Jacques Bailly
Titonet
Parodie de Titon et de l’Aurore, en un acte
Non représenté ni présentée
Titonet, dans Théâtres et œuvres mêlées, tome II, Paris, Nyon, 1768
Acteurs
Aurette
Titonet
Babiole
Madame Alais
La Bagatelle
Troupe de danseurs, pour les différents divertissements, dont les caractères sont annoncés dans la pièce
La scène est dans la maison de campagne d’Aurette.
Titonet
Scène i
Titonet seul
titonet
Air : Qui vient tard dans nos prairies, Comédie-Italienne
Que vous tardez, aimable Aurette,
Vous, qui, sur la naissante herbette
Devez nous annoncer le jour,
Du matin je suis à l’attendre,
Ce moment promis par l’amour,
Quel retard pour un cœur tendre.
Air : À l’ombre de ce vers bocage
Aurette est dame du village,
Peut-être qu’un rival heureux,
Flatté de son riche héritage,
Cherche à l’arracher à mes feux.
La belle est toujours en voyage,
J’ai tout à craindre qu’un matin
Quelque beau Monsieur ne l’engage,
Et ne me la croque en chemin.
Le jour parait.
Scène ii
Titonet, Aurette
titonet
Air : Mais surtout, prenez bien garde à votre cotillon
Je vous revois, mon cher bijou,
Puis-je compter...
aurette
Êtes-vous fou ?
titonet
Quand on est belle comme vous,
Aurette, il est pardonnable
Que l’on soit jaloux,
Que l’on paraisse jaloux.
aurette
Air : La Serrure, Comédie-Italienne
À maints rivaux je vous préfère,
Cessez donc de vous alarmer,
Contentez-vous de savoir plaire,
Et ne songez qu’à bien aimer.
titonet
Air : Qu’ils sont doux, bouteille ma mie, Comédie-Française] Médecin malgré lui
En amour, il est inutile
De compter sur un sort heureux.
Non, jamais dans un cœur amoureux,
L’amour n’a demeuré tranquille,
Ah ! ah ! ah ! qu’il est difficile
D’aimer
Sans s’alarmer.
aurette
Air : De quoi vous plaignez-vous
Pour prévenir vos vœux,
Plus matin qu’à l’ordinaire,
Pour prévenir vos vœux,
Je me rends en ces lieux.
Jusqu’à ce jour pour vous plaire,
J’ai fait le soin le plus doux
D’arriver la première,
De quoi vous plaignez-vous
titonet
Air : La Ceinture
Ne tirez point de vanité,
D’un soin au beau sexe ordinaire,
Au rendez-vous une beauté
N’arrive jamais la dernière.
Air : L’horoscope accompli, Comédie-Italienne
L’on a pris soin de me prédire,
Que je verrais s’éteindre un jour
Le beau feu qui pour vous m’inspire,
Qu’alors finirait notre amour.
aurette
Le sort ne peut rien sur une âme
Dont l’estime nourrit la flamme
Pour s’aimer éternellement,
Il suffit d’aimer constamment.
aurette, titonet ensemble, ensemble
Verse, verse du vin et souvent Le ciel aura soin du couvent
Règne, Amour, règne sur nos âmes,
Règne, lance tes traits vainqueurs,
Èpuise sur nous tes faveurs,
Tes bienfaits, tes plus douces flammes.
Règne, lance, lance, règne,
Lance tes traits vainqueurs,
Embrase pour jamais nos cœurs.
On entend un bruit d’instruments, qui annoncent une fête.
aurette
Air : Mai, Comédie-Italienne
Pasteurs, que le plaisir assemble,
Il faut nous amuser ensemble,
Trémoussez-vous et allons gai,
Sur l’herbette,
Joliette,
Chantons Aurette et Titonet.
Scène 3
Aurette, Titonet
un paysan
Air : Mai, Comédie-Italienne
De la dame de ce village,
Chantons le mignon qui l’engage
Trémoussons-nous et allons gai,
Sur l’herbette,
Joliette,
Chantons Aurette et Titonet.
On danse.
Air : J’entends déjà le bruit des armes
Le dieu qui sans cesse nous guette
Pour nous inspirer son ardeur,
Dans vos beaux yeux, divine Aurette,
Tout l’annonce notre vainqueur.
Puisse-t-il être l’interprète
Du trouble aimable de mon cœur !
