Anonyme
Armide
Parodie
1747
Paris, Prault fils et Ballard fils, 1747
Acteurs
Armide, sorcière, nièce d’Hidraot
Phénice, confidente d’Armide
Sidonie, autre confidente d’Armide
Hidraot, sorcier, oncle d’Armide
Aronte, conducteur des captifs qu’Armide a fait
Renaud, fameux ivrogne
Artémidore, un des captifs d’Armide et que Renaud a délivré
La Haine
La suite de la Haine
Ubalde, ivrogne qui va chercher Renaud
Le Chevalier Danois, qui va avec Ubalde chercher Renaud
Un Démon, sous la figure de Lucinde, maîtresse du Chevalier Danois
Troupe d’Amants et d’Amantes fortunées
Troupe de filles du magasin de l’Opéra
Troupe de démons volants, qui détruisent le palais enchanté
Armide
Acte i
Le théâtre représente un arc de triomphe élevé à la gloire d’Armide.
Scène i
Armide, Phénice, Sidonie
phénice
Air : Toujours va qui danse
Qui peut au milieu des plaisirs
Vous procurer la jaunisse ?
sidonie
Vous inspirez tous les désirs,
Et vous restez novice ;
Aux traits lancés sur l’Opéra
C’est imposer silence.
phénice et sidonie, ensemble
La, la, la etc.
Toujours va qui danse.
phénice
Air : On n’entend point le bruit des armes
À la taverne on fait la guerre,
Nous sommes à l’abri des coups ;
Hé ! comment les éclats de verre
Parviendraient-ils jusqu’à nous ?
sidonie
De plus, Lucifer pour vous plaire
Met l’enfer sans dessus dessous.
Air : Soldats de Graffin, allez à la guerre
Diables en courroux
Iront à la guerre,
Diables en courroux
Combattront pour vous.
phénice
Air : Ils sont chus dans la rivière
Cent fois à vos charmes,
Tous ces fiers buveurs
Ont rendu les armes.
sidonie
D’entre eux les meilleurs
Sont tous chus dans la rivière,
Laire lon lan la
Sont tous chus dans la rivière,
Ah ! qu’ils sont bien là !
armide
Air : Hé ! qu’est-ce que ç’a m’fait à moi
Ah ! que la plupart d’entre eux
Viennent me conter fleurette,
Que mon nom comme fameux
Retentisse à la guinguette ;
Hé ! qu’est-ce que ç’a m’fait à moi ?
Hélas ! Renaud me rejette,
Hé ! qu’est-ce que ç’a m’fait à moi ?
Quand Renaud brave ma loi.
Air : Faire l’amour la nuit et le jour
Renaud indifférent
Excite ma colère ;
Car il n’est plus enfant,
À son âge on doit faire
L’amour,
La nuit et le jour.
sidonie
Air : Le prix de Cythère
Tant d’autres cherchent à vous plaire.
Pour un vaurien, un volontaire
Qui ne veut pas mettre Cypris
À l’enchère,
Vénus manque-t-elle le prix
De Cythère ?
phénice
Air : Tambourin,
Hé ! pourquoi songer
À vous venger
Par la colère ?
Oublier vaut mieux,
Se venger est pernicieux.
On trouve souvent
Un garnement
D’un caractère
Plus brutal que soi,
Qui vous donne la loi.
armide
Air : Tarare ponpon
Les diables ont prédit qu’il aurait la victoire,
Qu’il braverait toujours notre faible courroux,
Je fixe là ma gloire.
Ah, qu’il me serait doux !
De pouvoir les faire mentir tous.
Air : Grand Duc de Savoie
Qu’il est téméraire !
Qu’il m’est odieux !
Jamais de me plaire
Fût-il curieux ?
La nuit son image
Trouble mes esprit ;
Il voudrait dans sa rage...
Qu’il est mal appris !
Air : J’ai rêvé toute la nuit
Je rêve toute la nuit
Que son ombre me poursuit,
Et même encor ce matin,
L’ingrat me frappait le sein.
Hélas ! j’aimais ce vainqueur
Quoiqu’il me perçait,bis
Hélas ! j’aimais ce vainqueur
Quoiqu’il me perçait
Le cœur.
sidonie
Air : Dans le bel âge
Une chimère
Que le sommeil produit
Peut-elle faire
Effet sur votre esprit ?
Ce qu’on rêve la nuit
Quelquefois nous séduit ;
Mais quand le jour éclaire,
Ah ! qu’est-ce qui nous luit ?
Une chimère.
Scène ii
Hidraot, Armide, Phénice, Sidonie
hidraot
Air : Compère et commère sont faits pour s’aimer
De votre bonheur
Hou hou
Votre âme est contente ;
Je le prends à cœur
Hou hou
Le mien s’en augmente.
Parent et parente
Sont faits pour s’aimer
Et s’entre féliciter.
Air : Il n’est plus d’amant si fidèle
Ma nièce, vous êtes gentille,
Je touche à mon dernier instant ;
Ah ! ressuscitez la famille ;
Dans le tombeau je descendrai content,
Si vous pouvez faire au moins un enfant,
Ne fût-ce même qu’une fille.
