Jean-Étienne Despréaux
Berlingue
Parodie d’Ernelinde, en cinq actes, en prose et en vaudevilles.
Représentée devant leurs Majestés, à Choisy
le 13 septembre 1777, le 8 octobre 1777, et en septembre 1778
Ballard
Personnages dansants et chantants
Acte premier
Garde du château : Sieur Petit
Vivandières : Sieurs Fabre, Duchaine, Trupti, Caster, en femmes
persliste, Sieurs Vestris, f. le Doux, Dossion, Giguet Suite de Bourade
Suite de Brisefer et de Sangodemis : Sieurs Deshais, Le Breton, Laval fils, Le Bel, Simonet, Abraham, Léger, Ducel, Guillet
Acte second
Première danseuse : Sieur Gardel, en femme
Les mêmes du premier acte
Acte troisième
persliste, Sieurs Petit, Fabre, Laval, f. Guillet Matelots
Matelote : Sieur Le Bel, en femme
Acte cinq
Grands prêtres : Sieurs Petit, Dossion, Le Doux, Abraham, Léger, Giguet, Guillet
Peuple, soldats : Les mêmes du premier acte
Acteurs
\persliste[Sieur Gardel J.] Bourade
père de Berlingue
Brisefer, roi : Sieur Dugazon
Berlingue, amante de Sangodemis : Sieur Despréaux
Sangodemis, amant de Berlingue et ami de Brisefer : Demoiselle Guimard
Jelerisque, confident de Brisefer : Dame Dugazon
Gilvert, confident de Sangodemis : Sieur Lambert
Grand prêtre : Sieur Petit
Vieillards
Peuples
Soldats
Vivandières
Matelots
Meneurs de chiens
La scène se passe dans le château de Bourade.
Berlingue
Acte i
Le théâtre représente la cour du château de Bourade, le cuisinier monte la garde.
Scène i
Berlingue, Bourade, suite de gardes
Duo
Air : Est-il donc vrai Lucile
berlingue
Quoi ! vous partez, mon père,
Vous fuyez de mes bras ?
bourade
Je fais ce qu’il faut faire,
Ne m’étourdissez pas.
berlingue
Vous êtes en colère...
bourade
Ne me questionne pas.
Je t’enverrais...
berlingue, en lui prenant la main
Mon père,
Ne vous emportez pas.
bourade
Air : La Thérèse, contredanse
Lâche-moi la main,
Ma fille, il faut que je m’en aille.
Entends-tu les cris, le train
Que fait cette canaille ?
Si ces malotrus
Une fois perçaient la muraille,
Nous serions tondus
Je ne t’en dis pas plus.
berlingue
Air : L’amour me fait belle lon la, l’amour me fait mourir
Que peut votre courage,
Contre ces fiers à bras ?
Ils ont tous l’avantage
Dans ce maudit fracas.
Ils sont dix contre quatre,
Vous n’en reviendrez pas.
bourade
Je veux, je veux, je veux me battre
Ne m’arrête pas.
Je suis plus en colère contre Sangodemis que contre tous les autres. Ce jeune insensé fier, de ce qu’un jour il sera riche, osa te demander en mariage. Dans ce temps-là, j’étais ami avec son père.
berlingue
Et vous me permettiez de répondre à ses lettres.
bourade
J’ai changé d’avis.
berlingue
Il est si aimable !
bourade
Pourquoi Brisefer prend-il le parti ? Brisefer venge son frère que j’ai tué, il a raison, mais lui de quoi diable se mêle-t-il ? Adieu, mon enfant, je vais me battre.
berlingue
Mais papa, que ferai-je ici toute seule ?
bourade, en s’armant
Arrange-toi, chante si tu veux, j’ai bien autre chose en tête.
Air :
Donnez-moi mon fusil\footnote Les étoiles marquent les nombres des notes qu’il faut laisser passer.
Qu’importe le péril,
Je veux à ses damnés
Casser le nez.
Arrivera
Ce qui pourra.
Si chose est le plus fort
Il faut suivre son sort
Je ne crains pas la mort,
Vainqueur ou non,
Je ne mourrai pas en poltron,
Non.
Et toi, dieu des combats
Si tu conduis mon bras
Non tu n’y perdras pas.
En revenant,
Je te promets un éléphant,
Blanc,
Grand,
Bien portant,
Mais si je suis occis,
Une souris
Sera tous tes profits.
Donnez-moi, etc.
Il sort.
Scène ii
Berlingue seule
berlingue
Air : Le dieu de la tendresse, mineur
Grand dieu du haut des cieux,
Exauce ma prière.
Dieu, sauve, si tu peux
Mon amoureux.
Ne suis pas ma prière,
Sauve plutôt mon père.
Si tu veux
Faire mieux,
Sauve tous deux.
Air : Voilà la petite laitière
Voilà, voilà ce que c’est quand on aime,
On déraisonne à chaque instant.
Je ne reconnais pas mon amant,
Je ne me connais pas moi-même,
Je ne sais ni pourquoi, ni comment
Quand je dois le haïr je l’aime.
Je dois craindre pour mon honneur,
Et je voudrais qu’il fût vainqueur.
Voilà, etc.
definitacteur, Chœur de soldats chœurdesoldats
chœurdesoldats, qu’on ne voit pas
Air : Tot, tot, tot,
Jetons, jetons ces murs en bas,
Courage amis, ne bronchons pas,
Nous sommes sûrs de la victoire,
Sangodemis conduit nos bras.
