Anonyme
Roland
Opéra burlesque
Ms. BnF, fr. 9287, f.296-306v
Acteurs
Angélique
Thémire, suivante d’Angélique
Médor, amant d’Angélique
Liliante
Roland, amant d’Angélique
Chœur de blanchisseuses et de revendeuses
Un joueur de guitare
La Coryphée
Un marchand de peau de lapin
Astolphe, confident de Roland
Blaise, accordé
Thérèse, accordée
Cassandre, père de Thérèse
Une voix
Chœur
prologue
une voix
Air :
La sévère Polymnie,
Change aujourd’hui de génie,
Et sous de nouveaux transports,
C’est le dieu de la satire,
Qui vient de monter sa lyre,
Et d’inspirer ses accords.
chœur
La sévère etc.
la même voix
Air :
La muse qui se déguise,
Rougit de son embarras,
Mais pour plaire à Ludovise
Que ne ferait-on pas ?
chœur
La muse etc.
finprologue
Roland
Acte i
Scène i
angélique seule
angélique
Air :
Je ne sais auquel entendre,
De la gloire et de l’amour,
D’un cœur trop fier et trop tendre,
Pour se défendre et se rendre.
Ils triomphent tour à tour.
Scène ii
angélique, Thémire
thémire
Air :
Finirez-vous d’être cruelle
À ce pauvre monsieur Roland ?
Pour vous il met tout par écuelle
Et vous prépare un beau présent.
C’est mauvaise humeur,
C’est d’un mauvais cœur,
De ne pas aimer ce jeune seigneur.
angélique
Air :
Toi qui parles si volontiers
Même sans avoir rien à dire,
Conte-moi les exploits guerriers
Du fameux héros que j’admire.
Parlons de lui, de sa beauté,
Et surtout de sa qualité.
thémire
Air :
Il lit comme un procureur,
Il sait même l’écriture,
Il chante en manière d’acteur,
Il danse comme une peinture,
C’est un garçon au fait de tout,
Il a servi chez la Cartout.
Air : Talalerire
Roland a bien l’air à la danse,
Il a beaucoup d’argent comptant ;
Il est pourvu d’une ambulance.
angélique
Que Médor n’en a t-il autant !
thémire
Fi donc...
angélique
Cela te plaît à dire.
thémire
Talareri, talareri, talarerire.
angélique
Air : La bonne aventure, ô gué
Un jour au cœur de l’hiver,
Je vis sur la place
Médor aussi nu qu’un ver
Faisant la grimace.
Au magister, il contait
La douleur qu’il ressentait,
D’un mal d’aventure, au doigt
D’un mal d’aventure.
Air : Ne v’la t-il pas que j’aime
Il s’approcha tout doucement,
La figure un peu blême.
Il me regarda seulement,
Ne v’la t-il pas que j’aime.
Air :
Humaine par nature
Je souffre à voir souffrir,
J’entrepris cette cure
Et sus y réussir,
Prompt à m’attendrir
L’amour m’a fait une blessure,
Prompt à m’attendrir,
Dont rien ne me saurait guérir.
Humaine par nature,
Je souffre à voir souffrir,
J’ai guéri sa blessure
Et ne saurait guérir.
thémire
Air : Toujours va qui danse
Sans vous fatiguer à choisir,
Je sais un moyen facile.
Prenez Médor pour le plaisir
Et Roland pour l’utile,
L’un est sot il aime il paiera,
L’autre fera bombance
La La La etc.
Et toujours va qui danse.
Air :
Sous les mains d’une belle,
Le cuivre devient or,
C’est une bagatelle,
D’entretenir Médor ;
Il faut qu’on s’exécute,
Chacun paye à son tour,
Ce qui vient de la flûte,
S’en retourne au tambour.
angélique
Air : Notre espoir allait faire naufrage
Ma vertu ne fera point naufrage,
Mon époux n’a rien à redouter
Et mon cœur, dont ma main est le gage,
Met sa tête à l’abri de l’orage.
Il y peut compter.
thémire
Air :
C’est un propos qu’on tient la veille,
Pour l’oublier le lendemain.\indicreprmus fin
Il faut en pareil cas je vous conseille,
Vous mettre à l’unisson du genre humain.
C’est un propos etc.
angélique
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Non, non, je ne suis point coquette,
Gardons Roland, chassons Médor,
Laissons-lui dire une ariette
Et nous l’expédierons d’abord.
Scène iii
médor seul
médor
Air :
Quel désespoir
D’être amoureux d’une grand’dame.
Quel désespoir,
Je pleure du matin au soir.\indicreprmus fin
Je n’ose ouvrir mon âme
À la beauté qui m’enflamme.
Elle ignore ma flamme
Ou feint de ne la pas savoir.
Quel désespoir etc.
Scène iv
médor, angélique
médor
Air : La faridondaine, la faridondon
De Roland pour vous en ce jour,
La flamme va paraître.
Quand il veut vous parler d’amour
Il en est bien le maître.
Roland est un heureux garçon
La faridondaine, la faridondon.
angélique
Sachez qu’il n’est heureux ici,
Biribi
Qu’à la façon de Barbari,
Mon ami.
Air : Amis, sans regretter Paris
Médor vous me devez, je crois,
Quelque reconnaissance.
S’il est ainsi, répondez-moi,
Parlez en conscience.
Air : Est-c’que ça s’demande
De mes soins je voudrais savoir
Ce qu’il faut que j’attende.
Ai-je sur vous quelque pouvoir ?
médor
Est-ce que ça se demande ?
Air :
D’un vieux milord à triste mine,
Le sort me fit être laquais.
Il est mort ici de la spline\definition Spline vient de spleen, substantif masculin qu’on prononce spline par lequel on exprime un état de consomption \acad 1798.
