Riccoboni et Romagnesi
Atys
Parodie
Représentée par les comédiens italiens
le 27 février 1738
1738
BnF ms. fr. 9334
definitacteur, celœnus celœnus
Acteurs
Atys
Idas
Sangaride
Doris
Cybèle
Mélisse
Morphée
Songes agréables et funestes
Célénus
Le fleuve Sangar et sa suite
Troupe de Phrygiens
La scène est en Phrygie.
Atys
\scene[Le théâtre représente une campagne.] atys
seul
atys
Air : Vivons pour ces fillettes
Peuples des endroits d’alentour
Accourez tous voir un beau tour ;
Du haut des cieux dans ce séjour
Cybèle va descendre ;
Venez ici l’attendre,
Venez,
Venez ici l’attendre.
Scène i
atys, idas
ensemble, ensemble
Air : V’la le marchand de bouteille cassée
Allons, allons, accourez tous,
Phrygiens, dépêchez-vous !
idas
Air : Ah, ah, ah, ouiche, ouiche
Vous avez la puce à l’oreille,
Vous vous levez trop matin ;
C’est Cupidon qui vous réveille.
atys
Je brave ce dieu mutin.
idas
Ah, ah, ah, ouiche, ouiche !
En vain contre un œil tendre et doux
Notre cœur triche,
Il s’y niche
Malgré nous.
Air : Vous autres, gens de dia huriau
Atys, je sais votre secret ;
En indiscret,
Dans un bocage
Vous chantiez un jour
Votre amour,
Criant comme un sourd.
airopera
J’entendis vos regrets et je les sais si bien
Que si vous en doutez je vais vous les redire.
Air : Je voudrais bien me marier
Accablé d’un cruel tourment,
Je ne sais comment faire.
J’idolâtre un objet charmant,
À qui j’en fais mystère.
Ce n’est pas le moyen vraiment
De conclure l’affaire.
atys
Air : Quand j’ai ma cornette à deux rangs
Oui, j’aime un objet plein d’appas,
Mais cher Idas, n’en parle pas.
idas
Par ma foi, vous me faites rire,
Dans un moment vous l’allez dire.
Scène ii
atys, sangaride, doris, idas
à quatre, ensemble
Air : Laissez-moi m’enivrer en paix
Allons, allons, accourez tous ;bis
Cybèle, Cybèle
Descend parmi nous.
sangaride
Air : Charivari
Écoutez-vous l’harmonie
De ces oiseaux ?
J’appelle la mélodie
Des chants nouveaux
En comparaison de ceci
Charivari.
Air : Si vous voulez que je vous baise
On dirait qu’ils chantent Cybèle
Pour célébrer un si beau jour.
atys
Ils ne s’embarrassent point d’elle
Et ne célèbrent que l’amour.
Air : Et puis quand ils sont revenus
Tout doit parler d’amour pour vous,bis
Un grand roi devient votre époux.bis
sangaride
L’indolent Atys, tout de glace,
Ne voudrait pas être à sa place.
atys
airvide
Nous voyons les filles les plus belles
Ressembler à la reine des fleurs ;
C’est pourquoi je crains les demoiselles,
Elles ont des épines cruelles
Qui coûtent des pleurs.
sangaride
Air : Le plaisir passe la [peine]
À se défendre des alarmes
Que nous cause un dieu plein de charmes,
La peine passe le plaisir ;
Mais quand on se livre à sa chaîne,
Quelques maux qu’on ait à souffrir,
Le plaisir
Passe la peine.
Air : Le trot, l’entrepas, l’amble
Aux plus charmants appas
Peut-on être insensible ?
atys
Le pauvre Atys, hélas !
N’est que trop combustible,
Et si j’aimais un jour, par grand malheur,
Un jour par grand malheur,
J’aurais grand’peine à retenir mon cœur,
Le pauvre diable irait le trot, le trot.
sangaride
Serait-ce un mal s’il prenait le galop ?
Air : L’autre jour, dessous un ormeau
Nous pourrons finir l’entretien
Dans l’autre scène.
doris
Non, il commence trop bien
Ne nous déguisez rien,
Car ce n’est pas la peine
De retarder un aveu
Qui coûtera si peu.
