Anonyme
Critique de l’opéra de \emph Callirhoé
Opéra Tragi-comique
La Haye, 1750
definitacteur, chœur des peuples chœurdespeuples
definitacteur, chœur et dryades chœuretdryades
definitacteur, un chœur unchœur
definitacteur, l’oracle loracle
definitacteur, chœur de peuple chœurdepeuple
Acteurs
Acteurs chantants m
Callirhoé, princesse héritière du trône de Calydon : Mademoiselle Fabre
La Reine, de Calydon : Mademoiselle Bon
Corésus, grand-prêtre de Bacchus : Monsieur Augé
Peuples de Calydon
Une calydonienne
Prêtres de Bacchus
Le ministre de Pan : Monsieur Raine
Faunes et driades
Une dryade
L’oracle
Bergers et bergères
Deux bergères
Acteurs dansants m
I Acte
Calydoniens
II Acte
Sacrificateurs
III Acte
Faunes et dryades
IV Acte
Bergers et bergères, pastres et pastourelles
La scène est à Calydon.
Critique de l’opéra de \emph Callirhoé
Acte i
Le théâtre représente le temple de Bacchus, orné pour les noces de Corésus et de Callirhoé.
Scène i
callirhoé seule
callirhoé
Air : Moi qui ne suis point chiche
Nuit aux amants favorable,
Pourquoi finis-tu si tôt ?
Ce seul souvenir m’accable
Je vais épouser un sot.
Ô trop fatal hymenée,
Ô chienne de destinée :
Celui que j’avais choisi
Était bien plus dégourdi.
Scène ii
la reine, callirhoé
la reine
Air : Joconde
Ma fille, aux pieds de nos autels,
Quels vœux venez-vous faire ?
Connaissez-vous les immortels ?
Tremblez de leur déplaire.
Donnez la main à Corésus,
Vous devez le connaître ;
C’est le grand-prêtre de Bacchus
Qui va bientôt paraître.
callirhoé
Air : Que j’estime mon cher voisin
J’obéirai, chère maman,
Le devoir me l’ordonne.
En se tournant à côté.
Ah ! J’enrage, dans ce moment,
Et tout mon cœur frissonne.
Air : Confiturier
Le vaillant Agénor est mort !
Est-il vrai qu’il n’est plus en vie ?
Hélas ! S’il pouvait vivre encor
Pour moi j’en serais très ravie :
Espoir si doux et si charmant,
Ne me flattez point vainement.
la reine
Air : Mon cousin, que faites-vous
Si cet aimable vainqueur,
Possesseur de votre cœur,
Respirait aujourd’hui,
Corésus serait la dupe.
Malgré tout son appui,
Nous nous moquerions de lui.
callirhoé
Air : Éveillez-vous, belle endormie
La nouvelle est-elle certaine,
Sommes-nous sûres de son sort ?
Agénor, pour nous mettre en peine,
N’a-t-il point contrefait le mort ?
la reine
Air : Aimable vainqueur
Quand même Agénor
Pourrait vivre encor,
Vous n’auriez ma fille,
Dans cette ville,
Jamais d’autre sort.
Ah, que vos charmes
Me causent d’allarmes !
Voyez si j’ai tort.
J’aurais trop de peur
Cette indigne race
Ne fut en fureur,
Si Corésus
De votre refus
Refusant l’outrage
Entrait dans la rage,
Ne reculait plus.
Il faut demain,
Pour ce mariage,
Mettre tout en train.
Scène iii
callirhœ seule
callirhoé
Air : Du haut en bas
Cher Agénor,
Belle victime de Bellone,
Cher Agénor
À mes soupirs sourd comme un mort
L’image de votre personne,
Hélas, jamais ne m’abandonne,
Cher Agénor.
Air : Ne m’entendez-vous pas
Cher objet plein d’appas
Si vous viviez encore,
Corésus que j’abhorre
Ne m’épouserai pas.
Ne m’entendez-vous pas ?
agénor, parait tout d’un coup
Air : Tout cela m’est indifférent
Callirhoé, je vous entends,
Et je crois que j’arrive à temps.
callirhoé
Est-ce bien vous, où je m’abuse ?
Revenez-vous du sombre bord ?
agénor
Belle, je vous demande excuse,
Grâce à Dieu, je ne suis pas mort.
Les rebelles fuyant toujours
Crurent avoir tranché mes jours ;
Voyant couler mon sang par terre,
Me laissèrent à remotis.
Je serais mort dans cette guerre
Sans le secours de mes amis.