Je resterai sur le pavé... mais...
Air : Du haut en bas
Du haut en bas
Vous m’avez équipé madame,
Du haut en bas
Depuis le chapeau jusqu’aux bas.
Pénétré jusqu’au fond de l’âme,
Aussi je suis à vous, Madame,
Du haut en bas.
angélique
Air :
Il est temps de prendre,
Tous deux un parti,
Pourquoi plus attendre ?
Vous êtes guéri...
Air :
Partez Médor ! partez Médor ! Je vous en prie.
médor
Mais pourquoi ça, mais pourquoi ça ?
angélique
Sans différer
Ma gloire me crie
De nous séparer.
médor
Air :
Eh ! pourquoi donc belle Angélique ?
Eh ! pourquoi donc fuir mon aspect ?
Mon zèle vous est-il suspect ?
Quelle mouche vous pique ?
Et trop, ou trop peu de respect...
angélique
Air :
C’est temps perdu que de poursuivre
Prenez votre parti Médor.
Choisissez où vous voulez vivre,
Je prendrai soin de votre sort.
Cinq sols par jour de pension
Vous serons payés par semaine,
Et de temps en temps, aux Etrennes,
Quelques gratifications.
médor
Air : Accompagné de plusieurs autres
Je n’ai plus affaire d’argent,
Je veux me pendre absolument
Puisque vous m’envoyez aux peautres.
angélique
Vivez mais partez promptement.
médor
Adieu donc...
angélique
Bon jour et bon an,
Accompagné de plusieurs autres.
médor
Air :
Adieu cœur plus dur qu’ardoise !
Si rien ne peut vous toucher,
Je m’en vais aller chercher
Le poulailler de Pontoise.
Il m’emmènera demain
Voir ma famille bourgeoise,
Il m’emmènera demain
Et par le plus court chemin.
Scène v
angélique, thémire
angélique
Air :
Conçois-tu l’effort extrême
Que je me fais aujourd’hui ?
J’ai renvoyé ce que j’aime
Mais s’il en crève d’ennui,
J’aurai le poignard de même
Et crèverai comme lui.
thémire
Air :
L’amour est chez vous une fièvre
Qui se dissipe en un moment.
Les coquettes communément
Ont une mémoire de lièvre,
Et bien mieux que le quinquina,
L’absence vous en guérira.
angélique
Air : Non, rien n’est si fatiguant que l’emploi d’une tourière
Je veux revoir mon amant,
Ma tendresse est la plus forte.
Non... qu’il parte... eh ! non vraiment
Qu’il revienne absolument !
Pan, pan, etc.
Va t-en frapper à sa porte,
Pan, pan, etc.
Qu’il revienne dans ce moment.
L’orgueil cède en ce moment
À l’amour qui me transporte.
Non... qu’il parte... eh ! non vraiment
Qu’il revienne promptement !
[Pan, pan, etc.]
thémire
J’entends frapper à la porte.
[Pan, pan, etc.]
angélique
Va t-en le trouver promptement !
Scène vi
angélique, thémire, liliante, chœur
liliante
airopera
Au généreux Roland, je dois ma délivrance ;
Du châtelet son crédit m’a sauvé ;
Il n’a voulu de ma reconnaissance
Que ce bijou qu’il vous a réservé.
Je viens pour vous l’offrir du rivage où la Seine
Baigne les arches du Pont-Neuf.
Vous faites à Roland courir la prétentaine,
Mais qui peut voir la beauté qui l’enchaîne,
S’il s’en étonne encor est pesant comme un bœuf.
Je viens exprès de Congo,
Vous voir à tirelarigo,
Et boire une bouteille.
Vous allez, Dieu merci, vous porter à merveille.
chœur
Nous venons tous de Congo,
Vous voir à tirelarigo,
Et boire une bouteille.
Vous allez, Dieu merci, vous porter à merveille.
Air :
Dans ces lieux,
Vos beaux yeux
De l’amour
Allument la flamme.
Dans ces lieux,
Vos beaux yeux
De l’amour
Augmentent la cour.
Les soupirs,
Les désirs,
Naissent dans l’âme
De qui vous voit une fois,
Tout se rend à vos lois.
Dans ces lieux, etc.
finacte
Acte ii
Scène i
angélique seule
angélique
Air : À mon cœur, dans ce séjour, tout peint l’amour
Le cours de cette onde pure,
Son doux murmure,
Le bruit des pots,
Ces treillages, ces tréteaux,
Flattent le tourment que j’endure.
À mon cœur dans ce séjour,
Tout peint l’amour,
Tout est amour,
Tout parle amour.
Scène ii
angélique, thémire
thémire
Air :
Quoi ! vous aimez le cabaret
Comme une autre aime la toilette ? bis
Dieu sait ce que Roland dirait
S’il vous trouvait à la guinguette.
Dieu sait ce que Roland dirait
De vous trouver au cabaret.
angélique
Air :
Dans ce moulin
Médor y vient, l’on vend du vin,
Chaque matin.
Vers le voisin
Je tourne en vain
Et l’amour malin
M’y ramène enfin.
Dans l’autre on ne vend
Que de la bière
Et Roland,
Chaque moment,
Y viendrait me faire
Son compliment.
thémire
Air : Mais surtout, prenez bien garde à votre cotillon
Oh qu’il saura bien vous trouver !
Tenez, je l’entends arriver.
Il est vif comme un papillon,
Le voici ! prenez garde à votre cotillon.
angélique
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Je sais que ce n’est pas sa faute
S’il me cause un si grand ennui.
Mais il a compté sans son hôte
S’il a crû me voir aujourd’hui.
Scène iii
roland, angélique, thémire
roland
airopera
Belle Angélique enfin je vous trouve en ces lieux
Ciel ! Quel enchantement vous dérobe à mes yeux ?