Les paysans et paysannes s’amusent à cueillir des fleurs.
une jeune paysanne
Air : Gardons nos moutons, Lisette
Ces fleurs nous peignent de l’amour
Les grâces naturelles,
Que chacun forme tour à tour
Des guirlandes nouvelles.
Voyons dans ces lieux
Qui de nous sait le mieux
Assortir les fleurs les plus belles.
Les paysans, paysannes, bergers et bergères forment des guirlandes dont ils veulent enchaîner Aurette et Titonet.
titonet
Air : De tous les capucins du monde
Je crois qu’il faut cesser la fête,
Qu’ici par vos soins l’on m’apprête.
De pareils divertissements
N’amusent point quand on soupire,
Ils ne conviennent qu’aux amants
Qui n’ont pas un mot à se dire.
On entend Babiole.
aurette
Air : Je vous la grin, grin
Quels sons, ah ! Quel bruit fatal
Nous coupe la parole.
À Titonet.
Mon cher, c’est votre rival,
C’est monsieur Babiole,
Que chacun dégrin, grin, grin,
Que chacun dégringole.
Scène iv
Babiole
babiole
Air : Cordon bleu, contre-danse
Faut-il, tendre Amour, qu’elle m’échappe,
Faut-il voir ainsi traiter mes feux,
Tremble, Titonet, si je t’attrape,
Tremble, tu périras à ses yeux.
Divinité des cœurs jaloux,
Secondez un projet si doux.
Que le faquin
Succombe enfin !
Que victime de mon courroux
Il tombe accablé de coups !
Scène v
Madame Alais, Babiole
madame alais
Air : Ces braves insulaires
Mon brave capitaine,
La nuit, le jour, sans reprendre haleine,
Vous parcourez sans peine,
Prés et champs et vallons,
Patati, pataton.
Comme vous v’là, mon garçon,
Allez vous sans raison
Courir la prétentaine,
Pour faire tort à votre voisaine,
Rassemblez dans la plaine
Les chasseurs du canton,
Patati, pataton.
babiole
Air : Je jure par vos beaux yeux
Gentilhomme Verrier,bis
J’adore Aurette et quand je cherche à l’épouser
L’ingrate me préfère un indigne berger.
Air : La faridondaine
Titonet est son nom.
madame alais
Comment ?
babiole
C’est le nom qu’on lui donne.
madame alais
À sa fureur également
Mon âme s’abandonne.
Qu’espérez-vous ?
babiole
Que le garçon
Meure sous le bâton.
Qu’Aurette sache en ce moment
Son amant...
madame alais
Vous n’en serez que plus haï,
Mon ami.
Air : Vivons pour les fillettes
Abandonnez-moi ce garçon,bis
Je le rangerai de façon
Qu’il ne pourra vous nuire,
Comment ne peut-on le réduire ?bis
babiole
Air : Vous avez raison, la plante
Ce projet me détermine,
Je crois qu’il réussira,
Larira.
Vos beaux yeux, vous êtes fine,
Sauront vous tirer de là,
Larira.
Vous avez raison, voisine,
Il est bon sur ce ton-là,
Larira.
Des chasseurs et des ouvriers de la verrerie paraissent.
Air : Tout cela m’est
Qu’on aille arracher dès l’instant
Des bras d’Aurette son amant,
Que mon rival chez la voisine
Soit transporté sur le moment,
Partez et prenez ma berline,
Et cela bien secrètement.
Babiole sort avec les chasseurs et les ouvriers.
Scène vi
Madame Alais seule
madame alais
Air : Ah ! Que Monseigneur est charmant
Ma rivale va dans ce jour
Sentir les tourments de l’amour
Qu’elle éprouve enfin à son tour
Les peines de l’absence.
Tout favorise dans ce jour
Mes feux et ma vengeance.
Elle sort.
Scène vii
Aurette seule
aurette
Air : Contre un engagement
Devais-tu, dieu d’Amour,
Soumettre à ta puissance
Un cœur dont en ce jour
Tu trahis l’espérance ?
Sans appui, sans défense,
Je suis dans un instant
L’objet de ta vengeance,
Et je perds mon amant.
Scène viii
Babiole, Aurette
babiole
Air : Que je regrette mon amant
Croyez-moi, cessez ces regrets,
Et formez des nœuds pleins de charmes.
Non, vous ne reverrez jamais
L’amant qui vous coûte des larmes.
