Charles-Simon Favart
L’Ambigu de la Folie
Le Ballet des Dindons
Parodie des Indes galantes
Foire de Saint-Laurent
1743
BnF ms. fr. 9325
Acteurs
persliste, Mademoiselle d’Arimath La Folie
persliste, L’Écluse Un Calotin
Suite de la Folie
La scène est sur le théâtre de l’Opéra-Comique.
prologue
Scène i
La Folie, Un Calotin, Suite de La Folie
la folie
airvide
Vous, qui suivez mes folles lois,
Venez, francs calotins, accourez à ma voix.bis
Air : Tout le monde est plongé
Amis, je veux ici désormais
Prendre l’emploi de Thalie.
Du théâtre, il faut pour jamais
Bannir la mélancolie.
Que d’un joyeux égarement
Naisse la saillie.
Débutons par quelque amusement
Qui soit digne de la Folie.
le calotin
Air : Sans un grain de folie
Consultons le Caprice.
Il faudra pour attirer chez nous
Faire un feu d’artifice :
C’est un trait des plus fous.
la folie
Air : Ah ! Je ne m’en soucie guère
Non, ce n’est pas folie :
Les acteurs d’Italie
Se réchauffent par là.
Ah ! La belle, ah !
Chez eux on se récrie.
le calotin
Mais l’honneur tout entier
Est pour l’artificier.
la folie
Air : À Monsieur Le Prieur
De chez eux ce feu chasse
Les frimas pleins de glace
Dont ils sont tourmentés,
Hivers, étés.
Mais, il faut, si l’on veut m’en croire,
Ne devoir qu’à mon seul appui
La gloire
D’amuser aujourd’hui.
Air : Les bons villageois
Il faut chercher des moyens.
Que chacun de nous y rumine.
le calotin
M’y voilà. Bon. Je le tiens.
Une boutade m’illumine.
Je viens d’en imaginer un,
Mais il n’a pas le sens commun.
la folie
Tant mieux, quel est-il ?
le calotin
Il faudra
Jouer un ballet d’opéra.
la folie
Vous avez raison, Laplante, etc.
Air : Pouvoir
De cette pièce les héros
Sont tous de francs nigauds.bis
Ainsi, nous l’intitulerons,
Le ballet des dindons.bis
airvide
Le hasard conduira la scène,
Tout viendra
Comme il pourra.
De nos jeux bannissons la gêne,
La raison
Est un poison.
Je prétends hurlu, berlu,
De deux opéras faire un ambigu.
le calotin
Du bon sens plus on s’écartera
Plus à l’opéra, l’on ressemblera.
la folie
Air : Le trémoussoir
Je veux qu’à l’instant on commence.
Nous nous soutiendrons par les airs,
Que tous les vers
Soient de travers,
Pourvu qu’ils amènent la danse.
la folie, avec le chœur
Et allons gai, gai, gai, gaiement,
Trémoussons-nous et donnons-nous du mouvement.
On danse.
finprologue
Acteurs
Émilie, français, esclave d’Osman : Mademoiselle Brillant
Valère, français, esclave d’Osman : Deschamps
Osman, Turc : Hamoche
Chœur de matelots
La scène est en Turquie.
L’Ambigu de la Folie
entree, Le Bon Turc
Scène ii
Emilie
Air : Birène
Pour m’en conter Osman me suit de près,
Cherchons bien vite un endroit solitaire.
Mais il croira que je le fais exprès,
S’il en profite, ô Ciel !, que vais-je faire ?
airvide
Comment réprimer son transport ?
S’il devient téméraire,
Je lui dirai, vous avez tort,
J’aime un nommé Valère.
Il s’arrêtera
Dès qu’il apprendra
Qu’un autre sait me plaire.
airvide
Se paiera-t-il de ma raison,
Comme un oison ?bis
Ah ! Le voilà.
Scène iii
Emilie, Osman
osman
Mon petit cœur,
Dans ce lieu sombre,
Cherchez-vous l’ombre
En ma faveur ?
émilie
airvide
J’aurais trop à me reprocher.
J’y viens cacher
Mon humeur noire.
osman
Qu’entends-je ? Qui peut vous fâcher ?
émilie
Apprenez mon histoire.
Air : Tant amoureuse
Sur les côtes de Provence,
Lieux témoins de ma naissance,
J’épousais un jeune amant
Et tant amoureuse.
Air : [Un jour, dans un plein repos]
Aux fillettes, ce moment
N’offre rien qui ne plaise.
Jugez quel contentement,
Mon cœur était de braise.
On faisait la noce en plein air,
Nous dansions au bord de la mer
Talala etc.
Ah ! Que j’étais bien aise.
Air : La milice
Nous allions finir la noce,
Et déjà notre coche
Faisait rouler le carrosse
Pour nous ramener coucher.
Les violons à la portière
Nous reconduisaient gaiement,
Quand des Turcs d’humeur altière
Nous investirent brusquement.
Air : L’un me prit
Mon amant mit pied à terre.
