[Jean Bardou]
Céleste
Opéra parodie-burlesque en trois actes et en vaudeville d’Alceste
Paris, Vente, 1784
Acteurs
Damete, roi de Thessalie
Céleste, épouse de Damete
Deux enfants de Damete et de Céleste\footnote On choisira pour ces deux rôles deux hommes de la plus haute taille.
Bascule
Apollon
Grand prêtre d’Apollon
Avendre, officier de Damete
Démons
Peuples ou Cour de Thessalie
La scène est dans la ville de Thessalie.
Céleste
Acte i
Le théâtre représente une place publique. Sur un des côtés, on voit le palais de Damete, sur la porte duquel est un balcon en saillie. Le peuple remplit la place, il est dans l’attitude de la douleur.
Scène i
Chœur
Air : Malbrouk
Notre bon Roi Damete
Depuis deux jours a mal de tête,
Notre bon Roi Damete
Est malade en son lit,bis
Il n’a point d’appétit.
La Reine, son épouse,
De sa santé si fort jalouse,
La Reine, son épouse,
Trouve qu’il est fort bas,bis
Et pousse des hélas !
Qui...
Le héraut sur le balcon sonne de la trompe.
definitacteur, un personnage du chœur persduchœur
persduchœur
Air : Monsieur le Prévôt des marchands
Mais qu’annonce cet instrument ?
Là-haut va-t-on faire un encan\definition Encan Cri public qui se fait par un sergent pour vendre les meubles à l’enchère Acad. 1762 ?
le héraut
Amis, il faut que le Roi meure.
Près de lui pour l’expédier,
Il vient d’arriver tout à l’heure
Deux médecins de Montpellier !
chœur
À ce malheur devions-nous nous attendre ?
Qui tarira la source de nos pleurs ?
Ce bon Damete avait l’âme si tendre,
Qu’on l’aurait pu nommer le Roi de cœur.
Scène ii
Avendre, le chœur
avendre
Air : De tous les capucins du monde
Messieurs, Messieurs, voici la Reine.
persduchœur
Sur cette place qui l’amène ?
Ne serait-il pas plus décent
Qu’auprès de son mari Damete ?
avendre
Elle n’est ici qu’en passant,
Et pour chanter une ariette.
Scène iii
Les précédents, Céleste et sa suite elle tient ses deux enfants à la main
persduchœur
Air : Bossus
À chaque main elle tient un enfant.
un autre
Elle fait bien, c’est deux fois plus touchant.
le premier
Vois-tu comme elle a l’air intéressant ?
Que son regard est tendre et languissant !
le second
Comme elle marche en cadence pourtant.
céleste
Air : L’avez-vous vu, mon bien-aimé
Que mon destin est rigoureux,
Me voilà presque veuve !
Deviez-vous me mettre, grands dieux,
À cette rude épreuve ?
Le veuvage est, dit-on, un bien,
Mais je sens qu’il ne me vaut rien.
Oh ! mes enfants,
Mes chers enfants,
Quelle est votre misère !
Affligez-vous
Car mon époux
Était bien votre père !
Air : Je suis Lindor
Dans nos malheurs, il n’est qu’une ressource.
C’est d’implorer la clémence des dieux.
Allons au temple, au sortir de ces lieux.
avendre
Avez-vous mis de l’or dans votre bourse ?
Elle fait signe que non et ils sortent tous.
Scène 4
Le grand prêtre et ses prêtres
le grand prêtre
Air : Toujours seule, disait Nina
Dieu puissant de qui nous faisons
Bien payer les miracles,
Ô toi, qui fais des guérisons
Renverser les obstacles,
Fais que notre maître alité,
Par toi recouvre la santé.
par ton secours,
Contre ses jours,
Rend l’effort du médecin
Vain.
Ressouviens-toi que dans ces lieux,
Lorsque pour tes fredaines,
Jupiter t’exila de ces lieux
Pendant quelques semaines,
Le Roi pour qui nous t’implorons
Eut pour toi cent bonnes façons.
Il te logea
Et te donna,
Table, lit, et cætera
Da.
Le chœur des prêtres répète les trois derniers vers de chaque couplet.
le grand prêtre
Air : L’occasion fait le larron
la Reine vient suspendons nos mystères,
Dans un moment quitte à recommencer.
Mais il est bon de voir par nos salaires
Sur quel ton il faudra chanter.