Air : Que le péril est agréable
Mais je ne puis être tranquille,
Mon désespoir est sans égal,
Peut-on me choisir pour rival
Un sot, un imbécile ?
callirhoé
Malgré votre heureuse victoire,
Nous déplorions tous votre sort :
Nous avons pleuré cotre mort,
Et même votre gloire.
agénor
Air : Tous les bourgeois de Chartres
À mon retour, la belle,
Donnez plutôt des pleurs ;
Plaignez un cœur fidèle
Accablé de malheurs.
Je mourrai si je vois
Cet animal farouche
Maître de votre ... cœur, dondon
Par un sort plein d’appas, lala
Jouir de votre couche.
callirhoé, faisant la précieuse
Air : Sans être satyrique
Monsieur, que voulez-vous m’apprendre ?
Hélas, je ne peux vous entendre.
Votre douleur doit m’irriter.
agénor
Belle, vous devez me connaître,
Je n’aime pas à me vanter,
Et suis discret quand il faut l’être.
Agénor piqué.
Avez-vous oublié princesse`
Mon premier essai de tendresse ?
Après la mort du cher papa,
Vous pleuriez de si bonne grace,
Qu’avec le mouchoir que voilà
Je vous débarbaouillai la face.
callirhoé
Air : Vous m’entendez bien
Cher Agénor, apaisez-vous
Et suspendez votre courroux,
Si je suis au grand-prêtre
Eh bien,
Il courra risque d’être,
Vous m’entendez bien.
agénor
Ah, me voilà tout consolé !
Je ne suis pas si désolé.
Promettez-moi, madame,
Eh bien,
D’accorder à ma flamme,
Vous m’entendez bien.
callirhoé
Pour m’établir bien à gogo,
Je vais épouser ce magot
Avant lever ménage,
Eh bien,
Je vous promets pour gage...
Vous m’entendez bien.
La reine paraît avec Corésus.
agénor
Air : La souris dessous l’armoire
Mais, hélas ! Je vois paraître
La reine avec mon rival.
callirhoé
Taisez-vous, sot animal,
Ils vous entendront peut-être.
Retirez-vous au plus tôt
Par la porte ou la fenêtre,
Retirez-vous au plus tôt
Je vous reverrai tantôt.
Scène iv
corésus, la reine, callirhoé
corésus, à la reine
Air : Flon, flon, flon
Reine, votre suffrage,
Nous en avons besoin,
Pour ce beau mariage
Donnez-vous quelque soin.
Et flon, flon, flon
Mariez la belle etc.
la reine, à Corésus
Air : Lison de la Lisette
Vous me faites honneur
D’entrer dans ma famille :
Vous serez l’épouseur
Aujourd’hui de ma fille.
Et zon, zon, zon
Lison de la Lisette,
Et zon, zon, zon
Lisette de la Lison.
corésus, à Callirhoé
Air : Des autels à vos beaux yeux
De la table à vos beaux yeux
Je porterai mon hommage,
Permettez-moi ce partage,
Vous vous en trouverez mieux
Quand nous serons en ménage.bis
callirhoé
Air : Oh lan la dirirette
Je sais fort bien ce que je dois
À la reine, à l’empire, à moi,
Oh lan la dirirette,
En faisant les cornes.
Et à vous Corésus aussi
Oh lan la diriri.
corésus, au chœur
Air : Trémoussez-vous, filles
Chantez, peuples, chantez tour à tour,
Et que votre zèle égale mon amour.
Chantez, vous aurez de quoi boire,
Quand vous serez saouls,
Vous irez tous couchez chez vous.
Chantez etc.
chœurdespeuples
Chantons tous, chantons tour à tour,
Et que notre zèle égale son amour.
Chantons, nous aurons de quoi boire,
Quand nous serons saouls,
Nous irons tous couchez chez nous.
Chantonsetc.
chœur
Air : Danse Cotillon
Aimez, régnez, vivez en paix,
Culbute à jamais.
une princesse, alternativement avec le chœur
Air : La bonne aventure
Amants, devenez constants,
L’amour vous assure
Avant qu’il soit peu de temps,
De vous rendre tous contents,
La bonne aventure.
chœur
Culbute à jamais.
la princesse
Ceux qui voudront soutenir
La tendre gageure,
Seront tous surs d’obtenir,
Par un heureux avenir,
La bonne aventure.
chœur
Culbute à jamais.
la reine
Air : Des matelots d’Alcione
Puissant dieu d’amour,
Règne dans ce séjour
Que tour à tour
Sujets et rois, tous se fassent la cour,
Et que la constance,
La persévérance
À qui suivra tes lois,
Livrent des charmants exploits.
À Callirhoé.
Air : J’ai fait à ma maîtresse, il n’y a pas longtemps
C’est aujourd’hui la belle
Qu’il faudra cantonner
Mon trône qui chancelle
Pourquoi vous étonner ?