Air : Les Trembleurs
Quoi ! la voilà disparue ?
Qu’est-elle donc devenue ?
Je suis sûr de l’avoir vue
Et de ne pas être gris
Car je n’ai pas la berlue.
Elle était là dans la rue.
Me prend-on pour une grue ?
Quel cruauté, quel mépris !
thémire
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Pour vous son estime est extrême.
Croyez-moi tenez-vous-en là.
Quand on n’a pas ce que l’on aime,
Il faut aimer ce que l’on a.
roland
Air :
Parbleu ! je suis joli garçon
Et de quoi diable m’est utile
D’unir le bras de Cicéron
Avec l’éloquence d’Achille ?
En graissant la patte aux commis,
Le tabac entre dans Paris
Sans crainte de payer l’amende.
Et si cela dure, bientôt,
On va faire la contrebande
Aux nez des fermiers généraux.
Air : Le fleuve d’oubli
Angélique, en vain je clabaude.
L’ingrate fait des gorges chaudes
De m’entendre crier au loup.
Parbleu ! je suis bien bête
D’en être encore si fol
Ou ou.
Elle est si malhonnête
Que j’en ai tout mon saoul
Ou ou.
Pour en perdre la mémoire,
Dans le fleuve d’oubli,
Biribi,
Je veux boire, je veux boire !
Air : L’amour la nuit et le jour
Je fais ce que je puis
Pour me mettre en colère ;
Mais nigaud que je suis
Je grille de lui faire
L’amour
La nuit et le jour.
Air :
Morbleu ! quel chien de plaisir
Prenez-vous à me mettre à la gêne ?
Morbleu ! quel chien de plaisir
Prenez-vous à me faire souffrir ?\indicreprmus fin
Rien n’est égal à ma peine,
Inhumaine.
Vous est-il si doux
D’entendre jurer après vous ?
Morbleu ! etc.
Scène iv
angélique, thémire
thémire
Air : Eh ! Qu’est-c’que ça m’fait à moi
Je m’en allais vous trouver.
angélique
Dans ce séjour solitaire
J’ai du plaisir à rêver.
thémire
Roland sort fort en colère.
angélique
Eh ! qu’est c’que ça m’fait à moi ?
Le seul Médor peut me plaire.
Eh ! qu’est c’que ça m’fait à moi ?
De l’amour je suis la loi.
Air :
L’amour lui-même
Forma ces beaux lieux.
Sans ce que j’aime
Rien n’y plaît à mes yeux.\indicreprmus fin
thémire
Roland peut-être
Va revenir.
D’un petit-maître,
Perdez jusqu’au souvenir.
angélique
L’amour etc.
De mon cœur
Médor est vainqueur.
Parle-moi
De Médor ou tais-toi.
L’amour etc.
Scène v
médor, angélique, thémire
médor
Air :
J’ai perdu ma peine,
Mon infortune est certaine.
J’en meurs de douleur,
L’ingrate me laisse
Sans pain et sans maîtresse
Et m’ôte son cœur.
Je la trouvais charmante,
Grands dieux, qu’elle avait d’attraits.
Une plus tendre amante
Ne se trouva jamais.
J’ai perdu etc.
Air :
Du coin de l’œil je l’aperçois,
Elle a les yeux sur moi.
thémire
Vous le verrez...
angélique
Tais-toi.
médor
Sans faire semblant de la voir
Jouons le désespoir.
Air : Lanturlu
Je sens à ma place
Si j’étais anglais,
Après ma disgrâce
Que je me pendrais.
angélique
Je crains la grimace
Qu’on fait quand on est pendu.
thémire
Lanturlu, lanturlu, lanturelu.
médor
Air : Turlututu, rengaine
Rivière profonde !
Le vin que j’ai bu,
Bientôt à ton onde,
Sera confondu.
Flots où je désire
Trop boire d’un coup,
Vous m’allez conduire
Au pont de Saint-Cloud.
Mais non, ce sera plutôt fait,
Coupons-nous le sifflet.
angélique
Turlututu rengaine,
Rengaine ton couteau.
Air : Seigneur, en vérité, vous avez bien de la bonté
Médor, vous auriez fait sans nous
Une grande folie. bis
Pour moi, si ce n’est pas pour vous,
Conservez votre belle vie
Je vous en prie.
médor
Madame en vérité
Vous avez bien de la bonté.
angélique
Air :
Pourquoi malgré ma défense
Vouloir courir au trépas ?
médor
Ce n’est pas la seule offense
Que je fais à vos appas.\indicreprmus fin
Et comment pourrais-je vivre ?
Vous m’obligez à vous fuir.
Et comment pourrais-je vivre ?
Me défendre de vous suivre
C’est m’ordonner de mourir.
angélique
Pourquoi etc.
Attenter à votre vie
C’est mériter mon courroux.
médor
Vous allez être obéie.
Mais je doute de ma vie
S’il faut m’éloigner de vous.
angélique
Je vous permets de me suivre.
médor
Ah, j’embrasse vos genoux !
Il me sera doux de vivre
Puisque je vivrai pour vous.
angélique
Air : Trémoussons-nous et donnons-nous du mouvement
Vous avez déjà du connaître
Que vos jours me sont précieux.
Vivez, il le faut, je le veux
À quelque prix que ce puisse être
Et allons gai gai gai gaiement,
Donnons-nous du mouvement.
médor
Air :
Vous meunières,
Jardinières,
Servantes de cabaret,
Blanchisseuses,
Revendeuses,
Nous payons du vin clairet.\indicreprmus fin
Venez, et que chacun chante
Que la beauté qui m’enchante
Me rend heureux en secret !
Vous meunières, etc.