Unique objet de ses mépris,
Il vous quitte et court le pays.
Air : Menuet d’Hésione
Lorsque je fais tout mon possible
Pour désarmer votre courroux
Verrez-vous d’un œil insensible
L’ardeur dont je brûle pour vous ?
aurette
Air : Menuet de Philidor le père
L’amant parfois trop pressant
De son ardeur fatigue une belle.
L’indifférent
Éprouve souvent
Un sort plus charmant,
Sans qu’il y pense on veut son bonheur.
Lorsque pour un cœur
Tendre et fidèle
L’on a que de la rigueur.
Air : Badinez et restez-en là
Apprenez aujourd’hui d’Aurette
Qu’elle déteste la fleurette,
Que toujours elle vous fuira.
Soupirez... je vous laisse là.
Elle sort.
babiole
Air : Des fraises
Puisqu’au mépris de mes feux
Aurette joint l’outrage,
Dans mon désespoir affreux
Que tout ressente en ces lieux
Ma rage, ma rage, ma rage.
Scène ix
Babiole, Gentilhomme Verrier de la suite de Babiole
babiole
Air : Armons-nous, préparons nos traits,
Cessez de souffler, compagnons,
Abandonnez la verrerie,
Armez-vous de vos mousquetons,
Portez la guerre en ces cantons,
Partagez ici ma furie,
Qu’on ravage près et vallons,
Qu’on rava...ge près et vallons.
Cessez etc. \indicreprmus jusqu’aux mots près et vallons.
la suite de babiole
Air : Ah ! Que la forêt de Cythère
Nous avons tous quitté l’ouvrage,
À ta voix nous obéissons,
Tontaine, tonton,
Où faut-il exercer ta rage,
Commande, nous exécutons,
Tontontonton, tontaine.
babiole
Air : L’hymen est un chasseur, Comédie-Italienne – dans le Chaos
Que tout ressente ici ma rage,
Allez et par monts et par vaux,
Faites un horrible carnage
De gibier et de leurs troupeaux
Que de Cérès et de Pomone,
Aucun en ces lieux ne moissonne
Les dons précieux et charmants,
Que votre âme enfin s’abandonne
À l’horreur qui glace mes sens.
chœur
Que de Cérès etc.
On entend sonner le moment où les chasseurs vont porter l’épouvante. On entend des chiens qui aboient, ce qui fait un grand bruit.
Scène x
Babiole, sa suite, Madame Alais
madame alais
Air : J’entends déjà le bruit [des armes]
Arrêtez, vous n’êtes pas sage,
De faire tout ce carillon,
Sachez que j’aime ce garçon,
Faut-il faire tant de tapage,
Pour vous venger d’un avorton.
babiole
Air : Je ne sais pas écrire
Est-ce ainsi qu’on doit se venger ?
madame alais
J’ai sous ma puissance un berger,
Qui, s’il est trop rebelle,
À le secret.
babiole
Qu’entendez-vous ?
madame alais
S’il trahit mes soins les plus doux,
Voisin, je l’ensorcelle.
Scène xi
Titonet, Madame Alais, garçons et filles de la ferme
On danse.
un paysan
Air : Ramoneur, beau ramoneur
Titonet, beau Titonet, votre maîtresse vous aime
Rendez hommage à ses appâs,
Pour vous sa tendresse est extrême,
Mignon, ne la négligez pas.
chœur
Rendez hommage.
une paysanne
Même air
N’allez pas, beau Titonet, faire ici le Nicodème,
Rendez hommage à ses appâs,
Pour vous sa tendresse est extrême,
Mignon, ne la négligez pas.
chœur
Rendez hommage etc.
On danse.
madame alais
Air : N’y aura-t-il pas moyen, mon petit cœur
Mes soins, mes soupirs, mon ardeur,
Tout l’amour qui m’engage,
Ne peuvent-ils de mon vainqueur
Captiver le suffrage ?
