[Jean-Étienne Despréaux]
Christophe et Pierre-Luc
Parodie de Castor et Pollux en cinq actes
definitacteur, pierre-luc pierreluc
Acteurs
Christophe, (Castor) : Sieur Rosière
Pierre-Luc, (Pollux) : Sieur Gardel le jeune
Tirelire, (Télaïre) : Demoiselle Arnoult
Bébé, (Phœbé) : Dame Gontier
Perlinpinpin, (Jupiter) : Sieur Despréaux
Vif-Argent, (Mercure) : Sieur Laurent
Concierge de Perlinpinpin, (Hebé) : Demoiselle Guimard
La bonne, gouvernante de Bébé, (Cléone) : Demoiselle Carlinne
Toctoc, portier de Perlinpinpin, (le grand prêtre) : Sieur Desessarts
Ombre heureuse : Demoiselle Lafond
L’Insensé, (Lincée) : Sieur Laurent
Chansonnier, (un athlète) : Sieur Trial
Vieillard : Sieur Trial
Le trépas : Sieur Pérès
Personnages chantants et dansants
Acte I
Basques : Sieur Dauberval, Demoiselle Théodore
persliste, Sieurs Dossion, Rogier, Laval fils, Ducel, Barré, Hennequin, Giguet, Coindé. Demoiselles Coulon, Adélaïde, Muller, Raine, Godeau, Puissieux, Jenny, Victoire Gens de la noce
Suite de l’Insensé, paysans armés de bâtons : Sieurs Abraham, Simonet, Trupti, Duchaine, Le Bel, Guillet
Acte II
Pleureuses : Demoiselles Lafond, Coulon, Godeau, Puissieux, Victoire, Jenny, Muller, Raine
Pour le triophe de Pierre-Luc : Sieurs Dossion, Giguet, Hennequin, Laval fils, Barré, Coindé
Prisonniers : Sieurs Simonet, Abraham, Trupti, Duchaine
Gladiateurs : Sieurs Vestris fils, Nivelon
Combattants : Sieurs Le Breton, Le Doux
Acte III
Suite de Perlinpinpin : Sieurs Giguet, Rogier, Coindé, Simonet, Trupti, Duchaine
persliste, Sieur Gardel l’ainé (en femme), Demoiselles Lafond, Coulon, Adélaïde, Muller, Jenny, Raine Plaisirs de Circassie
Ris ou Ribotteurs : Sieurs Nivelon, Le Roy, Le Doux, Guillet, Hennequin
Jeux : Sieurs Vestris fils, Le Bel, Abraham, Ducel, Barré
Acte IV
Maux de l’univers, avant coureurs du trépas
La fièvre : Sieur Le Breton
La colique : Sieur Laval fils
La migraine : Sieur Le Roy
Le mal caduc : Sieur Trupti
La goutte : Sieur Duchaine
Les vapeurs : Sieur Hennequin
La fluxion : Sieur Simonet
persliste, Sieur Guillet j. Le frisson
Le chagrin : Sieur Candeille
Les Parques : Demoiselles Godeau, Gontier, Puissieux
persliste, Demoiselles Guimard, Théodore, Adelaïde, Lafond, Coulon, Raine. Sieurs Rogier, Ducel, Henry, Guillet l., Dission fils Ombres
Acte V
Cavalcade : Sieurs Le Breton, Guillet jeune, Simonet, Duchaine, Abraham
\persliste[Sieurs Le Roy, Ducel, Candeille, Trupti. Demoiselles Muller, Adelaïde, Raine, Jenny] Peuple
à pied
Planètes
Le Soleil : Sieur Henry
Mercure : Sieur Le Breton
persliste, Sieur Guillet j. Vénus
La Terre : Sieur Simonet
La Lune : Sieur Abraham
Jupiter : Sieur Trupti
Mars : Sieur Guillet
Saturne : Sieur Duchaine
Capricorne : Sieur Dauberval
Les quatre vents
Sud : Sieur Nivelon
Nord : Sieur Laurent
Est : Sieur Barré
Ouest : Sieur Le Doux
Les quatre parties du monde
Europe : Demoiselle Godeau
Asie : Demoiselle Lafond
Afrique : Demoiselle Coulon
Amérique : Demoiselle Puissieux
Les quatre éléments
Le Feu : Sieur Hennequin
L’Eau : Sieur Laval fils
L’Air : Sieur Le Bel
La Terre : Sieur Giguet
Christophe et Pierre-Luc
Acte i
Le théâtre représente une salle à manger, le couvert est mis pour quarante personne, on voit tout l’appareil d’une noce.
Scène i
Bébé et sa vieille bonne
la bonne
Air : Nous nous marierons dimanche
Pierre-Luc enfin
Dit hier matin,
Qu’il se marierait dimanche.
oui, oui, son cœur,
Pour votre sœur,
S’épanche.
Homme d’honneur
Il a l’humeur
Très franche.
Ce n’est pas faux bruit,
Madame, il a dit,
Et c’est aujourd’hui dimanche.
Air : Ton humeur est, Catherine
Mais, mais, mais Bébé soupire,
D’où peut provenir cela ?
bébé
C’est que ma sœur Tirelire
Jamais ne l’épousera.
Tu verras du tintamarre,
Ce n’est pas encor la fin.
Je crains surtout ce bizarre
De Monsieur Perlinpinpin.
la bonne
Air : Du haut en bas
Perlinpinpin
Est magicien, astronome.
Perlinpinpin
En fait tout autant que Jupin
En sortilège, ah ! dieu, quel homme !
Non, jamais on n’en verra comme
Perlinpinpin.
Il est père de Pierre-Luc et de Christophe : voilà comme la chose se passa.
Air : La nuit, quand j’pense à Jeannette,
Jadis à Lœda, pour plaire
Et lui prouver son amour,
En déjeunant à Cythère
Il lui fit un plaisant tour.
Il dit : Brelique et Breloque
De Jacob prit le bâton,
Il frappe un œuf à la coque,
Paf, il sortit un poupon.
Air : À la façon de Barbari
Un autre coup lui succéda.
on vit paraître un frère.
À ces enfants, lui dit Lœda,
Je servirai de mère.
Je les prendrai dans ma maison,
La faridondaine, la faridondon.
Ma foi, vous voilà père ici,
Biribi,
À la façon de Barbari,
Mon ami.
Pierre-Luc, comme l’ainé, a hérité de sa mère, et cadet Christophe, n’a que ce que son frère veut bien lui donner. Une fois que Pierre-Luc aura épousé Tirelire, Christophe est à vous. Vous êtes riche, et votre sœur n’a pas grand chose.
bébé
Elle est bien mieux partagée que moi.
Air : J’ai rêvé toute la nuit
Feu mon cher père en mourant,
Pour nous fit un testament.
Ma sœur eut l’air séduisant,
Moi je n’eus pas tant.bis
Ma sœur eut l’air séduisant,
Je n’eus que l’argent comptant.
la bonne
Ce Christophe ne vous a-t-il pas fait sa cour pendant un temps ? Par quel hasard a-t-il changé ?
bébé
Air : Vous qui voulez des chansonnettes
J’aimais Christophe sans alarmes.