Scène vi
médor, angélique, thémire, chœur de blanchisseuses et de revendeuses, un joueur de guitare
chœur
Air :
Accourons tous !
On nous offre bouteille.
Il n’est pour nous
De rendez-vous
Que sous la treille.
Si les amants,
Froids, languissants,
Perdent le temps,
En peu d’instants
Le vin les réveille
Et des époux,
Il calme les soupçons jaloux.
le joueur de guitare
Air : Je suis né natif de Ferrare de l’opéra Tarare
Je suis né natif de Chinon
Excellent joueur de guitare,
Qui fait tin, tin, tin
Qui fait ta, ta, ta,
Qui fait tin, qui fait là tintamarre.
J’en suis parti sur un ânon
N’ayant pour tout bien que ma guitare
Qui fait etc.
Personne ici ne sait mon nom.
On m’appelle l’homme à la guitare
Qui fait etc.
Je fais peu de cas du bémol
Je ne sais toucher que du bécard
Qui fait etc.
J’ai ouï parler de vos appas
Qu’on dit être une chose rare
Qui fait etc.
Pour vous voir si c’était le cas
J’irais de mon pied jusqu’à Tarare
Faisant etc.
J’irais sur le clocher d’Arras
À cloche-pied chanter ma fanfare
Qui fait etc.
Vous autres que je vois là-bas
Si j’ai bien joué de la guitare,
Faites etc.
chœur
Air :
Des grands seigneurs
Nous n’envions point les honneurs.
Qu’importe à nos cœurs,
Nos plaisirs sont quoique obscurs,
Sûrs.
Il faut pour être heureux,
Tendre Amour, sentir tes feux.
C’est pour nous que sont faits
Les plus doux de tes traits.
Des grands seigneurs etc.
finacte
Acte iii
Scène i
médor, thémire
médor
Air :
Pour nuire à ma tendresse
Vous avez tout tenté.
Pour nuire à ma tendresse,
J’y penserai sans cesse.
thémire
Comptez sur mon adresse,
Sur ma fidélité,
C’est servir ma maîtresse,
Comptez sur mon adresse.
médor
Pour nuire à ma tendresse,
Vous avez tout tenté.
thémire
Le soin de votre sûreté
M’occupera sans cesse.
médor
Air :
Avec Roland, elle est en ce moment.
thémire
Eh bien, que craignez-vous encore ?
médor
Mais s’il lui parle tendrement...
thémire
Vous savez qu’elle vous adore.
médor
Je le dis et je le sens bien
Il ne faut jurer de rien.
thémire
Air :
Tandis qu’avec vous,
Angélique s’engage.
Sûr d’un nœud si doux
À quoi pensez-vous :
D’avoir de l’ombrage ?
Paraître jaloux
En entrant en ménage,
C’est pour un mari
Choisir le mauvais parti.
Croyez-moi, dormez sur l’une et l’autre oreille,
Elle s’en rapporte à votre bonne foi.
Il faut, croyez-moi,
Lui rendre la pareille.
Sûr d’un nœud si doux,
Gardez-vous des soupçons jaloux.
Air :
Roland, comme un turc, est méchant.
Il est fort comme un diable .
médor
Vous me connaissez mal, vraiment,
De peur je suis incapable.
Apprenez que quand je m’y mets,
Rien ne me fait obstacle !
Et d’un duel je vous promets
De vous donner le spectacle.
thémire
Air :
J’aperçois Roland qui s’avance
Et je crois qu’il est armé d’un bâton.
médor
Retirons-nous en diligence
Mettons-nous à l’abri de ce buisson.
De plus près je le verrais,
S’il n’était avec ma maîtresse,
De plus près je le verrais
Que n’est-il seul mais je m’en vais.
C’est par un excès de tendresse
N’allez pas imaginer que j’ai peur.
thémire
Je le crois, et que la sagesse
Est chez vous la règle de la valeur.
Scène ii
angélique, roland
roland
Air : Votre humeur est, Catherine
Votre humeur est, Angélique,
Plus aigre qu’un citron vert.
Vous me donnez la colique,
N’ai-je pas assez souffert ?
Un chagrin que rien n’apaise
Est né de votre rigueur
Et du boudin sur la braise,
Est le portrait de mon cœur.
Air : R’lan tan plan tire lire
À deux genoux mon bouchon
Et rli et rlan et rlan tan plan tirelire.
À deux genoux mon bouchon,
Votre amant vous admire. bis
angélique
Rlan tan plan tirelire.
roland
Vous ne m’aimez donc pas...
angélique
Non.
roland
Et rli...
angélique
Et rlan...
roland
Et rlan tan plan...
angélique
Tirelire.
roland
Vous ne m’aimez donc pas...
angélique
Non.
roland
Quoi ! vous me l’osez dire ?
Air : Mon p’tit cœur, vous n’m’aimez guère
Je grille pour vos appas,
Vous n’en êtes que plus fière.
Sur un tas de foin là-bas,
Je passe la nuit entière.
Mes soupirs font peur aux chats,
Mon p’tit cœur, vous n’m’aimez guère,
Car tout ça n’vous touche pas.
Hélas ! vous n’m’aimez pas.
angélique
Air :
Le seul nom d’amour m’effarouche.
roland
Vous faites la sainte Nitouche.
angélique
Allons badin vous êtes fol.
roland
Tenez, dirait-on qu’elle y touche ?
Corbleu, vous avez vu le loup !
Faites moins la petite bouche.
Air :
Tout le monde ne fait que rire
De me voir traité comme un chien.
Qu’on me méprise, on fera bien,
Je n’aurai pas de mot à dire.