Air : Va-t’en voir s’ils viennent, Jean
Que vos cœurs dans ces instants
De leurs faits conviennent,
Nos peuples tardent longtemps ;
Quels soins les retiennent ?
Allons voir s’ils viennent, Jean,
Allons voir s’ils viennent.
Scène iii
sangaride, atys
atys
airopera
Sangaride, ce jour est un grand jour pour vous.
sangaride
Air : Menuet de Grandval
Tous les deux chéris de Cybèle,
L’honneur est égal entre nous.
atys
Vous ne m’entendez pas, ma belle,
Un grand roi devient votre époux.
sangaride
Air : Quand je suis dans mon corps de garde
Vous l’avez dit, faut-il sans cesse
Répéter les mêmes chansons ?
atys
Pardonnez, c’est une finesse
Pour revenir à nos moutons.
Air : Tu veux que je t’épouse
On voit bien à ma mine
Ce que je vais vous découvrir ;
Adieu, cousine,
Car je m’en vais mourir.
sangaride
Qui vous chagrine ?
atys
Ce qui va vous réjouir.
sangaride
Air : Quand Moïse fit défense
Grands dieux, ma crainte est extrême !
atys
Je brûle d’amour pour vous.
sangaride
Quoi ! vous m’aimez ?
atys
Je vous aime.
sangaride
Mais je vais prendre un époux.
Eh quoi, de notre hyménée
Attendiez-vous la journée
Pour montrer vos feux secrets ?
atys
Il vaut mieux tard que jamais.
sangaride
Air : Ô turlutaine
Vous ignorez quelle peine
L’amour vous prépare ici.
atys
Vous m’allez être inhumaine,
Ô turlutaine.
sangaride
Non, car je vous aime aussi,
Turlutu, tantaleri.
atys
Air : Allons la voir à Saint-Cloud
Oh, juste ciel, quel malheur !
sangaride
Votre infortune est cruelle.
atys
Voilà pour un tendre cœur
Une disgrâce nouvelle.
sangaride
Votre sort sera plus affreux.
atys
Oui, j’en mourrai plus malheureux ;
Mais malgré ce système,
Tuez-moi toujours de même.
sangaride
Air : Ton humeur est, Catherine
Mais où s’emporte mon âme ?
Je trahis donc mon mari.
atys
Et moi, je trahis la flamme
D’un roi dont je suis chéri.
sangaride
Voilà ce qui m’inquiète.
atys
Voilà d’où naît mon chagrin.
sangaride
Ne suis-je pas trop coquette ?
atys
Ne suis-je pas trop coquin ?
ensemble, ensemble
Air : Pour chanter un duo
Déplorons en duo mon destin et le vôtre.
Faut-il que le devoir brise notre lien ?
Eh ! le moyen ?
Votre cœur va si bien
Au mien
Qu’ils sont faits l’un pour l’autre.
atys
Air : La ceinture
Ah ! grands dieux ! quelle cruauté,
Que le devoir nous est contraire !
sangaride
On vient, craignez d’être écouté.
atys
Oh ! je suis fin, laissez-moi faire.
Scène iv
atys, sangaride, chœur
atys
Air : Gardons nos moutons, [lirette, liron]
Je veux garder ma liberté
Quoi que l’on en murmure ;
Mon petit cœur n’est point tenté
D’amoureuse aventure.
Lisette ou Fanchon
C’est toujours, dit-on,
La même turelure.
chœur
Air : Boulanger de Gonesse
Un peuple vous appelle,
Vite, dépêchez-vous ;
Venez, grande Immortelle,
Nous vous attendons tous.
Cybèle, Cybèle,
Venez loger chez nous !
Scène v
cybèle, atys, sangaride, peuples
cybèle
Air : Tarare ponpon
Venez tous dans mon temple et que chacun révère
Le sacrificateur que j’élis en ce jour ;
Vos respects m’ont su plaire,
Mais sachez qu’à ma cour
Au respect je préfère
L’amour.
Air : Mahomet défendit
Qu’à chanter noblement
Votre zèle s’applique ;
La vieille musique
Me plaît infiniment, taran, tan, tan ;
Que l’accompagnement
Après la voix s’explique,
On les entendra mieux séparément, taran, tan, tan,
Assurément, tan, tan, tan.