Ceux qui trouveront le trépas,
N’en vivront que plus dans l’Histoire.
Tôt, tôt, tôt,
Battez chaud,
Tôt, tôt, tôt,
Bon courage,
Il faut avoir cœur à l’ouvrage.
Sur l’air du Charivari, on voit différentes personnes se sauver et le siège commence.
Air : Frère Blaise
Canon
definitacteur, Chœur d’assiégés assieges
definitacteur, Chœur d’assiégeants assiegeants
deuxcol, \assieges
Tenons fermes ;
Tenons fermes ;
Défendons,
Défendons,
Reprenons courage...bis
Bon, bon, bon,
Bon, bon, bon.
assiegeants
Poussons fermes ;
Poussons fermes ;
Renversons,
Renversons,
Faisons du carnage...bis
Bon, bon, bon,
Bon, bon, bon.
berlingue, s’assied près le puits
Je crois que je vais me trouver mal, asseyons-nous dans ce coin.
Scène iii
Sangodemis entre par un trou du mur suivi de tous ses guerriers
sangodemis
Air : Le Port Mahon est pris
Ne jetez plus de pierre.
chœur
Jetons, jetons, jetons tout par terre
C’est le droit de la guerre.
Tuons, pillons, volons,
Combattons, renversons, combattons.
sangodemis
Arrêtez mes amis,
C’est assez de taudis,
Ne jetez plus de pierre.
chœur
Jetons, jetons, jetons tout par terre
C’est le droit de la guerre.
Tuons, pillons, volons,
Combattons, renversons, combattons.
sangodemis
Air : Nanon dormait
Amis holà !
Ah ! j’ai le cœur tout morne.
Berlingue est là
Couchée auprès la borne,
Regardez, la voila, holà, holà,
Passez par là, relevons-la.
Air : Ma Colette, êtes-vous fâchée
Ma petite, n’allez pas vous fâcher,
C’est votre amant qui vient vous dénicher.
berlingue
Sangodemis, oses-tu bien, infâme,
Après ce train venir parler d’amour ?
sangodemis
Air : Allez chercher de l’esprit
Partons tandis qu’il fait jour,
Madame,
Madame,
Partons tandis qu’il fait jour.
Vous devez être ma femme,
Et je crains pour mon amour.
Partons tandis qu’il fait jour,
Madame,
Madame,
Partons tandis qu’il fait jour.
berlingue
Moi, suivre un furieux qui vient de tout briser, qui n’a fait que plaie et bosse !
Air : Mariez, mariez, mariez-moi
Mon papa peut-être est mort.
sangodemis
Non, j’ai pris soin de sa vie.
Je vous le répète encor,
Oui, Madame, il est en vie.
berlingue
Mon papa, mon papa, peut-être est mort.
sangodemis
Eh ! grands dieux ! quelle folie !
berlingue
Mon papa, mon papa, peut-être est mort.
sangodemis
Non, Madame, il vit encor.
berlingue
Eh bien ! veux-tu que j’oublie tout ?
sangodemis
Que faut-il faire, Princesse ?
berlingue
Prends le parti de mon père, sois son bâton de vieillesse.
sangodemis
Que diable me proposez-vous ? cela n’a pas le sens commun, on ne saura ce que cela veut dire, de me voir battre pour et contre, j’aurais l’air d’un déserteur.
berlingue
Ma main est à ce prix. Brisefer est vainqueur, mais c’est toi qui as tout fait, s’il allait s’amouracher de moi.
sangodemis
S’il s’en avisait, je lui couperais les oreilles, et ces gaillards-là me défendraient.
Air : Pendus
Or écoutez, mes chers amis,
Notre honneur serait compromis,
Pour peu qu’on insulte Madame
Dont je prétends faire ma femme.
Jurez, en cas qu’on la trompa,
De défendre elle et son papa.
Ceux qui le lèveront pas la main avec les autres seront des traîtres.
sangodemis avec le chœur., ensemble
Canon
deuxcol, \sangodemis
Jurez tout de bon,
Poudre de canon,
Pour toi nous jurons
Que nous défendrons
Ce petit tendron
Et son vieux barbon,
Berlingue, chiquette, bon.
chœur
Jurons tout de bon,
Poudre et canon,
Par toi nous jurons
Que nous défendrons
Ce petit tendron
Et son vieux barbon,
Berlingue, bon.
On entend une marche.
berlingue
J’entends Brisefer qui s’avance.
sangodemis
Ne vous cachez pas, il est hautain, emporté, mais dans le fond, c’est un bon diable.
berlingue
Je m’en vais voir mon papa.
Scène iv
Sangodemis, Brisefer trainé sur un cheval de bois par ses soldats, entre par le trou du mur, Vivandières à la suite de l’armée
brisefer
Air : Du haut en bas
Sangodemis,
On peut vous nommer virtuose,
Sangodemis,
Vous rossez bien les ennemis.
Vous voyez bien ce laurier rose,
En votre faveur j’en dispose
Sangodemis.
sangodemis
Air : R’li, r’lan ran tan plan
Berlingue sera mon seul gage,
Voilà, Seigneur, voilà mon prix.
brisefer
À mes soldats que l’on partage
Les dépouilles des ennemis.
C’est vous qui marchiez à la tête,
Vous connaissez les plus vaillants,
R’li, r’lan, r’lan tan plan.
Dans la tempête,
Distribuez selon les rangs.