On me berne le dos tourné,
Mais si bientôt on se hasarde
À me donner quelque nasarde,
Je n’en serai point étonné.
angélique
Air : On fait ce qu’on peut et non pas ce qu’on veut
Je n’ai point perdu la mémoire,
Monsieur, de ce que je vous dois.
J’ai fait pour vous rendre à la gloire
Tout ce qui dépendait de moi.
En vous un grand mérite brille,
Vous me faites beaucoup d’honneur.
Je devrais vous donner mon cœur,
Mais vous savez, quand on est fille,
Qu’on fait ce qu’on peut
Et non pas ce qu’on veut.
roland
Air :
Si j’ai l’air d’un sot, morbleu,
Je n’en ai pas le jeu.
Vous avez mille attraits,
Mais non pas la mine d’une Agnès.
Air :
Malgré l’ardeur de nos feux,
Si les belles sont difficiles,
C’est que d’autres plus heureux
Les ont trouvées plus dociles.
Air :
Tenez, tous vos propos
Sont des brides à veaux.
Air :
À mon rival, si j’en ai,
Voici ce que je ferai :
Je prétends sur ses épaules
Évaporer mon dépit.
Je veux à grands coups de gaules
Épousseter son habit.
Je n’ai jamais servi personne à plats couverts.
Gare à lui si je mets mon bonnet de travers !
Je lui dirai doucement,
Tout simplement, tout bonnement :
Tiens, si tu n’éteins pas ton feu,
Dans ces deux mains, je t’étrangle morbleu !
Air : V’la ce que c’est qu’d’avoir un amant
Dans vos regards en ce moment,
V’la c’que c’est qu’d’avoir un amant,
Ingrate, je vois clairement
Que je vous ennuie.
Vous avez envie
De me planter là promptement,
V’la c’que c’est qu’d’avoir un amant.
angélique
Air :
Que vous sert de me quereller,
Votre soin serait inutile
Si je songeais à m’en aller.
Mais la fuite n’est pas facile,
Votre air est si doux, si flatteur,
Qu’on ne peut s’en défendre.
Que se passe-t-il dans mon cœur ?
Je n’y puis rien comprendre.
roland
Air :
Est-ce un soupir, belle Angélique
Ou bien n’est-ce qu’un bâillement ?
Toujours seul comme l’as de pique,
Dois-je soupirer tristement ?
Ah, ne vous déplaise,
Donnez-moi vot’main que je la baise,
Que je la baise, baise et rebaise
Car c’est que c’est mon seul désir,
Car c’est que ça me ferait grand plaisir.
angélique
Air :
Quel est votre dessein ?
Ah monsieur, j’en suis toute interdite.
Quel est votre dessein ?
Prétendez-vous donc me baiser la main ?\indicreprmus fin
Mais quels nouveaux transports ?
Quoi ! malgré mes efforts
La tendresse s’irrite.
J’ai beau crier coquin, coquin,
Roland va toujours son train.
Quel est votre dessein ? etc.
roland
Air :
Eh ! vite mon petit bouchon,
Aimez-moi, rendez-vous donc.
À quoi bon faire tant de façon ?
Pourquoi donc tous ces délais ?
Ne les cesserez-vous jamais ?
Vous retardez des plaisirs
Qui doivent payer mes soupirs.
Je vous le dis pour votre bien
Comme pour le mien.
Vous voyez quel est mon amour,
Aimez à votre tour !
angélique
Air :
Votre ardeur,
Monsieur, ne me fait plus de peur.
Vous êtes mon vainqueur,
L’amour vous livre mon cœur.\indicreprmus fin
Vos transports
Rendent vains mes efforts.
Fille encore,
Votre abord
M’a fait pâlir d’effroi.
Je crus, ma foi, que c’était fait de moi
Mais à présent...
Votre ardeur etc.
roland
Air : Dondaine, dondaine
Angélique, vous m’aimez donc ? bis
Par ma foi, vous avez raison,
Dondaine dondaine.
Ah ! le joli tendron
Qu’Amour m’amène !
angélique
Air :
Je fais mon plus doux espoir
De régner à jamais dans votre âme.
Mais je voudrais bien pouvoir
Ne montrer qu’à vous toute ma flamme.\indicreprmus fin
J’ai jusqu’à ce jour, été si sévère
Que j’ai besoin du secours du mystère.
roland
Oui, c’est la rocambole de l’amour.
angélique
Je fais etc.
roland
Air : N’y a que sept lieues de Paris à Pontoise
N’y a que sept lieues de Paris à Pontoise,
N’y a que sept lieues de Pontoise à Paris.
Nous y pouvons sans qu’on nous cherche noise
Cacher l’amour dont nous sommes épris.
angélique
Air : Au bout, au bout, au bout du monde
Dans l’espérance de vous plaire,
Monsieur, je suis prête à tout faire.
Où vous voudrez je vous suivrai,
Je braverai l’onde,
Et s’il le faut j’irai
Au bout, au bout, au bout du monde.
Scène iii
médor, angélique
médor
Air : Ah, j’ai tout vu
Ah, j’ai tout vu !
J’en suis bien convaincu,
Qui l’eût dit, qui l’eût cru !
Ah, j’ai tout vu !
J’en suis bien convaincu
Qui l’eût dit, qui l’eût cru !
Ma foi, je suis perdu.\indicreprmus fin
Dieux, quels tourments,
L’ingrate en ce moment
À Roland fait serment
De l’aimer constamment.
angélique
C’était innocemment.
médor
Ah, j’ai tout vu ! etc.
angélique
Air :
Plus que vous je suis à plaindre,
Je chéris la vérité.
Près de Roland, j’ai dû feindre
Pour vous mettre en sûreté.
L’amour m’a, pour le surprendre,
Fait prendre
Un air coquet.
