Charles-Simon Favart
Farinette
Parodie de Proserpine
Représentée à la foire Saint-Germain
1741
Ms Bnf fr 9312
definitacteur, chœur de filles chœurdefilles
Acteurs
Pluton, charbonnier
Ascalaphe, son maître garçon
Cérès, la boulangère
Farinette, fille de Cérès
Aréthuse, batelière
Alphée, batelier
Cyané, sevante de la boulangère
Galopin, clerc du Bailly
Mitrons et mitronnes
Charbonniers
La scène est à Gonesse.
Farinette
Le théâtre représente la cour de la maison de Cérès.
Scène i
cérès, galopin
galopin
Air : L’amour n’est plus comme au vieux temps
Bonjour dadouillette Cérès,
La fine fleur des boulangères.
Mon maître ici m’envoie exprès
Afin de vous parler d’affaires.
cérès
Voudriez-vous pour mes attraits
Faire l’office de Mercure ?
galopin
Lurelurelure
Tonton etc.
cérès
Air : Non, je ne ferai pas [ce qu’on veut que je fasse]
Parlez, mon Galopin, que venez-vous m’apprendre ?
galopin
Le Bailly près de vous m’ordonne de me rendre.
cérès
Non, non, à vos discours, je n’ose ajouter foi.
Eh ! Puis-je me flatter qu’il songe encore à moi !
galopin
Air :
Il a lieu de s’en souvenir.
Mais pourquoi nous entretenir
De votre passion antique ?
Voici ce qu’on vous veut enfin :
Au marché portez votre pain,
Ah ! Vite, partez sans réplique.
cérès
Air : Si Margoton avait voulu
Mais le Bailly m’avait promis
D’être toujours de mes amis.
galopin
Le temps passé n’est plus,
Talala,
Le temps passé n’est plus,
Tous vos regrets sont superflus.
Air : Tomber dedans
Il a bien le temps, par ma foi,
De songer à votre tendresse.
cérès
Il eût toujours autant d’emploi
Hélas ! Quand j’étais sa maîtresse.
N’avait-il pas sans se gêner
Du temps de reste à me donner ?
À me donner,
À me donner.
Du temps de reste à me donner.
Air : Ah ! Qu’il y va gaiement
Hélas ! Qu’il serait charmant
S’il aimait constamment !
Je l’ai vu plein d’empressement
Lorsque j’étais jeune fille.
Ah ! Qu’il allait, le bon drille,
Ah ! Qu’il allait gaiement.
Air : Colette
S’il pouvait avoir quelque excuse
Je la trouverais mieux que lui.
galopin
À force d’aimer l’amour s’use :
Cette excuse est de bon aloi.
Air : Et tant, tant, tant
Le Bailly doit être en réserve,
À présent, il a l’esprit mûr.
De plus sa jalouse l’observe,
De la tromper il n’est pas sûr.
Et puis s’il faut qu’on vous le dise
Vous n’êtes, ma foi, plus de mise,
Et fi, fi, fi.
Votre amour me scandalise,
Ne débauchez pas un mari.
Air : Tout cela m’est indifférent
Fuyez ses ordres seulement.
cérès
Allez, je pars dans un moment.
Scène ii
cérès, aréthuse
cérès
Approchez, gentille Aréthuse,
Je cours au marché de ce pas.
Qu’avec vous ma fille s’amuse
Pendant que je n’y serai pas.
aréthuse
Air : J’ai la plus méchante femme
Non, il faut que je vous laisse,
Ne m’arrêtez plus ici.
Je ne suis pas de Gonesse,
Je m’en retourne à Poissy,
J’ai vécu chez vous ma chère,
Adieu donc et grand merci.
cérès
Eh, quoi, cela batelière
Vous vous en tirez ainsi ?
aréthuse
Air : À l’ombre de ce vert bocage
Un amant me suit à la piste,
Je ne veux pas le regarder.
Je dois partir à l’improviste,
Car j’ai mon honneur à garder.
Pour fuir ce gentil personnage
Par un effort des plus nouveaux
Je me suis jetée à la nage
Il m’a suivie entre deux eaux.
cérès
Air : Adieu voisine
Peut-être qu’il vous attendrit.
Vous craignez son mérite ?
Ah ! Votre rougeur vous trahit.
Vous faites l’hypocrite.
Par hasard le fripon d’amour
Vous aurait-il ma chère
Là joué quelque mauvais tour ?
aréthuse
Oui, ma commère.
Air : J’en ferai la folie
Aidez-moi, par bienséance,
À fuir ce jeune homme.
J’ai trop peur de sa constance,
J’irais jusqu’à Rome
Si je le vois encor
cérès
Eh bien !
aréthuse
Tenez, je ne réponds de rien.