Brisefer s’assied sur un fauteuil que l’on place sur les débris.
sangodemis
Air : Pour vous jeune mortelle,
Accourez beautés fières,
Vous qui suivez nos pas,
Charmantes vivandières,
Qui bravez les combats.
Venez, belles guerrières,
Venez donner ces prix.
Que votre mai légère
Couronnent vos maris,
Dont la main meurtrière
Rossa nos ennemis.
En distribuant les prix.
Air : Gai, gai, gai
Prends cette pique, Eustache,
avec ces deux chapeaux.
Toi, prends cette moustache,
C’est un don des plus beaux.
Avec le chœur.
Gai, gai, gai, lariradondaine,
Gai, gai, gai, lariradondé.
Toi, mon cher la Tulipe,
Qui brave le péril,
Je te donne une pipe,
Une pierre à fusil.
Avec le chœur.
Gai, etc.
Prends ce bonnet, Grégoire,
Et sans plus de discours
Qu’au chemin de la gloire
Nous le voyons toujours.
Avec le chœur.
Gai, etc.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Il reste encor une épaulette,
Il faut voir qui de vous l’aura.
Je la jette à la gribouillette,
Elle est pour qui l’attrapera.
On danse.
chœur
Air : Golconde
[bis]
Chantons tous, chantons tous,
Dansons, amusons-nous.
On reprend la marche.
finacte
Acte ii
Le théâtre représente l’appartement de Bourade.
Scène i
Brisefer seul
brisefer
Air : La Madeleine
Non, par ma foi, tu n’auras pas
Le plus beau fruit de ma victoire.
Berlingue a pour moi trop d’appas.
Sangodemis, tu peux le croire,
Tu diras ce que tu voudras,
Tu jureras, malgré cela,
Ce soir, elle m’épousera.
Même air
En vain tu me reprocheras
Que je t’ai donné ma parole,
Tu ne sais pas, mais tu sauras
Que cela n’était qu’une colle.
Un jour je t’ai dit, tu l’auras,
mais tout cela, ne vois-tu pas,
N’était que pour que tu m’aidas.
Scène ii
Sangodemis, Brisefer
sangodemis
Monsieur, votre serviteur. Eh bien, comment cela va-t-il ? Vous avez l’air tout chose. Vous me tournez le dos ! Qu’avez-vous contre moi ? Parlez.
brisefer
Tiens, mon ami, je vais te dire en deux mots ce qui en est.
sangodemis
Voyons.
brisefer
Avant que d’être Roi, j’ai voyagé, j’ai couru la prétentaine. En passant par ce village, Bourade m’ouvrit son château, et même me donna à diner. Sa fille alors en maillot, mais déjà jolie, offrit à mes yeux ses appas. Sa petite bouche enfantine fit naître en mon cœur un certain tactac qu’il ne connaissait pas.
sangodemis
Oubliez-vous, Seigneur, que...
brisefer
Je sais bien qu’on te l’a promise en mariage, mais depuis ce temps, son père a rossé mon frère, et je veux épouser Berlingue pour faire la paix.
sangodemis
Mais, Seigneur, vous déraisonnez, de quel droit la prenez-vous ?
brisefer
Morbleu, par le droit du plus fort.
sangodemis
Ne vous ressouvient-il pas que c’est moi qui...
brisefer, avec une grosse voix
Que dis-tu ?
sangodemis, pleurant
Que vous êtes un coquin, un fourbe, un ... et que, si vous me prenez ma femme, je vous tordrai le cou.
Duo
Air : La Piémontaise, contredanse
brisefer
Tout cela n’est qu’un feu de paille
Que j’éteindrai
Quand je voudrai.
sangodemis
Tu joins la menace à la gouaille.
Prends garde, je te rosserai.
brisefer
Ah ça ! veux-tu bien te taire ?
sangodemis
Malgré toi, je veux parler.
brisefer
Ne me mets pas en colère.
sangodemis
Crois-tu me faire trembler ?
brisefer
Quelle sottise !
Quelle bêtise !
De vouloir faire le hargneux.
sangodemis
Je te méprise,
Je te méprise.
Nous verrons qui l’aura des deux.
Il reprennent ensemble la reprise.
sangodemis
Air : Trembleurs
Si je vais prendre ma hache,
Devant qui chacun se cache,
Toi qui n’est rien qu’un bravache,
Devant moi tu blanchiras.
brisefer
Veux-tu cesser ce reproche,
Ou d’une bonne taloche,
Un des deux yeux je te poche,
À la fin tu te tairas !
Sangodemis sort furieux.
Scène iii
Brisefer, Jelerisque
brisefer
Jelerisque !
jelerisque
Sire, me voilà.
brisefer, regardant sa montre
Que Sangodemis quitte ces lieux. Aidez-le à faire ses paquets, la galiote part à six heures. Il a encor vingt-cinq minutes à lui, qu’il parte. S’il diffère, qu’on l’étouffe.
jelerisque
C’est dit.
Scène iv
Brisefer, Bourade, Berlingue, sa suite enchainés
berlingue, à son papa
Mon cher père, je ne vous quitterai jamais.
bourade, à Brisefer
Je suis mystifié, barbare, achève ton ouvrage. La vie me déplait, tue-moi.
brisefer
Je le devrais. Pour venger feu mon frère et rallonger ton supplice, à mon cabriolet, je devrais t’atteler, mais tu n’en vaux pas la peine.
bourade
Mille bombes.
brisefer
C’est en vain que tu rechignes. Pour vous, Mademoiselle Berlingue, tout cela ne vous regarde pas. Allons, de la joie, je viens ici pour vous faire rire. Jelerisque !
jelerisque
Sire ?
brisefer
Qu’on ôte toute ces chaînes, je leu fais grâce.
bourade et berlingue, ensemble
Allons nous promener pour sécher nos pleurs.
brisefer
Air : Allons gai, réjouissez-vous
Je veux que tout le monde danse,
Vainqueurs et vaincus,
Et que mon caissier vous avance
Chacun quatre écus.