Contre eux, il nous défendit,
Mais un coup de cimeterre
Peut-être le pourfendit.
Dès que les Turcs me virent
L’un me saisit
L’autre me prit
Et tous enfin me prirent.
refrain
Air : [Vous chiffonnez mon falbala]
Vous chiffonnez mon falbala
Ah ! Fripon ! Que faites-vous là ?
Leur chef me répond à cela :
refrain
Allons donc, Mademoiselle,
Je n’entends point de raison.
osman
Air : Ricandaine
Oui, vous avez bien du guignon
Ô Ricandaine, ô Ricandon.
émilie
Pardi, ce corsaire inhumain
Devait attendre au lendemain
Ricandaine.
osman
Vous n’y perdez rien, mon trognon,
Je remplacerai ce garçon.
À mes désirs rendez-vous donc !
Car je vous divertirai
Ô ricandaine,
Je vous amuserai
Ô ricandé.
émilie
Air : Les bons villageois
Vous me parlez jeux et ris,
Lorsque peut-être je suis veuve.
Me croyez-vous de Paris ?
Non, ma constance est à l’épreuve.
osman
Hélas ! On voit assez souvent
Remplacer un époux vivant
Le tien est mort, ma chère enfant,
Laisseras-tu l’emploi vacant ?
Air : Du fat puni
Ta résistance est étrange
Qu’à l’instant ton humeur change !
Ou je me venge...\ Serviteur.
Scène iv
Emilie
Où s’en va-t-il donc si vite ?
Comme un sot, il prend la fuite.
Et j’en suis quitte pour la peur.
Air : Ceux qui me l’ont tué [m’ont fait grand tort]
La mort de mon cher père
M’a moins navré le cœur
Que celle de Valère,
Objet de mon ardeur.
Ah ! Ceux qui l’ont tué m’ont fait grand tort.
Je l’aimerai toujours quoiqu’il soit mort.
Air : Il grêle
Quel bruit
Subit !
La nuit
Le suit
La tempête s’en mêle.
Il pleut ici,
Il tonne aussi,
Il grêle.
airvide
Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il tonne
Tout cela fort peu m’étonne
Au lieu de me mettre à couvert
Je veux chanter un petit air.
airvide
Vaste mer, où triomphe l’orage,
Vous êtes l’image
De mon cœur.
airvide
Comme on voit agiter les flots
Lorsque le vent s’augmente,
Ainsi notre cœur n’a plus de repos
Quand l’amour le tourmente.
chœur, qu’on ne voit pas
airvide
Au secours ! [Au secours ! Au secours !]
émilie
Qu’entends-je ? C’est un naufrage.
chœur
Au secours ! [Au secours ! Au secours !]
Nous allons finir nos jours.
émilie
airvide
Mais le temps se tourne au beau
Quand ils sont tous à vau l’eau.
chœur
Nous échappons à l’orage
Pour tomber dans l’esclavage.
Scène v
Emilie, Valère
émilie
Air : C’est dans la rue de la mortellerie
Mais, j’en vois un fort à propos :
Le ciel est propice à ses maux,
Car il est tombé dans les flots
Sans gâter sa frisure.
Sachons son aventure.
Air : Gai, lariradondé
Eh ! Quoi, c’est vous, Valère ?
valère
Ah ! Ma chère, c’est vous ?
De mon destin contraire
Je ne sens plus les coups.
Quoi, c’est vous que je vois, ma chère ?
ensemble, ensemble
Gué, gué, lariradondé !
Air : Pontoise sur l’Oise
Vous êtes donc sur cette rive
Captive ?
émilie
C’est mon moindre malheur
Mon tyran m’aime.
valère
Ah ! J’ai grand peur.
airvide
Vous êtes assez jolie
(Il est bon de tout savoir.)
N’auriez-vous pas, Emilie,
Déjà reçu le mouchoir ?
émilie
Air : Lustucru
Non, de barbare en barbare
J’ai toujours eu le bonheur
De conserver mon honneur.
valère
Rien n’est plus rare !
émilie
C’est que j’ai de la vertu
L’eusses-tu cru ?
Air : [J’avais cru que Colinet]
Je ne crains rien du patron,
Dont mes yeux font la conquête
Hélas ! Ce Turc est si bon,
Est si bon, qu’il en est bête.
Je l’appréhendais d’abord,
Je songeais à me défendre,
Mais c’était lui faire tort,
Car il n’ose rien entreprendre.
valère
Air : On n’aime point dans [nos forêts]
Un Turc aime-t-il comme il faut ?
Il divise trop son hommage.
Jugez du peu que son cœur vaut,
Lorsqu’entre vingt il le partage.
Chez lui l’amour sert par quartier,
Vous méritez un cœur entier.
Scène vi
Emilie, Valère, Osman
osman
Air : [Ah ! le vois-tu bien, le sens-tu bien, si je t’aime]
Je vous entends,
Je vous y prends,
Vous jurez donc à mes dépends
Je vous surprends,
Je vous y prends,
L’un et l’autre.