J’en ferai la folie, ma mie,
J’en f[erai la folie.]
cérès
Air : N’y a pas de mal à ça
Soyez moins rebelle !
aréthuse
Que dites-vous là ?
cérès
Votre amant ma belle
Chez moi logera,
N’y a pas d’mal à ça
[N’y a pas d’mal à ça.]
aréthuse
Ma mère était bien obligeante
Ma foi, Cérès l’est encore plus.
cérès
Air : Ça vient comme le chiendent
Ne fuyez plus les amours,
On n’en trouve pas toujours.
aréthuse
Votre morale est gentille.
cérès
Demeurez avec ma fille.
Air : Réveillez-vous, [belle endormie]
Veillez avec un soin extrême
Siur ce jeune objet plein d’appas.
aréthuse
Je ne puis me garder moi-même,
Comment la garderais-je hélas !
Scène iii
aréthuse
aréthuse
Air : Ah ! Petit à petit
Vaine et faible rigueur,
Malgré moi je m’engage.
Ah ! J’aurai bien du bonheur
Si je reste longtemps sage.
Ah ! [J’aurai bien du bonheur
Si je reste longtemps sage.]
Air : Ah ! Venez-y toutes
Ah ! Ah ! Ah ! Vertu sévère,
Hélas ! Que vous ne savez guère
Défendre mon cœur !
Air : Je n’saurais, [je suis encore trop jeunette]
Vous me prêtez assistance,
En vain j’appelle l’honneur,
Il me laisse sans défense
Aux traits de l’amour vainqueur.
Je n’saurais
Faire longue résistance,
J’en mourrais.
Air : Souvenez-vous-en
Je vois mon amant transi,
Faut[-il] qu’il jouisse ici
Du galant trouble où je suis.
Fuyons... si je puis.
Ma foi, je ne puis.
Il en sera
Ce qu’il pourra.
Voyons, comment il s’y prendra.
Scène iv
alphée, aréthuse
alphée
Air : Ma sœur, je vous félicite
Demeurez, beauté sévère,
Et de moi, faites plus de cas.
N’ayez ni crainte ni colère,
Je ne vous tourmenterai pas.
aréthuse
Air : Non, vous ne m’aimez pas
Ce n’est pas là mon compte.
Alphée
alphée
Oh ! C’en est fait.
À la parfin, j’ai honte
D’être vôtre barbet.
Je vous envoie au diable,
Tous mes nœuds sont rompus.
aréthuse
Est-il bien véritable,
Quoi, vous ne m’aimez plus ?
alphée
Air : Jean de Nivelle
Je vous quitte tout à fait
Vous ressemblez trait pour trait
Au chien de Jean de Nivelle
Qui s’enfuit quand on l’appelle,
Oh ! Bien vous courez ma foi
À votre tour après moi.
aréthuse
Air : Le prévôt
Mais je ne fuis plus maintenant.
Il n’y réfléchit nullement.
Ah ! Pour ne pas voir ma faiblesse
Il faut qu’il ait l’esprit bouché.
Mon amant a bien peu d’adresse.
J’en suis quitte à trop bon marché.
alphée
Air : Ma mère a du pouvoir, commères
Farinette vaut mieux que vous,
Et je m’en vais lui faire les yeux doux.
aréthuse
Si Farinette est la plus belle,
Elle est aussi la plus cruelle.
alphée
Air : Routes du monde
Hé bien, vous parlerez pour moi.
Acceptez ce galant emploi,
Près d’elle, rendez-moi service.
aréthuse
Vous vous adressez bien vraiment
Adieu, bonsoir, pauvre Jocrisse,
Vous m’ennuyez infiniment.
alphée
Air : Blande loquimini
Aréthuse me laisse
Sans espoirs de secours.
aréthuse
Me suivrez-vous sans cesse ?
alphée
Me fuirez-vous toujours ?
aréthuse
Me suivrez-vous toujours ?
alphée
Me fuirez-vous toujours ?
aréthuse
Me suivrez-vous toujours ?
alphée
Me fuirez-vous toujours ?
Scène v
cérès, farinette, mitrons, mitronnes
farinette
Air : Boulanger de Gonesse
Cérès quitte Gonesse
Pour conduire son pain.
chœur
Bon voyage, maîtresse,
Revenez à Gonesse
Avant demain.
Bon voyage, maîtresse,
Tout vous empresse
Couvrez-vous bien
Peur du serein.
cérès
Air : En charrette
Aïe ! Aïe ! Dia mes enfants,
Je sors pour peu de temps,
Soyez gais et contents.
Aïe ! Aïe !
Farinette m’amour,
Je serai de retour
Aïe ! Aïe !
Avant la fin du jour.
Je crains pour vos appas,
On suivra tous vos pas
Chez moi point de fracas
Ma fille soyez bien sage,
Ne sortez pas.
Vous, filles et garçons,
Mitronnes et mitrons,
Ayez bien soin de mon ménage,
Aïe ! Aïe, marchons.