Allons gai, réjouissez-vous,
Faites ici bombance,
Allons gai, réjouissez-vous,
Et faites les fous.
Récitatif chanté
Quand je parle, que le canon se taise.
divertissement
chœur
Même air
Il veut que tout le monde danse,
Vainqueurs et vaincus,
Et que son caissier nous avance
Chacun quatre écus.
Allons gai, réjouissons-nous,
Faisons ici bombance,
Allons gai, réjouissons-nous,
Et faisons les fous.
On danse.
finacte
Acte iii
Le théâtre représente un port de mer.
Scène i
Berlingue seule
berlingue
Que je suis malheureuse ! Il faut que je demande la protection de mon plus grand ennemi. Mon amant va partir, voilà sa valise qu’on porte à la galiote.
Air : J’ai perdu mon amant
Adieu mon cher amant,
Objet trop plein de charmes.
Malgré l’éloignement
Aime-moi constamment.
Souviens-toi que tes armes
Ont fait tout mon chagrin,
Que je verse des larmes
Sans fin.
Scène ii
Berlingue, Brisefer
berlingue
Air : La confession
Je viens devant vous
Pour vous demander une grâce.
brisefer
C’est ?
berlingue
Permettez-nous
De nous en aller de chez nous.
De tout ce train-là je suis trop lasse.
Laissez-nous partir,
Fuir,
Dans quelque déserts.
laissez-nous nous cacher de grâce
Dans quelque déserts,
Dans quelque coin de l’univers.
brisefer
Non, Mademoiselle, je veux réparer les maux que j’ai faits. Je vous rends maison, château, cour, basse-cour, robe, linge, meuble, chevaux et chiens. Je fais plus, je vous épouse.
berlingue
L’ai-je bien entendu !
brisefer
Oui, Princesse, acceptez les prémices d’un cœur qui vous adore.
berlingue
Oses-tu bien, barbare, m’offrir ta main qui vient de tout détruire, encore teinte du sang de mes parents !
brisefer
Air : Ce n’est qu’ici, oui, ce n’est qu’au village
Né dans les champs
Où la franchise brille,
Je ne suis pas le ton des courtisans.
Quand une fille
Paraît gentille,
Je dis que j’aime.
Je veux de même
Que dans le jour
On réponde à l’amour.
Sachez qu’ici je fais la loi,
Obéissez, Madame.
Je commande, je suis le Roi,
Je veux que vous soyez ma femme.
Né dans les champs, etc.
berlingue
Je ne connais de maître que mon papa.
brisefer
Il n’est plus rien ici, mais si vous voulez m’épouser, je lui rendrai tout.
berlingue
J’en serais bien fâchée.
brisefer
Je vois ce qui en est, Princesse. Sangodemis va périr.
berlingue
Aïe !
brisefer
Ce seul mot fait voir que tu l’aimes, mais je vais l’exiler au fond de l’univers.
berlingue, s’en va en pleurant
Ah ! mon dieu, mon dieu, mon dieu.
Scène iii
Brisefer et matelots
brisefer
Allons, Messieurs les mariniers, il se fait tard, préparez-vous à partir.
On danse.
brisefer
Air : Vogue la galère
laissez-là votre danse,
Partez, embarquez-vous.
Les vents sont en silence,
prévenez leur courroux.
Et vogue la galiote
Sans cesse, sans cesse, sans cesse,
Et vogue la galiote
Sans cesse d’ici chez vous.
chœur
Laissons-là notre danse,
Partons, embarquons-nous.
Les vents, etc.
Scène iv
Les acteurs précédents, Gilvert
gilvert, dans un bateau, tenant un papier à la main
Arrêtez, galiotins, arrêtez, écoutez ma voix.
Air : Monsieur de Catinat
Crainte de désordre
Faut rester ici,
Messieurs tel est l’ordre
Qu’en ma main voici.
Sachez que l’on trame
Contre nous, amis,
Pour prendre la femme
De Sangodemis.
Il faut la défendre
De tout ce train-ci,
Et dût-on nous pendre,
Faut coucher ici.
Entrez tous en danse
Malgré Brisefer,
Bravez sa défense
Et dansez-moi cet air :
La, la, la, la, etc.
Ils s’en vont en dansant l’air précédent.
Scène v
Brisefer seul
brisefer
Air : Palsambleu Monsieur le curé
Palsambleu ce tour est plaisant,
Il ne reste-là personne.
Je suis le Roi, Sangodemis défend
De faire ce que j’ordonne.
Scène vi
Brisefer, Bourade
brisefer
Avance ici, n’aies pas peur, ce n’est pas en maître que je veux te parler.
bourade
Eh bien, que veux-tu ?
brisefer
Air : Il n’est pas de fête sans lendemain
De nos haines cruelles,
N’allumons plus le flambeau.
Par nos longues querelles,
Ce village est un tombeau.
Voici quelles sont mes offres,
Sois le maître en ton logis,
Reprends les clefs de tes coffres,
Soyons amis.
bourade
C’est un lazzi que tu me fais-là. Soyons de bonne foi, à quelle condition me rends-tu mon patrimoine ?
brisefer
Donne-moi ta fille en mariage. Elle est gentille, je l’aime à la folie. Dis, veux-tu ?
bourade
La voilà justement.