L’arrangement, tan, tan, tan,
En est charmant, tan, tan, tan,
Et magnifique.
Air : En vendange on boit, on rit
Vous devez vous animer
D’une ardeur toujours nouvelle,
Car on ne peut me charmer
Que par un excès de zèle ;
S’il faut honorer Cybèle
Il faut encor plus l’aimer.
chœur
S’il faut honorer Cybèle
Il faut encor plus l’aimer.
cybèle
Air : Pour passer doucement la vie
Pour rendre ma conduite exacte,
Nommons un prêtre tout d’un coup,
Par là nous perdons tout un acte
Et nous n’y perdons pas beaucoup.
Air : Y avance, y avance
C’est Atys que je veux choisir.
atys
Madame, pourrai-je remplir
Un poste de cette importance ?
cybèle
Y avance, y avance, y avance,
Va prendre l’habit d’ordonnance.
chœur
Air : Vantez-vous-en
Puisque la déesse elle-même
Vous élève à ce rang suprême,
Vous nous voyez tous à jubé,
Tous à jubé,
Ah ! que son choix est bien tombé !
Oui, votre mérite est extrême
Et tout cela sans compliment,
Vantez-vous-en !
Ils sortent.
Scène vi
cybèle, mélisse
cybèle
Air : Comte de Tonnerre
Un tel choix te surprend, Mélisse ?
mélisse
Pour peu que j’eusse de malice,
J’assurerais que votre cœur,
Dans le doux transport qui l’anime,
Au lieu d’un sacrificateur
Vient de se faire une victime.
cybèle
Air : L’amour que j’ai pour ma mère
Tu l’as deviné, ma bonne,
Aussi bien l’aurais-je dit,
Car ce n’est point à crédit
Que ma tendresse m’aiguillonne ;
Femme de ma qualité
Passe sur la formalité.
Air : Un dimanche après vêpres
Ce fut un beau jour de ma fête
Qu’Atys se rendit le vainqueur
De mon cœur, eur, eur, eur,
Depuis ce temps je pense à lui, i, i, i.
mélisse
Air : Je n’avais pas quinze ans
Écoutez ce dicton,
Il en vaut bien la peine ;
Idas, du même ton,
L’a chanté dans sa scène :
Pour fuir l’amour
On fait tout son possible ;
Il vient un jour
Qu’on a le cœur sensible.
Air : Eh oui, par la sandienne
Mais quoi ! le dieu de la tendresse
Blesse
La grande déesse
Pour un freluquet !
C’est trop de faiblesse,
Craignez le caquet.
cybèle
Déesse tendre
Qui veut se rendre,
Afin de ne s’y pas méprendre,
Doit descendre.
mélisse
C’est fort bien l’entendre ;
Les dieux aiment mal aujourd’hui.
cybèle
Eh oui, par la mordienne,
Ventredienne,
Oui !
Air : L’autre nuit, j’aperçus en songe
Il faut qu’un songe lui déclare
Jusqu’où va pour lui mon ardeur,
Ce trait ménage ma pudeur.
mélisse
Pourquoi prendre un tour si bizarre ?
Que ne vous servez-vous de moi ?
C’est là mon véritable emploi.
cybèle
Air : Pendus
Va-t’en dire au dieu du sommeil
Qu’il vienne avec son appareil
Suivi des songes agréables
Et des cauchemars effroyables.
mélisse
Madame, je crains qu’avec lui
Il ne conduise aussi l’ennui.
Scène 7
atys
Air : Chantez, petit Colin
Pour me déterminer
Dans ma douleur pressante
Je voudrais raisonner,
Mais on viendra m’importuner ;
Si quelqu’un se présente,
Confident ou suivante,
Dans mon embarras,
Qu’on dise là-bas
Que je n’y suis pas.
Air : Au lit, à la table, à la guerre
Mais le sommeil vient me surprendre ;
Pourquoi ce bâillement soudain ?
Ma foi, je n’y puis rien comprendre,
Me suis-je levé trop matin ?
Puisque je ne puis m’en défendre,
Il faut reposer mon chagrin.