émilie
Air : Sais-tu la différence
Mon cœur est tout en transe.
osman
Valère, touchez là !
émilie et valère
Ah ! Ah !
valère
Eh, c’est Osman, je pense ?
osman
Oui, mon cher, me voilà.
valère
Ah ! Ah !
osman
Cette reconnaissance
Finira tous vos maux.
émilie et valère
Oh ! Oh !
Elle vient à propos.
osman
Air : J’ai bien la meilleure femme
Jadis du seigneur Valère,
J’ai reçu la liberté.
Comme il a fait, je dois faire
Avec générosité.
Je vous cède cette belle
Dont mon cœur est rissolé.
Allez, partez avec elle,
Et qu’il n’en soit plus parlé.
émilie et valère
airvide
Que vous rendez nos cœurs contents !
osman
Adieu, partez sans compliments,
Car, si je la vois davantage
Je ne réponds pas d’être sage.
Il sort.
Scène vii
Emilie, Valère
émilie
Air : Fille qui passez par chez nous
Quel dénouement !
C’est un roman.
J’en suis toute surprise
valère
Partons, partons,
Et profitons
D’une telle sottise.
émilie
Air : Branle de Metz
Mais une danse est d’usage...
valère
Voulez-vous qu’à contretemps,
On fasse danser des gens
Encor mouillés du naufrage ?
Nous pourrons chemin faisant
Renouer le mariage
Partons, partons, à l’instant.
émilie
Que l’on mette voile au vent !
finentree
Acteurs
\persliste[Mademoiselle d’Arimath] Phanipalla
princesse péruvienne
Huascar, inca : Parent
Don Carols, espagnol : Mademoiselle Drouard
Chœur de Péruviens
La scène est au Pérou.
entree, Les Incas
Scène viii
Phani-Palla, Don Carlos
don carlos
Air : Non, vous ne m’aimez pas
Défaites-vous, ma fille,
De vos sots préjugés.
Laissez votre famille,
À tort, vous y songez.
Effacez de votre âme
Les leçons des Incas.
Vous hésitez ?
phani
Oh, dame !
don carlos
Non, vous ne m’aimez pas.
phani
Air : C’est trop bourgeois
Je vous aime avec tendresse,
Vous déterminez mon choix,
Mais je dois, étant princesse,
Y regarder à deux fois.
Outrage-t-on sans bassesse
L’honneur, le sang et les lois ?
don carlos
Vous écoutez la sagesse,
C’est trop bourgeois.
Air : Perrette, étant dessus l’herbette
Esquivez-vous pendant la fête
Que pour le Soleil on apprête.
Et puis tous deux...
phani
Qu’entends-je là ?
don carlos
C’est un petit conseil honnête
Tel qu’on en donne à l’Opéra.
Air : [Halte-là]
Avec moi, vous courrez le monde.
phani
Vous voulez donc que chacun me fronde !
On en dira tout ci tout ça,
Pati pata, bredi breda.
don carlos
Moquez-vous du qu’en dira-t-on,
Faridondaine, faridondon.
Eh, bon, bon, bon.
Ah ! Que l’amour paraît charmant.
phani
Mon cher amant,
J’en dirai bien autant,
Mais nos fiers Incas
Feront fracas.
don carlos
Bon vraiment
Ouïstanvoire
Laissons-les, maman,
Se mettre en colère,
Ah ! Que l’amour paraît charmant !
Qu’a-t-on de mieux à faire ?
phani
Air : [Oui, j’en ferais la folie]
Quoi, je ferais cette folie ?
don carlos
Pourquoi, mon cœur,
Vous opposer à mon bonheur ?
phani
Non, non.
Ah ! Le fripon !
Comment peut-on
Écouter la raison ?
Finissez donc !
Car, j’en ferais la folie.
don carlos
Que craignez-vous ?
Je promets d’être votre époux.
phani
Je m’en défie.
don carlos
Ma chère amie,
Veux-tu me voir souffrir
Et languir
Sans me guérir ?
phani
Ah !
Ma vertu dans tout cela
S’oublie.
Oui, j’en ferai donc la folie,
Rien n’est si doux,
Mais il faudra s’en prendre à vous.
don carlos
airopera, Le langage des yeux
Les douceurs de l’amour sont d’un charmant usage
Dans les bras de l’hymen, daignez les éprouver,
Ah ! Princesse sauvage,
Ah ! Laissez-moi vous enlever.
Air : La Têtard
Vous avez, à l’Opéra,
Bien moins de délicatesse.
Quittez vite ce ton-là.
phani
Allons donc, ma fierté cesse.
Enlevez, enlevez, enlevez-moi.
Puisque l’amour vous en presse
Enlevez, enlevez, enlevez-moi.
Mais donnez-moi votre foi.
Air : Ô regingué
Carlos, allez chercher vos gens
Afin de rosser mes parents
S’ils faisaient tantôt les méchants,
Mais, ménagez votre personne,
J’en ai besoin.
don carlos
J’entends, friponne.