Scène v
Les précédents, Céleste, ses enfants, sa suite, le peuple
céleste, présentant une bourse au grand prêtre
Récitatif, \provair du Devin du village
Perdrai-je Damete en ce jour ?
Dites-moi s’il faut que je meure.
le grand prêtre
Air : Que du monde il nous vient
Reine, tu vas savoir
Si tu peux avoir
Encor de l’espoir.
Apollon est si complaisant,
Que pour son argent
Tout le monde est content.
L’Oracle va parler
Et révéler
Ce qu’on doit espérer
Ou redouter.
Il faut t’en contenter
Sans murmurer.
Mais surtout, donne-toi garde d’en douter.
Un oracle est toujours cru d’un chacun,
Quand même il n’aurait pas le sens-commun.
Dans la religion,
Reine il faut de la soumission.
la statue
Air : J’ai du bon tabac
Damete aujourd’hui
Sera dans la bière,
Si quelqu’un pour lui
Ne prend ce souci.
Au temple il faut absolument
Dans ce jour un enterrement.
Arrangez-vous donc de quelque manière,
Des dieux en un mot,
C’est le dernier mot.
le grand prêtre
Air : Diableton
Si quelqu’un de vous veut mourir
Pour votre maître à l’agonie,
De ce lieu même sans sortir
Il peut en immolant sa vie
Avoir l’honneur de le guérir.
Mais, tromperiez-vous notre attente ?
Ô ciel ! je tombe de mon haut.
Quoi, personne ne se présente !
Le chœur sort.
céleste, au grand prêtre qui sort
Air : Va t’en voir s’ils viennent, Jean
Quoi, vous me quittez ainsi
Maudit astrologue !
le grand prêtre
Je vous laisse faire ici
Votre monologue.
Je sens très bien que cela
N’est pas fort honnête,
Mais l’auteur de l’opéra
L’a mis dans sa tête.
Scène vi
Céleste
céleste
Air : Monsieur de [la] Palisse est mort
Dieux ! dans quel gouffre d’ennuis
Votre cruauté me plonge.
Mes beaux jours, mes bonnes nuits,
Tout a passé comme un songe.
Comment vouloir que les gens
Pour nous immolent leur vie ?
C’est bien bon dans les romans,
Ou dans quelque tragédie.
Mais tout à coup quel projet
Vient me passer dans la tête !
Je m’y livre, c’en est fait,
Je meurs pour toi, cher Damete !
Admire mon procédé,
Noble, plein de grandeur d’âme,
Qui te rendant la santé,
Te délivre de ta femme !
Mes enfants, j’en laisse deux.
Ô regret qui me dévore,
Je regrette surtout ceux
Que j’aurais pu faire encore.
Scène vii
Céleste, le grand prêtre
le grand prêtre
Air : Réveillez-vous, belle endormie
L’enfer accepte sa victime
Et je rentre pour t’annoncer
Que ce soir dans le sombre abime
Le diable viendra t’emporter.
céleste
Air : Tiens, voilà ma pipe
J’y volerai remplir un devoir qui m’est cher,
Et n’invoquerai point les déités d’enfer.
J’espère cependant que, comme à l’Opéra,
De ces gouffres profonds quelqu’un me tirera.
finacte
Acte ii
Le théâtre représente une vaste salle du palais de Damete.
Scène 1
Avendre et chœur
avendre et chœur, ensemble
Air : Allons gai, réjouissons-nous
Allons gai, réjouissons-nous
Notre Roi réchappe.
Allons gai, réjouissons-nous
Et faisons les fous.bis
avendre
Si vous l’aviez vu narguer
La mort qui l’attrape
De son lit en bas sauter
Et mander son perruquier.
chœur
Allons gai, etc.
Scène ii
Les précédents, Damete
damete
Air : La Pagnote\definition Pagnote Poltron, lâche, qui manque de courage Acad. 1694
Ô mes enfants, ô mes amis,
Quelle est mon allégresse !
Dieu merci, me voilà remis,
Que votre crainte cesse.
Mais, dites-moi,
Comment, pourquoi
S’est fait un tel miracle !
Quand presque mort
Je suis si fort.
avendre
C’est l’effet de l’oracle.
Air : Philis demande son portrait
Par un expédient nouveau
Les dieux vous ont fait grâce,
Pourvu que quelqu’un au tombeau
Se mit à votre place.