Scène vi
farinette, chœur
farinette
Air : Dansons le nouveau cotillon
Puisque maman n’est plus céans,
Ne travaillons plus, donnons-nous du bon temps.
chœur
La maîtresse n’est plus céans,
Ne travaillons plus, [donnons-nous du bon temps.]
farinette
À toute outrance,
Que l’on danse,
Sans rime et raison,
À faire trembler la maison.
chœur
La maîtresse n’est plus céans,
Ne travaillons plus, [donnons-nous du bon temps.]
farinette
Air : La découpure
La maison va tomber sur nous !
Ciel ! Le plancher s’ouvre
Et la cave se découvre.
La maison va tomber sur nous,
Voilà ce qu’on gagne à trop faire les fous.
chœur
Dénichons, [dénichons, dénichons], tous
La voûte s’écroule,
Toute la maison s’éboule,
Dénichons,[dénichons, dénichons, tous]
Voilà ce qu’on gagne à trop faire les fous.
Scène 7
alphée
alphée
Air : Ah ! Que tu m’importunes, amour
Heureux qui change chaque jour
De la blonde à la brune.
J’aime Aréthuse sans retour
Hélas ! Quelle infortune.
Oh ! Que tu m’importunes amour,
Amour, que tu m’importunes.
Scène viii
alphée, ascalaphe
alphée
Ascalaphe le charbonnier
Est donc dans ce village ?
ascalaphe
Eh ! Bonjour, gentil marinier,
Comment va le courage ?
Air : Le prévôt
Pour voiturer notre charbon
Nous avons pris par ce canton.
Les grandes eaux en sont la cause
Aréthuse est ici, dit-on
Et Pluton permet que je cause
Un moment avec ce tendron.
Air : Le pont d’Avignon
Dans nos bois, je l’ai vue, oh ! Morgoi, qu’elle est belle !
Ce qui m’en plait le mieux, c’est qu’elle t’est cruelle.
alphée
Comment, je t’ai donc pour rival,
À quoi bon me le dire en face ?
ascalaphe
Oh ! Je ne crains rien de fatal,
Je te connais bonace.
[Oh ! Je ne crains rien de fatal,
Je te connais bonace.]
alphée
Air : Marche française
Aréthuse est cruelle. Étouffe un vain espoir.
Moi, qui te parle, moi, je ne puis l’émouvoir.
ascalaphe
Nigaud, je le crois bien, tu n’as pas grand pouvoir,
Tu ne sais pas le hic, quelqu’un peut le savoir.
Air : Boulogne
Je m’en vais trouver ton trognon.
Scène ix
alphée
alphée
Bon, me voilà joli garçon :
Ma maîtresse m’envoie au peautre,
J’ai fait l’amour, c’est pour un autre.
Scène x
alphée, aréthuse
alphée
Air : Confiteor
Belle Aréthuse, écoutez-moi !
De vous, je ne veux plus me plaindre.
aréthuse
Je reste avec vous sans effroi
Car vous n’êtes pas fort à craindre.
Un beau garçon si doucereux
D’ordinaire est peu dangereux.
alphée
airvide
Ascalaphe ici va paraître.
aréthuse
Vous sied-t-il de m’en avertir ?
alphée
Vous le cherchez ici peut-être ?
aréthuse
Peut-être empêche le mentir.
alphée
Par lui vous êtes plus humaine.
Mais je suis un sot animal,
Un vrai cheval,
Je fais fort mal
De prendre moi-même la peine
D’amener ainsi mon rival.
Air : Hé bien !
Vous cédez trop facilement
Aux vœux de ce nouvel amant.
Le prix d’un cœur fidèle.
aréthuse
Hé bien ?
alphée
N’était dû qu’à mon zèle.
Vous m’entendez bien.
aréthuse
Air : Que devant vous tout s’abaisse et tout tremble
Vous avez mis ailleurs votre tendresse,
De me blâmer je vous trouve plaisant.
Quoi, de mon cœur ne suis-je pas maîtresse ?
À qui je veux j’en puis faire présent.
Que vous importe
Qu’un autre emporte
Un prix, hélas !
Qui ne vous tente pas ?
Air : Le tran, tran
Oh ! Je n’aime pas qu’on me brave.
Quand je voulais vous approcher
Dans le grenier ou dans la cave,
D’abord vous alliez vous cacher.
Vous me plantiez là.
aréthuse
L’imbécile !
Fuir pour attirer son amant
C’est le tran, tran, [tran, tran,]
D’une fillette habile.
alphée
Air : Le capucin
Si je disais que je vous aime,
Vous fuiriez encor tout de même.
aréthuse
Il arrive des accidents,
Souvent en fuyant le pied glisse,
Mais ne soyons pas plus longtemps
La dupe d’un sot artifice.