Que votre hymen couronne
Les vœux de Corésus
C’est moi qui vous l’ordonne
Qu’on ne raisonne plus.
corésus
Air : Un inconnu pour vos charmes soupire
Dieux imortels, c’est moi qui vous appelle,
Écoutez-moi si vous n’êtes pas sourds :
À cette belle, c’est en ce jour
Que je promets un éternel amour.
Qu’en croyez-vous, sera-t-elle fidèle ?
callirhoé, en se tournant
La Capucine Monsieur Zepollier est mort
Délivrez-moi, justes dieux !
Si vous êtes pitoyables,
De cet époux odieux
Que je donne à tous les diables.
corésus
Air : Lampons
Soleil qui produis le jour,bis
Sois témoin de mon amour :bis
Je vais jurer à ma femme
Une pure et vive flamme.
Lampons, ma princesse,
Lampons.
On apporte un autel : Corésus d’un côté et Callirhoé de l’autre.
corésus, mettant la main sur l’autel
Air : Je ne saurais, je suis encore trop jeunette
Sans crainte d’être parjure,
callirhoé
Sans crainte d’être parjure,
corésus
Sur ces feux je vais jurer
callirhoé, répète en tremblant ce que Corésus a dit, un vers après l’autre
Sur ces feux je vais jurer
corésus
Une ardeur fidèle et pure.
callirhoé, répète ce vers en pleurant
Une ardeur fidèle et pure.
corésus
Eh, quoi ! vous allez pleurer !
callirhoé
Je ne saurais,
Je suis encor jeunette,
J’en mourrais.
En se laissant tomber morte.
Ah petit, ah petit,
Je sens que je me pâme.
la reine
Qu’on la mette dans son lit
Avant qu’elle rende l’âme.
corésus
Prenez en soin, madame,
Je rengaine mon compliment.
Alors Pierrot et Pasquin paraissent pour soutenir Callirhoé. Pierrot mord un pain et lui porte le morceau à la bouche, que Callirhoé rejette, Pasquin lui met une bouteille de vin dans la bouche, qu’elle rejette aussi et ils disent à la reine : \og Madame, votre fille est morte, elle ne veut plus ni manger ni boire. \fg Tout disparait.
finacte
Acte ii
Le théâtre représente l’avant-cour d’un palais et dans le fond un temple domestique.
Scène i
agénor
agénor
Air : Au gué, lon la
Revenez dans mon âme,
Nouveau transport
La beauté qui m’enflamme
Ce cher trésor
A gobé quelque réconfort
Et respire encor
Dans ce palais-là
Au gué, lon la etc.
Revenez ma princesse,
Revenez tôt,
Cet objet qui vous blesse
Sera le sot.
Ne parlons plus de ce magot,
Il sera capot.
Callirhoé paraît.
Parbleu, la voilà,
Au gué, lon la etc.
Scène ii
callirhoé, agénor
callirhoé, d’un ton de menace
Air : Lanturlu
Fuyez ma présence
Monsieur Agénor
Je vous fais défense
De me voir encor.
Vous devez répondre
C’est ce que j’ai résolu,
Lanturlu.
agénor
Air : Oh, lan la dirirette
Je souffre depuis hier au soir
Tous les maux que l’on peut avoir
Oh, lan la dirirette,
Mon visage en est amaigri,
Oh, lan la diriri.
agénor
Quand on vous disait l’Inmanus
J’aurais étranglé Corésus
Oh, lan la dirirette,
Si j’eusse osé venir ici,
Oh, lan la diriri.
Quand le ciel m’offre un heureux sort
Ingrate, vous voudriez ma mort,
Oh, lan la dirirette,
Et vous m’accablez de souci,
Oh, lan la diriri.
callirhoé
Air : Le grand seigneur a raison
Dispensez-vous, Agénor,
D’être si fidéle :
Votre amour me ferait tort.
Je veux passer pour pucelle
En épousant Corésus.
Vos regrets sont superflus,
La vertu me rappelle.
agénor
Air : On dit que vous êtes infidèle
Vertubleu, je suis en colère,
Redoutez mes transports jaloux
Fussiez-vous cent fois plus sévère,
Mon cœur ne peut aimer que vous.
Belle, vous ne dites mot,
Me prenez-vous pour un sot ?
Je ferai carillon peut-être
Et pourrais bien par la fenêtre
Faire voler le marpot.
callirhoé
Air : Charmante Gabrielle
Fatale destinée,
Où m’avez-vous réduit ?
Ah ! Cruelle journée,
Plus noire que la nuit !
Cher Agénor, je tremble,
Retirez-vous.
Si le peuple s’assemble,
C’est fait de nous.
agénor
Air : Le fameux Diogène, au gué lan la
Moi, vous fuir, ma princesse ?
Vous éviter sans cesse ?