Un inconnu sauve vos jours,
Qu’il paiera de sa tête,
Heureux d’en prolonger le cours.
damete
Le trait est bien honnête.
Air : Épousons-nous donc, ma Reine
Mais où peut être ma femme,
Pourquoi ne vient-elle pas ?
Dans le transport qui m’enflamme,
La, la, dara, la, la, la,
La, la, la, la, dara, dara,
Je voudrais... bon, la voilà !
Scène iii
Les précédents, Céleste
céleste
Air : On dit qu’à quinze ans
Ah ! mon bon ami
Mon cher mari.
damete
Ma chère femme.
céleste
Quel contentement
De te trouver si bien portant !
Dans tes yeux quelle flamme,
Il n’est rien de plus étonnant.
Tu n’as pas, sur mon âme,
l’air d’un convalescent.
Ah ! mon bon ami
Mon cher mari.
damete
Ma chère femme.
ensemble, ensemble
Quel ravissement,
J’éprouve en ces heureux moments.
chœur
Air : Que ce sabot
Tendres époux, que votre sort est beau !
vous vous aimez, chose rare en ménage.
Presque échappés de la nuit du tombeau,
Vos plaisirs vont être un rayon nouveau.
avendre
Que dans neuf mois un poupon soit le gage
De votre chaste et touchante union.
Qu’à l’univers il porte un témoignage
De notre Roi la résurrection.
chœur
Tendres époux, etc.
céleste
Air : De tous les capucins du monde
Ce chants me donnent la colique.
damete
Eh ! mais quelle mouche vous pique ?
Ma femme, c’est de votre amour
Me donner une étrange preuve
Que me laisser voir en ce jour
Le regret de n’être pas veuve.
céleste
Air : Charmante Gabrielle
Je ne chéris la vie
Que pour l’amour de toi.
Qu’elle me soit ravie,
Pour te prouver ma foi.
Du feu qui me dévore
Quand je mourrai,
Dans les enfers encore
Je brulerai.
damete
Air : L’occasion fait le larron
Si c’est ainsi, pourquoi verser des larmes ?
À ta douleur, moi, je ne conçois rien.
Nos chers enfants causent-ils nos alarmes ?
céleste
Non, tous les deux se portent bien.
damete
Air : Laissons-nous charmer
Je me porte aussi
Très bien, Dieu merci.
Calme donc le souci
De ton cœur transi.
céleste
Non, je ne le puis.
damete
Quels sont tes ennuis ?
céleste
Ne m’interroge pas.
damete
Tu me le diras.
céleste
Quel supplice !
damete
Quel caprice !
céleste
Ô tourment !
damete
Tu me fâches
Si tu caches
Le sujet, enfin,
De ce noir chagrin.
céleste
Ne t’a-t-on pas dit
L’oracle maudit,
Et pour toi quelqu’un aujourd’hui périt ?
damete
Oui, sais-tu le nom
Du mortel si bon ?
céleste
Peux-tu le demander ?
damete
Sais-je deviner ?
céleste
Air : Que ne suis-je La Fougère
Et quel autre que ta femme
Pourrait s’immoler pour toi ?
damete
Tu te moques, ma chère âme,
Tu te portes mieux que moi.
céleste
Oui, mais c’est une finesse
Très facile à concevoir.
Pour faire durer la pièce,
Je ne mourrai que ce soir.
damete
Air : Non, je ne ferai point [ce qu’on veut que je fasse]
Je ne souffrirai point une telle sottise.
Puisque vous m’y forcez, il faut que je vous dise
Qu’ayant de vos appas pleine possession,
Vous ne pouvez mourir sans ma permission.
céleste
Air : La Confession
Les dieux de mes jours
Ont accepté le sacrifice.
damete
À ces dieux je recours.
Ils m’entendront s’ils ne sont sourds.
Que sur moi leur fureur s’assouvisse,
Et que je périsse.
Je ne veux point de leur injustice
Être le complice.
céleste
Ces dieux de mes jours
Ont accepté le sacrifice.
damete
À ces dieux je recours.
Ils m’entendront s’ils ne sont sourds.
Scène iv
Céleste, peuple
céleste
Air : La Fürstenberg
Pour le coup je perds courage
De mon prochain décès.
Adieu tous les projets
Lorsque pour le grand voyage
J’avais fait tous mes paquets.
Ce Damete me désole,
Il me fera venir folle.
