Andrien-Joseph de Valois d’Orville

La Femme Jalouse

Le Mauvais Ménage
Parodie-pantomime de Médée et Jason
Foire Saint-Germain
1749
BnF ms. fr. 9318

Acteurs

Une Harangère
Un Rôtisseur
Un Garçon rôtisseur
Agnès
Pierrot, père d’Agnès
Les trois Furies, Tisiphone, Mégère, Alecton
Troupe d’enfants
Troupe de nègres et de négresses
Troupe de ramoneurs
Troupe de pompiers
Troupe de villageois et de villageoises

---

La Femme Jalouse

Scène i

Le théâtre représente la maison de Pierrot.
Le garçon rôtisseur, qui voit son maître triste, sombre, inquiet, pensif, s’informe de l’objet de son chagrin. Le maître lui fait entendre qu’il est éperdument amoureux d’Agnès, fille de Pierrot, que son père veut qu’il épouse, et qu’il n’est pas de la bienséance avant d’être veuf de convoler en secondes noces.

Scène ii

Cet amant passionné renouvelle à Agnès ses protestations de tendresse, mais elle rebute son hommage, lui faisant entendre qu’il a une femme dont elle aurait tout à redouter.

Scène iii

Pierrot, une bouteille à la main, vient chercher le rôtisseur et l’emmène dîner avec lui.

Scène iv

Tandis qu’Agnès se rappelle un songe dont elle s’est trouvée épouvantée, un charivari terrible se fait entendre [et] annonce l’arrivée de la harengère qui vient accabler Agnès des plus dangereuses menaces pour avoir prêté l’oreille aux fleurettes de son mari.
Le théâtre change et représente d’un côté une apothicairerie garnie de fioles pleines de poison, et de l’autre une cuisine dont un brasier ardent consume des corps entiers que la harengère y fait jeter au lieu de bûches.
Pour fuir tous les malheurs dont Agnès est menacée par la harengère, elle se sauve dans un alambic que la harengère touche d’une baguette enchantée et qui se change aussitôt en une souricière où Agnès se trouve enfermée.
Agnès

Air : Que je regrette mon amant

Ah, s’il savait mon tendre amant
Qu’en ce lieu je suis prisonnière,
Comme un matou vif et galant
Il viendrait à ma souricière.
Il le ferait
Si fréquemment
Qu’il me plairait
Infiniment.
Il y viendrait,
M’y verrait,
Y jouerait,
M’aimerait,
Le ferait
Si fréquemment,
Qu’il me plairait
Infiniment.

Scène v

Le théâtre représente une jolie guinguette. Des nègres et négresses travestis en amours forment un divertissement grotesque.

Scène vi

Le rôtisseur, qui aperçoit sa chère Agnès prise dans ce trébuchet, vient à bout de briser la souricière. Agnès se sauve, le rôtisseur la veut suivre.

Scène vii

La harengère empêche le rôtisseur de suivre Agnès, lui reproche son infidélité et, par mille caresses, l’engage à la payer de retour. Mais peu sensible à ses amitiés, il s’échappe de ses mains, ce qui met la harengère dans un désespoir si grand qu’elle invoque les Furies de venir à son secours.

Scène viii

Ces trois Furies sortent des enfers, environnées de flammes sulfureuses, reçoivent les ordres de la harengère et sortent pour les exécuter.
Le théâtre paraît comme au commencement.

Scène ix

Cette femme irritée, pour mieux venger sa disgrâce, fait accroire à son mari qu’elle va le laisser maître de son sort. Elle lui demande pour toute grâce, avant de partir, la consolation d’embrasser une seule fois leurs chers enfants et, pour obtenir cette faveur, elle se jette à ses pieds, ce que le rôtisseur ne peut lui refuser.

Scène x

Charmé du départ où sa femme se prépare, le rôtisseur lui présente ses enfants qui, après les avoir embrassés, dansent autour d’eux. La harengère les reconduit elle-même au logis de Pierrot, mais sitôt qu’ils y sont entrés, on voit leurs membres disloqués sauter par les fenêtres et le feu prend à la cheminée de la maison.

Scène xi

Pierrot, une marmotte à la main, troublé, plein d’agitation, se sauve de chez lui transporté de folie, et court de tous côtés sans savoir où s’adressent ses pas.

Scène xii

On voit la harengère dans une manne d’enfant soutenue par un hibou monstrueux qui traverse les airs et, pour achever d’affliger son mari, elle l’inonde de façon qu’il en tombe évanoui.

Scène xiii

Agnès, une bouteille de vinaigre à la main, vient secourir son prétendu.

Scène xiv

Une troupe de ramoneurs et de pompiers, après avoir éteint le feu de la maison de Pierrot, se joignent aux habitants du lieu et forment un divertissement bouffon qui termine la pantomime.
Fin