Scène viii
atys, le sommeil, songes agréables et funestes
chœur
Air : Vendôme
Dormons tous ! Dormons tous !
Ah ! que le sommeil est doux,
Compère, compère !
On danse.
morphée
Air : Menuet
Vois la gloire qui t’appelle ;
Le cœur de Cybèle
Demande le tien,
Mais ce n’est point bagatelle ;
Songe que la belle
Ne partage rien ;
Quand on aime une immortelle
Qui veut tout pour elle,
Il faut aimer bien.
Une danse gracieuse.
un songe funeste
Air : La polonaise
Crains, malheureux
Gueux,
Crains d’oser
Refuser
Ton ardeur
À son cœur.
Croi-
Moi,
Je vais t’exposer le fait
Net.
Pour tant d’appas
Il ne faut pas
Un maladroit
Froid.
Vois ses feux
Glorieux ;
Il te faut
Au plus tôt
Y prendre part,
Car
Les délais
N’ont jamais
Plu qu’au palais ;
Mais point de détour
En amour,
Car ce dieu
Tout de feu
Cache peu
Son jeu.
Pauvre diable,
Sois actif,
Leste et vif,
Et surtout récréatif ;
Misérable,
Si tu fais
Le benêt,
Te voilà d’abord
Mort !
Scène ix
atys, cybèle
atys
Air : C’est le curé de Nole
Au secours, misérable !
Quel rêve épouvantable !
cybèle
Je suis ici, ne craignez pas ;
Expliquez-moi votre embarras.
atys
Ah ! j’ai rêvé que le diable
Me tentait pour vos appas !
Air : Le coucou
Mais je ne crus jamais aux songes.
cybèle
Mon cher Atys, vous avez tort.
atys
Je méprise leurs vains mensonges.
cybèle
Tant pis.
atys
Je suis un esprit fort.
cybèle
Air : J’ai la plus méchante femme
Apprenez que leur langage
Doit avoir quelque crédit,
Que souvent d’un vrai présage
Ils remplissent notre esprit ;
Enfin, s’il faut tout vous dire,
Le songe est de ma façon.
atys
Madame, vous voulez rire !
cybèle
Non, vraiment, c’est tout de bon !
Air : Bonjour mon père et ma mère
À cet aveu si modeste
Répondez, mon cher enfant.
atys
Madame, je vous proteste
Que mon respect est très grand.
cybèle
Et ne nous, zeste, zeste, zeste,
Ne nous estimez pas tant.
Scène x
cybèle, sangaride, atys
sangaride
Air : Dupont, mon ami
Écoutez mes cris,
Puissante déesse,
L’intérêt d’Atys
Ici vous en presse ;
Je me jette à vos genoux.
atys, l’interrompant
Je vais lui parler pour vous.
sangaride
Air : La Palice
Unis par un doux destin...
atys, l’interrompant
Ne battez point la campagne,
À Cybèle.
C’est que je suis son cousin
À la mode de Bretagne.
Air : Confiteor
On doit la marier ce soir
Et cet hymen la désespère.
cybèle, à Sangaride
Ne craignez rien, j’ai tout pouvoir
Sur votre bonhomme de père.
Atys veut vous favoriser,
Je n’ai rien à lui refuser.
atys
Air : Les fanatiques [que je crains]
Madame, c’est trop de faveur.
cybèle
Je n’en saurais trop faire
Car je t’ai donné mon cœur
Et n’en fais point mystère.
Cet amour te fait beaucoup d’honneur.
atys
Mais il ne vous en fait guère.
cybèle
Air : Allez, allez vous présenter
Atys ira vous garantir
De toute violence ;
Et vous, avant que de partir
Pour cette impertinence,
Cybèle va vous revêtir
De toute sa puissance.
Scène xi
cybèle, mélisse
cybèle
Air : [L’amour] la nuit et le jour
Il me vient un soupçon ;
Atys ne m’aime guère.
mélisse
Ah ! le pauvre garçon
Ne sait pas encor faire
L’amour
La nuit et le jour.
cybèle
Air : Nicolas, ayant passé le jour
Sa froideur, son timide respect
M’est suspect.
On est moins circonspect
Quand l’amour nous lutine.