Scène ix
Phani
airvide
Hymen, viens remplir mes vœux
Si tu veux
Que mon cœur t’appartienne.
Je soupire après tes nœuds,
N’attends pas que l’amour te prévienne.
L’amour est sournois,
Sans cesse, il nous guette
En tapinois.
Il cherche à t’escroquer
Ses droits
Sur le cœur d’une fillette.
Hymen etc.
On dit les garçons dangereux,
Moi, je suis sans malice
Et si novice,
Que j’aurais peine à me défendre d’eux.
Hymen etc.
Air : Y avance, [y avance]
Dépêche, hymen, enchaîne-moi
À l’amant dont je suis la loi.
Je sens que ma vertu balance
Y avance, [y avance, y avance,]
Car je me meurs d’impatience.
Scène x
Phani, Huascar
huascar, à part
Air : Les proverbes
Approchons-nous, je la trouve seulette,
Il faut ici jouer un tour fripon.
Au nom des dieux, empaumons la fillette,
Faisons-lui gober l’hameçon.
[À Phani.]
Air : Lucifer
Le Soleil veut vous marier.
Pour vous, quelle bonne aubaine !
Il faut, sans vous faire prier,
Qu’un prompt hymen nous enchaîne.
Il vous a choisi
Lui-même un mari.
phani
Le Soleil prend bien de la peine.
huascar
airopera
Obéissez, sans balancer
Quand le Soleil commande.
phani
Air : Lassi, lasson
Ah ! Votre attente est vaine
Lassi, lasson, lassombre dondaine.
huascar
Mais la chose est certaine.
Craignez d’en douter.
phani
Oui dà !
Patati patata
À qui contez-vous ça ?
airvide
À tout cela, je vous jure,
Je n’ai pas beaucoup de foi.
huascar
Ciel ! Quelle coupable injure
Pour le Soleil et pour moi.
phani
Air : Comme il s’y prend le drôle
Au nom des dieux, plus d’un fripon
Bien souvent nous enjôle.
Oh dame ! À présent j’en sais long,
Ah ! Voyez doncbis
Comme il s’y prend le drôle.
Air : Vous voilà tout comme un nigaud
Apprenez que Phanipalla
N’est plus si sotte et si crédule.
huascar
Je sais la cause de cela.
L’amour a levé le scrupule.
Un petit Espagnol
Qui chante en rossignol
Vous tient au cœur, ma mignonne.
phani
Sur quoi le pensez-vous ?
On n’en sait rien chez nous,
Je ne l’ai dit à personne.
huascar
Air : Le cordon bleu
Vous aimez un de ces garnements
Qui sont venus chez nous pour nous battre.
Si j’osais dans de certains moments
Je ferais contre eux le diable à quatre.
Non contents d’avoir pris notre or
Tous ces malins drilles
Galopent nos filles
Afin de leur ravir encor...
Peut-on avec eux conserver un trésor ?
phani
Air : Simone
Leurs châteaux
Dans des bateaux
Dansent sur les eaux.
Avec de longs chalumeaux
Ils soufflent le tonnerre.
Respectez de tels rivaux
Et tremblez, téméraire.
Scène xi
Huascar
Air : Un peu de tricherie [dans la vie]
De toute part, le peuple abonde.
Motus, mon valet me seconde.
Nous allons voir du carillon.
Qu’un torrent de feu nous inonde !
Cela va rôtir bien du monde,
Mais, quand on aime, entend-t-on raison ?
Un peu de tricherie
[Dans la vie
Est toujours de saison.]
Scène xii
Huascar, Péruviens et Péruviennes
huascar
Air : Le fils d’Ulysse
Trémoussez-vous ! Sautez-tous en cadence.
un péruvien
Seigneur, il fait trop chaud
En plein soleil voulez-vous que l’on danse ?
huascar
Oui, sans doute il le faut.
la péruvienne
Oh ! Par ma foi,
C’est une extravagance.
huascar
Je veux que l’on danse, moi,
Je veux [que l’on danse.]
Air : Voilà le monde
Jamais sans lumière on ne voit,
Quand il fait chaud, l’on n’a pas froid,
L’été ne produit point de brume,
Il fait beau quand le soleil luit,
Tant qu’il est jour, il n’est pas nuit,
C’est la coutume.
Air : Paris en deuil
Allons, empressez-vous
Venez admirer tous
Une chose jolie.
Le spectacle est nouveau
C’est un soleil fort beau
Qui nous vient d’Italie.
Air : Clair flambeau du monde
Soleil, que de monde
Pour te voir abonde
Chez les Italiens.
Soleil, que de monde
Pour t’y voir abonde
Toi seul, tu les soutiens.
Air : C’est une excuse
Brillant Soleil, brillant Soleil,
Qui n’a jamais eu ton pareil,
Commence ta carrière.
Avec plaisir chacun te voit
Nos voisins seraient morts de froid
Sans ta lumière.
chœur
Air : Tout tourne
Fuyons, fuyons, ventrebleu !