Air : Vogue la galère
Pourquoi cette manière ?
Tu m’aimes, je le vois.
alphée
Oui, belle marinière.
aréthuse
Je n’aime aussi que toi.
ensemble, ensemble
La fuite était grossière.
alphée
Touche donc là, maman.
ensemble, ensemble
Et vogue la galère,
Lalère, [lanlère],
Et vogue la galère
Finissons le roman.
Scène xi
alphée, aréthuse, ascalaphe
alphée
Air : Ah ! Je n’m’en soucie guère
Tu disais donc compère
Que tu savais lui plaire,
Mais j’ai sur toi le pas.
ascalaphe
Oh ! Je n’m’en soucie guère.
aréthuse
Il a sur toi le pas.
ascalaphe
Oh ! [Je n’m’en soucie guère.]
aréthuse
Même air
Je vais en ta présence
Couronner sa constance
En chantant un duo.
ascalaphe
Oh ! La belle vengeance !
alphée
En chantant un duo.
ascalaphe
Oh ! Faisons le trio.
Canon
aréthuse
Pour être heureux faut...
alphée
Aimer bien
Tarare, tarare, il faut s’aimer bien.
ascalaphe
N’aimer rien.
Tarare, tarare, il faut n’aimer rien.
Scène xii
pluton, aréthuse
pluton
Air : Place à messieurs
Paix là ! Paix là ! Plus loin qu’on aille braire.
Quand je parais tout un chacun doit se taire.
Place à Pluton ! [Place à Pluton !]
Éloignez-vous ! Toi demeure, ma chère.
Air : Beau marinier
La belle enfant, écoute moi.
Je n’en ferai pas devant toi
Un long discours mal à propos.
Voici le fait en quatre mots :
Air : Margot la ravaudeuse
Farinette est gentille.
J’aime à voir ce tendron.
Je suis un fort bon drille,
Amène-la moi donc.
Ne tarde pas ma fille,
On appelle ceci
Service d’ami.
aréthuse
Air : Prête-le moi donc
Monsieur je vous refuse
Avec toute raison.
pluton
Ne cherche point d’excuse,
Pourquoi tant de façons ?
Eh ! Prête-le moi donc !
Ton secours Aréthuse,
Prête-le moi donc,
Ton secours s’il est bon.
aréthuse
Même air
Mais chacun me blâmera.
pluton
Qu’on blâme tant qu’on voudra
Pourquoi ce scrupule-là ?
Fais tout comme à l’opéra,
Allons donc bon talala.
aréthuse
Air : Près du bal
Farinette est innocente,
Elle a trop peur d’un amant.
Peut-on pour cette indolente
S’intéresser un moment ?
Rien ne la touche :
La sotte a du sentiment
Comme une souche.
Air : Un abbé dans un coin
Cachez-vous dans le coin
Sans témoin.
La belle n’est pas loin.
Oh ! Pour voir Farinette
De moi qu’a-t-il besoin ?
Je trahis la pauvrette
Dont je dois avoir soin.
pluton
Air : Elle aimait la musique
Si je la vois, ma chère
Il n’importe comment,
Pour cette boulangère
Je souffre infiniment.
Ascalaphe viens promptement
Savoir mon douloureux tourment.
Scène xiii
pluton, ascalaphe
ascalaphe
Air : Lustucru
Quel souci vous inquiète ?
pluton
Je m’en vais t’en faire part.
Tantôt j’ai vu par hasard
Une fillette.
Plasangué j’en suis féru,
L’eusses-tu cru ?
Air : Margot y était à la fontaine
Al s’en allait à la fontaine
En dardillon, en mistico, en dar, dar, dar, [dar,]
L’amour entra dans ma poitraine
Et mon cœur s’est senti mistificoté,
Frappé.
Air : J’ai fait une maîtresse
La belle Farinette
M’a fait son amant.
C’est une brunette
Qu’ia de l’agrément.
Jamais créature
N’eut de si beaux yeux ;
Pas même en peinture.
C’est ma mie, j’la veux !
ascalaphe
Air : Flon, flon [larira dondaine]
Pour l’amour quelle gloire
D’avoir soumis Pluton !
ensemble, ensemble
Chantons donc sa victoire,
Ensemble chantons donc.
Flon, flon, [larira dondaine
Flon, flon, larira dondon.]
pluton
Air : Tourelourirette, ô liron fa
J’entends, je crois, Farinette
Tourelourirette ô liron fa
De cette cachette-là,
Tour[elourirette ô liron fa]
À loisir observons la.
Tour[elourirette ô liron fa]
Scène xiv
farinette, aréthuse, cyané, suite
farinette
Air : Je veux garder ma liberté
Venez, venez dans ce vallon
Chanter des chansonnettes.
Crainte d’abattre la maison
Sautons sous les coudrettes.