Je n’y puis consentir.
Me verriez-vous, la belle,
Mourir à rire d’aise,
Sans vous en repentir ?
D’un amant qui soupire
Bien plus qu’il ne respire,
Vous méprisez l’amour.
Vous me plaisez, cruelle,
Comme de la chandelle
La lumière du jour.
callirhoé
Air : Blaise, revenant des champs
Je me la plains, sur ma foi,
Bien plus qu’à moi.bis
Mes serments me font effroi.
Je crains la vengeance
Des dieux que j’offense.
agénor
Air : Hélas, si je l’avais fait tout à fait
Ah ! Si vous l’aviez fait,
Tout à fait,
Je n’aurais pas du regret.
Pour avoir fait la grimace,
Qu’avez-vous,
Qu’avez-vous peur qu’on vous fasse ?
callirhoé
Air : Laissez les gens parler
J’offense de nos dieux.bis
La majesté terrible
Lire en lireetc.
agénor
Eh ! Que n’écoutez-vousbis
Celui qui leur fait dire
Lire en lireetc.
callirhoé
Air : Au reguingué
Je ne veux plus rien écouter,bis
Vous ne deviez plus en douter,
Au reguingué.
C’est moi qu’il faut que je punisse
De vous avoir été propice.
agénor
Puis-je me flatter du bonheurbis
D’avoir effleuré votre cœur ?
Au reguingué.
Vous sentez-vous, pour ma figure
Quelque légère égratignure ?
callirhoé
Vous n’ignorez pas mon secretbis
Hélas, je n’en ai que trop fait.
Au reguingué.
Agénor, votre destinée
N’en sera pas plus fortunée.
calliroé et agénor ensemble, ensemble
Air : Beribi
Quels plaisirs prenez-vous, grands dieux,
De voir couler nos larmes ?
À faire distiller nos yeux
Trouvez-vous quelques charmes ?
Ah quelle désolation !
La faridondaine,
En s’embrassant.
Faut-il nous séparer ainsi ?
Beribi.
Scène iii
corésus, callirhoé, agénor
corésus, arrive en ce moment avec des prêtres de sa suite
Air : Folies d’Espagne
Est-ce Agénor au col de notre belle ?
Je la prenais pour fille de vertu.
J’en aurais mis le doigt à la chandelle,
Mais à présent j’en ai, ma foi, trop vu.
callirhoé
Pour me gronder comme on gronde sa femme,
Beau Corésus, que vous ai-je promis ?
Si de l’amour le feu brûle en mon âme,
C’est qu’Agénor, monsieur, est mon ami.
Scène iv
corésus, agénor, suite de corésus
corésus, à Angénor
Air : Si, de ma baguette
Et toi qui m’outrage,
Petit fanfaron,
Qui sur mon visage,
Imprime un affront,
Crains pour tes épaules
D’être trop aimé :
Tu joues un rôle
`A te voir assommer.
agénor, à Corésus
Monsieur, vos menaces
Me font peu d’effroi.
Toutes vos grimaces
Ne font, sur ma foi,
Que me faire rire.
Vous feriez bien mieux
D’aller, sans mot dire,
Vous bander les yeux.
Scène v
[corésus, prêtres,]
corésus, à ses prêtres
Air : Chantons tous en ce jour
Vengez tous en ce jour
Ma gloire et mon amour,
Mettez tout en capilotade
Assommons, faisons des grillades.
Souffrirez-vous un tel affront,
Planté sur mon front ?
les prêtres, répondent en chantant le même couplet
Vengeons tous en ce jour
Sa gloire et son amour,
Mettons tout en capilotade
Assommons, faisons des grillades.
Souffrirons-nous un tel affront,
Planté sur son front ?
corésus, en invoquant Bacchus
Air : Attendez-moi sous l’orme
Viens, enfant du tonnerre,
Qui remplis tout d’effroi !
Viens ravager la terre,
Venge-toi, venge-moi.
Si tu vois sans rien dire
Tes autels outragés
Ils n’en feront que rire,
Comme d’un potager.
Air : Hoho
Souffriras-tu de là-haut,
Hoho,
Comme une vieille anticaille,
Qu’on me traite comme un sot ?
Hoho ?
Tu n’es pas un dieu de paille,
Venge-toi, venge-moi :
Répands ici les funérailles,
Et que ces indignes canailles
Sentent ton bras comme il faut,
Hoho.
Le chœur répète.
Les bacchantes paraissent avec des Thyrses et des flambeaux à la main.
finacte
Acte iii
Le théâtre représente une forêt et le temps rustique du dieu Pan.