Quand de ma sœur il vit les charmes,
Je ne sais où,
Il me cherche à l’instant querelle,
Pour mieux faire la cour à celle
Dont il est fou.
la bonne
La noce de Pierre-Luc va changer tout cela. Christophe reviendra sous vos lois.
bébé
Non, il ne reviendra pas. Il est trop entêté, et je crains, de plus, que Pierre-Luc ne cède aux pleurs de son frère. Il est si bonasse !
Air : Branle de Metz
Le seul espoir qui me reste,
Est l’amour de l’Insensé.
Tirelire le déteste,
Il en est tout courroucé.
L’amour, le dépit, la rage,
Le rendent comme un lion,
Et je prétends faire usage
De son manque de raison.
Sans en dire davantage,
Sortons de cette maison.
Elles sortent.
Scène ii
Tirelire seule, un mouchoir à la main
tirelire
Air : Triste raison
Pleurez mes yeux, contentez mon envie.
Pleurez, pleurez, vous n’avez plus qu’un jour.
Ce soir, hélas ! ce soir je me marie,
Ce soir il faut renoncer à l’amour. \indicreprmus Fin
J’aime Christophe et j’épouse son frère,
Vu tous les biens qu’il a, par droit d’aîné,
Quand l’un a tout, l’autre est dans la misère.
Que ce partage est mal imaginé !
Pleurez mes yeux, contentez mon envie.
Pleurez, pleurez, vous n’avez plus qu’un jour.
Ce soir, etc.
Scène iii
Christophe, Tirelire
christophe
Air : Adieu donc, Dame Françoise
Adieu, belle Tirelire,
Princesse, pleine d’appas.
tirelire
Prince, ne me parlez pas.
christophe
Je n’ai qu’un mot à vous dire :
C’est qu’en tous temps, en tous lieux,
Je serai votre amoureux.
Adieu, belle Tirelire,
Princesse, pleine d’appas.
tirelire
Air : Est-il donc vrai, Lucile
Quoi ! vous partez, Christophe,
Et moi je reste ici !
christophe
Je vais, en philosophe,
Vivre à Mississipi.
tirelire
Et que dit votre frère ?
christophe
Il permet nos adieux.
Je puis, sans lui déplaire,
Voir encor vos beaux yeux.
tirelire
Air : Contentons-nous d’une simple bouteille
Vous connaissez de mon cœur la faiblesse,
Vous auriez dû partir incognito.
Prince, partez, laissons-là la tendresse,
Sortez, fuyez, allez, partez, presto.
christophe
De votre cœur connaissant la faiblesse,
Oui, j’aurais dû partir incognito.
Scène iv
Pierre-Luc, Christophe, Tirelire
pierreluc
Air : vaudeville – du Tonnelier
Non, Christophe, demeure ici.
christophe
Je ne le puis, mon très cher frère.
pierreluc
Baise-lui la main, mon ami.
christophe
Non, je craindrais de vous déplaire.
pierreluc
Va toujours, je le veux ainsi.
christophe, baise la main de Tirelire
Je le fais pour vous satisfaire.
pierreluc, tout bas à son frère
Embrasse-la sous le menton.
christophe
Je le veux bien,
tirelire
Finissez donc.
pierreluc
Baise-la, baise-la, baise-la, là,
Jusqu’à temps qu’elle dise holà.bis
Air : Sous le nom de l’amitié
Juge de mon amitié,
J’adore cette belle.bis
Juge de mon amitié,
Pour te prouver mon zèle,
Qu’elle soit ta moitié.
En mettant la main de Christophe dans celle de Tirelire.
\ensemble tirelire et christophe
Ah ! grands dieux !
Ah ! grands dieux !
Ah ! grands dieux !
Quelle amitié !
pierreluc
J’aime mieux,
J’aime mieux,
J’aime mieux
Ton amitié.
pierreluc
Je vous défends de me remercier. Voilà tout le monde qui vient se mettre à table. Christophe, prenez la place qui m’était destinée.
Scène v
Les gens de la noce entrent sur la scène
pierreluc, à toute la compagnie
Air : Mariez-moi
Pour obliger mon cadet,
Je renonce au mariage.
J’imagine qu’il est fait
Pour être heureux en ménage.
Avec le chœur.
Marions, marions, marions-les,
Ils seront heureux, je gage,
Marions, marions, marions-les,
Que leurs vœux soient satisfaits !
Tout le monde se met à table et mange en mesure sur l’air suivant Viva, viva, viva, amor, etc.. Six bouffons viennent chanter pendant le repas. Un basque et une basque dansent un pas de caractère.
Scène vi
Les acteurs précédents, un facteur de la petite poste entre et remet une lettre à Pierre-Luc
pierreluc, à la compagnie
Permettez-vous ?
chœur
Certainement, certainement, certainement.
pierreluc
Ah ! Ciel !
tous les convives les uns après les autres., ensemble
Qu’est-ce que c’est ?
pierreluc, après avoir lu bas, chante :
Air : Joconde
Mil sept cent soixante dix-huit,
Dimanche trois septembre,
Chez vous on doit faire grand bruit
Jusques dans votre chambre.
Un certain Monsieur l’Insensé,
Que Bébé va conduire,
Doit après avoir tout cassé
Enlever Tirelire.
pierre-luc, christophe ensemble., ensemble
Air : Je ne sais à quoi me résoudre
Mon fusil, du plomb, de la poudre,
Et je vais lui casser les bas.bis
tirelire
Ce malheur est un coup de foudre,bis
Pour moi pire que le trépas.
Sur un bruit de guerre, les convives s’arment de ce qui est sur la table. Les soupières servent de casques, les plats de boucliers, les fourchettes d’épées, et on met les serviettes au bout des manches à balais pour former des drapeaux. L’Insensé paraît à la tête des siens, pour enlever Tirelire. Christophe monte sur la table avec l’Insensé, et combattent. L’Insensé lui donne un croc en jambe. Il se fait alors un grand silence.
Quatre voix différentes, dans les quatre coins du théâtre, derrière les coulisses :
une voix
Air : Vous m’entendez bien
Ah ! quelle perte !
une autre voix
Ah ! quel malheur !
une autre voix
Ah ! quel chagrin !
une autre voix
Quelle douleur !
une autre voix
L’affreuse catastrophe !
tirelire
Hé bien ?
une autre voix
Il n’est plus de Christophe,
Vous m’entendez bien.
tirelire, tombant dans les bras de ses femmes
Air : Prélude de serinette
Ah ! .......
Je me trouve mal.
une voix
airopera
Enlevons Tirelire.
Le bruit de guerre recommence, l’Insensé arrive et met Tirelire dans une hotte. Pierre-Luc rassemble son armée, dont les trois quarts sont estropiés, la plupart sont manchots, les autres ont des béquilles, d’autres les yeux crevés. Pierre-Luc prend un panier à chemise et met avec adresse l’Insensé dessous, puis il le darde avec son épée. Arrivent des gens avec des brouettes qui emportent les malades.
Acte ii
Le théâtre représente une cave, au fond de laquelle on voit différentes cruches, où sont les cendres des héros du pays. La cruche dans laquelle sont les cendres de Christophe est élevée sur un tonneau avec des guirlandes de fleurs, une grande lanterne éclaire cette caverne. Les deux plus grands amis de Christophe sont assis près de sa cruche.
Scène i
Tous les amis de Christophe arrivent au tombeau, ils sont en deuil
chœur
Canon
Air : Grégoire est mort
Christophe est mort,
Quel triste sort !
Il était là,
Et le voilà,
Présentement
Dans le néant.