Tout tremble
Fuyons [fuyons, ventrebleu !]
Au feu ! Au feu ! Au feu !
Scène xiii
Phani, Huascar
huascar
Air : C’est la fille d’un laboureur
Où courez-vous avec ardeur ?
phani
Ah ! J’ai grand peur !bis
huascar
Arrêtez-vous mon petit cœur.
phani
Non, j’ai trop peur.bis
La terre tremble.
huascar
Restons ensemble.
phani
J’ai peur aussi de vous, Monsieur.
huascar
Air : Quel fichu conte
Le Soleil est en courroux.
phani
Bon, bon, quel conte !
huascar
Il veut vous donner un époux.
phani
Bon, bon, quel conte !
huascar
Tout ce fracas est fait pour vous.
phani
Quel fichu conte !
Air : Ah ! Puisse-t-il ma chère
Le péril est extrême !
huascar
Regagnons la maison
Je m’expose moi-même
Elle a, ma foi, raison.
Air : On vous en ratisse
Suivez un amant jaloux !
phani
Ah ! Vous parliez donc pour vous,
Voyez un peu la malice.
huascar
Vous me suivrez...
Scène xiv
Phani, Huascar, Don Carlos
don carlos
Halte-là !
On vous en ratisse [tisse, tisse,
On vous en ratissera.]
huascar
Air : À sa voisine
Quel contretemps !
don carlos
Par la morbleu !
Ton crime ose paraître.
huascar
Oh ! Nous sommes à deux de jeu
Le tien se fait connaître
À cause que l’on est poltron
Il fait bien le bravache.
don carlos
Je viens t’enlever ce tendron
Sur ta moustache.
phani
Air : Trois enfants gueux
Mais le Soleil pour troubler notre amour
Avec fracas vient d’allumer la terre.
don carlos
C’est ce maraud qui nous joue un tel tour.
phani
Comment cela ?
don carlos
Voici tout du mystère :
Air : La poudre prend
Avez-vous battu le briquet ?
C’est à peu près le même effet.
Quand un caillou tombe en ce gouffre,
Le coup fait feu contre du souffre,
Pan, pan, pan,
La flamme y prend,
Tout est en feu dans le moment.
Air : Tandis que nous sommes
Vengeons-nous, ma chère,
Par un beau duo.
huascar
Pour exprimer ma colère
Faisons du moins un trio.
Trio
Air : Quel caprice
deuxcol, \carlosphani
Pour jamais l’amour nous engage.
Quel avantage !
Pour moi, mon mignon
[Pour moi,] mon trognon
Pour jamais etc.
Qu’il en enrage
Ce jaloux poltron.\indicreprmus fin
Cet instant propice à nos vœux
Il faut tous deux
Augmenter s’il se peut nos feux
Pour faire son supplice.
Que ce jocrisse
Ait la jaunisse
De nous voir heureux.
Pour jamais etc. \huascar
Non, non, non.
Rien n’égale ma rage.
Insulte-t-on
De cette façon ?
Dois-je donc
Endurer l’outrage
Comme un dindon ?\indicreprmus fin
Cet instant comble tous leurs vœux
Que mon destin est rigoureux
Ah ! Si j’étais plus courageux
Je les battrais, morbleu, tous deux.
Pour moi quel supplice
En vain je veux
Venger mes feux
Non, etc.
Scène xv
Huascar
Air : Adieu donc, mes amours
Sans honneur, je la laisse
À ce petit criquet.
Sans honneur, la princesse
S’en va d’un air coquet
Avec un capitaine
Courir la prétentaine.
Je la perds pour toujours,
Adieu donc mes amours.
airopera
La flamme se rallume encore,
Loin de l’éviter, je l’implore.
airvide
Mais si, sans me fâcher,
Je souffre qu’on m’outrage,
Dois-je avoir le courage
D’approcher du rocher ?
Non, non, je ferai mieux de courir me cacher.
finentree
Acteurs
\persliste[Monsieur L’Écluse] Adario
sauvage
Zima, sauvagesse : Monsieur Hamoche
Damon, officier français : Mademoiselle Raimond
Don Alvar, officier espagnol : Mademoiselle Drouard
Troupes de nègres des deux sexes
La scène est en Amérique.
entree, Les Sauvages
Scène xvi
Adario
Air : J’ai bien la meilleure femme
J’ai pris Zima pour maîtresse,
Mais avec raison je crains
La brusque et vive tendresse
De deux officiers marins.
Ils la poursuivent sans cesse
Afin de la courtiser,
Ma petite sauvagesse
Pourrait bien s’apprivoiser.
airvide
Les marins, pendant leur voyage,
Forment des désirs superflus
Mais ils savent sur le rivage
Réparer les moments perdus.
Leurs colonies
Sont garnies
De mille amours de leur façon.
Créole, ou non,
Belle, ou laidron,
Tout est l’objet de leur affection,
Blanche, ou négresse,
Ou sauvagesse,
Pour leur tendresse
Tout est bon.