De ce moyen qu’il m’inspire
Que dire ?
médor
Que c’est bien fait.
angélique
Air :
Je crains toujours
Que Roland ne vienne.
médor
S’il faut qu’il nous surprenne,
Je suis sans secours.
angélique
Cherchons sans vains discours
Les moyens les plus courts
médor
Je crois la Seine
Notre seul recours.
angélique
J’y cours, j’y cours !
J’entends sur l’humide plaine
La voix des amours.
Air : R’lan, tan, plan, tire, lire
Dans la rue chiffonnière,
En plein, en plan et r’lan tan plan
Tirelire en plan,
Dans la rue chiffonnière,
Il y a une bonne auberge,
Il y a une bonne auberge,
R’lan tan plan tirelire
Et un vieux chenapan,
En plein, en plan et r’lan tan plan
Tirelire en plan
Et un vieux chenapan
Qui lui sert de concierge.
médor
Air :
Mais il faut que je déguerpisse
Si Roland venait y loger.
angélique
Eh bien, donnons à la police
Des raisons de nous protéger.
À l’Opéra,
Pour fuir sa poursuite importune,
À l’Opéra,
Aisément on nous recevra.
Vous êtes blond, moi je suis brune :
Voilà de quoi faire fortune
À l’Opéra.
médor
Air : O gué, lon la, lan laire
Mais de la tablature
Je ne sais rien.
Je danse hors de mesure
Je le sens bien.
Mais qu’importe ces défauts-là,
Ce n’est aujourd’hui qu’un rien que cela,
Au gué, lon la, lanlaire
Au gué, lon la.
ensemble, ensemble
Air :
Suivons l’amour qui nous entraîne,
Je suis sur vos pas l’amour qui m’entraîne,
Sa chaîne a mille appas.\indicreprmus fin
Qui doutera qu’il ne nous mène.
Il règne à l’Opéra,
Cythère est son domaine.
Moins que l’Opéra
Il règne à l’Opéra.
angélique
Air :
La galiote est prête et nous appelle.
médor
Donnons d’abord une fête en secret.
angélique
Roland peut-être en aura la nouvelle.
médor
Oh ! point du tout, le public est discret !
Scène iv
médor, angélique, thémire, chœur
chœur
Air :
Tous les habitants du monde
Pour toi sont autant de sujets.
Amour, tu règnes dans l’onde
Sur les carpes et les brochets.\indicreprmus fin
Air :
La glace de leur sang
Cède à tes flammes.
Le retour du printemps
Ranime leurs âmes.
Ils forment des désirs,
Ils goûtent des plaisirs,
Et pour chanter tes lois,
Ils ne leur manquent qu’une voix.
médor
Air :
Égosillez-vous, chers amis,
Pour la beauté qui m’a soumis.
Égosillez-vous, chers amis,
Vous me l’avez promis.
chœur
Égosillons-nous, chers amis,
Pour la beauté qui l’a soumis.
Égosillons-nous, chers amis,
Car nous l’avons promis.
la coryphée
Air :
Faisons tous compliment
À l’Amour
Du triomphe éclatant
Qu’il obtient en ce jour.
Médor est joli.
chœur
Oui.
la coryphée
Médor est gentil.
chœur
Oui.
la coryphée
Médor est poli.
chœur
Oui.
Médor est joli, gentil, poli,
Ah qu’il est bien assorti !
Angélique est belle,
Elle est fidèle,
Point rebelle,
Point cruelle.
Ah qu’il est bien assorti !
la coryphée
La grandeur bien vêtue
À fait de vains efforts,
La beauté toute nue
Vaut mieux que les trésors.
à trois, ensemble
Lustucru.
Non fi, je ne l’avais pas vu !
chœur
Cadets bien faits, sachez prendre le temps.
Méritez qu’on vous aime et vous serez contents.
un marchand de peau de lapin
vaudeville
C’est le moulin de Javelle,
Allons cabriolez belles
Allons cabriolez donc.
chœur
C’est le moulin etc.
1
J’étais au faubourg Montmartre,
Marchand de peau de lapin.
J’ai vingt ans gagné mon pain
À marchander de la martre,
Je m’suis avisé trop tard
Qu’not femme en sait davantage
Entre la poire et le fromage.
J’ai pris martre pour renard.
chœur
C’est le moulin etc.
2
Trois gentilles écaillères
En revenant de Poissy
S’étaient arrêtées ici,
N’ayant trouvé rien à faire
Leur voyant l’air tout fâché
Je leur dis : Sachez mes filles
Qu’ici l’on vend ses coquilles
Dix fois plus cher qu’au marché.
chœur
C’est le moulin etc.
3
V’la t-il pas que le vent qui souffle,
Un jour fit peur à Margot.
En descendant du bateau,
Elle perdit sa pantoufle.
Comment marcher sans soulier ?
Elle était loin de chez elle :
Où croyez-vous que la belle
Trouva chaussure à son pied ?
chœur
C’fut au moulin etc.
finacte
Acte iv
Scène i
roland, astolphe
roland
Air :
Dans ce réduit,
Ma maîtresse,
Ne viendra que la nuit,
Rien ne la presse,
Le souper n’est pas cuit.
Se faire attendre
Est du bon ton,
Elle aura pour s’y rendre
Pris le plus long.
Pour longtemps encore
J’attends seul ici,
L’objet que j’adore,
Et le rôti.
astolphe
Air :
Est-ce cette même Angélique
Qui vous faisait tant enrager ?
roland
Oui, mais son cœur pour moi s’explique,
Nous venons de nous arranger.
Dans un pays étranger,
Nous allons tous deux lever boutique,
Dans un pays étranger,
Nous venons de nous arranger.
