sacrifier sur l’autel de l’Amour ! Ah ! ma chère Tambourin, je n’ai pas deux conseils à te donner.


Air : Tirlitou


Que chaque jour d’un bijou,
L’opulent Tarif t’étrenne
Et qu’il n’ait jamais un sou,
Que ton adresse ne prenne !
Pousse-moi sa caisse à bout,
Tirli, tirli, tirlitaine,
Pousse-moi sa caisse à bout,
Tirli, tirli, tirlitout.

Scène v

Polichinelle, Fénise

polichinelle

Quelle indolente vient ici ?


Air : Il faut l’envoyer à l’école


Madame, daignez vous nommer.
fénise
Je suis duchesse de Sulmone.
polichinelle, à part
La friponne !
Il faudrait un peu l’animer.
Haut.
Venez-vous voir mon protocole ?
De tant d’honneur je suis confus...
fénise
Quel abus !
Non, je n’irai plus à l’école.
polichinelle

Vous y voilà pourtant.


fénise

Je déteste tous les pédants de Cythère.


Air : Par bonheur ou par malheur

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Informations sur cet air

Je vivais dans mon château,
Que l’on n’a pas fait trop beau.
Là, ma tutrice imbécile
Examinait mon amant,
La pécore malhabile
A fait un faux jugement,
Elle a cru Valère constant.
polichinelle

Air : La Ceinture

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Informations sur cet air

Il est de pestes de garçons
Qui portent mine doucereuse,
Oh ! Les amants et les melons,
C’est marchandise bien trompeuse.
fénise

Cette étourdie de tutrice m’a fait épouser le petit fourbe et...


polichinelle

Et ?


fénise

Et il me fuit.


polichinelle

Il fait sa charge, il est Français.


Air : Tu croyais en aimant Colette

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Informations sur cet air

Eh, ne sauriez-vous pas, la belle,
Qu’en France on ne court qu’au nouveau ?
Là, l’Amour se sert de ses ailes
Plus souvent que de son flambeau.
fénise

Le perfide n’en voulait qu’à mes richesses.


polichinelle

Air : Sainte Radegonde


Un maître
Qui n’est pas un Caton
Sait le paraître
Quand il en a raison.
Mais a-t-il épousé quelque riche tendron ?
Vous allez le connaître,
Il se remet au ton
De petit-maître.

Air : Dirai-je mon [confiteor]

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Informations sur cet air

Oubliez un volage époux,
Tâchez de briser votre chaîne.
fénise
Non, j’attendrai qu’à mes genoux
Son inconstance le ramène.
polichinelle

Air : Attendez-moi sous l’orme

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Informations sur cet air

Attendez-le sous l’orme,
Vous l’attendrez longtemps.

Scène vi

Polichinelle, Valère il entre en dansant et chantant la contredanse de la carmesse de L’École des amants

polichinelle

La bonne tête, je gagerais volontiers que c’est là l’époux de la duchesse de Sulmone qui vient de me quitter.


valère

Air : Lère la lère lan lère

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Informations sur cet air

Parbleu, vous l’avez deviné !
polichinelle
Sans m’être au grand diable donné...
valère
Oui, je suis le petit Valère.
polichinelle
Lère la lère lan lère,
Le bon mari que voilà.

À propos, petit Valère, il m’est revenu qu’à l’école de l’Opéra, vous paraissiez sans action.


valère

Air : Ah que la forêt de Cythère

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Informations sur cet air

Quel conte ! À la chasse on me mène
Quand d’amour il est question
Tontaine tonton,
Ton ton ton ton ton ton,
Au fond des bois on me promène,
N’est-ce pas là de l’action ?
Ton ton ton, etc.
Tontaine tonton.
polichinelle

Venez-vous chercher ici votre femme ?


valère

Me prenez-vous pour un bourgeois ?


polichinelle

Elle vient de partir.


valère

Je lui souhaite un bon voyage.


polichinelle

Venez-vous vous perfectionner à mon école ?