Quel entêtement !
Absolument
Il veut descendre au monument.
Il m’arrache le cœur en me quittant.
Mais il verra, sur ma parole,
Qu’un’ femme enfin
Tient dans sa main
D’un mari le destin.\indicreprmus fin
chœur
Quel désespoir !
Céleste, malheureux Damete,
Quel désespoir !
Un de vous deux mourra ce soir.\indicreprmus fin
Elle est si bien faite,
Et lui si bon qu’il en est bête.
Quand on les regrette,
On en fait rien que son devoir.
Quel désespoir ! etc.
céleste, après le chœur
Ce Damete me désole, etc.
finacte
Acte iii
Le théâtre représente la même place publique du premier acte.
Scène i
Avendre, peuple
Air : Mon cœur charmé de sa chaîne
Que de nos amères larmes
Nos mouchoirs soient arrosés,
Et que de notre eau des charmes
Les flacons soient épuisés.
Hélas !
Hélas !
Le Roi, la Reine et ses charmes
Vont bientôt passer le pas.
Scène ii
Les précédents, Bascule
bascule
Air : Aussitôt que la lumière
Sur les bords de la Garonne,
C’est assez casser des os.
Enfin, je les abandonne
Pour me livrer au repos.
Le Roi m’aime il a su perdre
Une charmante moitié,
Et je viens ici lui rendre
Les devoirs de l’amitié.
Air : Joconde
Mais que veulent dire ces pleurs,
Cette douleur si vive ?
avendre
Ignorez-vous tous nos malheurs ?
bascule
Dans le moment j’arrive.
avendre
Le Roi... la Reine... de tous deux
La mort est très prochaine.
bascule
Passe pour le Roi, mais je veux
Vous conserver la Reine.
Air : Ne songeons plus qu’au doux lien
Oui, je saurai, n’en doutez pas,
Par le seul effort de mon bras,
La tirer de ce maudit pas.
Quand des gouffres les plus profonds,
Il me faudrait descendre au fonds,
Je le jure, foi de Gascon.
Ils sortent tous.
Scène 3
Céleste
céleste
Air : Çà, dis-moi sans détour
À ce cœur que j’avais
Quelle frayeur succède !
Je ne pourrai jamais
Accomplir mes projets.
Tout mon courage cède
À ces tristes apprêts.
Dieux ! que la mort est laide
De près.
Mais l’amour par bonheur
Me remonte à la tête,
D’une nouvelle ardeur
Il anime mon cœur.
Pour te sauver Damete
De ces lieux plein d’horreur
Dans ce trou je me jette
Sans peur.
Elle va vers la trappe.
definitacteur, chœur des démons chœurdesdemons
chœurdesdemons, qu’on ne voit pas
Air : Grégoire est mort
Attends, attends,
Il n’est pas temps.
Mais tu n’attendras pas longtemps.
céleste
Air : Folies d’Espagne
N’attendez pas que d’un ton lamentable,
En ma faveur je cherche à vous toucher.
Mon parti pris, je suis inébranlable,
Dans les enfers ce soir je vais coucher.
Scène iv
Céleste, Damete
damete
Air : Pendus
C’est Céleste, dieu tout puissant !
Je te croyais déjà dedans.
céleste
Malheureux ici qui t’amène ?
damete
Je viens y jouer une scène
Faite sur le même patron
De celle de l’acte second.
Air : Menuet d’Exaudet
Commençons.
céleste
Finissons,
Au contraire.
Tu vas me dire d’abord
Que tu cours à la mort.
damete
pas tout à fait, ma chère.
Apollon
Tout de bon
Me repousse,
Et prétend faire cadeau
À Pluton de ta peau
Si douce.
Juge si cela me pique,
Moi, qui me trouvait unique,
Et qui fis
Des maris
La critique,
Ayant toujours cru mon front
Exempt de tout affront
Cynique.
Mais aussi
Me voici
Pour défendre
Ton honneur, tes jours si chers.
Je prétends aux enfers
T’empêcher de descendre.
Ce projet
Te déplait
Et t’étonne.
Mais c’est un mari qui craint
Le mal dont on ne plaint
Personne.
céleste
Air : Reste encore un moment
Vis encor quelque temps,
Et pour passer l’onde noire,
Attends que nos enfants
Soient encore un peu plus grands.\indicreprmus fin
De garder ma mémoire,
Fais-moi seulement le serment.