Air :
Avec moi, l’objet que j’aime
Vient courir le guilledou,
J’en sens un plaisir extrême
Mais il fallait boire un coup
Avant d’entrer en voyage.
astolphe
C’est agir en homme sage.
roland
J’ai souffert comme un damné
D’être à jeun depuis dîné.
Air :
Dans le plus noir des carrosses,
Toi qui du monde fais le tour
Ô nuit pour hâter ton retour,
Donne un coup de fouet à tes rosses,
Dans le plus noir des carrosses,
Viens favoriser mon amour.
airopera
Que ces poulets sont gras que cette dinde est belle.
Air :
Çà, pour me prouver ton zèle,
Amuse-moi mon garçon,
Disons quelques bagatelles.
Je suis gai comme un pinson.
Tu me sers de secrétaire,
De confident, de compère,
Car je t’ai pris
Pour remplacer Duplessis.
astolphe
Air :
Un jour, il était un roi
Et une reine.
roland
Ami, ce conte crois-moi,
N’en vaut pas la peine,
Astolphe, tais-toi.
Air :
Sur ces murailles,
Je vois du griffonné
Qui, je crois,
Vaille que vaille,
En sait plus que toi.
astolphe
C’est de quelque tendre amant
L’heureuse aventure.
roland
Lis, je t’en conjure.
J’aurai droit incessamment,
Je me le figure,
D’en écrire autant.
astolphe, lisant
Air :
Angélique a donné son cœur,
roland
Fort bien...
astolphe
Médor en est vainqueur.
roland
Ce propos obscur à moitié,
Désigne ma personne.
C’est un petit nom d’amitié
Qu’Angélique me donne.
astolphe
Air : La jeune Isabelle
Plus bas on l’explique :
Médor est heureux.
roland
Que diable...
astolphe
Angélique
À comblé ses vœux.
roland
Tu ne sais pas lire,
Va, je n’en crois rien.
astolphe
On peut mal écrire,
Mais j’ai lu très bien.
Air : Joconde
Ce style quoi qu’assez concis,
Très clairement s’explique.
roland
Je ne crois pas ces mots écrits
De la main d’Angélique.
astolphe
J’ai sur le livre du boucher
Trouvé sa signature,
Et dussiez-vous vous en fâcher
C’est là son écriture.
roland
Air :
Si je trouvais ici le nom,
De quelque fameux personnage,
D’un Mezzetin, d’un Pantalon,
Je pourrais avoir quelque ombrage.
Air :
Mais, d’où diable sera venu,
Ce Médor qui n’est pas connu
Dans Paris ni dans la banlieue ?
astolphe
Eh ! mais je me suis souvenu,
Que les Médor sont de la queue.
roland
Il faudrait que ce fût un diable,
Ou quelque chose encor de pis,
Pour me jouer ce tour pendable.
Va, tu ne sais ce que tu dis.
Air :
Je serais un sot de te croire,
C’est un autre, j’en suis certain.
Il est plus d’un âne à la foire
Qui porte le nom de Martin.
Cherchons, car il est temps de boire,
La beauté qui fait mon destin.
Scène ii
roland, astolphe, blaise, thérère, chœur
chœur
Air :
Que tout chante dans ce séjour,
Cythère et la cuisine.
Vive l’amour
Pourvu que je dîne.
blaise
Air :
Petits oiseaux de ces bocages,
Interrompez vos chants d’amour
Pour célébrer un si beau jour,
Unissez vos plus doux ramages
Aux accents de la basse-cour.
thérèse
Air :
Mon cher Blaise,
Lorsque je te vois
Je ne sais quoi me fait bien aise.
blaise
Ma Thérèse,
Lorsque je te vois
Je me trouve tout hors de moi.\indicreprmus fin
thérèse
Mon cher Blaise, etc.
J’ai bien du plaisir à voir ma mère,
Mon jeune frère et ma sœur
Mais ce n’est rien auprès de l’ardeur
Qu’au fond de mon cœur,
Allume ton air enchanteur.
Mon cher Blaise, etc.
Pour nous trouver sur la fougère
Tous deux sans témoin,
Je prenais grand soin
D’aller dire à ma chère mère,
Maman je puis bien sans vous,
Mener mes moutons paître,
Maman je puis bien sans vous
Les garder des loups.
blaise
Pour nous trouver sur la fougère
Tous deux sans témoin,
Je prenais grand soin
Le matin de dire à mon père :
Papa je puis bien sans vous
Mener mes moutons paître,
Papa je puis bien sans vous
Les garder des loups.
ensemble, ensemble
Mon cher Blaise
Ah, Thérèse
Qu’on est aise
Quand on s’aime
Et qu’on s’unit.
Le matin on se dit
Je t’aime
Et de même
Le soir on dit.
Mon cher Blaise, etc
Ah Thérèse, etc
thérèse
Air :
Médor fût-il prince,
Fût-il président,
Fût-il en province,
Fils d’un intendant,
S’il disait : Thérèse
Je veux bien de toi,
Je dirais : J’ai Blaise
C’est assez pour moi.
blaise
Air :
Angélique a bien des ducats,
Elle est grand’dame et belle,
Mais eût-elle encor plus d’appas,
Je te serai fidèle.
Je ne troquerais ma foi pas
Ma Thérèse pour elle.
roland
Air : Mirliton
De Médor et d’Angélique
Que vous entends-je conter ?
blaise
C’est une histoire publique
Que bientôt on va chanter
Sur le mirliton, mirliton, mirlitaine,
Sur le mirliton dondon.
Air :
Thérèse pourra vous l’apprendre
Si vous en êtes curieux.
thérèse
Monsieur, si vous voulez l’entendre
Asseyez-vous, vous serez mieux.
Air : Répondez ma chère
Médor n’avait rien
Quand il entreprit de lui plaire.