Scène i
la reine, callirhoé
ensemble, ensemble
Air : Pélerins
Ciel que nous invoquons sans cesse,
Plancher des dieux,
Sois touché de notre tristesse,
Traite-nous mieux,
Sois-nous propice, un tantinet,
Dans nos alarmes,
Daigne fermer le robinet
D’où sortent tant de larmes.
la reine
Air : Il y a bien de la différence d’une femme
Grand-prêtre abominable,
Indigne et vieux bouquin,
Sac à vin,
Et vous, là, l’agréable,
Avec votre air mutin,
À la fin,
Quel est votre dessein ?
callirhoé
Air : Tutene tuton
Tout m’accable en ce moment,bis
Le père égorge son enfant,
Tutene,
Et c’est, tu tu, coups de pied au cul,
Et, ton ton, le fils sans raison,
S’arme d’un bâton,
Tutene tuton tutene.
la reine
Air : On dit qu’ils s’entretueront, le curé
On dit qu’ils s’entretueront
Les enfants avec leur père,
On dit qu’ils s’entretueront
Si tu ne livres ton ... le.
Lon lan la, le secours n’y fait rien
Agénor en vain s’oppose
Lon lan la, le secours n’y fait rien
Si tu n’acceptes l’hymen.
callirhoé
Air : De nécessité nécessitante
Pour vous obéirs, ma chère mère,
Vous savez ce que j’ai voulu faire :
J’immolais le bonheur de ma vie.
Mais mon faible cœur m’a démentie.
la reine
Air : Je laisse à la fortune, matelots
Je vais parler, ma fille,
Au dieu de nos forêts ;
Mieux qu’un sorcier habile
Il sait tous les secrets.
Notre espoir peut renaître.
Corésus va paraître,
Prenez bien garde à vous.
Qu’il se rende à vos charmes,
N’épargnez pas les larmes
Pour calmer son courroux.bis
La reine s’en va et laisse Callirhoé avec Corésus, qui arrive saoul, venant du cabaret.
Scène ii
corésus, callirhoé
corésus
Air : Bon, bon, bon, que le vin est bon
Je voudrais bien savoir pourquoibis
La reine veut parler à moi ?
On dit qu’elle fait rage :
Hélas, elle ferait bien mieux,
Au lieu de lanterner les dieux,
De goûter ce breuvage.
Laisser appaiser leur courroux,
Et venir chanter avec nous :
Et bonetc.
callirhoé
Air : J’ai passé deux jours sans vous voir
Laissez-vous toucher par mes pleurs,
Grand-prêtre que j’honore,
Daignez suspendre nos malheurs,
Si vous m’aimez encore.
Hélas je mourrai de douleur
Si je ne fléchis votre cœur.
corésus
Air : Je reviendrai demain au soir, je ferai
Vous pleurez inutilement,
La belle, il n’est plus temps.bis
callirhoé
Serez-vous dur comme un rocher
Que rien ne peut toucher ?bis
corésus
Épargnez-vous tant de soupirs,
Et laissez-moi sortir.bis
callirhoé
Ingrat, tu ne sortiras pas
Sans causer mon trépas.bis
Elle tire un poignard.
corésus
Arrêtez, la belle, arrêtez !
Comme vous y aller !bis
callirhoé
Je veux finir mon triste sort,
Et me donner la mort.bis
corésus
Aimez-vous mieux quitter le jour,
Qu’écouter mon amour ?bis
callirhoé
Non, je ne puis vous attendrir,
Laissez-moi donc mourir.bis
corésus
Non, laissez-vous, ma chère enfant,
Et ne pleurez pas tant.bis
callirhoé
Allez donc apaiser les dieux,
Et qu’ils nous traitent mieux.bis
corésus
Non, je n’y peux plus tenir,
Je me sens attendrir,bis
Je m’en vais boire encor deux coups,
Et je reviens à vous.bis
Scène iii
la reine, callirhoé
la reine
Air : Le premier jour du mois de mai
Pour consulter le dieu des bois,
Voici le moment favorable.
Il est honnête, il est courtois,
Au même instant qu’il sort de table.
Représentons, à haute voix,
L’excès des maux qui nosu accablent.
Pour consulteretc.
Scène iv
la reine, callirhoé, le ministre de pan, dryades et faunes
pierrot, habillé en ministre
Air : Un jour, Pierrot, voyant Margot, marche
Que les mortels et que les dieux
Applaudissent tous en ces lieux
Au souverain, dieu de nos bêtes.