Il ne boit plus,
Il ne rit plus,
Il ne sent plus,
Il n’y voit plus,
Il n’entend plus,
Cris superflus.
Scène ii
Tirelire en deuil
tirelire
Air : Paisible bois, verger délicieux
Triste séjour d’un amant malheureux,
Je prétends habiter votre sombre caverne.
Le soleil me fait mal aux yeux,
Et j’aime mieux cette lanterne.
Air : Dupont mon ami
Mon cher amoureux,
Ne pouvant te suivre
Dans ces lieux affreux,
Je veux toujours vivre.
Triste séjour, etc.
Avec le chœur.
Christophe est mort,
Quel triste sort, etc.
Scène iii
Les mêmes, Pierre-Luc, et sa suite portant les dépouilles de l’Insensé
pierreluc, aux pleureurs
Air : Folies d’Espagne
Finirez-vous de répandre des larmes,
Les pleurs, les cris ne font pas revenir.
Si la vengeance à vos yeux a des charmes,
Je suis vainqueur, il faut vous divertir.
Air : Sans chien et sans houlette
Ne pleurez plus, Madame,bis
Christophe est bien vengé.\indicreprmus quatre fois
[bis]
De cette lame
J’ai percé
L’Insensé.
J’ai percé,bis
J’ai percé l’Insensé
De cette lame.
J’ai percé l’Insensé,
Il tirait tierce,
Je me renverse.
Il raconte le combat en prose à sa fantaisie, à la manière des maîtres d’armes, et reprend l’ariette.
Ne pleurez plus, etc.
chœur
Air : Ah ! p’tit Jean, hausse-moi
Unissons nos voix,
Pour chanter un si grand homme.
Unissons nos voix,
Pour célébrer ses exploits.
pierreluc
Enfin, Madame, vous devez être contente, celui qui cause votre peine est immolé.
tirelire
Mais celui qui faisait tous mes plaisirs l’est aussi, et je veux le suivre.
pierreluc
C’est une folie.
tirelire
Ce serait déjà fait si une lueur d’espérance...
pierreluc
Que dites-vous ?
tirelire
Perlinpinpin...
pierreluc
Je comprends, il faut avouer que je n’y pensais pas.
tirelire
Quoi ! Pierre-Luc, vous iriez demander Christophe !
pierreluc
Air : Marche du déserteur
Oui, pour avoir mon frère,
Je vais chez Perlinpinpin.
Il est sorcier, c’est mon père,
Il ne me refuse rien.
tirelire, avec le chœur, à gauche du théâtre, très doux
Quoi ! pour avoir son frère
Il va chez Perlinpinpin.
chœur, à droite du théâtre, très fort
Il est sorcier, c’est son père,
Il ne lui refuse rien.
pierreluc
Il sera sensible à mes larmes.
Oui, oui, je vais le conjurer,
Je lui pendrai nos alarmes,
Je ne ferai que pleurer,
Et de l’enfer, par ses charmes,
S’il veut, il peut le tirer.
Avec le chœur, deux fois, la première fois très doux, la seconde très fort.
Oui, pour ravoir mon frère
Je vais chez Perlinpinpin.
Il est sorcier, c’est mon père,
Il ne me refuse rien.
Oui, Madame, Christophe reviendra, je vous en réponds.
tirelire
Je n’ose espérer un bonheur aussi grand.
pierreluc
Je connais le pouvoir de mon père, il reviendra.
tirelire
Air : Dans un verger, Collinette
Donnez l’exemple à la terre,
Vous qui ne doutez de rien.
Pour montrer ce que peut faire
Poudre de Perlinpinpin,
Escamotez votre frère
À son barbare destin.
pierreluc
Amusez Tirelire, dissipez ses ennuis par des chants et des danses, occupez ses oreilles et ses yeux. Tant qu’elle pensera à cela, elle ne pensera pas à autre chose.
Il sort.
Ballet, et combat de gladiateurs avec des vessies. Arrive un des combattants qui a perdu un œil. Il joue des airs sur son violon et chante des couplets qu’on danse en rond. On aperçoit un tableau où sont représentées les plus belles actions de la vie de Christophe.
Scène iv
Un chanteur
Éloge funèbre de Monsieur Christophe
Air :
1
Nos neveux ne pourront croire
Le héros que vous pleurez.
Messieurs, voici le mémoire
De ses bonnes qualités.
Le cœur brave,
L’esprit grave,
Et d’un savoir très profond,
D’une vaillance sans pareille,
En bons mots très fécond,
Extravagant,
Très savant,
Très vaillant,
Très plaisant,
Surprenant,
C’était une merveille.\indicreprmus bis pour le chœur
2
Il savait bien la musique,
Mais encor mieux le trictrac.
Il avait pour chose unique
Un excellent estomac.
Ce jeune homme
Mangeait comme
Quatre hommes qui mangent bien.
D’une honnêteté sans pareille
Il ne refusait rien,
Il chantait bien,
Jouait bien,
Mangeait bien,
Buvait bien,
Parlait bien,
C’était une merveille.\indicreprmus bis pour le chœur
3
Pour n’avoir pas l’air austère
Il passait les nuits au jeu,
D’un excellent caractère,
Mais il s’emportait un peu,
Quoique sage
Faisait rage,
Quand son argent il perdait.
Sa valeur était sans pareille,
Il criait, il jurait,
Par la sembleu,
Ventrebleu,
Ou corbleu,
Ou morbleu
Tout en bleu,
C’était une merveille.bis
4
Sensible il versait des larmes.
S’il recevait deux soufflets,
Il tirait fort bien des armes,
Toujours avec des fleurets.
À la guerre
Par derrière
Ses soldats il se mettait.
Sa prudence était sans pareille,
Tout chacun l’admirait.
Homme vaillant,
Pétillant,
Turbulent,
Étonnant,
Mais prudent.
C’était une merveille.bis
On danse.
Acte iii
Le théâtre représente une rue, on voit au fond une porte cochère, il y a à côté une petite fenêtre pour parler au portier.
Scène i
Pierre-Luc assis sur un banc près de la porte
pierreluc
Air : C’est bien doux,
Douce amitié, règne en mon cœur,
Sois de mes sens, toujours maîtresse,
Pénétré de ta noble ivresse,
Par toi l’on connaît le bonheur.
De t’obéir je fais promesse.bis
Dans mon cœur, \ibis\ commande sans cesse.
Est-il au monde un bien plus grand
Que d’obliger ce que l’on aime ?
Oui, voilà le bonheur suprême.
Non, rien n’est plus intéressant,
Mon cœur sent un plaisir extrême.bis
De servir \ibis\ deux objets que j’aime.
Il frappe à la fenêtre du portier.
Air : Ô mai, ô mai
Toctoc, ouvrez aussitôt,
car j’ai bien affaire.
Il faut que je dise un mot
À mon très cher père.
Mais ouvrez donc.
Ah Dieux ! que vous êtes long.
Il se fait un grand silence, on entend ouvrir les verrous, et un bruit considérable de clefs.
Scène ii
Pierre-Luc, Toctoc ouvre la porte cochère
toctoc
Air : Reçois dans ton galetas
Le plus grand escamoteur
Qui soit de France à la Chine,
Ce grand, ce fameux enchanteur,
Dans ces lieux va montrer sa mine.
