Auteurs : | Fuzelier (Louis) |
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Parodie de : | Omphale de La Motte et Destouches |
Date: | 15 mai 1721 |
Représentation : | 15 mai 1721 Comédie-Italienne - Hôtel de Bourgogne |
Source : | Les Parodies du Nouveau Théâtre-Italien, t. I, Paris, Briasson, 1731 |
Hola, Monsieur Trivelin, un petit mot, s’il vous plaît.
Eh ! Monsieur, de grâce, permettez que j’achève de m’habiller. Le public...
Le public est instruit du respect qu’il me doit ; il ne soufflera pas quand il saura que c’est moi qui vous arrête.
Eh ! Qui êtes-vous, Monsieur, vous que le public respecte ?
Je suis un connaisseur.
Un connaisseur, vous !
Oui, moi.
Je le prenais, ma foi, pour un juré-crieur.
Vous voyez la crème de tous les connaisseurs de Paris, gourmet en vers, gourmet en prose, il n’est point d’ouvrage qui trompe mon discernement.
Quelle modestie !
Ho çà, dites-moi un peu, Monsieur Trivelin, votre Ho çà, dites-moi un peu, Monsieur Trivelin, votre \emph Hercule Filant est, je gage, une parodie de l’opéra d’\emph Omphale..
Vous pouvez gager, vous ne perdrez pas.
Vous allez nous servir un pot-pourri de Vous allez nous servir un pot-pourri de \emph Vous m’entendez bien, de \emph Flon, flon......
Assurément ; croyez-vous qu’il serait décent de parodier un opéra sans y fourrer des Assurément ; croyez-vous qu’il serait décent de parodier un opéra sans y fourrer des \emph Flon, flon ? N’est-ce pas là leur place ? ? N’est-ce pas là leur place ?
Eh, morbleu, laissez à la Foire le soin de ridiculiser les héros en bémol, c’est là son métier.
Tout beau, Monsieur le connaisseur, lisez les annales de la Comédie Italienne, vous verrez que nos ancêtres comiques ont chanté d’après les Dumesnils et les Beaumavieles : ne devez-vous pas savoir qu’Tout beau, Monsieur le connaisseur, lisez les annales de la Comédie Italienne, vous verrez que nos ancêtres comiques ont chanté d’après les Dumesnils et les Beaumavieles : ne devez-vous pas savoir qu’\emph Armide, ce chef-d’œuvre du fameux Lully, a été fredonné par un gosier arlequinique ? Avez-vous oublié ? \did Il chante.
Air : Plus j’observe ces lieux, et plus je les admire
Il faut l’avouer, on a vu jadis avec plaisir Il faut l’avouer, on a vu jadis avec plaisir \emph Arlequin Phaéton, \emph Arlequin Persée, \emph Arlequin Jason ; mais alors vos acteurs chantaient, et n’étaient pas, comme vous autres, terriblement brouillés avec la musique. ; mais alors vos acteurs chantaient, et n’étaient pas, comme vous autres, terriblement brouillés avec la musique.
Voilà une réflexion qui est assez judicieuse. Cependant, comment voulez-vous que nous fassions ? La tragédie française reçoit dans la parodie un comique qui peut être rendu par la déclamation, mais le poème lyrique ne peut se présenter sur le théâtre de la Comédie Italienne sans le passeport du vaudeville.
Mais vous chantez faux.
C’est là le plus beau de nos privilèges, et il semble quelquefois que l’Opéra ait envie de nous le revendiquer.
Je parierais qu’Arlequin n’est pas employé dans ce bel ouvrage-là.
Oh ! Pour le coup vous perdriez la gageure.
Que diable peut représenter dans la parodie d’Que diable peut représenter dans la parodie d’\emph Omphale, un Arlequin balourd ?, un Arlequin balourd ?
Eh ! Parbleu, un personnage balourd, il y en a à choisir dans cet opéra-ci.
À quel rôle Arlequin a-t-il donné la préférence ?
Au rôle d’Iphis, en considération de la poltronnerie de ce héros...
Oui-da, Arlequin Iphis, cela est assorti, cela ne tranche point ; mais Hercule, qui de vous autres le représente ? C’est un rôle bien enrhumant.
Oh ! j’ai une voix que les rhumes ne sauraient gâter.