Air : Car c’est ainsi, car c’est comme ça
Pourquoi ne pas prendre un époux,
Car il faut que je vous en gronde,
Ma nièce, mariez-vous ;
Sur vous seul mon bonheur se fonde ;
Et c’est ainsi, et c’est comme ça
Lorsqu’on est gentille,
Qu’on fait lan la far la rira
Honneur à la famille.
armide
Air : Le plaisir passe la peine
Je ne veux point du mariage
Lorsque sous ses lois on s’engage,
La peine passe le plaisir ;
Mais lorsque sans former de chaîne,
On sait exciter un désir,
Le plaisir passe la peine.
hidraot
Air : Rien n’est si beau
Oui, je sais qu’on vous rend les armes,
Que dès qu’on aperçoit vos charmes,
Chacun donne dans le panneau,
Rien n’est si beau.
Mais attachez-vous au solide
Et goûtez ce bonheur, Armide,
Avec un jeune et tendre époux,
Rien n’est si doux.
armide
Air : C’est ma devise
Je range le manant, le Roi
Sous mon empire ;
Et même au beau don de ma foi
Le diable aspire ;
Mais jamais je n’ai de retour,
Peur d’être prise.
Beaucoup d’amants, et point d’amour,
C’est ma devise.
hidraot
Air : Enfin, nous voilà sous les lois
À nous exposer au danger
Vous bornez-vous donc, cruelle,
Sans prétendre le partager
Par charité fraternelle ?
Toute fille doit soulager
Un jeune amant fidèle.
armide
Air : Jean, faut-il tout vous dire
Ah ! je sais aussi bien que vous,
Ce qu’on doit faire d’un époux,
Prétendez-vous m’instruire ?
Mais loin d’entendre à demi mot,
Vous parlez toujours en vrai sot ;
Jean faut-il tout vous dire ?
Air : Vous m’entendez bien
Le vainqueur du cruel Renaud,
Mais, au diable, il y fait trop chaud,
Aura seul l’avantage.
hidraot
Hé bien ?
armide
De me mettre en ménage,
Vous m’entendez bien.
Scène iii
Aronte, Hidraot, Armide, Phénice, Sidonie
aronte
Air : Attendez-moi sous l’orme
Ô trop mortelle peine !
Je faisais mon devoir,
Les trous de ma bedaine
Vous le font assez voir.
Quand par un fait énorme...
armide
Mais mes captifs ?
aronte
Vain soin,
Attendez-les sous l’orme
Ils sont déjà bien loin.
Air : Je ne sais comment ça s’est fait
Madame, on m’a pris au collet,
Je ne sais comment ça s’est fait,
Le poisson sorti du filet
À présent gambille,
Sautille,
Frétille.
C’est l’œuvre d’un seul marmouset
Je ne sais comment ça s’est fait.
armide, hidraot, ensemble
Air : Belle brune
Quel problème !bis
armide
Ah ! sans doute, c’est Renaud !
De rage j’en deviens blême.
aronte
C’est lui-même.bis
armide, hidraot, ensemble
Air : Poursuivez-la, poursuivez-la
De qui nous offense
Causons le trépas.
Point de nonchalance,
Ne différons pas.
Courons d’abord, courons d’abord à la vengeance,
Poursuivons-le, poursuivons-le sans le quitter.
À notre puissance
Peut-il résister ?
Acte ii
Le théâtre change et représente une cave où l’on vend du vin ; il en coule de plusieurs tonneaux qui sont dans le fond.
Scène i
Artémidore, Renaud
artémidore
Air : Ô Pierre, j’étais morte sans vous
Je veux toujours vous suivre,
Je parerai vos coups ;
Votre bras me délivre
Des mains des chiaoux.
Ô Pierre !
Ô Pierre !
J’étais perdu sans vous.
renaud
Air : Prévôt des marchands
Pour avoir puni le caquet
D’un téméraire freluquet,
De son camp Grégoire me chasse ;
Il me faut recevoir sa loi.
Allez, allez remplir ma place,
Sans être aussi mutin que moi.
artémidore
Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui
Sans vous on ne peut rien, mais puisque je vous quitte,
Pour que je puisse au moins vous rendre ma visite,
Sans trop d’impolitesse oserais-je exiger
De connaître l’auberge où vous comptez loger ?
renaud
Air : Dupont, mon ami
Le repos, ami,
Cause mon supplice.
Quoi ! languir ici !
J’aime l’exercice !
Je prétends loin de ces bords
Aller redresser les torts.
artémidore
Air : Les Proverbes
Fuyez les lieux où règne Armide.
De ses feux craignez le pouvoir.
À vos désirs si vous lâchez la bride,
Gare le pot au noir.
Air : Dam’me voilà me voilà
Auprès d’elle on devient galant,
Jeune cœur sur le champ
Sent
Qu’il héberge petits amours
Qui méditent toujours
Tours.
Et quand la chose arrivera
Tous de vous alors se rira.
Quel brouhaha
Amour criera
Dam t’y voilà
T’y voilà
Là.
Air : Sens dessus dessous
Évitez les ressentiments,
Redoutez ses enchantements ;
Elle vous mettra, la sorcière,
Sans dessus dessous,
Sans devant derrière.