Fuyons les garçons,
Folâtrons, dansons
Entre nous autres fillettes.
chœurdefilles
Fuyons les garçons,
[Folâtrons, dansons,
Entre nous autres fillettes.]
Danse des niaises.
farinette
Air : Oh, maman, je me meurs d’envie
Votre danse est trop ennuyeuse,
Jouons à quelque petit jeu.
cyané
Est-ce à la queue-leu-leu ?
Ou bien à la fileuse ?
Est-ce au corbillon, qui met-on ?
farinette
À la clamisette,
La douce amusette
Ça, cachez-vous donc !
Scène xv
les précédents, pluton, ascalaphe, suite
pluton
Air : Et moi itou
Sortons de notre cachette,
Secondez-moi tous.
Pour enlever Farinette
J’ai besoin de vous.
farinette
Oh ! Quelle mine effroyable !
cyané
Ma mignonne, c’est le diable.
Sauvons-nous !
farinette
Oui, sauvons-nous !
pluton
Air : J’ai du bon tabac
Venez avec moi belle Farinette.
N’appréhendez rien,
Vous serez fort bien.
Quoique je sois un peu brutal,
Je ne vous ferai point de mal.
ascalaphe
Car, quoiqu’il soit un peu brutal,
Il ne vous [fera pas de mal.]
chœur
Venez avec nous, belle Farinette
Avec le vaurien
Vous serez fort bien.
farinette
Air : Ah ! Fripon, que faites-vous là
Vous chiffonnez mon falbala.
farinette, cyané, ensemble
Ah ! Fripon, que faites-vous là ?
pluton
Bon, bon, ce n’est rien que cela.
pluton, ascalaphe, ensemble
Laissez, laissez-vous faire.
farinette, cyané, ensemble
Ah ! Fripon, que faites-vous là ?
farinette
Ciel ! Que dira ma mère ?
cyané
Air : La belle perruque
Jamy, je vais tout de bon
Te casser la nuque.
Veux-tu bien lâcher ce tendron !
On la garde pour le mignon,
La belle perruque,
Le beau ballet d’jonc !
pluton
Air : Toi, ta gueule
De moi tu dois te défier.
Morbleu ! Je suis un peu sorcier,
Tu pourrais bien t’en mal trouver.
Paix, bégueul !
Toi, ta gueule !
Hors d’ici,
Va au diable
Et la laisse enlever.
Air : Turlurette
Ne songe qu’à détaler,
Je te défends de parler
Sous peine d’être muette.
Turlurette.
farinette, cyané, ensemble
Farinette ! Pauvre Farinette !
pluton
Air : Allons voir, allons voir, allons voir
Suivez-nous.
farinette
Au secours, au secours.
pluton
Tous vos cris sont inutiles.
farinette
Au secours, au secours, au secours.
pluton
Vous ne crierez pas toujours.
chœur
N’appréhendez rien, belle Farinette.\indicreprmus Ci-dessus
Scène 16
aréthuse, alphée, chœur
chœur
Air : Belle brune
Farinette ! Farinette !
En quel endroit êtes-vous ?
Vainement l’écho répète,
Farinette.
aréthuse
Air : La besogne
Ah ! Grands dieux ! Que de bacchanale !
J’ai causé ce trouble fatal !
Mais, hélas, c’était sans malice.
alphée
Je ne vous crois pas si novice.
aréthuse
Air : Nouveau monde
Pluton ce méchant garnement,
Pour Farinette, apparemment
Ressent une flamme amoureuse.
Et j’ai cru fort innocemment
Qu’il voulait la voir seulement
Comme une pièce curieuse.
Air : Ni roi ni prince
Cet aigrefin d’humeur altière
L’emporte dans sa charbonnière.
Je cours après pour le savoir.
alphée
Restez ! Voulez-vous que l’on dise
Que vous allez pour recevoir
Le prix de votre marchandise ?
aréthuse
Air : Le trot
J’agirai sans raison
Comme à mon ordinaire
Je pars...
alphée
Attendez donc !
Je vous suis en affaire.
Un tendre amant est-il jamais de trop ?
Jamais de trop ?
Prenons la porte et courons au galop.
ensemble, ensemble
Un tendre amant [est-il jamais de trop ?
Jamais de trop ?
Prenons la porte et courons au galop.]
Scène xvii
cérès
cérès
Air : Lurelu
Ma chère Farinette !
En quel endroit es-tu ?
Lurelu
Viens m’embrasser poulette,
J’aime en toi ton papa !
Lurela
Lurelu, lirette
Farinette, es-tu là ?
Air : Je vous la gringole
Mais quoi, je l’appelle en vain,
Elle a fait ici du train,
Elle est chez quelque voisine
À faire la folle.
Je vous la grin, grin,
[Je vous la gringole.]
Air : Y avance
Quoi ! Personne ne me répond !