Médor n’avait rien,
Angélique a beaucoup de biens.
roland
Eh comment s’y prit le téméraire ?
Répondez ma chère.
blaise
Ce qu’il lui disait
De la plus galante manière,
Ce qu’il lui disait
Dans ses regards on le lisait.
roland
Que fit ensuite le téméraire ?
Répondez ma chère.
thérèse
Dans un rendez-vous
Près de la grange batelière,
Dans un rendez-vous,
Médor embrassa ses genoux.
roland
Que fit etc.
blaise
Il vit à son tour
Que son cœur n’était plus de pierre.
Il vit à son tour,
Qu’elle partageait son amour.
roland
Que fit etc.
thérèse
D’un satin ponceau Il s’agit d’un rouge vif et très foncé. PB
Qui venait d’une sous-fermière,
D’un satin ponceau,
Elle lui fit faire un manteau.
roland
Que fit etc.
blaise
Ils allaient tous deux
À Sceaux, à Chaillot, à Nanterre,
Ils allaient tous deux,
Manger une salade aux œufs.
roland
Que fit etc.
thérèse
Tous deux ont fini
Par s’en aller en grand mystère,
Tous deux ont fini
Par aller en catimini.
Scène iii
roland, cassandre, blaise, thérèse
cassandre
Air :
Allons, mes enfants, de la joie !
Je viens d’embarquer nos amants,
Et voici quelque petite-oie,
Qu’en lui faisant ses compliments
Angélique à Thérèse envoie.
roland, se levant
Comment ! ce sont mes diamants !
Air :
Si tu n’as volé quelque coche,
Ce bijou ne peut être à toi.
cassandre
Pourquoi me faire un tel reproche ?
Monsieur, vous vous moquez je croi,
Je ne fouille point dans la poche,
Mais ce qu’on me donne est à moi.
roland
Air : Vraiment, ma commère, oui
L’on vous a donné ceci,
Vraiment, ma commère, oui.
thérèse
Monsieur, vous pouvez l’en croire !
roland
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
cassandre
Air :
Angélique en partant pour Paris
M’a donné ce bijou de grand prix.
roland
Ah, grands dieux ! elle est en compagnie.
cassandre
Elle eût couru risque de s’ennuyer,
Sa prudence n’est point endormie ,
C’est Médor qui lui sert d’écuyer.
blaise
Air : J’ai des vapeurs, je me meurs
Pourquoi faites-vous la grimace ?
De grâce...
roland
Quel embarras !
blaise
Il est tout bouffi de colère.
roland
Que faire en pareil cas ?
Je cède au tourment qui m’accable.
blaise
Au fauteuil qui vous tend les bras,
Ne soyez point inexorable.
roland
J’ai des vapeurs,
Je me meurs.
cassandre
Air : Ô lire, ô lire
Blaise prenez un seau !
Si le puits a de l’eau,
Eh ! vite qu’on en tire ô lire, ô lire,
Eh ! vite qu’on en tire ô lire, ô la.
thérèse
Nous pendant ce temps-là,
Nous pendant ce temps-là,
Continuons à rire ô lire, ô lire,
Continuons à rire ô lire, ô la.
blaise et cassandre, ensemble
Air :
Vive Médor, vive Angélique !
Puisse être leur bonheur sans fin
Et leur ménage pacifique.
roland
Veux-tu bien te taire, faquin !
blaise et cassandre, ensemble
Et leur ménage pacifique.
roland
Oui-da, je vais prendre un gourdin.
Air :
Vous battre contre un seigneur
Serait pour vous trop d’honneur.
Vous n’êtes que des poiloux,
Craignez mon courroux,
Craignez mon courroux,
Je vais vous assommer tous.
chœur
Fuyons vite, fuyons tous !
roland
Air : Que n’a-t’elle un nez vilain, menuet
Que son nez n’est-il vilain ?
Que n’est-il fait en bec de corbin ?
Que n’a t-elle la peau d’africain ?
La beauté qui cause mon chagrin,
Au lieu de chanter si bien,
Que ne chante t-elle en capucin ?
Que le corps de ce maudit objet
N’est-il tout contrefait ?
Elle est gentille,
Courrons après mais ce soin
Dans Paris irait trop loin,
Ce serait chercher une aiguille
Dans une botte de foin.
Air : Charivari
Que tout ressente ma colère,
Cassons, brisons, faisons ici,
Charivari, charivari,
Chien de rival qu’on me préfère
Chez toi je voudrais faire aussi
Charivari, charivari
Et quelque jour j’espère
Sur ton dos faire aussi
Charivari, charivari.
astolphe
Air :
Parbleu ! vous n’y pensez pas
De faire tant de fracas.
Vous brisez tout le souper.
roland
Me voila bien attrapé,
Parbleu ! je n’y pensais pas
De faire tant de fracas.
Air : Ah ! c’est un certain je ne sais qu’est-ce
Que m’importe qu’un freluquet,
Emmène une coquette,
Qu’il l’empaume par son caquet,
Eh bien la chose est faite,
Rentrez, rentrez plus de tristesse.
Je ne me pendrai pas crois-moi,
Faute d’un certain je ne sais qu’est-ce,
Faute d’un certain je ne sais quoi.
chœur
Air :
Buvons, mangeons à notre aise
Et faisons trêve à l’amour.
Belles ne vous déplaise,
Un autre jour,
Vous aurez votre tour.
une voix
Air :
La sévère Polymnie
Change aujourd’hui de génie
Et sous de nouveaux transports
C’est le dieu de la satire
Qui vient de monter sa lyre
Et d’inspirer ses accords.
chœur
La sévère etc.
la même voix
Air :
La muse qui se déguise,
Rougit de son embarras,
Mais pour plaire à Ludovise
Que ne ferait-on pas ?
Fin