Vous éprouverez son courroux,
Sans devant derrière,
Sans dessus dessous.
renaud
Air : Tes beaux yeux, ma Nicole
Ah ! sans que la prunelle
De ce minois fripon
M’ait brouillé la cervelle,
J’ai vu cette dondon.
Quand auprès de ses charmes
Je suis Richard sans peur,
Dois-je avoir des alarmes
Pour braver sa fureur ?
Air : Adieu, adieu chicane, adieu procès,
Bacchus, Bacchus est mon dieu favori,
L’Amour causerait mon supplice ?
Qui sait\footnote Les soupirs de la musique doivent être remplis par des hoquets., qui sait faire un bachique cri,
Brave à son gré tout maléfice.
Ah ! si, ah ! si je suis mis aux arrêts,
Ce sera, ce sera dans les cabarets !
Scène ii
Hidraot, Armide
hidraot
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Arrêtons, c’est dans cette cave
Qu’il doit devenir notre esclave.
armide
L’enfer tarde à suivre nos lois.
hidraot
Pour pouvoir achever le charme,
Ma nièce, il faut unir nos voix,
Un duo fait plus de vacarme.
armide, hidraot, ensemble
Duo
Air : Petit appartement à louer
Esprits malencontreux,
Lutins,
Malins,
Venez contenter nos vœux.
Accourez tous,
Livrez-le à mon courroux,
Vite, obéissez-nous,
Qu’il ressente nos coups.
Accourez tous... courez tous,
Vite, obéissez-nous,
Qu’il ressente nos coups... Sente nos coups.
Accourez tous... courez tous... courez tous.
Livrez-le à mon courroux... courroux,
Vite, obéissez-nous,
Qu’il ressente nos coups... nos coups.
Vite, obéissez-nous.
armide
Air : Quand le péril est agréable
De filles prenez la figure,
Démons, cachez votre laideur.
Pour enchanter un jeune cœur
Cette recette est sûre.
armide, hidraot, ensemble
Air : Petit appartement à louer
Esprits malencontreux,
Lutins, etc.
armide
Air : Belle Iris, vous avez deux pommes
Le voici, voici le perfide.
hidraot
Près d’ici nos soldats sont tous,
Il faut qu’il tombe sous leurs coups.
armide
Non, que ce soit sous ceux d’Armide :
Ils iraient trop brutalement,
Je le tuerai plus poliment.
Scène iii
Renaud seul
renaud
airopera
Plus j’observe ces lieux, et plus je les admire.
Que ce vin coule lentement !
Et s’éloigne à regret d’un vaisseau si charmant !
La plus aimable odeur jette dans le délire,
Et parfume l’air qu’on respire,
Non, je ne puis quitter un cabaret si beau.
Un son harmonieux ébranle le tonneau,
Et les rats enchantés se taisent pour l’entendre.
De boire un petit coup j’ai peine à me défendre,
Ce grand pot, l’aspect de ce vin,
Tout m’invite à lamper sur ce tréteau divin.
Il boit plusieurs coups.
Ce pot vide et ce puissant vin,
Tout m’invite à ronfler sur ce tréteau divin.
Il se couche sur un tréteau et dort.
Scène iv
[Bouquetières, Revendeuses, Renaud endormi]
Des bouquetières et des revendeuses à la toilette dansent autour de Renaud endormi : les unes lui attachent des bouquets, les autres mettent dans ses poches des miroirs, des lorgnettes, des boites à mouches, etc..
Scène v
Armide, Renaud endormi
armide, tenant un couteau à la main
Air : Le carillon de Dunkerque
Il est donc endormi
Ce superbe ennemi.
Tandis qu’il fait dodo,
Enfonçons-lui le couteau.
Il fait toute ma peine,
Mes prisonniers contents
Courent la prétentaine
Au milieu des champs.
Il me faut le pointer,
Mais qui peut m’arrêter ?
Frappons ce scélérat,
Ma main encor fait rat ?
Achevons... je frémis.
Ah ! vengeons-nous... je ne puis.
Air : Qu’il est genti
Qu’il est genti !
Qu’il est joli !
Je n’ai plus de colère
Quand j’approche de lui.
Air : On sent déjà qu’on est faite pour ça
Quoi toujours boire !
Qui pourrait croire
Que ce garçon n’adore que Bacchus ?
Quoi ! ne se plaire
Qu’avec un verre !
Hélas ! il semble être fait pour Vénus.
Ce minois-là,
D’amour est tributaire,
Ce minois-là
Dit qu’il est fait pour ça.
Air : Pour voir un peu comment ça fra
Je veux me venger autrement,
Son inaction me fait honte ;
S’il m’aimait par enchantement,
J’y trouverais encor mon compte.
Hé bien ! tentons ce moyen-là,
Pour voir un peu comme ça fra.
Air : Que je regrette mon amant
Démons hideux, transformez-vous,
Prenez une aimable figure,
Comme à l’Opéra portez-nous
Au loin dans quelque grotte obscure,
Pour y cacher mon déshonneur,
Car j’eus toujours de la pudeur.
La voûte de la cave s’ouvre et des démons, transformés en zéphirs, enlèvent Armide et Renaud.
Acte iii
Le théâtre représente un désert.