Scène vii
Berlingue, Bourade, Brisefer
bourade
Parbleu, tu viens bien à propos.
berlingue
Que voulez-vous, papa ?
bourade
Air : Vois-tu ces coteaux se noircir
Vois-tu ce château saccagé,
Et ce village ravagé,
Dans le déclin de l’âge,
Ton père en esclavage
De chaînes chargé,
Plus rien dans le garde-manger,
Pas la moindre chose à gruger ?
Pour prix de cet ouvrage,
Cet homme inhumain
Ose après cet outrage
Demander ta main.
Air : Voilà mon cousin l’allure
Déteste ce briguant,
Mon enfant.
Pour venger mon injure,
Que dans son cœur un feu dévorant
Le rende comme un lion rugissant.
Toujours vainement,
Sans cesse désirant,
Que contre lui-même il jure.
brisefer
Air : Nous nous marierons dimanche
Rends grâce à l’Amour
Si tu vois le jour.
Oui, pour lui je te pardonne.
Oses-tu bien ?
Sais-tu qu’ici j’ordonne !
bourade
Je ne crains rien,
Non, je ne crains personne.
brisefer
Rends grâce à l’Amour
Si tu vois le jour.
Oui, pour lui je te pardonne.
bourade
Que peux-tu contre moi ? Je n’ai plus rien à perdre. Tu es esclave de tes désirs, et je suis maître de mon cœur.
brisefer
Jelerisque !
jelerisque
Seigneur ?
brisefer
Qu’on lui mette les menottes.
Scène viii
Berlingue, Bourade, Brisefer, Sangodemis
Quatuor
Air : Branle de Metz
sangodemis
Je viens prendre sa défense.
berlingue
Sangodemis, sauvez-nous.
brisefer
Aurais-tu cette insolence ?
Ne crains-tu pas mon courroux ?
sangodemis
Je crains fort peu ta vaillance.
berlingue et bourade ensemble., ensemble
[bis]
Nous attendons tout de vous,
Punissez son insolence
Sangodemis, sauvez-nous.
Brisefer va au fond du théâtre donner des ordres à Jelerisque.
bourade
Mon cher ennemi, je voulais te haïr, mais puisque tu prends ma défense, je te donne ma fille pour femme. Je te marie à ses yeux.
Carillon de Vendôme Orléans Boigency
Mon ami,
Aujourd’hui
Jure d’être son mari.
sangodemis
Je le jure, je le jure
Devant lui,
Aujourd’hui,
Que je serai son mari.
berlingue
Tu jures, tu jures
Devant lui,
Aujourd’hui,
Que tu seras mon mari.
brisefer
Il jure, il jure.
Air : À coup de pieds, à coup de poings
Arrêtez-moi ces deux mutins,
Liez-leur les pieds et les mains,
Qu’en un cachot on les entraîne,
Il n’est plus de grâce pour vous.
Vous succomberez sous mes coups,
Plus de grâce pour vous,bis
Vite, qu’en prison on les mène.
bourade et berlingue, ensemble
Même air
Dieu du ciel sois notre soutien,
Pare les coups de ce gredin,
Tu dois prendre notre défense.
À quoi sert la foudre entre tes mains
Si tu ne punis les coquins ?
Écrase ce gredin,
Foudroie un tel coquin,
Tu dois protéger l’innocence.
On les mène en prison.
Scène ix
Brisefer, Berlingue
brisefer
Vous, restez-là. Ah ! ça, vous voulez m’épouser, oui ou non ? Si vous le voulez, cela sera fait en un clin d’œil. À l’instant je vous épouse, j’embrasserai ces ingrats, et puis après je leur pardonnerai.
berlingue
Non, je ne le veux pas.
brisefer
Tuez tous ces gens-là.
berlingue
Je ne le veux pas non plus.
brisefer
Décidez-vous donc.
berlingue, à genoux
Eh bien, unis la fille au père, le père au gendre, le gendre à la femme, la femme à l’époux, tue-nous tous les trois.
brisefer
Ton désespoir me coupe les bras, je me rends. On n’en tuera qu’un, lequel des deux aimes-tu mieux qu’on tue ?
berlingue
Ciel !... dieux !... hélas !... oui... non... arrête.
brisefer
Toutes ces interjections m’ennuient. Je n’ai pas le temps d’attendre. Je vais faire tout apprêter. Si je ne reçois pas de nouvelles dans un instant, on les tuera tous deux.
Scène x
Berlingue, un garde
berlingue, au garde
Ils vont périr. Ah ! Monsieur, faites-moi le plaisir d’aller dire qu’on tue mon mari.
Air : Or, dites-nous Marie
Parmi tant de désastre,
Dix fois pis que la mort,
Par le moyen des astres,
Voyons quel est son sort.
Mon dieu, que c’est dommage,
J’ai beau frotter mes yeux,
Un ténébreux nuage
Me dérobe les cieux.
Je désirerais des cartes
De pouvoir s’en servir.
Elle regarde les cartes.
Avec ce jeu de cartes
Lisons dans l’avenir.
Dieux ! quelle fin tragique !
Ah ! ciel, quelle fureur !
Je vois le roi de pique
Percer le roi de cœur.
Air : Pouvoirs,
Pourquoi, tyran, veux-tu tuer mon père ?