Je vous préviens, n’ayez pas peur,
Il vient dans toute sa splendeur.bis
Le théâtre change, on voit l’appartement de Perlinpinpin. Il est dans un fauteuil, un crocodile sous les pieds, toute la chambre est remplie de serpents et peinte avec des signes magiques.
Scène iii
Pierre-Luc, Perlinpinpin, Vif-Argent portant la boite à poudre de Perlinpinpin, magiciens
pierreluc, à genoux
Air : Charmante Gabrielle
Puissant esprit magique,
De grâce, écoute-moi.
D’un regard plus comique
Dissipe mon effroi.
À ton art, ô mon père,
Je dois le jour.
Pour ton fils daigne faire
Encor un tour.
Sur le rivage sombre
Christophe est descendu,
Son corps n’est plus qu’une ombre.
Ô sort inattendu !
Montre par ton grimoire
Aux ignorants,
Que l’on doit toujours croire
Aux revenants.
perlinpinpin
Air : Mes enfants, il fera jour demain
Mon fils, je ne demande pas mieux.
Mais, mais c’est une chose impossible.
Je ne puis le tirer de ces lieux,
L’enfer est un gouffre inaccessible.
Quiconque y descend une fois
N’en revient plus, je t’en assure,
]
C’est le secret de la nature,
Je ne peux braver ses lois.
pierreluc
Air : Un petit capucin, ouin, ouin
Donne-moi de ta poudre
J’y descendrai.
Donne-moi de ta poudre
J’irai
Et reviendrai.
Je narguerai Pluton
Au fond
De son gouffre profond.
Je braverai la foudre
Et les éclairs,
Et l’univers.
Donne-moi de ta poudre
Et je vais aux enfers.
perlinpinpin
Air : La bonne aventure, ô gué
Tu veux dans ton désespoir
Braver la nature,
Et du grand royaume noir
Forcer l’ouverture.
Vif-Argent,
Voilà la clef du tiroir,
Apporte mon livre noir.
Pierre-Luc,
Dans l’instant tu vas savoir
Ta bonne aventure.
Vif-Argent va chercher le livre.
Marche de magiciens
perlinpinpin, après avoir feuilleté le livre
Air : Marche,
Si cela peut te divertir
Tu peux partir
Pour l’avenir.
C’est ton plaisir,
Suis ton désir.
Mais il faut t’avertir,
Te prévenir,
Pour ne te pas trahir,
Que tu ne pourras revenir
Pour jouir.
Ton cadet reverra le jour,
Toi, mon fils, tu resteras pour
Qu’on soit sur de son retour.
S’il n’y redescend pas
Tu resteras là-bas.
oui, oui, là-bas,
Pour payer son trépas.
Tu verras,
Tu seras
Dans l’embarras,
N’y vas pas.
pierreluc
Air : Non, non, Colette n’est point trompeuse
[bis]
Non, non, mon père, il faut que j’expire
Si cadet n’est avec moi.
Qu’il épouse Tirelire.
Ils se sont jurés leur foi.
S’il faut qu’un des deux expire,
Il vaut mieux que ce soit moi.
Non, non, etc.
perlinpinpin
Air : Serein qui te fait envie
Vous qui faites chérir la vie,
Venez ici, sexe charmant,
Pour lui faire changer d’envie.
Employez votre air séduisant,
Les mots ont bien plus d’énergie,
Avec vos doux agacements,
De vos jolis yeux la magie
Surpasse mes enchantements.
À Pierre-Luc.
Avant de suivre ta folie,
Vois ce que tu perds dans ces lieux.
Montrez-lui les biens de la vie,
Du vin, des belles et des jeux.
Mon bordeaux vaut de l’ambroisie.
Goûte, goute ce jus divin,
Et si tu suis ta fantaisie
Viens me trouver dans mon jardin.
Il sort suivi de tous les magiciens.
Scène 4
La concierge, suivie des Plaisirs de Circassie, et Pierre-Luc
la concierge
Air : Ma pantoufle est trop étroite
Pour vous amuser
Nous allons faire une ronde.
Pour vous amuser,
Avec nous venez danser.
pierreluc
Je ne saurais danser
Quand je pars pour l’autre monde.
Je ne saurais danser
Allons, laissez-moi passer.
la concierge
Voulez-vous souper
Entre la brune et la blonde.
Voulez-vous souper,
Nous allons vous dissiper.
pierreluc
Je ne saurais manger
Quand je pense à l’autre monde,
Je ne saurais manger
Quand je songe à voyager.
On danse. Entrée des Ris ou Riboteurs
la concierge
Air : Je tiens, d’un auteur très grave, qu’à Rome un des gros bonnets
coupletvaud 0
5
Le dieu charmant de l’ivresse
Est l’adorable Bacchus,
Et la charmante Vénus
D’amour est la déesse.
Jouez, riez avec les Amours
Et laissez-là la gloire.
Il vaut mieux vivre deux ou trois jours,
Que cent ans dans l’Histoire.
6
Jupiter aimait la table,
Même il y restait fort tard.
Plus il prenait de nectar,
Plus il était aimable.
Avec le chœur de riboteurs.
Jouez, etc.
7
Le dieu Mars que l’on contemple
Était sensible à l’amour,
À Vénus il fit la cour,
Suivez donc son exemple.
Avec le chœur.
Jouez, etc.
8
Qu’importe que dans un livre
Que souvent on ne lit pas,
On mette après le trépas,
Il refusa de vivre.
Avec le chœur.
Jouez, riez avec les Amours
Et laissez-là la gloire.
Il vaut mieux vivre deux ou trois jours,
Que cent ans dans l’Histoire.
On danse et l’on joue à toutes sortes de jeux.
la concierge
Air : La Camargo
Voulez-vous, poulet,
Faire un lansquenet\definition Lansquenet Jeu de cartes Acad. 1694.
Aimez-vous le piquet,
Ou le bilboquet.
Voulez-vous, l’ami,
Faire un biribi.
Aimez-vous plaire ou non,
Ou le pharaon\definition Pharaon Espèce de jeu de cartes, qui se joue à peu près comme la bassette Acad. 1762.
À la belle,
À la belle,
Je vois, vous voulez jouer.
pierreluc
Votre zèle,
Votre zèle,
Ne peut me faire échouer.
la concierge
Jouons petit jeu,
Mais jouons un peu
À la paume, au billard,
À colin-maillard.
Jouons au tonton
Ou bien, mon chaton,
Jouons au corbillon,
Dites, qu’y met-on ?
Aimez-vous le brelan,
Le wisque ou le volant,
Voulez-vous le loto
Ou le franc-carreau\definition Franc-carreau Jeu où l’on jette en l’air une pièce de monnaie, et où celui dont la pièce tombe le plus loin des bords du carreau, gagne le coup Acad. 1762.
Mais la belle,
Oui, la belle
Est des jeux
Le plus voluptueux.
Voulez-vous, poulet,
Faire un lansquenet
Aimez-vous le piquet,
Ou le bilboquet.
Jouons au tonton
Ou bien, mon chaton,
Jouons au corbillon,
Dites, qu’y met-on ?
pierreluc
Air : Un grand clerc
Oui, vraiment,
C’est charmant.
Lorsque l’on n’a rien à faire,
Quel plaisir
À loisir
De pouvoir se divertir.
Mais, hélas !
Il faut que j’aille là-bas.
Oui, là-bas, cherche mon frère
Chez Pluton.