Allez, Monsieur Hercule, allez à votre toilette, je ne vous retiens plus ; chantez, glapissez, hurlez, je vous promets d’entendre patiemment votre burlesque concert.
Ce n’est pas assez pour le tranquilliser notre discordant concert ; nous prions très humblement le parterre de n’y pas venir chanter sa partie.
Me voilà dans la salle à manger du palais d’Omphale, et cependant je m’ennuie ! Se peut-il que le chagrin vienne surprendre Iphis dans une salle à manger ?... Oui, car j’aime la Reine comme un perdu... La belle occupation pour l’apprenti d’Hercule !... Hercule étant encore en nourrice tua deux gros serpents, et moi qui suis sevré depuis vingt-cinq ans au moins, je n’ai pas écrasé un petit ver de terre.
Air : Mon père, je viens devant vous
Mais j’aperçois mon maître Hercule... comme il est équipé !
Ouf, ouf, Ouf, ouf, \emph terque, \emph quaterque, ouf., ouf.
Air : Turelonton ton
Mon cher Iphis, je suis fou de la Reine.
De la Reine !
Air : Lanturlu
Et Madame Argine, oubliez-vous qu’elle vous aime, et qu’elle en sait plus que feue la Jobin ?
Ne me parle point de cette sorcière-là.
Air : Il faut que je file file
Eh ! pourquoi, s’il vous plaît, faut-il que vous filiez ?
C’est qu’Omphale est bonne ménagère ; elle aime les profits de la quenouille, et moi pour lui plaire, Il chante en filant, sur l’air précédent.
Vous ne filez point à l’Opéra.
La belle autorité ! L’Opéra n’est qu’un ignorant, qui chante toujours la même chanson. Sait-il caractériser les héros ? Il habille leurs pensées comme leurs personnes, de clinquant et d’oripeau. Crois-moi, mon ami, ne t’en rapporte jamais à l’Opéra, sur le chapitre des aventures des grands hommes.
Air : Que je chéris mon cher voisin
Viens, mon cher Iphis, je veux préparer à la Reine une fête qui sûrement sera de son goût... À propos de fête, c’est aujourd’hui celle d’Omphale.
Air : Ces filles sont si sottes
La Reine vous payera-t-elle la fête ?
Autre question ! Passez, Monsieur le curieux, passez.
Hercule ne m’a pas aperçue, quel bonheur !
Vous paraissez éviter Hercule, cependant il vous adore.
Air : Ton humeur est Catherine
Oh ! le maladroit.
Air : Non, non, il n’est point de si joli nom
Air : Vous m’entendez bien
Je devine moi, que c’est le menin d’Hercule, le brunet Iphis.
Eh pourquoi tant tourner autour du pot ; que ne vous expliquez-vous à la franquette ?
Air : À l’ombre d’un ormeau, Lisette
Il vient !
Air :
Que fais-je, malheureux ! J’ose aller sur les brisées d’Hercule. Il est mon ami, et même un peu mon maître : que ferais-je, moi franche mazette, contre un rival robuste qui assomme les lions à coups de poings ; qui rosse les géants comme des Pygmées ; qui étrille les centaures comme les baudets ; enfin qui est si fort, si fort, qu’il a balayé lui seul des étables qui avaient fait bouquer tous les bouviers du bon roi Augias ?
Il rêve, il ne sait pas encore l’amour qu’il a fait naître ; il faut que je l’intrigue : la pièce serait trop tôt finie si mon cœur s’expliquait sans finasser.
Quelle cruelle situation ! mon cœur me dit de parler, mes épaules me le défendent. Il aperçoit Omphale.
Air : Talaleri, talaleri, talalerire
Un autre amant a prévenu ce héros dans mon cœur.
Air : L’amour, la nuit et le jour
Ne savez-vous qu’Hercule qui puisse charmer une Reine de bon goût ? Elle chante.
Air : Ah mon Dieu ! que de belles dames
J’y suis tout seul, vous n’y pensez pas. À part. Omphale a des visions, je la crois lunatique.
Le petit butor ! il ne m’entend pas. Haut. Iphis a la conception dure.
Croyez-moi, tenez-vous-en à mon ami Hercule, vous savez que parmi ses travaux, il y en a qui doivent le mettre en crédit auprès des dames.
Air : O reguingué
Il en a fait des dames damées, et cela en une nuit au moins : Madame la Reine, ce ne sont pas là des jeux d’enfant...