De Sangaride il est parent,
Mais le soin qu’il en prend
Encore mieux m’apprend
Que l’indifférent
L’aime à la sourdine.
Oui, ce cousin est sûrement
L’amant, l’amant
De cette cousine.
Air : Quand je tiens de ce jus d’octobre
Donne ordre à l’aimable zéphire...
mélisse
Que l’aimable est bien placé là !
cybèle
Qu’il fasse ce qu’Atys désire.
mélisse
Le beau métier qu’il fera là !
Scène xii
cybèle
cybèle
Air : Tuton tutaine
Espoir si charmant et si doux,
Hélas ! pourquoi me trompiez-vous ?
Quelle est ma honte et mon courroux !
Des cieux je suis la reine,
Tu, tu,
J’ai donc descendu,
Ton, ton,
De ce beau canton,
Et fait la guenon
Près d’un beau garçon
Qui me dira non,
Tutaine, tuton, tutaine.
Scène xiii
sangaride, idas, doris
doris
Air : Ô reguingué
Quoi ! vous pleurez ?
idas
D’où vient cela ?
doris
Dans quel triste état la voilà !
sangaride
Ô reguingué, ô lon lan la,
Hélas ! j’aime...
doris
Hé bien !
sangaride
Hélas, j’aime...
idas
Achevez.
sangaride
Achève toi-même.
Air : Dans votre alcôve
J’aime un perfide
Qui trahit mon fidèle amour ;
Il abandonne Sangaride,
C’est ce qui fait que dans ce jour
J’aime un perfide.
Air : J’ai rêvé toute la nuit
Par l’éclat de la grandeur
Cybèle a séduit son cœur ;
Il méprise mon ardeur.
idas, doris, ensemble
C’est un grand malheur.bis
sangaride
C’en est fait, je l’ai perdu.
idas, doris, ensemble
Je ne l’aurais jamais cru.
sangaride
Air : Ne m’entendez-vous pas
J’allais de nos amours
Faire part à Cybèle,
Mais l’ingrat, l’infidèle,
Par de mauvais discours
M’interrompait toujours.
doris, idas, ensemble
Air : Et zing zing
Un grand amour
Ne saurait s’éteindre en un jour.
Calmez ce courroux,
Gardez-vous
De trop croire un transport jaloux.
sangaride
Il me quitte donc, l’inconstant,
N’en pourrai-je faire autant ?
Le changement coûte-t-il tant ?
idas, doris, ensemble
Un grand amour
Ne saurait s’éteindre en un jour.
sangaride
Air : Je n’aime plus, j’en sais l’abus
Viens à mon aide
Contre un si funeste poison ;
Sois mon remède,
Viens, ma raison.
idas, doris, ensemble
Ah, quel chien de train !
On l’implore en vain
Contre un objet aimable,
Et dans pareil cas
La raison n’est pas
Raisonnable.
sangaride
Viens à mon aide etc.
Scène xiv
sangaride, célénus, idas, doris
celœnus
Air : Ces filles sont si sottes
Je touche au favorable instantbis
Où l’hymen tous deux nous attend ;
Mais malgré cette attente
Je ne serai jamais content
Si vous n’êtes contente, lon la,
Si vous n’êtes contente.
Air : Admirez la vanité
Voyez par ce compliment
Ma délicatesse !
J’en agis assurément
Avec politesse.
Convenez que c’est à tort
Que je passe pour butor
Dans toute la pièce,
Ô gué,
Dans toute la pièce.
Air : Dites, la belle, le voulez-vous
Je prétends mettre à vos genoux
La couronne et tous ses bijoux ;
Me recevez-vous pour époux ?
sangaride
Mon père le désire ;
Puisqu’il veut que je sois à vous,
Je ne puis l’en dédire.
celœnus
Air : Les recors et les sergents
Mais sur lui je compte peu
Et mon feu
N’attendait que votre aveu.
Toute fille aime à sa guise
Sans que son \ibis père lui dise :
Air : Quel malheur, belle princesse
Eh quoi, votre cœur soupire ?
Est-ce joie, est-ce douleur ?
sangaride, voyant Atys
Expliquez en votre faveur
Ce que veut dire
Ce soupir échappé du cœur.
celœnus
Ah, je respire !