Je suis pressé, laissez-moi donc.
definitacteur, chœur de femmes chœurdefemmes
chœurdefemmes, en dansant autour de lui
Non, non, non, non,
Non, non, non, non, cher ami,
Vous soupez ici.
Oui, oui, oui, oui,
Oui, vous souperez ici,
Mon cher bon ami.
pierreluc
Air : Ô Mahomet
Ainsi que vous, aimables demoiselles,
Je hais la peine et j’aime le plaisir.
Mais sur mon compte on ferait des libelles,
Si j’avais l’air de craindre de mourir.
Ainsi que vous, aimables demoiselles,
Je hais la peine et j’aime le plaisir.
la concierge
Air : Contentons-nous d’une simple bouteille
Vivez pour vous, vivez en philosophe,
Et croyez-moi, moquez-vous des propos.
Dans les enfers laissez votre Christophe,
Abandonnez le métier de héros.
Vivez pour vous, vivez en philosophe,
Et croyez-moi, moquez-vous des propos.
pierreluc, reprend la finale de l’avant dernier air
Non, non, non, non,
Je n’entends pas de raison,
Je vais chez Pluton.
chœurdefemmes, en dansant
Si, si, si, si,
Si, vous souperez ici.
Pendant le point d’orgue, Pierre-Luc dit : \og d’escampativos\fg et se sauve. Tout le monde le suit en chantant.
Air : La Camargo
Voulez-vous, poulet,
Faire un lansquenet, etc.
finacte
\acte[Le théâtre représente un antre affreux. On voit au fond une caverne sur laquelle est écrit \acte[Le théâtre représente un antre affreux. On voit au fond une caverne sur laquelle est écrit \emph Hôtel du Trépas et une trappe pour descendre.] et une trappe pour descendre.]
Scène v
Vif-Argent et Pierre-Luc tenant une lanterne à la main
Air : Je sommeille,
Qu’il fait noir, quel maudit chemin,
Je voudrais bien être à la fin,
Il me semble
Voir quelque chose écrit là-bas.
Oui, lisons, Hôtel du trépas,
Grand dieux, je tremble.
Scène vi
Le trépas, Pierre-Luc
le trépas, une faux à la main
Où vas-tu ?
pierreluc
Là-bas.
le trépas
D’où viens-tu ?
pierreluc
De là-haut.
le trépas
Comment t’appelles-tu ?
pierreluc
Pierre-Luc, fils de Perlinpinpin.
le trépas
Voyons ton passeport ? Quel est le médecin qui t’a traité ? Quelle était ta maladie ? Ton pays ? Ton métier ? Combien y a-t-il d’heures que tu es mort ?
pierreluc
Je ne le suis pas.
le trépas
Tu ne l’es pas, et tu veux entrer ici.
pierreluc
Oui et malgré toi.
le trépas
Tu n’entreras pas.
pierreluc
J’y entrerai.
le trépas
Tu n’entreras pas te dis-je.
pierreluc
De quel droit m’empêcher d’entrer ! Qui es-tu donc ?
le trépas
Je suis le trépas.
pierreluc
Ah, ah, Monsieur est le maître de ce logis, eh bien ! Je vais vous dire ce qui m’amène. Christophe, mon frère, est ici depuis ce matin, je viens lui offrir de prendre sa place. Ce trait d’amitié-là n’est pas commun, laissez-moi passer pour la rareté du fait, et je fais serment de par tous les diables que...
Air : De tous les capucins du monde
L’un des deux avant un quart d’heure
Sortira de votre demeure.
le trépas
Je n’entends rien à ce micmac.
pierreluc
Qu’exigez-vous pour récompense,
Monsieur use-t-il du tabac ?
Ouvrant sa tabatière.
le trépas
À m’endormir en vain tu penses.
Air : Joseph est bien marié
Tu n’entreras pas ici
Avec l’habit que voici,
Ce n’est pas là le costume,
Il faut suivre la coutume.
Si tu veux passer ses bords,
Vas là-haut quitter ton corps.
pierreluc
Vous ne le voulez pas de bonne volonté, eh bien ! je vais y entrer de force.
le trépas
Air : Ouverture – de Pygmalion
Maux de l’univers,
Ô vous qui peuplez les enfers,
Venez ici monstres divers.
À ma voix qu’on déchaîne
La fièvre et la migraine,
Le mal caduc, les fluxions,
La goutte et les afflictions,
La colique, les douleurs,
Les chagrins, les vapeurs.
Les maux sortent des enfers.
Défendez ce bord
Contre un mortel qui n’est pas mort.
Scène 7
le trépas
Air : Joseph est bien marié
Arrêtez-moi ce vivantbis
Qui veut entrer tout grouillant,bis
Pour réprimer son audace
Faites-lui tous la grimace,
Faites fuir par votre train
La fils de Perlinpinpin.
definitacteur, chœur de diables chœurdiables
chœurdiables, en dansant
Arrêtons tous ce vivantbis
Qui veut entrer tout grouillant,bis
Pour réprimer son audace
Faisons-lui tous la grimace,
Faisons fuir par notre train
Le fils de Perlinpinpin.
pierreluc
Malgré vos ongles, vos dents,bis
Je descendrai là-dedans,bis
Je ne crains pas les menaces,
Je me moque des grimaces,
Fuyez tous, craignez la main
Du fils de Perlinpinpin.
On danse.
le trépas
Air : Trois petits couteaux dans une graine
Pour que cet imprudent s’en aille,
Faites vite un grand feu de paille.
Amis du feu, du feu, du feu
Et faites-le cuire en ce lieu.
Apportez de la paille
Et mettez y le feu.
chœurdiables
Pour que cet imprudent s’en aille,
Faisons vite un grand feu de paille.
Amis du feu, du feu, du feu
Pour le faire cuire en ce lieu.
Ose braver la paille
Ose braver le feu.
pierreluc
Retirez-vous de là, canaille.
Je brave tous vos feux de paille,
Je vais descendre dans ce lieu,
Malgré le feu, le feu, le feu.
Je braverai la paille,
Je braverai le feu.
chœurdiables
Air : Joseph est bien marié
Tu n’entreras pas ici,
Avec l’habit que voici.
Ce n’est point là le costume,
Il faut suivre la coutume.
Pierre-Luc donne des soufflets à tous les diables et avec une houppe, leur jette de la poudre de Perlinpinpin. Ils se sauvent en criant.
Sauvons-nous, craignons la main,
Du fils de Perlinpinpin.
Scène 8
[Parques, Ombres]
parques
Air : Le temps passe, comme le fil entre mes doigts
definitacteur, l’ombre de christophe ombrechristophe
ombrechristophe, seule
Air : Menuet d’Exaudet
Je suis mort,
Que mon sort,
Est funeste.
L’affreuse insipidité.
Toute l’éternité,
Il faudra que je reste,
Dans ces lieux,
Si sérieux,
Et si sombres.
On n’a ni goût, ni dégoût,
Et l’on trouve partout,
Des Ombres.\indicreprmus Fin
Ciel ! quelle monotonie
Et l’on se plaint de la vie.
Vertuchou,
De grands fous,
Tous nous sommes.
Non, non, des morts le premier,
Ne vaut pas le dernier
Des hommes.
Air : Boire à son tirelire lire
Mais pourquoi dans mon cœur,
Existe-t-il encore,
Une brulante ardeur ?
Quoi, l’amour le dévore !