Que les échos de ce canton
Résonnent comme des trompettes
De son grand nom.
chœuretdryades
Flore lui doit toutes ses attaches
Et nos campagnes le temps frais
Qui nous fournit mille fleurettes.
unchœur
Que les échos de ce canton
Résonnent comme des trompettes
De son grand nom.
une dryade
Que les bergers de ces hameaux
Entonnent sur leurs chalumeaux
Mille petites chansonnettes.
chœur
Que les échos de ce canton
Résonnent comme des trompettes
De son grand nom.
une autre dryade
L’amour, à vous le dire net,
Lui doit le feu du flageoler
Dont je vous laisse l’interprète.
chœur
Que les échos de ce canton
[Résonnent comme des trompettes
De son grand nom.]
une dryade
Fille de l’air, écho fidèle,
Répondez-nous, chantez le dieu des bois,
Il a brûlé pour vous d’une flamme si belle :
Redoublez nos accents, joignez-vous à nos voix.
Fille de l’air, écho fidèle,
Répondez-nous, chantez le dieu des bois.
la reine, à Pierrot, ministre
Air : Et lon lan la
Daignez interroger le dieu,
Ministre bénévole.
Le voilà planter comme un pieu
Battu en terre molle.
Et lon lan la, que diable fais-tu là ?
As-tu perdu la parole ?
le ministre
Air : Grand dieu, qui connaissez l’état de ma misère
Grand dieu qui connaissez
Notre état misérable,
Ne nous abandonnez pas,
Et soyez-nous favorable !
Ah ! vous le pouvez faire
Sans qu’il vous en coute rien.
chœur
Air : En amour, on n’entend pas raison
Puissant dieux des raves et des choux,
Rends à ce peuple sa douce espérance,
Connais nos maux, aie pitié de nous,
Fais-nous sentir l’effet de ta puissance.
Rends à nos cœurs l’heureuse paix,
Et sur ce rivage,
Fais cesser l’orage,
Rends à nos cœurs l’heureuse paix,
Et fais-la durer jusqu’à jamais.
le ministre
Air : Et lon lan la
Je sens venir le dieu des bois,
Comme la marjolaine,
Soyez attentifs à sa voix
Jusqu’à tenir l’haleine.
Et lon lan la, je crois que le voilà,
Vous allez entendre l’oracle.
loracle
Air : Si vous voulez que je vous baise
Si vous voulez être tranquille,
Et voir finir votre tourment,
il faut le sang de votre fille,
Ou celui de son cher amant.
la reine, à Callirhoé
Je crois que l’oracle radote,
Ou bien qu’il a perdu l’esprit.
Ma fille, ne sois pas si sotte,
N’écoute pas ce qu’il a dit.
callirhoé
Ah ! C’en est fait, ma chère mère,
Mon sang doit être répandu ;
Le dieu l’a dit, il faut le faire,
Ce peuple l’a trop entendu.
la reine
Le dieu ne sais ce qu’il veut dire,
N’en déplaise à son digne rang.
Par ma foi, ce dieu me fait rire,
Croit-im qu’on donne ainsi son sang ?
Air : Prenez bien garde à votre cotillon
Ma fille, gardez le secret,
Ne révélez pas ce décret,
Allez-vous en dans mon palais,
Mais surtout, prenez bien garde,
À certains indiscrets.
finacte
Acte iv
Le théâtre représente une plaine bornée de côteaux fleuris.
Scène i
callirhoé
callirhoé
Air : Il faut que je file, file
Il faut que je pleure, pleure
Du soir jusqu’au matin,
Je maudis, je vous assure,
Mon déplorable destin.
La mort seule, je l’assure,
Finira tout mon chagrin.
Il faut que je etc.
Agénor arrive.
Mais Agénor s’avance,
Je commence à trembler.
Il ignore, je pense,
Le coup fatal, qui même en sa présence,
Doit bientôt m’accabler.
Scène ii
callirhoé, agénor
agénor
Air : Il faut que je file, file
Les dieux viennent de suspendre
Leurs plus redoutables coups,
Voudraient-ils nous en revendre,
Se moqueraient-ils de nous ?
Les dieux viennent de suspendre,
Leurs plus redoutables coups.
callirhoé
Des malheurs de notre ville,
Ils sont la plupart touchés.
Vous devez être tranquille,
Ils ne sont plus si fachés.
Des malheurs de notre ville,
Ils sont la plupart touchés.
agénor
Air : Ton humeur est, Catherine
Vos beau yeux, aimable reine,
Des dieux calment le courroux :
Tant de pleurs leur ont fait peine,
L’amour a gémi pour vous.
Reprenez de nouveaux charmes,
Ouvrez-vous aux doux plaisirs,
De grâce, après tant d’alarmes,
Rendez-vous à mes désirs.
callirhoé
Air : Mon mari, que faites-vous
Que les dieux ont le cœur dur,
Même lorsqu’ils font grâce
Chez eux il n’est rien de sûr,
Autant vaut-il marcher sur
La glace, la glace, la glace.
agénor
Que vous importe à quels frais
Ils vous sauvent l’empire ?