Scène xv
célénus, sangaride, atys
celœnus
Air : Vous n’avez pas besoin [qu’on vous console]
Mon cher Atys, mon triomphe s’apprête ;
Cette beauté
D’un retour m’a flatté,
Et je la crois trop sage et trop honnête
Pour m’abuser
Avant de m’épouser.
Air : Doguin disait à Bichonne
Dans ma vive impatience
Je vais chercher vos parents ;
Il serait de la décence
De leur envoyer mes gens,
Mais enfin si je demeure,
J’embarrasse mon ami,
Il vaut mieux que de bonne heure
Je sois commode mari.
Scène xvi
atys, sangaride
atys
Air : Lampons
Que son sort me fait pitié,bis
Hélas ! j’en pleure à moitié.bis
sangaride
Oh ! soyez moins pitoyable,
Son bonheur est véritable.
atys
Bon, bon.
sangaride
Non, non,
Je l’aime tout de bon.
atys
Air : Dormir est un temps perdu
Que me dites-vous, hélas !
D’où vient ce changement étrange ?
sangaride
Tu méprises mes appas,
Il est juste que je me venge ;
C’en est fait, j’épouse le Roi,
Puisque tu m’as manqué de foi.
Apprenez, seigneur Atys,
Que je n’aime point gratis.
à deux, ensemble
Air : Le tout par nature
Non, ce n’est pas moi, c’est vous
Qui rompez des nœuds si doux.
atys
Ah, c’est vous !
sangaride
Ah, c’est bien vous,
Amant trop infidèle !
atys
Ô beauté trop cruelle !
à deux, ensemble
Qui rompez les nœuds si doux
D’une chaîne si belle.
sangaride
Air : Branle de Metz
À l’amour de la déesse
Vous sacrifiez le mien.
atys
Ma belle, n’en croyez rien,
Vous seule avez ma tendresse.
sangaride
Non, vous me trompez.
atys
Hé bien !
Dût sa fureur vengeresse
Me rendre nul en ce jour,
Elle saura notre amour.
sangaride
Air : Le masque tombe et l’on voit [la coquette]
Ah ! demeurez, mon âme est satisfaite ;
De mes soupçons je reconnais l’abus.
Oui, vous m’aimez et je n’en doute plus,
Si l’on doit croire tout ce qu’on souhaite.
à deux, ensemble
Air : Fichaise, fichaise
Je jure, jure
De ne vous troquer jamais
La chose est sûre.
sangaride
Air : L’allure
Ah ! quel cruel destin,
Mon cousin,
De cacher sa blessure !
L’amour dans notre sein,
Mon cousin,
Est comme à la torture
Du chagrin
De déguiser son allure,
Mon cousin,
De déguiser son allure.
à deux, ensemble
Air : En dépit de nos fichus parents
En dépit des parents, des jaloux,
En catimini tous les deux aimons-nous.
sangaride
Air : Oh vraiment, je m’y connais bien
Hélas ! voici tout le lignage,
On va faire le mariage.
atys
Je puis vous assurer que non ;
J’y vais mettre opposition.
Scène xvii
le fleuve sangar, suite, sangaride, célénus
le fleuve sangar
Air : Grisélidis
Écoutez, je vous prie,
Mes parents, mes amis,
Toute la compagnie,
Qu’aucun ne soit omis,
Car j’en agis
Avec cérémonie,
Comme faisait jadis
Grisélidis.
Air : Heureux, du moins, dans nos tourments
Or, je donne donc pour mari
À ma fille, en cette journée,
Un grand roi qui d’elle chéri
Me presse pour cet hyménée.
Bien entendu que tout ceci
Sera de votre goût aussi.
chœur
Air : Tout comme il vous plaira, larira
Tout comme il vous plaira,
Larira,
Tout comme il vous plaira.
le fleuve sangar
Air : J’admire d’un poltron la gloire
Ce que le plus je considère,
Il a Neptune pour son père.
Cet hymen reluit de splendeur,
Et c’est le motif qui m’y pousse.
Voyez, mes amis, quel honneur
Pour nous qui sommes dieux d’eau douce !
chœur
Tout comme il vous plaira,
Larira,
Tout comme il vous plaira.
le fleuve sangar
Air : Ah, Thérèse, qu’on est aise
Que l’on danse
En cadence,
Trémoussons-nous d’importance !