N’y aura-t-il pas moyen, mon petit cœur
D’obtenir votre hommage ?
titonet
Air : La Serrure, Comédie-Italienne
Je brûle d’une ardeur fidèle
Pour l’aimable Aurette en ce jour,
Vous savez que je n’aime qu’elle,
Pourquoi me parlez-vous d’amour ?
madame alais
Air : C’est une excuse
Votre réponse me déplaît,
Est-il bien sûr que Titonet
Sache ce qu’il refuse ?
titonet
Non, je ne suis pas si nigaud,
Mais quand j’ai tout ce qu’il me faut,
C’est une excuse.
madame alais
Air : Ah ! Que Monseigneur est charmant
Lorsque des plus charmants ballets,
Pour Titonet je fais les frais.
titonet
J’ignore encore, Madame Alais,
Ce qu’il faut que je fasse.
madame alais
Soupirer pour certains attraits,
Vous êtes tout de glace.
titonet
Air : Si le roi m’avait donné
Quoiqu’ils soient des mieux tournés,
Peu je m’en soucie,
Ils ne sont tous composés
Que de bergerie.\footnote Depuis plusieurs années, tous les ballets nouveaux de l’Opéra ne sont formés que de bergers et de bergères.
Non, je n’y saurais tenir.
Je veux, laissez-moi partir,
Aller voir ma mie, ô gué,
Aller voir ma mie.
Scène xii
Babiole, madame Alais
babiole, sans voir madame Alais
Air : La jeune abbesse de ce lieu
Je n’ai pu, de madame Alais,
Jusqu’alors avoir des nouvelles,
Comme j’ai mis mes intérêts
Entre les mains de cette belle,
Je me flatte qu’à la raison,
Elle a su ranger ce garçon.
Apercevant madame Alais et allant à elle.
Air : Vous perdez vos pas
Votre aspect me rassure
Parlez ! Qu’avez-vous fait ?
madame alais
Je n’ai pu, je vous assure,
Rien faire de Titonet.
Le théâtre change et représente un bosquet tout proche d’une fontaine.
babiole
Est-ce ainsi que vous me vengez ?
Je le vois, vous le protégez.
madame alais, montrant Titonet métamorphosé en vieillard
Air : Quand le péril est agréable
Comptez que je ne saurai feindre
Quand il faut servir mes amis.
Voyez l’état où je l’ai mis :
Que pouvez-vous en craindre ?
babiole
Air : Quand le péril [est agréable]
Je n’aperçois-là qu’un homme ivre.
Non, non, vous abusez mes feux,
Un seul regard de vos beaux yeux
Peut le faire revivre.
madame alais
Air :
Soyez sûr qu’il ne respire
Que pour être malheureux, heu...heu.
Ma rage va vous instruire
Du sort cruel de ses feux, heu...heu.
Remarquez sa barbe grise,
Si la belle en reste éprise,
Cela seul nous vengera.
Jugez donc de sa surprise
Quand il se réveillera.
ensemble, ensemble
Air : La bonne aventure
Que notre amour est vengé,
Son état, j’en jure,
Rabattra bien sa fierté,
De le voir ensorcelé,
La bonne aventure, ô gué,
La bonne aventure.
Ils sortent.
Scène xiii
Titonet se mirant dans un ruisseau
Parodie des quatre premiers vers de l’opéra et sur le chant de l’opéra
Que vois-je ? L’on dirait, hélas ! que j’agonise !
Ma voix n’a plus ces sons, dont on était charmé,
Quand je chante on dirait que je me gargarise :
Suis-je donc enrhumé ?
Air : Comme v’la qui est fait
Comment m’offrir aux yeux d’Aurette,
J’ai perdu cet air de gaieté,
Qui de l’ardeur la plus parfaite
Annonce la vivacité.
Scène xiv
Aurette, Titonet appuyé sur une béquille
aurette
suitairprec
La voix de mon amant m’entraîne,
Je le vois près de ce bosquet.
Quel spectacle ! Ô mortelle peine !
Qu’avez-vous mon cher Titonet ?
Comme vous v’là fait, comme vous v’là fait.
titonet
Air : Ah ! vraiment je m’y connais bien
Hélas ! Mon malheur est extrême,
Quand on a perdu ce qu’on aime,
Ah ! qu’on est heureux de mourir.
aurette
Ah quoi ! Ne pouvez-vous guérir ?
Air : Mais le moulin d’une coquette
Parlez, qui cause cet obstacle.
titonet
Pour me rapprocher des amours,
Belle Aurette, il faut un miracle,
Et l’amour n’en fait pas toujours.
aurette
Air : Ne m’entendez-vous pas
Ceci peut-être, hélas !
N’est qu’une bagatelle.
titonet
Ma disgrâce est réelle,
Je suis tout au plus bas,
Ne m’entendez-vous pas ?