Reprenez tous vos attraits :
Ne songez plus désormais
Qu’à rire, qu’à rire, qu’à rire.
callirhoé
Air : Prends, ma Philis, prends ton verre
D’un cœur fidèle et trop tendre,
Pleurez plutôt les malheurs :
Que le sang qu’on va répandre
Va faire couler de pleurs :
Mais je n’osais vous l’apprendre,
Agénor, c’est trop suspendre
Le décret des dieux vengeurs.
D’un cœur etc.
agénor
Expliquez-vous, inhumaine,
Je ne vous entends pas bien.
C’est trop me laisser en peine,
Ne me dissimulez rien.
Mon esprit est à la gène.
Est-ce le sang de la reine ?
Est-ce le vôtre ou le mien ?
Expliquez-vous etc.
callirhoé
Je mourrai pour ce que j’aime,
J’en ai formé le dessein.
Je céde au pouvoir suprême,
Et vais finir mon destin.
Mais c’est Corésus lui-même,
Malgré son amour extrême,
Qui doit me percer le sein.
Je mourrai etc.
agénor, furieux
Air : Songes funestes
Impitoyables dieux !
Dieux odieux !
Je renonce à présent
À tout le firmament.
Dieux en courroux,
Bizarres fous,
Vieux loups-garous,
Junon,
Pluton,
Morbleu, je jure tout de bon.
Si jamais je vous dis une raison,
Je veux être un fripon.
je me livre désormais,
À tous les plus noirs forfaits.
Je vous renonce à tout jamais.
Et toi, barbare Bacchus,
Je veux écraser ton Corésus
De même qu’on voit écraser ton jus.
Dieu des bouchons,
Dieu des cochons,
Tu n’es chez moi qu’un dieu des limaçons.
Scène iii
callirhoé, bergers et bergères
une bergère
Air : Dans mon champs
Monsieur souffrez
Que je pique
La critique
De Callirhoé.
Veau-de-ville,
Amis, airs ébus,
Tout imprime
Naturel abus.
Que manie,
Je vous prie,
Que folie,
Grand dieu, quel abus,
Qui vu tas de gens,
À la porte
Nous apporte
Leur argent.
une autre bergère
Air : Charivari
Quelque chaine,
Que l’on prenne,
Point de souci.
Quittez la votre, inhumaine,
Venez ici ;
Ne songez qu’à vous divertir,
Charivari.
une autre bergère
Ce n’est qu’une bagatelle
Que tout ceci.
Si la pièce vous rappelle,
Revenez-y.
Êtes-vous mieux ailleurs qu’ici ?
Demeurez-y.
chœurdepeuple
Air : Échos
Que ces lieux sont charmants !
Que nous goûtons de doux moments,
Oh, l’heureux temps !
Répondez-, jeunes bergères,
Livrez vos tendrez cœurs
À mille douceurs
Que l’amour
Cause nuit et jour
Et qu’il fait sentir tour à tour.
callirhoé, au peuple
Air : Ah, qu’il est long, dondon
Vous les aurez ces jours charmants,
Vous êtes tous des innocents
Que j’aime.bis
Ah ! Cachons un instant
Ma peine extrême.
chœurdepeuple
Nous avons tous pas à pas,
Fut-ce pour voler au trépas,
Princesse, princesse :
Non, vous n’en verriez pas
Qui ne s’empresse.
Scène iv
la reine, callirhoé, les peuples
la reine, arrive
Air : Ah, qu’il est long, dondon
Y vois-je clair, n’y vois-je pas ?
Ma fille à deux doigts du trépas ?
Je l’aime, [je l’aime]
Ah ! Dans quel embarras
Suis-je moi-même !
la reine, au peuple
Air : Mariez, mariez-vous
Êtes-vous devenus fous,
Parlez, maudite canaille.
Pour rien, je vous ferais tous
Plaquer contre la muraille.
Sortez, indignes, retirez-vous,
Ou je vous rosse de coups.
callirhoé, à la reine
Air : Souffrez que l’amour vous blesse
Souffrez que ce peuples espère
De dissiper son effroi.
Ne futes-vous pas la mère
Avant que l’être à moi ?
Scène v
agénor, la reine, callirhoé et les peuples
agénor, arrive
Air : Oserait-on vous demander
Peuples, qui montrez tant d’amour,
Votre mal n’est pas sans retour.
Je vais jouer un joli tour
Pour sauver la princesse !
Votre mal n’est pas sans retour,
Que votre douleur cesse.
agénor, à Callirhoé
Princesse, frottez-vous les yeux :
Votre sang est trop précieux.
Ne pleurez plus : grâce aux dieux,
Je sais tout le mystère.