Air : Je viens exprès du Sabbat
Je vois venir mes rivaux.
Oh ! Oh ! Oh ! Oh !
Sachons s’il est à propos
De leur chercher querelle.
Sous ces taillis épais
Paix ! Paix ! Paix !
Examinons-les de près.
Scène xvii
Damon, Don Alvar
don alvar
Air : C’est ma mie, je la veux
Damon, sans espérance,
Vous aimez Zima.
Ma persévérance
Vous l’enlèvera.
Pour toute ma vie,
J’en suis amoureux,
Elle est bien jolie
C’est ma mie, je la veux.
damon
Air : Ratapatapan
Pour charmer une sauvagesse
Vous faites donc le pied de veau.
Pour moi, je traite la tendresse
En capitaine de vaisseau.
Ventrebleu ! Je suis un compère
Qui mène un cœur tambour battant
Ratapatapan etc.
Le combat ne dure guère.
Air : Chacun à son tour, [liron, lirette]
Mon cœur voltige en amourette,
La constance outrage l’amour.
Ma foi, tant pis pour la fillette
À qui je vais faire l’amour.
C’est pour moi que je conte fleurette
Nous changeons d’objet chaque jour
Chacun à son tour
[Liron, lirette,
Chacun à son tour].
Scène xviii
Zima, Damon, Alvar
don alvar
Air : L’allumette
Je vois Zima (st, st) venez à nous !
zima
Que me voulez-vous ?
damon
Ma brunette,
Nous voulons tous deux avec vous
Courir aujourd’hui l’allumette.
don alvar
Air : Je la mirlirot lirette
Nous soupirons pour vos beaux yeux.
zima
Hé bien ! Tant mieux.bis
Rendez hommage à mes attraits,
Je le permets,
Mais
Apprenez, liron lirette
Comme on aime en nos forêts.
Air : Le tout par nature
N’allez pas me tromper, car,
Ici, nous aimons sans art,
L’intérêt est à l’écart,
Ainsi que l’imposture.
C’est du cœur que l’amour part
Et le tout par nature.
don alvar
Air : Oh ! Madame Olympe
Vous décidez pour moi, mignonne,
Je suis si franc, que rien n’est tel.
damon
Vous trouverez en ma personne
Un bon amour tout naturel.
ensemble, ensemble
Ah ! Belle sauvagesse.
damon
Répondez donc à ma tendresse.
don alvar
Répondez donc à ma tendresse,
Car c’est que c’est là mon seul désir.
damon
Car, tenez, c’est que ça me f’ra bien du plaisir
don alvar
airvide
Avec vous je voudrais faire
Un voyage de long cours.
En hymen il faut, ma chère,
Nous embarquer pour toujours.
Le beau temps sera durable,
Nous n’avons rien à risquer,
C’est dans un calme agréable
Que l’amour aime à voguer.
damon
Air : Quand on est bon rameur
Il faut voguer malgré le vent,
Pour aller à Cythère.
La tempête y conduit souvent,
Mais le calme est contraire.
Embarquez-vous sur mon bord
Un marin téméraire
Va tout d’abord
Au port.
don alvar
Air : Achetez mon cœur
Rendez-vous à mon ardeur extrême,
Couronnez le plus fidèle amant
Ah ! Quand j’aime [ah ! quand j’aime, ah ! quand j’aime, ah ! quand j’aime]
Ah ! Quand j’aime, j’aime constamment.
damon
Air : [Achetez mon cœur]
Rendez-vous à mon ardeur extrême
Mais, morbleu ! Décidez promptement
Car quand [j’aime, car quand j’aime, car quand j’aime, car quand j’aime]
Car quand j’aime, c’est pour un moment.
zima
Air : Est-ce ainsi qu’on prend les belles
À des amours infidèles,
Croit-il donc qu’on se rendra ?
Soumet-on les cœurs rebelles
En parlant sur ce ton-là ?
Est-ce ainsi qu’on prend les belles ?
Lon [lan la
Ô gué lon lan la].
damon
airvide
Si je fais l’amour, c’est pour rire.
don alvar
On doit pour jamais enflammer son cœur.
damon
Fadeur !
zima
Air : Car c’est une bouteille
Vous devriez ménager
Un peu ma délicatesse.
Jamais un amant léger
Ne se vante à sa maîtresse,
Vous effrayez ma pudeur.
damon
En cela, mon petit cœur,
Vous voyez ma franchise.
zima
Dites votre sottise.
don alvar
Air : Dans notre village
Cet amant volage
N’aimera qu’un jour.
En France, l’amour
Attaque un cœur avec courage,
Mais le faible enfant
Meurt en triomphant.
Air : Je ris, je bois, je suis contente
Le rossignol fait son ramage
Tant qu’il jouit de sa liberté,
Mais il se tait, s’il est en cage
Et rien ne réveille sa gaieté.