Il soutient mal sa réputation dans ma cour ; mais laissons-là ce fileur nouveau.
Air : On n’aime plus dans nos forêts
Je pleure pour Hercule.
Air : Je suis la fleur des garçons du village
Air : Guillot est mon ami
Air : Tu croyais en aimant Colette
Que dites-vous Iphis ?
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Il vient fort à propos.
Avez-vous de la corde de faite ?
Tais-toi, mon cher ami. Avancez, dame Jeanne, dame Ragonde, dame Perrette, dame Françoise.
Que de belles dames !
Quelle cohue est-ce là ?
Ce sont les plus habiles fileuses du quartier que j’ai rassemblées pour vous donner une fête qui vous convienne.
Air : Vous avez raison, La Plante
Ces commères vous apprendront si vous voulez, bien des chansons à danser.
Oui-da.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Allons dame Jacqueline, chantez-nous les amours de Gombaut et de Macé.
Voici bien une autre chanson !
Air : Oh, Oh, tourelouribo
Air : Mon père, je viens devant vous
Oh, le vilain bidet !
Voilà ce qui s’appelle mettre le feu aux étoupes. La belle vengeance !
Vous n’y êtes pas, Monsieur le rieur, vous en verrez bien d’autres.
Peste !
Ingrat ! tu m’as quittée dans la Phrygie, je viens te retrouver dans la Lydie ; je t’apprendrai à faire ainsi courir le guilledou à une fille de ma qualité.
Oh ! cela n’est pas honnête assurément.
Je t’apprendrai à sacrifier l’héritière du devin Tirésias à une petite Reine qui te fait filer ici le chanvre et le parfait amour.
Air : Adieu panier, vendanges sont faites
Adieu panier... Adieu panier... tu ne me feras pas bientôt des adieux si plaisants.
Eh ! de grâce laissez-moi en repos. En s’en allant.
Fin de l’air : Il faut que je file, file
Holà, Démons, allez présentement dans la rue Saint-Nicaise, prenez-là quelques vieux habits de Zéphyrs ; déguisez-vous et ensuite amenez ici ma rivale. C’est aujourd’hui le jour de sa naissance, Hercule n’a pas songé à lui donner un bouquet, et cela est fort impoli pour un amoureux ; je veux me charger moi de cette galanterie-là.
Asseyez-vous là petite mijaurée ; vous êtes la reine du bal. Aux démons qui ont amené Omphale. Vous beaux masques retirez-vous, ce n’est pas encore votre tour à danser. Commençons d’abord par ensorceler ma rivale... \did Elle fait le lazzi d’enchanter Omphale. Bon, la voilà immobile, je vais l’assassiner à mon aise.
Air : Allons gai
Je voudrais que l’on ne l’eût saignée de sa vie. Allons, frappons. Elle chante.
Air : Turlututu rengaine
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Je me suis douté que vous lui feriez quelque malice.
Arriver au secours d’Omphale précisément dans la minute qui allait terminer sa vie ! quelle diligence géométrique !
Air : Lon lan la derirette
Oui ! tu le prends sur ce ton là ?
Air : Aux armes Camarades.
Nous l’allons emmener dans votre calèche à six dragons.
Ah ! cruelle Argine, qu’allez-vous faire ?
Air : Tout comme il vous plaira larira
Air : Morguienne de vous
Bon, la sorcière est décampée ; ventrebleu elle m’a fait peur... Mais d’où revient Hercule ? qu’il est essoufflé !
Ô dieux ! que viens-je d’apprendre ? la Reine a déclaré à ma barbe et à celle d’Argine, que j’avais un rival heureux : cette nouvelle a tout d’un coup réjoui la sorcière, elle a donné la clef des champs à Omphale sans trop s’informer de la vérité du fait ; ma foi Argine est bien dupe !
Cela produira de nouvelles scènes.
Je t’en réponds... mais la Reine n’a peut-être dit cela que pour tromper la magicienne ; car enfin elle n’a point nommé l’objet de sa tendresse.
Voulez-vous le connaître ?
C’est tout ce que je désire.
Je vais vous enseigner un bon secret pour savoir au plus juste qui est le fripon qui vous a volé le cœur d’Omphale : priez Argine de tourner le sas.
L’expédient est infaillible ; j’en aurai le cœur net, Argine vient ici comme de cire.