C’est que tu sais qu’il vaut bien mieux que toi.
Pourquoi toujours barguigner ta colère ?
C’est que pour moi tu sens je ne sais quoi.
Pourquoi veux-tu que je sois adultère ?
C’est que tu n’as ni cœur, ni foi, ni loi.
Elle mêle les cartes.
Air : La Confession
Chacun à son tour
De mon mari voyons l’histoire.
Chacun à son tour
Voyons s’il voit encor le jour.
Comment le prendrai-je en ce déboire ?
Le trèfle est-il bon ?
Non.
En valet de cœur
Cela vaut mieux pour mon grimoire,
En valet de cœur
Cela dépeint mieux la valeur.
Air : La Charge
Voyons ce qu’il en arrivera,
Ne faisons point de méprise.
Elle fait trois tas.
[ter]
Pour lui, pour moi, pour c’qu’il en sera
Sans oublier la surprise.
Elle regarde le premier tas.
Air : Polonais,
Est-ce bien lui ?
Oui,
C’est vraiment
Mon amant.
Il est pâle et mourant.
Que vois-je ! On lui déchire le flanc !
Flanc !
Son front s’irrite,
Il prend la fuite.
Pardonne-moi.
Quoi !
Je ne peux te fléchir.
Ah dieux ! quel déplaisir !
Je t’ai proscrit.
Tu vois mon repentir,
Pauvre petit,
Je devais sauver mon papa
Afin qu’il échappa
J’ai dit qu’on te frappa.
Second tas.
Quel jeu nouveau !
Qu’il est beau !
Quel tableau !
Deux cœurs, un pique, un carreau,
Troisième tas.
As, six,
Neuf, dix,
Je t’entends,
Tu m’attends.
Je vais te voir
Au manoir
Elle retourne, la surprise.
Noir.
Air : Vous l’ordonnez je me ferai connaître
Je te verrai dans le royaume sombre,
Mon cher mari, mon ami, mon petit,
Je te suivrai dans l’éternelle nuit,
Je te verrai, j’embrasserai ton ombre.
Air : Jupin, dès le matin
Et toi, monstre infernal
Qui fait tout mon mal
Par ton désir brutal,
Si les dieux
Écoutent mes vœux
Toujours le guignon
Sera ton compagnon.
Quand tu voudras dormir,
Tu veilleras.
Quand tu croiras tenir
Rien ne tiendras.
Quand tu croiras rougir,
Tu pâliras
Et tu souffriras des dents
En tout temps.
Dupé par un chacun
À tous les jeux,
Jouant au vingt et un
Toujours vingt-deux.
À chaque instant trompé,
Enfin tu crèveras constipé.
Elle s’en va.
finacte
Acte iv
Le théâtre représente une prison.
Scène i
Sangodemis dans la prison, seul
sangodemis
Air : Ah ! le bel oiseau maman
Me voilà dans un cachot,
Et dans un moment peut-être
On m’emmènera là-haut.
Je crois qu’il y fera chaud.
L’on m’expédiera bientôt
Par les ordres de ce traître.
Pour déguerpir aussi tôt
C’est bien la peine de naître.
Me voilà, etc.
definitacteur, chœur de prisonniers chœurdeprisonniers
chœurdeprisonniers, qu’on ne voit pas
Apportez de l’eau de vie à la petite pension à l’eau. Descendez l’homme de la petite Bastille au premier guichet.
sangodemis
Quels cris affreux ! Ce sont sans doute les pailleux. Pauvres misérables, vous n’êtes pas trahis par vos plus grands amis.
Air : Maudit amour, raison sévère
Maudit tyran, femme perfide,
Père poltron tu me trahis.
Achevez donc votre homicide,
Assassinez-moi mes amis.bis
Je sens mon cœur dans la détresse.
Est-ce colique, est-ce faiblesse,
Est-ce bêtise, est-ce frayeur,
Est-ce amitié, est-ce fureur,
Est-ce l’amour, est-ce la peur ?
Maudit tyran, etc.
Scène ii
Berlingue, Sangodemis, un falot
sangodemis
Ah ! te voilà Berlingue, qu’est ce que tu veux ?
berlingue
J’ai une mauvaise nouvelle à t’apprendre, je voulais te la dire moi-même, et j’ai trouvé ce falot qui m’a conduit ici sans que personne s’en doute.
sangodemis
Allons près, dépêche-toi.
berlingue, paie le falot et le renvoie
Eh bien, il faut absolument que tu saches, mon ami, que Brisefer voulant absolument tuer l’un de vous deux, j’ai demandé que ce soit toi.
sangodemis
Oh ! que je te suis obligé de la préférence.
berlingue
Ah ! ah ! voilà papa.
Scène iii
Bourade, Berlingue, Sangodemis
bourade
Écoutez. De Brisefer voici les ordres. Il est comme un fou, il veut, il ne veut pas, il n’a pas le sens-commun. Enfin, il m’envoie te demander si tu veux vivre.
sangodemis
Certainement.
bourade
Certainement.
bourade
Mais c’est à condition que tu lui cèderas ta femme.
sangodemis
Cela ne prend pas.
bourade
J’étais bien sûr que tu ne la lâcherais pas. J’ai fait semblant de venir ici, et en chemin, j’ai retrouvé d’anciennes connaissances des Invalides. Je leur ai donné parole sur le port et nous allons nous rebattre.
Air : Viens donne-moi le bras, j’irons au bois de Boulogne
Je suis venu
Pour lui donner le change.