Quoi, chez les morts,
Aux sombres bords,
Il pense à Tirelirelire,
Il pense à Tourelourelour,
Pense à l’amour.
ombre heureuse
Air : Bergères du hameau
coupletvaud 0
9
Dans ces lieux accourez tous
Pour voir un nouveau visage,
Que sur ce sombre rivage,
Il soit heureux comme nous.
Nos ombres y sont paisibles,
Nous ne connaissons plus de pleurs,
]
Plus de plaisirs, plus de douleur.
Nous sommes tous insensibles.
10
Il semble avoir des chagrins,
Entre ses dents il murmure.
Ombres oubliez la nature,
Et les fragiles humains.
Soyez sans inquiétude,
Nous y sommes depuis mille ans.
]
Les siècles nous sont des moments,
Tout dépend de l’habitude.
Les ombres dansent.
ombre heureuse
Air : Trop de pétulance
coupletvaud 0
11
Vous qui regorgez de richesse,
Et qui vous ennuyez partout.
Malheureux que rien n’intéresse,
Qui des plaisirs, êtes à bout,
Quittez le monde et l’opulence,
Votre vrai bonheur le voici.
Car l’indifférence
Règne ici,
Oui, l’indifférence
Règne ici.
12
Jadis par la métempsycose,
J’ai parcouru tous les états.
Chacun pense la même chose,
Héros, poltrons, princes, goujats.
Tout le monde à l’avenir pense
Sans jouir des moments présents.
]
Et par prévoyance
On perd le temps.
13
Là-haut l’intérêt nous domine,
Ici tout est indifférent.
Là-haut sans cesse on se chagrine,
Ici l’on est toujours content.
Là-haut l’on fait des balourdises,
On descend ici, l’on les dit
]
Et de ces sottises,
Chacun rit.
On danse.
christophe
Air : Mi, mi, fa, ré, mi
Je ne vois partout que danse.
À ma noce on a dansé,
L’on fit des sauts en cadence
Lorsque je fus trépassé.
L’on danse ici bas,
Malgré le trépas.
Dessus ou dessous,
Les hommes sont fous.
On danse.
definitacteur, chœur d’ombres chœurombres
chœurombres, dansant
Air : Ah ! il n’est point de fête
Ici toutes nos affaires
Sont de chanter et danser.
Dansons donc, ombres légères,
Voyons qui peut mieux sauter.
Ah !
En disant le mot \og Ah ! \fg Pierre-Luc paraît sur le devant de la scène, par devant le voile, et les ombres sautent par dessus la lumière qui est au fond, ce qui les fait disparaître.
Scène ix
Pierre-Luc seul
pierreluc
Air : Rassurez-vous, belle Princesse
Rassurez-vous, êtres paisibles,
Bien loin de troubler vos asiles
Je viens demeurer avec vous :
Pourquoi vous enfuyez-vous tous ?
Air : Ça fait toujours plaisir
Après la dernière heure
Quand nous avons vécus,
Voici donc la demeure
De ceux qui ne sont plus.
Quelle immensité d’êtres
L’on doit trouver céans,
De valets er de maîtres,
Depuis des millions d’ans,
Des fous, des sots, des iroquois,
Des turcs, des abbés, des chinois.
Récitatif
Christophe paraissez.
Scène x
Pierre-Luc, l’ombre de Christophe paraît
ombrechristophe
Bonjour, mon frère, comment vous portez-vous ?
pierreluc
Ô cadet ! que je suis bien aise de te revoir !
ensemble en s’embrassant., ensemble
Ôôôôôôô !
christophe
Air : Ah ! q’c’est joli
Comment se porte Tirelire ?
pierreluc
Mon ami, tu peux l’épouser.
christophe
Ce n’est pas là l’instant de rire.
pierreluc
Pour cela, je viens te chercher.
christophe
Pour un rien, je t’enverrais paître.
pierreluc
C’est la vérité, mon ami.
christophe
Sérieusement, je vais renaître ?
pierreluc
Perlinpinpin le veut ainsi.
christophe
Ah ! q’c’est joli ! Ah ! q’c’est joli !
pierreluc
Air : Pendus
Va vite faire ton paquet,
Bon voyage, mon cher cadet.
Monte sur la machine ronde,
Dis bien des choses à tout le monde.
Prends la lanterne que voici,
Pour gage, ami, je reste ici.
Air : Du haut en bas
Pour toi j’ai descendu, cher frère,
Du haut en bas,
Je viens t’enlever au trépas.
Dépêche-toi de t’y soustraire,
Ou nous pourrions rester, cher frère,
Tous deux en bas.
christophe
Même air
Du bas en haut,
Je retournerais sans mon frère,
Du bas en haut,
Tu me prends donc pour un mataut.
C’est à moi de rester sous terre,
Ne pouvant retourner, cher frère,
Tous deux en haut.
pierreluc
Air : On vit des démons
Tu remonteras,
Tu remonteras.
christophe
Mais mon ami, c’est impossible,
Vivre à tes dépens serait horrible.
pierreluc
Je l’ai promis, tu renaîtras,
Oui, malgré toi, tu renaîtras.
Je te donne tout mon argent
Et tout ce que j’ai de vaillant.
Mon cher ami, quitte le néant.
christophe
Vivre à tes dépens serait horrible.
pierreluc
Air : M’aimes-tu,
Vas là-haut.
christophe
Non, vas-y toi-même.
pierreluc
Vas là-haut.
christophe
Non, vas-y toi-même.
pierreluc
Vas-y,
Mon ami,
Tirelire t’aime.
christophe
Air : Plaisirs de Créteil, contredanse
Tu me prendsbis
Par l’endroit le plus sensible,
Tu me prends.bis
pierreluc
Cher ami, tu perds le temps.
Christophe Tirelire attend,
La faire attendre est horrible.
deuxcol, \pierreluc
Elle attend,
Elle attend.
Il faut partir dans l’instant.
christophe
Il me prend,
Il me prend,
Par l’endroit le plus ardent.
pierreluc
Je suis sûr qu’en ce moment
Elle appelle son amant.
deuxcol, \pierreluc
Je le prend,
Je le prend,
Par l’endroit le plus sensible.
Elle attend,
Elle attend.
christophe
Tu me prends,
Tu me prends,
Par l’endroit le plus sensible.
Tu me prends,
Tu me prends,
Mon cher ami, je me rends.
Christophe repasse devant le voile et Pierre-Luc derrière.
christophe
Air : Annette à l’âge de quinze ans
Je ne veux que la voir un peu,
Baiser sa main, lui dire adieu.
Je fais serment
Qu’au même instant
Je te rends l’âme,
Le jour, ta femme,
Et ton argent.
definitacteur, l’ombre de pierre-luc ombrepierreluc
ombrepierreluc
Air : Tendre baiser sur bouche demi-close
Bonsoir, cadet.
christophe
Sans adieu mon cher frère.
pierreluc
Reste là-haut.
christophe
Je reviendrai demain.
pierreluc
C’est inutile, ah ! souviens-toi de faire
Mes compliments à tout le genre humain.
Air : Ô Mahomet
Dans la gazette, il faut surtout, mon frère,
Faire imprimer ce que j’ai fait pour toi.
À chaque instant il vient des gens sous terre,
Fais-moi savoir ce que l’on dit de moi.
Dans la gazette, etc.
finacte
Acte iv
Le théâtre représente le devant de la maison de Perlinpinpin.