Air : Je ferai mon devoir

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Informations sur cet air

Vous promettiez et par serment
D’aimer fidèlement...bis
Et tendrement, et constamment.
valère
Jusques au changement.bis

Air : Préparez-vous pour la fête nouvelle


J’acquerrai cent conquêtes nouvelles
Je veux subjuguer mille belles...
polichinelle

Air : Est-ce que ça se demande

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Informations sur cet air

Quoi ? Vous voulez toujours, petit coquet,
Chercher toujours fortune ?
Séduire par votre caquet
Et la blonde et la brune ?
valère
Je n’en connais point, entre nous,
Qui d’abord ne se rende.
polichinelle
De tant d’appas que faites-vous ?
valère
Est-ce que ça se demande ?

Scène vii

Polichinelle, Tersandre comte d’Artois

polichinelle

Air : Le cotillon couleur de rose


Il ne fallait point mettre en ménage
Le petit garçon, c’est un vaurien,
Ah, je le vois bien !
Il est écrit sur son visage,
Oui, c’est un vaurien,
J’en suis sûr à son entretien.
Apercevant Tersandre.
C’est Tersandre que je vois là,
Encore une métamorphose,
Le gentil berger que voilà,
En habit neuf, couleur de rose !
Mais le public capricieux
N’a pas, dit-on, bien pris la chose,
En habit jaune, quoique vieux,
Le comte d’Artois lui plaît mieux.

Vous êtes bien hardi, paraître à mon école avec cet habit reprouvé. Croyez-vous qu’on y tolérera


Il chante.
Le cotillon couleur de rose !

Allons, vous méritez du moins une férule, Allons, vous méritez du moins une férule, \emph porrige manum..


tersandre

Une férule au comte d’Artois ?


polichinelle

Non, c’est à l’homme couleur de rose. Écoutez !


Air : Vinaigre


Le parterre fait du fracas
Et son humeur est pétulante.
Quand à ses yeux on se présente
En habit qui ne lui plaît pas,
À plaisanter il est allègre,
Il va riant, toussant, crachant
Du vinaigre.

Vous en savez des nouvelles.


tersandre

Mon acte a pourtant réussi.


polichinelle
\emph Distingo.

Air : Pour la baronne

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Informations sur cet air

Sans la carmesse,
La flamande et le cotillon,
Ma foi, vous et votre princesse
Vous jetiez un mauvais coton,
Sans la carmesse.

Scène viii

Polichinelle, La Fleur, Claudine

polichinelle

Quel duo subalterne avance ? Ce sont des domestiques ! Ils prennent sans doute mon école pour une école de la charité... Qui êtes-vous, mes bonnes gens ?


claudine

Tredame ! Je sommes les singes de Liandre et de Malimène.


polichinelle

Vous voulez dire de Léandre et d’Eltimène ? Tâchez de me conter votre aventure plus intelligiblement.


la fleur

Laisse-moi parler, Claudaine, je sis pus


grec que toi dans le biau français.


polichinelle

Oui, laissez parler monsieur le grammairien.


la fleur

En continuant notre histoire, je vous dirai finalement que v’là Claudaine et que moi par révérence je sis La Fleur. Or donc, je servions ensemblement un maître apothicaire de la Courtille nommé monsieur Pilule, et pis Claudaine et moi je ne sommes pas du même pays.


Air : Vous parlez gaulois

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Informations sur cet air

Je sis Normand, al est Picarde,
De nous entendre je n’avions garde
Dans notre patois...bis
À présent que du biau langage
J’ons appris le fin et l’usage
Je parlons françois...bis
polichinelle, dernier vers
Et très bon françois.
la fleur

Je devînmes amoureux l’un envers l’autre comme des braques ; j’enragîmes comme des


dogues de ne pouvoir jaboter un tantinet sur ce que je sentions, j’étions réduit à nous cajoler par signes.


polichinelle

Par signes ! Voyez le grand malheur !