Scène i
Armide seule
armide
Air : Laissons-nous charmer
S’il me faut un jour
Ressentir l’amour,
Dois-je de toi
Recevoir la loi ?
Quel est mon destin !
Un tel sac à vin
Devenir mon vainqueur
Et fléchir mon cœur !
Ma colère
Pour lui plaire
S’éteint au même moment.
Quoi qu’il dise,
Je méprise
Les vœux de l’amant
Le plus engageant.
S’il me faut un jour
Ressentir l’amour, etc.
Scène ii
Armide, Phénice, Sidonie
phénice
Air : Ah ! c’est une merveille
Quel prodige ! quel changement !
Renaud qui faisait l’insolent,
Madame, vous aime ardemment,
Ah ! C’est une merveille.
Je l’ai vu,
Qui l’eût cru !
Sans une bouteille.
sidonie
Air : Ô reguingué, ô lon lan la
Jetez sur lui quelque regard,
Vous verrez l’effet de votre art.
armide
Ô reguingué, ô lon lan la,
L’enfer trompe mon espérance,
Il me faut une autre vengeance.
sidonie
Air : De quoi vous plaignez-vous
De quoi vous plaignez-vous
Il ne cherche qu’à vous plaire.
De quoi vous plaignez-vous
Il n’adore que vous.
Dans cet endroit solitaire,
Vous ensorcelez Renaud ?
Qui peut vous le soustraire ?
Ne craignez point d’assaut.
armide
Air : Confiteor
Je ne crains que moi dans ces lieux ;
Votre cœur pour moi s’intéresse,
Je ne veux rougir qu’à vos yeux.
Le monde ignore ma faiblesse,
Mais à la fin on se résout,
Entre femmes on se dit tout.
Air : Or, écoutez petits et grands
Or écoutez toutes les deux :
Renaud pour moi n’eut point de feux,
De mes yeux il sut se défendre,
Et moi, l’amour vint me surprendre,
Tandis que sans songer à mal
Je regardais cet animal.
Air : C’est un abus de compter là-dessus
Plus il aura de tendresse,
Plus je lui voudrai de bien.
Je veux être une Lucrèce,
Mais mon art n’y peut rien.
Pour le haïr, ah ! j’ai trop de faiblesse.
C’est un abus
De compter là-dessus.
phénice
Air : C’est la chose impossible
Ah ! que votre art serait charmant
S’il vous procurait la sagesse !
On ne verrait plus un amant
Tromper tous les jours sa maîtresse.
Mais le sexe en est logé là,
Vouloir qu’il ne soit pas sensible,
C’est la la la, etc.
C’est la chose impossible.
sidonie
Air : Je renonce à l’indifférence
La haine est affreuse et barbare,
L’amour, quand de nous il s’empare,
Fait souffrir des maux rigoureux.
Si vous en avez la puissance,
Assurez-vous un sort heureux,
Faites choix de l’indifférence.
armide
Air : De nécessité nécessitante
De nécessité nécessitante,
Je dois haïr ou bien être amante,
Car pour demeurer indifférente,
Armide est un peu trop violente.
phénice
Air : Ah ! qu’une femme est folle
Quand il vous préférait le vin,
Ah ! que c’est drôle !
Vous adoriez ce sac à vin.
Pourriez-vous haïr ce blondin,
Pendant qu’il vous cajole !
Avec un amant si badin,
Ah ! qu’une fille est folle !
armide
Air : Pantins
Il badine faiblement,
Il va comme une machine,
Et de mon art seulement
Son badinage dépend.
Son amour trop nonchalant,
Du mien est bien différent.
D’un pantin il a la mine
Et l’emprunté mouvement.
Il badine etc.
Air : Cahin, Caha
Sans qu’il y pense,
De ses yeux la douceur
Réprime ma fureur.
Il enchaîne le cœur
Et devient mon vainqueur.
Ah ! quelle différence !
De ma part ce n’est plus cela,
Quoique très coquette,
Ma beauté seulette
N’y fait qu’eau clairette,
Et sans ma baguette,
Son amour va
Cahin, caha.bis
Air : Ô Ricandene
Je me ris du qu’en dira-t-on,
Ô ricandene, ô ricandon.
Mais quoi céder d’abord ! non, non.
Luttons toujours,
À la Haine j’aurai recours,
Je vais implorer ton secours,
Ricandene.
Sortez, mais surtout sur vos yeux
Éloignez Renaud de ces lieux,
Car
S’il vient je cesserai
Ô ricandene,
S’il vient je l’aimerai
Ô ricandé.
Air : Sortez, Esprits immondes
Sortez, Haine implacable,
Du gouffre épouvantable,
Qui fait votre séjour.
Rendez-moi ma colère,
Et venez me soustraire
Au pouvoir de l’amour.
Scène iii
Armide, la Haine, Suite de la Haine
la haine
Air : Viens dans mon cœur, dieu de la treille
Pour toi je vais tout entreprendre.
Quand on connaît si bien l’amour,
Il est aisé de s’en défendre ;
Cesse de lui faire ta cour.