Je suis vaincu
Mais convaincu
Qu’aujourd’hui je vous venge.
Dans peu de temps,
Oui, j’aurai la victoire.
Quand on combat pour ses enfants
On est sûr de la gloire.
Air : La Fileuse
Garde-toi ma pauvre fille,
Garde-toi de piauler\definition Piauler Terme populaire qui ne se dit que des enfans et des gens faibles qui se plaignent en pleurant Acad. 1762.
Que ton esprit soit tranquille
Je suis sûr de l’étriller.
Sans adieu, ma chère fille,
Garde-toi de piauler.
Air : Premier air
Je suis venu
Pour lui donner le change.
Je suis vaincu
Mais convaincu
Qu’aujourd’hui je vous venge.
Trio
troiscol, \sangodemis
Dans peu de temps,
Vous aurez la victoire.
Quand on combat
Pour ses enfants
On est sûr de la gloire.
bourade
Dans peu de temps,
Oui, j’aurai la victoire.
Quand on combat
Pour mes enfants
Je suis sûr de la gloire.
berlingue
Dans peu de temps,
Vous perdrez la victoire.
Vous combattez
Pour vos enfants
Et vous mourrez sans gloire.
Bourade sort.
Scène iv
Berlingue, Sangodemis
berlingue
Il va se faire tuer.
sangodemis
Oh que non !
berlingue
Vois le sort qui t’attend. L’autel est préparé, on va t’égorger et puis on me mariera à ta vue.
sangodemis
Grand dieux, le permettrez-vous ?
berlingue, tire deux couteaux de sa poche
J’ai tout prévu.
Air : Une fille est un oiseau
Nous pouvons calmer nos maux
Et finir notre misère.
Voilà justement l’affaire,
Avec ces petits couteaux
À l’endroit où l’on s’assemble
Nous nous percerons ensemble.
Que t’en semble ?
sangodemis
Ah ! je tremble.
berlingue
Ce plaisir est plein d’attrait
Aux yeux de ce Roi barbare,
Nous descendrons au Ténare
Pour ne revenir jamais.bis
sangodemis
Air : Ah ! vous dirai-je maman
Donne, donne ce petit couteau,
C’est un très joli cadeau.
À part.
Voilà de mon mariage,
Voilà donc le premier gage.
ensemble gaiement., ensemble
Par le moyen de ces deux couteaux,
Nous allons finir nos maux.
Scène v
Jelerisque, Sangodemis, Berlingue
jelerisque
Sortez, on vous attend là-haut.
sangodemis, à Berlingue
Tu blanchis, aurais-tu peur ? Allons mourir gaiement.
finacte
Acte v
Scène i
Le grand prêtre seul
Marche de grands prêtres et chœur
chœur
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! etc
le grand prêtre
Récitatif volontaire
le grand prêtre
Élevé au dessus des clochers, toi qui marche sur les étoiles, directeur des éléments qui fait mouvoir l’univers sans cordes et sans machines, toi qui fais la pluie et le beau temps, écoute nos vœux.
chœur, reprend
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
Scène ii
Le grand prêtre, Brisefer, Berlingue, soldats, peuples
brisefer
Peuples, soldats, brocanteurs, perruquiers, populace, écoutez ma voix.
Air : Pierrot sur le bord d’un ruisseau
Prêtres que j’assemble en ces lieux,
Sachez que je veux épouser Madame,
Sachez que j’en suis amoureux,
faites-le savoir à vos dieux.
Oui, Berlingue sera ma femme.
Je vais avoir dans l’instant son aveu
Et nous ferons la noce au cadran bleu,
J’ai donné le denier, adieu.
Princesse, il faut céder au plus fort, il faut m’épouser, ou Sangodemis va subir la mort.
berlingue, en pleurant
Respire-t-il encore ?
brisefer, en colère
Certainement, puisque je vous dis qu’on va le tuer. Tenez, le voilà.
Scène iii
Sangodemis, Brisefer, Berlingue, peuples, soldats
berlingue
Il faut prendre son parti en brave.
Récitatif volontaire
Brisefer pour ne point prononcer un blasphème,
Avant que de céder à ton ordre suprême,
Permets-moi de lui dire un seul mot à l’oreille
Afin de délier.
brisefer
Je comprends à merveille.
berlingue
Laisse-nous dans un coin
Et regarde de loin.
brisefer
Je le veux bien, peuples éloignez-vous.
berlingue
Cher ami, embrasse-moi.
brisefer
Eh ! qu’allez-vous faire ?
berlingue
Tout à l’heure tu vas le voir... Ne fais pas un seul geste, ou ce couteau dans mon cœur va jouer son jeu.
brisefer
Mais vous êtes folle.
berlingue, chante
Perçons-nous, cher amour.
Scène iv
Les acteurs précédents, Jelerisque
jelerisque
Air : Monseigneur d’Orléans
Accourez, Monseigneur,
Bourade est en fureur.
Il nous fait peur,
Grand dieu ! quel brétailleur\definition Brétailler Être dans l’habitude de fréquenter les salles d’armes et de tirer l’épée Acad. 1762.
À cheval sur la valeur
Il fait voler la terreur.
Il frappe de si bon cœur
Qu’il pourrait être vainqueur.
Dans tous les rangs il répand l’horreur.
Le soldat meurt de frayeur.
On ne voit que blessés,
Que membres fracassés,
Et la plupart des nez
Sont cassés.
L’un veut ramasser son bras,
Pif, pouf, sa tête est bas.