Air : Sur le ritantaleri


Ma foi, l’amour gesticulant
Touche bien mieux que le parlant,
C’est alors qu’on a plus d’esprit.
Sur le ritanta la lera
Sur le ritantaleri.
la fleur

Stapendant l’apoticaire nous boutit un biau matin tous les deux sul pavés, à cause de ça d’un quiproquo que je fîmes dont il déboursit l’amande. Claudaine et moi, il fallit charcher condition, al fut à Rouen chez un confiseux, moi à Amiens chez un traiteux.


polichinelle

Un confiseux, un traiteux, que vous êtes bien là tous les deux !


la fleur

Un biau jour que Claudaine récurait une casserole et moi un chaudron, l’amour nous fourit dans la çarvelle en même temps,


quoique éloignez l’un de l’autre de pus de soixante lieux, le dessein d’apprendre le français de la cour.


polichinelle, chante
Que vous avez bien réussi
Biribi
À la façon de Barbari
mon ami.
la fleur

Drès que je nous trouvîmes fort...


polichinelle

Dans le biau langage.


la fleur

Je partîmes subitement, je nous cherchîmes à Paris et je nous trouvîmes face à face sul le Pont Neuf, le jour des fumigations...


claudine

La Fleur, faut dire des fuminations.


polichinelle

Fort bien. Oh çà, mes beaux parleurs, il ne manque à votre scène qu’un duo picard et normand sur le ton de l’Opéra.


la fleur

Je le voulons bien, écoutez !


la fleur

Air : Air des cloches  : Orléans Beaugency

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Informations sur cet air

Ma Claudon, pauvre ainfain,
Qu’ adorait tout Chin Quintin,
Que j’t’aime ! Que j’ t’aime !
claudine, chante en même temps
Cher La Fleur, ver’ ma fei,
Vous pouez compter sur mei,
Guieu m’damne, guieu m’damne.
polichinelle

Vere ma fei, pauvres ainfains, vous étrennerez mon sceptre.


Déclamant.
Je ne l’ai point encore employé d’aujourd’hui.

Air : Et fera bien claquer son fouet


Mes enfants, pour récompense
D’un langage si parfait,
Vous apprendrez une danse
Vous aurez tous les deux le fouet,
Clic et clac et tique tique tac
Vous aurez tous les deux le fouet.
Polichinelle fait le lazzi de leur donner le fouet, ils se jettent à genoux, crient et disent : Grâce, grâce, dans dix ans je parlerons un peu mieux !
polichinelle

Je vous pardonne en faveur de l’expédition. Holà, mes écoliers, imitez l’opéra, faites succéder la danse au tragique.


Les écoliers reviennent, dansent. On finit par le vaudeville.
vaudeville
1
Quand la maman est trop sévère
Et chasse l’amour et l’amant
Lère lan lère,
La fillette fait sourdement
L’école buissonnière.
2
Certaine veuve moins sévère
Marche dans le sentier battu
Lère lan lère,
Elle fait faire à sa vertu
L’école buissonnière.
3
Quand l’épouse est trop mégère,
Criant toujours d’une aigre voix
Lère lan lère
L’époux grondé fait quelquefois
L’école buissonnière.
4
Quand l’époux est sexagénaire
Cassé, malingre et discourtois
Lère lan lère
L’épouse fait en tapinois
L’école buissonnière.
5
Un gascon prend son ordinaire
Dans une auberge constamment,
Lère lan lère,
Et puis il fait subtilement
L’école buissonnière.
6
Au public.
Messieurs, venez assidûment,
Polichinelle vous révère
Lère lan lère...
Chez nos voisins, faites souvent
L’école buissonnière.


Addition.
Quand les Romains nonchalamment
Répètent Corneille et Molière,
Lère lan lère,
Le public fait très sagement
L’école buissonnière.

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