Que l’on danse
En cadence,
Rions tous comme des fous !
Mes chers enfants, sans l’assistance
De la danse
Que ferions-nous ?
Que l’on danse etc.
On danse.
Amants, dont la flamme indiscrète
Brusque indifféremment toute sorte d’attraits,
Vous ne réussirez jamais
Qu’auprès d’une coquette.
L’amour veut par degré
Vous conduire à son gré
À la conquête des plus fières.
Obtenez un tendre regard,
Un doux sourire, un mot à part,
Et les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Laïs pour faire sa fortune
Reçoit également toute sorte d’états :
Gens d’affaires, plumets, rabats,
Aucun ne l’importune.
L’un donne un diamant,
L’autre un ameublement,
Et celui-ci des tabatières ;
Celui-là quelque mille écus.
Le Gascon moins, le Suisse plus,
Et les petits ruisseaux font les grandes rivières.
On danse.
chœur
Air : Monsieur le Prévôt des marchands
Venez par des liens charmants
Unir ces illustres amants.
atys
Cet hymen déplaît à Cybèle,
Vous pouvez le décommander.
le fleuve sangar
De quoi diable se mêle-t-elle ?
atys
Que n’allez-vous lui demander ?
celœnus
Air : Que faites-vous, Marguerite
Quoi, mon ami s’intéresse
En ce moment contre moi ?
atys, d’un air hypocrite
Grand-Prêtre de la déesse,
Je dois respecter sa loi.
le fleuve sangar
Air : Toureloure, je me roule
Arrive tout ce qu’il pourra
Mais cet hymen s’accomplira.
chœur
Opposons-nous.
atys
Halte-là,
Canaille
À l’écaille !
Vous, Zéphirs,
Servez nos désirs
Malgré ce chœur qui braille.
Les zéphirs soufflent au cul de Sangaride et d’Atys qui disparaissent.
chœur, en s’en allant
Air : Allez-vous en gens, gens de la noce
Allons-nous-en, gens de la noce,
Allons-nous-en trétous chez nous.
Scène xviii
sangar, célénus
le fleuve sangar
Air : Je ne m’en soucie guère
Je suis très fâché, mon gendre,
De ce maudit contretemps ;
Je n’y saurais rien comprendre,
Mais attendez quelque temps,
Atys pourra vous la rendre
Et vous serez tous contents.
Il sort.
celœnus
Air : Robin turelure
J’augure mal, par ma foi,
De toute cette aventure,
Et les vents pourraient, je croi,
Turelure,
Mener bien loin la voiture,
Robin turelure.
Scène xix
cybèle, célénus
celœnus
Air : Marche française
Palsambleu, Madame !
Que vous ai-je fait ?
Pourquoi de ma flamme
Retarder l’effet ?
Si vous vouliez prendre
Mes chères amours,
Vous deviez attendre
Du moins quinze jours.
cybèle
Air : Et moi itou
Du fol espoir qui vous guide
Désabusez-vous.
Atys aimait Sangaride.
celœnus
Il l’aimait !
cybèle
Et la perfide
L’aimait itou ! bis
Air : Si le Roi m’avait donné
Pour éclairer de plus près
Leur friponnerie
Je les ai fait mettre exprès
Seuls dans la prairie.
celœnus
Vous avez fait un beau coup,
C’était enfermer le loup
Dans la bergerie,
Ô gué,
Dans la bergerie.
cybèle
Air : Je vis l’autre jour
Tous deux sans témoins,bis
Le croyant du moins,bis
Mon traître et votre coquette
Ah ! ah ! se faisaient les yeux doux
Et se disaient sur l’herbette
Ah ! ah ! je soupire pour vous.
celœnus
Air : Vous contez avec peine
Il faut que je l’assomme !
cybèle
Je ne m’oppose à rien.
celœnus
Jamais malhonnête homme
Ne fut un plus grand chien !
Scène xx
cybèle, célénus, atys, sangaride
célénus, cybèle, ensemble
Air : Le mirliton
Les voici qu’on nous amène.