Un autre vient pour voir ce que c’est,
paf, il reçoit un bon soufflet.
L’un par devant est blessé,
l’autre par le dos percé
Il fait les yeux étonnés.
Celui-ci lui crache au nez,
Votre capitaine estropié
Chez lui retourne à cloche-pied.
Des pieds, des mains et des mentons,
Des membres de toutes façons
Sont rasés, hachés par ce bourru.
Monseigneur tout est perdu.
brisefer
De ces marauds je vais punir l’audace. Toi, mon cher Jelerisque, montre l’exemple aux poltrons, et vous, gardez-moi ces gens-là. Je serai ici dans l’instant.
Scène v
Sangodemis, Berlingue, prêtres, soldats et peuples
berlingue
Messieurs les prêtres, pendant ce temps-là, je crois qu’il ne ferait pas mal de chanter un petit air, pour que les dieux nous protègent.
definitacteur, chœur de prêtres chœurdepretres
chœurdepretres
Canon
Air : Grégoire est mort
Dieu de chez nous,
Sauves-nous tous.
Que Brisefer
Aille en enfer.
C’est un coquin,
C’est un gredin.
definitacteur, chœur de peuples chœurdepeuples
chœurdepeuples
Canon
Air : J’aurai une robe
Il ravit nos femmes,bis
Casse tout,bis
Nous étrille,bis
Et bois notre vin.bis
sangodemis
Donnez-moi des armes,bis
Un bâton, un canon,bis
Peu m’importe,bis
Je veux les rosser.bis
Le combat se passe derrière le théâtre.
definitacteur, chœur populaire chœurpopulaire
chœurpopulaire, qui se sauve
Canon
Entendez-vous le carillon,
Dindi, dindon.bis
Scène vi
Berlingue, Bourade, Sangodemis
berlingue
Quel bacchanal ! on ne s’entend pas.
bourade
Eh bien, mes enfants, j’ai gagné.
berlingue
Ah ! voilà papa, bonjour papa, comment cela va-t-il papa ?
bourade
Prêtre, populace, tout le monde. À mon tour, je suis le maître.
Scène vii
Brisefer enchaîné, Bourade, Sangodemis, Berlingue, et tout le monde
bourade
Enfin, tu es dedans.
brisefer
La Provençale J’avais cent francs
Je suis vaincu,
Vite que l’on me tue.
bourade
Chassez-le de ma vue
À coup de pied au cu.
brisefer
J’ai trop vécu.
sangodemis, en lui rendant son épée
Reprend, bourru,
Ta guinderelle nue.
bourade
Eh ! que diable fais-tu ?
sangodemis
Ce que j’ai du.
Je l’ai connu
Bien avant qu’il voulu
De moi faire un...
bourade
Motus.
brisefer, prend son épée
Air : Pour voir un peu comment ça fra
Par là tu m’apprends mon devoir.
Je veux finir comme Lucrèce.
Regardez tous, vous allez voir
Le dénouement de cette pièce.
Je vais percer mon cœur par là
Pour voir un peu comment ça fra.
sangodemis
Air : La belle bourbonnaise
Arrête, arrête, arrête,
Quoi ! tu veux te percerbis
Avec cette lancette ?
Mais tu vas t’écorcher,
Eh, eh, eh, eh,
Non, cela n’est pas sage.
Mais tu vas te blesser
Avec ce badinage.bis
Tu risques à t’estropier,
Eh, eh, eh, eh.
Avec ce badinage,
Tu risques à t’estropier.
Vis, puisque ton ami te pardonne, pourquoi faire l’enfant ?
berlingue
Air : L’amour quêteur
Vis pour toi, vis pour tes amis,
Et pour toute la compagnie.
Vis pour aller en ta patrie,
Et pour ton Sangodemis.
Vis pour reprendre ta couronne,
Et pour en faire tes profits.
Vis pour toi, vis pour tes amis,bis
Vis puisqu’on te pardonne.
brisefer
Air : Le gros Lucas sous son chapeau
Ma foi, votre raison me plaît.
Rien n’est tel que de vivre.
Oubliez tout ce que j’ai fait.
Je crois que j’étais ivre.
Je me souviens que ce matin
En déjeunant j’ai bu du vin
Tout plein, tout plein, tout plein.
Apparemment qu’il grimpa là,
Là, là,
Oh, oh, oh, ah, ah, ah,
Oui, je vois d’où vient tout cela.
Là, là.
bourade
Même air
Heureusement, tout est fini
Grâce à la providence.
Laissons-là ce brouillamini.
Il faut ici qu’on danse.
Dansez, chantez, amusez-vous,
Jouez, riez, faites les fous.
Criez,
Chantez,
Sautez,
Jambe d’ici, jambe de là,
Là, là,
Oh, oh, oh, ah, ah, ah,
Ne pensons plus à tout cela.
Là, là.
Air : Carillon de Dunkerque
Duo
sangodemis, berlingue ensemble., ensemble
Que nous sommes heureux.
Nos deux cœurs amoureux
Vont passer en ces lieux
Des moments délicieux.
sangodemis
Ma petite brunette,
Ma petite poulette.
berlingue
Chouchou, rara, tonton,
Mon cher petit chaton.
sangodemis
Ce soir dans ma chambrette.
berlingue
Que ferons-nous, mignon ?
sangodemis
Nous dormirons tous deux.
ensemble, ensemble
Que nous sommes heureux !
Nous ne craignons plus rien,
C’est un mal fait pour un bien.
Un divertissement termine la parodie.
Fin