Rompons ses nœuds, brisons ses armes,
Éteignons son fatal flambeau,
Ne lui laissons que son bandeau
Pour essuyer ses larmes.
definitacteur, Chœur de la suite de la Haine chœursuitehaine
chœursuitehaine
Rompons ses nœuds, brisons, etc.
la haine
Air : Aïe, aïe, Jeannette
Je prétends que désormais
Armide me soit fidèle.
Traître amour, sors pour jamais
D’un cœur à tes lois rebelle.
armide
Aïe, aïe, aïe cruelle,
Cruelle, aïe, aïe, aïe.
Air : J’en frai la folie
Arrête, il n’est pas possible,
Ton secours horrible
Serait cent fois plus terrible.
Je suis trop sensible.
Qu’on dise tout ce qu’on voudra,
En digne fille d’Opéra,
J’en frai la folie,
Madame,
J’en frai la folie.
la haine
Air : Mais surtout, prenez bien garde [à votre cotillon]
Ne m’appelles-tu donc vers toi
Qu’afin de te moquer de moi ?
J’y consens, aime ce mignon,
Mais, palsambleu, prends bien garde,
Songe au qu’en dira-t-on.
Air : Vantez-vous-en
En vain celui qui t’a su plaire
Habite ce lieu solitaire ;
Tu crois être sure de lui,
Oh ! que nenni, oh ! que nenni,
On viendra le chercher ici.
Bacchus est le roi de la terre,
Il enlèvera ton amant,
Hé vante t’en.
Air : On vous en ratisse
Peut-être dès ce même jour
Tu souhaiteras mon retour,
Mais pour augmenter ton supplice,
En vain ta voix m’appellera,
Car on t’en ratisse, tisse, tisse,
Car on t’en ratissera.
\acte[Ubalde
porte une bouteille, Le Chevalier Danois un verre]
Une vapeur s’élève et se répand dans le désert qui a paru au troisième acte. Des antres et des abîmes s’ouvrent et il en sort trois monstres ridicules.
ubalde, le chevalier danois, ensemble
Air : Ah ! Bon Dieu que de belles dames
Ah ! Bon Dieu ! que de vilains monstres
Que l’on voit ici.
Le Chevalier Danois veut attaquer les monstres, Ubalde le retient et lui montre la bouteille qu’il porte.
ubalde
Air : Viv’ le Roi
Aux ivrognes tout succède ;
D’Armide c’est un tour.
À la bouteille tout cède,
Même le dieu d’amour.
Gai gai gai et le cœur gai,
Avec ce remède
Contre tout
On se résout.
Il est divin,
Vive le vin !
Air : Ne m’entendez-vous pas
Monstres point tant d’ébats.
Sans regarder arrière,
Tournez-nous le derrière.
Ai-je parlé trop bas ?
Ne m’entendez-vous pas ?
Les monstres s’abîment, la vapeur se dissipe, le désert disparaît et se change en la salle du magasin de l’Opéra.
le chevalier danois
Air : L’amour n’est pas un jeu
Nous allons trouver à présent
Maintes fillettes au passage.
On croit qu’ici communément
L’amour n’est qu’un badinage,
Mais il n’est point de pire feu,
Bientôt on est dans l’indigence.
Avec le chant, avec la danse
L’amour n’est pas un jeu.
ubalde, le chevalier danois, ensemble
Air : Deux beaux yeux n’ont qu’à parler
D’Armide craignons le courroux,
Gardons-nous
Des enchantements les plus doux.
Songeons que Bacchus nous appelle.
Avec raison nous devons tous trembler,
Hélas, pour troubler la cervelle,
Deux beaux yeux n’ont qu’à parler !
ubalde
J’aperçois le séjour d’Armide,
C’est là que Renaud fait sa cour,
Qu’au lieu de rendre un flacon vide,
Il s’amuse à parler d’amour.
Mais entre nous cette sorcière
Est bien loin d’être douairière.
Renaud n’a pas choisi trop mal,
Pour bien passer son carnaval.
le chevalier danois
Air : Quand je tiens de ce jus d’octobre
Quand il verra ce jus d’octobre,
Son cœur joyeux pétillera.
Il rougira de son opprobre,
Et sur nouveaux frais il boira.
Scène iv
Un démon sous la figure de Lucinde, maîtresse du Chevalier Danois, Troupe de jeunes filles du magasin de l’opéra
lucinde
Air : V’la le plaisir des dames
Regardez nos jolis minois,
V’la le plaisir des hommes.
Seigneurs, financiers et bourgeois,
Venez vite ici faire un choix,
Nous le voulons toutes tant que nous sommes.
V’la le plaisir des hommes,
V’la le plaisir.
definitacteur, Chœur des jeunes filles chœurjeunesfilles
chœurjeunesfilles
V’la le plaisir des hommes,
V’la le plaisir.
lucinde
Air : Dans ces lieux, tout rit sans cesse
Dans ce lieu tout rit sans cesse ;
C’est le temple de l’Amour.
Jour et nuit on y caresse
Le riche amant qui paie de retour.
ubalde
Air : La bonne aventure
Comme te voilà ? suis-moi.
le chevalier danois
Je crois voir, je jure,
Celle dont je suis la loi.