Je ne veux pas vous importuner.
Non : reste, je n’ai rien de caché pour toi.
Air : Je ne suis né ni roi, ni prince
Vous avez là un amour qui vous fait bien trotter.
De grâce, accordez-moi ce que je vous demande.
Je te l’accorde à ma considération.
Air : Je reviendrai demain au soir
Mais je ne sais ce que je dis : mon destin ne m’est-il pas connu ? Tu m’as prouvé très évidemment que tu ne m’aimes pas, qu’ai-je encore à apprendre ?
Oh ! Madame, qui n’est bon que pour soi n’est bon à rien. Continuant le même air.
Soit, quoique je n’aie aucun intérêt. Achevant l’air.
Que cette salle devienne noire comme un jeu de paume.
Air : Ô reguingué
Oh ! quel Rominagrobis !
Minet, minet, minet.
Je ne crois pas qu’il y ait un chaudronnier assez hardi pour toucher à ce minet-là.
Minet, minet, minet.
Voilà une conversation de gouttières.
Air : Les Trembleurs
Je vois, je vois...
Quand aura-t-elle tout vu ?
Qu’ai-je entendu ? Je crève dans ma peau.
Et moi dans mon habit.
Soutiens-moi, je me trouve mal.
Je me meurs.
Allons nous évanouir tous ensemble.
Je ne sais pas trop comment je suis revenue dans ce temple de l’Amour, mais enfin m’y voilà.
Air : Un autre jour ma Cloris
Air : J’entends déjà le bruit des armes
Offrons nos jeux à Cupidon ; puisse-t-il me rendre mon petit brunet, et écarter loin de mon royaume ce maussade Hercule avec sa sorcière. Vous, accourez bouquetières commodes, et compatissantes revendeuses à la toilette.
Air : Que je chéris mon cher voisin
Air : Dans un si beau jour
Je vois Iphis.
Nous nous retirons ; nous savons notre métier.
Oh ! pour le coup voilà une fête agréablement interrompue !
Air : Mais surtout prenez bien garde à votre cotillon
Air : La Serrure
Fi ! c’est du verbiage que cela ; et dans le temple de l’Amour on ne doit pas s’amuser à la moutarde.
Par la tête, par la mort, par la sambleu !
J’entends Hercule ! que je crains ses jurements !
Et moi sa massue.
C’est donc ici que vous attendez votre galant ; mais sa mort... Apercevant Iphis. eh ! te voilà !
Air : Dupont mon ami
Tu venais m’immoler deux amants odieux.
Cela est vrai ! malepeste ! qu’Hercule est pénétrant.
Air : Les filles de Nanterre
C’est me payer trop grassement... Hercule l’embrasse. ouf... vous m’étouffez... voilà comme vous avez embrassé monsieur Antée. Mais continuez, étouffez-moi, je ne le mérite que trop.
Air : À la façon de barbari
J’aime la Reine et j’en suis aimé ; il est temps de vous dire cela.
Ciel ! que viens-tu de me répondre ?
Air : De mon pot, je vous en réponds
Que faites-vous Iphis ? Elle se jette à pleines mains sur la batte.
Prenez garde de vous couper.
Air : Réveillez-vous, belle endormie
Mourez, ingrats, mourez.
Laissez-moi du moins faire mon testament.
Que fais-je ? Arrête, Alcide, arrête...
Oui arrête, c’est bien dit.
Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui
Il a bien tonné aujourd’hui.
Hercule a la fièvre chaude.
Air : Ah ! Robin, tais-toi
Fin de l’air : Mariez, mariez, mariez-moi
N’est-ce point raillerie ?
Ce changement n’est pas croyable !
Que voulez-vous ; il faut bien faire une fin. Mes fureurs ne ressemblent guère à celles de Roland ; il a fallu le secours de Logistile pour le guérir de sa folie, et la mienne se guérit toute seule.
Mais, si Madame Argine...
Que vous importe de savoir ce qu’elle est devenue ? elle ferait mauvaise figure ici. Lorsqu’on fera un Opéra de vos amours, Argine ne paraîtra au dénouement que dans le livre des paroles. Apercevant les commères. Allons, je vois nos voisines les fileuses qui viennent apparemment vous chercher ici, il faut leur déclarer qu’Iphis est leur Roi.
Air : Ton humeur est Catherine
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