Scène i
Un vieillard et une vieille
la vieille
Air : La sagesse est un trésor
Oui, Christophe est revenu.
le vieillard
Mais vous avez la brelue.bis
la vieille
Je vous dis que je l’ai vu.
le vieillard
Vous avez mauvaise vue.
la vieille, en mettant ses lunettes
Mais j’avais mis mes lunettes.
le vieillard
Vous me contez des sornettes.
la vieille
Ce ne sont point des sornettes,
Car j’avais mis mes lunettes.
le vieillard
Qui vous parle de lunettes,
Vous me contez des sornettes.
ensemble, ensemble
deuxcol, \lavieille
Ce ne sont point des sornettes,
Car j’avais mis mes lunettes.
Ce ne sont point des sornettes,
Car j’avais mis mes lunettes.
Mes lunettes sont bien nettes,
Bien nettes sont mes lunettes,
Mes lunettes sont bien nettes,
Bien nettes sont mes lunettes,
J’y vois avec mes lunettes,
Ce ne sont point des sornettes,
Ce ne sont point des sornettes,
J’y vois avec mes lunettes.
le vieillard
Que m’importe vos lunettes,
Que m’importe vos sornettes.
Que m’importe vos lunettes,
Que m’importe vos sornettes.
Vos sornettes, vos lunettes,
Vos lunettes, vos sornettes,
Vos sornettes, vos lunettes,
Vos lunettes, vos sornettes.
Ce sont de pauvres lunettes,
Vous me contez des sornettes,
Vous me contez des sornettes,
Ce sont de pauvres lunettes.
Scène ii
[Chœur d’hommes, la vieille, le vieillard]
Chœur d’hommes à cheval, entrant l’un après l’autre et courant au grand galop. Ils font le tour du théâtre en chantant le canon suivant, et s’arrêtent tous sur une file du côté opposé à l’entrée de Christophe.
Canon
Air : Qui va là ? c’est le Roi
Christophe est revenu,
Je l’ai vu, je l’ai vu.
Tu l’as vu, tu l’as vu,
Il l’a vu, il l’a vu.
deuxcol, \levieillard[ dit toujours
Tu l’as vu, tu l’as vu.
la vieille, pendant le canon, dit
Il l’a vu, il l’a vu.
Scène iii
Les acteurs précédents, Christophe et Tirelire entourés d’une foule de peuple à pied
definitacteur, chœur de peuple chœurpeuple
chœurpeuple, à pied
Air : La bonne aventure
Il n’est point du tout changé,
Il a bon visage,
Il paraît moins emprunté
Depuis ce voyage.
Je le crois même engraissé
Depuis qu’il a trépassé.
Il n’est point du tout changé,
Il a bon visage.
chœur, à cheval autour du théâtre en tournant au grand galop
Canon
Air : Qui va là ? c’est le Roi
Le voilà, le voilà,
Il est là, il est là.
Le voilà, le voilà,
Il est là, il est là.
la vieille
Air : Tourière
L’autre monde est-il bien grand,
Y fait-on grand étalage,
Y ment-on impunément,
Fait-on tout pour de l’argent ?
le vieillard
S’y bat-on à chaque instant,
De jouer a-t-on la rage,
Y voit-on des courtisans,
Y reconnaît-on des rangs ?
la vieille
Que font là-bas les gourmands,
De manger est-ce l’usage ?
A-t-on des besoins pressants,
Voit-on des extravagants ?
le vieillard
L’on est fol étant vivant,
Quand on est mort est-on sage ?
A-t-on beaucoup d’agrément
Si l’on n’y voit ni ne sent ?
la vieille
Les procureurs, les sergents
Y font-ils du gribouillage ?
Fait-on de faux jugements,
Y trompe-t-on bien des gens ?
le vieillard
Est-on toujours mécontent
Lorsque l’on est en ménage ?
S’y querelle-t-on souvent,
De s’aimer fait-on semblant ?
la vieille
Y fait-on de faux serments
Avec un riant visage ?
Trouve-t-on de temps en temps
Sous les roses des serpents ?
le vieillard
Les hébreux, les allemands
Ont-ils le même langage ?
pleut-il ou fait-il beau temps,
Voit-on grandir les enfants ?
la vieille
Se sert-on de ses cinq sens
Près de ce sombre rivage ?
Et pendant des milliers d’ans
À quoi passe-t-on son temps ?
christophe
Air : Pour la Baronne
C’est un mystère,
Je ne puis vous en dire plus,
Car j’ai fait serment de me taire.
Ne demandez rien là-dessus,
C’est un mystère.
Le peuple en dansant autour de lui, la cavalerie caracole à la même place, et chante :
chœur
Air : la bonne aventure
Il n’est point du tout changé,
Il a bon visage.
Il paraît moins emprunté
Depuis ce voyage.
Depuis qu’il a trépassé
Je le crois même engraissé.
Il n’est point du tout changé,
Il a bon visage.
christophe, au chœur à pied
Air : Si jamais je fais un ami
Peuple, cessez de danser,
Ce n’est point l’instant d’une fête.
Au chœur à cheval.
Et vous, cessez de chanter,
Vous me faites mal à la tête.
Mes amis, éloignez-vous tous,
Faut-il quatre fois vous le dire.
Peuples, éloignez-vous,
Éloignez-vous,
Je veux parler à Tirelire.
tout le monde s’en va en chantant :, ensemble
Christophe est revenu,
Je l’ai vu, je l’ai vu.
Tu l’as vu, tu l’as vu,
Il l’a vu, il l’a vu.
Scène iv
Tirelire, Christophe
tirelire
Air : Tu croyais, en aimant Colette
Les renvoyer n’est pas honnête,
Mon cher Christophe, avouez-le.
christophe, avec colère
Oh ! j’ai bien autre chose en tête.
Tendrement.
Princesse, vous disiez donc que...
tirelire
Air : Si les galants de la ville
Pour avoir l’air héroïque,
Pour empêcher les propos,
Par un verre d’émétique
J’allais terminer mes maux.
J’espérais que la colique
Me conduirait vers Minos.
Mais ma terreur est panique,
Je vous revois, cher héros,
Cela n’est-il pas comique
De revenir du tombeau.
Mais quel air mélancolique,
Qu’avez-vous mon tendre agneau ?
christophe
Air : Colin, sur un vert gazon
Je vais vous faire l’aveu
De mon chagrin, je quitte ce lieu,
Adieu.
tirelire
Quel est ce nouveau revers ?
christophe
Je vais aux enfers.
tirelire
Cieux,
Dieux,
Lieux,
Affreux.
christophe
Mais je vais, ma chère,
Envoyer mon frère.
tirelire, le retenant par son habit
Vous n’irez pas là-bas,
Non, je ne le veux pas.
christophe
Pierre-Luc reviendra,
Il vous épousera.
J’ai fait serment d’être de retour avant neuf heures.
tirelire
N’avez-vous jamais manqué à votre parole ? Est-ce là l’instant de la tenir, Christophe, mon cher Christophe, minet, mouton, poulet, pigeon.
christophe
Ah ! ma tourterelle, il faut te quitter.
Duo
Air : La Fürstenberg
tirelire
À tes genoux, Tirelire,
T’implore pour tarder ton départ.
christophe, en tirant sa montre
Je ne puis, ah ! quel martyr.