C’est elle-même, ma foi,
La bonne aventure, ô gué,
La bonne aventure.
lucinde et le chœur, ensemble
Air : Nous vivons dans l’innocence,
Jamais notre attente n’est vaine.
Le bien se vient offrir à nous,
Et pour le trouver sans peine,
Il ne nous est pas moins doux.
lucinde, au Chevalier Danois
Air : À la façon de Barbari
Enfin, je revois mon amant,
Ô Dieux ! que d’allégresse !
le chevalier danois
Est-ce donc vous, objet charmant ?
Parlais-je à ma maîtresse ?
ubalde
Non, non, c’est une illusion,
La faridondaine, la faridondon,
On n’a de maîtresses ici
Biribi,
Qu’à la façon de barbari\footnote Faisant le signe de compter de l’argent
Mon ami.
le chevalier danois
Air : Que faites-vous, Marguerite
Mais que faites-vous, ma chère,
Dans ce dangereux séjour ?
lucinde
Ah ! calmez votre colère,
Armide m’a fait ce tour.
Air : Vous en venez
Un soir elle me dit, ma chère,
Il faut... Ah vous avez beau faire,
Avec moi, belle, vous viendrez,
Vous danserez, vous sauterez,
Je vous réponds que vous danserez,
Que vous sauterez.
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Je pris mon mal en patience,
Car il faut du ménagement,
Et vins ici dans l’espérance
D’y trouver bientôt mon amant.
ubalde
Air : Tout cela m’est indifférent
Ah ! fuyez et battez-lui froid.
le chevalier danois
Parbleu, c’est bien dit, qui pourrait ?
Devant un si charmant visage,
Je deviens doux comme un mouton.
ubalde
Vous faisiez un si grand tapage,
La peste soit du fanfaron.
ubalde, lucinde, ensemble
Air : Je crois que toute la terre
Jouissons d’un bonheur extrême.
De l’amour subissons la loi.
Ah ! qu’il est doux de voir ce qu’on aime !
Hélas ! quand je te voi
Je crois que toute la terre,
Que toute la terre
Est à moi.
ubalde
Air : Je ferai mon devoir
Il est un remède pour tout,
Buvez un petit coup,bis
Ce vin va dissiper l’erreur
Qui séduit votre cœur.bis
Lucinde disparaît.
le chevalier danois, après avoir bu
Air : L’avez-vous vu passer
L’avez-vous vu passer
Lucinde mon amie,
Olire, olire
Lucinde mon amie,
Olire, ola ?
Air : Les filles de Montpellier
Un nuage ravisseur
Sort exprès de dessous la terre,
Ou si c’est une vapeur,
Celle-ci n’est pas légère.
ubalde
Air : Dirai-je mon confiteor
Ce que l’amour a de charmant,
N’est qu’une illusion grossière,
Qui frapperait l’œil de l’amant,
S’il avait nette la visière.
Mais son éblouissant flambeau
Aveugle autant que son bandeau.
Air : La sérénade
Çà, que rien ne nous retienne.
De ma maîtresse le minois
Me mettrait sans doute aux abois.
Ici chacun trouve la sienne,
Je tremble que, comme autrefois,
Je n’y rencontre aussi la mienne.
Acte iv
Le théâtre représente le palais enchanté d’Armide.
Scène i
Renaud, Armide
renaud, sans armes, paré de fleurs et du rouge, et des mouches sur le visage
Air : Entre l’amour et la raison
Je vais donc croquer le marmot ?
Armide, encor un petit mot :
De vous je suis insatiable.
armide
Je n’ai pas besoin d’un témoin.
Je vais me cacher dans un coin,
Pour consulter le diable.
Air : Mirliton
Vois ce palais, et l’admire.
renaud
Je ne vois que vos appas.
armide
Ici l’on te fera rire.
renaud
C’est ce qui ne sera pas,
Car hélas ! sans vous le peut-on
Dondaine ?
Sans vous le peut-on
Dondon ?
armide
Air : Et mon cœur n’est point partagé
Je pressens un grand malheur
Qui doit faire mon supplice.
Plus je goûte mon bonheur,
Plus je tremble qu’il ne finisse.
Ah ! que les plaisirs sont grands,
Quand on les fait durer longtemps !
renaud
Air : Ah ! Nicolas, sois-moi fidèle
Pouvez-vous craindre quelque chose,
Vous qui faites trembler l’enfer ?
armide
Oui, car je fais un pas de clerc.
Ah, voyez à quoi je m’expose !
Par vous l’amour est mon vainqueur,
Et l’amour aux filles fait peur.
Air : Comme un coucou que l’amour presse
Au vin, d’une ardeur sans égale,
Vous couriez avant de m’aimer.
La bouteille est une rivale
Qui ne cesse de m’alarmer.
renaud
Air : Les petits rats
De la fougère, ah ! j’ignorais l’usage.
Que j’étais fou de croire qu’à Bacchus
Elle rendit seulement son hommage !
Elle est encor plus utile à Vénus.
L’usage, hélas ! n’en est point arbitraire.
À présent je l’emploierai mieux.
Tout cet éclat dont peut briller un verre
Vaut-il celui qui part de vos yeux ?