Approchez, couple mignon,
Venez éprouver la peine
Due à votre trahison.
atys, sangaride, ensemble
Entendez raison !
célénus, cybèle, ensemble
Mirliton, mirlitaine.
atys, sangaride, ensemble
Entendez raison !
célénus, cybèle, ensemble
Non, non.
atys, sangaride, ensemble
Air : Hélas quand je fis la faute
L’amour a fait notre crime,
Pardonnez-le-nous.
cybèle, célénus, ensemble
Non, vous serez la victime
D’un juste courroux ;
Il fallait au moins nous dire
Que vos cœurs blessés...
atys, sangaride, ensemble
On ne doit jamais instruire
Les intéressés.
célénus, cybèle, ensemble
Air : Que faites-vous, Marguerite
Craignez un cruel supplice !
atys, sangaride, ensemble
Vengez-vous, je le veux bien,
cybèle, célénus, ensemble
Oh, nous n’épargnerons rien !
cybèle
Air : Tout rit dans ce bas monde
Esprit dont la licence
Nous flatte ou nous offense,
Tantôt blanc, tantôt noir,
Empare-toi du traître
Et fais-lui reconnaître
Ton sinistre pouvoir.
Un démon se rongeant les ongles, tenant une plume et du papier, souffle sur eux.
atys
Air : Le cabaret est mon réduit
De quel coup suis-je donc frappé ?
Ma cervelle en est étourdie,
Mon esprit est occupé
De mille traits de folie.
Ah ! j’ai la métro \iter, la métromanie.
Air : Sens dessus dessous
Profitons de l’heureux moment,bis
Travaillons je ne sais comment,bis
Moquons-nous des pièces exactes,
Faisons un prologue en cinq actes,
[Sens dessus dessous, sens devant derrière,]
Laissons les règles loin de nous,
Sens devant derrière, sens dessus dessous.
Imaginons du neuf, c’est le moyen de plaire ;
Je veux à chaque acteur donner un caractère,
Mais les soutiendrons-nous dans toute l’action ?
Non, ce sont des portraits pour l’exposition.
Suivons un feu divin, ennemi de la gêne.
Autrefois la raison nous tenait à la chaîne,
Nos lâches anciens ne pouvaient l’oublier,
Je veux l’anéantir pour être singulier.
Elle nous priverait des plus grandes merveilles.
Qu’un désordre parfait soit le fruit de nos veilles,
Que le père conduit par un sublime effort
Fasse d’excellents vers et ne soit qu’un butor.
Que le vieux capitoul qui hait la poésie
Suive de son ami la noble frénésie,
Que l’on lui donne un rôle, à peine l’a-t-il pris
Que sans nulle mémoire il l’a d’abord appris.
J’aperçois son neveu, la scène sera vive,
Mais l’oncle est en courroux et je crains l’invective.
Non, qu’il se mette à rire et par un trait si beau
Surprenons l’auditeur qui verra du nouveau.
Ne nous arrêtons point et dans cette rencontre
Faisons du bel esprit plaider le pour et contre.
Lequel aura raison ? Ils auront tort tous deux,
Et par là mon génie éclatera bien mieux.
Une seule action est trop peu de matière,
Je n’en pourrais jamais faire une pièce entière.
Mêlons-en cinq ou six, on n’aura qu’à choisir,
Il faut multiplier les sources de plaisir.
Et qui d’un tel morceau ne serait idolâtre ?
Une robe de chambre est un coup de théâtre.
J’en suis surpris moi-même et mes sens enchantés.
N’oublions pas surtout les personnalités ;
Elles font réussir une pièce nouvelle ;
Chacun se dit tout bas, c’est ainsi qu’il s’appelle,
Par ces rares moyens, on doit flatter le goût ;
Surtout point de raison, mais de l’esprit partout !
Air : Les trembleurs
L’esprit seul dans une pièce
Tient lieu d’action, d’adresse,
De conduite, de justesse,
De tout il doit consoler.
cybèle
Air : Ah, tu trahis tes serments
Que dans sa veine poétique
Il ne reconnaisse aucun frein,
Que la muse satirique
Tourmente son esprit malin
Soir et matin.bis
Et qu’une chaconne comique
Vienne chasser notre chagrin.
Fin