De tout Français, voilà l’image :
Il aime d’abord avec excès,
Il chante avant le mariage,
On ne l’entend plus chanter après.
damon
Air : Le gourdin
De le choisir, gardez-vous
Les Espagnols sont jaloux
Il renfermerait, j’en jure,
Votre honneur sous la serrure
Pour vos appas quelle injure !
Lure [lure, lure, lure]
C’est avoir l’appétit gourmand
Que d’être, en aimant,
Heureux pour soi seulement
En France, on pense autrement.
zima
Air : Et non, non, non, [je n’en veux pas davantage]
Chez nous, une fille sage
Peut souvent changer d’amant,
Mais dès qu’elle entre en ménage
Elle aime fort constamment.
damon
Parbleu ! J’approuve l’usage.
Aimons-nous donc, fille et garçon
Et non, non, [non,
Je n’en veux pas davantage].
zima
Air : Vantez-vous-en
L’un ni l’autre n’est mon affaire.
Vous aimez trop, vous n’aimez guère.
Je ne veux point pour mon époux
D’un inconstant, ni d’un jaloux.
ensemble, ensemble
Il faut décider entre nous.
zima
Voici celui que je préfère.
Scène xix
Les Précédents, Adario
damon
Quoi ! Le sauvage est votre amant ?
adario, zima
Vantez-vous-en !
don alvar
Air : Ah ! voilà le drôle
Mon feu qui pétille
Toujours durera.
Jamais rien, ma fille,
Ne te gênera.
ensemble, ensemble
Ah ! Voilà le drôle qui m’épousera.
Vous voyez [Le drôle qui] l’épousera.
adario
Air : C’est la, la, la
Je sais que vous entendez bien
L’art de conduire une amourette,
Mais nous ne vous en cédons rien
Pour engager une fillette.
damon
Mon feu toujours triomphera
De la beauté la moins sensible.
adario
C’est la la la [la la la la,
C’est la chose impossible].
damon
airvide
Jamais mon amour n’éprouva
Des disgrâces pareilles.
don alvar
Vengeons-nous de ce faquin-là.
Coupons-lui les oreilles.
zima
Oui, da !
don alvar
Coupons-[lui les oreilles].
damon
airvide
Tout beau, tout beau, suis mon principe
Je ne fais jamais de train
Allons fumer notre pipe
Pour passer notre chagrin.
ensemble, ensemble
Allons fumer [notre pipe
Pour passer notre chagrin.]
adario
Air : C’est la fille de chez nous
Ah ! Que ce moment m’est doux.
Chers amis, célébrons tous
Une union si parfaite
Lonlanla, ma tourlourirette.
ensemble, ensemble
Touche la, mon petit bijou,
Lon, lan, la, ma tourlourirou.
finentree
Acteurs
Fatime, favorite de Tacmas : Mademoiselle Brillant
\persliste[Mademoiselle d’Arimath] Atalide
amoureuse de Tacmas
Roxane, suivante
Tacmas, prince persan : Le Fèvre
Esclaves dansants
La scène est en Perse.
entree, La Fête persane
Scène xx
Fatime en polonais, Roxane
roxane
airvide
Je vous trouve fort bien ainsi.
Ah ! L’aimable figure
D’un polonais en raccourci,
Vous avez l’encolure.
Sans doute qu’il s’agit ici
D’une tendre aventure.
Air : Jouez violons
Quel dessein avez-vous en tête ?
fatime
Des fleurs on va donner la fête,
Je veux la voir incognito.
Qu’en penses-tu, dis-moi, Roxane ?
Pour déguiser une sultane
Cet habit convient fort.
roxane
Oh ! Oh !
Elle a, je crois, un vertigo.
En vérité, vous êtes folle,
Un pareil trait me semble drôle.
Pour être inconnue au sérail,
Elle choisit cet attirail.
Air : Réveillez-vous, [belle endormie]
On vous découvrira, Fatime,
Pour vous, il n’y fera pas bon.
fatime
Je cède au soupçon qui m’anime
Et j’écoute peu la raison.
roxane
Air : Je l’entends bien
Daignez donc un peu m’en instruire.
fatime
Pour Tacmas, hélas ! je soupire,
Tu le sais bien !
Mais, je le crois un franc volage.
roxane
Sur quoi, prenez-vous cet ombrage ?
fatime
Je n’en sais rien.
Air : Hésione
On dit qu’Atalide est gentille
Et que Tacmas lui plaît bien fort.
Sans doute il aime cette fille,
Cela va me faire un grand tort.
roxane
Air : Confiteor
Qui peut vous causer tant d’effroi ?
N’êtes-vous pas sa favorite ?
fatime
Tout son cœur est-il trop pour moi ?
Ah ! La moindre rivale irrite.
Je ne souffrirai pas, ma foi,
Que l’on partage mon emploi.
Air : Je vous la gringole
Pour un amant libertin
L’amour me rend folle.
Si je rencontre en ce jardin
La beauté qu’il cajole
Je vous la gringole.
roxane
airvide
Quand un amant pour vous s’engage,
Peut-il avoir un cœur volage ?