Air : Malheureuse journée
Est-il un bien si rare
Que celui qu’en ce jour
Avec vous me prépare
Le charme de l’amour ?
armide
Le doux jus de la treille
Cause aujourd’hui ma peur.
Hélas ! qu’une bouteille
Sait charmer un buveur !
renaud
Air : On n’aime plus dans nos forêts
Je suis d’autant plus amoureux
Que je bois du vin d’avantage.
Le vin vous est avantageux,
Je vois double votre visage,
Et tous vos agréments doublés
Rendent mes esprits plus troublés.
armide
Air : Joconde
Que sous un aimable pouvoir
Je sens fléchir mon âme !
renaud
Qu’il est doux pour moi de vous voir
Consentir à ma flamme !
armide
J’ai donc tiré des cabarets
Un si fameux ivrogne.
renaud
Hélas ! combien pour vos attraits
Quitteraient la Bourgogne !
armide, renaud, ensemble
Air : Que Sylvie m’offre son cœur,
Tout inspire
Le tendre amour,
Sous son seul empire
Mon cœur respire.
Quel martyre !
Je perds le jour.
Oui, Renaud !
Armide, j’expire !
Si vous manquez de retour.
renaud
Non, j’aimerai toujours ma maîtresse.
armide
Non, j’aurai toujours même tendresse.
renaud
Le trait qui me blesse
Fera désormais ma richesse.
armide
Dieux ! que d’allégresse !
Chantons tour à tour.
armide, renaud, ensemble
Tout inspire, etc.
armide
Air : Gai, gai, gai, tôt, tôt, tôt
Témoins de ma flamme extrême,
Confidents de mes plaisirs,
Occupez celui que j’aime,
Prenez tous ses désirs.
Danseur si grand et si rare\footnote M. Dupré.,
De pas soyez moins avare.
Et bon, bon, bon
Réjouissez-le donc ;
Gai, gai, gai, tôt, tôt, tôt,
Il faut faire un saut,
Haut, haut,
Amusez-le comme il faut.
Scène ii
Divertissement des plaisirs, des amants fortunés et des amantes heureuses.
vaudeville, nouveau
1
Croyant agir fort prudemment,
Damon, censeur sévère,
De jour en jour diffère
De prendre un tendre engagement.
À la fin il entre en ménage,
Mais trop tard, il est en défaut.
C’est ne pas être sage,
Qu’être plus sage qu’il ne faut.
2
Lucile approuve mon amour,
Et m’entretient sans cesse
De vertu, de sagesse.
Soit ! C’était bon le premier jour.
Mais c’est toujours même langage,
Je ne puis la mettre en défaut.
C’est ne pas être sage,
Qu’être plus sage qu’il ne faut.
3
Mon amant d’un ton langoureux
Me conte son martyre.
Je me mets à sourire,
Signe que j’approuve ses feux.
Il persiste en son verbiage
Ah ! peut-il avoir ce défaut ?
C’est ne pas être sage
Qu’être plus sage qu’il ne faut.
4
Un fade et pesant écrivain
Qui sans se rien permettre
Écrit en géomètre,
La règle et le compas en main,
Voit son correct, mais froid ouvrage
Et naître et mourir aussitôt.
C’est ne pas être sage
Qu’être plus sage qu’il ne faut.
5
Si vous trouvez mauvais ceci,
Ah ! Messieurs, sans mot dire,
Que chacun se retire.
Mais si l’auteur a réussi,
Des mains faites un grand tapage,
Mettez les sifflets en défaut.
C’est ne pas être sage,
Qu’être plus sage qu’il ne faut.
On danse.
renaud
Air : Je suis fils d’Ulysse, moi
Allons, sortez, éloignez-vous, canailles !
Foin de vos entrechats !
En vain ici l’un saute et l’autre braille,
Armide ne vient pas.
Ah ! de la voir mon tendre cœur pétille,
J’aime cette fille, moi,
J’aime cette fille.
Scène iii
Renaud, Ubalde, Le Chevalier Danois
ubalde
Air : Comme v’la qu’est fait
C’est lui, l’occasion est belle,
Par ma foi, l’aimable poupin !
renaud
Que vois-je ! frottons la prunelle,
Oui, parbleu, j’aperçois du vin.
ubalde
Nous venons te faire connaître
Ce qu’on perd quand on est coquet.
renaud
Ciel ! quelle honte de paraître
Mis comme un jeune freluquet !
Comme je suis fait !bis
ubalde
Air : J’entends le bruit des armes
On vous rappelle. De Grégoire
Voici la lettre de cachet ;\footnote Lui montrant la bouteille et le verre.
Ce jour va vous couvrir de gloire,
Il vous attend au cabaret.
Quand chacun s’empresse de boire,
Filerez-vous seul le parfait ?
ubalde
Air : Ma raison s’en va grand train
Mouches, pompons, miroir, corail\footnote Il arrache ses mouches et ses pompons, et les jette à terre, aussi bien que les différentes choses que les revendeuses à la toilette ont mis dans sa poche au second acte.
De mollesse indigne attirail,
Et vos affiquets\footnote Lorgnette d’Opéra.
De vils freluquets,
Vous, nécessaire escorte\footnote Boite au rouge.
Des déesses de l’Opéra,
Le diable vous emporte ! Lon la !