Il est neuf heures un quart.
tirelire
Laisse-moi du moins te suivre.
christophe
Quoi ! me suivre. Non, toi tu dois vivre.
tirelire
Non, c’est toi.
christophe
C’est toi.
tirelire
C’est moi.
christophe
C’est moi.
ensemble, ensemble
deuxcol, \tirelire
Et toi, tu dois vivre pour moi.
christophe
Et moi, je vais suivre la loi.
christophe
De mes jours voilà la fin,
C’est mon destin
Perlinpinpin
N’est point badin.
Cessons ces entretiens.
On entend le tonnerre.
Tiens,
L’entends-tu tousser,
Marcher,
Moucher ?
Oui, oui,
C’est lui.
tirelire
Je fuis
Mais je ne puis.
Soutiens-moi donc car j’expire.\indicreprmus 2e reprise
christophe
Quoi ! je vois mourir ma Tirelire.
Dans sa main frappons,
Pan, pan, tâchons...
Elle ouvre les yeux,
Ça va mieux.
tirelire
Tiens prends-moi.
christophe
Quoi.
tirelire
Toi.
christophe
Quoi.
tirelire
Bien.
christophe
Hin.
tirelire
Rien.
christophe
Hin.
tirelire
Si
Ainsi.
christophe
Quoi, si.
tirelire
Oui, non.
Bon.
christophe
Dieux, elle bat la campagne.
tirelire
De très beaux.
christophe
Quoi beaux ?
tirelire
Châteaux.
christophe
Châteaux ?
tirelire
D’Espagne.
christophe
Quoi ?
Folle est est sur ma foi !
Air : Trembleurs
Avec cette extravagance,
Elle a perdu connaissance,
Et je vais, par prévoyance,
Lui desserrer son corset.
Mais je n’y puis rien comprendre,
Je en sais par où m’y prendre.
À la vie il faut la rendre,
Ma foi, rompons le lacet.
On entend un air de flageolet.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
La voluptueuse harmonie,
Je crois entendre un sansonnet.
Ouvrez les yeux, ma belle amie.
Non, ma foi, c’est un perroquet.
Scène v
Perlinpinpin descend du ciel à cheval sur un perroquet, les acteurs précédents
Le théâtre représente le grand cabinet de Perlinpinpin, avec une table et des gobelets d’escamoteur.
perlinpinpin
Air : De l’amour tout subit les lois
Je viens de parler au destin
Pour qu’il calme votre chagrin.
Il est sensible à votre peine,
Et vous allez en voir la fin.
Il est allé chez Jupiter
Pour qu’il écrive à Lucifer,
D’ordonner que l’on vous ramène
Pierre-Luc de l’enfer.
tirelire et christophe, ensemble
Première reprise de l’air.
Ah ! Monsieur, que t’attendions.
Ah ! Papa, que t’attendions.
De plaisir mon cœur se transporte,
Il n’est point d’expressions,
Non, il n’en est point d’assez forte
Pour ce que je sens.
perlinpinpin
Laissons-là tous les remerciements.
christophe
Je suis encor dans l’embarras,
Mon frère est bien longtemps là-bas,
Et je crains qu’en passant Cerbère
Ne lui fasse des trous aux bas.
perlinpinpin
Examinez bien ce tour-là.
Il enlève les gobelets pour montrer qu’il n’y a rien.
Vous en voyez rien sous cela.
Il s’agit de ravoir son frère.
Un, deux, trois, le voilà.
Il touche avec son bâton et Pierre-Luc se trouve dessous un des gobelets.
christophe
Air : La Fit-James, contredanse
Est-ce bien Pierre-Luc que j’embrasse,
Est-ce lui que je tiens dans mes bras ?
pierreluc
Oui, c’est bien Pierre-Luc que t’embrasse,
Oui, c’est lui que tu tiens dans tes bras.
ensemble, ensemble
[bis]
Au grand Perlinpinpin rendons grâce,
Nous voilà saufs et sains, gros et gras.
Le plaisir que j’ai dans ce moment,
De nous voir tous trois ensemble,
Le plaisir que j’ai dans ce moment,
Est charmant, charmant, charmant.
[bis]
Par nos sauts que la terre tremble,
Montrons notre contentement.
Pas de trois entre Tirelire, Christophe, et Pierre-Luc.
chœur
Même air
[bis]
Est-ce bien Pierre-Luc qu’il embrasse,
Est-ce lui que qu’il tient dans ses bras ?
[bis]
Au grand Perlinpinpin rendons grâce,
Nous voilà saufs et sains, gros et gras.
Le plaisir qu’ils ont dans ce moment,
De se voir tous trois ensemble,
Le plaisir qu’ils ont dans ce moment,
Est charmant, charmant, charmant.
[bis]
Par nos sauts que la terre tremble,
Montrons notre contentement.
perlinpinpin, aux génies, qui portent sur leurs têtes des globes représentants le Soleil, Mercure, Vénus, la Lune, la Terre, Jupiter, Mars, et Saturne
Air : Viens, donne-moi le bras
Vous qui portez
De ces machines rondes,
Obéissez, représentez
Le mouvement des mondes.
Globes divers,
Entrez, entrez en danse,
Échantillons de l’univers,
Circulez en cadence.
Sur un air d’Anglaise, les génies exécutent le système de Copernic.
vaudeville
tous les trois chantent le rondeau., ensemble
tirelire
Air : Chantons les maintes de Cythère
D’honneur cette histoire est très comique,
Il faut la chanter jusqu’à demain,
Il faut célébrer l’effet magique
De la poudre de Perlinpinpin.
Vous étiez mort, vous êtes en vie.
En vérité, je n’en reviens pas,
Oui, j’en suis encor toute ébaubie\definition Ébaubi, ie Étonné, surpris d’admiration Acad. 1762.
Quoi ! l’on peut revenir du trépas.
ensemble, ensemble
D’honneur cette histoire est très comique,
Il faut la chanter jusqu’à demain,
Il faut célébrer l’effet magique
De la poudre de Perlinpinpin.
christophe
J’ai péri sous les coups d’un barbare,
Et j’ai vu le séjour ténébreux,
Si j’ai vu les horreurs du Ténare,
Dans vos charmants yeux je vois les cieux.
ensemble avec le chœur., ensemble
D’honneur cette histoire est très comique,
Il faut la chanter jusqu’à demain,
Il faut célébrer l’effet magique
De la poudre de Perlinpinpin.
perlinpinpin
Capricorne quittez le tropique,
Sud, nord, est, ouest, terre, onde, air, feu,
Europe, Asie, Afrique, Amérique,
Venez vous divertir en ce lieu.
En chantant ce couplet, il fait différents signes magiques avec son bâton de Jacob. Les quatre vents paraissent en soufflant, les quatre parties du monde viennent jouer aux quatre coins, les quatre éléments sortent à leur tour, la terre sort par une trappe, l’onde arrive avec un parasol, l’ai plane autour du théâtre, et le feu sort par la cheminée, le capricorne tombe du ciel et danse la chaconne.
pierreluc
C’est comme une lanterne magique,
L’on y voit mille tableaux divers.
Noces et festins, combats, musique,
Tombeau, plaisirs, pleurs, chant, danse, enfers.
tous trois ensemble avec le chœur., ensemble
Chantons cette poudre merveilleuse,
Célébrons son étonnant pouvoir,
Vantons cette pièce curieuse
Où l’on peut voir tout ce que l’on peut voir.
Un ballet général termine la parodie.
Fin