Quand etc.
À vous, il borne son espoir
Plein d’une ardeur si belle
Pour le croire fiable
Il suffit de vous voir.
Air : Des rats
Que la raison désarme
Ce jaloux transport.
Votre cœur s’alarme
Sur un faux rapport.
Avez-vous vu votre rivale ?
fatime
Non, jamais.
roxane
Eh bien ! En ce cas,
Vous avez des rats !
Vous allez faire un vain scandale,
Vous perdez vos pas,
Si vous ne la connaissez pas.
Air : Le péril
Mais le hasard sert votre envie,
Je l’aperçois qui vient à nous.
Adieu, vous pouvez entre vous
Disputer de folie.
Scène xi
Atalide, Fatime
atalide
airvide
Qu’il en soit ce qu’il pourra.
Ah !
Pour une fille
C’est mal user de ses droits.
Je veux parler, oui, je le dois.
J’aperçois un inconnu
Il est le bienvenu.
Disons-lui mon secret,
Fût-il un indiscret.
Je vais de bout en bout
Lui conter tout
Ma langue pétille.
Vous venez fort à propos
Pour écouter deux mots.
Apprenez, mon enfant,
Un secret important,
Car, si je ne babille,
J’étouffe à l’instant.
Air : Par bonheur, ou par malheur
À propos, n’êtes-vous pas
Un esclave de Tacmas ?
fatime
Oui, je lui suis nécessaire
Pour occuper ses loisirs.
En moi, vous voyez, ma chère,
L’intendant de ses plaisirs.
atalide
airvide
Oh ! Puisque la chose est ainsi
Vous pourrez me rendre service.
fatime
Oui, vraiment ! Attendez-vous-y.
Ce serait à mon préjudice.bis
atalide
Air : C’est en revenant de Falaise
Tacmas n’a rien qui ne me plaise.
fatime
Tacmas vous plaît...\ J’en suis bien aise.
atalide
Je veux le ranger sous ma loi.
fatime
Qui, vous ?
atalide
Oui, moi
fatime
Peste !
atalide
Apparemment.
Je sens mon cœur chaud comme braise,
Quand je le vois.
airvide
L’amour me fait sentir ses coups,
Et c’est Tacmas que j’aime.
Je lui ferai tant les yeux doux
Qu’il m’aimera de même,
Voyez-vous !
Je jouirai d’un bonheur extrême.
fatime
Ah ! Ma crainte est extrême.
airvide
Pour vous, c’est un faible avantage
Que d’avoir un amant inconstant :
Tout son feu s’éteint dans l’instant.
Un galant qui voltige tant,
À l’amour sait-il rendre hommage ?
Un galant qui voltige tant,
Ne peut rendre votre cœur content.
atalide
Air : Talalerire
Tacmas n’aime rien que Fatime.
Hélas ! Il n’est que trop constant.
Pour elle, son amour s’exprime
Et pour moi, mon ami, néant.
Ne plaignez-vous pas mon martyre ?
fatime
Talalerire etc.
atalide
airvide
Prends pitié d’un cœur qu’elle blesse,
Amour, dissipe mon souci.
Scène xii
Les Précédents, Tacmas
tacmas
Un étranger paraît ici,
Vient-il cajoler ma maîtresse ?
On entre donc dans ce jardin
Comme un âne dans un moulin.
airvide
Punissons-le de son crime !
Mais que vois-je ? C’est Fatime !
Rengainons notre poignard.
atalide
Ô Ciel ! C’est là, ma rivale.
Ma sottise est sans égale,
Je me confie au renard.
Scène xiii
Fatime, Tacmas
tacmas
airvide
Expliquons-nous, je vous prie !
Dites-moi, que signifie
Ce travestissement-là ?
Ah, ah !
fatime
Je l’ai pris par jalousie
Pour vous épier.
tacmas
Oui da !
Ah, ah, ah !
Mauvaise excuse que cela.
fatime
airvide
Je vous croyais un infidèle.
tacmas
Moi, vous jouer ce mauvais tour !
Avez-vous donc trouvé, la belle,
Quelque déchet dans mon amour ?
Bannissez votre jalousie,
Je suis, ma foi, bien innocent,
Très innocent,
Fort innocent,
Sur quoi fondez-vous, je vous prie,
Votre soupçon extravagant ?
fatime
Air : Grandval
Quand on a l’amour dans la tête,
Croyez-vous qu’on raisonne tant ?
L’esprit, sujet à la tempête,
Comme la mer change à l’instant.
ensemble, ensemble
Canon
Apaisons-nous ma chère enfant
Mon cher amant.
Petite pluie abat grand vent.
Après la tempête,
Le calme est plus grand.
fatime
Air : Turlurette
Voyons la fête des fleurs
Sans que rien trouble nos cœurs
Baise ma main la paix s’ra faite.
fatime et tacmas, ensemble
fatime
Turlurette,
tacmas
Ma poulette,
fatime
[La tanturlurette]
tacmas
Ma joie est complète.
Fin