De la sort me reçoit-on ?
D’où vient donc ce triste silence ?
Y avance, [y avance,]
Venez mitrons en diligence.
Scène xviii
cérès, mitrons
cérès
Air : J’étais perdue
Je ne vois point ma fille ici ?
chœur
Ô, mère trop tendre !
cérès
Quels cris ! Que veut dire ceci ?
Daignez me l’apprendre.
chœur
Pauvre Farinette. Hélas !
cérès
Qu’est-elle devenue ?
Tirez-moi donc d’embarras.
chœur
Elle est perdue.
Air : J’étais perdue
Comment donc est-ce là le soin
Que vous en deviez prendre ?
Cherchez-là donc.
une mitronne
Elle est bien loin.
cérès
Ciel ! Que viens-je d’apprendre ?
la mitronne
Un amant a choisi le temps,
Pour ravir Farinette,
Que j’étions à jouer aux champs
À la cligne-musette.
cérès
Air : En revenant de Pontoise
On ose enlever ma fille
Jarnonbleu ! Tête-bleu !
Nommez-moi vite le drille
Ventre non d’un chien
Que je l’étrille.
Scène xix
cérès, cyané, suite
cyané
Air : Ce sont les fill’ de la chapelle
Malgré sa terrible maman,
Mon zèle va se signaler.
Car on ne peut, quoi que l’on fasse,
Empêcher fille de parler.
Air : Un canard
J’ai fait tout ce que j’ai pu faire.
cérès
Allez vite au fait s’il vous plait,
Nommez, nommez le téméraire.
cyané
C’est... C’est... C’est...
cérès
Direz-vous toujours c’est ?
Air : Car mon cœur n’est point partagé
Achevez, sachons le sort
De ma chère Farinette.
cyané
Ah ! Madame, c’est pis qu’un sort :
Je sens que je deviens muette !
Et je me résous tout en eau,
Je m’en vais former un ruisseau.
[Et je me résous tout en eau,
Je m’en vais former un ruisseau.]
cérès
Air : Le cotillon couleur de rose
Rien de pis ne peut m’arriver.
On m’ôte une fille que j’aime !
Ah ! Plutôt que de l’enlever,
Que ne m’enlevait-on moi-même ?
Je plains vraiment,
La pauvre enfant.
Sa délicatesse est extrême,
J’aurais mieux qu’elle assurément
Supporté ce triste accident.
chœur
Air : Le triolet
Ô trop malheureuse Cérès !
cérès
Je perds une fille si chère !
On n’a point fait courir après
Ô trop malheureuse Cérès !
Le bailli sourd à mes regrets
Ne songe plus qu’il est son père.
chœur
Ô trop malheureuse Cérès !
cérès
Hélas ! Ô malheureuse mère.
Air : Patapan
Patapatapan, par la corbleu !
Par la sambleu !
Il faut que tout cède à ma rage.
Faisons tapage,
Par la corbleu !
Patapatapan, par la sambleu !
À ma maison, mettons le feu,
N’est-ce pas se venger plaisamment d’un outrage ?
Patapatapan, par la corbleu !
De me ruiner je fais vœu.
chœur
Au feu ! Au feu ! Au feu !
cérès
Nous allons voir beau jeu.
chœur
Au feu ! [Au feu ! Au feu !]
cérès
Nous allons [voir beau jeu.]
chœur
Pourquoi vous causer ce dommage ?
cérès
Patapatapan, [par la corbleu !]
De me ruiner je fais vœu.
chœur
Au feu ! [Au feu ! Au feu !]
Scène 20
farinette, ascalaphe
farinette
Air : J’ai perdu ma liberté
J’ai perdu ma liberté
Par un cruel outrage.
Ce trésor qui m’était resté
Hélas ! Jusqu’à mon âge,
Pour jamais va donc m’être ôté.
Ah ! Grands dieux ! Quel dommage !
ascalaphe
Air : Compère Simon
Aimez, mon trognon,
Car rien n’est si bon.
Aimez, aimez qui vous aime.
Mon maître Pluton
Est un bon garçon,
Pour vous sa flamme est extrême.
chœur
Aimez, aimez donc,
Car rien n’est si bon,
Aimez, aimez qui vous aime.
ascalaphe
Air : Il a la fine montre
Il a la fin’montre au gousset,
Cet amour est bien votre fait.
Vous serez la première
De cette charbonnière.
chœur
Aimez, aimez donc,
[Car rien n’est si bon,
Aimez, aimez qui vous aime.]
Scène xi
farinette, aréthuse, alphée, ascalaphe
farinette
Air : Ma sœur, t’en a-t-on fait autant
Que vois-je ? Est-ce un enchantement ?
Est-ce Aréthuse ?
aréthuse
Et oui vraiment !
farinette
Grands dieux, qu’est-ce que dit ma mère ?