Je veux bien ne pas croire
Qu’autant en emporte le vent.
Vis, etc.
damete
Air : Ô, ma tendre musette
Ces enfants-là, ma chère,
Dans leur tendre transport,
Demanderont leur mère.
Que leur dirai-je alors ?
Ce titre qu’on révère
Est au moins bien certain.
L’enfant qui n’a qu’un père
Est peut-être orphelin.
Scène v
Les précédents, démons
un démon
Air : Vive Henri IV
Caron t’appelle,
N’entends-tu pas la voix ?
Dans sa nacelle
Il attend que tu sois.
céleste
Je vais m’y rendre,
Mais sa voix, en vérité,
Je ne puis l’entendre.
le démon
C’est qu’il est enrhumé.
Troupe de démons qui surviennent.
un démon
Air : Le premier du mois de janvier
Allons, il faut vous dépêcher,
Monsieur Pluton veut se coucher.
Quels délais sont enfin les vôtres ?
damete
Que ce démon-là me déplait,
Je le rosserais, s’il n’était
Accompagné de plusieurs autres.
chœurdesdemons, qui entourent Céleste en dansant
airvide
Suivez-nous, Madame, sans façon.
Entrez dans la barque de Caron.
Ce nocher va d’un coup d’aviron
Vous faire passer l’Achéron.\indicreprmus fin
[bis]
damete
Messieurs les démons,
Laissez-la donc.
démons
Voudrais-tu chercher
À nous toucher ?
Va te coucher.
Suivez-nous, etc.
Ils entrainent Céleste.
Scène vi
Les précédents, Bascule
bascule
Air : R’lan tan plan
Pour faire le dénouement,
R’lan tan plan tirelire en plan,
Pour faire le dénouement,
Tout à propos j’arrive.bis
Fuyez, troupe craintive,
Et rendez-moi dans l’instant,
R’lan [tan plan tirelire en plan],
Et rendez-moi [dans l’instant],
Votre belle captive.
démons
Air : Attendez-moi sous l’orme
La peste comme il frappe,
Ce maudit furibond !
Regagnons notre trappe.
Ils rentrent dans la trappe.
damete, à Bascule
D’où diable sors-tu donc ?
Tombé comme des nues,
Qui t’eut deviné là ?
bascule
Ces choses imprévues
Sont un tour d’opéra.
Air : Voici la blanchisseuse
Ami, voilà ta femme,
Reprends-la, c’est ton bien.
Elle est en corps, en âme,
Et ne lui manque rien.
damete
Sur ma reconnaissance
Tu peux compter d’avance.
céleste
Sur la mienne aussi.
bascule, à Céleste
Je l’entends bien ainsi.
Scène vii
Les précédents, Apollon dans son char
apollon
Digne fils de ton père,
À cet exploit nouveau,
Je descends sur la terre
Pour te crier : bravo !
Ce n’est pas tout encore. Aidé du machiniste,
D’un coup de sifflet à l’instant,
Je vais en un palais brillant
Changer ce lieu si triste.
Le théâtre représente le palais de Damete.
apollon, à Céleste et Damete
Le destin du Ténare
A voulu vous sauver,
Votre espèce est si rare
Qu’il faut la conserver.
Venez, peuples heureux de ce Roi débonnaire,
Sur deux lignes rangez-vous là,
Et terminez cet opéra
Dans la forme ordinaire.
Le char remonte.
Scène viii
Damete, Céleste, leurs enfants, bascule, Avendre, peuples
céleste
Air : Toi, n’épargne pas l’amorce
Ah ! que mon âme est ravie,
On amène nos enfants !
damete
Ne trouves-tu pas ma mie
Qu’ils sont devenus bien grands ?
céleste
Ils le sont, personne ne l’ignore,
Et pourtant ne parlent point encore.
damete
Oui, mais puisque tu les as faits,
Ils ne peuvent être muets.
chœur
Air : Le dernier vaudeville,
L’hyménée, à ce que l’on dit,
Aux amours,
Toujours
Ôte l’appétit,
Et pourtant
Ce couple intéressant
De ces mets est toujours plus friands !
damete et céleste, ensemble
Pour sentir notre bonheur,
Il faudrait avoir votre cœur.
bascule
Souvenez-vous au moins que l’amitié
De vos plaisirs veut être de moitié.
chœur
L’hyménée, etc.
Fin