Votre sang est trop précieux,
Je ferai votre affaire.
callirhoé
Quoi ! Vous voudriez, mon cher amant !
agénor
Trêve de tant de compliment.
callirhoé
J’aimerais mieux, dans ce moment...
agénor
Voulez-vous bien vous taire ?
Trêve de tant de compliment,
Je ferai votre affaire.
finacte
Acte v
Le théâtre représente le temple de Bacchus, orné pour le sacrifice de la victime.
Scène i
corésus seul
corésus
Air : Turelure
Que de trouble dans mon cœur !
Oh ! La cruelle aventure !
D’immoler à ma fureur,
Turelure,
Agénor et ma future,
Robin turelure.
Il faut que je mette fin
Au suplice que j’endure,
En immolant ce faquin
Turelure,
C’est une vengeance sûre,
Robin turelure.
Mais je vais, le lendemain,
Voir la pauvre créature
S’arracher à pleine main,
Turelure,
Ses cheveux et sa coiffure
Robin turelure.
Scène ii
callirhoé, corésus
callirhoé, à Corésus
Air : Buvons encore un coup, notre vie n’est pas peu longue
Seigneur, ignorez-vous
Que l’autel est tout prêt
Et le ciel en courroux ?
Ah ! Ne suspendez plus
Le dernier de vos coups.
corésus
Princesse, pensez mieux
Je vais vous expliquer
Ce qu’ordonnent les dieux
Et vais répandre un sang
Beaucoup moins précieux.
callirhoé
Barbare, ne crois pas
En frapant Agénor
Me sauver du trépas.
Tu me verras bientôt
Le suivre pas à pas.
corésus
Air : Lucas me disait ce matin
Que la foudre en mille carreaux
Écrase comme des crapauds
Calydon et tout son empire,
Avant que de vous voir périr
Je périrais plutôt moi-même.
Quelle douceur, quel plaisir,
De pouvoir sauver ce qu’on aime.
Quelle douceur etc.
callirhoé, voyant arriver Agénor avec le peuple
Air : Et quand je le vois venir
Mais ne vois-je pas paraître
Agénor, qu’on mène ici ?
Frappez, dépéchez-vous, traître,
j’attends, et l’ordonne ainsi.
Et quand je le vois venir
J’ai le cœur tant à mon aise etc.
Scène iii
corésus, callirhoé, agénor, prêtres et peuples
callirhoé, à Agénor
Air : L’amour fait la nuit et le jour
Ah ! Prince, où venez-vous ?
agénor
Où mon amour me guide.
À Corésus.
Ministre, de vos coups...
callirhoé
Non, c’est moi qui décide
En amour, la nuit et le jour.
corésus
Air : Zist et zest, point de chagrin
Couples d’amants trop fortunés,
Princesse que j’estime,
C’est à moi, devant votre nez,
De choisir la victime.
Vous serez contents
Dans très peu de temps,
Trop heureux amants.
Il tire un poignard.
Zist et zest, point de chagrin,
Il se passe le poignard à droite et à gauche, sans se toucher.
Je ne puis, je ne peux, je me poignarde.
Zist et zest, point de chagrin,
Je me poignarderai demain.
callirhoé
Air : Vraiment, ma commère, oui
Vous poignardez-vous ainsi ?
corésus
Vraiment, ma commère, oui.
callirhoé
Vous nous en donnez à croire ?
corésus
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
callirhoé
Ce poignard entrerait-il ?
corésus
Vraiment, ma commère, oui.
Il se frappe entre ses jambes et tombe. Agénor le soutient avec Pierrot et autres.
callirhoé, à Agénor
Est-il bien prêt de mourir ?
agénor
Vraiment, ma commère, oui.
callirhoé
Demandez-lui s’il veut boire.
corésus
Vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.
corésus, en mourant
Je meurs d’un mal dont je ne puis guérir,
Et ce mal vient de vous avoir trop vue.
Mon chagrin n’est pas de mourir,
Mais de mourir, hélas ! Sans vous avoir,
Faut-il mourir ?
callirhoé, à Agénor
Je crains les coups
Et les funestes armes d’un amant jaloux.
Scène iv
bacchus, sa suite et les acteurs de la scène précédente
bacchus, paraît et chante, le verre à la main
Air : Et vogue la galère
Chantons à la mémoire
Du pauvre Corésus.
Que l’on me verse à boire
De cet aimable jus.
Et vogue la galère
Tant qu’elle pourra voguer.
Que dans notre hémisphère
J’en connais aujourd’hui,
Belle, qui pour vous plaire,
Se frappent comme lui !
Et vogue la galère
Tant qu’elle pourra voguer.
Trop charmante princesse,
Et vous, bel Agénor,
Allez, le temps vous presse,
Jouïr de ce trésor.
Et vogue la galère
Tant qu’elle pourra voguer.
finacte