On m’a ravie insolemment
Quel tourment !
Hélas ! T’en a-t-on fait, tontaine,
Hélas ! T’en a-t-on fait autant ?
aréthuse
airvide
De Pluton il faut vous louer
À tort sa flamme vous irrite
De sa part, pour lui ma petite,
Nous venons vous amadouer.
Air : Ce n’est plus la mode des amours
Rien n’est impossible
À l’amour constant.
alphée
Pluton est habile,
Il sera content.
aréthuse, alphée, ensemble
Rien n’est impossible
[À l’amour constant.]
ascalaphe
Air : Il est certains petits moments
Il est certain petits moments
Où les belles ont le cœur sensible.
Il est [certain petits moments]
Que Pluton peut trouver aisément
Ce bois paisible
N’a rien d’horrible,
Quand un amant
Y vient galamment
Soulager son tendre tourment.
alphée, aréthuse, ascalaphe, ensemble
À l’amour constant tout est possible,
Il est [certain petits moments
Où les belles ont le cœur sensible.]
farinette
Air : Naïades
Aréthuse est aussi complice,
Aux amants elle rend service,
Ce caractère est obligeant.
Ingrate, évite ma colère.
Ma bonne mère en t’hébergeant
Reçut chez elle une vipère.
À Ascalaphe.
Air : Les proverbes
Je sais aussi de la sorcellerie.
Un vieux berger m’apprit certains secrets.
Toi, dont la voix à mes oreilles crie,
Tu vas en éprouver l’effet.
Air : Nanon dormait
Puisqu’aucun art
Ne peut te faire taire,
Maudit braillard
Qui n’est propre qu’à braire,
À Montmartre va donc.
ascalaphe
Hi ! Hon ! Hi ! Hon !
farinette
Deviens à l’instant un ânon.
Scène xii
pluton, farinette
farinette
Air : C’est encore mieux
Venez-vous prendre le parti
De cet homme incommode ?
pluton
Vous êtes la maîtresse ici,
Vous êtes à votre mode.
De mon ami, je n’ai point de regret,
C’est fort bien fait,
[C’est fort bien fait.]
farinette
Laissez-moi, vite éloigner de ces lieux,
C’est encore mieux,
[C’est encore mieux.]
pluton
Air : Étant à l’hôpital
Restez, restez ici
Je vivons sans souci.
Vous y serez heureuse,
L’été sous cet ombrage épais
J’irons tous deux prendre le frais.
Si vous êtes frileuse,
Pour vous réchauffer mon cher cœur,
Je ne manquons pas de chaleur.
farinette
Air : Non, j’n’irai plus, j’n’irai pas
J’aurai ici trop peur des loups,
[J’aurai ici trop peur des loups.]
pluton
La nuit je serai près de vous
Mon petit toutou, ô, gué lanla.
farinette
Non, je n’veux pas, je n’oserai pas, je meurs d’effroi,
Ces bois sont bien les enfers pour moi.
Air : Le fils d’Ulysse
De moi, maman va bien être inquiète,
Elle aura bien raison.
pluton
Ne pleurez pas, ma petite poulette.
Vous aurez du bon, bon
Je trouverai le moyen de vous plaire.
farinette
Je veux voir ma mère, moi !
Je veux [voir ma mère.]
Hélas !
pluton
Air : Tu n’manieras pas mon minet
Ne donnerez-vous donc
Des soupirs qu’à votre mère ?
Je vous ferai, je vous réponds
Soupirer d’une autre façon.
Air : Ah ! ah ! ah ! Aimons-nous
Soyez ma parsonnière,
N’ayez point de courroux.
Allons donc, queu manière,
Prenez un air plus doux.
Aimons-nous,
[Aimons-nous.]
Ah ! Ah ! Ah ! Aimons-nous.
Mon cœur est tout à vous.
farinette
C’n’est pas pour vous
Que le four chauffe.
[C’n’est pas pour vous
Qu’on cuit chez nous.]
pluton
Je ne suis pas si diable
Que je suis noir.
farinette
Air : Pendu
Ah ! Ah ! Regardez-moi pleurer.
pluton
Ouf ! Écoutez-moi soupirer.
farinette
Ah ! Que vous me causez d’alarmes !
pluton
Ne vous en prenez qu’à vos charmes.
farinette
Ah ! Ah ! Regardez-moi pleurer.
pluton
Ouf ! Écoutez-moi soupirer.
Duo
Ah ! Barnaba.
deuxcol, \farinette
Hélas ! Hélas !
Ma tristesse mortelle,
Hélas ! Hélas !
Ne vous touchera donc pas.
Ma peine cruelle
Vous réjouit-elle ?
Ma peine cruelle
A pour vous des appas.
Hélas ! Hélas !
Ma tristesse [mortelle,
Hélas ! Hélas !
Ne vous touchera donc pas.]
pluton
Hélas ! Hélas !