Air : La béquille du P[ère] Barnabas
Autrefois ton amant,
Plus léger qu’un zéphire,
Répondait galamment
À ton moindre sourire,
Présentement, ma fille,
Il ferait cent faux pas,
S’il n’avait la béquille
Du Père Barnabas.
aurette
Air : Vous m’entendez bien
Consolez-vous, mon cher ami,
Il est remède à tout ceci.
titonet
Si c’est un sort, ma chère...
aurette
Eh bien !
L’amour peut le défaire,
Vous m’entendez bien.
Air : Comédie-Italienne – du Prince malade
Il est une pastourelle
Que l’on dit fille des dieux,
Tout chacun vante en ces lieux
Les grands talents de la belle,
C’est l’aimable bagatelle
Qui va trouver aussitôt
Le remède qu’il vous faut.
titonet
Air : Cela ne durera pas toujours
Non, non, charmante Aurette,
Je n’ai plus de beaux jours
Il faut battre retraite
Adieu donc, mes amours.
aurette, avec la symphonie
Cela ne durera pas toujours. \indicreprmus quatre fois
Scène xv
La Bagatelle, Aurette, Titonet
la bagatelle, embrassant Titonet
Air : C’est certain je ne sais qu’est-ce
Sur les cœurs soumis à ma loi,
Je sais veiller sans cesse,
Reçois le prix de ta tendresse.
titonet
Dieux ! quel miracle , sur ma foi,
Je sens un certain je ne sais qu’est-ce
Je sens un certain je ne sais quoi.
la bagatelle
Air : Bouchez, Naïades, vos fontaines
Tu vois en moi la bagatelle
Que Paris chérit avec zèle.
Ne crains plus d’un destin fatal
Le pouvoir injuste et barbare.
La Bagatelle a fait le mal,
La Bagatelle le répare.
aurette
Air : Mariez, mariez-moi
Pour t’assurer un état,
Ma tendresse t’avantage,
Car je te fais par contrat
Le seigneur de ce village.
aurette, titonet ensemble, ensemble
Dépêchons, dépêchons-nous,
Faisons notre mariage,
Dépêchons, dépêchons-nous
Nous n’avons plus de jaloux.
la bagatelle
Air : J’offre ici mon savoir faire
Par l’avis de la folie
Dont j’ai reçu maintes leçons,
Je vous amène des bouffons,bis
Tout frais arrivant d’Italie.bis
L’Opéra avait fait venir des bouffons qui ont paru sur son théâtre.
Scène xvi
divertissement, de différents caractères
aurette
Air : L’amour nous appelle, parodie de l’opéra
De la bagatelle,
Chantons les attraits,
Il n’est point sans elle
De plaisirs parfaits. \indicreprmus fin
De la Bagatelle etc.
Les ris et les grâces,
La légèreté,
Trament sur ses traces
La frivolité.
De la Bagatelle,
Chantons les attraits,
Il n’est point sans elle
De plaisirs parfaits. \indicreprmus fin
Tout ce qui respire
En est entêté,
Et de son délire
L’on est affecté :
Qui l’évite
Mérite
D’être persifflé.
De la Bagatelle,
Chantons les attraits,
Il n’est point sans elle
De plaisirs parfaits. \indicreprmus fin
De la Bagatelle etc.
Air à faire
Chercher à vaincre la rigueur
D’une beauté rebelle,
C’est donner dans l’erreur.
Si la plus vive ardeur,
Le soin le plus flatteur,
Ne peuvent rien près d’elle,
Souvent, pour attendrir son cœur,
Il ne faut qu’une bagatelle.
vaudeville
1
Quelle erreur de penser qu’Iris
Se plaise à paraître cruelle !
Pour lui dérober un souris,
Il ne faut qu’une bagatelle.
2
C’est en vain que soir et matin,
Chez les Grands ont fait sentinelle.
Pour plaire et faire son chemin,
Il ne faut qu’une bagatelle.
3
Chaque jour on voit maint auteur
Risquer leur talent et leur zèle,
Pour amuser le spectateur,
Il ne faut qu’une bagatelle.
4
L’Opéra nous offre du bon,
Mais ce n’est pas chose nouvelle.
Pour donner aujourd’hui le ton,
Il ne faut qu’une bagatelle.
5
L’Amour n’est point à l’Opéra,
Certain de toucher une belle,
Pour régner en ce pays-là,
Il faut plus qu’une bagatelle.
La pièce se termine par un ballet général.