Le diable vous emporte !
Renaud prend en main la bouteille et le verre qu’on lui présente.
ubalde
Air : Dans le fleuve d’Oubli
Abandonnez Armide,
Oubliez ses appas... ha ha ha
Ici l’amour préside,
On n’en sort toujours pas... ha ha ha.
renaud
Afin de perdre la mémoire
D’un minois si joli
Biribi
Allons boire.bis
Scène iv
Armide, Renaud, Ubalde, Le Chevalier Danois
armide, suivant Renaud
Air : Prévôt des marchands
Vous partez ? Renaud, vous partez ?
Diables, volez et l’arrêtez !
Comment ? Ils n’en font rien je pense.
Mes cris ne sont point écoutés !
Lucifer brave ma puissance !
Vous partez ? Renaud, vous partez ?
Air : Sois complaisant, affable, débonnaire
Sois complaisant, affable, débonnaire,
Tu sais qu’en tout j’ai tâché de te plaire ;
Mais
Je suis une fille en terre
Si tu quittes ce Palais.
Air : Vous avez bien de la bonté
Où tu vas, Renaud, conduis-moi,
Esclave ou bien maîtresse,
Que m’importe étant avec toi !
Tu me verras sans cesse,
Verre en main, boire à ta santé.
Aux autres, si le vin t’entête,
Je ferai tête.
renaud
Madame, en vérité,
Vous avez bien de la bonté.
Air : Mathurin, mon compère
Il est temps que j’évite
Le piège de Vénus.
Il faut que je vous quitte,
Ainsi le veut Bacchus.
Aux ordres du dieu de la treille
Armide, ne résistez plus.
Vous serez après la bouteille,
Ce que je chérirai le plus.
armide
Air : Trembleurs
Tu n’eus jamais de tendresse.
Que les hommes ont d’adresse !
Tu te ris de ma faiblesse
Qu’Armide eut toujours pour toi.
Tu me fais sans cesse outrage,
Tu ressemble dans ta rage
Au monstre le plus sauvage,
Ton cœur fut toujours sans foi.
Le vieux jardinier À quoi s’occupe Magdelon
On commence par le mineur.
Je meurs si tu pars, cher amant,
Peut-on vivre sans son âme !
Je meurs, si tu pars, cher amant,
Sois sensible à mon tourment.
Sinon, morte que je serai,
Je saurai venger ma flamme.
Sinon, morte que je serai,
Partout je te poursuivrai.
Air : Quand je partis de la Rochelle
Ah ! la lumière m’est ravie.
Je touche à mon dernier instant,bis
Malurette
En partant tu m’ôtes la vie,
Cruel ! tu dois être contentbis
Malurette.
Elle tombe sur un sofa.
Air : Je sommeille
Renaud, ignores-tu ce tour ?
C’est une ruse de l’amour.
Je sommeille.
renaud
Par ma foi, j’en suis bien chagrin,
Avalez un verre de vin,
Cela réveille.
Air : Hélas, la pauvre fille
Hélas, la pauvre fille,
Elle a le mal de tout.
Pendant qu’elle babille,
La mort fait tout d’un coup
Son coup.
Hélas la pauvre fille,
Elle a le mal de tout.
ubalde et le chevalier danois, ensemble
Air : Avance, avance
Il faut partir, hâtez vos pas.
Quittez ses dangereux appas.
renaud
Je dois garder la bienséance.
ubalde et le chevalier danois, ensemble
Avance, avance, avance,
À quoi sert votre doléance ?
renaud
Air : Hélas, la pauvre fille
Hélas, la pauvre fille,
Elle a le etc.
Scène v
Armide seule
armide
Air : Le temps s’enfuit et l’amour reste
Le cruel s’en va, qui l’eût cru ?
Plus promptement qu’il n’est venu.
Il m’évite comme la peste
L’ingrat me laisse à l’abandon.
Tâchons de le haïr ! Mais non.
L’amant seul fuit et l’amour reste.
Air : Non, je ne ferai pas ce qu’on veut [que je fasse]
Maîtresse de son sort tu devais bien, Armide,
Enfoncer le poignard dans le cœur du perfide !
Il se moque à présent de ton art sans effet,
Et l’ivrogne qu’il est accourt au cabaret.
Air : Il n’est pire eau que l’eau qui dort
Il paraissait près de moi si tranquille !
Allons à lui ! Mais inutile effort.
Déjà le traître est près de la Courtille.
Il n’est pire eau que l’eau qui dort.
Air : Ô Reguingué, ô lon lan la
Ah ! je le tiens, je tiens son cœur
Et je l’immole à ma fureur.
Ô Reguingué, ô lon lan la,
Je le tiens, je suis satisfaite,
Mais bon, ce n’est que ma baguette.
Air : Réunissons dans le même refrain
Je jure de n’aimer jamais !
Que me sert d’être sorcière
Si l’on outrage mes attraits ?
Diables, donnez-vous carrière,
Démolissez ce Palais.
Puissiez-vous sous la pierre
Ensevelir dans le même moment
L’Amour, Armide et son amant !
Les diables détruisent le palais enchanté et Armide sort tranquillement comme à l’Opéra.
Fin