Ma tristesse fidèle,
Hélas ! Hélas !
Ne vous touchera donc pas.
Soyez moins rebelle
Au discours ma belle.
Ma peine cruelle
A pour vous des appas.
Hélas ! Hélas !
Ma tristesse [fidèle,
Hélas ! Hélas !
Ne vous touchera donc pas.]
pluton
Air : Entrez, entrez, petits oiseaux
Je saurons bien vous adoucir,
J’allons bientôt y réussir.
Fussiez-vous cent fois plus sauvage,
Je n’en dirai pas davantage.
Air : Tortillons les jambes
Pour l’égayer, camarades ingambes,
Tortillez les jambes.
Sautez à gogo,
Je vous donne campo.
Animez-vous par des danses jolies,
Dansez les furies.
farinette
Oh ! Nani, monsieur,
Cela me ferait peur.
pluton
Air : Jouez violons
Dans ces beaux lieux, tous rit, tout chante
Pourquoi donc être si méchante ?
D’où vient cet air sombre, ennuyeux ?
Pour vous j’ons fait de la dépense,
N’avons-je pas l’air à la danse ?
Pour vous honorer tout du mieux,
J’ons mis trestous nos habits neufs.
Y perdrons-nous notre étalage ?
Mon petit cœur, prenez courage
Et y allons donc jouez violons.
Tala etc.
Scène xiii
les précédents, un charbonnier
le charbonnier
Air : Drôle de chien vole
Je viens vite vous apprendre
Que le bailli fort surpris
Envoie ici vous reprendre
L’objet que vous avez pris.
pluton
Croit-il donc que [je] la vole
Pour la rendre ainsi, non, non.
Drôle de chien vole,
etc.
pluton, deux charbonniers, ensemble
Canon
Air : Gros nez
Non, non, non, non,
Ce serait une injustice
Que nous ne souffrirons pas.
chœur
Air : Qu’il pleuve, qu’il
Que le bailli gronde, qu’il tonne,
Il faut que rien ne nous étonne.
Allons défendre notre bien,
Car nous ne rendrons jamais rien.
Scène 24
cérès, un tambour
airopera, Déserts écartés, sombres lieux
Chez vous, bois épais, sombres lieux,
Un cœur vainement se désole.
Je cours les champs comme une folle,
Mon temps pourrait s’employer mieux
Chez vous [bois épais, sombres lieux.]
Air : Le tambourineur
C’est s’amuser à la vétille
Sans perdre de temps ventrebille.
Faisons à chaque carrefour
Et prétintin, [prétantan,] tambouriner ma fille
Allons dans chaque carrefour
Et [prétintin, prétantan,
Rite rita plan,]
Prétantan, battre le tambour.
Le tambour bat.
Air : Pour la baronne
Fille perdue !
Un demi-louis à gagner
Pour ceux qui par hasard l’ont vue
Et qui viendront nous enseigner.
Fille perdue !
Air : Les trembleurs
C’est une franche innocente,
D’une humeur fort indolente,
D’une santé chancelante,
Elle a de forts petits traits.
Qu’on accoure en diligence
Si l’on en a connaissance
Pour en avoir récompense,
Adressez-vous à Cérès.
Scène xxv
cérès, galopin
cérès
Air : Ô, rendez-moi ma fille
Ô, rendez-moi ma fille
Que des bi, que des bariolet
Ô, rendez-moi ma fille
Au nom du chardon’ret.
galopin
Air : Pique l’appétit
D’elle ne soyez plus en peine
Ne courrez plus la prétentaine.
cérès
Où Farinette est-elle donc ?
galopin
Avec le charbonnier Pluton.
cérès
Air : Le pouvoir
Pluton la tient en son pouvoir
Quel est mon désespoir !
Ma fille va dans son manoir
Changer du blanc au noir.
galopin
airvide
Le bailli vient de faire
Un accommodement
Votre fille ma chère
Épouse son amant.
Six mois elle sera
Sous le joug d’hyménée,
Avec vous elle ira
Le reste de l’année.
airvide
Vous devez au plus tôt souscrire
Aux vœux de cet amant heureux,
Farinette a gouté les fruits de son empire.
cérès
C’est fort bien fait de les unir tous deux.
Scène xxvi
pluton, farinette, cérès, galopin
galopin
Air : À présent, je ne dois plus feindre
Voici Pluton et votre fille.
cérès
Approchez, approchez bon drille,
Le bailli vous donne sa voix.
farinette
Je consens à mon mariage,
Être veuve pendant six mois,
C’est toujours un grand avantage.
cérès
Air : Vive la joie, aimons, buvons
Le bailli nous est ami,
Allons tous dans son logis.
pluton
Car il est hors de raison
Qu’il apporte sa maison.
Mais avant que de partir
Faut ici se divertir.
Fin